samedi 2 mars 2024

Histoire de santé publique sans consultation. Prendre des notes. Le médecin et le plombier. 16

Jacques Chirac en train de signer un formulaire de consentement

1.

Une de mes connaissances, 64 ans, a de lourds problèmes de santé qui ne mettent pas en jeu son pronostic vital, elle m'en a fait part et j'ai pu consulter son dossier du moins les documents dont elle disposait. C'est un gros bordel.

Je suis effrayé par la prise en charge.

L'autre jour elle me téléphone pour me dire qu'elle a rencontré un chirurgien (celui que je ne lui avais pas conseillé mais qui lui avait chaudement été recommandé par son médecin traitant pour des raisons qui tiennent à la fois, sans ordre, à la confraternité, au compérage, aux idées politiques, aux idées religieuses et aux idées sociétales) qui lui a expliqué ce qu'il allait lui faire.

Elle : Je n'ai pas tout compris.
Moi : Ah ? ....
Elle : C'était compliqué. Il m'a quand même fait un dessin. Alors, qu'en penses-tu ?
Moi : Heu. 
(je connais le dossier mais je ne connais pas bien les techniques chirurgicales possibles à la mode pour ce genre de lésion.)
Elle : Bah, je lui fais confiance, il m'a bien reçue. En revanche il m'a fait signer un truc, genre formulaire de consentement (1), c'est impressionnant le nombre de complications qu'il peut y avoir. Le document était épais. J'ai failli renoncer...

Il y a un dépassement. Conséquent.

Pour le prix du dépassement il aurait quand même pu s'assurer qu'elle avait compris ce qu'il allait lui faire.

(1) Petite incidente : ne croyez en aucun cas que ce genre de document est un progrès dans les relations entre soignants et soignés, il s'agit surtout d'une démarche juridique de la part du soignant (dans le style, "vous avez signé, je vous avais signalé les potentielles complications, bla-bla-bla"). Cela s'appelle aussi consentement "libre et éclairé", deux adjectifs, deux mensonges. Notons au passage que la fameuse décision partagée entre soignant et soigné est aussi une décharge de responsabilité de la part du soignant (ça vient des pays anglo-saxons où les avocats sont très procéduriers...)


Les détails du consentement éclairé

2.

Il y a quelques mois, dans mon appartement sis au troisième et dernier étage, j'ai dû faire changer deux robinets de colonnes, l'un pour l'eau froide, l'un pour l'eau chaude.

Les robinets de colonnes permettent, en cas de fuite et à titre préventif lorsque vous partez en vacances, d'empêcher l'arrivée d'eau dans les appartements. Les robinets fonctionnaient mais n'étaient pas étanches. (2)

J'ai donc demandé un devis à deux sociétés de plomberie que je connaissais déjà. 

Un commercial est venu pour la société 1 et le patron pour la société 2.

Le devis était de + 80 % pour la société 1 par rapport à la société 2.

Ce qui est curieux c'est que la dernière fois que j'ai fait un devis de plomberie la société 1 était beaucoup moins chère (je ne me rappelle pas les pourcentages) que la société 2.

Faites faire des devis. Même quand vous connaissez quelqu'un.

Quoi qu'il en soit : le plombier vient changer les robinets. 

J'avais pris la précaution de repérer à la cave les vannes correspondant aux deux colonnes sur lesquelles les changements de robinet allaient être effectués. 

Je sens qu'il trainaille pour ne pas montrer qu'il aurait pu faire le boulot en deux fois dix minutes (il avait compté une heure de main d'oeuvre, tout heure entamée bla-bla...) (3)

Je demande au plombier s'il n'a pas besoin de purger et il me répond, agacé, "au dernier étage, c'est pas la peine..."

Une fois que l'opération est terminée le plombier m'explique longuement (il trainaille encore) comment il faut procéder pour que les robinets ne s'encrassent pas, comment il ne faut pas les fermer à fond ou les ouvrir à fond en une seule fois, il me donne des instructions précises et circonstanciées. Je ne me rappelle plus rien.

  • Parce que je n'ai pas pris de notes
  • Parce que le plombier ne m'a pas laissé de traces écrites
  • Parce que je pensais avoir compris : cela tombait tellement sur le bon sens en l'écoutant parler.

(2) Les contrats d'assurance dégâts des eaux sont différents selon les assureurs : si vous partez en vacances plus de 3 ou 7 jours sans avoir bloqué les colonnes vous pourriez n'être remboursés qu'à 50 % des dégâts occasionnés.
(3) J'avais téléphoné à la société 1 pour savoir pourquoi, eux, avaient compté 2 heures de main d'oeuvre et la personne que j'avais eue au téléphone m'avait dit qu'il fallait compter le temps de purge.


Toujours prendre des notes : chez le médecin, avec le plombier.


3. Quel est le rapport entre les robinets, la médecine et la santé publique ? 

Ceci :

  • Les personnes qui prennent des notes en consultation sur ce que disent les médecins sont rares
  • Rarissimes
  • Et c'est en général mal vu (des médecins) : je ne dirais pas ce que certains médecins disent (4)
  • Les médecins qui conseillent aux personnes qui les consultent de prendre des notes sont rares
  • Rarissimes
  • Les médecins qui écrivent des conseils aux personnes qui les consultent en leur remettant quelque chose écrit de leurs mains ou, a minima, un document, sont rares
  • C'est dommage
  • Il arrive que des médecins fournissent des documents écrits ou à récupérer sur des sites, rédigés par des sociétés savantes, des associations de malades, documents que les médecins n'ont souvent pas vraiment lus.
  • Quand vous allez chez votre médecin prenez des notes et relisez-les quand vous revenez chez vous.

(4) Ce sont des neuneus, des enseignants, des bas QI, des profs de maths, des MGEN et autres gentillesses...


2 commentaires:

  1. Est-ce que le fait de prendre des notes aurait changé quelque chose ?
    Je ne pense pas car pour moi, le problème est ailleurs.

    En effet, pour moi la phrase importante est :
    "Elle : Bah, je lui fais confiance, il m'a bien reçue. En revanche il m'a fait signer un truc, genre formulaire de consentement (1), c'est impressionnant le nombre de complications qu'il peut y avoir. Le document était épais. J'ai failli renoncer..."

    La confiance, tout est là : la relation de confiance.

    La question qui se pose est donc : n'y-a-t-il pas, parfois, souvent,rarement un "abus de confiance" de la part des médecins pour imposer aux patients leurs "volonté"?

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  2. Bonsoir,
    La question n'est pas de savoir si le problème est ailleurs.
    Tu confonds le fait, en général, de prendre des notes et le cas particulier de la relation de confiance.
    Prendre des notes avec le plombier permet de se rappeler ce qu'il faut faire avec le robinet mais ne résout pas le problème de la compétence du plombier. A-t-il raison ou non ?
    Pareil chez le médecin.
    Ai-je écrit que ça allait résoudre tous les problèmes ? Non.
    Pourquoi aurais-je plus confiance avec mon plombier ? Sur quels critères ?
    La médecine, c'est plus difficile que la plomberie.
    C'est donc une réflexion qui doit se mener à deux.
    Le covid a montré que tous les avis étaient possibles sur un même sujet. Et sans parler de mauvaise foi.
    Je consacrerai un futur billet à la loterie de la médecine et à la loterie des traitements.

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