dimanche 4 décembre 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 28 novembre au dimanche 4 décembre 2022 : morts du covid, paxlovid, grève des MG, Gustave Roussy, Pascal Praud, masques, F&D, Goetzsche, partage des compétences, hygiénisme, fentanyl.

 

1. Excès de mortalité et vaccination



Voir ICI l'article : 

Nous l'avons déjà vu dans un billet précédent le calcul des morts du Covid dans un seul pays et les comparaisons internationales sont périlleuses, notamment en raison du mode de recueil. 

Quant à la comparaison globale nombre de morts/taux de vaccination (qui dépend de l'âge et du risque encouru dans les différentes tranches d'âge c'est du n'importe quoi avec un très fort taux d'énergie.

Je conseille au gouvernement de publier ce genre de chiffres. 

Qui sont faux.




2. Epiphare, paxlovid et vaccination

Mahmoud Zureik et son équipe continuent inlassablement et avec brion de publier des données descriptives rétrospectives, parfois cas-témoins sur le Covid et sur bien d'autres sujets. 

Voir LA, un éditorial ou un résumé représentation où le mot vaccination n'est pas abordé..


On rappelle pour la énième fois qu'aucun essai paxlovid vs placebo n'a montré quelque chose chez les vaccinés. Une étude Pfizer vient d'être interrompue pour inefficacité. Mais le docteur Xavier Lescure n'en a cure (LA).


3. Les MG se lâchent.


La nouvelle médecine générale décoiffe.

  1. Consultation le jour même (1 seul motif). Le patient doit connaître son diagnostic avant de venir et savoir qu'une conjonctivite et une urétrite peuvent avoir une seule origine. Il doit donc choisir de quoi il va parler. Et en 20 minutes, voir plus loin, le temps va paraître long. On rappelle ici que TOUS les MG qui s'expriment sur tweeter pratiquent les consultations longues (une demi-heure) et remplissent un dossier complet lors d'une première fois (tiens, c'est le cas), y compris le poids de la grand-mère et le nombre de fois où ils baisent, s'il y a un amant, une maîtresse, si c'est multipartenarial transversal et non longitudinal, le nombre de cigarettes par jour, la consommation d'alcool, s'il existe des violences sexuelles et/ou conjugales, et j'en passe. Est-ce qu'une consultation normale selon les critères du Comité Exécutif de la Bonne Médecine Générale (margueritée au besoin) pourrait se faire en moins de 20 minutes, trod compris, j'en doute... Voir point 3
  2. Consultation normale secteur 1. On se résume : tous les MG de tweeter ne pratiquant jamais  de consultations de renouvellement (c'est une insulte que l'on réserve aux pharmaciens et aux IPA), c'est à dire qu'ils ne suivent que des malades chroniques, multi pathologiques avec 12 médicaments sur l'ordonnance ALD avec toutes les interactions possibles (n'oubliez pas le jus de pamplemousse) avec, à chaque consultation, reprise de l'interrogatoire comme dans les commissariats, "Racontez-moi encore votre version, vous avez besoin d'un verre d'eau...", voir le point suivant pour les consultations durant plus de 18 heures, non, j'ai mal compris, plus de 20 minutes, douche comprise, 18 heures, c'est une garde à vue, donc, une consultation normale de médecine générale qui dure moins de 20 minutes, c'est de l'abattage, c'est bon pour les médecins mauvais, nuls, les vieux, ceux qui ont fait médecine par vocation, donc, une consultation normale de secteur 1, cela n'existe pas...
  3. Exigence particulière (+25€ car >18h ou >20min). Il eût fallu préciser : Exigence particulière du médecin. D'ailleurs "+25€", ça veut dire 50 ? Je pense donc à ce patient bègue qui va dépasser les 20 minutes, à ce salarié qui va devoir prendre un RTT ou demander un arrêt de travail s'il ne veut pas payer 50 €... 

Avec des réactions gratinées.

Je prends celle-là car je ne la comprends pas : les consultations après 18 heures seront facturées 50 €, ce qui permettra de voir ses enfants avant 18 heures avec 25 € de plus dans les poches...



Le BNC (somme à déclarer aux impôts après déduction des charges des cabinets médicaux) des médecins libéraux.



4. La sémiologie et le FearMongering alakhon de Gustave Roussy

(Je n'avais pas fait de copie d'écran. Et après un commentaire sur twitter le compte @GustaveRoussy m'a bloqué. J'ai quand même retrouvé l'écran initial que voici : 




Avec, en sus, la photo alakhon


Donc, selon Gustave Roussy, écoutez tous, Mesdames et Messieurs, si votre mari, compagnon, si vous-mêmes, souffrez de douleur et de fatigue, vous avez peut-être un cancer de la prostate !

De qui se moque-t-on ?

5. Pascal Praud au sommet de son art charlatanesque




6. Une étude randomisée alakhon sur le port du masque

Il y a une crise de la recherche clinique.

Voir LA.

Publication d'une étude internationale concernant la transmission du covid chez les soignants dans 4 pays.

Les pays : Canada, Israël, Pakistan et Egypte. On comprend d'emblée que les systèmes de santé sont identiques et qu'il est donc facile de faire des comparaisons.

Il s'agit d'un essai contrôlé de non infériorité sur la transmission du covid de patients infectés à personnel soignant non malade (n = 1009) pendant 10 semaines.

Cette étude montre qu'il n'y a pas de différences pour la transmission de soignés infectés à soignants non infectés entre FFP2 et masque chirurgical.



Ce qui est donc amusant dans cette affaire (amusant n'est pas le mot, il vaudrait mieux dire, inquiétant) c'est que les gens qui clamaient que faire un essai contrôlé FFP2 vs placebo n'était pas éthique (arguant de l'effet parachute, on ne peut faire un essai  comparant des personnes munies d'un parachute vs rien en les lâchant dans le vide, tant la preuve évidente est évidente que le parachute marche) affirment maintenant que l'essai FFP2 vs masque chirurgical n'incluait pas assez de personnes.

Les problème majeurs ce cet essai de non-infériorité : il est international, il compare des systèmes de santé différents, des environnements différents (les contaminations externes sont sans doute très comparables en Israël et en Egypte, il y a du delta et de l'omicron...).

C'est une perte d'argent et de temps considérables qui pose la question de l'allocation des ressources au niveau mondial, alors qu'il n'existe toujours pas un essai contrôlé en cluster réalisé dans un seul lieu, dans une seule institution de soins, dans une zone avec des données épidémiologiques précises, c'est un grand machin alakhon.  

Addendum du 5/12/22 : un commentaire de John Mandrola. Savoureux : ICI.



7. Vu de Suisse

Nos auteurs graphomanes Antoine Flahault et Laure Dasinières ne cessent de donner des leçons de pandémie : LA 

L'avantage vient de ce qu'ils ne se trompent jamais.

Lisez-les, lisez-les. Effet Streisand garanti.



8. Echec du contrôle des médicaments avant commercialisation, normes déclinantes et corruption institutionnelle


Peter Gotzsche ressasse et rien ne change : ICI


9. Le fait de partager les compétences avec des assistants non médecins ne diminue pas la charge de travail et n'augmente pas la satisfaction des MG



Des commentaires sur l'étude sont LA

L'étude est ICI.

Ce sont des MG britanniques, ce sont des salariés du NHS, ils ont l'habitude de travailler avec des IDE, des AS et des travailleurs sociaux, ils consultent en moyenne 60 à 70 patients par jour, ils travaillent groupe dans des maisons médicales.

Les résultats de l'étude : 

  • Outre le titre, très surprenant
  • Les patients préfèrent quand il y a plus deMG temps plein
  • Le NHS (l'équivalent de l'Assurance maladie) ne fait pas d'économies en favorisant le partage des compétences.

10. Le retour de l'hygiénisme


Il ne faut pas confondre hygiène et hygiénisme.

L'hygiène (le tout à l'égout, l'eau courante potable, la sécurité alimentaire, l'élimination des déchets, la qualité de l'air, la salubrité des logements, et cetera) a fait un bien considérable à l'humanité notamment en termes des mortalité infantile, de mortalité en couche et pour l'espérance de vie bien avant l'apparition des vaccins et des antibiotiques).

L'hygiénisme, historiquement, c'est faire porter aux individus, notamment les personnes à faible niveau socio-économique, les raisons pour lesquelles ils sont malades (alcoolisme, tabagisme, mauvaise alimentation, voire tares génétiques ou sociales), pour distraire de ce qui faisait à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième un des point majeurs de la bonne santé des ouvriers, des agriculteurs et des employés : les conditions de travail imposées par le patronat. 

Loin de moi l'idée qu'il faille fumer, boire, et cetera, mais la culpabilisation des populations (la maladie est le salaire du péché) n'est pas une bonne méthode de santé publique.





11. Le championnat du monde du fear mongering (l'invention de la peur)

Le covid long pourrait être le prochain désastre de santé publique avec un impact économique de 3 milliards de dollars rivalisant avec celui de la Grande Récession de 2008...


12. Aux US les morts par overdose ont plus que doublé entre 2019 et 2021

Le fentanyl est impliqué dans les 3/4 des cas.


Voir ICI le fil complet des propos de Scott Hadland.





samedi 3 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 3 (Film)

Quel est le film (où apparaissent des médecins) qui vous a fait le plus rire et qui aurait pu modifier votre pratique ou qui aurait pu vous interroger en tant que médecin praticien ?

Robert Altman - 1970

Bon, c'est vrai, ce ne sont que des chirurgiens...

Cette critique féroce de la guerre et de la médecins de guerre est impitoyable. Avec des outrances assumées par des acteurs inspirés et remarquablement dirigés par Robert Altman.


vendredi 2 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 2 (séries)

 

House M.D.

Quel est la série qui a le plus modifié votre pratique ou qui vous a le plus interrogé en tant que médecin praticien ? 

Ma réponse est dans la photo.

Vous pouvez donner votre avis dans les commentaires.

J'ai déjà écrit un billet, mais c'était sur Gregory House : ICI.

Cette série est : 

  • Drôle
  • Délirante
  • Loufoque
  • Juste
  • Médicalement inepte
  • Aborde presque tous les thèmes de la médecine moderne
  • Irritante pour tous les bons docteurs qui ne supportent pas le héros
  • Irritante pour les ignorants
  • Traite les grands sujets de l'Amérique et de la médecine : le racisme, l'antisémitisme, la misogynie, le culte du chef, les rapports avec les patients, le mensonge, la décision partagée, la lâcheté, la confraternité, l'argent, les addictions, les genres...
Et j'en passe.

Voir sur wikipedia : LA.

jeudi 1 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 1 (redite)

Quel est l'article qui a le plus modifié votre pratique ou qui vous a le plus interrogé en tant que médecin praticien ? 

Cette question est d'une grande khonnerie. D'abord, parce que d'autres articles m'ont beaucoup changé mais aussi parce que la médecine est un tout et qu'un article ne peut "imprimer" que si le contexte neuronal est préparé. Ensuite, parce que, les classements... Mais j'aime bien quand mamelles classements.

Vous pouvez répondre en commentaire.

Pour ma part, c'est un article de 1981 que le professeur Bruno Frachet, ORL, il n'était alors que chef de clinique assistant à l'hôpital Lariboisière, m'a fait lire alors que je n'avais que 2 ans de pratique en médecine générale.

Cet article, je l'ai déjà commenté ICI. Et n'oubliez pas les commentaires de Dominique Dupagne dans le cours du texte. Cela signifie qu'une réflexion peut être aussi entamée sur des faits pas totalement établis.

A l'époque, j'en ai tiré des conclusions qui m'ont parfois conduit à commettre des erreurs, le biais de confirmation, mais voici les voies sur lesquelles je me suis engagé.

  1. A l'époque, vous ne pouvez imaginer combien la paracentèse en aigu était un geste barbare très répandu, accepté, sur pratiqué et notamment par les ORL de ville. Mon premier associé m'avait informé dès mon installation que c'était un scandale. Heureusement les choses ont changé drastiquement. Les ORL pouvaient se tromper. 
  2. La prescription d'antibiotique dans les otites (quelles qu'elles soient) était un geste automatique.
  3. Je lisais mes premiers essais en double-aveugle.
  4. Cela m'a permis de m'interroger sur les bronchites et d'autres maladies virales où les MG (pas tous) prescrivaient beaucoup d'antibiotiques
  5. Cela m'a permis de m'interroger sur tout (en médecine).



dimanche 27 novembre 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 21 au dimanche 27 novembre 2022 : articles et ordonnance alakhon, la réintégration des soignants vaccinés, le cannabis thérapeutique, vérités aujourd'hui = erreurs de demain, soins palliatifs, antidépresseurs.



Viggo Mortensen
Il est temps de renoncer à changer la médecine.

1. L'article alakhon de la semaine. Laure Dasinières

Après avoir publié un article le 22 novembre 2022 dans Numerama (ICI) intitulé sobrement "'J'aimerais qu'il existe  un traitement' : la détresse du Covid long toujours sans remède" et que l'on peut résumer ainsi :

  • Disease Mongering
  • Fear Mongering
  • Veillée des chaumières
  • Hype pharmaceutique
  • Hype boursier
  • Indignité

article qui aurait mérité une publication plus appropriée dans Gala ou dans Closer...

Lire ma version longue : ICI.

2. Mais la semaine alakhon n'était pas terminée.

... notre journaliste qui-ne-se-trompe-jamais publie le 25 novembre suivant un nouvel article (LA) appelé sobrement "Le populisme nuit gravement à la santé" en association cette fois avec le prophète helvète Antoine Flahault, l'épidémiologiste qui-ne-s'est-jamais-trompé-sauf-une-fois-au-moment-de-la-pseudopandémie-de-grippe-mais-il-est-pardonné-parcequ'il-s'est-excusé que l'on peut résumer ainsi : 

  • Nous sommes les représentants du Ministère de la vérité 
  • Nous savons ce qu'est la Science 
  • La médecine est une science
  • Toute personne qui n'est pas d'accord avec nous est trumpiste, bolsonarienne ou rahoultienne
  • Théorie de l'homme de paille.
  • Fausse objectivité.

Résumons encore : toute personne qui ne pense pas comme le duo Flahault-Dasinières ou le duo Dasinières-Flahault est : trumpiste, bolsonariste ou raoultien. Et donc criminel.


James Dean (1931-1955)
En train de calculer son score calcique


3. Faut-il réintégrer les soignants non vaccinés ?

Le débat fait rage à l'Assemblée, chez les professionnels de santé, dans la société civile.

Je pense que non, il ne faut pas réintégrer les soignants non vaccinés.

Mais de quels non vaccinés s'agit-il ? Ceux qui n'ont reçu aucune dose ? Ceux qui ont refusé le premier booster ? Ceux qui ont refusé le deuxième ?

Il existe une gradation à l'intérieur du cerveau des non vaccinés et il est possible de faire la différence entre les professionnels de santé qui pensent que les vaccins ARNm protègent incomplètement contre la transmission et ceux qui affirment que les vaccins ARMm tuent.

Où placer le curseur ?

Voici une réflexion sur twitter qui mérite attention : LA.

Ne nous embêtons pas : il y a des recommandations, il faut les suivre. En sachant que les recommandations ne sont pas fondées.

La question suivante est celle-ci : faut-il désintégrer tous les professionnels de santé qui ne suivent pas en ce moment les recommandations (je ne dis pas 'de la science' puisque vous savez ce que je pense de cette assertion mensongère en médecine...) ?

La fréquentation des hôpitaux publics, des cliniques à but non lucratif ou lucratif, des cabinets médicaux de ville, est désespérante, j'ai des sources sûres, des infiltrée.e.s dans ces différents lieux, pour ce qui est du respect, hors vaccin, du respect des mesures-barrières (ah, le lavage des mains avant, pendant et après les soins, le non port des masques, le port farfelu des masques, je parle toujours des professionnels de santé) et le hiatus entre l'affichage (les petites croix dans les petites cases de respect des consignes et le non-respect des consignes)... S'il y avait un permis à point pour le non-respect des mesures-barrières de base, j'investirai dans les sociétés organisant des stages de requalification des soignants...

Quant au reste...


4. L'addictologue de la semaine. Nicolas Authier.


Mais n'oublions pas les dernières références sur l'absence de preuves (et je rajoute pour les savants : l'absence de preuves n'est pas la preuve de l'absence) : ICI


5. Il y a aussi l'alcool thérapeutique.


(Via Daniel Corcos).

Il est quand même rassurant que le bon docteur Bertillon se soit reconverti dans les glaces...


6. Margaret McCartney toujours juste.

Cela peut s'appliquer à ce que nous faisons en ce moment, bien entendu.

Voir ICI pour la suite : pratiques inadaptées

  • Rester allongé en cas de sciatique
  • Utiliser des anti-arythmiques en post infarctus
  • Un débriefing après un traumatisme empire la situation
  • La vertébroplastie en cas d'ostéoporose 
  • Chirurgie Arthroscopique pour inflammation du genou
  • Couchage en procubitus pour les nourrissons
  • Les soins palliatifs améliorent la survie par rapport à des soins "normaux"
  • Vous avez le droit de rajouter plein de trucs

Quelques brèves conclusions :

  • Le bon sens ne remplace pas les essais cliniques robustes
  • La physiopathologie n'est pas de la médecine
  • Le lucre n'est pas une bonne idée médicale
  • Avant de proposer une prise en charge, assurez-vous de posséder des données solides
  • Avant de suivre les recommandations, lisez-les


Jimmy Hendrix
1942-1970


7. Mon espace santé : une porte d'entrée pour le privé.



On savait déjà l'inanité médicale de Mon Espace Santé mais on sait désormais qu'il s'agit désormais d'une plate-forme commerciale. Rien ne nous sera épargné.


8. Le nouveau schéma vaccinal alakhon contre le Covid





9. Les soins palliatifs : les patients doivent savoir.



Cela fait des années que nous dénonçons le fait que les choix thérapeutiques en oncologie sont le plus souvent décidés en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) où la personne la plus importante, le patient, n'est pas présent et où le médecin qui connaît le mieux le patient, le médecin généraliste, n'est jamais convié.

Quant à la phase Palliative spécifique, c'est un mensonge.

Rappelons ici à tous que le but de l'oncologie est d'administrer des soins à des patients avec des prises en charge qui ont montré qu'elles augmentaient l'espérance de vie globale (et pas, par exemple, la réduction de la taille d'une tumeur solide dans incidence sur la survie) tout en respectant la qualité de vie.

Quant aux soins palliatifs : ne pas emmerder le ou la patiente en respectant la qualité de vie.


10. Freudisme



Via Christian Lehmann
-20% en envoyant le code #TaMèreAToutFaux au 81212


11. L'ordonnance alakhon de la semaine

Via @gniwing


Behind the scenes of Rear Window...
Via Rithy Panh



12. Le Danemark est le seul pays d'Europe où la prescription des antidépresseurs a diminué.


Lire l'article LA.

Et la France n'est pas mal placée.


Mads Mikkelsen attendant que la médecine change.




dimanche 20 novembre 2022

Bilan médical du lundi 14 au dimanche 20 novembre 2022 : hospitalo-centrisme, dermatologie, bronchiolite, Movember, Vinay Prasad, les morts du covid, Choisir avec soin, IGR, Revenus libéraux.

Je n'attendais rien et je suis quand même déçu.

1. L'hospitalo-centrisme, la maladie infantile de l'extrême-gauche hospitalière

Une partie de l'extrême-gauche hospitalière représentée notamment par @dessousdelasanté défend un programme révolutionnaire d'une grande simplicité : 
  • Si le service public hospitalier ne fonctionne pas, c'est uniquement par manque d'argent, ce qui signifie que les réformes médico-sociales internes ne sont pas nécessaires. Donnez-nous de l'argent, on fait le reste.
  • La suppression de la médecine générale libérale va régler l'accès et la qualité des soins primaires. Comme les médecins généralistes sont des khonnards par principe et par définition, cette nationalisation des soins primaires va être pilotée de l'hôpital.

Il s'agit d'un mépris de classe intellectuelle.




2. Un site de dermatologie utilisable en consultation.

Des dermatologues qui ont la gentillesse d'apparaître sur twitter et qui sont sommés de répondre à des questions diagnostiques à partir de photographies prises en consultation (et sans doute dans de nombreux cas sans l'accord des patients) conseillent un site de "débrouillage" animé par la Société française de dermatologie avant de poster sur twitter (ou avant de ne pas le faire).


Je l'ai testé : c'est intéressant et sans doute auto formateur.

Signalons toutefois que ce site est sponsorisé par des industriels de la dermatologie. Les liens d'intérêts sont donc déclarés, aux lecteurs d'en tenir compte.



3. Le jeu des 7 erreurs.

Le journal Le Parisien (ICI) sous la plume de Nicolas Berrod indique que la bronchiolite, c'est pas seulement chez les nourrissons (à noter que l'un des professeurs interrogés comme conseils est un dénommé Jean Pic de la Mirandole (1463 - 1494), alias le professeur Mathieu Molimard. 

Passons sur l'inintérêt de cette information en cette période d'épidémie où c'est la répétition incessante des conseils avisés qui doit être martelée aux parents des enfants susceptibles d'en être atteints : prévention, conseils hygiéno-diététiques, recherche des facteurs de risque, contacts avec les soignants) et la photographie publiée en accroche de l'article où l'on voit un kinésithérapeute et un bébé ne manque pas de sel.


Trouvez les 7 erreurs : 


3. Opinions are my owns/Mes avis n'engagent que moi

Quand vous lisez cette mention sur un compte twitter médical, et le fait de l'écrire est une fausse barbe, le mieux et l'honnêteté seraient de citer la firme qui est en cuse, cela signifie que :

  1. La personne travaille et est payée par un  industriel des médicaments ou des matériels de santé
  2. La personne fait semblant de déclarer un lien d'intérêts car une vraie déclaration serait de préciser le nom de la ou des firmes pour que le lecteur juge s'il s'agit ou non d'un conflit d'intérêts (en fonction de l'avis formulé et du sujet qui est traité)
  3. La personne ne dira jamais de mal d'une étude publiée par la firme qu'elle ne nomme pas ou ne signalera jamais un fait de corruption ou de fraude émanant de cette firme
  4. La personne est même susceptible de promouvoir une étude émanant de cette firme ou d'une autre firme pour des raisons tenant à la main qui la paye


4. La santé publique faite par Unicancer et relayée par des CPTS


Quand le mouvement Movember popularise, par l'intermédiaire  de groupes hospitaliers privés à but non lucratif, Unicancer (ICI), des dépistages non recommandés et que des CPTS les relaient, on comprend qu'il y a encore du boulot... et que la santé publique pilotée par le privé, et sous le regard attendri de l'Etat, allant à l'encontre de toutes les recommandations françaises, européennes, de l'univers, c'est pitoyable.


5. Une critique violente contre Vinay Prasad

Vinay Prasad est désormais attaqué de toute part (tout comme John Ioannidis, par exemple) et les offensives contre lui sont multiples. Un de ses "grands" ennemis est un chirurgien, David Gorski, qui lui voue désormais une haine féroce.


 

Cet article en est un exemple violent : LA. Il est écrit par Orac qui justifie son pseudonymat par son manque d'ego !

Hormis Orac, il est reproché à Vinay Prasad de faire ce qu'il a toujours fait : demander des preuves d'efficacité des traitements qui sont prescrits et des mesures-barrières qui sont instaurées, exiger des essais contrôlés, ne pas se contenter d'études épidémiologiques cas-témoins, prendre en compte les événements indésirables des vaccins anti covid (se poser sérieusement la question des myocardites/péricardites chez les adolescents, et cetera...).

Le souci vient de ce que le Sars-CoV-19 est apparu de façon brutale, qu'il fallait faire quelque chose, la première chose, en l'absence de vaccins et de traitements curatifs, étant de se référer aux modèles anciens et donc de proposer des mesures-barrières, d'isolement, de cessation des contacts, de port de matériel de protection, puis de vacciner.

Il s'agissait donc, sans preuves cliniques robustes, d'appliquer le principe de précaution (pour les choses que l'on ignorait) et le principe de prévention (pour celles que l'on connaissait).

Et comme il n'y avait aucune preuve d'efficacité d'aucune mesure, avant les preuves d'efficacité de certains vaccins sur la prévention de la mortalité et des formes graves, et comme le moment (timing) de l'instauration démesures non éprouvées semblait avoir une certaine importance, chaque pays a agi de son côté, selon sa politique, selon ses moyens, selon ses possibilités, selon ses croyances, selon ses certitudes,  et il est possible, pour les tenants du zéroCovid, les ex-tenants du ZéroCovid, les centristes, les partisans de la déclaration de Harrington comme les covidonégationistes, de tirer victoire de résultats partiels dans différents pays.

Orac reproche surtout à Vinay Prasad :
  • De ne pas réaliser lui-même des essais cliniques et de seulement les critiquer (ce qui condamne a priori toute critique littéraire de la part de critiques qui n'ont pas publié de romans, toute critique artistique de la part de critiques qui n'ont ni peint, ni sculpté, ni chanté, ni écrit de la musique, et cetera.)
  • De donner des armes aux adversaires (vieux cliché et vieille rengaine de ceux qui répètent à l'envi "Qu'il vaut mieux avoir tort avec ses amis que raison avec ses ennemis)
  • De se ranger d'emblée dans le camp des covidonégationistes (cette technique est également très connue : prendre les arguments des extrémistes pour les attribuer aux modérés : ne proposer la vaccination ARNm anticovid qu'aux personnes les plus à risque équivalant à être un antivaxx)


6. Comment compter les morts du Covid. 

Ce billet de blog de l'INSEE (LA) est tout à fait passionnant car il explique pourquoi il est difficile de compter les morts attribués au Covid et que les différentes méthodes de comptage, ayant chacune leurs avantages et leurs inconvénients, aboutissent à des résultats très différents.


 
On imagine donc ce qui peut se passer quand on fait des comparaisons internationales...

Compter les morts en excès ?




Voici une comparaison inter pays (et si on rajoute les considérations du point 6. avec celles des condition socio-politico-géographiques de ces différents pays on ne saurait manquer de s'interroger...)

7. Choisir avec soin/Choose wisely

Au Canada, non seulement on se préoccupe des surtraitements mais on surveille également leur évolution dans le temps : LA.

Notons qu'il ne s'agit pas d'un hype à la médecine canadienne dont de nombreuses sources nous ont indiqué qu'elle était très loin d'être parfaite...

Voici donc quels sont les choix de 

  • Pour les soins communautaires :
    • Imagerie diagnostique pour les douleurs du bas du dos
    • Dépistage du cancer du col de l'utérus
    • Antibiotiques délivrés dans la communauté
    • Utilisation chronique des benzodiazépines et d'autres sédatifs hypnotiques chez les personnes âgées
    • Contention physique et antipsychotiques en soins de longue durée
  • Pour les soins d'urgence
    • Radiographies thoraciques pour l'asthme étal bronchiolite en services d'urgence
    • Imagerie diagnostique pour un traumatisme crânien mineur au service d'urgences
  • Soins en milieu hospitalier
    • Arthroscopie du genou chez les adultes de 60 ans et plus
    • Césariennes dans les cas d'accouchements à faible risque
    • Transfusion de globules rouges chez des patients hospitalisés
    • Examens pré-opératoire chez des malades à faible risque
Il semblerait que celante soit pas fait en France. Pour quelles raisons ? Vous avez deux heures.


8. L'IGR en folie.



Rappelons que le directeur de l'Institut Gustave Roussy, Fabrice Barlesi, et en sachant que les années 2020 et 2021 n'ont pas été favorables raison du Covid, a signé 1069 déclarations avec l'industrie et a touché 520 468 euros.


Et dans le détail : 



9. Mes derniers mots sur twitter



10. Mélanomes, diagnostics et surdiagnostics

Une étude US sur l'incidence des mélanomes (voir LA) montre : 


En français "... L'incidence des mélanomes aux US n'est pas liée à l'exposition aux UV mais aux possibilités diagnostiques de mélanome..."

Fermez le banc

11. Sachez choisir avec soin votre spécialité médicale à partir des revenus que vous allez en tirer.




Bonne soirée.

jeudi 17 novembre 2022

PSA et cancer de la prostate. Histoire de santé publique sans consultation. 12

L'homme à la prostate sur le front.


(1. L'ignominie de l'IGR)

Au moment où l'Institut Gustave Roussy communique sur le cancer de la prostate avec un film d'une nullité, d'une vulgarité, d'une inconséquence remarquables où les principes les plus élémentaires des données des données scientifiques sont bafoués... ICI.

Où l'IGR ne sait pas faire la différence entre la prévention et le dépistage (il est vrai que le surdiagnostic fait partie de ses mots tabous) :



(2.)

Aucune agence gouvernementale dans l'univers ne propose le dépistage organisé et ciblé du cancer de la prostate par dosage du PSA chez des hommes ne présentant aucun facteur de risque.

3. Histoire de santé publique sans consultation. 12

Un de mes amis qui exerce toujours et pas à Mantes m'appelle pour me demander un conseil (médical).

Il est médecin généraliste installé dans une zone urbaine-rurale depuis plus de trente ans.

C'est un excellent médecin : les nombreuses conversations que nous avons eues ensemble, les mails que nous avons échangés en témoignent. Un seul souci (c'est une constante chez moi : je ne suis jamais venu dans son cabinet, je n'ai jamais entendu comment il parlait aux secrétaires -- il exerce dans une maison médicale-- et je n'ai jamais fait la petite souris pendant ses consultations et sans qu'il sache que je suis une petite souris...)

Il a soixante-trois ans.

Il est embêté. 

Voici : 

"Je ne sais pas quoi faire depuis deux jours.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je suis gêné. Gêné parce que je t'en veux et gêné parce que je pense que tu avais raison.
- Diable !
- J'ai fait une prise de sang pour un prêt immobilier. Il y avait un dosage de PSA dedans...
- ... Et ?
- Il est à 6.
- Et le dernier était ?
- Un vieux vieux... il y a quinze ans...
- Quinze ans ?
- Oui, j'étais trouillard... Il était à 3... 
- Et ?
- Je me demande ce que je dois faire...
- Tu as des signes ?
- Je me lève deux fois par nuit depuis environ cinq ou six ans...
- Pas de brûlures en pissant ?
- Non.
- T'as un putain d'adénome.
- Heu...
- Refais un dosage. 
- Oui. Mais je vais quand même aller voir un urologue.
- Non. Attends le deuxième dosage.
- Cela va donner quoi ? S'il est à 6 je vais voir un urologue, s'il est à 7, idem et s'il est à 5, itou. 
- Et y va faire quoi l'urologue ?
- Je ne sais pas, c'est pour ça que j'y vais...
- Tu le connais ?
- Bien sûr.
- Il est comment ? Très acharné, moyennement acharné...
- ... Arrête...
- Il va te mettre un doigt dans le cul, demander une écho, une IRM, c'est leur nouvelle marotte, et il va te proposer des putains de biopsies...
- Je sais...
- Les putains de biopsies vont revenir négatives et tu vas refaire des putains de dosage et des putains de biopsies...
- Je me rappelle que tu m'avais dit que le dosage du PSA, c'était le doigt dans un engrenage sans fin...
- Oui. Et alors ?
- J'ai honte.
- Honte de quoi ? 
- Malgré tout ce que tu me disais sur le PSA, tout ce que tu m'as fait lire, et bien que persuadé j'ai continué, mais avec réticence, à le prescrire aux patients... Je n'ai jamais osé arrêter complètement... Je mourais de trouille. La trouille de passer à côté d'un cancer et d'avoir un procès au cul... Je préférais les surdiagnostics et les surtraitements à un procès. J'ai sacrifié à ma petite échelle mon confort personnel à celui de mes patients...
- Mais tes patients t'ont félicité.
- ?...
- Oui, ils ont été guéris, amputés et guéris pour une maladie qu'ils n'avaient pas ou qui ne les aurait jamais tués... et parfois pour un cancer qui les aurait tué de toute façon.
- Je fais quoi ?
- Tu fais ce que tu dois faire, poursuivre le processus... Puisqu'il est commencé... Ce n'est pas possible de faire autrement...
- Et toi, tu n'as jamais douté ?
- J'ai toujours douté parce que j'appliquais des données populationnelles à des individus, à des personnes uniques, les données globales sur le dépistage populationnel du cancer de la prostate par dosage du PSA, sont justes mais quid de MON patient assis en face de moi qui aurait pu être sauvé, tu entends les guillemets au téléphone, sauvé par un dosage... J'ai croisé mille fois les doigts et il ne m'est rien arrivé. Par chance... Et je n'ai jamais eu de procès ni pour ne pas avoir dosé le PSA, un procès où les professeurs d'urologie seraient venus déverser leur haine, et encore moins pour ces patients guéris d'on ne sait quoi et impuissants...
- Je te tiens au courant.
- Je ne te lâcherai pas...