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jeudi 18 septembre 2014

Billet ouvert destiné à l'urgentiste de l'hôpital Lariboisière (Paris) entendu sur Europe 1 le 17 septembre 2014 vers 8 heures et qui a parlé de désorganisation de la médecine de ville.


(Ce billet n'est pas exhaustif, plus d'humeur qu'autre chose)
Je zappais ce matin dans ma voiture en roulant vers Mantes (1) et je tombe sur les informations d'Europe 1 (2) et un reportage sur les urgences de l'Hôpital Lariboisière (Paris). Bla bla de la journaliste sur l'encombrement des urgences, pas sur le temps d'attente, non, sur l'augmentation considérable du trafic (pardon, j'ai oublié les chiffres), des témoignages de patients, pourquoi mon copain est allé aux urgences, bla bla bla, et la journaliste de commenter les propos d'un urgentiste (j'ai oublié son nom), donc, on n'est pas certain qu'il ait vraiment dit cela, on connaît les journalistes, des propos rapportés, coupés ou déformés, qui raconte pourquoi rien ne va aux urgences. En substance, l'urgentiste (vous savez le type qui dit du bien des médecins généralistes en public et de l'extrême mal en privé et... aux urgences -- et, parfois, je ne saurais trop le contredire) n'a pas besoin de conférences, de commissions d'enquêtes, de réunions de consensus, de rapport Steg, non, il sait d'où viennent tous les maux des urgences, oui oui, c'est un génie absolu, attention les amis, accrochez-vous à vos sthétoscopes, vos tiroirs-caisses ou à vos logiciels métiers qui font de la publicité, La profonde désorganisation de la médecine de ville.
Le mek docteur des urgences, y se la raconte pas, y nous la fait mesuré, dans le genre, l'hôpital, ce hâvre d'organisation, cette pépinière de jeunes pousses, ce nid d'économies, ce paradis du travail bien fait dont tous les personnels épanouis redemandent, va donner la leçon à la médecine de ville désorganisée...
Le mek, y manque pas d'air.
Reprenons quelques uns de ses arguments, pas piqués des hannetons : y a trop de monde aux urgences (le Josep Prudhomme de la médecine d'urgence a pris des cours avec le Pelloux de Koh-Lanta) ; y a des gens qui n'ont rien à y faire (pour l'instant, on suit et on ne dit rien, nous les désorganisés de la cervelle et du libéral associés) ; le délai est tel pour avoir des IRM que les gens préfèrent aller aux urgences pour en avoir une (là, le mek docteur organisé dans sa tête, y commence à déraper grave du ciboulot) ; donc, il faut créer des maisons de garde avec du matériel pour que les médecins généralistes puissent faire (enfin) de la (vraie) médecine.
Docteur Lariboisière du Service Public, y connaît qu'un modèle, celui de l'hôpital organisé et qui marche, celui où tout le monde a envie d'aller même en n'étant pas malade, et donc y propose aux médecins de ville, ces khonnards inorganisés du cerveau, de faire des urgences en petit... avec des petites IRM, sans doute...
Ce qu'il n'a pas compris c'est que la majorité (je fais cela à la louche mais mon oreillette me dit que je ne suis pas loin de la vérité) des citoyens qui vont aux urgences n'ont rien à y faire, non parce qu'ils mériteraient des soins ambulatoires (une consultation en Maison Médicale de Garde par exemple), mais parce qu'ils ne sont pas malades... ou qu'ils pourraient attendre. Mais aussi : que la majorité des patients consultant en médecine ambulatoire ne sont pas malades du tout ou pourraient bénéficier clairement de l'utilisation de kleenex ou de paracetamol ou d'un régime approprié pour combattre une diarrhée aiguë. Et je ne parle pas d'automédication, je parle d'abstention pure et simple. Mais les malades, me dit un copain pharmacien, quand ils ont un rhume, ne pourraient-ils pas aller "consulter" en officine ? Ben, ça pose problème : quand un citoyen sort d'une pharmacie après qu'il a consulté over the counter (OTC) pour un rhume, il n'est pas rare qu'il ait eu droit d'acheter des saloperies dans le genre Actifed, Dolirhume, qui contiennent des saloperies comme la pseudo éphédrine... Quand il ira chez Leclerc, cela ne s'arrangera pas : "50 % sur la pseudoéphédrine et des points sur la carte du même nom !" qu'elle dira la pub dans les télévisions et les radios... Mais ne me faites pas dire qu'il n'existe pas des médecins généralistes dans le même métal qui prescrivent rhinadvil et derinox à tours de bras dans la même indication...
Donc, Monsieur l'organisé des urgences de l'hôpital Lariboisière (Paris), si je peux me permettre une incise de médecin de ville désorganisé, si les non malades n'encombraient pas les consultations de médecine générale (et y compris, comme disent les énarques de gauche, les certificats de merdre pour le sport, la pétanque, l'école, la crèche, la prise de paracetamol à la crèche, les certificats de bonne santé, les arrêts de travail non faits aux urgences, passez voir votre médecin traitant, les effets indésirables des médicaments prescrits aux urgences -- je veux dire, ouvrez vos oreilles l'organisé de Larib, le tramadol, le tramadol et encore le tramadol, les allez voir votre médecin traitant pour qu'il vous prescrive un écho-doppler veineux parce que je ne sais pas le faire aux urgences et que votre malade il a peut-être une phlébite), si les non malades n'encombraient pas les consultations de la médecine de ville désorganisée, eh bien nous aurions plus de temps (ah, j'oubliais, enlevez de votre tête organisée que nous sommes des feignants, des flemmards, des planqués libéraux qui faisons les 35 heures et pour qui un sou gagné est un sou net...) de voir des (vrais) patients qui n'iraient pas aux urgences parce que cela ne serait pas urgent...
N'oubliez pas non plus, Monsieur l'organisé des urgences de l'hôpital Lariboisière, que, dans la majorité des cas, ce ne sont pas d'examens complémentaires dont nous avons besoin, en soins ambulatoires, mais d'une capacité (les meks modernes, y disent compétence) que vous avez sans doute perdue dans vos locaux organisés, algorithmés, normativés, avec des protocoles (et nul doute que la protocolisation des urgences pour certaines pathologies a rendu les nuls moins nuls mais les bons moins bons) de plus en plus longs et qui ne sont plus que des croix sur des formulaires, qui est de gérer l'incertitude. J'ai écrit un billet qui s'appelait, par provocation, "Ne pas être curieux", où je développais l'idée que l'expérience, l'intuition et la mesure devaient être les qualités primordiales du médecin généraliste afin de rassurer le patient sur sa maladie et ne pas le rendre malade (ICI). Des Spence, médecin généraliste écossais éditorialiste au BMJ, actuellement en année sabbatique, a écrit des choses merveilleuses sur le sujet.
Voici par exemple et, d'une certaine façon, cela va dans votre sens, mais pas dans celui des centres médicaux avec possibilité de faire des examens complémentaires (LA) : Spence commence par ceci : un aspect économique négligé est celui de la fonction primordiale de la médecine de premier recours qui est de faire barrière (gatekeeper). Les coûts de la santé publique sont liés aux coûts hospitaliers, poursuit-il. L'efficience de la médecine générale doit être jugée ainsi : une analyse de sang coûte quelques dizaines d'euros, une consultation externe quelques centaines, une admission en urgence quelques milliers. La valeur de la médecine générale ne tient pas à ce qu'elle fait mais à ce qu'elle ne fait pas.
Pour cela il faut avoir du temps. Mais on pourrait appliquer cette dernière phrase aux urgences : La valeur des services d'urgence tient à ce qu'ils font en cas de maladies urgentes graves et à ce qu'ils ne font pas en cas de maladies "urgentes" bénignes.
Pour cela il faut avoir du temps.
Nous en convenons. Les protocoles des urgences prennent du temps et de l'argent (n'oublions pas, on omet souvent de le dire, du poids économique que représente le service des urgences dans un hôpital, je veux dire du poids économique bénéficiaire pour les finances de l'hôpital malgré la montagne des impayés dont le recouvrement, parlez-moi du Tiers Payant Généralisé délocalisé en médecine de ville désorganisée, est fait aussi par le Trésor Public) et il serait utile que les urgentistes seniors ou non connussent des notions banales en médecine comme les couples spécificité / sensibilité et Valeur prédictive positive / valeur prédictive négative, ce qui permettrait de résoudre quelques impatiences dans les laboratoires et les services de radiologie attenants.
Trop d'IRM aux urgences tue l'IRM.
Plus le médecin urgentiste est expérimenté et moins on fait d'IRM.
Je n'ai pas encore parlé des Services d'Urgences Non programmés dans les cliniques privées pour lesquelles un billet entier serait nécessaire.

Ainsi, l'afflux aux urgences est aussi lié, vous n'y êtes pour rien, au Droit Imprescriptible des Citoyens à être en Bonne Santé et Tout de Suite !

J'ajoute, pour faire bonne mesure, que si des critiques sont émises sur la façon dont certains médecins généralistes "adressent" leurs patients aux urgences, je les prends en compte.
Mais il serait également utile que les patients adressés par leur médecin traitant aux urgences (avec une lettre tapuscrite éclairée) soient pris en charge avec plus de soin, si j'ose dire, que le patient tout venant qui vient pour un arrêt de travail.

Donc, si les urgences de l'Hôpital Lariboisière (Paris) sont débordées c'est à cause de la désorganisation de la médecine de ville. 
Circulez, y a rien à voir.

Amen.


Notes
(1) Je n'ai jamais compris, mais on va m'expliquer, que sur France-Culture les informations de 8 heures soient à la même heure que celles de France-Musique, certainement une exigence syndicale pour qu'il y ait deux rédactions distinctes et qu'ils disent la même chose, ou presque, au même moment, et moi, quand j'écoute l'une ou l'autre des radios, je veux écouter de la culture et de la musique, pas des infos générales avec des resucées des différentes chaînes de radio-France... je passe, c'est pas le sujet...
(2) J'aimais écouter Philippe Meyer à 7 heures 56 et on me l'a enlevé, le Meyer, et les émissions de Marc Voinchet devenant d'un gnan gnan terrible, je tente d'écouter la chronique de Dany le rouge sur Europe 1 à 7 heures 55... d'où...

Crédit photographique : Bali-Sanglah Public hospital. ICI pour illustrer l'hôpital Baliboisière (Paris)