lundi 29 mai 2023

Bilan médical du lundi 22 au lundi 29 mai 2023 : le système de santé est en crise et la réponse des soignants : C'est pas moi, c'est les autres. Avec : urgences, gynécologie, essais contrôlés, fluoroquinolones, SCI-HUB, infections nosocomiales, l'oncologie en folie, conflits d'intérêts, angioscanners, RSA, IHU.

 


Le système de santé est en crise.

Tout le monde le reconnaît ou presque.

Tout le monde a des solutions : de l'argent, de l'argent, de l'argent. Et nous ferons le reste.

Cette semaine, plus que les autres semaines, les acteurs de santé répètent à l'envi : c'est pas moi qui dois changer, c'est l'autre.


180. Le problème des urgences ne vient pas des urgences (c'est du deuxième degré).

La crise de la santé publique est unanimement admise dans tous les pays développés (bis repetita).

Un urgentiste nord-américain nous donne son avis dans un fil twitter qui n'a pas manqué d'être applaudi par les urgentistes de ce côté de l'Atlantique.

Voir le fil : ICI.

Ça commence fort : 


C'est pourquoi, en France, sachant que les urgentistes ne pouvaient rien avoir à se reprocher, le Ministre de la Santé est un ancien urgentiste, Frédéric Braun. On voit le massacre.

On n'avancera pas beaucoup si on continue comme ça : 
  1. Il y a une crise de la Santé publique
  2. C'est pas moi c'est l'autre
  3. Le problème des soins primaires ne vient pas des soins primaires
  4. Le problème des soins palliatifs ne vient pas des soins palliatifs
  5. Le problème de la psychiatrie ne vient pas de la psychiatrie.
  6. Ad libitum.
  7. Tout va le mieux dans le meilleur des mondes possible (Leibniz).

181. Le problème du respect des patientes en gynécologie ne vient pas de la gynécologie (c'est du deuxième degré).

Vu sur internet

On n'avancera pas beaucoup si on continue comme ça : 
  1. Il y a une crise de la Santé publique
  2. Le problème sera résolu par les médecins
  3. Les patients, et ici les patientes, n'ont qu'à la fermer
  4. Sinon, qu'elles aillent voir ailleurs.
  5. Les gens qui savent, qui disent la médecine, qui savent mieux que les concitoyennes (pas encore malades) ce qui est bon pour elles, continuent de dire : 3circulez, y a rien à voir".


182. Le problème de l'absence d'essais contrôlés ne vient pas des essais contrôlés (c'est du deuxième degré).

Damien Barraud (@fluidloading) revient sur la (vieille) affaire de la flécaïnamide dans un thread (fil) qui souligne combien les essais bien menés sont nécessaires en médecine. Voir LA.

Damien Barraud, c'est le médecin qui s'est opposé dès le début aux raoulteries et aux autres charlataneries perronno-douste-blazyennes, et qui a dû subir les assauts des hordes de débiles hors-la-loi éructant à Marseille comme à C-News, à France-Soir ou à RMC (ils se reconnaîtront).

Mais Damien Barraud, c'est aussi le médecin qui n'a pas commencé par Raoult et qui ne s'est pas arrêté à Raoult pour dénoncer les essais cliniques frauduleux, les prises en charge médicales non fondées sur les preuves (ils se reconnaîtront aussi) et l'exigence de toujours plus d'éléments de preuves pour décider de traiter.

Ce thread/fil montre combien le bon sens, les idées préconçues, la physiopathologie ou l'étiopathogénie, ne suffisent pas pour emporter l'adhésion sur un traitement qui n'a pas, selon les normes actuelles (bien dégradées) des essais cliniques contrôlés, montré son efficacité sur des critères validés.

Et, fait rare, il y a plus de morts dans le groupe flécaïnamide que dans le groupe placebo !




Phase I pour la transmission du Sars-CoV-19



183. Le problème de la sur prescription de fluoroquinolones n'est pas liée aux prescripteurs de fluoroquinolones (c'est du deuxième degré).

L'ANSM rapporte LA les règles de prescription des fluoroquinolones.

Il est probable, pour que l'ANSM s'en mêle, et pour que l'agence européenne (EMA) mette son grain de sel  (elle qui est d'une passivité déconcertante quand il s'agit de dénoncer les industriels qui la finance), qu'il s'est passé quelque chose.

Eh bien, les défenseurs du système, pour les fluoroquinolones, ont une stratégie un peu différente :

  1. Les fluoroquinolones sont des produits majeurs : il ne faut pas les interdire. On se demande qui aurait eu cette idée folle.
  2. On exagère.
  3. Moi, je les prescris toujours bien.
  4. Il n'est jamais bon de dénoncer les brebis galeuses.
  5. Il n'y a pas tant d'évènements indésirables que cela dus aux fluoroquinolones







184. Le problème de la marchandisation de la connaissance scientifique n'est pas liée aux marchands (c'est du deuxième degré).




Le problème de l'accès aux articles scientifiques est peu abordé sur ce blog mais largement développé par le blog Rédaction Médicale d'Hervé Maisonneuve : ICI.

L'atomisation des titres, le nombre de publications, la cherté des abonnements font que nombre d'étudiants, de thésards, de doctorants et autres rédacteurs d'articles ont beaucoup de mal à se procurer des articles gratuitement.

C'est interdit, donc, ne diffuser pas une méthode pour passer outre : LA.


185. Le problème des infections nosocomiales sera résolu en ne les déclarant pas (c'est du deuxième degré).

Un rapport de Santé publique France (voir LA) relate l'augmentation des infections nosocomiales en 2022 qui serait due au Covid.

Le fait majeur : les établissements de santé ne déclarent pas massivement les infections nosocomiales comme les événements indésirables liés aux médicaments.

Et là, on peut dire : Circulez, y a rien à voir.







186. L'oncologie en folie et le problème ne vient pas des oncologues (c'est du deuxième degré)






Et l'article est  LA


Clara Locher fait feu de tout bois






Et


For 21 years, novel cancer drugs have typically been approved based on one single, often uncontrolled, clinical trial, measuring surrogate endpoints. This leaves cancer patients without solid evidence that novel drugs improve their survival or QoL and there is no indication towards improvement.

C'est LA





187. Les conflits d'intérêts pour les nuls (c'est pas moi c'est les autres)


Le professeur Didier Dreyfus sur Youtube



188. Quand l'extrême-gauche participe au cirque macronien du dépeçage de la Santé publique




189. Quand les recommandations ne sont pas suivies : à propos des angioscanners pour suspicion d'embolie pulmonaire aux urgences


Voir ICI le thread/fil complet de @FreundYonathan qui vous explique que malgré les recommandations le nombre d'angioscanners demandés aux urgences explose sans qu'il n'y ait de diminution de la mortalité !


Conclusion : 




190. Le tiers des foyers ayant droit au RSA n'en profite pas (salauds de pauvres : c'est du deuxième degré)




Voir l'article de Libération LA


191. Nous n'avons pas parlé de La Tribune parue dans le journal Le Monde contre l'IHU de Marseille

Parce qu'elle nous a fait rire (c'est du premier degré).

C'est ICI.

Pourquoi nous a-t-elle fait rire ?

Juste le titre : "En l'absence de réaction des institutions, les graves manquements constatés pourraient être la norme." 

Hu hu hu : elles le sont (presque) déjà.

Cf. supra : 186.



dimanche 21 mai 2023

Bilan médical du lundi 15 au dimanche 21 mai 2023 : vaccination Covid inéquitable, espérance de vie US en baisse, Ozempic, USPSTF, la fête de la cancérologie, conflits d'intérêts, antidépresseurs.

 
Non, les fearmongers, les anti-eugénistes n'ont pas prescrit des khonneries de santé publique.

169 - La vaccination contre le Covid dans le Neuf Trois : inéquitable

Un article en preprint (ICI) rapporte qu'entre le 8 janvier et le 30 septembre 2021, 32712 personnes se sont fait vacciner à l'hôpital Avicenne de Bobigny (93). Que les premières personnes vaccinées furent celles provenant des zones socialement favorisées.

On le savait mais c'est vérifié.

La loi inverse des soins (Inverse Care Law) s'applique non seulement dans les zones favorisées (plus de ressources qu'ailleurs) mais aussi dans une zone défavorisée où ce sont les personnes dont le statut socio-économique et éducationnel est le plus élevé qui viennent squatter les zones défavorisées.

Commentaires de Nicolas Berrod, journaliste au journal Le Parisien, qui a pu se procurer l'article lui-même en preprint et il fait des commentaires passionnants qui vont en ce sens : (LA

On attend l'article en publication post revue...



Où s'asseoit le médecin ? Pas d'asymétrie ?



170. Pourquoi les Américains meurent-ils si jeunes ? 

Un article (terrifiant) du Time (LA)



Voici quelques raisons.

A dysfunctional and costly healthcare system

Societal systems that undermine wellbeing and accelerate inequality

An inadequate policy response to growing inequality and precarity

Structural racism, racial capitalism, and their attendant injustices





171. Ozempic : un nouveau Mediator ?

Mes amis prescripteurs : allez-y, prescrivez Ozempic quand vos patientes (et vos patients) vous le demandent, vous ne serez jamais inquiétés s'il y a des problèmes : aucun prescripteur de Mediator n'a jamais été poursuivi.

Une AMM obtenue dans des conditions peu évidentes.

Jamais le passé n'éclaire le présent.

En plein procès Mediator.

Notre amie la HAS est aussi favorable au remboursement  du Wegovy : ICI

Sachez que la perte de poids obtenue sous semaglutide cesse à l'arrêt du traitement et qu'aux États-Unis d'Amérique (cf supra 170.) on initie le traitement chez les enfants.



Réussir sa vie après cinquante ans.


172. Les nouvelles recommandations de l'USPSTF concernant le dépistage du K du sein aux US auront un impact économique fort.


The Task Force now recommends that all women get screened for breast cancer every other year starting at age 40. Voir ICI.


Au-delà des doutes réels sur le rapport bénéfices/risques d'une telle recommandation (les lecteurs du blog sont habitués à notre recension des analyses sur le manque d'effet du dépistage du cancer du sein par mammographie dans la tranche d'âge 50 - 74 ans), un article de Oncozine (ICI) indique que des prévisions économiques indiquent que cela pourrait avoir des conséquences (favorables) pour les fabricants de matériel : en 2021 le budget de la mammographie aux US était de 1,9 milliard de dollars et les projections en 2030 seraient de 4,3 milliards de dollars !

Cancer Rose nous reparle (en anglais) du surdiagnostic dans le dépistage du cancer du sein : LA

17 à 38 %


Cream : Ginger Baker, Jack Bruce, Eric Clapton


173. Cancérologie

173.1 Comment interpréter un essai en cancérologie.

Vinay Prasad propose (LA) de la lecture critique d'article de haut niveau en donnant des outils exploitables immédiatement.

Mais c'est vraiment pour des spécialistes des essais en tout genre.


173.2 Une tribune dans le journal Le Monde sur les essais en cancérologie

LA





Un commentaire bien assassin d'un illustre non déclarant ses liens d'intérêts et/ou d'où il parle.


Le mek doit détester Vinay Prasad (cf. supra)

173.3 Un article écrit par des oncologues (d'autres débiles) dans une revue anglo-saxonne 

(LA)



Des différences irréconciliables : divorce entre les taux de réponse, la survie sans progression et la survie globale.

173.4 Un article sur les changements de critères finaux dans les articles en cancérologie



...70% of the trials examined did not include information about primary endpoint changes in articles published in medical journals...










174. Les conflits d'intérêts favorisent les avis défavorables

On n'y croit pas !

Commentaire (LA) qui nous donne des indications précises sur la question.


21 fois plus d'avis défavorables sur le Nutriscore si les auteurs déclarent leurs liens d'intérêts avec l'industrie alimentaire


Odilon Redon La Barque, 1892…


175. Deux tiers des associations de patients US reçoivent de l'argent de l'industrie (des médicaments)...

Voir ICI

115 millions de dollars en 2015 !

On y a apprend, par exemple, que 


176. ... Mais aussi le groupe de travail de la nouvelle directrice du National Institute of Health !



43 millions de dollars en une année !


Kenzaburô Oé (1957-2023)
Prix Nobel de littérature 1994




177. Les antidépresseurs ont un effet modéré sur la qualité de vie des patients souffrant d'une première dépression sévère !


Une méta-analyse (LA) d'essais contrôlés randomisés antidépresseurs vs placebo rapporte également que dans le cas de récidives ou de suivi l'amélioration de la qualité de vie est douteuse.

178. Evitez de prescrire des antidépresseurs lors de la première consultation en soins primaires

Cette primo prescription est d'autant plus inefficace que la dépression est peu marquée.

L'article est court et l'intéresse tous les MG : LA





179. Les effets d'un traitement anti HTA intensif disparaissent au long cours.


C'est une réanalyse d'un essai antérieur. ICI

Faut dire qu'ils n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère ! PAS < 120 mm Hg !




J'ai oublié plein de trucs : actualité trop riche !






dimanche 14 mai 2023

Bilan médical du mardi 9 au dimanche 14 mai 2023 : douleur chronique et antidépresseurs, qualité de vie des étudiants en santé, dépistage du K du sein, cigarette électronique

 

Quand les députés décident de ce que doivent faire les MG sans en parler aux MG

165 Les antidépresseurs ne "marchent" pas dans la douleur chronique.

Une revue Cochrane (ICI).


via @Leya_MK


166. La qualité de vie des étudiants en santé est inquiétante

Un rapport de l'IGAS en témoigne : ICI

Il faut se méfier des rapports de l'IGAS qui sont toujours des rapports politiques.

Mais : 5 facteurs identifiés :

  • Violences sexistes et sexuelles
  • Risques psychosociaux
  • Précarité financière
  • Conditions de travail en stage
  • Addictions.
A lire, donc.


Bill Brandt Coal-Miner’s Bath Chester-le-Street, Durham England, 1937…

167. Encore de la littérature cette semaine sur le dépistage du K du sein.

Je sais, je radote.

Vinay Prasad pendant 37 minutes (n'hésitez pas à mettre les sous-titres).




Gilbert Welsch il y a 2 ans sur l'IRM comme outil de dépistage (6 mn).




Michael Baum en 48 mn sur les tumeurs in situ (DCIS)






Enlever les tumeurs in situ ne diminue pas le nombre de tumeurs évoluées.


L'industrie du rose (dépistage du K du sein) décortiquée en 1H37






Conclusion : il faut informer les citoyennes.


168. La cigarette électronique avec nicotine permet d'augmenter le taux d'arrêt du tabac, 

soit 4 abandons de plus pour 100 personnes, par rapport aux traitements substitutifs. C'est donc peu.

C'est une revue Cochrane (LA) ayant analysé 78 études randomisées.

Pas de différences par rapport à la cigarette électronique non nicotinée. Pas de différence non plus avec les autres traitements ou pas de traitement du tout.

A suivre car les essais méritent des développements.



C'est tout pour cette courte semaine.


lundi 8 mai 2023

Bilan médical du mardi 2 au lundi 8 mai 2023 : territoires, placebo et effet placebo, empowerment, experts, BNP.

 

160. Comment les territoires sont organisés : on hésite entre Jérôme Bosh et Jackson Pollock. ⏫⏫⏫

Et ce schéma des Yvelines est ancien. D'autres structures se sont ajoutées, les DAC ou dispositifs d'appui à la coordination (suite) dans le nord et le sud du département... par exemple.


Nicolas de Stael

161. Placebo, effet placebo : cessons de mentir aux patients. 

Les habitués de ce blog savent quel est mon point de vue sur l'utilisation d'un placebo en médecine.

Je l'ai exposé ICI en novembre 2008 avec comme titre provocateur : "L'usage du placebo en médecine : un danger pour le prescripteur." 

Rappelons ceci : 

1) L'effet placebo est estimé entre 30 et 60 % selon les pathologies.

2) On parle aussi d'effet contextuel, le fait d'être reçu par un professionnel de santé dans une structure médicale, par exemple, d'où la notion d'effets placebo au pluriel

3) Il ne faut pas confondre le placebo et l'effet placebo

4) L'effet nocebo est une autre version de l'effet placebo mais il semblerait qu'il fût moins recherché... 

5) Les dangers de l'utilisation d'un placebo

Les tenants et les aboutissants de l'usage du placebo en médecine sont malheureusement oubliés par les médecins, surtout quand il s'agit d'essais cliniques contrôlés (1). Ainsi, je voudrais souligner plusieurs dangers liés à l'utilisation d'un placebo : cela pollue la relation médecin malade, cela accentue la relation asymétrique -paternalisme- existant entre les médecins qui savent et les patients qui souffrent, cela peut être médicalement dangereux -spécialement quand le but du médecin est de savoir si oui ou non le patient souffre d'une affection organique- et renforce l'arrogance du médecin, infantilisant les patients encore plus. Citons Howard M Shapiro : "Finalement nous avons à considérer ce qui peut être le plus grand danger pour le médecin, à savoir que donner un placebo pourrait lui donner une opinion encore meilleure de ses propres capacités à aider."(2)

(1) Spiegel D, Harrington A. What is the placebo worth? BMJ 2008;336:967-8. (3 May.)[Free Full Text] 
(2) Shapiro HM. Doctors, patients, and placebos. Yale: Yale University Press, 1986.


Un article paru dans le journal du CNRS (LA) interroge encore sur l'usage du placebo. 

Le problème éthique est au centre de l'utilisation de placebos en médecine, enfin, pour certains médecins, car d'autres ne s'embarrassent pas de ce genre de préoccupation et prétendent, et ce point de vue est défendable, que le but des soins est de soulager les patients et que peu importent les moyens (conséquentialisme, utilitarisme, et cetera).

L'article du CNRS aborde la question sous l'angle de l'utilisation d'un placebo honnête qui permettrait de contourner le mensonge ou la trahison (en anglais : deception) liés à l'utilisation d'un placebo classique. En réalité, il s'agit plutôt d'une façon plus honnête de prescrire un placebo ou une façon de prescrire un placebo sans tromperie.

Il rappelle une étude de Kaptchuk TJ et al (LA) parue en 2010 qui a été très souvent citée.

Son titre (je traduis) : Placebos sans tromperie : un essai randomisé contrôlé dans le syndrome de l'intestin irritable.

Il s'agissait donc de comparer un groupe de patients à qui on prescrivait un placebo en leur disant que c'était un placebo et en leur expliquant que cela pouvait avoir un effet positif (placebo honnête) à un groupe de patients non traités. 

Cet essai a montré une amélioration statistiquement significative des symptômes à J11 et J21 dans le groupe placebo honnête par rapport au groupe non traité mais ce simple énoncé indique que l'essai souffre de limitations méthodologiques majeures.

  • Le colon irritable est une entité pathologique mal définie
  • L'étude est randomisée, contrôlée mais n'est pas aveugle
  • Il y aurait dû y avoir 3 groupes : produit "actif" (dans le colon irritable ?), placebo honnête avec explications et placebo sans explications.

Une étude ultérieure randomisée mais ouverte (2017), LA, a comparé, en cas de douleurs localisées, les effets de 4 prises en charge : 

  • crème placebo honnête (le malade sait qu'il reçoit un placebo), 
  • crème placebo honnête avec informations (le malade sait qu'il reçoit un placebo mais on lui explique les mécanismes d'action physiopathologiques possibles d'un placebo), 
  • Crème placebo trompeuse (on ne dit pas au malade qu'il s'agit d'un placebo)
  • Pas de traitement du tout.
Les résultats montrent qu'il n'y avait pas de différences significatives entre les 3 premiers groupes mais que le fait d'informer diminuait l'efficacité (NS).

Enfin, les auteurs de l'article du CNRS présentent des résultats préliminaires d'un essai sur la douleur qui indiquent qu'il n'y a aucune différence entre la prescription d'un placebo annoncé comme produit efficace et d'un placebo annoncé comme un placebo.

Pourquoi donc mentir aux patients ? 

On me signale un podcast sur France-Culture, voir LA, dont l'épisode 5/6 parle de "Placebo, le tromperie qui soigne ?" :  c'est gratiné de chez gratiné ! Et très peu en rapport avec les études que je viens de vous citer.

Un autre essai passionnant : https://psycnet.apa.org/record/2003-07872-001 où l'on voit que cacher aux patients l'administration d'une prise en charge pharmacologique ou non pharmacologique est moins efficace que le leur dire...

Conclusion : 

  • Quand on utilise un placebo il vaut mieux le dire aux patients pour des raisons d'éthique et d'efficacité.


Lumières de la nuit par @dominiqueloubet


162. Tribune surréaliste dans l'Express : l'empowerment expliqué aux Nuls.

Les tribuniciens/ciennes ont encore frappé : voir LA

Une tribune qui ne parle pas de l'empowerment.

J'aurais pu signer mais, bien entendu, personne parmi les signataires n'auraient pu me le proposer. Cela aurait fait tache. Un incroyant qui prierait avec des zélotes...  Ou alors un croyant priant avec des pècheurs.

Comme on dit, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde, j'aurais pu signer ce catalogue de bonnes intentions mais pas avec tout ce monde.

Car.

Parmi elles, #PasToutes, les tribuniciens/ciennes, il y a des champions du monde de l'anathème, de l'insulte, de la dénonciation,  qui n'hésitent pas à traiter le collectif qui ne pense pas comme eux de négationnistes (l'approche du point Godwin n'est pas furtive), de révisionnistes, de tueurs d'enfants (à la pleine lune), 

parmi eux, #PasTous, il y a les championnes du monde de la prédiction catastrophique, les fausses Cassandre, les Elisabeth Tessier de l'épidémiologie, les astrologues de la mort en masse des enfants dans les écoles, les prévisionnistes fous du PIMS généralisé, du covid long à tous les étages, 

parmi elles, #PasToutes, il y a les champions du monde du dépistage des cancers tous azimut sans information des participantes (surtout les femmes, hein) et des participants sur la non diminution de la mortalité globale, sur les sur diagnostics et les sur traitements, 

parmi eux, #PasTous, il y a les championnes du monde de la consultation à 50 € et du déconventionnement, sans doute dans un but d'un meilleur accès collectif aux soins, il y a les champions du monde de la non déclaration des liens d'intérêts avec l'industrie du médicament et des matériels, sans doute parce que le marché de la médecine académique est sous l'influence du marché et de sa main invisible...

parmi elles, #PasToutes, il y a les champions de la stricte méthodologie des essais cliniques, de la stricte interprétation de la robustesse des mêmes essais, confondant la veille documentaire et la lecture critique des articles, ne s'inquiétant pas une seule seconde de l'absence d'essais contrôlés randomisés en double-aveugle versus placebo (ECR+) sur les mesures non pharmacologiques de la prévention de la dissémination du virus,  pas plus, sinon sur des critères de substitution sur l'efficacité des boosters chez les enfants, les adolescents, voire les vieillards, préférant les études épidémiologiques rétrospectives cas-témoins (au mieux) aux ECR+ quand les données fragiles vont dans le sens de la dureté de leurs convictions, adoubant ou rejetant, la Cochrane, la HAS, le CDC, au fil des croyances et non au fil de la qualité des recommandations...

mais surtout, parmi elles, parmi eux, #Tous, pas un mot sur le collectif social, il est probable que la composante idéologique du collectif pose problème, non pas seulement parce que les signataires n'ont pas les mêmes idées politiques, mais parce qu'ils ont "oublié". Ils ont oublié que la pandémie a montré combien la fragilité sociale était la tache aveugle des politiques de santé, combien les programmes collectifs de santé publique n'atteignaient que les populations non concernées s'ils n'étaient pas centrés sur les plus pauvres, les moins éduqués, les plus mal logés, les plus mal nourris... que le port du masque dans les transports publics, par exemple, aurait dû s'accompagner de distributeurs de masques dans les transports comme il y eut jadis les préservatifs à un franc (merci Jean Lamarche)...

et enfin, terminons par la polémique, je n'avais pas encore commencé pour celles et ceux qui ne l'avaient pas remarqué, dans cette tribune collective, traversée par l'arrogance auto satisfaite, la certitude de la certitude, pas une once d'autocritique, pas un mot sur les conseils erronés donnés sur le lavage des mains, le port de charlottes dans les cabinets de médecine générale, le port des masques en tissu, chirurgicaux, FFP2, la désinfection des locaux, la distanciation (1mètre, 1,5 mètre, voire 2), le confinement, la fermeture des écoles, l'épuration de l'air, sur la base d'absence d'études robustes tout en prétendant qu'il s'agissait de la Science, des données de la Science alors que c'était faux...

et, voyez, je suis prudent, je n'ai pas encore parlé de la vaccination, de l'enthousiasme délirant de certaines et de certains, #PasToutes, #PasTous, 95 % d'efficacité sur tout et sur rien, tous les vaccins se valent, mais, ne vous inquiétez pas, tribuniciens/ciennes, je ne suis pas la police, je n'ai pas fait de copies d'écran, je n'ai pas constitué de dossiers, heureusement car je me suis moi-même trompé sur le vaccin Astra-zeneca, sur le vaccin Jansen, sur l'efficience des vaccins sur la transmission, et cetera.

Le collectif et l'empowerment...

J'espère par ailleurs que les quelques amis qui ont signé cette tribune ne le prendront pas mal : comme le disait Proust, quand on apprend que son meilleur ami est trompé par sa femme, faut-il le lui dire ou ne pas le lui dire, par gentillesse, par méchanceté ou par amitié ?

J'avais aussi réagi à chaud sur twitter : LA

Et @audevisine m'avait répondu : ICI.

Bon, en conclusion, et contre toute attente, travaillons ensemble, oublions les anathèmes, les rancoeurs, fondons un collectif sur des bases saines, sur des principes méthodologiques éthiques, sur les fondements de la recherche clinique, et non sur le bon sens ou les particularités de clocher, les principes amicaux ou les inimitiés tenaces.


Pas la peine de venir avec un avocat : je vais me lever pour te donner à manger.


163. Palmarès du Point sur les meilleurs experts médicaux français de spécialités.

  • Passons sur la méthode où sont pris en compte les publications (et on voit que certains des experts publient plusieurs fois par mois depuis des années) et les liens d'intérêts (plus les liens d'intérêts avec l'industrie sont forts, plus les experts sont glorieux).
  • Passons sur l'intérêt d'un tel classement sinon pour engorger des consultations déjà engorgées et pour permettre des dépassements d'honoraires encore plus extravagants.
  • Passons sur l'intérêt de la décence commune, la proximité ou le fait que la position centrale de l'AP-HP dans ce classement est assez curieuse, toute la France devrait prendre rendez-vous à Paris, et qui connaît l'AP-HP... sait que...
  • Passons surtout sur le fait qu'une seule spécialité a été oubliée, la médecine générale, c'est à dire les soins primaires...

Où sont les experts en médecine générale ?






164. Illustration de la controverse cardiologues vs pneumologues sur le BNP




Définition du BNP pour les nuls : Bonne Nouvelle pour le Pneumologue.