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samedi 11 janvier 2020

Loi inverse des soins/Inverse Care Law


La possibilité d'accès à des soins médicaux de qualité varie de façon inverse aux besoins des populations.

Nous commençons un rappel des fondamentaux.

Premier épisode : Inverse Care Law et PMI.

En ces temps de Lanceurs d'alerte a posteriori (LAAP) et au moment où je viens, après deux ans de démarches administratives, d'obtenir une dérogation pour la poursuite de mes activités de médecin généraliste en plein centre du quartier du Val Fourré (voir ICI ou LA pour des données démographiques et sociales) et au moment où j'ai fixé ma date de départ à la retraite le premier juillet 2021 et au moment où je sais, depuis environ un an et demi que je ne peux avoir d'associé (trouvé) ni de successeur (trouvé) parce que mon bailleur social refuse de changer l'intitulé du bail pour ne pas avoir à réaliser des travaux d'aménagement pour les handicapés comme la loi le leur impose désormais et donc, en sachant que le local que nous occupions depuis 1984 sera rendu au domaine locatif normal, comme le cabinet dentaire contigu il y a environ un an, parlons un peu de médecine et de social.

L'élu UMP Pierre Bédier, ancien maire de Mantes-la-Jolie, estime qu'il y a 80 % de musulmans dans le quartier12. En 2013, 28 % des ménages sont imposés. 62,2 % de la population déclare des revenus bas, 45 % se déclarent en-dessous du seuil de pauvreté selon les normes INSEE. En 2011, 25 % des habitants ont moins de 14 ans. 75 % de la population n'a pas de diplôme ou un diplôme inférieur au bac en 201013.

C'est un ghetto.

La population est estimée entre 18 et 20 000 habitants.

Aujourd'hui je vous parle d'un truc simple : il n'y a plus de PMI au Val Fourré.

Quand je suis arrivé en 1979 (environ 27 000 habitants) il y avait quatre structures distinctes de PMI.

Il existait à la mairie de Mantes-La-Jolie un bureau de la scolarité où toutes les vaccinations des enfants étaient consignées.

Certains collègues libéraux, à cette époque la concurrence était rude, estimaient que les impôts locaux (des libéraux) servaient à financer ces PMI qui constituaient une forte entrave à l'accès des enfants aux cabinets libéraux.

Récemment, la dernière PMI du Val Fourré a été fermée et les familles doivent se rendre au centre-ville, à pied, en bus, en voiture, pour consulter. Les locaux sont propres et petits. Ce n'est pas proportionné aux problèmes sociaux que vit le Val Fourré.

Inverse Care Law.

On me dit que c'est pareil partout.

Quand les structures communautaires de soins ferment, quel que soit le pays, quelle que soit la région, quelle que soit la commune, ce sont les plus pauvres qui trinquent.

Jadis, c'était au Moyen-Âge, sans doute, il y avait des médecins itinérants qui se rendaient dans les zones sensibles, foyers de travailleurs, aires de stationnement des gens du voyage (je ne sais pas comment on dit exactement) Eh ben, c'est fini.



La carte du monde représente en haut le pourcentage de gens aveugles et en bas celle du pourcentage d'ophtalmologistes

jeudi 30 juin 2016

Attention, phrase culte : "Chaque euro dépensé par les soignants est à 99 % bon pour le pays (0,1 % de fraude et encore je suis large)."

La vision de Saint Jérôme. Louis Cretey (1635-1702)

C'est la phrase du siècle.

Par qui a-t-elle été prononcée ?

1) Marisol Touraine
2) Etienne Caniard
3) Jérôme Marty
4) Le LEEM

Ainsi, les soignants sont des saints.
Ainsi soit-il.
Tout irait mieux dans le meilleur des mondes si les soignants étaient au pouvoir.

Monsieur Jérôme Marty, puisque c'est l'auteur de cette phrase historique qui mérite d'être gravée dans le marbre, doit vivre sur une autre planète. 

Bon pour le pays ou bon pour les citoyens ou les patients ?

A-t-il entendu parler des 30 (selon Prescrire) à 50 % (selon Peter Gotzsche) de sur diagnostics dans le cancer du sein ? 

A-t-il entendu parler de la façon dont le prix des médicaments est fixé ?

Sait-il les largesses de l'industrie pharmaceutique à l'égard des médecins ?

Sait-il que seules des mesures réglementaires ont permis de diminuer voire de tarir la prescription de médicaments inutiles et/ou dangereux et non le bon vouloir ou la résistance des médecins ?

Sait-il la sur prescription de médicaments liés à la réception de la visite médicale (par 70 à 80 % des médecins généralistes, par exemple) ?

J'arrête là car notre docteur pourrait dire que la fraude dont il parle n'est pas celle que je cite de façon aussi peu exhaustive. Mais je conseille de lire le blog.

Il parle sans doute de sur facturation, de dissimulation fiscale, de paiements en espèces, de prescriptions irraisonnables et irraisonnées, de faux actes de faux arrêts de travail, de trafics en tout genre...

ICI pour le texte complet de Jérôme Marty.



Le pire vient de ce qu'il répond à une (mauvaise) étude de l'UFC - Que Choisir sur les déserts médicaux dont on ne peut pas dire que la rigueur soit la méthode et les propositions l'intérêt. Alain Bazot dit ceci : "On est dans un état d'urgence sanitaire." De qui se moque-t-il ? L'association parle de fracture sanitaire et propose une carte interactive LA que j'ai regardée pour mon coin, Mantes-La-Jolie, et qui ne dit pas grand chose de très convaincant. Faire notamment de l'accès aux pédiatres un facteur anti fracture sanitaire me laisse rêveur.

Dans les deux cas, celui d'une association de médecins et celui d'une association de consommateurs, on passe, à mon avis, à côté du problème central. Car médecins comme consommateurs ne peuvent qu'encourager la consommation.

Je ne vais pas vous sortir la balle magique mais, malheureusement, me répéter.

La refondation du système de santé passe par moins de médecine pour ceux qui disposent de conditions socio-économiques favorables, plus de services de santé pour ceux qui n'ont pas un niveau socio-économique favorable et une meilleure clairvoyance dans ce qui est médical et ce qui ne l'est pas. Mais cela suppose une réflexion globale sur la prévention, le dépistage, la gestion des maladies chroniques. Cela suppose que les études de médecine soient elles-aussi refondées (je n'y crois pas une seule seconde) et que les représentations collectives de la santé soient modifiées (cela n'en prend pas le chemin). Moins de médecine en général signifie plus de médecine en particulier. Plus de services de santé signifie certes plus d'intervenants mais aussi des politiques générales de Santé publique qui ne soient plus au service des industriels mais des citoyens.

Fini le rêve.

Il faut en finir avec l'Inverse Care Law ou Loi Inverse des Soins. La disponibilité de soins médicaux de qualité est inversement proportionnelle aux besoins de la population desservie (Julian Tudor Hart - 1971). Voir LA