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mercredi 28 août 2019

Ce que l'on peut partiellement retenir de juillet et d'août d'un point de vue médical.

Bali : rizières de Jatiluwih (photo personnelle)

C'est un pêle-mêle non exhaustif :
  1. Il n'est pas nécessaire d'indiquer le nombre de séances lors de prescriptions de kinésithérapie : voir ICI. J'ajoute qu'à Mantes et dans son territoire (chic, non ?) les patients reviennent non seulement pour que je prescrive le nombre de séances (j'avais tenté de faire ce que me disait twitter) mais pour les "renouveler". On m'a déjà dit, c'était l'extrême-droite, que le Val Fourré, c'est pas la France, les patients et les kinésithérapeutes doivent avoir un profil particulier.
  2. Les visiteurs médicaux manipulent les médecins (enfin, les mauvais médecins, ceux qui ne savent pas résister aux sirènes des visiteurs médicaux même quand ils sont formés par des Key Opinions Leaders, tout en sachant que les vrais mauvais médecins sont ceux qui ne reçoivent pas les visiteurs médicaux) : voir un article canadien (qui est, selon *** un article d'inspiration complotiste puisqu'il prête des mauvaises intentions délibérées aux laboratoires pharmaceutiques et à leurs salariés) : LA. (Note 1)
  3. Pour faire sens : la crise des opiacés est un exemple en grandeur réelle de ce qu'est la philanthropie humaniste de l'industrie pharmaceutique si elle mêle appât du gain, disparition de l'éthique et hédonisme contemporain. Un entretien avec Richard Sackler de Purdue Pharma : banal ? LA
  4. The Australian Heart Fondation accepte de l'argent de n'importe qui, pas seulement de l'industrie pharmaceutique (on ne peut pas faire autrement, hein ?) mais aussi de la Junk Food Industry. ICI. Tout le monde ou presque s'en fout.
  5. La FDA, l'agence gouvernementale la plus connue dans le monde (on me dit que les fonctionnaires français de l'Agence du Médicament émettent des protestations mezzo voce), permet la commercialisation de molécules qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité ou sur des critères non pertinents acceptés pourtant par les experts de la dite agence gouvernementale en exigeant des études post marketing (après commercialisation) pour confirmer/infirmer le rapport efficacité/tolérance des dites molécules, études qui ne sont soit jamais menées soit menées sur des critères tout aussi impertinents que les précédents : voir (encore) un article canadien ICI.
  6. Les méthodes de la FDA contestées pour la mise sur le marché des médicaments anti cancéreux. Les experts confirment et rien ne changera : ICI. Cela suit en Europe (EMA) et en France. Les oncologues en roue libre. Et merci à F Maisonneuve pour son blog qui se radicalise avec le temps, tant sa prudence initiale est bousculée par les faits.
  7. Combien se faire payer en EHPAD à budget global ? Richard Talbot est un vulgarisateur hors pair de l'enfer administratif. A lire urgemment : LA.
  8. Il existe une liste d'experts indépendants (sans liens/conflits d'intérêts) aux EU d'Amérique que l'agence gouvernementale FDA n'utilise pas (cela pourrait être risqué pour l'obtention d'une AMM, sans doute) : LA.
  9. Article de l'excellente Aurélie Haroche sur la sur médicalisation (ICI) et je me rends compte qu'elle cite Luc Perino qui a "pompé" mots pour mots un de mes billets de blog de 2014 (LA) concernant Jules Romain qui aurait "pompé" Proust : l'albumine mentale. J'ajoute que j'ai moi-même pompé Le dictionnaire amoureux de Proust (mais je l'ai cité). Donc, soit Luc Perino a une mémoire d'éléphant pour se rappeler l'albumine mentale, soit il a lu mon billet, soit il a lu les Enthoven mais il ne cite personne.
  10. Un article qui peut (et va) faire du bruit. Peter Goetzsche a analysé deux essais (LA) rapportant les effets dus à la vaccination Diphtérie/tetanos/polio dans des zones rurales africaines chez des nourrissons sur le critère mortalité globale. C'est renversant car on y apprend que ls données de l'OMS sont manipulées et que le mortalité globale ne varie pas. (Note 2)
  11. Je discute avec un juriste pendant les vacances et je comprends de nombreuses erreurs que je commets en médecine. Sur les conflits d'intérêts, sur la décision partagée. Selon lui (PA), qui se reconnaîtra, la décision partagée en médecine est d'une part une aporie et d'autre part une dérive juridique du droit anglo-saxon qui permet de déplacer la responsabilité des choix du médecin vers le patient.
  12. Le rôle du spin dans les revues leaders en psychologie et psychiatrie est aussi important qu'ailleurs (on se dit d'ailleurs que les spécialistes du spin sont les psys en général : on n'est jamais mieux servis que par soi-même : ICI.
  13. "Militer pour la science", un entretien à propos du livre de Sylvain Laurens qui retrace l'histoire des mouvements rationalistes : LA. Ce qui me permettra de consacrer un billet à : La médecine n'est pas une science.
  14. Les médecins invités à prescrire par l'industrie (cela s'appelle de la corruption) sont aussi invités à ne pas le dire : LAMore than four in ten British health professionals who take money from drug companies don't disclose those payments or say where the money came from. On s'en doutait un peu... 
  15. Au commencement de la crise des urgences certains urgentistes, dont le distingué Thomas Mesnier, avaient stigmatisé l'attitude générale des médecins généralistes (feignants, désorganisés, incompétents), et le rapport du distingué prétendu urgentiste avait proposé des horaires encore plus importants et des gardes encore plus nombreuses et obligatoires. La nouvelle doxa est celle-ci : les généralistes n'y sont pour rien, ce qui manque, c'est l'argent, le personnel et les lits d'amont. Ne vous réjouissez pas trop vite, amis MG, nous continuons à ne servir à rien dans ce système de soins qui va très bien sans nous et comme ce sont les mêmes qui nous font disparaître : tout baigne.
  16. La polémique avec les associations de patients (ou plutôt l'association des associations de patients) qui désiraient une sorte de MedAdvisor pour évaluer les médecins (voir ICI) a tourné court car elles ont prétendu que c'était plutôt SoinsAdvisor, c'est à dire évaluer les soins en fonction des recommandations et des consensus considérés comme neutres a priori. Mais le problème demeure ; ce qui s'est passé avec les opiacés est tout à fait démonstratif du rôle que l'on fait jouer aux associations mais ce n'est pas ici, c'est dans la patrie du libéralisme et du capitalisme triomphants, rien ne peu se passer ainsi en France. Retour sur un article de Vinay Prasad (je précise qu'il ne me verse pas d'argent, qu'il ne m'a pas promis un poste de porteur d'eau à Portland où il exerce et qu'il m'arrive de ne pas être d'accord avec lui...) paru en décembre 2018 sur les relations idéales entre les patients et l'EBM : 

    True Patient Advocates Must Be Students of Evidence-Based Medicine (ICI).

  17. On connaît en théorie la faible valeur explicative des études observationnelles mais on continue de les prendre en considération avec trop d'attention. On nous avait dit que les inhibiteurs de la pompe à protons pouvaient, lors d'une utilisation prolongée, entraîner de nombreux effets indésirables, ce qui avait conduit nombre de confrères à déprescrire (avec des résultats intéressants mais non démontrés) et, surtout à initier les prescriptions pour des temps courts en renseignant les patients. Or, un essai randomisé récent montre le contraire : ICI. Le problème vient de ce que l'étude a été sponsorisée par Bayer et que la liste des investigateurs ayant des conflits d'intérêts avec les firmes commercialisant les IPP est impressionnante. Donc : méfiance sur les premières informations et sur les réfutations ultérieures.
  18. La vitamine D à haute dose ne sert à rien chez les personnes en cas d'ostéoporose  saines et peut même entraîner une diminution de la densité osseuse (trois ans)  : ICI. (J'ai fait cette correction grâce à kyste et à son commentaire.)
  19. La relation sur twitter des grossesses de deux tweetteuses que j'aime beaucoup (qu'elles n'en prennent pas ombrage) m'ont confirmé dans l'idée simple et simpliste que la GPA pose des questions éthiques fondamentales qui, pour moi, sont indépassables. Nous y reviendrons.
  20. Vingt-cinq perles (vérités qui ont mis des siècles à être appliquées et mensonges que l'on nous a fait avaler) depuis 25 ans ! LA pour la première partie.
  21. Et l'aspect juridique des mensonges : un rapport décoiffant (ICI) sur les jugements concernant l'industrie pharmaceutique depuis 25 ans aux Etats-Unis d'Amérique. En 2015, date de publication du rapport, big pharma (voir la note 3 sur le caractère "complotiste" de l'utilisation de ces deux mots) a payé 35 milliards de dollars de pénalités !
  22. Le "problème" des certificats demandés par les assureurs au mépris des règles du secret médical n'est toujours pas résolu. Certes, le Conseil de l'Ordre des médecins a publié des documents ad hoc qui sont, en théorie, d'une grande clarté, mais ils laissent toujours le médecin isolé en son cabinet entre les desiderata des assureurs, l'anonymat le plus fréquent des médecins des assurances, la mauvaise foi de ces mêmes assureurs et l'incompréhension des patients. J'ai rédigé, avec l'aide de confrères, des documents afin de répondre aux demandes mais c'est une perte de temps et une détérioration de la relation médecins/malades...
  23. Un certain nombre de mentions sont faites relatant l'éventuelle dangerosité du vapotage. Comme toujours, en raison d'informations partielles et demandant à être confirmées/infirmées, il faut être circonspect et se poser la question simple du rapport bénéfices/risques par rapport au tabac (si l'on considère que le vapotage est un traitement de substitution et non un mode d'entrée pouvant se substituer d'emblée au tabac). J'avais demandé en 2013 d'être prudent : LA. Réflexion plus générale : en étant prudent on risque moins de se tromper (baclofène, vape, étude sprint...)
  24. Il y a encore plein de trucs...
  25. Rajout du 30/08/19 : Psychiatry defends its antipsychotics: a case Study  of institutional corruption : ICI.



Un des symboles du Québec : le dépanneur  (Montréal)




Notes 
  1. Selon les médecins libéraux (non au sens de l'exercice libérale la médecine, celui qui consiste à subir les contraintes de l'Etat sans profiter des avantages du mode libéral, mais au sens de l'acceptation aveugle et sourde de la loi d'airain du marché) il existe deux types de médecins résistants à la visite médicale : ceux qui ne la reçoivent pas et qui sont donc ignorants et mauvais par principe puisqu'ils ne sont pas immédiatement mis au courant des dernières innovations qui vont sauver la vie de leurs malades et qui leur font donc courir une perte de chance et ceux qui la reçoivent et ne sont pas influencés, écoutant d'une oreille distraite et critique, les argumentaires (pour les lacaniens, les argumenteurs), pour ne pas les appliquer. N'oublions pas non plus, mais ceux-là on les cache ouin ne les mêt pas en exergue, les non résistants, les compliants, les médecins libéraux (la CARMF, l'URSSAF, le secteur 2, le black) libéraux (voir supra la loi du marché) qui reçoivent la visite médicale et qui appliquent laborieusement ses préceptes au nom de la modernité...
  2. Je ne vous renvoie pas à tout ce que j'ai écrit sur le fait ou non d'émettre des critiques scientifiques sur les vaccins mais quand même : ICI. Je suis inquiet car les vaccinolâtres vont en profiter pour mettre en question tout ce que Peter Goetzche a écrit antérieurement, notamment sur le dépistage du cancer du sein et les psychotropes. Ajoutons que l'article ne fera finalement pas de bruit car la consigne sera de ne pas le commenter. La phrase à retenir de notre ami danois : les vaccins sont des médicaments comme les autres, il est donc possible de les évaluer.
  3. Il est vrai que pour les quidams lambda dont la culture médicale, politique, sociologique, littéraire, et j'en passe, passent par Wikipedia, la lecture de ce qui est dit sur ce media neutre et bienveillant, est édifiante : voir ICI pour ce trésor de bêtise.
    Donc, quand vous parlez de Big Pharma vous êtes complotiste. Il est possible de parler de lobbys mais de Big Pharma : non.
    En France.
    De nombreux auteurs anglo-saxons utilisent l'expression et sont des académiques de haute volée.
    Donc, Marc-André Gagnon RT (retweete) des articles complotistes comme celui-ci : LA.
    L'association français Formindep est complotiste quand elle RT un article montrant comment l'industrie des laits maternisés corrompt les pédiatres : LA.
L'homéopathie au Canada :


La réflexologie plantaire en Indonésie :


jeudi 8 mars 2018

Quelques brèves nouvelles désabusées sur l'Etat de la médecine.

L'Etat de la médecine.


1. Les recommandations en cancérologie sont biaisées (aux Etats-Unis d'Amérique)


Cancer treatment guidelines produced by the US NCCN are often based on low quality evidence or no evidence at all, concludes study.
Une étude conclut que les recommandations thérapeutiques produites par le NCCN (National Comprehensive Cancer Network américain) sont souvent fondées sur des preuves de faible qualité ou sans preuves du tout.

L'article est ICI.

En consultant le site de la NCCN, page d'accueil, on comprend combien cette organisation est big Onco dépendante. Cela donne le tournis. Et ce, d'autant plus que ces recommandations ouvrent le droit aux remboursements par les mutuelles.

Je reproduis une partie de l'abstract et l'article est en accès libre.

Results 47 drugs initially approved by the FDA between 2011 and 2015 for adult hematologic or solid cancers were examined. These 47 drugs were authorized for 69 FDA approved indications, whereas the NCCN recommended these drugs for 113 indications, of which 69 (62%) overlapped with the 69 FDA approved indications and 44 (39%) were additional recommendations. The average number of recommendations beyond the FDA approved indications was 0.92. 23% (n=10) of the additional recommendations were based on evidence from randomized controlled trials, and 16% (n=7) were based on evidence from phase III studies. During 21 months of follow-up, the FDA granted approval to 14% (n=6) of the additional recommendations.

Quand on connaît déjà la facilité avec laquelle la FDA accorde ses AMM...

Mon désir d'être bien informé est en ce moment en désaccord avec mon désir de rester  sain d'esprit.

2. Les patchs de lidocaïne hors AMM ne sont pas efficaces


L'utilisation de patchs de lidocaïne à 5 % dans les douleurs neuropathiques n'a pas fait la preuve de son efficacité dans des essais contrôlés. Voir Cochrane : LA.

Je suis cependant surpris par la conclusion de Cochrane (en 2014) :

This review found no evidence from good quality randomised controlled studies to support the use of topical lidocaine to treat neuropathic pain, although individual studies indicated that it was effective for relief of pain. Clinical experience also supports efficacy in some patients. Several large ongoing studies, of adequate duration, with clinically useful outcomes should provide more robust conclusions about both efficacy and harm.

Peut-on encore écrire (en 2014) que l'expérience clinique (i.e. le doigt mouillé) et des études particulières (i.e. non contrôlées, avec petit effectif, sans validité statistique) puisse "supporter" l'efficacité d'une molécule chez certains patients ?  Il s'agit a) de l'effet placebo (jusqu'à preuve du contraire), b) de publicité pharmaceutique. Quant à l'argument souvent entendu, souvent répété, puisque cela soulage certains de mes patients (effet placebo), il ne faut pas hésiter à tenter le traitement, c'est un niveau de preuve équivalent à celui des partisans de l'homéopathie. 

Je ne saurais trop vous rappeler que la revue Cochrane n'est pas un texte sacré. Qu'il est encore et toujours possible (et nécessaire) de la critiquer et de ne pas être d'accord avec elle. C'est pareil, bien entendu, pour La Revue Prescrire.



3. L'efficacité de la vaccination anti grippale est très (très) problématique chez les personnes âgées de plus de 65 ans.


Formulons ceci de façon prudente en nous fondant sur les données actuelles de la science : Selon une revue Cochrane il n'existe pas encore d'éléments convaincants (i.e. des essais contrôlés de bonne qualité) pour affirmer que la vaccination anti grippale sauve des vies chez les personnes de plus de 65 ans.

Article Cochrane : LA. Cet article est une mise à jour d'une analyse publiée en 2010 (!) que les autorités santéales et politico-santéales des différents pays industrialisés (sauf la Pologne) n'avaient pas cru bon de prendre en compte pour des raisons qui ne sont pas seulement celles de la corruption financière. Nous pouvons en identifier un certain nombre d'autres (sans espoir d'être exhaustifs) : bêtise crasse, dissonance cognitive, refus de reconnaître ses erreurs, intérêts académiques (il est tout à fait intéressant que les intérêts académiques ne concernent pas seulement la médecine mais aussi la santé publique, la démographie, la sociologie, voire la philosophie car les spécialistes de ces différentes disciplines parlent d'une seule voix, celle de big vaccine -- une analyse des textes publiés par un logiciel anti plagiat montrerait sans nul doute des similitudes très franches entre le discours de ces différents propagateurs de fausses nouvelles concernant la vaccination anti grippale et les éléments de langage des industriels).

Older adults receiving the influenza vaccine may have a lower risk of influenza (from 6% to 2.4%), and probably have a lower risk of ILI (symptômes ressemblant à ceux de la grippe) compared with those who do not receive a vaccination over the course of a single influenza season (from 6% to 3.5%). 

Older adults receiving the influenza vaccine may have a lower risk of influenza (from 6% to 2.4%), and probably have a lower risk of ILI compared with those who do not receive a vaccination over the course of a single influenza season (from 6% to 3.5%).


Cette revue Cochrane ne peut fournir aucun élément sur la mortalité et/ou sur la survenue de pneumopathies et/ou sur les hospitalisations. 

Dernier point : à la lumière des études publiées, il faut vacciner 30 personnes âgées de plus de 65 ans pour éviter un épisode de grippe "vraie" et 42 pour éviter des symptômes ressemblant à ceux de la grippe.

Un commentaire sur un blog Evidence Watch du BMJ : ICI.


Si vos chiffres sont corrects mon plan stratégique est irrationnel. La dissonance cognitive prend le contrôle. Vous êtes fâché avec les chiffres. Qu'est-ce que c'était, ce bruit ?


4. Doser une fois le PSA chez un homme de plus de 50 ans ne sauve pas des vies d'hommes.

Article paru dans le JAMA il y a quelques jours : ICI.
L'éditorial de Michael Barry est, comme à l'accoutumé, excitant. (LA)

Voici ce que l'on peut retenir de l'article lui-même :
"Among practices randomized to a single PSA screening intervention vs standard practice without screening, there was no significant difference in prostate cancer mortality after a median follow-up of 10 years but the detection of low-risk prostate cancer cases increased. Although longer-term follow-up is under way, the findings do not support single PSA testing for population-based screening."

Nous répétons cela depuis des années mais.


5. Les opiacés ne marchent pas mieux que le paracétamol dans certaines indications.

Les indications : douleurs rachidiennes persistantes, douleurs inflammatoires du genou ou de la hanche. C'est un essai du JAMA qui le dit : ICI.

"Treatment with opioids was not superior to treatment with nonopioid medications for improving pain-related function over 12 months. Results do not support initiation of opioid therapy for moderate to severe chronic back pain or hip or knee osteoarthritis pain."


Et voici un commentaire intéressant qui se situe dans l'optique des problèmes que rencontre les Etats-Unis d'Amérique avec les opiacés : LA. Non seulement les opiacés ne sont pas supérieurs au paracétamol mais ils aggravent la situation.



Ainsi, on se rend compte qu'il est certes nécessaire de déprescrire mais, plus encore de ne pas prescrire.






jeudi 25 août 2011

Douleur Zéro : une politique sociétale qui rencontre des difficultés.


Une société sans violence, une société sans injustices, une société sans douleur et sans douleurs, sans spleen, une société paradisiaque, en quelque sorte, une société immortelle, également, où la mort est vécue non seulement comme une incongruité mais aussi comme un événement évitable, voilà ce que l'arrogance médicale intériorisée par l'arrogance politique propose à notre biotope.

Je vous avais déjà entrepris (ICI) de ce que j'avais appelé avec effroi le monde indolent et anhédonique qui était désormais l'ambition eschatologique de nos sociétés et, en relisant le post, pardon pour cette immodestie, je n'ai rien à ajouter.

Mais l'actualité des opiacés me rattrape.

Un commentaire paru dans le British Medical Journal (ICI), pose des questions.
Les auteurs soulignent que la prescription des opiacés dans d'autres indications que celles du cancer a progressé considérablement dans le monde et notamment aux Etats-Unis où, en ce pays, le nombre de décès associé à leurs prescriptions est passé de 4041 en 1999 à 14459 en 2009, ce qui représente quand même environ 1000 morts par mois (LA) ! Ce qui signifie que la mortalité rapportée aux opiacés est supérieure désormais à celle du myélome, du sida ou des affections hépatiques liées à l'alcoolisme ! Ces données états-uniennes sont retrouvées également en Ontario (Canada) et en Australie (Victoria) et concernent surtout l'oxycodone. Il est intéressant de noter que les décès liés à la méthadone et à la codéine ont doublé entre 2005 et 2009 en Angleterre et au Pays de Galles alors que la mortalité liée à l'héroïne et à la morphine n'a pas changé (ICI). Quant au docteur House vous verrez ici comment il avale acétaminophène - codéine (LA).

Ce commentaire, avant que nous ne l'analysions en détail et que nous ne le commentions, pose plusieurs questions :
  1. S'agit-il d'une nouvelle offensive de Big Pharma contre les vieilles molécules afin de promouvoir des antalgiques plus chers (voir ICI un post de Marc Girard) ?
  2. S'agit-il d'un vrai problème de santé publique lié à des effets indésirables graves, une dépendance forte conduisant à des surdosages ou un mésusage?
  3. Existe-t-il des éléments convaincants sur le rapport bénéfices risques favorable ou défavorable des opiacés ?
  4. Je rappelle ici que j'étais assez dubitatif sur les "vraies" raisons du retrait du dextropropoxyphène et je n'attends rien des futures données de pharmacovigilance concernant le tramadol et autres (bien qu'il faille noter qu'un essai anglais a montré que le retrait de la molécule sus citée avait entraîné moins de décès et pas plus d'effets indésirables liés aux molécules de substitution : LA).
Donc, voici ce que racontent les auteurs (canadiens) :
Outre ce que je vous ai raconté sur l'augmentation de la mortalité liée aux opiacés, ils essaient d'analyser les raisons de la diffusion large des opiacés aux douleurs non cancéreuses. Ils retracent l'histoire des opiacés en Amérique du Nord et le fait que leurs risques ont d'abord été négligés (sirops pour la toux de Bayer) puis que leurs prescriptions ont commencé à être encadrées, avancent des incitations marketing de la part de Big Pharma (classiques incitations : minoration des effets indésirables, extension des indications, possibilité de lutter contre des addictions plus graves...). Au point que les médecins qui s'interrogent sur l'utilisation large des opiacés et sur leurs éventuels effets indésirables (et y compris l'addiction) sont considérés avec mépris comme des opiophobiques (LA).

Ensuite, ils "font la littérature" et soulignent d'abord qu'aucun essai clinique randomisé n'a fait la preuve que les opiacés, au long cours, entraînaient plus de bénéfices que de risques : à partir d'une meta-analyse (ICI) ils rapportent que les études ont été généralement faites à court terme (moins de 16 semaines), qu'aucune étude n'a été menée versus paracétamol ou AINS, et, surtout, que les études ont exclu les patients à risque d'effets indésirables sérieux et qu'en conséquence il était difficile d'en tirer des conséquences claires pour la pratique quotidienne comme écrit dans un autre article (LA)... Puis ils citent une revue Cochrane de 2009 (LA) qui conclue à l'absence de preuves pour utiliser les opiacés dans le traitement des douleurs sévères liées à des troubles ostéoarticulaires !

Enfin, ils proposent des solutions.

En France, comme d'habitude, on ne sait rien. Circulez, y a rien à voir. Quant aux débats démocratiques, je ne parle pas des poussées d'urticaire sous forme de commentaires, ils n'en sont pas à l'esquisse de l'esquisse d'un commencement. Où publierait-on des débats contradictoires de type socratique avec un modérateur pour rappeler qu'il faut citer quand on affirme.
La sécurité sanitaire est une affaire trop importante pour la laisser au vulgum pecus.
On interdit les sirops chez les enfants de moins de deux ans avec autant de preuves qu'un article original dans le Quotidien du Médecin.
On interdit bientôt le noctran et la mépronizine pour des raisons qui tiennent d'une part à la détestation des autorités et des médecins bien pensants pour les hypnotiques et autres anxiolytiques (qui doivent être remplacés par le dialogue, l'entretien face face et les bonnes paroles moralisatrices) et d'autre part à une toxicomanie et à un mésusage connus depuis des lustres : combien de morts ? Il est clair que la consommation de produits sûrs comme le zolpidem et le zopiclone ne vont pas en être affectés.
On n'a pas interdit le mediator puis on l'a interdit sans que les pharmacovigilants puissent dire un mot mais il est vrai que leur mutisme original aurait paru plus assourdissant s'ils avaient parlé après : ce sont les mêmes.
On n'interdit pas le Pandemrix, produit de la recherche Daniel Floret...

Revenons à nos douleurs : il est nécessaire de réaffirmer que la vie peut rencontrer la douleur et que la douleur n'est pas toujours soluble dans la médecine.
La politique Douleur Zéro peut aussi conduire à des naufrages et à la négation de l'individu qui ne serait pas apte à vivre en souffrant, qui ne serait pas digne de vivre en souffrant et dont la seule issue à cette déchéance, la perte de l'autonomie et la vulnérabilité extrême, serait la mort rapide euthanasiée ou pas.

(Lucas Cranagh l'ancien - Adam et Eve : 1528. Crédit : repro.tableaux.com)