Belphégor - 1965 © AFP / COLLECTION CHRISTOPHEL |
Le port du masque a été, dès les débuts de la pandémie, une des mesures-phares non pharmacologiques (il n'y avait pas grand chose d'autre) appelées aussi mesures-barrières.
Il s'agissait d'une mesure de bon sens.
Le port du masque n'entrait pas dans le cadre du principe de précaution puisqu'il existait des éléments concrets indiquant que le port du masque avait un effet filtrant pour les particules virales qu'elles soient grosses comme pour la grippe saisonnière ou fines comme pour le covid-19.
Le port du masque ressortait du principe de prévention.
Le port du masque pose un certain nombre de questions :
- Quel type de masque ? Tissu, chirurgical, FFP2, FFP3
- Où les porter ? A l'intérieur, à l'extérieur en général, à l'extérieur en milieu concentré (foule)
- Comment les porter ? Bien, mal, plutôt bien, plutôt mal
Or, contrairement à toute logique, aucune étude robuste n'a montré quelque chose de probant sur la transmission, les formes symptomatiques ou asymptomatiques, la séroconversion, les hospitalisations en services de soins intensifs et/ou de réanimation, les décès et... les covid longs.
Le biais cognitif des vrais scientifiques dépositaires du savoir tiré de l'expérience est celui-ci : je me contente d'essais non robustes quand leurs résultats confortent mes opinions.
L'absence d'études robustes nourrit les malentendus, les incompréhensions, et aggrave les idées anti science expérimentale.
La gestion catastrophique du port du masque par les autorités gouvernementales et de santé publique (on a vu que c'était la même chose) ET par les bien-disants scientifiques a créé la confusion et le doute, le grand public ayant du mal à comprendre que les prétendus scientifiques ou que les vrais scientifiques puissent au même moment et successivement dire des choses contradictoires et ne pas revenir sur leurs erreurs au lieu de répéter en boucle : "Si nous changeons d'avis, c'est en raison des données de la science." Alors que c'est faux.
L'analyse actuelle ICI des études plus robustes que d'autres mais peu robustes quand même...
1) montre que le port du masque en tissu est inefficace pour la transmission du Covid chez des personnes adultes non vaccinées (LA), étude qui comparait le port du masque en tissu vs le port de masques chirurgicaux et, pour les deux groupes, il y avait un groupe contrôle sans conseils et un groupe intervention (avec éducation au port du masque et aux enjeux des autres mesures-barrières dans la stratégie Covid)
A noter également dans cette étude menée au Bangladesh que les masques étaient distribués gratuitement et que cette gratuité n'a eu aucune influence sur le port du masque : ce sont les informations données aux citoyens (il n'y avait que des hommes) qui ont fait augmenter le port du masque de 28 % !
Cette étude a fait également l'objet de critiques féroces : ICI.
2) montre que le port du masque chirurgical en extérieur chez les adultes et en association avec les mesures-barrières (étude non randomisée) ne diminue pas significativement l'incidence des infections par covid-19 à un mois : LA. Etude DAN MASK. Chez des adultes.
Cette étude présente de nombreux biais méthodologiques.
3) Il existe aussi une étude "écologique" (octobre 2021) qui montre aux US que le port du masque dans les écoles chez les enfants de moins de 18 ans une diminution du nombre des contaminations. Mais il y a tellement de biais qu'il vaut mieux ne pas trop prendre en compte les résultats (pas assez de participants, non prise en compte du statut vaccinal, hétérogénéité des environnements...)
4) enfin une méta-analyse dans le BMJ était peu conclusive : LA en raison de l'hétérogénéité des essais (8 ont été retenus) et de leur manque de robustesse.
5) A noter qu'une étude française (Qualimask) a tenté d'analyser ICI chez des adultes (nous n'avons qu'une prépublication) les perceptions, représentations et les pratiques concernant le port du masque en population générale: les premiers résultats sont tout à fait intéressants notamment sur ce que pensent les participants sur l'acquisition de la façon de porter un masque (savoir expérimentiel). On imagine la même chose chez les enfants !
Il est difficile de comprendre comment il n'a pas été possible, depuis janvier 2020 (et avant si on parle de la grippe saisonnière) de mener des essais contrôlés en France (mais c'est la même chose ailleurs) :
- Dans les bureaux (ARS Ile-de-France vs ARS Occitanie)
- Dans les entreprises (Renault vs Peugeot dans des ateliers de soudure)
- Dans les lycées (lycée Louis-Le-Grand versus lycée du Parc)
- Dans les collèges (93 vs 78)
- Dans les écoles...
- Dans le métro parisien (ligne 7 vs ligne 13)
- Dans les établissements de soins (Necker vs Avicenne)
- Dans les EHPADS (public vs Orpea)
- Chez les professionnels de santé...
- Et cetera...
Il existe des explications simples : l'anesthésie des épidémiologistes par la politique du tout vaccin, l'absence d'argent pour la recherche publique en épidémiologie puisqu'il n'y a pas de molécules à commercialiser... La faillite des agences gouvernementales qui, comme leur nom l'indique, obéissent, doivent obéir aux injonctions du gouvernement.
Est-il possible de faire autrement ?
Publier le nombre de morts tous les jours, publier le nombre de contaminations tous les jours, publier le nombre (estimé) de covid longs tous les jours, très bien.
Publier le nombre d'études contrôlées en cours évaluant l'efficacité et l'efficience du port du masque : pourquoi non ?