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dimanche 19 février 2023

Bilan médical du lundi 13 au dimanche 19 février 2023 : Manifestation et grève, immunité naturelle, OMS qui a nié la transmission aérienne, racisme chez les nouveaux-nés aux US, David Gorski, chemsex, duloxetine et d'autres trucs.

A la veille du procès Servier "on" essaie d'intimider Irène Frachon.


65. Pourquoi la manif du 14 février 2023

Image docdu16


Je suis allé au défilé, je n'ai pas défilé, j'ai suivi, j'ai regardé, j'ai pris des photos, salué des amis, des copines, des camarades et je n'étais pas d'accord sur grand chose sinon que mon avis n'a aucun poids puisque je n'ai rien à proposer. Et je ne pouvais pas faire grève puisque je suis retraité...

Le fait que je ne sois pas d'accord avec des slogans ineptes ne surprendra personne. Je me suis déjà expliqué contre les 50 euros, pour les IPA, contre le déconventionnement, pour l'accès direct aux kinés, c'est clair ?

Et je suis bien entendu contre la loi Rist et les délires du nouveau conventionnement CPTS. Je vous conseille pour être au courant de tout cela de vous diriger vers le de @RichardTalbot sur twitter (LA) qui fait le point dur les négociations conventionnelles en cours.

Ce qui me rend triste c'est que l'extrême-gauche et la gauche soient complètement à côté de la plaque : ce n'est pas la médecine générale libérale qui est la cause de tous les maux, ce sont les soins primaires qui ont changé, dans tous les pays du monde et quel que soit le système de rémunération des médecins, une profession qui n'a pas pu et su s'adapter et qui doit subir une réforme technocratique comme seule le génie français est capable de l'inventer : un libéralisme autoritaire de complaisance.

J'ai lu avec attention les motivations du docteur Michaël Rochoy pour faire grève (ICI).

Et ? 

Et rien. Ce sont des mesurettes.

Je ne vais pas me répéter : la caste des mandarins hospitaliers se moque de ce qui n'est pas intramuros. Elle ne se moque pas des médecins spécialistes d'organes ou d'examens complémentaires libéraux car il s'agit d'activités que certains mènent déjà à l'hôpital mais surtout parce qu'ils y voient une porte de sortie.

Le droit à la santé est devenu un slogan qui ne tient pas compte de faits essentiels : 

  1. La majorité des déterminants de santé (80 %) se passent avant toute consultation d'un professionnel de santé
  2. Les promesses de la médecine triomphante ne peuvent être tenues : les citoyens et les citoyennes croient au mythe de la Bonne santé, c'est à dire du silence des organes.
  3. Les prises en charge des patients sont si disparates, ce qui ne signifie pas qu'il ne soit pas nécessaire qu'elles le soient, et si peu fondées sur des preuves que l'accès aux soins est une loterie
  4. On est passé du mythe de la Bonne santé à celui du Bien-être : d'où la profusion des charlatanismes.
  5. La Santé est devenue une industrie comme une autre.
  6. Les médecins ont promis la lune, le mythe de la Bonne santé, le mythe du silence des organes (pardon, je ne cesse de me répéter) en confondant sciemment médecine et santé. Il est triste de voir des personnes consulter un ostéopathe ou un homéopathe mais on ne peut décider pour les personnes, mais il est encore plus triste que le Conseil de l'Ordre des médecins, l'Assurance maladie, les Mutuelles et assurances participent à cette mascarade en remboursant.

Les "bons" médecins généralistes de twitter : une allégorie : LA

Les négociations conventionnelles


66. Covid-19 : Pourquoi un article du Lancet relance l'immunité dite naturelle et ne condamne pas la vaccination. 

L'article : ICI




Une des choses qui m'a toujours chiffonné dans l'affaire du Covid-19 (et je suis pas le seul) est le fait que l'immunité naturelle conférée par une infection virale ait pu être niée formellement par un certain nombre de médecins, infectiologues ou non, virologues ou non, épidémiologistes et autres.

Ce n'était pas logique.

Mais je vous ai assez bassiné ici sur le fait que le bon sens en médecine était ce qui entraînait le plus d'erreurs et de confusion. 

Avertissement : cet article est une méta-analyse analysant des essais épidémiologiques prospectifs et rétrospectifs dont on connaît la moindre valeur par rapport à des essais contrôlés, comparatifs de bonne qualité (vs placebo).  

Qu'apprend-on de cette méta-analyse ? 

  1. L'immunité naturelle peut être protectrice en cas de réinfection et notamment pour les cas graves.
  2. Elle peut être aussi protectrice que deux injections de vaccins ARNm sur trois items : la réinfection, les symptômes, et les maladies graves.
  3. Cette protection diminue dans le temps.
  4. L'immunité hybride (infection +vaccination) pourrait être (on spécule toujours) plus efficace (sur les 3 items précédents ?) que l'immunité dite naturelle. 
Les commentaires ad hoc.

  1. La vaccination ARNm contre le SARS-CoV-19 a fait la preuve de son efficacité (essais contrôlés) en protégeant des formes graves
  2. La vaccination massive dans les pays développés des personnes à risques (en France : personnes âgées de plus de 60 ans, résidents d'EHPAD et D'USLD, immunodéprimés, et cetera) a été initiée.
  3. Il est assez incroyable que les dernières statistiques de la DREES sur l'état de la vaccination selon les tranches d'âge et notamment chez les personnes âgées datent d'octobre 2022 et sont d'un flou artistique impressionnant : LA.
  4. L'immunité dite naturelle joue un rôle non négligeable et a fortiori une immunité hybride bien que dans un pays où l'on ne sait pas dire exactement combien de personnes sont vaccinées il est encore moins possible de connaître le nombre de personnes ayant contracté le covid-19 (ne parlons même pas des asymptomatiques)
  5. Il paraît raisonnable de continuer à vacciner les personnes à risque (bien qu'on en soit arrivé à 4 injections et que l'on ne sait rien de ce qu'il faudra faire les saisons prochaines).
  6. Mais quid des personnes non à risque ? 
  7. Quid des effets indésirables (myocardites/péricardites) dans des groupes à risque identifiés ? Voir la revue de littérature de Florian Zores : LA
Les critiques ad hoc.

  1. Est-il possible en France de savoir combien de personnes à risques ont reçu 4 injections ? La réponse est non.
  2. Est-il possible d'étendre indéfiniment les indications du vaccin à tous les groupes d'âge même non à risques (ce qui ne signifie pas que les morts d'enfants liés ou associés au Covid nous laissent froids, on vous voit venir...), c'est à dire mobiliser des ressources financières et humaines considérables alors que les populations-cibles ne sont pas vaccinées à 100 % ? La réponse est : c'est impossible.
  3. Est-il possible d'étendre la vaccination aux petits enfants de 6 mois à 4 ans sans facteurs de risque alors qu'il n'existe aucune étude clinique contrôlée sur ces tranches d'âge mais des anticorps chez les souris (8 ou 9 selon les sources) ?
  4. Est-il possible d'extrapoler les effets indésirables liés à la maladie et aux vaccins sans essais de qualité (contrôlés) ? 
Conclusions ad hoc : 
  1. Les tenants de l'immunité dite naturelle exultent (on les a assez ostracisés et pris pour des demeurés complotistes) à partir de cette méta-analyse dont tous les défauts méthodologiques sautent aux yeux. Mais iront-ils jusqu'à appuyer les antivaxx ? 
  2. Les partisans de la vaccination universelle parlent peu de cette méta-analyse dont tous les défauts méthodologiques sautent aux yeux.
  3. Il FAUT tenir compte de cette immunité dite naturelle, des conséquences de l'hybridation et encore et encore cibler les populations à risque.
  4. Il faut mener des essais contrôlés, notamment chez les enfants et dans la prévention des manifestations tardives des infections virales respiratoires.

Deux commentaires "opposés" : 

Un fil twitter de Mahmoud Zureik : LA.

Un article et une vidéo de Vinay Prasad : ICI




67. Pourquoi et comment l'OMS a nié la transmission aérienne du covid.

Pour ceux qui pensent que toute parole dite par l'OMS/WHO est d'or, rappelons une de ses erreurs historiques.


Un article très documenté : ICI


Via JeanPhilippedeTonnac
@inthemoodfortw

68. Pourquoi il vaut mieux être un nourrisson blanc, même pauvre, pour survivre aux Etats-Unis.

Un article du NY Times (malheureusement payant) : LA.


Et donc, la mortalité infantile des enfants blancs pauvres est meilleure que celle des enfants noirs et riches.


69. Pourquoi la lutte contre le charlatanisme conduit à la lutte contre la méthodolâtrie EBM

David Gorski (sur twitter : @gorskon et sur son site : ICI) se bat depuis des années contre le charlatanisme en médecine (homéopathie, acupuncture, ostéopathie, et cetera), en anglais quackery, et toutes les études mal fichues et là, il affirme sans sourciller que ceux qui de mandent plus d'essais contrôlés sur les vaccins anti covid et des études contrôlées de bonne qualité sur les masques sont des méthodolâtres de l'EBM.

D'un seul coup d'un seul il rejoint la confrérie des homéopathes...


Via 
Paul Wischmeyer MD


70. Pourquoi vous voulez tout savoir sur le CHEMSEX par @mathiaschaillot

C'est LA et c'est passionnant. Et instructif. 


 

71. Pourquoi la course au vaccin pourrait-elle être délétère


C'est une tribune de Pauline Londeux et Jérôme Martin et c'est ICI.


72. La FDA approuve une molécule absurde pour différer l'apparition du diabète de type 1 : pourquoi ?

Teplizumab-mzwv vaut 193 400 dollars pour 14 jours de traitement. Avec des résultats peu convaincants.

LA

73. Duloxetine chez les enfants et les ados japonais : pourquoi ça ne marche pas.

Une étude contrôlée duloxetine vs placebo dans l'indication dépression majeure n'a pas montré de différence significative en faveur de la molécule active : ICI.

On nous dit que des études cas-témoins rétrospectives sont en cours pour infirmer une étude menée par des médecins ennemis du progrès et des prises en chages qui tombent sous le coup du bon sens.

On rappelle à ceux qui reçoivent la visite médicale ou qui lisent le Quotidien du Médecin que le médicament s'appelle CYMBALTA.

On peut dire que la morphopsychologie c'est de la merdre en barre mais regarder ce cliché  interroge quand même.
Francis Braun et Amine Benyamina.



dimanche 6 mars 2022

Bilan (partiel) de la semaine entre le lundi 28 février et le dimanche 6 mars 2022.



Troubles mentaux dus au Covid et Covid long : une étude britannique de novembre à décembre 2021


134 écoles et 4870 élèves. Enfants entre 4 et 11 ans et entre 11 et 18 ans.
Limitations : questionnaires remplis sur la base du volontariat.
Faibles effectifs ne permettant pas des analyses de sous-groupes..

Points principaux.

  • Since March 2020, 1.0% of primary school-aged pupils and 2.7% of secondary school-aged pupils met the Delphi criteria for having experienced long COVID lasting at least 12 weeks.

  • "Loss of taste or smell" was the only symptom group where the prevalence was significantly higher for those who had received a positive coronavirus (COVID-19) test since March 2020 than those who hadn't, for both primary and secondary school-aged pupils aged under 16 years.

  • Both primary and secondary school pupils who tested positive for COVID-19 showed no significant difference in the number presenting with a "probable mental disorder" compared with those without a positive test.

  • Primary school pupils with long COVID (under the Delphi criteria) were significantly more likely to have a probable mental disorder (30.0%) than those without long COVID (7.7%); the trend was similar for secondary school pupils (22.6% compared with 13.6%), but this is not statistically significant.


Une étude new-yorkaise sur la perte d'efficacité du Comirnaty chez les enfants.

Cet article est un pré-print.

Du 13/12/2021 au 30/01/2022
Parmi les 852,384 enfants  (12-17 ans) et les 365,502 enfants (5 à 11 ans) tous complètement vaccinés, l'efficacité contre l'infection a décliné de 66% (95% CI: 64%, 67%) à 51% (95% CI: 48%, 54%) dans le premier groupe et de 68% (95% CI: 63%, 72%) à 12% (95% CI: 6%, 16%) dans le second groupe.
L'efficacité contre l'hospitalisation a diminué de 85% (95% CI: 63%, 95%) à 73% (95% CI: 53%, 87%) dans le premier groupe, et de 100% (95% CI: -189%, 100%) à 48% (95% CI: -12%, 75%) dans le second. 

Mais les auteurs indiquent qu'en cette ère omicron le vaccin est toujours efficace contre ls formes sévères  et, malgré la diminution de l'efficacité sur la contagiosité notamment dans le groupe 5-11 ans, la vaccination est toujours recommandée.

Les auteurs indiquent qu'il faudrait sans doute revoir le dosage et l'espacement des doses et soulignent qu'il ne faut pas abandonner les gestes barrières.

Une étude de l'INSERM indique une augmentation significative de la mortalité infantile en France depuis 2012 (et avant Covid)

Nous avons souvent parlé sur ce blog (LA de cet indicateur de santé publique et de la place peu enviable de la France parmi les pays de l'OCDE (19ème sur 27).
C'est malheureusement officiel : LA

En comparant les données par rapport à d’autres pays européens à économie similaire tels que la Suède et la Finlande, on observe chaque année en France un excès d’environ 1200 décès d’enfants âgés de moins d’un an !

La disparition


Il n'est pas difficile de trouver l'arme du crime.


Une étude (pré print) qui analyse le risque de myocardite/péricardite chez les 12 - 17 ans après Comirnaty

Analyse faite pendant la période delta.
Sur le critère hospitalisation.
L'incidence de la myopie/péricardite chez les garçons âgés de 12 à 15 ans et de 16 à 17 ans était respectivement de 162,2 et 93 par million.

Les auteurs indiquent que la vaccination deux doses présente une balance bénéfices/risques favorable chez les filles de 12 à 17 ans, non immunisées et présentant des comorbidités.
Chez les garçons déjà immunisés et sans comorbidités la balance bénéfices/risques, même pour une dose est défavorable. En période omicron une dose chez les non immunisés procure une protection non améliorée par la deuxième dose.

A suivre.




La chirurgie arthroscopique pour genou dégénératif n'a pas plus d'efficacité qu'un placebo selon Cochrane.

Sur des critères de douleurs et de fonctionnalité.
Méta-analyse chirurgie vs fausse chirurgie ou pas de chirurgie.

L'actualité était trop importante cette semaine : j'ai zappé plein de trucs. A la prochaine.

jeudi 17 octobre 2019

La médecine et l'épidémiologie ne sont pas asociales.

Charles Bukowski en 1978 sur le plateau d'Apostrophes

Je lis dans LeFigaro.fr un entretien de Me Cécile Thibert avec Me Catherine Hill, ex épidémiologiste en chef à l'institut Gustave Roussy (1) : ICI. L'article est intitulé sobrement : "Cancer : "L'environnement joue un rôle très faible comparé au tabac et à l'alcool"

Je remarque sur twitter que les progressistes de tous poils se mettent à sauter sur la table comme des cabris. Les progressistes ? Une définition ? Les personnes qui pensent, par exemple, et ils ont peut-être raison, que le réchauffement climatique sera résolu par une solution technologique avancée (le deux ex machina de la science) qui sauvera l'humanité éternelle sans que l'on aie besoin d'envisager une diminution de la consommation, c'est à dire une diminution des profits capitalistes, sans que l'on aie besoin de modifier les modes de vie, les rapports sociaux et et qui oublient que dans l'histoire de l'anthropocène, c'est la science, le développement du capitalisme, le développement du colonialisme, qui ont été à l'origine de ce réchauffement climatique (et de bien d'autres choses). La lecture du livre de Bonneuil et Fressoz (cf. l'image infra) est décapante et je vous propose de lire une critique argumentée de ce même livre (LA).



Je lis donc l'entretien avec Me Catherine Hill de la première à la dernière ligne et j'apprend deux ou trois trucs que je savais mais que j'avais oubliés.

Je m'énerve en le lisant et, heureusement, je lis la dernière phrase qui me calme et qui, la seconde suivante, m'énerve encore plus. "Les personnes avec des revenus élevés, mieux informées sur les risques, sont davantage épargnées"

Tout ça pour ça !

Voici quelques réflexions sociétales : 
  1. Plus t'es pauvre, plus tu meurs jeune.
  2. Surtout si tu es un homme.
  3. Moins ton niveau d'études est élevé plus tu es victime d'accidents du travail et de maladies professionnelles.
  4. Plus t'es pauvre et moins éduqué et plus ton espérance de vie en bonne santé est courte.
  5. Plus tu fumes et plus tu bois et plus tu meurs jeune.
  6. Plus tu nais dans un quartier défavorisé et plus ton risque de mourir avant un an est important (mortalité infantile).
  7. Plus t'es pauvre plus ton alimentation est riche en sucre, graisses, aliments transformés.
En lisant l'entretien, et nul doute que Me Catherine Hill a écrit des tonnes de littérature pour me contredire sur les conséquences de la pauvreté, du manque d'éducation (sic), des conditions de travail, des conditions de logement, de la précarité de l'emploi, du chômage de longue durée, sur l'espérance de vie à la naissance, la mortalité infantile, l'espérance de vie en bonne santé, la mortalité en couches, et cetera, je me dis que l'épidémiologie hors sol est une variante de la médecine hors sol.

Cet entretien fait passer l'idée, mais je dois être de mauvaise foi, que les conséquences de la mauvaise qualité de l'environnement, on s'en tape, puisqu'il suffit de ne pas boire et de ne pas fumer pour être "en bonne santé".

Il est également remarquable de comprendre que ces constatations privilégient la responsabilité individuelle, facteur indéniable et non négligeable, le choix éclairé du citoyen informé, le fameux homo Neo-liberalus si cher à nos élites qui agit toujours en fonction de ses intérêts, et nient les influences sociétales auxquelles tous les citoyens sont soumis à longueur de journées (le citoyen bombardé par les publicités pour la Junk Food - la bouffe de merde en français- pouvant exercer son libre-arbitre et ne pas emmener ses enfants en bas âge dans les McDo et autres KFC). Cela exonère les politiques de santé publique de toute responsabilité.

Je prends un exemple qui m'est cher. 

L'analyse des courbes de mortalité infantile dans les pays développés indique que sa décroissance est devenue asymptotique, que l'on peut retrouver, globalement, des différences entre la France (mauvais élève : 3,3/100 000, sans Mayotte) et le Luxembourg (bon élève : 1,58/1000) mais que, grosso modo, les vraies différences se situent entre les pays à forts revenus et les autres (voir LA).

Eh bien non. Les différences sont territoriales, comme diraient les politico-administratifs : le taux de mortalité infantile est de 4,8 (6,9 selon d'autres sources) dans la Seine-Saint-Denis et de 16 à Mayotte ! Ce qui situe la Seine-Saint-Denis au niveau de Bahrein.

(J'ai déjà développé cela ICI)

Ainsi, comme dit l'autre, il faudrait mettre "un pognon fou" dans ces zones "défavorisées", réfléchir, ne pas dépayser les PMI hors des zones de pauvreté et de chômage, informer les associations et faire passer des messages par leur intermédiaire (et peu importe qu'il s'agisse des Peuls du Val fourré, des Sérères, des Marocains ou des Tamouls)... Car la fameuse Inverse Care Law de 1971 (LA) est toujours aussi vraie : les services de santé et de soins s'implantent toujours dans des régions où on en a le moins besoin.

L'épidémiologie est fortement influencée par les conditions socio-économiques des populations : au niveau mondial, au niveau continental, au niveau national, au niveau loco-régional. Et il en est ainsi des interventions médico-sociales.

On pourra toujours dire que le Poulard sénégalais arrivant du Fouta (et ici à Mantes la majorité des Sénégalais sont originaires de Podor ou de Matam) aura la chance, en ayant des enfants en France plutôt que le long du fleuve Sénégal, que la mortalité infantile passe de (et encore n'ai-je pas les chiffres particuliers de cette région éloignée de Dakar)  44,3 à 6,6 !



Bon, nous sommes loin de l'entretien dans Le Figaro. Bonnes réflexions.




(1) Je pourrais en faire des tonnes sur l'institut Gustave Roussy qui est un exemple désastreux de la politique publique (et ici privée) en matière de cancérologie en France. Je vous prie de regarder LA les propos pour le moins prudents et favorables de Catherine Hill pour le dépistage organisé du cancer du sein entre 50 et 74 ans où elle évoque, sans doute pour se dédouaner, des études auxquelles elle ne "croit pas", à propos du sur diagnostic et du sur traitement, mais sa conclusion est décapante : elle dit en substance qu'il vaut mieux ne pas boire et ne pas fumer que de passer une mammographie.





dimanche 29 avril 2018

La mortalité infantile à Mantes-La-Jolie.


Petit retour sur les fondamentaux de la santé publique à l'occasion de la parution du rapport Borloo sur les quartiers prioritaires et les politiques de la ville. Quel rapport, me direz-vous ? Parce que ce rapport, s'il dresse 19 programmes d'amélioration, ne parle de la santé que du bout des lèvres. Je ne l'ai pas lu encore car, à l'heure où j'écris ces lignes, il n'est pas en ligne. Je dispose de commentaires journalistiques mais sans lien. L'article le plus documenté et sourcé est celui que j'ai lu dans le journal Le Monde : ICI.

Je cite : "SANTÉ 
Pour assurer le droit à la santé, il propose la création de 200 maisons de santé supplémentaires, comme le développement des consultations de télémédecine. "
C'est un peu court, jeune homme.

Il est admis par les épidémiologistes que les indicateurs comme la mortalité infantile, la mortalité en couche, l'espérance de vie à la naissance et l'espérance de vie à 20 ans sont des critères solides pour différencier les pays qui ont connu la transition épidémiologique (voir la figure ci-dessous pour la transition épidémiologique en France).



Je vais vous parler d'un seul point : la mortalité infantile dans les quartiers prioritaires comme symbole des difficultés rencontrées et pour laquelle on dispose de chiffres plus fiables et de facteurs de risques plus identifiés.



Nous ne discuterons pas ici de la courbe et de ce qui revient à la médecine et à la non médecine (les services sociaux, les conduites individuelles, l'environnement de la santé publique).

La mortalité infantile (rapport entre le nombre d'enfants morts avant un an sur le nombre de naissance d'enfants vivants) en France métropolitaine est de 3,3 pour 1000 naissances (j'ai consulté diverses sources qui citent des chiffres différents, allant de 3 à 3,6 selon les années, selon que l'on intègre ou non les territoires d'Outre-mer mais sans Mayotte).

Quelle est la mortalité infantile à Mantes-La-Jolie (les mauvaises langues diront que ces mauvais résultats sont liés au fait que j'y travaille, que je suis abonné à la Revue Prescrire et que je ne dis pas amen à toutes les recommandations farfelues émanant des agences gouvernementales...) ?

Elle est de 3,2 dans les Yvelines et j'ai eu connaissance d'un chiffre plus élevé dans le Mantois (source introuvable).

Les chiffres de la Seine Saint Denis sont de 4,8 selon l'INSEE (voir le rapport de l'INSERM sur l'analyse des causes : ICI). Pour mémoire, les chiffres de Mayotte sont de 16.

J'ajoute pour ceux qui considèrent, encore, que la santé publique à la française est la meilleure du monde que la France est classée trente-huitième dans le monde sans Mayotte (ICI). Ce qui n'est pas fameux. Dans d'autres classements elle est en vingtième position, ce qui est un peu mieux : ICI.

Exerçant depuis 38 ans dans un "quartier", je ne vous parlerai que de mon expérience interne.

Quelles sont les solutions pour que les chiffres de Mantes-La-Jolie régressent à la moyenne ?

Les politiques de la ville ont proposé de nombreux facteurs explicatifs (largement analysés par les sociologues, philosophes, psychiatres et ethno-psychiatres de toutes obédiences) pour apporter des solutions : 1) l'explication culturaliste : les comportements humains, ici la grossesse et l'accouchement, seraient plus conditionnés par les cultures d'origine que par les conditionnements sociaux ; 2) l'explication socio-économique post marxiste : la pauvreté et l'exploitation capitaliste de certains sous-groupes populationnels expliqueraient les différences observées dans la société française sur les indices épidémiologiques ; 3) l'explication ethno-raciale qui constaterait à la fois  l'effet ghetto des "quartiers" et qui en tirerait des conséquences (assignation des personnes à des rôles sociétaux).

De nombreux pièges sont à éviter, me semble-t-il. Il est illusoire de croire (et la santé n'est pas le seul domaine) que l'on pourra résoudre tout de Mantes-La-Jolie, quels que soient l'argent investi et les ressources humaines mobilisées. Il existe un système social et il y aura toujours une population pauvre et marginalisée. Les discriminations, on l'a vu, sont multiples.

Je vais vous donner un exemple concret : la PMI de Mantes-La-Jolie a déménagé pour des raisons que j'ai oubliées alors que les femmes et leurs enfants pouvaient s'y rendre à pied et ils et elles doivent désormais prendre le bus pour aller en centre ville. Ce n'est pas une bonne mesure de santé publique.

Un deuxième exemple : il est pratiquement impossible pour un médecin homme de réaliser des suivis de grossesse en libéral au Val Fourré.

J'ouvre la réflexion. Il faudrait également prendre en compte l'espérance de vie à la naissance, l'espérance de vie à 20, 30 ou 40 ans ainsi que la morbidité (troubles de la gluco-régulation, hypertension artérielle, infarctus du myocarde...). Les difficultés scolaires dans les quartiers sont aussi liées aux 3 points que nous avons indiqués plus hauts et sont intriquées avec les difficultés médico-sociales.

Je pourrais également parler de mondialisation et de migration.

A Mantes-La-Jolie ou plutôt au Val Fourré les migrants de la première, de la deuxième, de la troisième génération sont volontiers d'origine marocaine, algérienne, sénégalaise, turque, malienne, mauritanienne, et cetera. Citer toutes les origines ethno-culturelles et les langues maternelles des parents/grands-parents/arrière grands-parents atteindrait la centaine.

Je vais vous donner les chiffres de mortalité infantile dans ces différents pays (voir LA pour tous les pays).
Algérie : 17
Mali : 80
Maroc : 27
Mauritanie : 65
Sénégal : 45
Tunisie : 14
Turquie : 12

Impressionnant, non ?

(Image : le groupe de rap Expression Direkt qui fut emblématique du Val Fourré et qui me marqua personnellement)