L'affaire du local (privé) du Syndicat de la Magistrature où l'on a trouvé le fameux "Mur des cons" mériterait de nombreux commentaires (qui ont déjà été faits). Je m'abstiendrai d'en rajouter une couche.
Enfin, si.
Un commentaire : le Syndicat de la magistrature se dit de gauche. Il a été attaqué très souvent pour sa partialité (par la droite). Et violemment. Le Syndicat de la magistrature est un donneur de leçons. Il prétend s'attaquer aux puissants et défendre les faibles, lutter pour l'indépendance, et cetera. La pauvreté des arguments de défense du Syndicat (voir ICI) est ahurissante. Que le niveau de réflexion d'un syndicat de magistrats soit aussi basique, et ils ont eu le temps de réfléchir, me sidère. Il y a aussi un Communiqué de presse sur le site qui est du même tonneau (LA). L'entretien (exclusif) (sic) accordé au journal Le Parisien par la présidente du Syndicat de la magistrature (SM, nous ne ferons aucun commentaire sur l'acronyme), Françoise Martres, et son secrétaire général, Eric Bociarelli, est assez croquignolet :
- Le "mur des cons" s'attaquait aux idées pas aux personnes (c'est le titre de l'entretien). Le distinguo subtil ne nous convient pas mais c'est plaidable. Il est évident que lorsque l'on dit que Jacques Servier est un khon, par exemple, on ne vise pas sa personne, seulement ses idées...
- C'est pas nous qui avons commencé dit EB : "Nous étions sous pression, et ce mur était un exutoire satirique confiné dans un espace privé."Cet argument de cour d'école pourrait donner des idées aux avocats pour leurs plaidoiries.
- Les images ont été volées, voilà un argument fort à mon avis et il est fourni deux fois, par EB "Cette droite que nous combattons a vu dans ces images volées le prétexte qu’elle attendait pour nous faire taire." et ici : "Christiane Taubira feint d’ignorer qu’il s’agit là d’images volées exprimant des opinions privées. Notre parole publique n’a jamais été prise en défaut."Il est vrai que cette circonstance est préoccupante mais elle semble bien acceptée quand il s'agit d'écouter les conversations privées de Jérôme Cahuzac. La jurisprudence Plenel, à savoir, comme j'ai été méchamment écouté par les sbires de Mitterrand, je fais pareil avec la FFF ou Cahuzac, est devenue une évidence publique que personne ne remarque sinon les ennemis (forcément de droite et d'extrême-droite de Mediapart) de la transparence comme vertu républicaine. A lire un billet de blog de Véronique Hurtado (ICI) sur le site Mediapart qui ne manque pas d'humour mais qui mélange beaucoup de choses dont les suicides de salariés (c'est bon, cocotte, cela fait vendre...) en n'y connaissant rien, et qui nous donne une super idée sur le nom de Mélenchon (qui apparaît tout jeune sur les affiches...).
- A la réflexion du journaliste du Parisien "Deux pères de victimes étaient également épinglées" FM répond que les idées de ces deux personnes étaient condamnables et quand on voit ce que FM leur reproche "suppression du juge d'instruction" pour l'un et "plus de répression" pour l'autre, on se demande si Madame la présidente sait ce qu'est un délit d'opinion ou la simple liberté d'expression.
- A la question "Etes-vous de gauche ?" FM répond sans sourciller : "Pour autant, nous ne sommes affiliés à aucun parti politique. Nous avons d’ailleurs critiqué plusieurs fois Christiane Taubira sur ses atermoiements."Cette réponse est obligatoirement fausse, nous ne cherchons pas, mais il est certain qu'au moins un membre du SM a, est ou a été membre d'un parti politique. Quant à l'argument de la critique de la ministre de la justice comme justification de l'indépendance, il est pitoyable et indigne d'une magistrate.
- "Ce mur ne pose-t-il pas la question de votre impartialité ? " demande encore le journaliste. Eh bien, la réponse de FM ne déplairait pas à Daniel Floret et à Bruno Lina : "On peut être un juge engagé et exercer son métier de façon impartiale."Je crois que FM devrait relire les grands classiques de la sujétion, dont la fameuse, trop fameuse expérience de Milgram (ICI). Un séminaire de SM à programmer... Mais la fin de la réponse est savoureuse : Puisque l'UMP le fait, on le fait.
- Nous terminerons par ce propos fort d'EB :"Notre parole publique n’a jamais été prise en défaut." Si : dans cet entretien.
Pourquoi je vous parle de cela ? Ce n'est pas mon domaine, ce ne sont pas mes oignons. Si. Quand même. Les magistrats que je verrai, si, je ne l'espère pas, je passe devant la justice, je me demanderais si, à la suite de mon post, je ne suis pas sur un mur des cons.
Enfin, le mur des cons m'a fait penser à mon blog.
Plusieurs personnes m'ont dit et écrit que mes propos critiques contre certains médecins pouvaient passer pour des attaques personnelles, qu'elles étaient mal venues et qu'elles pouvaient blesser ou qu'elles pouvaient faire penser que je m'attaquais ad hominem et non es qualités. J'y réfléchis. Je pourrais dire, comme le SM, que ce sont eux qui ont commencé... Mais surtout que leur pouvoir de nuisance médiatique est beaucoup plus fort que le mien. Mais il est possible que mon blog soit une sorte de mur des khons.
Et le mur des cons m'a fait penser à l'e-santé.
Il y a un truc qui me chiffonne sur les blogs médicaux tenus par des médecins et à la lecture des tweets émanant de confrères (mais il peut y avoir des pseudos qui donnent le change), c'est le patient bashing.
N'est-ce pas, d'une certaine façon, un mur des khons à l'extérieur d'un local syndical ? Mes malades sont khons et cela me soulage de le dire. Mes malades sont khons et je l'affiche. Mes malades ne comprennent rien et je raconte les anecdotes. Cela me permet d'évacuer mon stress que de dire que mes patients sont khons... Les écoles de marketing, celles qui sont sérieuses, affirment qu'il n'est pas possible de vendre un produit si on méprise son client... Comment "vendre" une relation avec un malade s'il sait, le malade, qu'il est possible que "son" médecin dise du mal du patient quand il a le dos tourné ?
Imagine-t-on un médecin bashing ? Des blogs de patients consacrés uniquement à dire du mal de ce khonnard de médecin que l'on vient de voir en consultation ? Que diraient les médecins ? ne protesteraient-ils pas ? Même sous le couvert de l'anonymat. Dans le genre "Mon médecin ne comprend rien à ce que je lui dis. Je lui dis que cela me gratouille et il pense que cela me chatouille... Ah le bouffon..."
Bon, on se calme.
Cela dit, dans le même genre, le dernier billet de Des Spence, ICI, est consacré aux patients qui ne se rendent pas aux rendez-vous hospitaliers (10 % des patients) (en anglais DNA : Do Not Attend). Il raconte que tout le monde s'indigne, que cela fait perdre beaucoup d'argent au NHS, qu'on leur envoie des courriers courroucés, qu'on voudrait leur coller des amendes, qu'on prévient les journaux... Pourquoi ne pas les afficher sur un mur des khons ? Et que dit Spence ? Il défend les lapinous (ceux qui posent des lapins) : les lignes téléphoniques des hôpitaux sont injoignables et, l'argument est assez surprenant et rarement mis en avant en France, il existe des variations d'adressage des patients à l'hôpital allant de 1 à 10 entre les médecins... ce qui ne peut manquer de dérouter les patients.
Je voudrais rajouter ceci : si Des Spence souligne qu'il y a beaucoup de rendez-vus annulés par les hôpitaux la consultation hospitalière en France est véritablement scandaleuse si on la compare, par exemple, à la consultation libérale. Faudrait-il, au lieu de vilipender les patients qui ne se rendent pas à leurs rendez-vous (ce qui n'est pas bien, nous ne les excusons pas, nous en sommes les victimes tous les jours ou presque) sans prévenir, rapporter les conditions de la consultation dans de nombreux hôpitaux publics ? Des exemples à afficher sur le mur des khons médecins ou sur le mur des khons institutionnels ? Je donne quelques exemples : annulation des médecins au dernier moment ; consultations où les retards se comptent en heures ; convocation de tous les malades à la même heure pour que la caisse de l'hôpital puisse récupérer l'argent ; arrivée des patients à six heures du matin pour être les premiers sur la liste d'attente...
Je suis sorti de mon sujet mais j'y suis revenu avec une grande facilité. Non, les patients ne sont pas des khons attardés que l'on attaquerait sur leurs idées et pas sur leurs personnes. Non, il n'est pas bien (je veux dire rentable moralement) de taper sur les patients à longueur de blogs et de tweets, une façon différente de celle (ancienne) de nos mandarins pour exprimer l'arrogance médicale et le mépris de ces pauvres citoyens qui ne sont même pas capables de comprendre les enjeux de la Santé Publique...
Après avoir défendu les patients, enfin, je crois, je vais parler ensuite du e-patient (à suivre).
PS du 12 mai 2013 : une Tribune de magistrats dans Le Monde me rend perplexe : la réflexion de ces juges sur les conflits d'intérêts est très en amont des conceptions que nous avons. Voir ICI
PS du 28 septembre 2015 : la présidente du syndicat de la Magistrature est renvoyée en correctionnelle : ICI.
PS du 26 juillet 2017 : petits arrangements entre la Présidence Macron et Madame Françoise Martre. Voir LA.
PS du 12 mai 2013 : une Tribune de magistrats dans Le Monde me rend perplexe : la réflexion de ces juges sur les conflits d'intérêts est très en amont des conceptions que nous avons. Voir ICI
PS du 28 septembre 2015 : la présidente du syndicat de la Magistrature est renvoyée en correctionnelle : ICI.
PS du 26 juillet 2017 : petits arrangements entre la Présidence Macron et Madame Françoise Martre. Voir LA.