dimanche 24 mai 2020

La publication des photographies des personnels de santé morts pendant la Covid-19.

Panthéon

Un syndicat médical, un journal, publient, ne cessent de publier les photographies de personnes, personnels de santé, mortes pendant la Covid-19.

Je me suis posé la question de la pertinence de cette action.

J'ai aussi demandé que s'il m'arrivait malheur on ne publie pas ma photographie. On m'a accordé (j'ai senti une certaine condescendance dans les réponses) ce privilège : comment peut-on refuser son quart d'heure warohlien post mortem ? 

Pourquoi ? Parce que j'ai travaillé pendant toute la première partie (j'espère la dernière) de la Covid-19, en ville, en médecine générale, en première ligne, en première intention, sans instructions très claires de la part des autorités de tutelle, sans matériel adéquat (les masques canards étaient périmés), je n'avais pas de sur blouses, je n'avais pas de visières, j'avais des masques chirurgicaux mais je ne pouvais pas en distribuer aux patients. J'ai bénéficié de conseils éclairés de collègues sur twitter sur la façon de se protéger avec les moyens du bord, sur la façon de rendre les locaux "propres", sur les informations et les consignes à donner aux patients. Et j'ai pataugé. J'ai fait des erreurs (d'asepsie, de conduite à tenir). A Mantes-La-Jolie aucune personne de la mairie n'a appelé les professionnels de santé. A Mantes-La-Jolie, cela fait seulement deux semaines que l'on peut envisager, pour des patients non hospitalisés, non passés par les urgences de l'hôpital, de faire pratiquer une PCR dont des millions sont pratiquées dans le monde... Mais aussi : j'ai résisté à la pression, je n'ai pas prescrit d'hydroxychloroquine et/ou d'azithromycine, de vitamine C, j'ai résisté à la pression des malades, à la pression de la famille des malades, je me suis fait traiter de charlatan, de mauvais médecin, de médecin qui allait laisser mourir ses malades... Bref, j'ai résisté contre la tentation de faire des essais sauvages en mon cabinet avec des molécules non éprouvées, avec des protocoles alagomme (et mon petit doigt me dit que dans les services de réanimation, outre le reste, ce qu'ils savent faire, ils ont cédé à la panique).

Bon. J'ai tenté d'assumer.

Est-ce que pour cela je suis un héros ?
Ai-je montré un quelconque courage ?
Est-ce que, si j'étais devenu symptomatique, voire pire, cela aurait fait de moi un super héros et... une victime ? 
Des collègues médecins de la région mantaise ont été déclarés positifs, ont été hospitalisés, ont été placés en réanimation, dois-je donner leurs noms ? Dois-je publier leurs photographies ? 

Et, à l'inverse, nombre d'infirmières et d'infirmiers libéraux du Mantois, ont caché leur positivité. Pudeur ?

Non, les médecins et les professionnels de santé ne sont pas des héros, ne sont pas des victimes. Un grand nombre des morts des professionnels de santé dues à la Covid-19 aurait pu être évité mais l'impéritie du système de santé, et pas seulement des ministres successifs, des hospitaliers et/ou des libéraux, l'impéritie d'un système sans âme, sans tête, sans corps, explique que les personnes les plus exposées aient pu succomber. 

Je réagis donc à un tweet d'un journaliste de Médiapart, Michael Hadjenberg, et je l'interroge sur la pertinence de cette publication.



Ce tweet est d'une indécence absolue, d'une pleurnicharderie lamentable, c'est un raccourci minable.

On me répond : "Lisez l'article, c'est expliqué, on a demandé l'avis aux familles..." Un autre : "Cela se fait partout".

Cette prose digne d'un journal de caniveau ne me donne pas envie de lire l'article.

Je dois être délicat.

Précisons que les personnes qui font cela ne risquent rien d'un point de vue juridique. C'est le plus important, coco (voir ICI).



Pour le reste, tout le monde (ou presque) trouve tout cela normal.

Tout le monde pense que le monde appartient aux vivants, pas aux morts.

Oserais-je parler de voyeurisme ?

D'imagologie ?

A qui profitent ces publications ?

Est-ce ?

Pour pisser de la copie ?
Pour avoir de nouveaux adhérents ?
Pour avoir de nouveaux abonnés ?
Pour honorer les victimes ?
Pour les faire revivre ?
Pour consoler les familles ?
Pour dénoncer un scandale d'Etat ?
Pour faire pression sur la justice ?
Pour faire du sentimentalisme ?

Je vais faire un détour par Milan Kundera. 

La première chose qui a frappé Kundera en arrivant en Occident, c'est de voir les photographies volées de Jacques Brel amaigri (et mourant) à la sortie de l'Hôpital. Cela lui faisait penser au régime communiste où l'intimité n'existait pas. Il s'est brièvement demandé s'il avait eu raison de partir.

Et ceci dans L'Immortalité : "L'homme peut mettre fin à sa vie. Mais il ne peut mettre fin à son immortalité."

Toujours Kundera qui a inventé un néologisme : l'homo sentimentalis. Il écrit ceci : "Le sentiment n'est plus sentiment mais imitation du sentiment, son exhibition." (je me suis aidé de ce texte LA)

Et enfin, pour conclure. c'est ce que j'ai appelé l'effet kiss cool à deux larmes : la publication de ces photographies représente la quintessence du kitsch kundérien.

J'interprète la phrase célèbre de Milan Kundera dans L'insoutenable légèreté de l'être : "Le kitsch fait naître tour à tour deux larmes d'émotion. La première larme dit : 'Comme c'est beau des photographies de professionnels de santé morts en soignant des patients." La deuxième dit : 'Comme c'est beau d'être ému avec toute l'humanité à la vue de photographies de professionnels de santé morts en soignant des patients?' Seule cette dernière larme fait que le kitsch est kitsch."



PS du jeudi 4 mai 2020 "on" demande la panthéonisation (cf. supra l'image) du premier médecin mort de la Covid en France (LA)

mardi 19 mai 2020

Aphorismes covidiens


Une société sans maladie, c'est un slogan marketing

Une société sans malades, c'est un slogan scientiste

Une société sans médecins, c'est un slogan managérial

On meurt plus dans les EHPAD que dans les internats de jeunes filles

Il vaut mieux être jeune, riche et en bonne santé que vieux, pauvre et malade

La majorité des victimes du Covid-19 sont des hommes : le patriarcat ne sait pas défendre ses enfants

La majorité des victimes du Covid-19 sont des hommes : "Oui, mais c'est parce que les hommes fument plus et boivent plus" : la maladie est le salaire du péché

Le foyer familial n'est pas un lieu sûr : violences conjugales, violences contre les enfants, contamination par le SARS- CvD-19

Le télétravail a montré que le travail ne servait à rien

L'arrêt de la scolarisation a révélé que l'Education Nationale était une vaste garderie

Les EHPAD sont une vaste garderie (heu, un mouroir)

Si le vaccin contre le SARS- CvD-19 avait existé il y aurait eu entre 5 et 10 000 morts comme dans le cas de la grippe saisonnière

Durant la pandémie ce n'est pas la médecine qui sauvé des gens mais des techniciens soignants de la réanimation (compétents) et des mesures d'hygiène (respectées)

En dehors de la pandémie on fait de moins en moins de médecine et ça roule tout seul

La médecine générale a été en première ligne et a évité des centaines de milliers d'hospitalisation et l'hôpital public demande plus d'argent et la poursuite de la destruction de la médecine de premier recours

La contamination massive dans les transports publics a montré que la mobilité est un concept de riches pour que les travailleurs pauvres, parqués dans les réserves du neuf trois (et d'ailleurs),  aillent travailler pour les riches

Relire Illich sur la contre-productivité des transports

Relire Orwell sur la common decency (proximité)

Les transports en commun ne sont pas une réponse à la folie automobile, ils sont un instrument de la taylorisation du travail

Pendant la crise les professions de santé étaient en première ligne  et tout le monde s'en étonne (il est rare que les pompiers refusent d'aller au feu)

Pendant la crise les usines ont fermé et c'est le nouveau prolétariat (caissières, livreurs, agents de nettoyage) qui a travaillé sans protection

La régularisation des médecins étrangers dans les hôpitaux est la preuve que le numerus clausus était et est une imposture

Le télétravail a été un coup dur pour la machine à café

Pendant le confinement la pollution n'a pas diminué : il y avait pourtant une vraie circulation alternée, une vraie diminution de l'activité industrielle

Le professeur Didier Raoult révèle que le fait d'être professeur ne vaccine pas contre la bêtise, le mensonge, la falsification des résultats, l'autoritarisme, et cetera

Le problème est de savoir où le professeur Didier Raoult se situe dans la courbe de Gauss des PUPH

Le professeur Didier Raoult est un idiot utile : il a dévoilé la corruption intellectuelle de l'intelligentsia académique

Les puceaux effarouchés (pour des raisons que chacun comprendra il n'est plus possible d'écrire "vierges effarouchées") qui ont descendu en flèche les études Raoult n'avaient rien lu auparavant, rien entendu sur la corruption des essais cliniques dans le monde, n'avaient jamais calculé Big Pharma pas plus que le monde de l'édition scientifique

Les médecin.es qui n'avaient jamais déclaré une maladie à déclaration obligatoire nous font des cours de déontologie et d'éthique de responsabilité sur la Covid : doublement incompétents

Les médecin.es qui n'avaient jamais déclaré un effet indésirable grave de leur vie sont rivés à leurs espaces QT

Les médecins généralistes qui continuent de pratiquer la consultation sans rendez-vous avec des salles d'attente ne respectant pas les règles élémentaires du bon sens sont des criminels

Le Conseil National de l'Ordre des médecins (CNOM) est un acronyme qui contient 4 mensonges : Conseil, National, Ordre, Médecins

Les videos de Patrick Bouet me font penser aux videos des marchands de voitures d'occasion vantant leur camelote sur une chaîne locale de télévision à Des Moines (Iowa)

Les syndicats médicaux ont montré l'étendue de leur incompétence pendant cette crise : ils n'ont rien fait

La diffusion sur les réseaux sociaux des photographies des professionnels de santé morts à cause du Covid par de bons samaritains fiers d'eux-mêmes illustrait à merveille le kitsch kundérien

L'incroyable inertie de la haute administration française pendant la pandémie montre qu'à l'évidence elle est exercée par des professionnels du vide qui ne méritent ni leurs salaires, ni leurs logements et leurs voitures de fonction

La nomination d'un Directeur général de la santé obéit toujours au principe de Peter aggravé

Agnès Buzyn...

Les propos tenus contre Sibeth Ndiaye ont fait bouger les lignes : les racistes s'en sont donné à coeur joie et les antiracistes ont fait de même

Regarder BFM Télé...

La médecine post pandémique sera changée : vue des urgences, vue de la réanimation, vue de l'hôpital, vue des cardiologues, vue des vaccinologues, vue des épidémiologistes, pas vue de la médecine générale

Il est plus facile en France de demander un scanner pulmonaire qu'une PCR


A suivre.









jeudi 14 mai 2020

Covid-19 : étude sur le port des masques en milieu urbain.

Une heure de recueil prospectif du port du masque-barrière à Versailles en milieu urbain le deuxième jour du déconfinement

One hour record of masked people in Versailles streets and shops deconfinment day 2.

Objectifs. Compter en zone rouge le nombre de citoyens marchant dans Versailles entre 11 heures et 12 heures et portant ou non un masque : en zone urbaine non piétonne (trottoirs) non dense (ZT) et en zone de chalandise (marché de plein air et couvert et boutiques) (ZC). Méthodes : Un observateur unique (et masqué FFP1) a relevé le nombre de personnes consécutives masquées ou non (enfants de moins de 16 ans exclus) d'abord en ZT (les 200 premières) puis en ZC (les 100 premières. Résultats : en ZT un total de 204 personnes a été observé : respectivement 106 (52 %) et 98 (48%) portaient ou non un masque. En ZC un total de 101 personnes a été observé : respectivement 67 (66 %) et 34 (34 %) portaient ou non un masque (p inf 0,05). Les commerçants en ZC portaient tous et toutes un masque (mais pas toujours de façon appropriée). Dans le sous-groupe des femmes accompagnée d’au moins un enfant dans une poussette (n=12) aucune ne portait de masque en ZT. Commentaires : Les limites de cette étude sont évidentes : effectifs restreints, un seul centre, un seul observateur, absence de données qualitatives, absence de données comparatives. Il paraît nécessaire de mener une étude longitudinale comparative : zones de cluster ou non, niveau socio-économique, genre, mixité sociale, et cetera. Conclusion  : C’est pas gagné.

Abstract soumis au Congrès des Bruits de Chiottes Académiques. Paris 2020

dimanche 10 mai 2020

Opération #JamaisSansMonMasque #JSMM "Quand je mets mon masque je me protège, je vous protège"



QUAND JE METS MON MASQUE JE ME PROTEGE, JE TE PROTEGE, JE VOUS PROTEGE, JE NOUS PROTEGE

#Jamais sans mon masque
#JSMM

Je relaie un texte paru sur le blog de Doc Gomi : ICI.


Nous sommes médecins généralistes de terrain, au front depuis deux mois.

Personnellement, je travaille entre autres à la veille scientifique de l'épidémie en cours et à l’analyse des réponses et des résultats internationaux.

Ce message est un appel général à la communauté culturelle, scientifique, médiatique, et à toutes les personnes susceptible de relayer un message essentiel : 


Nous alertons depuis mars sans vraiment de succès sur une évidence : le port de masque en population est crucial. Un groupe de travail de médecins généralistes a créé le site stop-postillons.fr, pour aider à l'auto fabrication et à l’information sur les masques. De très nombreux médecins relayent le message, mais nous avons besoin de voix puissantes.

Les pays qui maîtrisent cette épidémie, dont certains sans confinement, ont adopté le port du masque précocement, en particulier Hong Kong (7,5 millions d habitants, 4 décès avec la plus forte densité de population au monde dans un de ses quartiers, 130000 habitants au km2).

L'heure n'est pas à constater des défaillance dans notre préparation, les incohérences, mais à l'efficacité dans la lutte contre le virus. Porter un masque.

Nous avons recherché des relais politiques, scientifiques, qui sont bien timides.
La politique actuelle est d'imposer le masque uniquement dans les transports.

Ceci ne peut permettre de limiter la diffusion, qui s'opère particulièrement en lieux clos par des personnes qui ne se savent pas malades, la contagiosité des personnes commençant avant tout symptôme, en moyenne 2 jours avant de tomber malade.

Le masque protège l’autre et celui qui le porte. Il est un facteur de lutte contre l’épidémie et sa progression en population.

Les mesures du plan de déconfinement n'ont pas de sens sans port généralisé du masque en population et nous courrons à la catastrophe. Le traçage et les enquêtes ainsi que les tests ne pourront suivre le nombre de cas quotidiens de nouvelles contaminations et s'avèrent d'emblée inefficaces sans un coup d'arrêt aux principales sources de contamination. Portons un masque.

Nous souhaitons monter une opération de communication permettant d’inciter fortement le port du masque en population sur la base du volontariat. Il nous semble que la responsabilisation individuelle doit être essayée avant la coercition, qu'il est urgent d'informer et de préconiser à grande échelle.

Nous faisons appel à toutes les bonnes volontés qui peuvent être entendues pour changer le cours des événements.

Nous sommes disponibles pour toute information scientifique en cas de doute sur cette information. Il est urgent de faire et de préconiser ce qui est indispensable.

SANS PORT DE MASQUE GENERALISE NOUS NE VAINCRONS PAS LE CORONAVIRUS

Collectif médical 22
Collectif Stop-Postillons
Dr Marty Jérôme


Marraine de l 'opération Estelle Denis.




samedi 9 mai 2020

Ce qui attend les MG le 11 mai : covid-19, contact-tracing : billet en construction



STRATEGIE DE DECONFINEMENT ET SA MISE EN OEUVRE

Je travaille à partir d'un document à diffusion restreinte qui a pourtant été divulgué, un document datant du 05/05/2020, une version antérieure, sur le site du Conseil de l'Ordre des Yvelines (ICI).

J'en ai fait plusieurs lectures car c'est un grand fouillis.

Essayons d'y voir clair.

Cela dit, si vous voulez éviter, Françaises, Français, de voir votre nom apparaître dans une base de données, portez des masques dans les lieux clos, dans les lieux publics, dans les transports, gardez une distance de sécurité (1,5 et au mieux 2 mètres).

Sur votre lieu de travail, portez un masque si vous êtes entre collègues si vous ne pouvez respecter la distance de sécurité, c'est vital pour tous.

Conseillez cela, chères et chers MG, aux patients que vous recevez.

Citez le site stop-postillons de nos amis MR, JF et TP

Utilisez des affiches que vous trouverez sur le site pour sensibiliser les patients et les personnes à porter un masque et affichez-les dans les cabinets.

Pratiquez les distances de sécurité dans votre cabinet où tout le monde doit circuler masqué et cessez de consulter sans rendez-vous et pratiquez la téléconsultation dès qu'il vous apparaît qu'un risque est possible.

Je rajoute ceci : n'hésitez pas, en accord avec votre patient, de solliciter l'appui des plateformes d'aide à l'isolement, vous êtes les seuls en tant que médecins traitants à connaître les conditions de vie des familles, les enquêteurs de la CPAM sont incapables de s'en rendre compte, pour que les conditions du confinement soient acceptables : prévoir des logements en hôtel, et cetera.

Le document.


Il faut d'abord définir les cas (IRA : Insuffisance respiratoire aiguë).




La conduite à tenir : 




(***)
Si le test est négatif, l'isolement peut être levé.

Mais : si le médecin estime que la symptomatologie est suffisamment évocatrice et que le résultat est faussement négatif (cas probable) il peut maintenir l'isolement et prescrire un second test RT-PCR

(1)
Maintien de l’isolement strict du cas jusqu’à sa guérison (à partir de 8 jours après la date de début des symptômes (ou à partir de 10 jours pour les personnes à risque élevé de faire une forme grave de la maladie) ET 48 heures d’apyrexie et sans dyspnée, conformément à l’avis du HCSP du 16/03/2020)

 (2)
Remise de 4 masques chirurgicaux permettant au cas possible de protéger son entourage le temps d’obtenir le résultat du test (ou prescription dans le cas d’une téléconsultation ou si le médecin ne dispose pas de masques) et prescription pour des masques supplémentaires en cas de positivité (à hauteur de 2 masques par jour pour toute la durée de son isolement ; le patient ou un tiers pourra se procurer les masques en pharmacie d’officine muni de la prescription et de la confirmation biologique fournie par le laboratoire si le résultat est positif) 

(3)
Mise en quatorzaine de l’ensemble des membres du foyer, prescription de tests RT-PCR, qu’ils soient symptomatiques ou asymptomatiques, et recommandations pour le respect des mesures barrière au domicile (port du masque, lavage régulier des mains, auto-surveillance de la température et des symptômes) 



(4) Comment définir une personne contact à risque : 


La personne contact à risque est une personne non protégée par les mesures-barrières en présence d'un cas non protégé par les mesures-barrières (ports de masques sous toutes ses formes, hygiaphone, et cetera)

- Ayant partagé le même lieu de vie que le cas confirmé ou probable 

- Ayant eu un contact direct avec un cas, en face à face, à moins d’1 mètre, quelle que soit la durée (ex. conversation, repas, flirt, accolades, embrassades). En revanche, des personnes croisées dans l’espace public de manière fugace ne sont pas considérées comme des personnes contacts à risque

- Ayant prodigué ou reçu des actes d’hygiène ou de soins

- Ayant partagé un espace confiné (bureau ou salle de réunion, véhicule personnel…) pendant au moins 15 minutes avec un cas, ou étant resté en face à face avec un cas durant plusieurs épisodes de toux ou d’éternuement


- Etant élève ou enseignant de la même classe scolaire (maternelle, primaire, secondaire, groupe de travaux dirigés à l’université) 



Que faire avec la personne contact à risque : la conduite à tenir est différente selon que le contact appartient au milieu familial ou non 



Un point particulier : les mesures de quatorzaine.

Les mesures d’isolement et de quatorzaine sont préférentiellement mises en oeuvre au domicile des cas et des personnes contacts à risque ; des hébergements dédiés peuvent toutefois leur être proposés, sur évaluation de critères médicaux, sanitaires et/ou sociaux, notamment des capacités d’isolement possibles au sein du domicile 




Le rôle du MG s'arrête, pour la conduite à tenir, aux personnes du foyer familial.






Après discussion avec des collègues il semble acquis, compte tenu des contraintes de temps, du fait qu'au cabinet il faut a) surveiller les malades déjà infectés par le Covid, b) gérer les arrêts de travail, c) les certificats d'isolement, et cetera, et, d) également reprendre la vie normale des patients non Covid, le rôle du médecin traitant est de :

  1. Détecter et agir en fonction des cas confirmés, probables, possibles
  2. Faire l'enquête familiale et s'assurer des conditions matérielles du confinement (cf. supra)
  3. Fournir tous les éléments qui peuvent aider les familles à respecter les mesures-barrières
  4. Demander le consentement du cas pour entrer ses coordonnées dans la base Contact Covid de l'assurance maladie si PCR > 0 (mais exception ***, voir tableau 2)
  5. Le prévenir que l'assurance maladie l'appellera pour évaluer quels pourraient être ses contacts possibles
  6. Gérer les contacts possibles dont nous serions les médecins traitants.



Le MG qui a géré le cas initial appartient au niveau 1



Niveau 1 : il est assuré par les acteurs de la prise en charge de médecine de ville et des établissements de santé. Il a comme mission d’assurer la prise en charge des cas possibles de COVID-19, notamment des actes nécessaires à cette prise en charge (prescription d’un test RT-PCR et de masques chirurgicaux, encadrement de la mesure d’isolement dont arrêt de travail le cas échéant), l’identification a minima des personnes contacts du foyer du cas et la délivrance des conduites à tenir. A ce titre, il assure également l’évaluation de la situation du foyer du cas, dans un objectif de limitation des transmissions du virus au sein du foyer et d’identification de personnes vulnérables vis-à-vis du Covid-19 éventuellement à protéger au sein du foyer. Sur la base du volontariat, il peut décider d’assurer l’identification des personnes contacts à risque hors du foyer 


La dernière phrase du paragraphe est capitale.

Nous ne disposons pas de tous les éléments pour trancher, notamment juridiques.

Nous les rajouterons ensuite.





Rajouts du 12 mai 2020 faits par des collègues.



Pour ceux qui souhaitent des informations plus complètes, comment le MG s'intègre dans le dispositif en général : 


Niveau 2 : il est assuré par les plateformes territoriales de l’Assurance Maladie. Ces plateformes sont chargées de finaliser l’identification des personnes contacts à risque d’un cas confirmé de COVID-19 ou probable TDM+ initiée par le niveau 1 et de réaliser les appels sortants (recherche des personnes contacts hors du foyer notamment, par interrogatoire du cas et confirmation par un appel téléphonique auprès des personnes concernées). Elles assurent également la prise en charge des personnes contacts à risque identifiées, notamment des actes nécessaires à cette prise en charge (organisation d’un test RT-PCR dans les délais précisés au §2, accès à masques chirurgicaux en pharmacie d’officine, encadrement de la mesure de quatorzaine dont arrêt de travail le cas échéant et évaluation des éventuels besoins d'accompagnement médical, sanitaire et/ou social dans la mise en oeuvre de cette mesure 


Enfin, pour info :


Niveau 3 : il est assuré par les ARS, en lien avec Santé publique France en région. Sur la base des données du contact-tracing réalisé par les niveaux 1 et 2 et collectées dans la base de données ad ’hoc, les ARS identifient les chaines de transmission sur leur territoire et préviennent et détectent les clusters. Elles assurent aussi, en lien avec le niveau 2, la gestion des situations complexes, notamment la survenue des cas dans certaines collectivités (écoles, EHPAD, établissements pénitentiaires… cf. précisions ci-après). Si la situation le nécessite, elles déploient des moyens d’investigation sur le terrain, organisent des campagnes de dépistage ciblées et peuvent proposer au Préfet de département des mesures de contrôle spécifiques (fermeture de structures par exemple). Elles sollicitent si nécessaire l’appui des préfectures, des collectivités territoriales et de tout autre acteur concerné pour l’organisation de ces investigations de terrain. 

Cela dit, nous disposons d'informations logistiques (interactions entre le MG et Ameli) :

Modalités organisationnelles des niveaux 1 et 2 du contact-tracing 
Le médecin prenant en charge un cas possible ou probable TDM+, l’enregistre, ainsi qu’a minima les personnes résidant dans le même domicile que lui, dans le téléservice « Contact COVID » accessible via Amelipro (ce recueil d'informations peut débuter lors de la première consultation du patient symptomatique dans l’attente d'une confirmation par un test RT-PCR et doit être achevé au maximum dans les 24h suivant le résultat positif du test - information transmise au médecin via le laboratoire par les canaux habituels doublée d’une alerte téléphonique, le résultat confirmé dans Amelipro par le médecin étant la condition pour que les éléments enregistrés soient transmis à la plateforme territoriale de l’Assurance Maladie de niveau 2). Sont collectés nom, prénom, NIR, date de naissance, adresse, coordonnées téléphoniques et adresse mail du cas et des personnes contacts de son foyer. Il peut également saisir les informations relatives aux personnes contacts à risque hors du domicile (dans ce cas il analyse avec son patient ses contacts dans les 48 heures précédant l'apparition des premiers symptômes, conformément à la définition de SpF d’un contact à risque). Enfin, il est chargé d’évaluer les risques de transmission intra-domiciliaire et le besoin d’une éventuelle solution d’hébergement dédiée pour le patient et son foyer. Il les oriente si besoin vers les cellules locales des préfectures et collectivités en charge d’organiser l’appui au maintien à domicile ou l’hébergement dans une structure dédiée. 
Les modalités de transmission des données du contact-tracing de Niveau 1 réalisé par les établissements de santé pour les patients pris en charge à l’hôpital sont en cours de définition (pas encore d’accès pour tous les établissements à « Contact COVID » à ce stade ; un message leur sera envoyé très prochainement pour préciser les modalités de transmission des informations du contact-tracing de Niveau 1 dans l’attente). 
Les plateformes de l’Assurance Maladie identifient ensuite les contacts à risque du cas hors du foyer (s’ils n’ont pas déjà été identifiés par le niveau 1) et réalisent les appels sortants pour confirmer les contacts et les prendre en charge. Pour chaque personne, les plateformes précisent les circonstances des contacts avec le cas, et en particulier le port de masque (cf. définition SpF du contact à risque : si la personne contact OU le cas portait un masque chirurgical ou FFP2 ou si la personne contact ET le cas portait chacun un masque grand public fabriqué selon la norme AFNOR ou équivalent, le contact est à risque négligeable). Les contacts avec les personnes sont réalisés dans les 24 heures après transmission du dossier par le Niveau 1. Seules les personnes contacts à risque sont conservées dans la base « Contact COVID » (pour chaque personne, le téléopérateur de la plateforme renseignera son identité, son NIR, ses coordonnées, la présence de symptômes, la date du contact, les circonstances du contact… cf. détail des informations collectées en annexe 3).



Je m'arrête là pour ce soir.

A suivre...

mardi 28 avril 2020

Edition spéciale : Covid-19 pré déconfinement.

Communiqué du mardi 28 avril 2020

Nous, médecins généralistes, demandons le port du masque obligatoire dans tous les lieux publics fermés.

Plusieurs autorités sanitaires (​l'Académie de médecine,​ la ​Société Française de Santé Publique​, le centre européen de prévention et contrôle des maladies,​ ​le comité scientifique COVID-19​, etc.) ont souligné l’importance du port de masques ou d’ėcrans anti postillons (dits masques « grand-public ») pour limiter la propagation de l’épidėmie de coronavirus. De nombreux pays ont suivi ces avis. Pas la France.

Face aux tergiversations du gouvernement, les acteurs de terrain se doivent de prendre leurs responsabilités et d'avoir une parole claire et sans ambiguïté.

Ce qui nous importe est la santé de nos patients.

Nous insistons auprès des décideurs nationaux et des responsables locaux (chefs d’entreprises, commerçants, maires, etc.) pour que soit rendu obligatoire le plus rapidement possible le port d'un masque ou d’un écran anti-postillons dans tous les lieux publics fermés (ascenseurs, transports en commun, boutiques et supermarchés, cabinets médicaux et paramédicaux, entreprises de tout type, lieux d’enseignement, etc.) et en extérieur dès lors que la distance d’un mètre ne peut être respectée.

L’éducation au port des masques et à leur recyclage doit débuter sans plus attendre afin que les Français soient prêts à les utiliser correctement lors de leur déconfinement. En l’absence de masques officiels, il est simple et efficace de s’en fabriquer soi-même à l’aide des nombreux tutoriels proposés sur internet, comme recommandé par l’ECDC et les CDC américains. Ces tutoriels sont regroupés sur le site ​stop-postillons.fr.​

Le port d’un masque ne constitue pas une mesure barrière supplémentaire ou accessoire : il s’agit bel et bien du principal geste barrière, pour ce virus transmis par voie aérienne. Il ne se substitue pas aux autres gestes barrières qui restent indispensables : lavage des mains, distanciation sociale, absence de contact physique et, pour les personnes concernées, tousser dans son coude et utiliser des mouchoirs jetables.



A propos des signataires​.

Nous sommes un groupe de soignants de premier recours réunis librement pour réflėchir au rôle de la médecine de terrain au temps du coronavirus. Nous pensons qu’un de nos rôles les plus important est l’éducation du public aux gestes barrières pertinents. Le groupe se compose actuellement de Jean-Baptiste BLANC, Jonathan FAVRE, Stéphane FRAIZE, Jean-Claude GRANGE, Yvon LE FLOHIC, Michaël ROCHOY et Béatrice ROLLAND-BROZZETTI, tous médecins généralistes. Il est ouvert à d’autres. A noter que deux de ses membres (JF, MR) sont co-fondateurs de stop-postillons.fr. Nous n'avons pas d'autre lien d’intérêt à déclarer.

contact @DR_JB_Blanc ou ​ecransantipostillons@gmail.com

jeudi 23 avril 2020

Quelques incertitudes : COVID-19


La pandémie actuelle suscite des réactions stéréotypées selon "l'endroit d'où l'on parle" : 
  1. Les apprentis-sorciers ont tout essayé pour guérir la Covid-19 : chacun avait sa recette miracle qui venait de son domaine de compétence : depuis le zinc jusqu'à la vitamine C en passant par des immunomachinchoses, des antipaludéens à dose mortelle, des macrolides et on passe sur le reste...
  2. Les progressistes pensent que le salut ne peut venir que des vaccins et que des anti viraux : l'hygiène, c'est pas hype
  3. Les écologistes parlent de déforestation et de pollution
  4. Les politiques de l'opposition parlent d'imprévoyance
  5. Les politiques de la majorité mentent sur leur imprévoyance
  6. Les marxistes parlent du capitalisme
  7. Les anti marxistes parlent du manque de libéralisme
  8. Les hygiénistes sont sortis de leurs placards mais n'ont pas d'études à proposer
  9. En 2020 il n'existe aucun essai contrôlé de qualité pour apprécier l'efficacité des mesures barrières contre les infections à l'hôpital et ailleurs
  10. Les hospitaliers disent que l'hôpital manque de moyens
  11. Les libéraux disent que "la ville" manque de moyens
  12. Les complotistes parlent de complot
  13. Les crétins (pas tous) parlent sur les chaînes d'infos et y vont de leurs pronostics : de la grippette à la pandémie mondiale
  14. Les orwelliens parlent de novlangue mais assez peu de common decency
  15. Les illichiens parlent très peu d'autonomie
  16. Les mackeowniens exultent dans leur coin
  17. Les survivalistes survivent
  18. Les collapsologues font des barbecues
  19. Chacun voit midi à sa porte
  20. La mortalité dans les EHPADS est un problème de société : changera-t-on quelque chose après cette pandémie ? Est-il possible de changer ?
  21. Les mondialistes veulent un gouvernement mondial : dirigé par l'OMS ?
  22. Les ultra mondialistes disent que la pandémie n'est pas due à la mondialisation parce qu'il y a eu la peste à Marseille en 1720 (la moitié de la population en est morte)
  23. Les gauchistes veulent nationaliser Big Pharma en oubliant que c'est l'Etat qui n'a pas stocké les mesures-barrières
  24. Les anciens de AH1N1, telle l'inénarrable Roselyne Bachelot, triomphe en rappelant son stock de masques qui fut utilement inutile en oubliant qu'elle a créé les ARS qui ont montré leur inutile inutilité
  25. Tout comme la fameuse réserve sanitaire, un machin sans intérêt dirigé par une incompétente notoire
  26. Big Pharma veut moins de règles pour commercialiser ses produits
  27. Des médecins anti Big tobacco insinuent que la nicotine pourrait protéger du Covid et continuent de dénoncer la vape
  28. Les foyers de contamination sont les rassemblements religieux et/ou footballistiques, les familles, et les établissements de soin et de parcage des personnes âgées
  29. Les médecins, les professionnels de santé en général, les travailleurs sociaux, sont les plus exposés et ont été livrés au virus sans protection
  30. Les grands professeurs découvrent que Raoult est un escroc
  31. Les futurs grands professeurs pulvérisent Raoult et oublient que la fraude scientifique n'a pas commencé avec lui et continuera sans lui
  32. Les puceaux effarouchés qui n'ont lu ni Ioannidis, ni Prasad, ni Cifu, ni Glasziou, ni Goldacre s'en donnent à coeur joie contre le savant de Marseille mais oublient de balayer devant leur porte : leurs patrons, leurs sources de financement
  33. Les misoracistes pensent que la porte-parole du gouvernement lit des textes qui ne sont pas écrits par Véran/Salomon
  34. Les féministes ne protestent pas contre le fait que les hommes représentent 70 % des décès du Covid
  35. Les hygiénistes disent que les hommes meurent plus parce qu'ils ont des comportements à risques : la maladie est le salaire du péché
  36. Les obèses meurent plus que les autres en raison du Covid : mais Big Junk Food rouvre bientôt
  37. Les germanophiles disent que les Allemands s'en sont mieux sortis parce qu'ils avaient moins de lits d'hospitalisation et plus de lits de réanimation (qui sont vides)
  38. Les "gens" ont découvert que le régime chinois était un régime policier horrible après avoir traité les Chinois de bouffeurs de pangolins, de sales Asiatiques tout en louant l'idiosyncrasie de cette race à part
  39. Les médecins du gouvernement disent la médecine en fonction des stocks de masques : quand y en a pas ça sert à rien, quand y en a ça sert
  40. La France n'est pas un pays du tiers-monde : il est plus facile et rapide de réaliser un scanner pulmonaire que de pratiquer une PCR
  41. François Ruffin a dit que les hôpitaux français étaient des hôpitaux du tiers-monde, il n'a pas dû beaucoup voyager
  42. Macron entre dans un supermarché sans masque
  43. Les épidémiologistes tentent de comprendre pourquoi des politiques de santé publique différentes ont conduit des pays à juguler la pandémie et d'autres non
  44. L'Etat français qui a montré son incompétence est sollicité par les anti capitalistes pour diriger la recherche médicamenteuse
  45. Véran dit que les soignants se sont contaminés dans les transports et non à l'hôpital
  46. Véran dit ensuite qu'il sera possible, lors du déconfinement, de prendre les transports en commun sans masque
  47. Salomon ment toujours et dit sur France Info, et certainement "droit dans les yeux", "J'ai toujours plaidé pour l'accès aux masques grand public"
  48. Le SDRA existe depuis un million d'années (c'est peut-être possible, allez savoir) et on n'en sait pas grand chose
  49. Les physiopathologistes sont à l'affût de toutes les nouvelles théories physiopathologiques qui permettraient de développer des médicaments physiopathologiques et tentent d'attirer l'attention de Big Pharma
  50. Agnès Buzyn retravaille à l'hôpital : avec un masque ?
  51. Les agences gouvernementales (françaises) montrent encore une fois leur incompétence sous le masque de la scientificité
  52. Les pharmacovigilants qui avaient raté les éléphants dans les couloirs comme le Mediator ou le Vioxx se déchaînent sur l'hydroxychloroquine
  53. Les pharmacovigilants qui ne peuvent jamais rien faire contre le lobby médico-industriel nous ont balancé en direct l'interdiction des anti-inflammatoires, le risque des IEC et des sartans, puis l'efficacité des mêmes sartans, le risque de la corticothérapie au long cours et en flash, et tout ça, c'était pour pisser de la copie... Ils sont revenus en arrière
  54. Big Pharma tente de refourguer ses vieux antiviraux qui n'ont jamais marché et d'en fourguer d'autres à coups d'essais raoultiens qu'ils publient dans le NEJM sans oublier les immunologiques trucs muches qui vont coûter un bras
  55. La Covid-19, aux dernières nouvelles, est une vascularite inflammatoire qui entraîne des phénomènes thrombo-emboliques massifs
  56. Aux dernières nouvelles, non, elles sont anciennes, le coronavirus de l'année entraîne de la fibrose pulmonaire : les centres de référence sont en pleine ébullition
  57. Les épidémiologistes viro-cliniciens tentent d'expliquer que le déconfinement sera réussi grâce à des PCR qui donnent 30 % de faux négatifs (mais pas chez les bons préleveurs, hein...) et des tests sérologiques dont on ignore tout de la fiabilité (sensibilité/spécificité) et dont certains ont été mis à la poubelle juste après les avoir reçus
  58. Le gouvernement décide du déconfinement pour le 11 mai sans avoir une image claire du profil sérologique (IgM et IgG) des patients et sans savoir à qui on devra faire les tests, les asymptomatiques, les symptomatiques, les ex asymptomatiques (ça veut dire quelque chose ?) et/ou les ex symptomatiques...
  59. Est-ce que la surveillance à domicile des patients symptomatiques avant ou après hospitalisation sert à quelque chose ? Personne n'en sait rien mais on fait. Et on met à risque les personnels de santé qui viennent faire le boulot.
  60. La téléconsultation a été un apport important pour le suivi des patients (et on notera que la CNAM a été très réactive pour la cotation). Survivra-t-elle à la pandémie ?
  61. Les EHPADS, c'est cher, c'est inhumain, ça tue
  62. Les centres Covid ne servent pas à grand chose : ce sont des machins non technocratiques qui se rajoutent au mille-feuille des offres de soin
  63. Rien ne changera vraiment après : les transports en commun seront toujours des wagons à bestiaux dans lesquels des travailleurs perdent un temps infini qui pourrait leur servir à faire autre chose
  64. Il faudra bien un jour parler des clauses de mobilité des travailleurs, des délocalisations, de l'industrie du tourisme, de la destruction de l'environnement, de la common decency territoriale, de l'autonomie territoriale, du consumérisme... 
  65. Il y a un domaine où la distanciation sociale a bien fonctionné : entre les milieux pauvres et les milieux aisés pour le degré de défavorisation sociale
  66. Et malgré tout cela le gouvernement va déconfiner le 11 mai, de façon progressive et différenciée (quel magnifique langage technocratique !) en ne rendant pas les masques obligatoires : ni dans la rue, ni, a fortiori, dans les transports publics
  67. Bon, il y aurait tellement à dire et à redire.
  68. Rappelez-vous quand même que lorsqu'un médiatique, un politique, un médecin KOL ou un médecin lambda vous parle de problème de santé publique à propos d'une affection qui fait deux morts par an, vous pourrez lui parler du pays...
  69. N'oublions pas tout ce que j'ai oublié... 
  70. Vous pouvez ajouter...

mardi 14 avril 2020

Billet d'humeur (purulente) au temps du confinement.



Cet après-midi, je suis allé au supermarché et à la boulangerie.

Nous sommes à Versailles.

J'ai revêtu un masque chirurgical juste avant de sortir de mon domicile (à 15 heures 34), un masque recyclé qui a subi un passage au four pendant 25 minutes à 70 ° (le niveau de preuves est faible quant à l'efficience du procédé). C'est nickel : les élastiques ne sont pas distendus.

Dehors, il fait frais à l'ombre et plutôt tiède au soleil. Avec le masque le ressenti de tiède va plutôt vers le chaud.

Peu de monde dans les rues et pratiquement pas de masques (mais je ne sais pas si les gens se promènent ou vont faire des courses).

Mon masque se voit de loin puisque certaines personnes changent de trottoir quand ils m'aperçoivent.

Six personnes dans la queue extérieure du supermarché.

Distance d'un mètre à peine respectée. Notamment par deux jeunes, le casque au bout des bras, qui colle la dame qui est devant eux. Le mètre étalon n'était pas au programme. Le Khon étalon non plus.

Une dame âgée avec un masque en tissu attend patiemment.

A l'intérieur c'est open fun.

Les oeufs sont manquants depuis des siècles. A moins que des voleurs de poulaillers ne viennent le matin à l'ouverture quand les poules viennent de pondre.

Au rayon légumes les gens se collent. Quelques masques chirurgicaux, un ou deux masques en tissu, un masque canard échappé de la mare, et des façons de porter ledit masque qui mériteraient quelques photos sur le site The sartorialist (ICI) : sous le nez, sous la bouche, de guingois, mais aucun ne l'a mis en visière. Il y a aussi les foulards, les cache-nez, les mains, la main devant la bouche pour parler... Les gens, gantés plastique ou non, palpent les fruits comme à l'habitude, enfonçant leurs  doigts avec un enthousiasme communicatif, ça doit faire mûrir les fruits...



Au rayon frais, il manque des trucs, mon fromage industriel favori, le Saint agur, peu de crème et, au moment où j'allais ouvrir un panneau transparent pour me saisir du dernier pot de fromage blanc 0 % je suis bousculé par une dame, une vieille dame dans la soixante-dizaine bien plus proche de quatre-vingt que de soixante, habillée avec grâce, plutôt le genre foulard Hermès, pull Saint-James et mocassins Céline, sans masque (il me semble pourtant qu'elle fait partie de la population cible pour se covider), et, contrairement à tous mes pronostics, non seulement elle ne tombe pas à la renverse quand je lui mets un grand coup de chaussures dans les tibias (je plaisante mais je n'aime pas les vieilles dames resquilleuses qui sont aussi nombreuses à Versailles que les cloches des églises) mais elle se saisit avec autorité du dernier pot géant de Jockey. Ouf, je n'ai pas eu à lui donner un deuxième coup dans les tibias pour lui faire lâcher prise le pot de fromage blanc que je visais...

Ah, je ne vous ai pas parlé de cette autre vieille dame versaillaise d'âge ehpadien, qui prend un camembert, ouvre le couvercle et appuie son pouce dedans avec une force que l'on n'aurait jamais imaginée chez une femme de cet âge au point que le papier aurait pu être déchiré et le replace dans le rayon juste avant d'en essayer un autre...

Je passe du côté des produits ménagers où le savon est toujours aussi rare à croire que les Français font des stocks pour Covid-20, et je vois une jeune femme sans masque, vingt-cinq ans, l'air concentré, en train de renifler avec détermination un flacon de shampooing (désolé, je n'ai pas vu la marque, je ne peux vous faire la liste des 23 colorants considérés comme cancérigènes par Corinne Lepage et des 212 perturbateurs endocriniens considérés par Yannick Jadot comme extrêmement dangereux) en collant son nez, la narine droite, puis la narine gauche sur l'orifice béant (à moins bien entendu qu'elle ne soit déjà Covid + et anosmique et qu'elle ne suive des cours de rééducation olfactive en supermarché grâce à un tutoriel aimablement mis en ligne par une société savante d'ORL) avec une inconscience frisant le grand art...

Un jeune homme barbu porte un masque curieux, genre masque à gaz qu'il aurait trouvé dans le grenier familial et qui aurait appartenu à son Grand-père taxi de la Marne...  

Les caisses sont peu achalandées mais il y a toujours des petits malins/malignes qui aimeraient bien passer avant, et j'observe ceci : les caissières ont des visières transparentes pour travailler, elles ne portent pas de masques mais ont enfilé des gants (les fameux gants bleus). Quant à la superviseuse, elle va de caisse en caisse, sans visière, sans masque et sans gants (cherchez l'erreur). Et je vois ceci : une jeune caissière, dans les vingt ans tout mouillés, passe sa main gantée de bleu sous sa visière et se frotte vigoureusement les yeux en envoyant sans doute quelques SARS-CoV-19 là où il faut pas.

Je ressors, non sans avoir salué le vigile qui organise les entrées et les sorties dans le magasin (et qui ne porte pas de masque).

Je me dirige d'un pas alerte malgré mes deux bras chargés vers la boulangerie où la queue est peu importante (deux personnes devant moi et trois personnes à l'intérieur). Je suis talonné, c'est le mot, par un frère et une soeur qui n'ont pas non plus suivi les cours de géométrie et pour lesquels une visite au pavillon de Sèvres pourrait leur donner une idée des distances à respecter dans une queue, tout en sachant que leur façon d'être habillés, jeunes gens versaillais bien sous toutes les coutures, 14 ans pour le garçon et 10 pour la fille, indique à l'évidence que les conseils de distanciation sociale leur ont déjà été donnés.



A l'intérieur, il y a une vieille dame avec masque en tissu du plus bel effet, qui met trois heures pour extraire le compte juste de son porte-monnaie, les deux jeunes qui me collent et qui laissent traîner leurs doigts partout, surtout la jeune fille, et il y a une dame, la cinquantaine et demie bien conservée, veste rouge à galons, chemisier blanc, collier de perles autour du cou (le bas je n'ai pas regardé) qui toussote, qui met la main devant sa bouche pour ne pas envoyer de postillons quand elle tousse, et qui le fait aussi pour parler. Elle colle la vieille dame qui a du mal avec sa monnaie et elle dit bien fort qu'elle achète des chocolats pour une vieille dame et que, bien sûr, elle va lui déposer devant sa porte pour ne pas risquer de la contaminer (elle a donc réussi, dans la même phrase, à illustrer sa dissonance cognitive et le kitsch kundérien - voyez comme je fais de bonnes actions et combien il est important que tout le monde le sache et s'extasie devant mes bonnes actions).

Je paie mes deux traditions à la patronne qui officie derrière un Plexiglas et qui rend la monnaie avec des gants.

Je sors de la boutique, il fait plus chaud que tout à l'heure et j'arrache mon masque.

C'est pas gagné. 

***

Le site Stop-Postillon : LA

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Bien que le niveau de preuves soit faible.

Si vous sortez et que vous comptez rester à distance des gens, ne pas aller dans un lieu public fermé : pas de masque.

Si vous sortez faire des courses, il vaut mieux porter un masque.

Le masque canard n'est pas indiqué.

Le masque dit chirurgical est indiqué et recommandé.

Le masque en tissu, si vous n'avez pas de masque chirurgical, est mieux que rien et vous allez voir le site Stop-Postillons pour savoir comment les faire...

***

Ce billet est dédié à @DocArnica, @Mimirudyo, @DrJohnFa, @Gomi et @DocteurAbbas.

mardi 7 avril 2020

Covid-19 le mardi sept avril 2019 à 17 heures


Quelques nouveautés par rapport aux épisodes précédents : ICI, notamment.


Le site stop-postillon pour confectionner soi-même des masques et pour savoir comment et où les porter : LA

Bon, c'est du copinage... mais c'est bien fait, ça donne des idées et, surtout, cela convainc de l'utilité de ces masques à défaut de rien.


Mise à jour des recommandations pour la prise en charge des patients Covid-19 en ambulatoire : LA


Commentaire : en pratique, l'obtention des PCR en ville est très problématique. Et peu praticable. En tous les cas dans mon coin.

La nouvelle attestation de sortie numérique : à charger ICI sur votre téléphone intelligent.




L'attestation pour les employeurs : à charger ICI.




Les ORL recommandent LA