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dimanche 26 mars 2023

Bilan médical du lundi 20 mars au dimanche 26 mars 2023 : acide hyaluronique, cancer de la prostate, Covid long, masques et Cochrane, fluoroquinolones, Covid nosocomial, angor stable, longueur de la consultation.

 


114. Acide hyaluronique intra-articulaire : la corruption paie.

Une étude états-unienne (et le premier qui dit "c'est pas pareil en France, je n'ai pas fait d'études parce que l'on n'a pas besoin d'en faire" ), ICI, mais, sans abonnement, vous n'aurez droit qu'à l'abstract, indique que l'utilisation de l'acide hyaluronique en intra-articulaire est une procédure placebo : aucune étude contrôlée, c'est à dire randomisée en aveugle, n'a montré son efficacité. 


Cela a coûté 440 millions de dollars à Médicair en 2019 !

Article : JAMA Intern Med. Published online March 20, 2023. doi:10.1001/jamainternmed.2022.7018


En France son utilisation est liée à l'appât du gain.


Bon, ben, si vous voulez écouter le son de cloche anti essais contrôlés des Rhumatologues, c'est LA.


Jeffrey Czum

115. (Préambule) : Cancer de la prostate : toujours ne pas dépister.

Rappelons ici qu'aucune agence gouvernementale ne propose le dépistage du cancer de la prostate : 

  • Pas de diminution de la mortalité globale
  • Risque important de sur diagnostics et de sur traitements
Citons la phrase magnifique de Richard Lehman : "Si vous vous moquez de savoir ce qui est écrit sur votre certificat de décès, le dépistage du cancer de la prostate est une perte de temps."

Le journaliste Olivier Dubois à son arrivée à l’aéroport de Villacoublay, le 21 mars 2023.   


115. Si vous avez un cancer de la prostate non métastasé : une aide pour choisir votre traitement personnalisé.

C'est ICI.

C'est britannique. 




116. Covid long.

On veut des études !

On veut des marqueurs !

On veut des traces de virus !

On veut des études épidémiologiques prospectives !




Saint-Malo (crédit : 📸 Easy Ride)




117. Le #CMGF2023 et les No Fakemed sont d'accord avec Cochrane sur les masques en lieux clos : inutiles.




Au Congrès Médecine Générale France 2023, on combat les FakeMed (avec raison) mais on ne porte pas de masques dans une (petite) pièce non aérée. Chercher l'erreur.


118. Les BRAV-M portent le masque à l'extérieur : ils n'apprécient pas Cochrane et Tom Jefferson.




Rappelons cette vieille blague de Coluche : "Pourquoi les chirurgiens portent-ils des masques pendant les opérations ? - Pour ne pas qu'on les reconnaisse après."

119. Fluoroquinolones : pour ceux qui nient le sur traitement hors AMM et qui nient en avoir prescrit : 

Voir le site Antibioclic.com : les fluoroquinolones sont aux abonnées absentes dans les infections urinaires basses, sauf exception.

Voir le point 109. dans un billet précédent : LA


Mars 1990 : la molécule miracle !


120. Première mondiale : les fabricants de vaccins dévoileront leurs contrats au Canada.



Voici ce que disent les labos : 


Lire l'article : LA.

121. 70 000 Britanniques auraient attrapé le Covid à l'hôpital en étant admis pour autre chose !

Cette nouvelle n'est pas étonnante. Ce qui est étonnant c'est que les chiffres du Covid nosocomial soient absents des radars en France. Ou que Santé Publique Française ait arrêté de publier des chiffres depuis Janvier 2022 (voir LA), des chiffres si fragmentaires, concernant sui peu d'établissements qu'ils n'ont pratiquement aucune valeur.

Je n'ai pas retrouvé la publication initiale parue dans NHS.

Selon The Mirror (ICI), attention, c'est un article grand public, il faut être prudent, 70 000 Britanniques auraient été contaminés à l'hôpital par le virus Sars-CoV-19, et 14000 seraient morts dus à cette nosocomialité en Angleterre et au Pays-de-Galles.

L'auteur de l'article précise que les chiffres sont certainement plus élevés car seulement 94 sur 209 établissements ont répondu au questionnaire adressé entre mars 2020 et août 2022.

Au moment où les hôpitaux français ne rendent plus les masques obligatoires, il aurait été intéressant d'avoir des chiffres français.


La chaîne des Aravis. 📸Julien Sebastian


122. Un essai états-unien indique que 35 % de patients ayant subi une angioplastie coronaire ne présentaient pas de symptômes alors que les médecins affirmaient le contraire.

L'étude est LA.

Nous avons largement rendu compte sur ce blog (LA) du fait que les angors stables, à la lumière d'au moins 3 essais contrôlés de bonne qualité, Courage, Orbita, Ischemia, étaient aussi bien traités par un traitement médical bien conduit que par une angioplastie coronaire. Voir aussi sur l'excellent blog de Florian Zores : ICI.

S'agit-il d'une différence d'appréciation des médecins sur qui est ou non asymptomatique ? On vous laisse juger.

Urologues argentins en train de prescrire des PSA


123. Plus la consultation est courte en soins primaires...

Une étude états-unienne (LA) montre qu'il existe une corrélation entre la longueur de la consultation (plus de 8 millions de consultations analysées) et la prescription inappropriée d'antibiotiques dans les infections respiratoires hautes et dans la prescription d'opioïdes et de benzodiazépines. 

A noter la longueur moyenne de la consultation : 18,9 minutes.


https://article19.ma/accueil/archives/115817
Rabat.


dimanche 12 mars 2023

Bilan médical entre le lundi 6 et le dimanche 12 mars 2023 : l'employé de la Macronie de la semaine, Big Onco et les associations de patients, antidépresseurs : efficacité et syndrome de sevrage, ozempic, cancer de la prostate, pression artérielle, sur prescriptions

97. L'employé de la Macronie de la semaine


98. Les menteurs de la macronie en une image



99. Les associations de patients au secours de Big Onco.

Cette tribune du journal Le Monde est un bijou : ICI.

Un professeur et un président d'association de patients crient au scandale car la HAS, dont on connaît la proverbiale indépendance, ne conseille pas un nouveau médicament "innovant" dans le traitement du myélome (Carvytki). 

Les arguments sont assez gratinés : 

  • Essai de phase 2
  • Essai non randomisé
  • Traitement de quatrième ligne
  • Pas de prix évoqué

Au-delà de l'efficacité elle-même du traitement, problématique (voir le communiqué de la HAS LA), et de son prix, regardons avec attention les deux déclarations de liens d'intérêts.


C'est à mourir de rire.

Rappelons que le produit est commercialisé par Janssen.

Le professeur Hervé Avet-Loiseau est un menteur et ne respecte pas la loi. C'est un visiteur médical de Janssen. Voici des informations recueillies sur le site d'Hervé Maisonneuve (LA)

"En bref, plus de 270 déclarations pour probablement plus de 200 000 € (à la louche) dont des liens avec le labo supporté dans la tribune."

Edward Hopper : Bateau à vapeur (1908)


100. Les antidépresseurs et David Masson

David Masson est un bon informateur sur twitter (@psy_massondavid).

Voici un fil sur les antidépresseurs (LA)

Il fait des fils toujours très intéressants et notamment pour les non-psychiatres.

L'article cité : LA

Je rappelle ceci, et vous pourrez utilement lire le point suivant : les antidépresseurs semblent avoir démontré leur efficacité que dans les dépressions sévères.

David Masson est optimiste.

Zino Francescatti : un son inimitable de la première division


101. Le syndrome de sevrage post IRS utilisés dans la dépression


Commentaires : 

  • Il n'y a pas que les IRS dans la vie
  • Quand on prescrit des IRS dans des dépression légères à modérées il faut retenir leur faible efficacité et la possibilité d'un syndrome de sevrage
  • Se méfier des surdiagnostics et des prescriptions hâtives.

102. Ozempic : le nouveau Mediator


Le moniteur des pharmacies : ICI

L'ozempic (semaglutide est un anti diabétique qui dispose de l'AMM en France). Il est désormais prôné par des influenceurs des réseaux sociaux pour perdre du poids. En sachant qu'à l'arrêt du traitement les bénéfices pondéraux sont perdus.

Ainsi, des influenceurs influences des médecins qui prescrivent hors AMM de l'ozempic hors AMM, pour faire plaisir à leurs patient.e.s Sont-ce les mêmes qui prescrivaient du Mediator parce que nous le valons bien, ou les mêmes que ceux qui prescrivaient (et qui prescrivent toujours selon des sources bien informées) de l'ivermectine et/ou de l'azithromycine dans l'indication Covid non hospitalisé ?

Attention, ces propos sont capables d'entraîner de violentes réactions : 

  • Les réflexions sur les faillites du système de prescription et de de pharmacovigilance ont peut-être été menées à propos du Mediator mais aucune conséquence n'en a été tirée d'un point de vue pratique
  • La stigmatisation de la grossophobie rend plus difficile l'abord du problème du surpoids, de l'obésité, bla-bla, et les médecins sont sommés de ne pas faire de la morale (ce qui est au moins un point positif. Rappelons ceci : chaque fois qu'un médecin fait la morale à un patient il s'éloigne autant de la médecine que de la morale)
  • L'obésité est un marqueur social (plus t'es pauvre plus t'es gros) mais aussi une tendance sociétale.
  • Les partisans de l'ozempic (semaglutide) et d'autres molécules appartenant à la famille des analogues du GLP-1, rappelons qu'aux États-Unis d'Amérique les pédiatres souhaitent le prescrire aux enfants dès l'âge de 12 ans !, veulent sortir, disent-ils du diptyque régime/exercice physique.
  • L'obésité n'est plus une maladie sociétale (due à la malbouffe et au manque d'exercice physique) : il existe une pilule miracle.
  • Donc, chers amis médecins et/ou pharmaciens et/ou obésologues, vous pouvez investir dans des fonds de pension qui vont vous aider à améliorer votre maigre retraite liée à la répartition, contenant à la fois des actions KFC et Novo/Nordisk.

Brillant podcast de la BBC sur le sujet : LA.



103. Une personne qui en a assez des personnes qui ne portent pas de masques en lieux clos.

LA

Mon commentaire : La personne n'est pas médecin, semble-t-il. Elle a le droit de faire de la morale.

Est-ce que ce genre d'admonestations morales fera plus porter de masques ? Nous n'en savons rien.

Les "hygiénistes" sont à la ramasse : 

ICI

Et le fil : LA

104. Cancer de la prostate : une étude sur 15 ans sur la mortalité en fonction des modalités de suivi.

LA dans le NEJM






Faut-il commenter ce que nous savons depuis de nombreuses années (vous pouvez lire les différents billets que j'ai écrits sur la question avec l'expression clé Cancer de la prostate) ?

105. Variabilité des mesures de la pression artérielle d'une consultation à une autre : quelles conséquences en tirer ?

Très belle étude rétrospective parue aux USA (ICI) chez 537 218 patients hypertendus ou non (et donc traités ou non) qui montre que les variations de pression artérielle systolique intervisite  sont de 10,6 mm Hg.

Le fil twitter de Harlan Krumholz (@hmkyale) commente : ICI

Conclusions : 

  • Ne pas se hâter pour initier ou modifier un traitement
  • Plus la mesure de la pression artérielle (ici en moyenne 13 fois chez les patients) est faite et moins il existe de certitudes sur les variations.
  • D'autres études sont nécessaires.

106. Plus d'1 examen médical sur 4 serait inutile

Ne vous inquiétez pas : ce n'est pas en France mais au Québec (voir LA)

107. Les médecins généralistes sont de la merdre en barre.



108. Hors sujet Michael Zemmour interrogé par Apolline de Malherbe sur la réforme des retraites



C'est clair et net.



dimanche 15 janvier 2023

Bilan médical du lundi 9 janvier au dimanche 15 janvier : massacre des étudiants en médecine, accidents de travail, vaccin Covid, Covid long, tamiflu, industrie, Prescrire, cancer de la prostate, femmes pauvres, Rochoy.

 

Roger Blanchon
Métaphore des soins primaires

12. Le massacre lors de la formation hospitalière des médecins.




13. Les accidents du travail : un problème de santé publique

Les chiffres de 2022 n'ont pas encore été publiés.

En 2021 :

  • 604 565 accidents de travail et accidents de trajet
  • L'indice de fréquence est de 31 pour 1000 salariés
  • 645 accidents mortels : dans la quasi totalité des cas il s'agit de travailleurs manuels.
Voir ICI

La prévention des accidents du travail est-elle essentiellement médicale ? Non.



14. La collection des études de très bas niveau de preuves continue sur la vaccination anti Covid

  • Etudes sponsorisés par l'industrie des vaccins
  • Etudes de cohorte cas-témoin rétrospectives
  • Significativité statistique laissée au vestiaire
  • Présentation des chiffres en valeur relative et non en valeur absolue
  • Conclusions triomphantes et hâtives dès le preprint

Un preprint du Lancet (ICI) indique que les boosters bivalents sont efficaces. 


Eric Topol est enthousiaste (LA) : 


Quant à Paul Offit il s'interroge (ICI) sur la nécessité de vacciner des jeunes gens peu à risques de Covid en les boostant sur des variants qui vont bientôt disparaître.

Vinay Prasad l'est moins (ICI) : en signalant que Peter Marks (de la FDA) admet qu'il n'a pas demandé de données d'efficacité appropriées pour le booster bivalent.



Saul Leiter (1923 - 2013)

15. Et ça continue sur le Covid long.

Pour le covid long sur lequel j'ai déjà écrit ICI il existe 5 problèmes majeurs : 

  1. Un problème de définition : plus de 200 symptômes ont été identifiés avec des impacts multiples sur divers organes
  2. Un problème de causalité : on n'a pas encore retrouvé de lésions spécifiques liées au Covid
  3. Un problème de fréquence : dans le même article (ICI) les auteurs écrivent qu'il survient chez 10 % des patients ayant présenté une affection pulmonaire sévère due au Covid ; plus loin : l'incidence est estimée à 10-20 % des patients non hospitalisés ; plus loin : 50 à 70 % des patients hospitalisés et 10 à 12 % des vaccinés.
  4. Un problème d'essais cliniques de qualité et notamment des essais prospectifs.
  5. Un problème de prise en charge.
Voilà que paraît une étude israélienne dans le BMJ (ICI) indiquant que les patients ayant présenté un Covid modéré (mild) sont à faibles risques de conséquences pour leur santé un an après leur diagnostic.

Un certain Jérôme Larché, je cite : Docteur en médecine interne et spécialiste du Covid long, est interrogé par Léa Giandomenico dans une revue grand public et conteste les résultats de l'étude (LA) avec des arguments plutôt raisonnables. Dans cet article Antoine Flahault, un Fearmonger connu, reconnaît, je résume, que c'est rassurant.

Un article en forme d'éditorial publié sous l'égide de l'université du Minnesota (LA) est lui-aussi très critique sur les résultats de l'article israélien.

Qu'allons-nous devenir ?

16. Tamiflu : quand la pénurie de médicaments est un bienfait pour la santé publique

Des médecins se plaignent d'un manque de tamiflu (osetalmivir), produit inefficace, voire dangereux, dans la prise en charge des premiers symptômes de grippe saisonnière documentée.

L'éditorial est LA

Le titre : 


17. L'industrie pharmaceutique philanthropique

Voir LA l'article 



18. Ne pas prescrire selon la Revue Prescrire : les nouvelles molécules de 2022

LA



19. Dépistage du cancer de la prostate : rebelote.

J'ai une discussion vive sur twitter avec un urologue qui soutient les recommandations des Sociétés savantes, qui, comme chacun le sait sont dénuées de liens et de conflits d'intérêts, prônant un dosage systématique du PSA chez les hommes n'ayant pas d'antécédents entre 50 et 75 ans. Contre l'avis des agences gouvernementales partout dans le monde. Et il n'oublie pas le toucher rectal.

Je connais ses arguments, il ne connaît pas bien les miens, et il finit ainsi (je vous promets qu'il ne s'agit pas d'un montage).


Désespérant.

Dominique Dupagne sur le sujet (qu'il connaît bien) : LA

20. La condition des femmes pauvres dans le Neuf Trois vue par une gynécologue

C'est sur France Culture en 5 épisodes et c'est superbe et effrayant. LA



21. Et avant de vous endormir un billet de blog complet sur les voeux de santé du Président Macron. Par Michaël Rochoy. Des commentaires ad hoc


C'est LA et c'est super.



jeudi 17 novembre 2022

PSA et cancer de la prostate. Histoire de santé publique sans consultation. 12

L'homme à la prostate sur le front.


(1. L'ignominie de l'IGR)

Au moment où l'Institut Gustave Roussy communique sur le cancer de la prostate avec un film d'une nullité, d'une vulgarité, d'une inconséquence remarquables où les principes les plus élémentaires des données des données scientifiques sont bafoués... ICI.

Où l'IGR ne sait pas faire la différence entre la prévention et le dépistage (il est vrai que le surdiagnostic fait partie de ses mots tabous) :



(2.)

Aucune agence gouvernementale dans l'univers ne propose le dépistage organisé et ciblé du cancer de la prostate par dosage du PSA chez des hommes ne présentant aucun facteur de risque.

3. Histoire de santé publique sans consultation. 12

Un de mes amis qui exerce toujours et pas à Mantes m'appelle pour me demander un conseil (médical).

Il est médecin généraliste installé dans une zone urbaine-rurale depuis plus de trente ans.

C'est un excellent médecin : les nombreuses conversations que nous avons eues ensemble, les mails que nous avons échangés en témoignent. Un seul souci (c'est une constante chez moi : je ne suis jamais venu dans son cabinet, je n'ai jamais entendu comment il parlait aux secrétaires -- il exerce dans une maison médicale-- et je n'ai jamais fait la petite souris pendant ses consultations et sans qu'il sache que je suis une petite souris...)

Il a soixante-trois ans.

Il est embêté. 

Voici : 

"Je ne sais pas quoi faire depuis deux jours.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je suis gêné. Gêné parce que je t'en veux et gêné parce que je pense que tu avais raison.
- Diable !
- J'ai fait une prise de sang pour un prêt immobilier. Il y avait un dosage de PSA dedans...
- ... Et ?
- Il est à 6.
- Et le dernier était ?
- Un vieux vieux... il y a quinze ans...
- Quinze ans ?
- Oui, j'étais trouillard... Il était à 3... 
- Et ?
- Je me demande ce que je dois faire...
- Tu as des signes ?
- Je me lève deux fois par nuit depuis environ cinq ou six ans...
- Pas de brûlures en pissant ?
- Non.
- T'as un putain d'adénome.
- Heu...
- Refais un dosage. 
- Oui. Mais je vais quand même aller voir un urologue.
- Non. Attends le deuxième dosage.
- Cela va donner quoi ? S'il est à 6 je vais voir un urologue, s'il est à 7, idem et s'il est à 5, itou. 
- Et y va faire quoi l'urologue ?
- Je ne sais pas, c'est pour ça que j'y vais...
- Tu le connais ?
- Bien sûr.
- Il est comment ? Très acharné, moyennement acharné...
- ... Arrête...
- Il va te mettre un doigt dans le cul, demander une écho, une IRM, c'est leur nouvelle marotte, et il va te proposer des putains de biopsies...
- Je sais...
- Les putains de biopsies vont revenir négatives et tu vas refaire des putains de dosage et des putains de biopsies...
- Je me rappelle que tu m'avais dit que le dosage du PSA, c'était le doigt dans un engrenage sans fin...
- Oui. Et alors ?
- J'ai honte.
- Honte de quoi ? 
- Malgré tout ce que tu me disais sur le PSA, tout ce que tu m'as fait lire, et bien que persuadé j'ai continué, mais avec réticence, à le prescrire aux patients... Je n'ai jamais osé arrêter complètement... Je mourais de trouille. La trouille de passer à côté d'un cancer et d'avoir un procès au cul... Je préférais les surdiagnostics et les surtraitements à un procès. J'ai sacrifié à ma petite échelle mon confort personnel à celui de mes patients...
- Mais tes patients t'ont félicité.
- ?...
- Oui, ils ont été guéris, amputés et guéris pour une maladie qu'ils n'avaient pas ou qui ne les aurait jamais tués... et parfois pour un cancer qui les aurait tué de toute façon.
- Je fais quoi ?
- Tu fais ce que tu dois faire, poursuivre le processus... Puisqu'il est commencé... Ce n'est pas possible de faire autrement...
- Et toi, tu n'as jamais douté ?
- J'ai toujours douté parce que j'appliquais des données populationnelles à des individus, à des personnes uniques, les données globales sur le dépistage populationnel du cancer de la prostate par dosage du PSA, sont justes mais quid de MON patient assis en face de moi qui aurait pu être sauvé, tu entends les guillemets au téléphone, sauvé par un dosage... J'ai croisé mille fois les doigts et il ne m'est rien arrivé. Par chance... Et je n'ai jamais eu de procès ni pour ne pas avoir dosé le PSA, un procès où les professeurs d'urologie seraient venus déverser leur haine, et encore moins pour ces patients guéris d'on ne sait quoi et impuissants...
- Je te tiens au courant.
- Je ne te lâcherai pas...


 


mardi 21 juin 2016

Ce sont des raisons non administratives qui vont me faire cesser de pratiquer la médecine.


Je pense prendre ma retraite en juin 2018 avec tous mes trimestres (cela fera 39 ans d'exercice).
Je pensais continuer de travailler ensuite trois jours par semaine pour assurer la continuité des soins au cabinet, pour conforter l'avenir du dit cabinet et pour ne pas "abandonner" en rase campagne les patients que, pour certains et à cette époque, j'aurais connus depuis 39 ans...

Croyez-vous que je vais vous parler d'honoraires ? Croyez-vous que je vais vous parler de cette méchante Assurance maladie ? De la CARMF (la caisse de retraite des médecins) ? De l'URSSAF ? Du Trésor Public ?

Non.

Je vais vous parler de la médecine que je ne peux exercer. Ou que je ne peux exercer qu'au prix d'efforts surhumains

Ne croyez pas que je sois blanc bleu, que je fasse pas perdre de temps à mes collègues. C'est loin d'être le cas. Interrogez mes collègues dans le voisinage, ils auront des choses à dire sur moi. Interrogez mes patients ils auront aussi des histoires à raconter. J'ai déjà fait assez d'autocritique pour ne pas en rajouter. Pour faire le malin ou pour montrer combien je sais reconnaître mes erreurs.

Voici un aperçu minimaliste de mes petites peines de médecin. Je dis "petites peines" car ce ne sont que des petites peines comparées à celles qu'endurent les patients.

  1. Parce que je passe trop de temps à informer les patientes (et certainement pas assez), quand elles ont reçu la convocation de l'ADMY (l'association des médecins des Yvelines qui gère l'affaire), sur le rapport bénéfices/risques du dépistage organisé du cancer du sein (ce qui, en toute logique, et dans un pays démocratique devrait incomber aux promoteurs de ce dépistage et non aux médecins traitants, surtout quand ils doivent dire la médecine en  contradiction avec ce qui est raconté partout dans les media grands publics)... Et que les documents d'information, au lieu d'être le fait de la puissance publique, sont produits par des médecins indépendants (voir ICI par exemple).
  2. Parce que je passe trop de temps à informer les patients (et certainement pas assez), quand ils ont reçu la convocation de l'ADMY (l'association des médecins des Yvelines qui gère l'affaire), sur le rapport bénéfices/risques du dépistage organisé du cancer colorectal (ce qui, en toute logique, et dans un pays démocratique devrait incomber aux promoteurs de ce dépistage et non aux médecins traitants)... Et que les documents d'information, au lieu d'être le fait de la puissance publique, sont produits par des médecins indépendants (voir ICI)
  3. Parce que je passe trop de temps, en  contradiction avec ce qui est raconté presque partout dans les media grands publics, à informer les patients qui désirent que je leur prescrive un dosage de PSA... sur le rapport bénéfices/risques de cet examen qui n'est pas recommandé comme dépistage systématique. Et que les documents d'information, au lieu d'être le fait de la puissance publique, sont produits par des médecins indépendants (voir ICI)
  4. Parce que je me lasse de découvrir que l'on a dosé le PSA à l'un de mes patients (à l'insu de son plein gré) lors de son passage à l'hôpital ou chez un spécialiste bien intentionné (je ne parle pas des urologues dont le métier est de doser le PSA), ou à la médecine du travail, ou dans les centres d'examens périodiques de santé, pour un cor au pied, un rhume, voire une spondylarthrite ankylosante, que l'on a fait doser le PSA, comme ça, sans prévenir le patient... et sans l'informer du rapport bénéfices/risques de cet examen (cf. supra).
  5. Parce que j'en ai assez de constater que nombre de patientes sont convoquées tous les trois mois par leur gynécologue pour renouvellement de pilule et tous les ans pour frottis du col utérin contrairement à toute logique et à toute preuve scientifique. Et de devoir leur expliquer (perdre mon temps) que l'on peut prescrire la pilule pour un an et que le délai entre deux frottis est de trois ans.
  6. Parce que j'en ai assez que les consultations de mémoire aboutissant à un diagnostic d'Alzheimer chez "mes" patients se terminent dans 99,9 % des cas par la prescription d'un prétendu médicament anti Alzheimer par les spécialistes de la question... (on me dit dans l'oreillette que pour cause de trop grande efficacité ces médicaments sont sur le point d'être déremboursés).. et parce que je passe trop de temps à expliquer la famille, le plus souvent en vain, que les médicaments prétendûment anti Alzheimer sont à la fois inefficaces et potentiellement dangereux. "Vous en ont-ils parlé quand le médicament a été prescrit ? - Non."
  7. Parce que j'en ai assez que les patients soient obligés, au décours d'un passage aux urgences, chez le dentiste, chez le dermatologue, le cardiologue ou le rhumatologue, de venir me voir parce qu'on leur a dit que ces professionnels de santé ne faisaient pas d'arrêt de travail et qu'ils devaient aller en demander un à leur médecin traitant, ce qui nous gâche la vie
  8. Parce que j'en ai assez que les patients, après avoir consulté les centres anti douleurs où ils ont à peine été interrogés/examinés, ressortent avec des ordonnances stéréotypées de pregabaline et consorts.
  9. Parce que j'en ai assez de constater que les patients sortant des centres de cardiologie post infarctus soient (encore) traités par procoralan, crestor, tahor, exforge, c'est à dire passer du temps à aller à l'encontre de la  prescription d'un de mes confrères. Lassitude.
  10. Parce que j'en assez de devoir surveiller les INR flottants de patients qui ont reçu du sintrom ou du previscan à la sortie de l'hôpital au lieu de la bonne vieille coumadine, produit le plus prescrit dans le monde.
  11. Parce que j'en ai assez que des patients étiquetés BPCO par des pneumologues n'aient pas de BPCO et que je doive supprimer des traitements inefficaces, c'est à dire passer du temps à aller à l'encontre de la  prescription d'un de mes confrères.
  12. Parce que j'en ai assez que le pharmacien ou le médecin du travail (le docteur S sur twitter se reconnaîtra) dise qu'il est nécessaire de prescrire un appareil de mesure de glycémie capillaire à un patient diabétique non id.
  13. Parce que j'en ai assez que les consultations de cardiologie passent presque systématiquement par la case échographie, épreuve d'effort, voire scintigraphie d'effort, voire coronarographie, voire dilatation, voire stents, voire... chez des patients qui ne le méritaient pas.
  14. Parce que j'en ai assez que la prévention des risques évitables soit en France aux abonnés absents (alcool, tabac, junk food, par exemple) et que je doive passer mon temps à lutter, en mon cabinet, contre les différents lobbys qui ont pignon sur rue dans tous les media... et au risque de passer pour un ringard...
  15. Parce que j'en ai assez de devoir me désoler que... mes confrères, mes consoeurs, et cetera...
  16. Et je n'ai pas parlé de l'oncologie, des soins dits palliatifs, de l'hospitalocentrisme et de l'excès  de lutte contre l'incertitude. Voir le blog....
Je remercie ici tous les médecins qui m'ont permis de me délivrer un peu de la gangue de l'enseignement de la faculté de médecine qui m'a appris des choses capitales mais qui m'a aussi appris à ne pas exercer mon esprit critique et à croire à l'enseignement descendant, paternaliste, et cetera. Mais c'était sans doute il y a longtemps. Et je remercie aussi La Revue Prescrire.
Je ne les remercie pourtant pas car ils ont rendu l'exercice de la médecine générale impossible car je dois passer mon temps à dire le contraire des avis autorisés des autorités de santé et, finalement, à faire le travail de ceux qui sont payés, par l'industrie et par leur ego démesuré (le pouvoir, le pouvoir),  pour dire une médecine qui va à l'encontre, selon moi, de l'intérêt des citoyens.

samedi 8 février 2014

Plan Krouchtchev, plan cancer, big pharma, science Lyssenkiste.


Cette semaine j'ai écouté d'une oreille attentive et désespérée la rediffusion sur France Culture de l'émission "A voix nue" (ICI) consacrée à cette crapule stalinienne de Pierre Juquin. Avec sa voix doucereuse de Saint-Jean Bouche d'or qui a tout compris à la vie idéologique du vingtième siècle et qui a toujours eu raison quand il avait tort, et vice versa, mais, vous comprenez, les circonstances, j'ai appris, nous ne savions pas, les camps, les millions de morts, il fallait être dans le bon camp, il fallait trahir, il fallait mentir, c'était le sens de l'histoire, je crois toujours au communisme, à vomir (mais un jour je consacrerai un chapitre à la vie privée de Pierre Juquin quand il faisait l'exorciste dans des familles staliniennes moscovites françaises), et je n'ai presque aucun regret, vous comprenez, la lutte contre le fascisme, l'impérialisme américain, la guerre froide. Ouaip...

Pourquoi je vous dis cela ? 


Le plan cancer vient de paraître (voir LA). Contrairement au Hollande-bashing ambiant, je ne vais pas m'en prendre à ce brave garçon car il n'est que la marionnette des experts qui lui soufflent les suggestions dans son oreillette. On ne demande pas au Président de la République de lire les livres de Peter Götzsche (ICI) ou de s'informer ailleurs que dans le BEH, La Vérité de l'InVS. En revanche, les experts autoproclamés de l'INCa, les experts mongerisés, les experts big pharmés, les experts adoubés par l'Eglise de Dépistologie, pourquoi ne s'informent-ils pas ? Pourquoi sont-ils soumis à leurs croyances  aveugles ? Pourquoi sont-ils malhonnêtes ?
Le plan cancer vient de paraître et il y en a tellement à en dire ou à n'en pas dire que je me réserve le temps d'en faire le commentaire plus tard : voir ICI (il n'y a pas encore de lien).

Quel est le rapport avec Pierre Juquin ? Le voici.

Pierre Juquin, Joseph Prudhomme de la pensée marxiste orthodoxe, qui sait tout sur le passé et encore moins sur l'avenir, parle sur France-Culture du rapport Krouchtchev (1956). Ce fameux rapport Kroutchchev que les dirigeants du PCUS (Parti communiste de l'union Soviétique) avaient communiqué aux dirigeants communistes de l'Ouest en leur disant de la fermer, ce fameux rapport qui avait été publié dans la presse "bourgeoise" et que l'on appela chez les staliniens français le rapport attribué à Krouchtchev, vous saisissez la nuance dialectique, eh bien, les staliniens français se sont tus, on ne parlait pas encore de lanceurs d'alertes, ils ont tout gardé pour eux, ce fameux rapport montrait à quel point le communisme avait été une formidable machine de mort, les communistes ont tué plus de millions de personnes que les nazis et autres, et au coeur de l'Europe, comme les nazis, et les communistes français, les grands humanistes, les Maurice Thorez, le grand résistant, les René Piquet, les Pierre Juquin, les Pierre Laurent, les Maxime Gremetz, les René Andrieu, ils n'ont pas eu un mot pour les victimes, pas eu un mot pour les camps, pendant vingt ans ils ont fermé leurs goules, pour des raisons liées à l'internationalisme prolétarien, pour des raisons x, y ou z, parce que, écoutez bien, au moment du printemps de Prague, douze ans après, ils avaient peur de l'intervention des troupes russes (sic).


A l'INCa, où probablement, il y a autant d'anticommunistes primaires qu'ailleurs et autant de fils de et de grands bourgeois que dans les autres institutions médicales de la République, il y a aussi le rapport Cochrane ou le rapport attribué à Cochrane sur le cancer du sein (ICI pour le résumé et LA pour la publication in extenso) et il y a aussi des données non confidentielles que l'on met sous le coude, que l'on n'examine même pas car elles ne vont pas dans le sens de la grande guerre contre le cancer, de la lutte à mort contre les cellules cancéreuses, et elles pourraient mettre en péril l'idéologie dépistologique qui règne dans les consciences bien pensantes de la médecine officielle française. Il y a des membres de l'INCa qui, contre toute logique, ne savent pas ce qu'est un sur diagnostic, il y a des crapules sénologues qui minimisent les sur traitements et qui cachent leurs liens avec big pharma. Mais la Société Française de Sénologie n'est pas en reste, c'est une sous secte de la Grande Eglise de Dépistologie, car en consacrant un numéro de revue au sur diagnostic en novembre 2011 sa présidente Brigitte Seradour avait avoué 5 à 10 % de sur diagnostics (LA) contre 50 à 30 % pour respectivement Bernard Junod et Peter Götzsche, mécréants de cette Eglise.

La France n'est pas une république bananière, c'est une monarchie héréditaire au service des intérêts privés.
Dominique Dupagne a, en un autre domaine, dénoncé récemment le problème du contrat passé entre l'Education Nationale, grand machin qui prépare les fils des classes populaires à s'inscrire en toute conscience à Pôle Emploi une fois sortis du systéme, et l'industrie sucrière, organisme philanthropique ayant des liens d'intérêts indirects avec les dentistes, pour former les élèves à l'usage du sucre (ICI). On me dit que cela a commencé en 1990... C'est comme si le cartel de Pablo Escobar assurait à l'école les cours sur le bon usage de la cocaïne. Ou comme si American Tobacco assurait les cours sur le tabagisme. Mais tout cela ne choque personne car il faut bien prendre l'argent quelque part pour enseigner aux enfants de l'école républicaine comment boire du coca ou acheter des barres chocolatées avant de se retrouver au chômage, prendre de l'argent où il est, de l'argent désintéressé, comme dans la recherche médicale : qui assumerait la formation des médecins si big pharma n'apportait pas ses trente deniers ?

La cancérologie est une science exacte au service des oncologues où, accessoirement, des malades font leur apparition, des malades décharnés et haves, qui en sont à leur douzième cure de chimiothérapie, et pourtant à qui on promet encore la vie, et qui sont les objets consentants et informés d'essais cliniques pour des médicaments incertains qui auront aisément leur AMM pour avoir amélioré, en double aveugle, l'espérance de vie d'un jour et quart, des essais cliniques ambulatoires, les patients faisant des allers retours fatigants entre Villejuif - Auschwitz, les couloirs de la mort, et leur domicile...

Personne ne prétendra que la cancérologie en général n'a pas fait de progrès, que l'on ne traite pas mieux les cancers, que l'espérance de vie des patients n'augmente pas dans certains cancers, que des patients sont sauvés, et cetera, et cetera,  que l'accueil des patients n'a pas été amélioré (on partait de loin), que l'information sur les effets indésirables ne se fait pas, que les rendez-vous ne sont plus assurés avec des retards incroyables, mais je dirais, en paraphrasant Jonathan Nossiter (1) quand il parlait des restaurateurs : "Vous êtes de bons cancérologues mais vous êtes de piètres médecins."

Le point de vue du médecin généraliste est un point de vue comme un autre mais il a l'avantage d'être à la fois dehors et dedans, c'est à dire que "son" patient est à la fois dehors et dedans. Il entend le discours des cancérologues, il lit les écrits des cancérologues, il ne participe pas aux réunions de concertation, il entend les propos des malades (qui ne comprennent jamais rien, c'est évident), ils entendent comment les malades ont été considérés ici ou là, comment les familles ont été informées ou non, comment les traitements ont été proposés mais plutôt imposés, comment les réglettes d'EVA ont été brandies, comment les transports sont organisés entre les différents lieux de soins, comment est programmée la débauche d'examens complémentaires, comment les rendez-vous sont annulés ou reportés, comment... la consultation d'annonce est annoncée au médecin traitant après qu'il a revu le patient ou la patiente, ce qui permet à ce brave médecin généraliste de rester dans le flou et de commencer l'exercice périlleux du mensonge aux patients cancéreux...





Il existe aussi des cancérologues, on dit désormais oncologues, ceux-là du secteur privé, qui écrivent des tribunes libres dans Le Point (voir LA) pour défendre l'indéfendable, en citant des publications biaisées et des économistes néo-libéraux, en mentant comme des arracheurs de dents comme ils le font avec leurs patients, et en se déclarant indépendants alors qu'ils "touchent", ils "touchent" et ils "touchent"... Heureusement que Pernelle a réagi, a fait l'enquête (les journalistes ont déjà du mal à tendre leurs micros, écrire des articles critiques leur donnerait des douleurs critiques, ils se taisent donc ou refusent d'examiner les faits), a écrit un billet complet "Indignation en soldes" qui fait le boulot et montre (LA) la vacuité existentielle et le trop plein du compte en banque de ces médecins dévoués corps et âmes aux statistiques fausses des plans cancer. Il y a la liste des 68 médicaments à éviter selon Prescrire (voir LA) et il y a maintenant la liste des 78 oncomédicochirurgiens à encenser.

Nous pourrions parler aussi d'Agnès Buzyn, la directrice de l'INCa, dont un tweet rappelle avec intérêt le parcours professionnel et... privé (LA). Connaît-elle le rapport attribué à Cochrane ?
Nous ne parlerons pas non plus de l'ancien directeur de l'INCa, le professeur K, grand habitué des plateaux de télévision qui lui permettent d'augmenter ses honoraires de consultations privées, et qui en fut chassé pour malversations familiales.

Mais là, si vous le permettez, nous allons entrer dans le sublime, il y a aussi des dissidents de l'INCa. Des dissidents qui pensent qu'on n'en fait pas assez, que l'INCa est mou du genou, qu'il ne va pas jusqu'au bout, qu'il faut mettre le paquet. Ce sont les membres de l'AFU (Association française d'urologie) qui, contre toute logique, contre toute évidence, ont décidé que le PSA était l'alpha et l'omega du dépistage du cancer de la prostate. Les arguments de ces parangons de la vérité scientifique, de l'absence totale de liens d'intérêts et dont les représentants les plus brillants sont, par exemple, le grrrrrrrrrand professseur Guy Vallancien qui tient salon dans le journal Le Monde et qui a ses entrées un peu partout, comme on dit, et de plus petits professeurs comme Michaël Peyromaure, je le cite mais ne voudrais pas faire de jaloux, dont nous avons jadis analysé les brillants écrits (ICI) mais aussi le professeur Morgan Rouprêt qui s'est distingué récemment par la publication d'une tribune enflammée dans le journal L'Humanité.

Ces urologues font partie du club très ouvert des pro PSA et ils ont pignon sur rue. Ils disent le contraire des recommandations mondiales mais ils continuent de parader sur tous les tréteaux. Ce club rassemble ceux qui pensent, en gros, que seuls les urologues ont raison puisque ce sont eux qui font l'urologie, que l'épidémiologie est une science du passé, nous ne faisons pas de l'épidémiologie mais de la médecine (et ici de la chirurgie), que le sur diagnostic est une notion a posteriori qui donc, dans une pratique raisonnée et raisonnable de la chirurgie, est une donnée non prospective et que, au doigt mouillé, il est clair qu'on ne voit plus de cancers de la prostate métastasés, ce qui signifie, CQFD, qu'on a raison de couper les prostates, de les irradier, et d'hormoniser les patients pour les rendre immortels. Malheureusement le story telling urologique de l'AFU (qui, avec les années, a réussi à faire avaler la distinction entre dépistage personnalisé et dépistage universel) est a scientifique et démenti par les faits et les essais. Mais il ne faut pas parler d'essais cliniques à ces irréductibles Gaulois (2) ou seulement des essais qui vont dans le sens de l'urologie française triomphante, car, vous ne le saviez pas, je l'ai appris par tweeter du fameux professeur d'urologie de l'Institut Mutualiste Montsouris, que les essais cliniques nord-américains, notamment dans le NEJM, ceux qui affirment que le dépistage systématique du cancer de la prostate chez les hommes entre 50 et 69 ans, ne sert à rien en termes de mortalité spécifique sont des essais biaisés et qu'ils sont le fruit de l'impérialisme américain. 

Morgan Rouprêt publie donc "Un déni de démocratie sanitaire" dans le journal des travailleurs et des travailleuses (ICI) en jouant sur la corde sociale sensible. Cet article est un tissu de contre-vérités flagrantes, un appel au peuple, une argumentation (?) pleine de sensiblerie et un plaidoyer pour la spécialité chirurgicale la mieux dotée et où les honoraires sont parmi les plus élevés du corps médical. Que L'Humanité ne se trompe pas de combat. Morgan Couprêt développe des arguments idéologiques dignes d'une science néo lyssenkiste, celle qui veut tordre le cou non seulement aux données de l'épidémiologie (une science bourgeoise ?) mais aussi à l'impérialisme américain : les petits pois de Mandel sont remplacés par les noisettes de l'AFU. Les journalistes du quotidien communiste auraient pu se renseigner sur le bonhomme  (3, 4).


Et ainsi, je veux ajouter ceci : les chimiothérapies de troisième, quatrième, voire cinquième ligne sont des aberrations, sont des renoncements de la part des oncologues qui ne peuvent faire autrement que continuer le traitement pour ne pas désespérer Billancourt, pour ne pas avoir à dire dire aux malades et à leur famille "Nous avons échoué" comme n'importe quel médecin traitant le dirait à son malade de trente ans. Je dis que nombre d'essais cliniques sont menés  sur des cadavres ambulants en dépit de toute éthique, en faisant des promesses fallacieuses, en promettant la guérison à des patients qui sont déjà morts... Je dis que la finalité de ces essais est d'obtenir une AMM, une facile AMM, un prix considérable, facilement considérable, car, que voulez-vous, si on sauve un patient, il n'y a pas de prix, en cachant les effets secondaires ou en les minimisant et qu'ils permettent aux expérimentateurs de faire les malins dans les congrès en lisant des textes qu'ils n'ont souvent pas écrits en s'aidant d'écrans power point composés pour eux et aux frais de leurs maîtres big pharmiens.

Nous reviendrons dans une deuxième partie sur le plan cancer lui-même.

Je voudrais souligner, en guise de conclusion provisoire, que ce tableau apocalyptique est un constat systémique, il y a bien entendu des hommes et des femmes bons dans ce milieu, moraux, respectables mais on attend qu'ils quittent leurs fonctions pour qu'ils puissent parler et faire enfin les révélations que nous avons déjà faites.

PS (je rajoute ce qui va suivre le 4 août 2014 où, dans la même journée, j'apprends

  1. Qu'un article américain rapporte que les 71 dernières molécules anti cancéreuses (Tumeurs solides réfracraires et/ou métastatiques et/ou avancées apportaient en moyenne une survie augmentée de 2,1 mois) : LA
  2. Qu'un article américain rapporte une augmentation du nombre des K du sein chez les femmes entre 20 et 49 prenant une contraception O/P ICI : augmentation du risque relatif de 50 % ((OR, 1.5; 95% CI, 1.3–1.9))avec des variations selon les pilules. Les quelques cliniciens qui parlent de cela depuis des siècles vont-ils enfin être écoutés ?

Notes
(1) Le goût et le pouvoir, Paris, Grasset, 2007. Jonathan Nossiter dit à un chef étoilé célèbre après un repas :  "Vous êtes un excellent cuisinier mais un piètre restaurateur." parce qu'on mangeait bien mais que les clients étaient mal reçus.
(2) Les mêmes Gaulois qui continuaient à prescrire du distylbène (DES) alors que tout le monde savait (les non Gaulois) que c'était inefficace et dangereux ; les mêmes Gaulois qui prétendaient que le traitement hormonal de la ménopause était efficace, non dangereux, voire féministe -- nous n'avons pas le temps ici de développer.
(3) Pour les journalistes de L'Humanité, quelques données concernant le professeur fort de 378 articles recensés par PubMed (ICI), la bible de la production éditorial mondiale, certes été accusé de plagiarisme (ICI), ce dont il se défend, auteur de livres d'enseignement de l'urologie (LA), un médecin, dont la biographie est exemplaire (4), et qui, non content de collaborer largement avec l'industrie pharmaceutique (LA en inscrivant son nom puis en recherchant on retrouve 7 écrans) ce qui, selon la doctrine Lina (ICI) signifie compétence et indépendance.
(4) Morgan Rouprêt est chef de clinique assistant en urologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il est titulaire d'un Master Recherche et d'une thèse de doctorat en sciences (travaux de recherche fondamentale sur les mécanismes de cancérogenèse en onco-urologie).
Il a été récompensé par plusieurs prix dont la médaille d'or de chirurgie de l'internat des hôpitaux de Paris (2005), le prix Le Dentu-Renon de l'Académie nationale de chirurgie (2006) et le prix du Best Scolarship Award(2007) de l'Association européenne d'urologie. Il est aussi conférencier d'internat depuis bientôt 5 ans à Paris et en Proince