dimanche 5 février 2023

Bilan médical du lundi 30 janvier 2023 au dimanche 5 février : Cochrane, masques, morts subites, monkey pox, médecine consumériste, chronicité, obésité, EBM, prégabaline et gabapentine, accidents de travail.


1959 - KIND OF BLUE Bill Evans, Miles David, Cannonbal Adderly & John Coltrane via @Rpanh

46. Fallait-il que la Cochrane publie des résultats négatifs sur les masques ?


Voici la publication de la Cochrane : LA

qui conclue à l'inefficacité des mesures-barrières (masques et lavage des mains) pour empêcher la diffusion du virus de la Covid.

There is a need for large, well‐designed RCTs addressing the effectiveness of many of these interventions in multiple settings and populations, as well as the impact of adherence on effectiveness, especially in those most at risk of ARIs. 

Damien Barraud n'y va pas par 4 chemins. Sa remarque appelle plusieurs commentaires :

  1. La collaboration Cochrane dit qu'il n'existe pas d'études contrôlées de bonne qualité pour justifier le port d'un masque chirurgical ou FFP2 pour prévenir la diffusion des virus aéroportés
  2. La collaboration Cochrane indique qu'il serait nécessaire que de tels essais soient menés.
  3. La critique de Damien Barraud : la Cochrane a inclus des essais de mauvaise qualité et il a raison.
  4. Mais ces essais de mauvaise qualité sont souvent cités par les pro masques en disant qu'ils sont de bonne qualité !
  5. Les critiques des résultats de la Cochrane indiquent que des études de moindre niveau de preuve (et notamment des essais in vitro, des essais en soufflerie, des essais épidémiologiques cas-témoins rétrospectifs sur dossiers) suffisent pour montrer que les masques, ça marche mieux que si l'on n'en porte pas.
  6. Les critiques des résultats de la Cochrane disent, pour certains, qu'il ne serait pas éthique de faire des essais randomisés (puisqu'on sait que ça marche a priori) et d'autres qu'il n'est possible de faire de tels essais qu'en typant les virus pour savoir, lors d'études de clusters (écoles, entreprises), mais personne ne sait si on est en train de le faire.
  7. Je lis un entretien (LA) avec Tom Jefferson, le premier signataire de l'article, avec Maryanne Demasi une journaliste très critique sur les mesures barrières et sur les effets de la vaccination autres que la diminution des décès et des formes graves, et je suis étonné. Etonné par le fait que certaines questions ne soient pas posées (point 3 par exemple) et étonné par le fait que Tom Jefferson soit très critique sur la transmission aéroportée du virus...
Mon commentaire (cela fait un moment que je n'ai pas varié parce qu'il n'y a pas de nouvelles données) : Je porte un masque FFP2 en suivant le principe de prévention (puisque a) on connaît le risque et b) il n'y a pas d'études de bonne qualité montrant des résultats significatifs) dans les lieux clos à risque comme les transports.

PS du lendemain : Un article de John Mandrola : LA.

John Cassavetes


47. Les pneumologues ont adhéré aux résultats de la Cochrane

Au dernier congrès de pneumologie

48. Une étude suédoise : les morts subites et comment diminuer la mortalité

Un de nos cardiologues favoris rappelle, à partir d'une étude, LA,  des faits qui devraient influencer la santé publique en France : en Suède la mortalité par mort subite a diminué par 2 en 30 ans !
  • Popularisation du massage cardiaque : 30 à 85 %
  • Diminution du temps d'intervention : 12 à 2 minutes
  • Amélioration de la prise en charge à l'hôpital : 28 à 40 %
On nous dit qu'un syndicat de cardiologues pense que les examens de santé cardiologique périodiques sont utiles (c'est faux).



49. Disparition du monkey pox : explications contradictoires.

Issu de LA


  • Disease mongering
  • Vaccination
  • Mesures barrières
  • Mobilisation communautaire
  • Histoire naturelle de la maladie

Irena Buzarewicz
@IrenaBuzarewicz

50. Médecine consumériste et juridique et accès aux soins : médecine de merdre.





51. Le mythe de la chronicité.




La crise de la médecine générale est en partie liée au vieillissement de la population et à l'accumulation des pathologies mais il faut d'abord pratiquer la prévention quaternaire (ne pas prescrire en première intention des molécules ou des soins inutiles) chez des patients comme personnes et non plus seulement comme porteuses de maladies séparées : l'accumulation des médicaments prescrits par maladie devient ingérable pour un seul patient. Voir le point précédent 49.


52. Obésité : le marché des médicaments remplace désormais l'hygiène de vie

France-Culture fait de la pub : ICI 

La professeure Karine Clément, nutritionniste, est invitée pour parler des médicaments innovants dans l'obésité.

Le journaliste Quentin Lafay lui demande s'il elle a des liens avec l'industrie : "Oui je mène des études avec des molécules innovantes."

La professeure parle aussi de la chirurgie bariatrique.

N'oublions pas que les dites molécules innovantes ne sont pas de nouvelles molécules, mais des molécules anciennes, sémaglutide et liraglutide, qui appartiennent à la classe pharmacologique des incrétinomimétiques et, pour l'instant en France, à la classe des antidiabétiques.

D'après la professeure, ce ne sont pas des coupe-faims mais quand même des coupe-faims (Orwell).

La professeure en profite pour dire que, certes, l'obésité, qui est une maladie (d'autres médecins disent le contraire), es liée aux apports nutritionnels et à la dépense physique mais qu'il existe des facteurs génétiques et épigénétiques... Bla-bla.

La question se pose également au Canada et cet article (journalistique) me paraît bien faire le tour de la question dans un français très clair.

Commentaires : 
  • La tendance actuelle est, pour des raisons que vous pouvez deviner, de dire que l'obésité n'est pas un problème de mode de vie.
  • Que l'on peut continuer de manger et de ne pas faire d'exercice physique (c'est le message subliminal) en prenant une molécule.
  • Les développements états-uniens sont assez catastrophiques : un article ICI rapporte ceci :
    • La culture de la minceur est raciste puisque ce sont les communautés, je cite, "Black and Brown", qui sont visées et qu'ils vivent le plus souvent dans des déserts où ils ne peuvent acheter de la bonne nourriture
    • L'académie US de pédiatrique recommande de repérer l'obésité le plus tôt possible (ce n'est pas choquant) afin de pouvoir traiter les enfants avec des GLP1 agonistes (cf. supra).
  • Oups.




53. Un peu d'EBM pour la route ?

Rappelons les textes fondamentaux : LA


Et si vous voulez en savoir un peu plus (modernité), c'est ICI Par Boussageon R et al.





54. Aucune preuve de l'utilité de la pregabaline et de la gabapentine dans : 

  • Lombalgies
  • Douleurs sciatiques
  • Canal lombaire étroit (douleurs)
  • Migraines
Pour le reste vous pouvez l'article dans le BMJ (Abonnement requis) ICI.

Taxonomie des preuves en fonction de leur poids
Franquin et Cie

55. La France, championne d'Europe de la mort au travail.



2 commentaires:

  1. Pour le Monkey Pox : il y a plus de morts qu'au pic de contamination, voir ici : https://ourworldindata.org/monkeypox

    ***

    Pour la revue Cochrane sur les masques, une opinion de Vinay Prasad :
    https://vinayprasadmdmph.substack.com/p/wide-confidence-intervals-means-an

    RépondreSupprimer
  2. Pour la Cochrane sur les mesures physiques, c'est toujours la même histoire : il faut lire le papier avant de se précipiter sur les réseaux pour le commenter. C'est une revue systématique, qui évalue la qualité des études incluses mais qui ne peut pas transformer des résultats biaisés ou hétérogènes en certitude scientifique. On peut s'arrêter à la première phrase de la conclusion des auteurs : "The high risk of bias in the trials, variation in outcome measurement, and relatively low adherence with the interventions during the studies hampers drawing firm conclusions."

    On peut ergoter sur la mission de la Cochrane, sur l'intérêt des RS dans ce domaine ou sur la récupération politique, il en demeure que si on lit correctement ce qui nous est présenté, on ne peut pas en conclure grand chose, à part ce qui demeure essentiel : "There is a need for large, well-designed RCTs addressing the effectiveness of many of these interventions in multiple settings and populations".

    Le fait d'inclure des études de mauvaise qualité, ou de design trop observationnel n'est pas une pratique atypique : toutes les études doivent faire l'objet d'une analyse de leur qualité selon des critères consensuels (rappelés dans PRISMA) et les analyse de robustesse ("sensitivity") peuvent être menées pour étudier la variation de l'outcome quand on élimine certaines études. Ce que les auteurs ont fait, dans une certaine mesure (on peut évidemment critiquer le choix des analyses de robustesse menées).
    La Figure 3 montre clairement que la plupart des études incluses dans l'analyse quantitative (la méta-analyse) sont à moyen/haut risque de biais, et les auteurs ne s'en cachent pas.

    Je ne pense pas qu'il faille interdire ce type d'étude, ou bâillonner les media qui en parlent (mal). La Cochrane a produit un grand nombre de revues de ce type, qui n'apportent aucune nouvelle information mais qui ont l'intérêt de "faire le bilan" des études originales et d'en évaluer la qualité. Il faut encore et toujours revenir aux bases : l'expertise en lecture critique n'est pas innée, ce n'est pas trivial, et les faits scientifiques qu'on en obtient sont rarement transcendants pour la pratique.

    Bref, comme tu le dis, cette revue n'apporte aucune donnée qui permette de mettre à jour ton "principe de prévention" concernant les masques, si on souhaite considérer l'affaire sous l'angle bayésien : notre crédence subjective en l'utilité des masques n'est pas modifiée par ces données objectives insuffisantes.

    RépondreSupprimer