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samedi 21 mars 2020

Covid-19 : le roi est nu.


« Les habits neufs de l’empereur », raconte l’histoire d’un roi qui n’a de souci que de sa vêture et n’aime rien tant que de se montrer devant ses sujets dans ses nouveaux habits. Ce roi néglige toutes les affaires du royaume, et on dit de lui qu’il « siège dans sa garde-robe » 
Arrivent dans la capitale du royaume deux escrocs qui se prétendent tisserands, se vantent d’être capables de tisser la plus belle étoffe que l’on puisse imaginer et qui possède en outre une étonnante propriété : les vêtements confectionnés avec cette étoffe « seraient invisibles aux yeux de ceux qui ne convenaient pas à leurs fonctions ou qui étaient simplement idiots »
Le roi entrevoit aussitôt le gain de savoir qu’un tel vêtement lui offrirait : grâce à lui, il serait possible de découvrir lesquels de ses sujets ne conviennent pas à leurs fonctions, et de départager les intelligents des imbéciles (ICI)



Que tous ceux qui pensent qu'après cette pandémie plus rien ne sera comme avant, que tous ceux qui croient qu'il est possible d'affirmer "Plus jamais ça", que tous ceux qui s'imaginent que les choses changeront... se trompent.

Croyez-vous qu'après Hiroshima l'humanité ait cessé de construire des bombes atomiques et, plus grave, ait cessé de penser qu'il était possible de les larguer sur des populations civiles ?

Croyez-vous qu'après la Shoah, l'humanité se soit immunisée contre les massacres de masse ou les génocides ? Croyez-vous que le Rwanda ou le Cambodge soient les dernières scories de l'histoire de l'extermination et que des citoyens ordinaires ne deviendront pas encore des bourreaux ?

Croyez-vous que les camps de travail n'aient plus existé après le dévoilement du goulag soviétique ?

Croyez-vous qu'un système de santé qui approuve des médicaments presque inutiles à des prix faramineux puisse de nouveau tourner rond alors qu'il n'est pas capable de produire des masques de protection, des surblouses, des charlottes ou des lunettes de protection au bon moment ?

Croyez-vous qu'un système de santé fondé sur le consumérisme alimenté par les promesses fallacieuses du zéro défaut du corps humain, d'une santé sans échec, d'une immortalité sans nuages, d'une dépistologie sans faille s'arrêtera de lui-même, fera une pause, se mettra à réfléchir ?

Croyez-vous qu'il soit possible de penser un monde sans virus comme on dit un monde sans tabac, un monde sans alcool, un monde sans cancer, un monde sans sida, un monde sans féminicide ? Un monde parfait. Mais sans masques.

Et aujourd'hui que la pandémie Covid-19 se propage dans le monde, comme dans le conte d'Andersen, Le roi est nu.

La médecine est nue : elle s'est dépouillée de ses beaux atours traditionnels dans lesquels elle se complaisait, se complaisant dans sa garde-robe, pour se livrer aux escrocs qui lui ont proposé des habits invisibles.

Il n'existe malheureusement pas de traitement, ni préventif, ni curatif.

Les professionnels de santé de première ligne en sont réduits, quand ils le peuvent (la pénurie de l'essentiel, de l'intendance, des protections), à s'agiter désespérément, impuissants devant des patients qui sont malades (un peu, beaucoup, passionnément) et qui guérissent tout seuls, des patients qui sont malades (un peu, beaucoup, passionnément) et qui meurent tout seuls, des patients qui sont sauvés in extremis par de la technique instrumentale (l'intubation, la ventilation mécanique invasive,) et d'autres pour qui on ne peut rien.

Les professionnels de santé sont nus devant le virus par manque de matériels banals, d'habits de rien, de morceaux de tissu, ils en sont réduits à être des barbiers luttant contre la peste ou le choléra en portant des masques de carnaval.

La médecine, telle le roi du conte, s'est revêtue d'habits invisibles depuis des années, affirmant haut et fort que cette somptueuse vêture (l'innovation, le hype, la prévention, le dépistage, la personnalisation, ...) était la plus belle du monde, la plus chatoyante, et que ceux qui n'y croyaient pas étaient des demeurés, des traîtres, des passéistes, voire des assassins.

Mais, pour en revenir au propos initial, "Plus jamais ça", y aura-t-il un enfant pour crier "Mais elle n'a pas d'habits du tout !"

Non.

Et les escrocs seront toujours là.