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lundi 17 novembre 2025

Réponse à Michaël Sikorav, psychiatre : metformine, psychotropes, prise de poids, schizophrénie, cherry-picking, medical reversal. Un cas d'école.

1 : préambule

Tout commence par une déclaration triomphale sur X d'un certain @M.SikoravMD que je ne connaissais ni sur X ni IRL (aucun lien d'intérêts), les miracles de l'algorithmie, et qui s'annonce psychiatre et bipolaire.


Une analyse sémiologique, sémantique et philologique de ces trois paragraphes mériterait qu'un étudiant en fasse son sujet de mastère. Retenez trois mots-clés que j'ai identifiés : "150", "science" et "98 %"


2 : Le Monde

Ensuite, notre confrère tweete une copie d'écran de la tribune publiée dans un supplément du journal Le Monde, éminente revue scientifique avec comité de lecture, sans joindre le lien, qu'il se flatte d'avoir signée. 



3 : unus testis, nullus testis

Puis, toujours dans un souci de clarté pédagogique et scientifique, il publie sur X la courbe de perte de poids sous metformine d'un de ses patients (à qui, sans doute, il a demandé un consentement écrit pour la publication) sans préciser ni l'indication ni les molécules associées.




J'ai fini l'article, y'a plus qu'à faire l'étude


Notre quatrième mot-clé : "Taxonomie des preuves cliniques en fonction de leur poids" Je ne peux m'empêcher, mais je suis taquin sans doute, d'indiquer que ce genre d'information (la courbe) se situe sur la pyramide des preuves dans les niveaux inférieurs de la rumeur, du témoignage et/ou de la sagesse populaire (des psychiatres, bien entendu).


Echosciences Grenoble


4 : metformine et Michaël Sikorav

Ce billet concerne uniquement la metformine.

Après que j'ai fait sur X quelques remarques (pertinentes a priori et fondées a posteriori) à propos de la tribune, Michaël Sikorav (j'avoue à ma grande honte être allé voir ce qu'on dit de lui sur "Transparence Santé" et sur "PubMed" et, dans les deux cas, il y a un grand vide, ce qui est plutôt bien dans le premier cas - 4 DPI - et plutôt rigolo dans le second - aucune publication, mais "Le Monde" n'est pas encore intégré dans PubMed...). J'ai aussi consulté son compte X où on le voit physiquement beaucoup en train de discourir sur différentes pathologies psychiatriques (le DSM-5 ne m'indique pas le diagnostic)... Mais il s'aventure ailleurs : ce qu'il dit sur "Hormones et Ménopause" illustre un autre mot-clé : "ultracrépidarianisme". 

Bref, après qu'il a lu mes remarques (un peu) agressives (c'est mon style et nul doute qu'après cette dispute notre confrère ne signe une tribune dans le New-York Times pour (ré)intégrer cette agressivité dans le DSM-6 mais sans la bénédiction d'Allen Frances et sans le remboursement de la CPAM), il a publié une réponse dans Substack.

C'est ICI.


5 : Le débat ou l'effet Streisand

Le titre est assez mystérieux.

Je remarque combien mon ego pourrait être flatté puisque qu'il est écrit en gras et en police augmentée : 

Attention, c’est probablement un des posts les plus importants du substack.

Je suis la muse de l'artiste. Ouah ! Mon instant Warhol. Non, son instant Warhol !

MS prend alors un ton passif-agressif (les experts de la tribune du monde sont en train de se demander si la notion ne devrait pas être réintégrée dans le DSM-6 — cf. plus haut...)


Il me cite sur X : "Les psys sur X, ça ne s'améliore pas" J'ai droit à un "commentaire malheureux" et à une absolution.

"Les psys français sur X" aurais-je dû écrire en généralisant (#PasTous) car j'ai regroupé ceux que je connais dans "Le club de la psychiatrie heureuse", celle du tout sérotoninergique, de la "Chemical inbalance" et des thérapies cognitivo-comportementales comme remède merveilleux (sauf que personne ne les pratique vraiment — en France).

Je pourrais vous donner des exemples des membres de ce club avec photographie à l'appui, livre et bons conseils mais ce sera sur abonnement. Pardon : je suis hors-sujet.




6 : HAS !

Le ton professoral de MS (il s'adresse quand même à un médecin généraliste qui, sur l'échelle du mépris est situé au top de la pyramide) est impressionnant : 

Il écrit :  

Vous notez que l’information sur la metformine lui était inconnue jusqu’ici.

J’ai invité mon confrère à les chercher lui-même. Je pense qu’il est toujours plus intéressant de voir ce que les praticiens retrouvent comme papier.

L'information sur la metformine concernant sa recommandation (et par là-même son efficacité) en coprescription avec les psychotropes m'était effectivement inconnue dans l'indication "perte de poids".  Les quelques coprescriptions de metformine que j'avais notées ici ou là en 42 ans de médecine de soins primaires m'avaient paru anecdotiques, en revanche les 3 courriers émanant de psychiatres que j'ai reçus en 42 ans de médecine de soins primaires n'en donnaient pas les raisons. Pour ce qui est des prises de poids sous  psychotropes, cela ne m'avait pas échappé... Il y en avait plus que 3 !



Par ailleurs, et la suite le démontrera, s'il fallait que je retienne les prises en charge médicales non fondées sur les preuves, je ne pourrais pas me concentrer sur les prises en charge médicales fondées sur des preuves et tenter de prescrire de façon raisonnée en m'adaptant à des patient.e.s qui ne sont pas celleux des études et en les prévenant avant l'instauration d'un traitement des effets indésirables possibles, probables, fréquents, et cetera. Tout en connaissant le degré de faillabilité de la HAS et son niveau parfois moyen de recommandations, sans oublier son degré de corruption. Je laisse notre ami chercher tout seul car, comme il l'écrivait si bien dans un style audiardesque , "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit", "Je pense qu'il est toujours plus intéressant de voir ce que les praticiens retrouvent comme papier"

Pour ce qui est des recommandations proprement dites et la façon dont elles sont rédigées, avouons pourtant que les intérêts industriels et financiers pour la metformine (génériquée) ne sont pas évidents, mais les liens/conflits d'intérêts ne sont pas toujours financiers(l'ego). 

En d'autres domaines les recommandations (officielles ou officieuses) pour prescrire — ou non — des antibiotiques en médecine communautaire ne sont validées par des preuves que dans 8 % des cas, ce qui est très inquiétant (c'est ICI) et pour ce qui est de l'American Thoracic Society, nous en sommes à 26,5 % (c'est LA).


7 : l'effet Streisand

La photo du domaine Streisand à l'origine de "l'effet Streisand" Source Wikipedia

Puis, à l'attention de ses lecteuristes peu informé.e.s il explique ce qu'est l'effet Streisand et en vient à cette conclusion : 

Ayant moi-même prescrit de la metformine à plusieurs centaines de patients sous psychotropes, il y a de quoi s’étonner.

Il ajoute : 

Et comment quelqu’un qui ignorait jusque là tout de ces propriétés peut-il, en 30 minutes, prétendre que les 150 signataires de la tribune, dont des psychiatres universitaires, se trompent ?


Je ne peux que m'incliner bien bas : un psychiatre qui prescrit une molécule à plusieurs centaines de patients, des psychiatres qui prescrivent une molécule à plusieurs centaines de patients patients a/ont une expérience interne à toute épreuve. Vive l'EBM !

Tout comme les médecins qui prescrivaient du médiator à plusieurs centaines de patients patients ou les pédiatres qui prescrivaient du fluor à plusieurs centaines de patients ou les neurologues qui prescrivaient des anti-Alzheimer à plusieurs centaines de patients patients, ou les rhumatologues qui prescrivaient du Vioxx à plusieurs centaines de patients patients ou les réanimateurs pédiatriques qui prescrivaient le procubitus à plusieurs centaines de patients nourrissons... La liste est encore longue (tout comme Raoult qui prescrivaient de l'hydroxychloroquine à plusieurs centaines de patients) et les analogies sont douteuses, je le conçois, mais j'illustrais simplement le principe d'autorité et une version édulcorée de l'EBM ou Eminence Based Medicine.


David Sackett 1934 - 2015

Il eût certes mieux valu que je m'en tienne à mon impression initiale et que je ne passe pas 30 minutes de mon temps précieux à faire un tour de la littérature sur une indication non AMM d'une molécule dont l'indication princeps, le diabète de type 2, est largement remise en cause en raison de l'absence de preuve sur son efficacité sur la morbimortalité liée au diabète de type 2, ce que Michaël Sikorav n'ignore pas. Sinon, je source : LA en 2016 et ICI en 2023. Et bien que la HAS, pour des raisons incompréhensibles ou trop compréhensibles (voir plus haut), continue de recommander la metformine en première intention (après les mesures hygièno-diététiques classiques bien entendu) : c'est LA.


8 : l'intérêt des malades

La suite va nous confirmer quelle perte de temps ce fut que ma recherche bibliographique.

Nous entrons alors dans le coeur du "Débat".

Avant ceci, je me permets une remarque personnelle : ne perdons pas de vue que ce "Débat" ne peut se concevoir seulement comme un combat de coqs (malgré l'apparente agressivité des deux parties qui semble plus être une posture que...) mais seulement dans la perspective de l'intérêt des malades. Cet intérêt comprend un certain nombre de composantes : le diagnostic précis de ou des maladies, la validation par des essais de bonne qualité des prises en charge médicamenteuses et non médicamenteuses, l'évaluation de la balance bénéfices/risques pour chaque psychotrope prescrit (ou association de psychotropes), des données solides sur la prise de poids sous chacun de ces psychotropes, et, bien entendu le bénéfice pour les malades : poids, BMI, et résistance à l'insuline, blabla.


9 : un cherry-picking de compétition en LCA

Et j'ai droit, c'est moi qui suis en première ligne, à un festival de cherry-picking (la cueillette des bonnes cerises). Il est vrai que d'avoir avoué que j'avais passé 30 minutes à travailler la question était à l'origine une démarche identique. 



La recommandation la plus récente que j'ai retenue n'est la bonne (elle date de 2025) selon MS.

MS se met à pratiquer la LCA (lecture critique d'articles) en mode cueillette des bonnes cerises, c'est à dire en ne critiquant dans un premier temps que les articles que je cite puis en critiquant à peine les articles qu'il cite. 

Il est tout à fait intéressant que pour les méta-analyses il concentre son esprit critique sur celle menée par la Collaboration Cochrane (que vous retrouverez LA) en commençant par faire du whataboutisme (c’est d’ailleurs le même groupe qui avait retrouvé un effet statistiquement non significatif sur le port du masque lors du COVID-19 pour diminuer la propagation du virus respiratoire.)

Avant d'argumenter, il tente de me discréditer.

Il ignore sans doute combien, depuis l'affaire Tamiflu, j'ai répercuté sur mon blog (que MS cite élégamment) le fait que la Collaboration Cochrane ait baissé de qualité, fasse du marketing et ne veuille plus dévoiler les raw data... 



Bref, MS dézingue la Collaboration Cochrane, ce qui est quand même contre-productif, car il prétend ensuite qu'elle donne raison à la metformine dans l'indication perte de poids après prise de poids sous psychotropes. 

Cela dit il m'accuse aussi de ne pas savoir lire puisque je trouve que la Cochrane est beaucoup moins enthousiaste que cela sur la metformine (c'est que je copie-colle) : 

Authors' conclusions

There is lowcertainty evidence to suggest that metformin may be effective in preventing weight gain. Interpretation of this result and those for other agents, is limited by the small number of studies, small sample size, and short study duration. In future, we need studies that are adequately powered and with longer treatment durations to further evaluate the efficacy and safety of interventions for managing weight gain. 

Et voilà ce que dit la publication Oxford (LA) — qu'il critique au début et approuve ensuite selon les points de vue qu'il a à défendre — concernant la Cochrane et sur le point précis de la co-prescription d'un antipsychotique et de de metformine : 

A 2022 Cochrane review of pharmacological interventions for the prevention of AIWG found that metformin was the only pharmacological agent that may be effective for preventing weight gain when started with an antipsychotic.

"Maybe effective" : est-ce scientifique ?

En revanche, la méta-analyse de 2015 (743 patients) (ICI) trouve grâce aux yeux de MS et il ne fait aucune remarque sur les études qui ont été incluses (et non-incluses, d'ailleurs). La cueillette des bonnes cerises signifie choisir les essais qui correspondent aux préjugés et aux croyances qui existaient dans la tête du cueilleur avant la réalisation des études (cette remarque m'est également adressée).


10 : MAIS

S'il m'avait un peu lu, il saurait qu'une critique générale des méta-analyses nous fait nous rejoindre et que, selon la formule anglo-saxonne bien connue et bien trouvée : GIGO : Garbage In, Garbage Out.


Au lieu de demander que les méta-analyses soient mieux faites par des experts des méta-analyses, MS fait son tri et c'est d'un ennui profond car cela rejoint toutes les critiques qui sont faites depuis les débuts de l'EBM sur la question.

En gros, sachant que la prise de poids due aux psychotropes en général est >= 7 %, est-ce qu'une baisse de poids de 4 kilos en moyenne paraît cliniquement significative même s'il elle l'est statistiquement ?

MS continue donc en critiquant la méta-analyse que j'ai citée et en ne critiquant pas les méta-analyses qu'il cueille.


11 : les études open-label




MS continue donc, en m'appelant toujours "cher confrère", ce qui a le don de m'irriter mais je dois être chatouilleux sur le plan du mépris anti MG, en proposant à ma sagacité des études open label qui sont presque le degré zéro de la taxonomie des preuves cliniques en fonction de leur choix.

La littérature mondiale est remplie de critiques sur les études non comparatives, non randomisées et sur leur faible degré de preuves concernant l'efficacité des prises en charge (elles peuvent être en revanche, comme le sait notre confrère, intéressantes dans le cadre de la pharmacovigilance des molécules ou pour l'extension à des populations qui ne faisaient pas partie des études robustes ayant permis la délivrance de l'AMM) et je le laisse chercher : "Je pense qu'il est toujours plus intéressant de voir ce que les praticiens retrouvent comme papier"


12 : medical reversal

Je termine par ceci : je parle de Medical Reversal sur X et notre ami et néanmoins confrère me cite un article de 2011 de Cifu et Prasad (ICI) pour me contredire. Bien. Avec un argument qui n'est pas tout à fait le bon car c'est la première phrase de l'abstract qui est reprise ! Alors que si la dernière phrase de l'abstract avait été citée le propos eût été plus conforme aux critiques de La Tribune que j'exprimais.

The solution to reversal is upfront, randomized clinical trials for new clinical practices and a systematic method to evaluate practices already in existence. 



Par ailleurs, je connais (un peu) Cifu et Prasad et notamment le livre qu'ils ont publié en 2015. Je l'ai abondamment commenté sur mon blog il a nourri et continue de nourrir mes réflexions. Il n'est plus de mise de s'autociter mais pour celleux qui pensent que c'est acceptable c'est LA, ICI et LA.

Ce livre nous informe également sur le nombre de prises en charge fondées sur des preuves parmi toutes les pratiques de soins dans les grandes institution américaines : c'est renversant. Seules 30 à 50 % de ces pratiques sont validées !


13 : conclusion

A propos de cette tribune je n'ai parlé que de la metformine. Pour le reste : je n'en sais rien et cette expérience désastreuse de perte de temps m'a vacciné.

Que 98 % des produits prescrits en hôpital psychiatrique le soient hors AMM n'est pas une gloire mais un désastre. Un désastre qui n'est pas que français et qui touche également les enfants et les adolescents (ICI).

Les chose étant ce qu'elles sont et les prix étant ce qu'ils sont il est probable que des études en double-aveugle sont en cours pour tenter de montrer l'efficacité des analogues du Glucagon-like peptide-1 dans l'indication de La Tribune. Cela coûtera bien entendu beaucoup plus cher que la metformine...

Une étude robuste contrôlée avec la metformine : peu probable.

Je n'ai pas parlé du remboursement : vous savez pourquoi. Ce n'est pas d'actualité.

Quant à la science : La médecine n'est ni art ni science, c'est au contraire une discipline empirique fondée sur des talents diagnostiques et thérapeutiques, aidée par la technologie, c'est à dire l'application efficace de la science (Skrabanek P and McCormick J, 1989)

Qui a parlé d'effet Streisand ?


Asterix et Metformix : non


Peut-être





 










 


dimanche 12 mai 2024

Bilan médical du lundi 29 avril au dimanche 12 mai 2024 : convention, travailler en équipe (GB), taxonomie, dépression, psychiatres, corruption, irradier le mauvais sein, coiffe des rotateurs, études observationnelles, psilocybin, cancer du sein, fausses références, ritaline...


Purs médecins trouvant le social impur.


(Pascal Gros)

URGENT

Analyses du projet conventionnel entre l'Assurance Maladie et les médecins

Michael Rochoy

LA (il faut lire sur X)



Richard Talbot







Exemple : Travailler en équipe en Angleterre : MG, et cetera.

Les Anglais font le bilan depuis 2014, c'est LA.  

Pour ceux qui lisent X : très belle analyse (un peu orientée sur les défauts du système) de @CltYan : ICI.

Pour ceux qui n'ont pas X : le fil sans les contraintes de X : LA.

En gros : c'est pas fameux en termes de charge de travail pour les MG, de compréhension des parcours par les patients, du coût de ces mesures et du nombre de passages aux urgences.

En France, le pouvoir politique fonce. Comme d'habitude sans biscuits et fera porter la responsabilité de l'échec sur le manque de volonté de changement.




Edward Hopper à Paris en 1907
via @AlBlaineau




Taxonomie (simplifiée) des preuves en fonction de leur poids






(Rappelons qu'en cliquant sur une figure on peut l'agrandir).


Si les plus riches aux US payaient de justes impôts... 



... il ne serait pas nécessaire d'augmenter les impôts des autres.


***

Patients dépressifs à risques de tentatives de suicide et d'effets indésirables sévères : quels traitements "marchent".

Une méta-analyse datée de novembre 2023 (LA) compare les effets des traitements sur les critères tentative de suicide, passage aux urgences, hospitalisation, suicide, décès, événements indésirables sévères) : psychothérapie seule, psychothérapie + antidépresseurs, antidépresseurs seuls.

Les résultats ne sont pas clairs (significativité douteuse de la méta-analyse) mais il semble que chez les enfants et les adolescents jeunes la psychothérapie seule soit plus efficace que les deux autres prises en charge et que chez les adultes la psychothérapie associée aux antidépresseurs soit meilleurs que les antidépresseurs seuls.

L'auteur fait des recommandations. Notamment prioriser la psychothérapie seule chez les enfants et les adolescents.

Dernier point : en France on n'a pas le choix car les possibilités sont nulles en termes de psychothérapie.



John Coltrane (1926-1967)
Source inconnue toute comme l'année de la photo


Nos amis psychiatres ont de l'humour.



Ceux qui pensent que les psychiatres ne sont pas influencés par l'industrie

Je n'ai malheureusement qu'une partie de l'article : ICI

Les neurologues et les psychiatres sont la deuxième spécialité aux US ayant reçu de l'argent de l'industrie entre 2013 et 2022 !





Avant de vous auto-diagnostiquer une dépression ou une faible estime de soi, commencez par vous demander si vous n'êtes pas entourés de trous du cul.



Se tromper sur le sein à irradier n'a aucune conséquence (ixième degré de plaisanterie). 



On rêve (LA).

Ainsi, irradier un sein normal par erreur, ne provoque aucune séquelle pour ce sein et ne constitue pas une perte de chance pour le sein pathologique ! Quelles mascarade sordide ! Alors que le lobby du dépistage ne cesse de faire peur aux femmes sur le retard diagnostique et thérapeutique ! 

Circulez, y a rien à voir !


Francis Bacon 
Bill Brandt : Primrose Hill London (1963)


La coiffe des rotateurs : un essai randomisé.

Après 3 mois de kinésithérapie et de prise en charge de 417 patients, 190 sont restés symptomatiques et on été randomisés en 2 groupes : chirurgie et pas de chirurgie. Les patients étaient évalués à 2 ans sur la douleur et la fonctionnalité de l'épaule incriminée. Les auteurs préconisent une prise en charge non chirurgicale au début. Puis, en cas de rupture complète : chirurgie. Si rupture incomplète : persistance de la prise en charge non chirurgicale.

L'article est LA.


211 cm, 129 kilos

Une analyse "définitive" des études observationnelles.

@Drjohnm analyse LA un article et le démonte à la tronçonneuse.





Ça critique dur : psilocybin (hallucinogènes)


L'article est LA. Avec des modifications liées à la critique sus-jacente et sous-jacente.


La critique : ICI. Mais il y en a d'autres.

Avec la réponse des auteurs dans la foulée, enfin, la pseudo-réponse qui a quand même entraîné les modifications (Expression of concern) : LA  

Finalement : il faut souligner la rapidité avec laquelle les auteurs ont répondu aux critiques et modifié l'article : bravo au BMJ.



Nous l'avons pourtant tant aimé...


La corruption, encore la corruption : les gériatres.

Le Formindep, encore une fois fait le job. A propos des recommandations des sociétés de gériatrie sur la vaccination anti-grippale. C'est LA.


Les 10 meilleurs livres selon Paul Auster... Je n'ai pourtant jamais réussi à terminer un livre de Paul Auster
via @johnstonglenn



Il y avait le Plus c'est bas mieux c'est (cholestérol, Pression artérielle, et cetera)

Et maintenant, les nouvelles recommandations US sur le dépistage du cancer du sein, telles qu'elles ont été publiées dans le JAMA (LA), conseillent une mammographie tous les 2 ans chez les femmes de plus de 40 ans !

Avec le dépistage, c'est Plus t'es jeune, mieux c'est !

On rappelle qu'en France le dépistage organisé du cancer du sein commence à 50 ans et se termine à 74 ans.

Plus que jamais : lire Cancer Rose sur le sujet : LA.

Avec son outil à la décision : ICI.


Le plus surcoté des cinéastes français.



Le trafic de fausses références



Très bel article, très documenté, montrant comment il est possible trafiquer dans l'édition scientifique et surtout proposant des solutions pour découvrir et remédier : ICI





jeudi 17 mai 2012

Les malades mentent tout le temps (Gregory House). Histoire de consultation 118.


Environ une fois tous les dix ans, un psychiatre libéral m'appelle en direct à mon cabinet. Cela doit faire trois fois en presque 33 ans d'exercice de la médecine générale.
Monsieur A, 81 ans, et sur mes conseils, consulte un psychiatre pour des troubles anxieux, vaguement dépressifs, développés sur un fond d'agressivité qu'il n'arrive plus à contrôler. Si je lui ai conseillé de consulter c'est essentiellement pour des raisons de confidentialité dans la mesure où je suis le médecin traitant et de sa femme et de sa fille et de certains de ses petits-enfants et de certains de ses arrière-petits enfants...
Il y a cinq ans, quand j'ai confié le patient au psychiatre que je connaissais et dont le cabinet est situé à une demi-heure en voiture de notre ville (les psychiatres libéraux se font rares dans des zones où les dépassements d'honoraires ne peuvent pas être très importants en raison des revenus moyens de la zone, je n'ai pas dit du secteur), j'avais écrit un courrier précisant notamment les antécédents somatiques du patient (double cancer dont il s'était sorti, troubles du rythme cardiaque et prothèse aorto-bifémorale pour lesquels il était traité) mais aussi quelques éléments psycho-biographiques. 
J'ajoute ceci concernant les lettres adressées à un psychiatre : que mettre dedans ? Soit vous avez affaire à un psychiatre qui ne lit pas votre courrier "pour ne pas être influencé" et cela ne sert à rien, sinon à informer le patient où vous en êtes de votre "analyse", soit vous avez un psychiatre qui ne lit les lettres qu'après que son opinion s'est formée, soit vous avez un psychiatre qui ne veut rien savoir venant du médecin traitant, soit vous avez un psychiatre qui lit tout et qui interprète tout avant même d'avoir vu le patient, soit vous ne risquez qu'une chose, que le psychiatre prenne le parti inverse de ce que vous avez écrit ou envisagé, mais, de toute façon, dans tous les cas, il ne vous répond jamais.
Et donc, le psychiatre libéral m'appelle vers dix-neuf heures et il me parle du patient pour lequel il est inquiet. Il me raconte ce qu'il a constaté, que le patient va mal, qu'il est angoissé, qu'il n'est pas près de passer à l'acte, enfin, il ne le pense pas, il me décrit sa personnalité, qu'il se fait une idée trop haute de lui-même et que la réalité le frappe de plein fouet, qu'il existe chez lui une blessure narcissique qui remonte à l'enfance, et, surtout, qu'il est en butte à l'hostilité incessante de sa femme et de ses enfants qui lui reprochent tout et n'importe quoi, qu'il n'en peut plus, qu'il est sous tension, qu'il a perdu son statut de mâle, qu'on le prend pour un crétin, qu'on lui fait comprendre qu'il ne sait rien faire, qu'il est incompétent et qu'il l'a toujours été, et, continue-t-il, "Vous qui connaissez la famille, comment est-il possible d'intervenir à votre niveau, car la situation est grave, elle m'échappe". 
Je ne lui réponds pas qu'il aurait pu m'appeler avant. Je ne lui réponds pas que le médecin traitant eût été ravi d'en apprendre plus sur cette blessure narcissique. Je ne lui réponds pas que je ne me rappelle pas avoir constaté que le patient éprouvait une trop haute idée de lui-même. Je ne lui réponds pas que je n'avais jamais remarqué qu'il se sentait découragé par l'hostilité de sa famille qui le dévaloriserait. Je lui dis en revanche que le patient en question n'a cessé, toute sa vie, de taper sa femme. Il ne lui a pas seulement tapé dessus avec des paroles, bien que dans les couples les paroles soient parfois plus difficilement supportables encore que les coups, non, il lui a tapé dessus, il lui a mis des volées, il l'a terrorisée, il l'a poursuivie quand elle a tenté de s'en aller, il la suivait partout quand elle voulait partir, il lui disait "Je te retrouverai...", il a aussi tapé sa fille et ses fils, quand ils étaient petits, il s'est montré méprisant à l'égard de ses petits-enfants qui ne réussissaient pas comme il l'aurait souhaité. Mais cela ne fait qu'un an que je sais cela alors que cela fait trente ans que je les connais. Jamais rien n'avait transparu. 
Je lui ai donc dit, au psychiatre, qu'il s'était trompé pendant cinq ans et moi pendant beaucoup plus longtemps.
Il a fallu qu'un jour la femme de mon patient, venue seule au cabinet, me fasse quelques confidences. Et je suis tombé par terre, je m'en suis voulu, je me suis demandé comment j'avais pu faire pour ne me rendre compte de rien. Je me suis même demandé, j'ai honte, au début, s'il ne s'agissait pas d'une affabulatrice tant les faits que j'avais constatés (et, en l'occurrence, que je n'avais pas constatés) me semblaient aller à l'encontre de ce qu'elle me racontait, puis j'ai tenté de réagir. Elle m'appelait de la maison quand son mari s'absentait. Mais elle ne voulait pas partir. Mais elle n'allait pas voir de psychiatre. Mais elle était soutenue par ses enfants. Mais il s'était calmé depuis une ou deux années, il ne la frappait plus, il la menaçait encore, il la serrait parfois contre un mur dans la maison, pour lui faire peur, il ne la lâchait pas pourtant, même quand elle allait faire des courses, il la bousculait parfois, et, quand je lui en parlais (malgré le fait que sa femme, terrorisée, m'ait demandé de ne rien dire, mais j'avais rusé, j'avais parlé d'une altercation avec un voisin que l'on m'avait rapportée), il baissait la tête, il ne cherchait pas à se justifier, il disait "Je tente de me calmer... Je fais des efforts... Aidez-moi..." Et cela faisait déjà quatre ans que je l'avais envoyé chez le psychiatre. Et les choses, d'après sa femme, se sont un peu arrangées. Il n'était plus violent physiquement. "Que pourrais-je devenir à mon âge ?" me disait-elle. "Ne me dites pas que je suis une victime, je le sais... Mais je ne veux pas partir. C'est trop tard."
Le psychiatre, au téléphone, a marqué le coup. Il s'était fait balader pendant des années, il n'y avait vu que du feu et là, tout d'un coup, le malade qui lui avait menti allait vraiment mal. Enfin, peut-être. 
A quoi servent les relations entre psychiatre et médecin traitant ? J'ai déjà évoqué ce problème de nombreuses fois et, plus particulièrement, ICI. Faut-il que l'entretien singulier entre un psychiatre et son patient ou entre le médecin traitant et son patient soit exclusif ? Comment faire pour qu'il n'y ait pas de clash ? Je ne parle pas d'un clash entre les deux médecins, cela n'a aucune importance, je parle d'un clash dans la tête du patient, un conflit d'intérêt au sens strict, quel est le discours qui me "parle" le plus au moment m, quel est le discours qui m'arrange le mieux à la seconde s, quel est le médecin qui me convient le mieux à l'instant i ? La lente construction d'une relation entre médecin et patient passe par des étapes, des hauts et des bas, et les différents interlocuteurs du patient (et le patient) peuvent (et doivent) ne pas aller au même rythme, passer par des chemins de traverse, se promener ou courir, prendre des raccourcis ou baguenauder le nez au vent, revenir sur leurs pas, hésiter, bégayer, se répéter, raconter toujours la même chose sous des formes différentes, dire le contraire en prenant les mêmes mots, penser à autre chose, être inconscients... ou laisser parler leur inconscient, en quelque sorte. Comment imaginer que ce qui se passe dans un cabinet se passe de la même façon dans un autre ? Comment espérer qu'en utilisant des techniques différentes des idées contradictoires ne se chevauchent pas, parfois au même moment ? Et par quel miracle cela pourrait-il être "bon" pour le patient, c'est à dire, comment le patient pourrait retrouver son unité dans une telle confusion des sentiments, si j'ose dire ? Comment le patient pourrait tirer profit d'un tel amas de faits, de constatations, d'avis, de conseils, de pistes, de portes à ouvrir ou à fermer ? Je laisse la réflexion ouverte mais elle me semble fondamentale et, à mon avis, soulève le problème crucial de l'entretien psychologique (je ne sais pas trop commet l'appeler), à savoir qu'il est très (trop ?) opérateur dépendant.
Pour en revenir à Monsieur A : va-t-il vraiment plus mal ? N'est-il pas encore en train de promener son monde ? Ne nous utilise-t-il pas encore ? On dira : un homme aussi tyrannique avec son entourage ne peut pas être franchement bon et ne peut pas aller bien. Mouais. Est-ce qu'un pervers ne prend pas du plaisir ? Est-ce que ce plaisir est condamnable en soi ou seulement parce qu'il peut causer du mal à autrui ?
Je n'en sais rien. 
Le psychiatre est en train de digérer ce que je suis en train de lui dire. Mais un psychiatre s'en sort toujours, il a toujours une explication à donner, il a toujours une veste à retourner. Celui-là me dit ceci : "C'est très intéressant. Je vais y réfléchir. Tout ce que vous venez de me dire va alimenter ma réflexion. Ne faites rien pour l'instant. Bien entendu, je ne vous ai pas appelé. Je vais le revoir dans quinze jours, je vous rappellerai après."
Il est gentil, le psychiatre. Il m'appelle pour m'inquiéter et ensuite il me dit de ne pas m'inquiéter alors que je lui ai appris sur son malade des choses qu'il ne connaissait pas et qui sont, proprement, bouleversantes.
(Lucian Freud. Reflection with Two Children (Self-Portrait), 1965)