vendredi 11 décembre 2020

Jour 11 des pratiques médicales répandues en France non fondées sur les preuves : la fréquence des frottis du col utérin et quelques babioles.

Les gynécologues et les gynéco-obstéticiens qui pratiquent un frottis du col utérin tous les ans ou tous les deux ans (voir ICI les recommandations de l'HAS pour les tests HPV-HR), qui prescrivent la pilule pour 6 mois, qui prescrivent des mammographies avant 50 ans et après 74 ans (chez des femmes non à risques), qui prescrivent des hormones durant la ménopause, qui prescrivent des pilules de troisième génération, qui ne posent pas de stérilets chez des femmes nullipares, toutes ces personnes sont des praticiens et ciennes qui ont des pratiques non fondées sur les preuves. Et des pratiques dangereuses.

Vous reconnaissez-vous ?

jeudi 10 décembre 2020

Jour 10 des pratiques médicales répandues françaises et internationales non fondées sur des preuves : La revascularisation coronaire et/ou la pose de stents en cas d'angor stable.

Trois études contrôlées ont exploré ce sujet.

Courage en 2007 (LA), Orbita en 2017 (ICI) et Ischemia en 2019 (LA).

Grosso modo, et à des détails près qui concernent les critères d'inclusion et les modalités des protocoles, elles disent toutes la même chose : un traitement pharmacologique bien conduit est aussi efficace qu'un geste de revascularisation.

Les choses changent-elles ? Peu.

Pourquoi ? Vous avez le choix : 

  1. Croyances
  2. Sidération
  3. Intérêts financiers
  4. Autre
Je rappelle que COI veut aussi dire en anglais : Conflict Of Interests.

Voir le blog Insuffisant cardiologue : ICI.

mercredi 9 décembre 2020

Jour 9 des pratiques médicales françaises et internationales répandues et non fondées sur des preuves : Homéopathie, Ostéopathie, Acupuncture, Auriculothérapie, Réflexologie plantaire...

Je suis en train d'enfoncer des portes ouvertes.

Bien que je n'aie pas signé La Tribune contre l'homéopathie pour des raisons que j'ai longuement expliquées (et, a posteriori, la façon dont certains signataires se sont comportés m'a rendu plus serein).

Le déremboursement ne me paraissait pas la priorité des priorités dans le contexte de la Santé publique en France.

La réaction des membres de l'Ordre des médecins (#PasTous), les procédures, m'ont confirmé dans l'idée que le juridisme était différent de la médecine.

Et que l'Ordre était pour le moins à côté de la plaque (doux euphémisme) en constatant comment il éprouvait beaucoup de bienveillance à l'égard des médecins pédophiles ou harceleurs ou violeurs.

Mais ensuite j'ai écouté, j'ai lu les propos des homéopathes, des ostéopathes et autres praticiens de la médecine dite "complémentaire". 

Et là, c'était trop. Ils étaient et sont toujours sur une autre planète, sans doute plate.

De quelle exoplanète sont-ils issus ? 

Mais quand la Covid est arrivée je me suis rendu compte, avec d'autres, que le milieu académique pur et dur avait lui-aussi besoin que l'on s'intéresse à lui au même titre que les homéopathes et autres ostéo...

Car il s'agissait de grands professeurs issus du sérail, avec d'éminentes responsabilités de recherche, de soin et d'enseignement.

Sans oublier les hommes sandwichs de l'industrie pharmaceutique qui n'avaient pas lu une seule fois un protocole clinique ou un rapport d'essai, et là je pense que ce sont les moins coupables, puisque nuls ils pouvaient mentir par nullité. Mais les autres... Ceux qui ne vérifient pas les sources, ceux qui font aveuglément confiance aux analyses statistiques, ceux qui pensent que les sous-groupes sont de formidables opportunités, ceux qui ne lisent que les résultats ou les conclusions dans les abstracts publiés, ils sont encore capable de mentir par bêtise. Mais les autres... Ceux qui savent et qui se taisent, ceux qui comprennent et ferment leur bouche, ceux qui savent et qui acceptent les conclusions rapides afin de devenir des Key Opinion Leaders attitrés. Parce qu'ils le valent bien.

Sont-ce des homéopathes ou des ostéopathes comme les autres? 


mardi 8 décembre 2020

Jour 8 des pratiques médicales répandues françaises et internationales non fondées sur des preuves : La vaccination anti grippale saisonnière

La vaccination contre la grippe saisonnière n'a pas encore fait la preuve de son efficacité dans des essais contrôlés de bonne qualité.

Cela fait pourtant cinquante ans qu'existe la vaccination contre la grippe saisonnière.

Cela fait cinquante ans que tous les critères d'efficacité retenus par les agences gouvernementales sont fondés sur des taux d'anticorps.

Cela fait cinquante ans que l'on attend le résultat d'essais contrôlés bien menés pour montrer  que la vaccination anti grippale saisonnière mais on nous dit, les autorités, les laboratoires, qu'il ne serait pas éthique de proposer de tels essais puisque l'on sait que cela marche.

Malgré les déclarations tonitruantes et l'argent dépensé, en l'état actuel des choses il n'est pas démontré que le vaccin anti grippal protège efficacement les personnes âgées (voir ICI) et que la vaccination des personnels de santé protège efficacement les personnes âgées institutionnalisées (voir LA).

On aurait donc dû mettre en place des essais contrôlés de bonne qualité avec une méthodologie robuste et, en prenant en compte la faible efficacité constatée avec les essai disponibles, on aurait dû et pu, en même temps, mener des essais randomisés  concernant les masques, le type de masques, à l'intérieur, à l'extérieur, concernant l'aération des locaux, la distance de sécurité dans les lieux institutionnels de soin et dans la rue et dans les lieux de confinement, le lavage des mains, en tenant compte des âges et des comorbidités. Ainsi, par prévention,  et  en dépit du fait qu'il n'est pas clair que ces études auraient pu montrer des résultats conclusifs, les mesures barrières auraient été instaurées depuis longtemps contre la grippe saisonnière, et ainsi le port du masque et les recommandations de distances de sécurité auraient pu être instituées plus tôt pour Covid-19 et auraient pu sans doute sauver des vies et désengorger les services de réanimation.

J'ai oublié de dire qu'il n'y avait pas de masques (et d'autres babioles comme des gants, des blouses jetables) au début de la pandémie. Mais, si des études de ce type avaient été faites pour la grippe saisonnière, tout le monde aurait eu des masques en février !

On voit que les pays qui ont, il faut être prudents, le mieux réussi comme Taïwan ou la Corée du sud avaient eu l'expérience d'épidémies antérieures, SRAS, H1N1, Mers-Cov et en avaient tiré des conséquences à la fois pour les mesures-barrières et pour les technique de diagnostic/traçage/isolement.

Enfin, il serait judicieux d'être prudents sur l'efficacité en situation réelle des vaccins qui commencent à être pratiqués : les mesure-barrières ne sont sans doute pas à abandonner dans l'immédiat et surtout dans les années prochaines.

N'oublions pas que la logistique est un point aussi crucial que la vaccination elle-même.



lundi 7 décembre 2020

Jour 7 des pratiques françaises répandues et non fondées sur des preuves : La prescription de Spasfon/phloroglucinol

 Aucun essai contrôlé de bonne qualité n'a montré que le Phloroglucinol/ Spasfon était efficace pour lutter contre la douleur.

Avec de rares effets indésirables graves de type allergique.

ICI ou LA

Et dans Prescrire : ICI

dimanche 6 décembre 2020

Jour 6 des pratiques médicales répandues françaises et internationales non fondées sur les preuves : Faire la morale aux consultant.es.

Faire la morale aux consultant.es est une activité répandue et pratiquée par le corps médical.

A tort.

Beaucoup de médecin.es en ce moment, par exemple, font la morale aux patients en leur disant que ce n'est pas bien de ne pas porter de masques à l'intérieur, que ce n'est pas bien de porte le masque sous le nez, que ce n'est pas bien de ne pas respecter la distance physique dans les queues ou dans les magasins, que ce n'est pas bien d'aller voir les personnes âgées dans les EHPAD. Et que ce sera à cause d'eux si survient une troisième vague de Covid-19.

Ils feraient mieux de leur fournir des arguments d'ordre scientifique fondés sur des essais contrôlés.

Certains médecins promettent même l'intubation à ces immoraux, et ajoutent qu'ils l'auront bien méritée.

Ces médecins parlent d'altruisme, et veulent rendre coupables ceux qui ne respectent pas la morale.

Cette attitude n'est pas nouvelle.

L'article III du Code Européen d'Ethique médicale de l'Association médicale mondiale dit : "Un médecin doit s'abstenir d'imposer à son malade ses opinions personnelles, philosophiques, morales ou politiques".

Personne ne sait si la morale, ça marche. Aucune étude contrôlée ne l'a jamais démontré.

Je reprends ici des idées contenues dans le court chapitre Ethique et Médecine du livre "Idées fausses, idées folles en médecine" de Skrabanek P et McCormick J.

La médecine, pour simplifier, ne consiste pas à rendre les hommes vertueux, mais à les sauver des conséquences de leurs vices.

N'allons pas plus loin.

Phrase magnifique de Mencken HL (en 1923) : "Un médecin ne prêche pas le repentir, il offre l'absolution."

Pour une grande partie des médecins, c'est l'enseignement qu'on leur donne, la maladie est le salaire du péché.

Enfin, cette morale est le pendant du mythe de la bonne santé qui considère qu'il est possible d'imaginer un monde sans souffrances, voir le billet précédent, ICI. Ce mythe, décrit comme "Le silence des organes" par Leriche en 1936 ou comme le contrôle de la société tout entière par la théologie médicale dans le but de faire disparaître toutes les maladies par Foucault M dans "Naissance de la clinique" en 1973.

Rappelons-nous que la morale d'un monde sans souffrance a conduit au scandales des opioïdes aux Etats-Unis d'Amérique.


samedi 5 décembre 2020

Jour 5 des idées médicales répandues françaises et internationales non fondées sur les preuves : La définition de la Santé selon l'OMS

 «La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité». 


Cette définition est proprement délirante. A moins d'associer santé et orgasme.

Elle a sans doute renforcé le déferlement intrusif des médecins et de la médecine dans la vie des gens, ce qu'Ivan Illich appelait d'une jolie formule La médicalisation de la santé.

René Leriche parlait en 1936 du silence des organes.

Selon Jean-Pierre Dupuy c'est la négation de la condition humaine.

Cela a permis l'intensification du Disease mongering (ou stratégie de Knock), le développement inconsidéré de l'Eglise de Dépistologie, la prescription ad nauseam des examens complémentaires et du sur diagnostic (diagnostiquer et traiter une maladie qui n'aurait jamais fait parler d'elle) ignoré des thérapeutes et des dépistologues. 

«Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la Conférence internationale sur la Santé, New York, 19 juin -22 juillet 1946; signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 Etats. (Actes officiels de l'Organisation mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948». Cette définition n'a pas été modifiée depuis 1946.