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mercredi 22 février 2023

Misère de l'épidémiologie, épidémiologie de la misère : Deuxième partie

Via ICI


2. Epidémiologie de la misère. 

(Voir ICI pour la première partie Misère de l'épidémiologie.)


L'âge d'or de l'épidémiologie.

Avant l'irruption du Covid il était dit et écrit partout, qu'il s'agisse des épidémiologistes médecins ou non, des économistes de la santé, des médecins en général, des statisticiens, des géographes, des démographes, des historiens, des membres des agences gouvernementales comme Santé Publique France, l'INED ou la DREES, sans oublier la Cour des comptes ou le Conseil économique et social, que la santé publique était quasiment arrivée à son âge d'or puisque l'espérance de vie en bonne santé ne cessait d'augmenter et que les deux autres indices historiques de l'épidémiologie, la mortalité infantile et la mortalité en couches n'avaient jamais été aussi basses dans les pays développés (mais aussi ailleurs) depuis que des courbes existaient.

C'est ce qu'on appelait l'achèvement de la transition épidémiologique ou la transition sanitaire : ICI.

Période de baisse de la mortalité qui accompagne la transition démographique. Elle s’accompagne d’une amélioration de l’hygiène, de l’alimentation et de l’organisation des services de santé et d’une transformation des causes de décès, les maladies infectieuses disparaissant progressivement au profit des maladies chroniques et dégénératives et des accidents.

Cet âge d'or de la Santé publique était l'arbre qui cachait la forêt des inégalités de santé. Le retour violent du social dans le mythe de la Bonne Santé.


Les déterminants non médicaux du mythe de la Bonne santé

L'âge d'or de l'épidémiologie que j'appelle, en référence à Francis Fukuyama, La fin de l'épidémiologie et le dernier homme, était un mythe, comme le titre du livre.



Un mythe qui s'auto-détruisait en observant les inégalités entre pays riches et pays pauvres sur les 3 critères historiques de l'épidémiologie, mais aussi en analysant les inégalités à l'intérieur des pays riches, et notamment en France.

Rappelons encore que 80 % des déterminants de santé sont non médicaux.


Cette figure est tirée de cet article : LA.

Un article états-unien de 2016 et consacré aux USA en avait fait déjà le tour : LA

Et enfin un article, toujours états-unien, de 2023, disait la même chose : ICI

La DREES dit cela depuis des années (ICI) et rien ne change dans les politiques publiques (en France et pas qu'en France).

Les médecins en ont conclu, contre toute évidence, qu'il fallait intensifier la médecine.


La fin de l'âge d'or.

Il y avait bien quelques voix divergentes qui tentaient de modérer cet enthousiasme en parlant de la stagnation de la courbe d'amélioration de l'espérance de vie à la naissance, de la stagnation de l'espérance de vie en bonne santé (LA) ou du fait que dans certains pays certains groupes sociaux perdaient en espérance de vie à la naissance (voir le rapport complet de l'OCDE : LA). 

Il y avait aussi quelques voies divergentes qui, en France, malgré le vieux mythe du meilleur système de santé du monde, soulignaient des inégalités de santé publique majeures (taux de mortalité infantile dans le 93 par rapport à celui de la métropole entière et/ou celui de Mayotte). Sans oublier l'espérance de vie à 35 ans qui montrait que la profession et les conditions socio-économiques étaient un de facteurs majeurs de la santé publique.

Et ainsi, les progrès de la santé publique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale étaient-ils surtout attribués à la médecine (antibiotiques, vaccins, progrès de l'anesthésie et de la chirurgie), le triomphe de la médecine comme le disait Knock en 1926 et par l'intermédiaire de Jules Romain), et non aux progrès ininterrompus de l'hygiène publique et privée.

Quels étaient les médecins qui osaient affirmer clairement que le triomphe de la médecine avait atteint son acmé, que l'augmentation de l'espérance de vie ne pouvait pas continuer à progresser éternellement (les transhumanistes s'étaient même emparés de l'affaire), qu'il y avait des limites et que la seule façon de progresser était se s'attaquer aux inégalités de santé ?

Alors qu'à juste titre des économistes de la santé de gauche comme de droite (on attend les économistes de la santé atterrés) se focalisent sur l'accès aux soins, sur le reste à charge (ce que le patient doit payer de sa poche en plus de ses assurances publiques ou privées), sur les délais pour obtenir un rendez-vous avec un professionnel de santé, sur les dépassements d'honoraires, sur les conditions d'accueil inacceptables aux urgences hospitalières, sur le fait que les détenteurs de droits sociaux (CMU) aient plus de difficultés que d'autres à prendre des rendez-vous dans certaines spécialités, bla-bla-bla, peu d'économistes, pour des raisons idéologiques qu'il n'est pas très difficile d'analyser (et, après tout, ce n'est pas leur métier) s'interrogeaient sur la validité interne de la qualité des soins et surtout sur les inégalités de santé avant d'être malades.

Nous ne parlerons pas ici des inégalités nord-sud qui sont pourtant au centre de l'économie mondiale et, notamment, du marché des médicaments (utilisés au nord et fabriqués au sud). Sans oublier le pillage des médecins de leur pays d'origine pour suppléer aux défaillances du système de santé.

Nous parlerons des inégalités franco-françaises, entre métropole et DOM-TOM, et à l'intérieur même de la métropole.


La situation de la France


Or, nous l'avons déjà dit plusieurs fois ici sur ce blog, la France va mal (LA) pour ce qui est des indices classiques de l'épidémiologie par rapport aux autres pays de l'OCDE.

Faisons un peu le tour des performances d'un pays qui, en Europe, dépense la part la plus importante de son PIB aux dépenses de santé :

Nous sommes les numéros 1 en termes de pourcentage du PIB consacré à la santé (11,3 %), devant l'Allemagne (11,25), la Suède (11), l'Autriche (10,4), la Belgique (10,3), le Danemark et les Pays-Bas (10,1).

Inventaire : 

Espérance de vie à la naissance (OCDE) : 82,9 ans/10° sur 45 pays 

Espérance de vie à la naissance (femmes) (référence INSEE) : 85,2 ans/sur 26 pays

Espérance de vie à la naissance (hommes) : 80,3 ans/ sur 26

Mortalité infantile en 2019 (ICI) : 3,4/ 30° sur 193 (détérioration de la mortalité infantile en France selon une source INSERM, LA, depuis 2012 !)

Mortalité en couches (encore une fois les inégalités sociales et territoriales sont flagrantes en France : ICI):   8/26° sur 183 pays (source : LA)

Espérance de vie en bonne santé (les chiffres sont sujets à caution dans la mesure où les critères retenus sont variables) (source : LA) avec les derniers chiffres de la DREES parus le 23/02/2023 : LA

Femmes (en Europe et en 2019) : 64,7 ans/ sur 25

Hommes (idem) : 62,6 ans/15° sur 26

Consommation d'alcool : numéro 2 en Europe

Consommation de tabac : Numéro 3 en Europe

Consommation de cannabis : Numéro 1 en Europe

Consommation de benzodiazépines : Numéro 2 en Europe


L'irruption du Covid ou la revanche de l'hygiène.

Le covid, selon nous, a exacerbé un certain nombre de faits sociaux et de santé (pardon pour les redites pour les familiers de ce blog) qui sont des erreurs fondamentales pour la santé publique.

  1. La faillite de la recherche publique et privée sur les vaccins : le vaccin contre la grippe saisonnière existe depuis 50 ans et les études contrôlées sur son efficacité (sur différents critères qui n'étaient même pas évoqués avant le covid -PréCo- : mortalité, transmission populationnelle, familiale, au travail, dans les établissements scolaires, dans les structures de soins entre patients, patients vers soignants, soignants vers patients, formes sévères, moyennes et ou modérées, et cetera...) n'ont pas été menées dans de bonnes conditions "scientifiques". 
  2. La faillite de la promotion de l'hygiène et des études la concernant : pendant ces 50 ans, mais là on aurait pu le faire avant, pas d'études contrôlées robustes, de qualité, n'ont été menées sur le lavage des mains, la distanciation sociale, le port de masques (et quel type de masques), dans la rue, dans les transports, à la maison, au bureau, à l'usine, à la machine à café, l'aération des locaux, la purification de l'air...
  3. J'en profite pour dire à tous ceux qui ont dit, écrit, proclamé, ils se reconnaîtront, ce n'est pas la peine de les nommer, je ne voudrais pas risquer qu'ils se retrouvent avec des essaims de trolls sur le dos, tous ceux qui m'ont traité officiellement, officieusement, sous le manteau, voire depuis la Kommandantur, d'antivaxx, d'hygiéniste (pour les ignorants qui sont nombreux j'écrirais un jour la différence entre l'hygiène et l'hygiénisme), d'antiscience pendant la période PréCo, la période de la grippe saisonnière, parce que je posais les mêmes questions que j'ai posées pendant la période Covid, j'en profite pour dire à tous ces gens-là, ceux qui, pendant la période Covid m'ont traité officiellement, officieusement, sous le manteau, voire depuis la Kommandantur, d'antivaxx, de méthodolâtre EBM (parce que je ne me contentais pas d'études épidémiologiques cas-témoins rétrospectives sur dossiers électroniques avec comme critères d'efficacité des critères de substitution), de covidonégationniste, mais surtout de partisan de l'euthanasie sociale : que faisaient-ils pendant la période des grippes saisonnières ? Qu'ont-ils fait après la pandémie sinon compter les morts pour faire encore plus peur ? Avaient-ils piscine au conseil de l'Ordre, avaient-ils piscine avec Raoult et Perronne, avaient-ils piscine avec Sanofi et l'Institut Pasteur ? Non : ils pensaient que seul le chiffre d'affaires lié à la vente des vaccins comptait.
  4. L'hygiène, le lavage des mains (et ce n'est pas parce que le lavage des mains a peu d'impact qu'il ne faut pas continuer de se laver les mains), l'aération des locaux, la purification de l'air, la distanciation sociale, le port des masques, lesquels ?, où ?, en quelles occasions ?, est, tout le monde peut le reconnaître, un complément nécessaire mais pas suffisant de la vaccination contre le covid et pour lutter contre le covid. La lecture ou la relecture pour les plus instruits de Thomas McKeown semble nécessaire. Désormais, même les vaccinolâtres railleurs la prônent, cette satanée hygiène, puisque l'efficacité du vaccin n'est pas suffisante pour freiner la transmission.
  5. Remarquons que les épidémiologistes, infectiologues, virologues, démographes qui étaient en place pendant A(H1N1) lors de la pseudopandémie et qui ont menti et fait de fausses prévisions, qui n'ont pas engagé d'essais de qualité et surtout ont affirmé que ces essais ne servaient à rien puisqu'il suffisait de vacciner plus de monde, sont toujours en place.
  6. Pour terminer, n'oublions pas que cette pandémie Covid a touché en France, et notamment avant l'apparition de la vaccination, les plus pauvres, les plus démunis, les moins insérés dans le tissu social, les personnes qui ne sont pas nées en France, les moins éduqués, les CSP - et les fragiles classiques, c'est à dire les immunologies-déprimés.

Conclusion provisoire.

Ainsi, les progrès en santé publique dans les pays développés, se fera surtout par des actions concertées entre les pouvoirs publics, les acteurs du social et les professionnels de santé, sur les 80 % des problèmes de santé qui ne sont pas liés à la médecine.

Mais il est plus facile (quoique...) de demander de l'argent que d'agir vraiment avec l'argent que l'on nous a donné, il est plus facile de demander de l'argent que d'arbitrer son usage vers des actes moins valeureux que la transplantation cardiaque ou l'oncologie personnalisée : les conditions de travail, de logement, l'éducation, le niveau des salaires.

Car, à l'inverse, toutes les belles courbes historiques de la santé publique vont se dégrader inexorablement. Et les épidémiologistes qui tiennent la baraque en France, au lieu de peser de tout leur poids (qui est faible, avouons-le) pour initier des essais de qualité nous diront comme ont dit les grands pharmacologues présents dans les réunions du Comité de Pharmacovigilance de l'Agence, nous ne pouvions rien faire (ils sont restés, ils n'ont pas démissionné et ils font la morale à ceux qui les critiquaient à l'époque).

Les épidémiologistes ne servent donc qu'à compter les morts.