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dimanche 21 janvier 2024

Bilan médical du lundi 15 au dimanche 21 janvier 2024 : traitements inefficaces, soins primaires, cancer du poumon, cannabis, bêtabloquants, médecine de précision, IPP, Damien Barraud.

Je n'ai malheureusement pas de nom de à créditer


23/2024. Pourquoi les médecins prescrivent des traitements qui ne marchent pas.


Les raisons en français :

  1. Expérience clinique personnelle (l'expérience interne de l'EBM)
  2. Confiance surestimée pour un critère de substitution (l'HbA1C pour le diabète)
  3. L'histoire naturelle de la maladie (guérison sans traitement)
  4. Amour du modèle physiopathologique (ce qui est faux)
  5. Rituel et mystique
  6. Un besoin de faire quelque chose
  7. Personne ne pose la question
  8. Désirs du patient (réels ou supposés)

L'affaire spasfon/phloroglucinol soulevée en son livre (que je n'ai toujours pas lu) de Juliette Ferry-Danini a suscité énormément de commentaires dont je ne retiendrai que ceci  : 

  • il y a des médecines et des médecins qui prescrivaient spasfon en pensant de bonne foi que la molécule était efficace (qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme) : 1, 3, 5, 6, 8
  • il y a des médecines et des médecins qui prescrivaient spasfon en pensant de mauvaise foi que la molécule était inefficace (qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme) : 1, 3, 5, 6, 8

Bishal Gyawali @oncology_bg


Mais aussi un essai qui montre que le caisson hyperbare n'est pas efficace dans la surdité brusque : LA


La déchéance complète


24/2024. Pourquoi les soins primaires sont négligés. 

Parce que les politiciens ne se fondent que sur les avis d'un petit carré de PU-PH provenant du petit carré en bas à droite du carré de White.

Carré de White et hospitalocentrisme : LA


Roland Kirk ou la métaphore talentueuse du médecin généraliste


25/2024. Pourquoi la mortalité par cancer du poumon a diminué de façon considérable entre les années 80 et maintenant aux US.




Article très intéressant : ICI. Les statistiques du cancer aux US.

Plusieurs choix pour expliquer la diminution de cette mortalité chez l'homme comme chez la femme :

  1. L'efficacité des traitements
  2. L'utilisation du scanner pour le diagnostic
  3. La diminution du tabagisme 
  4. Autre cause.
La bonne réponse est 3



26/2024 Pourquoi les essais sur le cannabis thérapeutique n'échappent pas à la mauvaise médecine

L'abstract est LA.




27/2024 Pourquoi l'utilisation des bêta-bloquants en post infarctus est remise en question.

Parce qu'il existe un manque de preuves d'efficacité. Tout simplement.

Voir l'éditorial de John Mandrola : LA


En gros : au-delà d'un an on ne sait pas grand chose.




28/2024 Pourquoi la médecine de précision gaspille des ressources qui pourraient être mieux utilisées.

Est-elle trop importante pour échouer ?


L'article est ICI

En résumé : la médecine de précision est trop centrée sur le tunnel de la génétique et des gènes et devrait plus prendre en compte le mode de vie des patients et les facteurs environnementaux auxquels il est soumis.



29/2024. Pourquoi il faut réévaluer l'utilisation des IPP chez les personnes âgées : trop prescrits et trop longtemps.

Bel article : LA

Les IPP sont les inhibiteurs de la pompe à protons : omeprazole, esomeprazole, lanzoprazole, pantoprazole, rabéprazole.


Juin dans Charlie Hebdo



30/2024. Pourquoi l'histoire du Covid ne peut pas être refaite par Booba.

Article de Christian Lehmann du 21/10/2020 qui fait parler Damien Barraud sur la réanimation au temps du covid sans vaccins.

C'est ICI

Pour écouter Damien Barraud sur Sud Radio (à partir de 0:36) : LA


Booba est sur Doctolib




jeudi 17 octobre 2019

La médecine et l'épidémiologie ne sont pas asociales.

Charles Bukowski en 1978 sur le plateau d'Apostrophes

Je lis dans LeFigaro.fr un entretien de Me Cécile Thibert avec Me Catherine Hill, ex épidémiologiste en chef à l'institut Gustave Roussy (1) : ICI. L'article est intitulé sobrement : "Cancer : "L'environnement joue un rôle très faible comparé au tabac et à l'alcool"

Je remarque sur twitter que les progressistes de tous poils se mettent à sauter sur la table comme des cabris. Les progressistes ? Une définition ? Les personnes qui pensent, par exemple, et ils ont peut-être raison, que le réchauffement climatique sera résolu par une solution technologique avancée (le deux ex machina de la science) qui sauvera l'humanité éternelle sans que l'on aie besoin d'envisager une diminution de la consommation, c'est à dire une diminution des profits capitalistes, sans que l'on aie besoin de modifier les modes de vie, les rapports sociaux et et qui oublient que dans l'histoire de l'anthropocène, c'est la science, le développement du capitalisme, le développement du colonialisme, qui ont été à l'origine de ce réchauffement climatique (et de bien d'autres choses). La lecture du livre de Bonneuil et Fressoz (cf. l'image infra) est décapante et je vous propose de lire une critique argumentée de ce même livre (LA).



Je lis donc l'entretien avec Me Catherine Hill de la première à la dernière ligne et j'apprend deux ou trois trucs que je savais mais que j'avais oubliés.

Je m'énerve en le lisant et, heureusement, je lis la dernière phrase qui me calme et qui, la seconde suivante, m'énerve encore plus. "Les personnes avec des revenus élevés, mieux informées sur les risques, sont davantage épargnées"

Tout ça pour ça !

Voici quelques réflexions sociétales : 
  1. Plus t'es pauvre, plus tu meurs jeune.
  2. Surtout si tu es un homme.
  3. Moins ton niveau d'études est élevé plus tu es victime d'accidents du travail et de maladies professionnelles.
  4. Plus t'es pauvre et moins éduqué et plus ton espérance de vie en bonne santé est courte.
  5. Plus tu fumes et plus tu bois et plus tu meurs jeune.
  6. Plus tu nais dans un quartier défavorisé et plus ton risque de mourir avant un an est important (mortalité infantile).
  7. Plus t'es pauvre plus ton alimentation est riche en sucre, graisses, aliments transformés.
En lisant l'entretien, et nul doute que Me Catherine Hill a écrit des tonnes de littérature pour me contredire sur les conséquences de la pauvreté, du manque d'éducation (sic), des conditions de travail, des conditions de logement, de la précarité de l'emploi, du chômage de longue durée, sur l'espérance de vie à la naissance, la mortalité infantile, l'espérance de vie en bonne santé, la mortalité en couches, et cetera, je me dis que l'épidémiologie hors sol est une variante de la médecine hors sol.

Cet entretien fait passer l'idée, mais je dois être de mauvaise foi, que les conséquences de la mauvaise qualité de l'environnement, on s'en tape, puisqu'il suffit de ne pas boire et de ne pas fumer pour être "en bonne santé".

Il est également remarquable de comprendre que ces constatations privilégient la responsabilité individuelle, facteur indéniable et non négligeable, le choix éclairé du citoyen informé, le fameux homo Neo-liberalus si cher à nos élites qui agit toujours en fonction de ses intérêts, et nient les influences sociétales auxquelles tous les citoyens sont soumis à longueur de journées (le citoyen bombardé par les publicités pour la Junk Food - la bouffe de merde en français- pouvant exercer son libre-arbitre et ne pas emmener ses enfants en bas âge dans les McDo et autres KFC). Cela exonère les politiques de santé publique de toute responsabilité.

Je prends un exemple qui m'est cher. 

L'analyse des courbes de mortalité infantile dans les pays développés indique que sa décroissance est devenue asymptotique, que l'on peut retrouver, globalement, des différences entre la France (mauvais élève : 3,3/100 000, sans Mayotte) et le Luxembourg (bon élève : 1,58/1000) mais que, grosso modo, les vraies différences se situent entre les pays à forts revenus et les autres (voir LA).

Eh bien non. Les différences sont territoriales, comme diraient les politico-administratifs : le taux de mortalité infantile est de 4,8 (6,9 selon d'autres sources) dans la Seine-Saint-Denis et de 16 à Mayotte ! Ce qui situe la Seine-Saint-Denis au niveau de Bahrein.

(J'ai déjà développé cela ICI)

Ainsi, comme dit l'autre, il faudrait mettre "un pognon fou" dans ces zones "défavorisées", réfléchir, ne pas dépayser les PMI hors des zones de pauvreté et de chômage, informer les associations et faire passer des messages par leur intermédiaire (et peu importe qu'il s'agisse des Peuls du Val fourré, des Sérères, des Marocains ou des Tamouls)... Car la fameuse Inverse Care Law de 1971 (LA) est toujours aussi vraie : les services de santé et de soins s'implantent toujours dans des régions où on en a le moins besoin.

L'épidémiologie est fortement influencée par les conditions socio-économiques des populations : au niveau mondial, au niveau continental, au niveau national, au niveau loco-régional. Et il en est ainsi des interventions médico-sociales.

On pourra toujours dire que le Poulard sénégalais arrivant du Fouta (et ici à Mantes la majorité des Sénégalais sont originaires de Podor ou de Matam) aura la chance, en ayant des enfants en France plutôt que le long du fleuve Sénégal, que la mortalité infantile passe de (et encore n'ai-je pas les chiffres particuliers de cette région éloignée de Dakar)  44,3 à 6,6 !



Bon, nous sommes loin de l'entretien dans Le Figaro. Bonnes réflexions.




(1) Je pourrais en faire des tonnes sur l'institut Gustave Roussy qui est un exemple désastreux de la politique publique (et ici privée) en matière de cancérologie en France. Je vous prie de regarder LA les propos pour le moins prudents et favorables de Catherine Hill pour le dépistage organisé du cancer du sein entre 50 et 74 ans où elle évoque, sans doute pour se dédouaner, des études auxquelles elle ne "croit pas", à propos du sur diagnostic et du sur traitement, mais sa conclusion est décapante : elle dit en substance qu'il vaut mieux ne pas boire et ne pas fumer que de passer une mammographie.