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lundi 5 août 2019

Nous aurions tous aimé être là !


Dernier concert à Marciac le dimanche 4 août 2019 pour l'élégant et génial Ahmad Jamal (89 ans), pianiste de jazz inspiré et inspirant.

dimanche 9 septembre 2012

Pause musicale.


Ce que je déteste le plus dans les blogs, ce sont les propositions musicales. 
Enfin, une des choses que je déteste le plus dans les blogs non musicaux. Il y en a d'autres mais je me concentre sur ce sujet.

Je suis content d'aller voir le dernier post d'un blogueur que j'aime bien, ou qui a toujours des idées géniales ou qui a un point de vue différent sur la cardiologie, la dermatologie, la médecine générale, ou qui sait lire des articles dont je n'ai jamais entendu parler, ou qui a l'art, sans en avoir l'air, de m'apprendre quelque chose ou d'évoquer dans mon cerveau (les liens inconscients) des sentiments que  j'ignore ou de déclencher des connexions inattendues et, tout d'un coup, je lis un post qui sort de son objet et je suis déçu. Mais je ne suis pas encore déçu par le post que je suis en train d'écrire. Le spécialiste de la pose de prothèses biliaires écrit "Quand je pose des prothèses biliaires j'écoute l'adagietto de la cinquième symphonie de Mahler, dirigé, ajoute-t-il, par Bruno Walter" et il fournit un lien YouTube pour l'écouter. Je me perds toujours en conjectures sur cette façon de faire, enfin, je plaisante, je sais interpréter. Je pourrais écrire un post pesant sur la question. Que choisir, qui choisir, comment ce choix fera-t-il de moi un blogueur intéressant, intellectuel, que l'on aura envie d'aimer, cultivé, mais pas trop, cultivé décalé, c'est mieux. Mais je l'ai déjà fait : ICI.

Voici ma pause musicale en forme d'hommage à ces blogueurs mélomanes.

J'ai entendu un jour à la radio Pierre Boulez, le chef d'orchestre et le compositeur que la terre entière nous envie, membre de la Première Division de la Musique Mondiale, dire ne pas aimer le jazz. Il ne s'est pas beaucoup expliqué, le journaliste l'a peu contredit ou interrogé,  mais, c'était dit, un avis d'expert, il n'aimait pas le jazz (c'était sur France Culture). 
Peu après j'entends à la radio le pianiste de jazz Claude Bowling, dire qu'il déteste le free jazz. Bon, Claude Bowling est un vieux monsieur, un bon pianiste de jazz, plutôt classique, ce n'est pas Martial Solal, il a aussi gagné sa vie en produisant un groupe de variétés, Les Parisiennes, c'était léger et charmant, de la daube, certes, mais charmant et il faut bien gagner sa vie quand on est pianiste de jazz et que l'on fait partie de la troisième division de la Musique de Jazz, loin de Theolonious Monk ou, par exemple, d'Oscar Peterson (mais là, je suis en train de faire ce que je dénonçais plus haut : me mettre en avant en montrant mes goûts ou mes pseudo goûts, je m'arrête) (c'était sur TSF jazz).
Ensuite, je me rappelle que Milan Kundera a écrit nettement qu'il ne trouvait pas à son goût le jeu de Vladimir Horowitz et qu'il le rangeait dans la catégorie du kitsch kundérien (Les Testaments Trahis). 
J'ai lu dans son autobiographie Beneath the underdog que Charles Mingus disait reconnaître à la première note si un musicien de jazz était blanc (ce n'était pas un compliment), et j'ai entendu grâce à Alain Gerber sur France Culture que Miles Davis disait à peu près la même chose (ce n'était gentil non plus).
Kundera a aussi écrit qu'il ne comprenait pas qu'on ait fait plus de cas dans la presse mondiale d'un rocker polonais dissident que d'un intellectuel polonais dissident, la musique rock à deux temps étant pour lui l'expression la plus achevée du mauvais goût musical, à l'égal, peut-être, c'est moi qui interprète, de la musique d'ascenseur (en anglais : easy listening) (L'Insoutenable Légèreté de l'Etre).
Un autre jour : je demande à la professeure de piano de mon dernier fils quel est son pianiste (j'entendais classique) favori et elle me répond, presque sans hésitation, Keith Jarrett. 
Cette charmante professeure de piano (classique) versaillaise est la plus classique des classiques dans son comportement comme dans ses goûts classiques musicaux (Liszt et Chopin). Et en une seule réponse en forme de choix elle se met à dos (de façon imaginaire) Pierre Boulez, Claude Bowling, Charles Mingus et Miles Davis. Trop fort.

(Photographie : Pierre Boulez. Né en 1925)



dimanche 4 septembre 2011

Art Pepper était-il un grand saxophoniste malade ?


Art Pepper est un saxophoniste dont je reconnais le phrasé à la première note. J'exagère un peu. Il m'est déjà arrivé de le confondre, en aveugle, avec Paul Desmond. Son style me fait flancher dans une sorte de sentimentalisme incontrôlable.
Il ne fait pas partie, cependant, de la première division des saxophonistes, cette fameuse première division qui est universelle, au delà des influences régionales et des appartenances stylistiques. Cette première division existe aussi pour le roman (Conrad, Kundera, Musil, Proust pour les contemporains car, dans la nuit des temps, il y en aurait d'autres) comme pour la musique (je ne cite rien : c'est trop compliqué).
Disons, pour situer mon point de vue que la première division des saxophonistes comprend John Coltrane, Eric Dolphy, Charlie Parker ou Sonny Rollins, mais ce n'est pas exhaustif, et que dans la deuxième division il y a, par exemple, Paul Gonsalves ou Johnny Hodges et Cannonball Aderley... et Archie Shepp.
Bon, si je vous disais pourquoi j'ai écrit ce post...
Art Pepper est cité par Wikipedia en français : ICI. Quatorze lignes de biographie parmi lesquelles six sont consacrées à la drogue. Wikipedia en anglais est encore plus mince sur sa carrière mais il existe une discographie plus nourrie : ICI. Nous avons le droit à une phrase qui n'est pas piquée des hannetons : Remarkably, his substance abuse and legal travails did not affect the quality of his recordings, which maintained a high level of musicianship until his death from a brain hemorrhage.
Bon, je jette un oeil dans le Dictionnaire du Jazz (Laffont Bouquins) : une colonne un quart. C'est la description d'allers et de retours entre la musique la drogue et les "démêlés sentimentaux". Mais, heureusement, il y a le dernier paragraphe : "... Son exceptionnelle maîtrise du saxophone alto en fait l'un des plus remarquables stylistes de l'instrument. Totalement original, son jeu conjugue une exemplaire mise en place rythmique et une invention mélodique quasi illimitée... Car si, chez Art Pepper, la phrase chante, elle bouleverse aussi, tant l'émotion qui la sous-tend, pour contenue qu'elle demeure, y signe en permanence la fêlure d'un destin tragique mais sincère."
Art Pepper, on le sent, est un malade, pas un délinquant, un toxicomane, et il semble que cette maladie, selon les textes que j'ai lus, influe sur son style de jeu. Sainte-Beuve a encore gagné contre Proust ! Tout autant que la critique sociologique. Ou d'obédience freudienne.
J'aimais écouter Art Pepper avant même de savoir qu'il était toxicomane (je ne sais plus, voir ICI, si écrire une telle chose, Art Pepper est toxicomane, est médicalement faux, sociologiquement idiot, moralement inapproprié, politiquement incorrect ; être à la mode est une entreprise impossible).
Il est probable, comme on dit, que s'il l'avait moins été, toxicomane, il aurait fait plus de tournées, enregistré plus d'albums, connu plus de célébrité.
Je n'ai pas lu, ni sur Wiki, ni ailleurs, que c'est grâce à la drogue que son style "inimitable" s'est affirmé. Nous l'avons échappé belle !
Il ne vous reste plus qu'à écouter Art Pepper : LA.
Toujours est-il que j'ai perçu son style "déchirant" ou "tragique" avant même de savoir qu'il en prenait, de la drogue.
Donc, je suis content : j'ai apprécié Art Pepper sans savoir qu'il était toxicomane et, maintenant que je le sais, cela ne change rien à mon jugement (juste un peu...).
Je me ballade sur le net pour en savoir plus et je tombe sur un passage de son livre "Straight Life" qu'il a écrit avec sa femme, Laurie. Cela me rappelle des trucs que j'ai déjà lus, sur la drogue, sur les jazzmen, sur la dèche à Los Angeles ou à San Francisco, sur John Fante, Kerouac et autres, beat generation ou pas, les jazzmen à la recherche de leur dope, de leur alcool, de leur voie, Charles Mingus ("Beneath the underdog"), Dizzy, Chet...
Je lis ce texte ICI et je me rends compte que j'avais des idées préconçues sur Art Pepper : quand on écrit des choses pareilles, il n'est pas possible, désolé Marcel (Proust), qu'il n'y ait pas d'influences entre les deux Moi, le Moi intime et le Moi de l'artiste, les "biographes" d'Art Pepper avaient donc raison de parler de sa toxicomanie, cela a dû le modifier...
Enfin, je n'en sais rien, après tout.
Il est aussi possible qu'Art Pepper, avec l'aide de sa femme, ait, aussi, voulu justifier sa carrière inaboutie, ses solos gâchés, ses engagements dans des boîtes minables, en écrivant ce livre : conscient de ses limites, il a alimenté sa propre légende.
J'aurais dû continuer d'écouter Art Pepper en dilettante, en instinctif, ne pas me mêler de lui en écrivant ce post, sûrement pour me mettre en avant, pour me faire passer pour un mélomane émérite, un médecin généraliste qui écoute du jazz ne peut pas être franchement mauvais... J'en sais désormais trop sur lui pour m'arrêter en si bon chemin.
Et je découvre aussi un auteur dont je n'avais jamais entendu parler et dont je n'avais donc jamais lu un quelconque écrit : Marc Villard, c'est sur son site que j'ai trouvé l'extrait.
Intéressant. Allez y jeter un oeil.
Je n'ai toujours pas résolu le problème de bien-pensance suivant : l'addiction est-elle une maladie quand il s'agit de l'héroïne, de l'alcool, mais pas du tabac. Ai-je bien compris ? Ou alors : tout dépend des bonnes intentions de chacun et des miennes en particulier. Suis-je obligé de donner des gages ?