dimanche 23 avril 2023

Bilan médical (abrégé pour cause de norovirus) du lundi 17 au dimanche 23 avril 2023 : ordonnance de merdre, espérance de vie en IdF, DREES, Raoult, soins primaires : on liquide, contraception.




152. Un nouveau Directeur Général de la Santé a été nommé.





153. Une ordonnance pour une personne de 81 ans !

J'ai listé par ordre alphabétique les problèmes que cela pose (mais je ne suis pas certain d'y être arrivé complètement).



  • AINS chez la personne âgée
  • AINS : interactions pharmacologiques
  • Bénéfices/risques
  • Biais d'habitudes
  • Coordination des soins
  • Clientélisme
  • Délire thérapeutique
  • Evidence Based Medicine
  • Formation médicale continue
  • Gériatrie
  • Khonnerie pure et dure
  • Interactions médicamenteuses
  • Logiciel de prescription
  • Pharmacovigilance
  • Prévention quaternaire
  • Sur diagnostic
  • Sur traitement
  • Tramadol chez la personne âgée

Ah, j'ai oublié de vous dire :




154. La santé des Franciliens : 

La DREES est une source inépuisable de données. Voici, LA, sa dernière livraison sur l'état de santé des Franciliens.

  • Contre-intuitivement la régie Ile-de-France est celle de la meilleure espérance de vie
  • Le neuf trois a les moins bons résultats (vous avez 3 minutes pour nous dire pourquoi)
  • Remarquons en passant que les femmes du 93 ont une espérance de vie à la naissance plus élevée que les hommes de la région et dans n'importe quel département !
  • Le covid a eu un impact très fort sur l'espérance de vie (mais il me semble urgent d'attendre pour en tirer des conclusions définitives)
  • Le différentiel d'espérance de vie entre hommes et femmes se réduit mais pour une mauvaise raison : c'est leur espérance de vie qui baisse.

Je reprends une infographie parue dans le journal Le Parisien (ICI, sur abonnement) et qui nous est fournie par un de ses journalistes @nicolasberrod (LA) : 


155. Le non recours aux prestations sociales est lié à un manque d'informations. La DREES.

On le savait mais ça va mieux en le disant.


Vous pouvez lire le résumé et le rapport complet ICI


155 Bis : Iggy Pop avait des infos.


Iggy Pop né le 21 avril 1947
Encore un défi à la Santé publique

155 ter. Pas Notorious B.I.G (1972-1997)

ICI


156. La corruption à la Raoult : c'est la Provence qui en parle le mieux.


                                                                    Source : La Provence ICI

C'est ICI.

Articles passionnants et au scalpel par Sophie Manelli et Alexandra Ducamp.


157. Les futurs centres de santé alaRamsey, c'est la corruption qui en parle le mieux.

Il est désormais probable que la médecine libérale traditionnelle des soins primaires disparaisse sous les assauts répétés et non coordonnés, ne tombons pas dans le complotisme, invoquons simplement la bêtise pure et simple, de : 

  • L'Assurance-maladie elle-même qui impose des normes non applicables à des médecins généralistes libéraux débordés de travail et qui assujettissent d'éventuelles augmentations de chiffre d'affaire à des mesures qui n'ont fait nulle par la preuve de leur efficacité et qui dénotent une incapacité comprendre où sont les problèmes et comment les résoudre.
  • Les Agences Régionales de Santé qui ont décidé de ne faire que de la communication institutionnelle, en déprofessionnalisant le soin, c'est à dire en prenant sans médecins des décisions concernant les médecins, sans infirmières libérales des décisions concernant les infirmières libérales, sans kinésithérapeutes des décisions concernant les kinésithérapeutes, sans orthophonistes, bla-bla, sans orthoptistes, bla-bla, sans assistantes sociales, bla-bla, et en ne se donnant pas les moyens de contrôler lesdits établissements de soin, qu'il s'agisse des hôpitaux, des cliniques ou des EHPAD ou en y envoyant des anciens du rayon tomates de chez Auchan ou des nouveaux diplômés dont la formation est réduite à une carte du parti macronien... 
  • L'hôpital public (et je ne fais aucune différence entre les directeurs administratifs et les médecins, les autres membres de l'hôpital public, et le petit personnel commence rapidement pour les 2 groupes précédents, n'ayant strictement aucun pouvoir) qui déconne depuis des décennies pas seulement par manque d'argent (je répète inlassablement que la France est le deuxième pays de l'OCDE pour les dépenses hospitalières) qui ne pose jamais aucune question sur lui-même (donnez l'argent on va tout régler) et qui rend coupable ces médiocres de MG libéraux, ces coolies qui, en plus de travailler plus de 50 heures par semaine, ne font pas de gardes, ne viennent pas aider les hôpitaux, gagner aussi de l'argent : l'hospitalocentrisme est la maladie infantile la Santé publique.
  • Les associations de patients qui considèrent les MG libéraux comme des parasites et qui veulent tout, tout de suite, une angine, une fracture, ou un infarctus...
  • Je continue ?

Pour en revenir à notre propos initial, la corruption, il faut bien appeler les choses par leur nom, voici un article saisissant et éclairant sur le COSEM : LA.

Cette organisation des soins, c'est la santé de demain : 

  • Un symptôme = une urgence
  • Un symptôme = un examen complémentaire (deux ou trois, ce sera mieux)
  • Un symptôme = un traitement

Vous aurez des centres de santé avec : 

  • des MG salariés payés pour effectuer 35 heures
  • des examens complémentaires pratiqués dans les laboratoires du Centre, les Centres de radiologie du Centre
  • des adressages vers les spécialistes d'organes du Centre
  • des traitements effectués dans des cliniques du Centre
  • ad libitum. 




158. La médecine générale, c'est l'Académie de médecine qui en parle le mieux (?).

L'Académie de médecine, c'est à la fois le cimetière des éléphants, les boeufs-carottes, et l'auberge espagnole : on peut y faire du cherry-picking (la cueillette des cerises) quand une décision ou un avis qu'Elle a émis nous plaît ou nous plaît pas.

Voir LA pour la réforme de la médecine générale.

Aucun intérêt.

On peut y retrouver tous les poncifs sur la médecine générale émanant de personnes qui l'ont toujours méprisée ontologiquement et défendu pour faire bien.

Une lecture d'un derrière distrait n'est même pas recommandé.

A-t-on jamais vu une société savante de médecine générale parler de la réforme de l'hôpital ou de l'Académie de médecins ? 



159. Comment changer de contraception.

Via @DocArnica

La technique du chevauchement


Il y avait matière à autant de numéros.
Je ne veux pas lasser.

dimanche 16 avril 2023

Bilan médical du lundi 10 avril au dimanche 16 avril 2023 : santé genrée, fin de vie chez les CSP +, metformine, imagerie, financiarisation des soins, LCA et VRS, covid long, nouveau calendrier vaccinal.

 

Via @pash22 Le système de santé états-unien

143. Quand le genre remplace les luttes sociales : l'intersectionnalité sans la lutte des classes.

Pratiquement au même moment un article est paru dans Slate (ICI) (Laure Dasinières et Antoine Flahaut) et une tribune a été publiée dans Le Monde (LA) (Anne-Sophie Leroux, Pauline Londeix, Jérôme Martin) pour dénoncer respectivement un manque de prévention genrée en France et un manque d'accès aux soins genré partout dans le monde.

Dans les deux cas les auteurs.e.s parlent de prévention médicale et d'accès aux soins médicaux.

Rappelons aux auteurs de ces textes que : 

  • 80 % des déterminants de santé sont non médicaux (on peut, certes, discuter, et le genre est un déterminant non médical a  priori)
  • l'accès aux soins (et aux prestations sociales) est lié à la Catégorie Socio-Professionnelle quel que soit le genre, les plus favorisées CSP + : les chefs d'entreprise, les professions libérales, les professions à plus fort revenu du secteur privé (cadres, ingénieurs, chercheurs, etc.) ainsi que l'ensemble des fonctionnaires de catégorie A. Associée à un fort pouvoir d'achat la notion permet de regrouper de manière approximative la classe moyenne supérieure et les ménages aisés.   Le dernier rapport de la DREES l'atteste : ICI.
  • la prévention en général, en France, est une rigolade sans fin pour ce qui est des risques évitables (en Europe) : alcool (n°2 en Europe), tabac (n°3), cannabis (n°1), cocaïne (n°1), accidents du travail (n°8), mortalité infantile (19/27 dans l'UE), mortalité maternelle (20/27)...
  • Il faut donc mettre le paquet pour que la France ne soit pas, dans l'OCDE, le dernier des derniers pays pour la prévention médicale et non médicale.

Mon commentaire sur twitter (ICI) souligne que la prévention genrée est éminemment politique et qu'elle repose comme le montre la littérature médicale et de sciences sociales sur : 

  • La diminution globale du temps de travail cumulé des femmes (domestique et professionnel, transports)
  • L'amélioration des conditions de travail des femmes exerçant les métiers les plus pénibles, les moins payés, les moins valorisés, 
  • Imposer la médecine du travail chez les femmes payés par des chèques Emplois Services, 
  • L'égalité des salaires hommes/femmes pour des postes identiques
  • Les protéger contre les violences domestiques
  • Lutter contre l'alcoolisme des hommes, première cause de féminicides
  • et cetera.
  • Ce sont les femmes des milieux défavorisés qui sont les plus à risques, qui sont les moins prévenus, les moins éduqués, les moins médicalisés et ce sont les femmes CSP + qui encombrent par exemple les consultations de gynécologie en se faisant pratiquer des frottis du col utérin tous les ans (et avec dépassement d'honoraires)
Je vous invite à lire cet éditorial passionnant du BMJ (accès gratuit) : LA.



Par ailleurs, le corps des femmes est un terrain d'expérimentation incroyable pour les médecins et les chercheurs : on leur dit ce qu'elles doivent faire depuis la préconception, pendant la conception (disease mongering ahurissant sur le diabète gestationnel), pour la naissance, pour le développement des enfants et la PMA est un parcours d'obstacles fait de souffrances physiques et psychologiques... Quant aux derniers développements sur l'IVG et la pénurie médicamenteuse de misoprostol, elle m'a fait penser au fait que l'on ne demande pas leur avis aux femmes (sauf pour des raisons de nombre de semaines d'aménorrhée) sur le choix de la méthode abortive (médicamenteuse ou instrumentale)...

Sans oublier le manque d'informations données aux femmes lors du dépistage du cancer du sein par mammographie avec des Aunt Tom comme cette mammographiste canadienne (voici le tweet original et le fil) : 

Le fil : LA

Vous avez lu ? Fausse alerte.

👉Je signale un billet de blog remarquable sur le dépistage du cancer du sein : ✊✊✊

Ecrit par une médecine généraliste. C'est un document de qualité. 

LA.

Et voici ce que proposent les agences gouvernementales comme prévention, relayées par l'Assurance Maladie. Navrant : 


La prévention est avant tout sociétale. Mais aussi individuelle.

Mais c'est injuste de faire porter la responsabilité des maladies sur les patients selon le vieil adage répété comme un mantra : La maladie est le salaire du péché.

Une initiative du gouvernement anglais : 




Détail d'une céramique de la maison Picassiette à Chartres qui mérite une visite...
Photo docdu16


144. Quand un CSP + hospitalier se rend compte que la fin de vie vue des urgences, ça dysfonctionne.

La Tribune de Mathias Wargon dans le journal Le Monde que l'on ne peut lire que si on est abonné (LA) méritait un commentaire.

Le voici sur twitter : LA


Via @RavaudGilles ICI
Les jeunes médecins (UK) demandent une augmentation de 35 % de leur salaire.


145. Existe-t-il encore une seule raison d'initier un traitement par metformine dans le diabète de type 2 ?

Nous avons abordé ce problème plusieurs fois dans ce blog et je rappelle l'excellent article de Boussageon R et al (LA).

Il remet en cause toutes nos certitudes (?) et il est probable que la metformine fera partie du Medical Reversal.

Je réponds à la question : oui.  Le ROSP ou l'incentive de l'Assurance Maladie qui ne rémunère les MG français que s'ils prescrivent de la metformine en première intention. 


Toujours la maison Picassiette.
Photo docdu16


146. Trop d'imagerie prescrite par les MG dans les troubles musculo-squelettiques (en Australie)

Un essai randomisé australien portant sur les effets d'un audit et d'une intervention/non intervention sur la prescription d'imagerie dans les troubles musculosquelettiques par les médecins généralistes :(LA).

Eh bien, la formation des MG, ça marche, du moins à court terme.




147. Financiarisation des soins.


Une analyse implacable de Nicolas Da Silva sans vraies solutions.  Malheureusement : ICI

La suppression des soins primaires est actée depuis longtemps. L'hospitalo-centrisme et la faillite de l'hôpital sont passés par là. 

Nicolas Da Silva ne voit que l'adjectif libéral dans les soins primaires.

Il est partisan de la suppression pure et simple de cette médecine libérale en soins primaires dont on connaît les défauts (il suffit de lire ce blog) liés aux soins primaires eux-mêmes (comme les expériences des autres pays le montrent) mais la nature ayant horreur du vide et comme les centres de santé communautaires ne vont pas pousser comme des champignons, les groupes privés vont capturer les médecins et il sera fini de la médecine longitudinale, la médecine de famille, pour une médecine au coup par coup qui n'a jamais donné rien de bon.


148. Lectures critiques d'article et vaccin VRS chez la femme enceinte.

Je lisais récemment sur twitter les propos d'un hospitalier prétendant que l'enseignement de la LCA était inutile et empêchait les étudiants d'apprendre la vraie médecine.

Oups. Prenons l'exemple du vaccin anti VRS ("bronchiolite") chez la femme enceinte. 

Voici l'abstract de l'article (il faut être abonné pour le lire en entier) : ICI.

Contre : un étudiant anonyme publiant chez Vinay Prasad

Pour : Eric Topol

ICI

Attendons l'avis de la HAS... 😅😅😅


@HillmanMarc


149. Covid long : un article analyse les critères retenus pour le définir : du grand n'importe quoi.

L'article paru le 25 mars 2023 (ICI) analyse les critères de définition du Covid Long dans 92 études publiées : dans seulement 54 % des études les résultats de laboratoire affirmant le covid étaient mentionnés ! Pour définir le Covid Long 8 durées de symptômes ont été retrouvées (entre 4 et 52 semaines) avec une moyenne de 12 (alors que 36 % des études ne précisaient pas la durée retenue). Un total de 57 symptômes a été pris en compte ! 


Ôé Kenzaburo (1935-2023)
Prix Nobel de littérature 1994
Première Division


150. Covid : Les essais d'un vaccin intranasal sont prometteurs chez les hamsters et les souris : du spin, du spin, du spin

Je commente ? C'est LA



151. Le nouveau calendrier vaccinal.

C'est LA.




dimanche 9 avril 2023

Bilan médical du lundi 3 au dimanche 9 avril 2023 : MG anglais, femmes chirurgiens, les libéraux, ces renégats, oncologie, PU-PH, lombalgies, alcool, diabète fin de la médecine, Moderna, diabète, IST HSH.

 


130. Scoop : les MG anglais travaillent trop et le nouveau contrat ne va pas arranger les choses !

Vous le savez, tous les maux des soins primaires en France vient de ce qu'il est assuré par les méchants médecins généralistes libéraux qui sont nuls en médecine et qui gagnent trop d'argent (et les gens qui lisent un peu ce blog savent combien je les défends bec et ongles et contre vents et marées, hu hu hu) qui seraient remarquablement remplacés, selon l'extrême-gauche de l'extrême-gauche, par des fonctionnaires d'Etat ou apparentés...

Eh bien, les apparentés fonctionnaires en Angleterre (et ne venez pas ergoter sur le système des trusts, sur comment le NHS attribue les fonds, et cetera), travaillent trop, ne sont pas contents, bien qu'ils soient aidés par des assistantes, des IPA et des secrétaires, et gagnent plus d'argent en moyenne que les MG libéraux français. Voir l'article ICI.


Mais, ne l'oublions pas, selon l'extrême-gauche de l'extrême gauche, hospitalo-centriste, pour la suppression de la médecine générale libérale, il y a le modèle de la Catalogne qui est formidable.


Prof Kamila Hawthorne, Chair, presenting the International Research Award to at the BJGP Research Conference for, "GPs’ interest in integrated care for frail older adults and corresponding consulting and prescribing data."


131. Un site pour les MG anglais : GP Evidence.

 ICI.

Je l'ai testé pour la goutte : LA.

Eh bien, je ne suis pas convaincu.


Le Conseil de l'Ordre toujours aussi grandiose


132. Une femme chirurgien sur deux rapporte des agressions sexuelles et sexistes (GB)

Un article du Sunday Times (ICI) souligne combien la situation des femmes chirurgiens est problématique en Grande-Bretagne : agressions sexuelles, sexistes, discours grossiers, harcèlement. Seules 8 % des orthopédistes sont des femmes et elles n'ont pas de vie de famille...

Et en France ? On cherche des articles dans la presse spécialisée.


Frida Kahlo (1907-1954)


133. Le système de santé va mal : c'est dû aux libéraux et il faut rajouter une couche territoriale.

Dans un article paru sur AOC (ICI) (il est possible de le lire en entier en s'inscrivant gratuitement), nous apprenons de deux auteurs dont les conflits d'intérêts sont patents :

  • que le système de santé va mal
  • que le service public hospitalier est le seul qui compte et qu'il pourra régler tous les problèmes 
  • que tout ce qui ne va pas est dû à la faillite des soins primaires libéraux qui n'assurent pas et qui donc produisent l'étranglement de l'hôpital public
  • qu'il est donc nécessaire de rajouter une couche à ce système (le fameux mille-feuille français), un échelon territorial 
  • voilà. Fastoche.

Il y a des génies dans ce pays ! 





134. Bénéfices et risques des médicaments anticancéreux.

Un article du BMJ (LA) indique avec mesure que l'"on" ne fournit pas aux patients toutes les informations dont ils ont besoin.

La mesure de cet article ne rend pas compte de la violence de la cancérologie dans ses rapports avec la "vérité" des études, leur validité interne, sans oublier leur validité externe, sur l'absence d'informations claires, sur la minimisation des événements indésirables, sur le manque d'humanité dans la description des prises en charge, et sur les mensonges répétés sur la survie. 

Je cite un dermatologue hospitalier à propos des Réunions de Concertation Pluridisciplinaires où sont prises des décisions "vitales" concernant les patients et d'où sont absents (je me répète, je me répète)les patients eux-mêmes et leurs médecins traitants.


Le jour où ces 3 règles seront prises en compte (je n'ai même pas dit respectées) les oncologues auront des dents.


135. Les PU-PH ont une âme

Un article du JAMA (LA) indique que 40 % des hospitaliers titulaires dans les hôpitaux universitaires français présentent un sévère épuisement au travail et 14 % des tendances suicidaires. Quant aux professeurs associés la situation est encore moins brillante. Il y en a significativement plus (par rapport aux titulaires) qui présentent le sentiment d'être dépassés au travail (73 vs 57 % - p < 0,001), qui  envisagent une démission (54 vs 49 %) ou un changement de carrière (41 vs 29 %)

Il serait temps de se pencher sur la question.

Quant à la situations étudiants en médecine, depuis les internes jusqu'aux externes, on sait par d'autres études qu'ils sont encore plus mal lotis.




Michael Rochoy, médecin généraliste, studio Harcourt, masque canard FFP2 Paul Boyé


136. Dans les lombalgies communes, Cochrane se prononce.

Ou plutôt : ne peut se prononcer car les études de bonne qualité manquent : ICI.

Ainsi, comme d'habitude (un clin d'oeil à Rémy Boussageon), dans les pathologies les plus courantes, les plus invalidantes, les plus banales, il n'est pas possible de pratiquer l'EBM car il n'y a pas d'études de qualité.

FAITES DES PUTAINS D'ETUDES DE QUALITE !


Crédit photo : Planète Santé




137. Boire ou ne pas boire de l'alcool ? Telle est la question.

On ne va pas refaire l'histoire de la toxicomanie, de l'addiction, du légal et du pas légal.

On ne va pas refaire l'histoire des liens et des conflits d'intérêts.

On ne va pas refaire l'histoire des études de cohorte nutritionnelles dont les biais ont toujours été si évidents pour tous que personne n'a arrêté d'en faire.

On ne va pas répéter combien la consommation excessive d'alcool est morbido-mortelle (pour les définitions de l'excès, nous n'avons pas eu le temps de consulter les 200 321 articles parus, les 22 346 livres édités et les 8900 thèses, pardon).

On dira ceci : 

  • l'alcool est un fléau
  • l'alcool est une addiction
  • l'alcool a été considéré comme thérapeutique par de nombreux auteurs depuis le dix-neuvième siècle, au vingtième siècle à partir d'avis personnels, d'avis d'experts et sans essais cliniques
  • L'alcool est un fléau, un fléau social, il touche plus les catégories sociales défavorisées, bla-bla-bla
  • le French Paradox (boire un verre par jour est bon pour la santé) est un fake
  • tout comme l'article du JAMA (LA) qui dit que l'alcool est néfaste dès la première quantité d'alcool ingérée.
FAITES DES PUTAINS D'ETUDES DE QUALITE !





138. La fin définitive de la médecine.

J'anonymise.

Un adolescent se présente avec une maladie d'Osgood-Schlatter typique cliniquement.

Des radiographies sont demandées par un MG (ce qui n'a, d'un point de vue médical, aucun sens).

Aucun sens car cela ne change en rien la prise en charge de l'adolescent.

Et je lis des commentaires :

  • les images sont devenues indispensables
  • c'est pour éliminer un sarcome
Fin de la rigolade.

PS : J'étais passé à côté d'un article paru en septembre 2022 (dans le JAMA : LA) : une étude randomisée australienne qui étudiait l'influence d'un audit sur les prescriptions d'imagerie dans les troubles musculo-squelettiques et, secondairement d'une intervention/non intervention chez les MG. Cela marche dans le groupe intervention et ça dure 12 mois.


Qui c'est, le chef ?


139. Le vaccin Moderna entraîne plus de myocardites que le Covid chez les hommes de moins de 40 ans.


Une vaste étude britannique rétrospective cas-témoin (LA) menée sur la période 01/12/20 et 15/12/21 a analysé plus de 42 millions de personnes ayant reçu une injection, plus de 21 millions recevant 3 doses et presque 6 millions de personnes ayant attrapé le Covid, vaccinées (Astra, Moderna et Pfizer) ou non.

In men younger than 40 years, we estimate an additional 4 (95% CI, 2–6) and 14 (95% CI, 5–17) myocarditis events per million in the 1 to 28 days after a first dose of BNT162b2 and mRNA-1273, respectively; and an additional 14 (95% CI, 8–17), 11 (95% CI, 9–13) and 97 (95% CI, 91–99) myocarditis events after a second dose of ChAdOx1, BNT162b2, and mRNA-1273, respectively. These estimates compare with an additional 16 (95% CI, 12–18) myocarditis events per million men younger than 40 years in the 1 to 28 days after a SARS-CoV-2–positive test before vaccination

On voit, tout en connaissant les limites d'une telle étude, le recueil des données, leur vérification, leur imputation, le nombre de myocardites non diagnostiquées, le délai de 28 jours, que les risques de myocardite chez les hommes de moins de 40 ans, sont vraiment très faibles (97 myocardites pour 1 million de vaccination en excès après deux deux doses de Moderna) mais significativement supérieurs aux  16 en excès chez les non vaccinés.

PS1 : En France, contrairement à d'autres pays, on ne vaccine plus les jeunes hommes avec Moderna.

PS2 : Si on donne les chiffres en valeur absolue l'excès de risque entre Moderna et Covid est de 0, 000081 et si on s'exprime en valeur relative le risque est multiplié par 6 !





140. Une analyse systématique et une méta-analyse sur les essais randomisés dans le diabète de type 2

Un article chinois paru dans le BMJ (LA) qui mérite des commentaires appropriés et des développements qui sont au-dessus de mes compétences.

Je ne sais pas trop qu'en penser.

Grosso modo : 

  • on ne traite plus la glycémie mais les risques du diabète
  • les auteurs mettent en avant les inhibiteurs du SGLT-2 et les agonistes des récepteurs GLP-1
  • quid ?


En espérant qu'il ne s'agit pas d'un cheval de Troie de l'ozempic...



141. Etude sur la prophylaxie des IST post sexe non protégé. 

L'étude états-unienne est LA.

C'est une étude randomisée ouverte  

  • chez des HSH traités par Prep en prophylaxie  et/ou des HSH vivant avec le virus HIV
  • présentant des antécédents d'IST (chlamydiae, gonorrhée ou syphilis) dans les années précédentes 
  • comparant doxycycline (200 mg) 72 heures après un rapport non protégé vs un traitement classique ne contenant pas de doxycycline
  • la doxycycline réduit des deux tiers (sic) les complications infectieuses par rapport à un traitement classique ne contenant pas de doxycycline



@ThatEricAlper

142. Interdiction (provisoire ?) du mefipristone (RU-486)  aux États-Unis d'Amérique 


Un point de vue agressif contre cette interdiction : le point de vue de Vinay Prasad : LA

dimanche 2 avril 2023

Bilan médical du Lundi 27 mars au dimanche 2 avril 2023 : réintégration des soignants non vaccinés, masques, abstracts, ozempic, obésité, covid long, dermatologie et autres.

 

Via @PiR2_BA
Vive l'intérim médical !

121. Réintégration des soignants non vaccinés : la HAS dit-elle la science ou dit-elle la politique gouvernementale ?

Deux avis de la HAS concernant la vaccination contre le Covid devenue non obligatoire pour les soignants (mais aussi la vaccination Diphtérie Tétanos Polio) (ICI et LA) font polémique.

Pour des raisons non fondées sur le droit, le prétendu Ministre de la santé et de la prévention, Francis Braun, a prétendu que l'avis de l'HAS faisait foi pour la réintégration des soignants. C'est faux. Comme nous l'a précisé @VincentGranier, journaliste à @APMinfos (pour voir le fil en entier, c'est ICI).



Nous ne parlerons que du Covid.

  • C'est une mauvaise nouvelle pour la vaccination contre le Covid que cette réintégration des soignants non vaccinés parce que la vaccination ne concerne pas que les soignants et que la vaccination contre le Covid "marche" contre l'apparition de formes sévères.
  • Mais
  • Parmi les soignants non vaccinés contre le Covid et suspendus (virés) du système de santé, il en existe au moins deux sortes :
    • Ceux qui ont refusé toute injection de vaccin ARNm pour des raisons abracadabrantesques 
    • Ceux qui ont reçu 2 injections de vaccin ARNm et ont refusé les boosters alors que l'on sait désormais que les boosters ont peu d'activité contre la transmission d'omicron
    • Est-il possible de faire une différence entre ces deux groupes de soignants ?
  • Cet avis de la HAS a le mérite scientifique de s'interroger sur l'efficacité des boosters pour la transmission (manque d'essais contrôlés et le fait qu'aucun taux d'anticorps n' est réputé protecteur)
  • Il souligne également, encore et encore, la faillite complète des autorités de veille sanitaire en France qui, contrairement à la Grande-Bretagne (voir LA dans un billet précédent, point numéro 121.), n'a publié aucun chiffre sur la nosocomialité covidienne à l'hôpital ! Ce qui est une donnée sanitaire majeure et manquante quand on veut vacciner en interrompant la transmission.


Image non créditée.

Mais ce n'est pas fini ! Il existe une grande hypocrisie de la part des médecins et autres qui poussent des cris d'orfraie contre la réintégration des soignants !

Avec, en introduction ce tweet de @drgomi


Et la suite de ses réflexions : LA

 En sachant qu'il y a des médecins vaccinés qui acceptent : 

122. Le port du masque à l'hôpital n'est plus obligatoire.


Via @winslow_la

Rien ne va dans cette affiche.

  • Mauvais signal à l'intention des profanes qui pensent que la pandémie de Covid est terminée
  • Pardon : mauvais signal à l'intention des soignants qui pensent que la pandémie de Covid est terminée
  • L'hôpital est un lieu de soins où séjournent, a priori, des patients fragiles qui seraient susceptibles d'attraper le Covid
  • L'hygiène des mains, hors Covid, est certes indispensable mais ne résume pas la lutte anti Covid.
  • Notion de retour à une situation antérieure qui serait sans masques alors que la pandémie de Covid a souligné au contraire que le principe de prévention, anti grippe saisonnière notamment, aurait mérité que des masques soient portés en période épidémique
  • Aucune leçon n'a été tirée de la pandémie.
Raisonnement par l'absurde : comment imposer le port du masque (et volontiers FFP2) dans les transports, dans les lieux clos, quand l'hôpital, zone à risque majeur, y renonce ?



Milan Kunera : 94 ans le premier avril 2023


123. (Hors sujet : Michel Goya parle de Taïwan. Et en parle bien.)


Voir ICI



124. Pourquoi ne lire que les abstracts peut conduire à des erreurs d'interprétation.

Les abstracts, ce sont comme les titres de Gala ou de Ohmymag, cela ne révèle rien du contenu de l'article. 

Dans un journal grand public, LA, l'auteur rapporte qu'en rhumatologie, c'est comme ailleurs : en 2019 une analyse (ICI) rapportait que dans le cas des lombalgies, sur 66 revues systématiques (dont 9 Cochrane), pour les 57 non Cochrane les abstracts rapportaient dans 80 % des cas des données inconsistantes avec le corps de l'essai.

 



125 (voir LA 102). Ozempic : non, la corruption n'existe pas en médecine. 

Via 

Novo Nordisk, une firme danoise qui commercialise l'ozempic (semaglutide) a versé 345 000 € pendant 3 ans à des professionnels de santé irlandais et à des associations.

Voir l'article de l'Iris Times : LA

 Et, pendant ce temps : 



126. L'obésité sera vaincue par la chirurgie et les analogues du GLP-1 !

Un article de la Revue médicale suisse, LA, dont le niveau général baisse à mon humble avis, donne des informations capitales sur le positionnement idéologique des obésologues : 

  • Les régimes ne "marchent" pas
  • Le combo régime/exercice physique est une fausse piste
  • La chirurgie bariatrique marche !
  • Les analogues du GLP-1 sont une piste innovante !
  • Les méchants industriels ne veulent pas diminuer la quantité de sucre dans les boissons et certains aliments
  • Ah, j'oubliais : les personnes obèses (le premier qui parle de "patients" se fait traiter d'obésophobe) n'ont aucune responsabilité personnelle dans le fait d'être obèses.


127. Covid long : une étude norvégienne chez les enfants et les adolescents innocente le Sars-CoV-2.

L'étude : ICI

Conclusion décoiffante des auteurs (PCC = Post Covid Condition) : 

The persistent symptoms and disability that characterize PCC are associated with factors other than SARS-CoV-2 infection, including psychosocial factors. This finding raises questions about the utility of the World Health Organization case definition and has implications for the planning of health care services as well as for further research on PCC.

Attention

  • C'est une étude prospective comparative (on en connaît les limitations)
  • L'effectif d'enfants et d'adolescents est maigre (300 covid vs 85 non covid) mais apparemment suffisant pour l'analyse statistique a priori
  • Le point majeur : à 6 mois 48,5 vs 47,1 % des covids et des non covids présentaient un syndrome post covid (Post Covid Condition) (non significatif)
  • Le point secondaire : à 6 mois 14 vs 8,2 % des covids et des non covids présentaient un syndrome de fatigue post infectieuse (non significatif)
  • Les enfants ne sont pas la meilleure cible à étudier.

Autres réflexions que j'adapte de Vinay Prasad  (LA): 

  • Les études sur le covid long sans groupe contrôle ne servent à rien
  • On ne pourra plus faire d'études avec des contrôles puisque tout le monde aura eu le covid
  • Il est impératif de mener des études contrôlées sur les patients souffrant de covid long (dont des méthodes non pharmacologiques).
  • Toute prise en charge non validée par des essais devrait être administrée avec précaution 





128. Dermatologie pratique.



Et pour la suite : LA

On se demande pourquoi on apprend tant de choses sur twitter en médecine et pourquoi on oublie autant de choses après avoir suivi des cours. 


Clint Eastwood, Jayne Mansfield, 1962 via @Taniawlt

129. Miscellanées (trop de choses cette semaine)

Dossier électronique des patients : 

Même en Suisse (5 cantons romands),le dossier électronique des patients est un fiasco (LA)

Surdiagnostic encore et encore : 


On retient surtout que les essais randomisés concernant les dépistages de cancers sont rarement configurés pour détecter le surdiagnostic. Voir l'article ICI.

Violences sexistes et sexuelles pendant les études de médecine

C'est pas nouveau. C'est toujours aussi alarmant.

La @RevuePrescrire en parle LA.

À l'université, les agresseurs sont très majoritairement des étudiants. En stage, ces violences sont souvent le fait de supérieurs hiérarchiques.

Les fantômes de l'hystérie : un podcast sur France-Culture

ICI. Remarquable.

Faire du cherry-picking avec l'OMS, c'est possible. 

J'avais commencé avec la pseudo pandémie AH1N1

Maintenant l'OMS prône l'anthroposophie (ils avaient trop bu de vins anthroposophes) : LA.

Espérance de vie aux US  des personnes âgées par rapport à d'autres pays.



C'est fini pour cette semaine.


jeudi 30 mars 2023

Histoire de santé publique sans consultation : diabète. 12


Via Centre Hospitalier de Mâcon.


Pour une raison que j'ignore, l'épicier me raconte qu'il est diabétique, qu'il vient de faire un "stage" à l'hôpital ***, qu'il est passé à l'insuline et qu'il a eu droit à une formation pour la gestion de son diabète. "C'était vraiment très bien mais je me suis un peu ennuyé."

Le Monsieur en question est en surpoids manifeste.

Il sait que je suis médecin, il n'y a personne dans la boutique, et il me raconte des trucs.

Je comprends qu'il se fait une injection d'insuline le soir et qu'il prend aussi des médicaments par la bouche (je n'ai pas osé demander lesquels) et qu'il a aussi "de la tension". Et qu'il mesure sa glycémie deux fois par jour qu'il note dans le carnet qu'on lui a donné à l'hôpital.

Et, dans la foulée, je lui demande, sans doute pour faire le malin, quelle était sa glycémie hier soir. Il me regarde un peu gêné. "Bah, hier soir, je ne l'ai pas prise, j'oublie parfois, et, vous savez, ça me saoule..."

Je lui dis avec tact qu'il devrait quand même mesurer la glycémie pour adapter les doses car le risque, bla-bla, d'hypoglycémie... Il en convient.

Avant de payer mes deux ou trois emplettes, je lui pose une question de plus. "Et votre hémoglobine glyquée, vous savez celle que l'on mesure tous les trois mois, elle était à combien ?" Il me regarde avec stupeur. "C'est quoi, ce truc ?" Je dois avoir également un regard stuporeux, j'ajoute, "Vous savez le truc qu'on mesure en pourcentage... - Il faudra demander à ma femme, je n'en sais rien."

Il est toujours intéressant de faire des interrogations écrites surprises.