Affichage des articles dont le libellé est CORPS-MARCHE. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est CORPS-MARCHE. Afficher tous les articles

dimanche 2 décembre 2018

Calendrier de l'avent des lectures médicales : Céline Lafontaine. #9

Céline Lafontaine, est professeure de sociologie à l'Université de Montréal et à Paris Sorbonne (LA). Elle mène, entre autres, des recherches sur les aspects sociaux, culturels et symboliques des technosciences.

J'ai fait la recension de son livre en juin 2014 (ICI). 


Lafontaine Céline. (2014) Le corps-marché. La marchandisation de la vie humaine à l'heure de la bioéconomie. Paris : Seuil, 288 pp.

Dans des échanges que j'avais eus avec elle après la publication de mon billet elle avait souligné combien ce que j'avais retenu de son livre lui avait plu, à savoir  : comment l'idéologie néo libérale (philosophique et économique) avait accaparé l'économie de la santé et de la recherche et comment la bioéconomie était en train d'exploiter le corps humain en reproduisant et en accentuant les inégalités désormais mondialisées.

Son analyse de la bioéconomie est sidérante (ses tenants, ses aboutissants, ses conséquences) mais surtout le cynisme et l'anormalité de ses théoriciens est stupéfiantes : Illich avait parlé de médicalisation de la santé et Céline Lafontaine surenchérit en décrivant la biomédicalisation de la santé globalisée.

La bioéconomie, pour elle, se fonde essentiellement sur une biopolitique néo libérale caractérisé par un individualisme triomphant et une logique identitaire désormais associée au culte de la santé parfaite qui décline les nouveaux concepts que sont le biocapital et la biocitoyenneté.

"... la biocitoyenneté s'inscrit dans un processus plus large de dépolitisation des questions de santé publique (lutte contre les inégalités, contre la pauvreté et pour l'accès aux soins) au profit d'une biologisation des identités citoyennes."

Je rajouterai ceci à mes commentaires de 2014 : le néo libéralisme jette la morale par la fenêtre, il n'est plus question que de de droit des minorités et de liberté négative ; le corps humain est devenu une ressource comme une autre (comme du pétrole ou des terres rares) que le biocapital est en train de valoriser en utilisant les bonnes vieilles méthodes du colonialisme en exploitant par exemple les corps des femmes des pays pauvres ; car ce point est capital : c'est encore le corps des femmes qui est l'enjeu de cette course effrénée ; les frontières entre l'humain et le non humain s'effacent : ce sont les techniques de reproduction, de sélection, de traitements qui ont été expérimentés dans le monde animal qui sont désormais appliquées à l'homme, non, à la femme.