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dimanche 5 février 2023

Bilan médical du lundi 30 janvier 2023 au dimanche 5 février : Cochrane, masques, morts subites, monkey pox, médecine consumériste, chronicité, obésité, EBM, prégabaline et gabapentine, accidents de travail.


1959 - KIND OF BLUE Bill Evans, Miles David, Cannonbal Adderly & John Coltrane via @Rpanh

46. Fallait-il que la Cochrane publie des résultats négatifs sur les masques ?


Voici la publication de la Cochrane : LA

qui conclue à l'inefficacité des mesures-barrières (masques et lavage des mains) pour empêcher la diffusion du virus de la Covid.

There is a need for large, well‐designed RCTs addressing the effectiveness of many of these interventions in multiple settings and populations, as well as the impact of adherence on effectiveness, especially in those most at risk of ARIs. 

Damien Barraud n'y va pas par 4 chemins. Sa remarque appelle plusieurs commentaires :

  1. La collaboration Cochrane dit qu'il n'existe pas d'études contrôlées de bonne qualité pour justifier le port d'un masque chirurgical ou FFP2 pour prévenir la diffusion des virus aéroportés
  2. La collaboration Cochrane indique qu'il serait nécessaire que de tels essais soient menés.
  3. La critique de Damien Barraud : la Cochrane a inclus des essais de mauvaise qualité et il a raison.
  4. Mais ces essais de mauvaise qualité sont souvent cités par les pro masques en disant qu'ils sont de bonne qualité !
  5. Les critiques des résultats de la Cochrane indiquent que des études de moindre niveau de preuve (et notamment des essais in vitro, des essais en soufflerie, des essais épidémiologiques cas-témoins rétrospectifs sur dossiers) suffisent pour montrer que les masques, ça marche mieux que si l'on n'en porte pas.
  6. Les critiques des résultats de la Cochrane disent, pour certains, qu'il ne serait pas éthique de faire des essais randomisés (puisqu'on sait que ça marche a priori) et d'autres qu'il n'est possible de faire de tels essais qu'en typant les virus pour savoir, lors d'études de clusters (écoles, entreprises), mais personne ne sait si on est en train de le faire.
  7. Je lis un entretien (LA) avec Tom Jefferson, le premier signataire de l'article, avec Maryanne Demasi une journaliste très critique sur les mesures barrières et sur les effets de la vaccination autres que la diminution des décès et des formes graves, et je suis étonné. Etonné par le fait que certaines questions ne soient pas posées (point 3 par exemple) et étonné par le fait que Tom Jefferson soit très critique sur la transmission aéroportée du virus...
Mon commentaire (cela fait un moment que je n'ai pas varié parce qu'il n'y a pas de nouvelles données) : Je porte un masque FFP2 en suivant le principe de prévention (puisque a) on connaît le risque et b) il n'y a pas d'études de bonne qualité montrant des résultats significatifs) dans les lieux clos à risque comme les transports.

PS du lendemain : Un article de John Mandrola : LA.

John Cassavetes


47. Les pneumologues ont adhéré aux résultats de la Cochrane

Au dernier congrès de pneumologie

48. Une étude suédoise : les morts subites et comment diminuer la mortalité

Un de nos cardiologues favoris rappelle, à partir d'une étude, LA,  des faits qui devraient influencer la santé publique en France : en Suède la mortalité par mort subite a diminué par 2 en 30 ans !
  • Popularisation du massage cardiaque : 30 à 85 %
  • Diminution du temps d'intervention : 12 à 2 minutes
  • Amélioration de la prise en charge à l'hôpital : 28 à 40 %
On nous dit qu'un syndicat de cardiologues pense que les examens de santé cardiologique périodiques sont utiles (c'est faux).



49. Disparition du monkey pox : explications contradictoires.

Issu de LA


  • Disease mongering
  • Vaccination
  • Mesures barrières
  • Mobilisation communautaire
  • Histoire naturelle de la maladie

Irena Buzarewicz
@IrenaBuzarewicz

50. Médecine consumériste et juridique et accès aux soins : médecine de merdre.





51. Le mythe de la chronicité.




La crise de la médecine générale est en partie liée au vieillissement de la population et à l'accumulation des pathologies mais il faut d'abord pratiquer la prévention quaternaire (ne pas prescrire en première intention des molécules ou des soins inutiles) chez des patients comme personnes et non plus seulement comme porteuses de maladies séparées : l'accumulation des médicaments prescrits par maladie devient ingérable pour un seul patient. Voir le point précédent 49.


52. Obésité : le marché des médicaments remplace désormais l'hygiène de vie

France-Culture fait de la pub : ICI 

La professeure Karine Clément, nutritionniste, est invitée pour parler des médicaments innovants dans l'obésité.

Le journaliste Quentin Lafay lui demande s'il elle a des liens avec l'industrie : "Oui je mène des études avec des molécules innovantes."

La professeure parle aussi de la chirurgie bariatrique.

N'oublions pas que les dites molécules innovantes ne sont pas de nouvelles molécules, mais des molécules anciennes, sémaglutide et liraglutide, qui appartiennent à la classe pharmacologique des incrétinomimétiques et, pour l'instant en France, à la classe des antidiabétiques.

D'après la professeure, ce ne sont pas des coupe-faims mais quand même des coupe-faims (Orwell).

La professeure en profite pour dire que, certes, l'obésité, qui est une maladie (d'autres médecins disent le contraire), es liée aux apports nutritionnels et à la dépense physique mais qu'il existe des facteurs génétiques et épigénétiques... Bla-bla.

La question se pose également au Canada et cet article (journalistique) me paraît bien faire le tour de la question dans un français très clair.

Commentaires : 
  • La tendance actuelle est, pour des raisons que vous pouvez deviner, de dire que l'obésité n'est pas un problème de mode de vie.
  • Que l'on peut continuer de manger et de ne pas faire d'exercice physique (c'est le message subliminal) en prenant une molécule.
  • Les développements états-uniens sont assez catastrophiques : un article ICI rapporte ceci :
    • La culture de la minceur est raciste puisque ce sont les communautés, je cite, "Black and Brown", qui sont visées et qu'ils vivent le plus souvent dans des déserts où ils ne peuvent acheter de la bonne nourriture
    • L'académie US de pédiatrique recommande de repérer l'obésité le plus tôt possible (ce n'est pas choquant) afin de pouvoir traiter les enfants avec des GLP1 agonistes (cf. supra).
  • Oups.




53. Un peu d'EBM pour la route ?

Rappelons les textes fondamentaux : LA


Et si vous voulez en savoir un peu plus (modernité), c'est ICI Par Boussageon R et al.





54. Aucune preuve de l'utilité de la pregabaline et de la gabapentine dans : 

  • Lombalgies
  • Douleurs sciatiques
  • Canal lombaire étroit (douleurs)
  • Migraines
Pour le reste vous pouvez l'article dans le BMJ (Abonnement requis) ICI.

Taxonomie des preuves en fonction de leur poids
Franquin et Cie

55. La France, championne d'Europe de la mort au travail.



jeudi 6 octobre 2022

Obésité. Histoire de santé publique sans consultation. 9



Un de mes amis discute avec moi au téléphone de l'évolution inéluctable de la médecine vers le profit et l'accumulation des profits dans un contexte d'ignorance et d'accumulation d'ignorance.

Partout.

Nous convenons ensemble qu'il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau. Nous n'aimerions pas que les jeunes générations nous traitent de "boomers" ou nous classent dans la catégorie des "C'était mieux avant". 

Ce n'était pas mieux avant.

Au moment où nous avons commencé d'exercer la médecine praticienne, au tout début des années quatre-vingt, la situation d'ignorance sur les prises en charge des patients était pire. Les essais contrôlés devenaient obligatoires pour des raisons réglementaires et non par la volonté individuelle des médecins de les considérer comme un excellent niveau de preuve.

Les placebos remboursés par l'Assurance maladie étaient légions.

Je me rappelle avoir parlé avec l'un des fondateurs de Prescrire qui me disait, était-ce de la forfanterie, de l'humour ou de l'ironie, qu'ils avaient décidé de ne plus croire aux vérités révélées et à la transcendance académique et, qu'en particulier, un des premiers points qu'ils avaient abordés était celui de la pertinence de la prescription de semelles orthopédiques chez les enfants et plus si affinités.

On voit que Prescrire, dont le premier numéro est sorti en 1980 n'a pas atteint son but : la prescription de semelles orthopédique se fait à 90 % (estimation non scientifique de mon institut personnel d'évaluation) hors recommandations, hors essais cliniques, sur la base de croyances posturales, bla-bla-bla.

C'était le contexte.

La conversation téléphonique reprend.

" Te rappelles-tu A qui s'était fait virer de la clinique chic du seizième où il était obésologue parce qu'il était en franc surpoids ?
- Bien entendu.
- Tu as eu de ses nouvelles ? Tu sais ce qu'il est devenu ?
- Maigre.
- Ah ah ah. Et à part ça ?
- A part ça, et c'est B qui m'en parlé, il est toujours diabétologue dans une autre clinique chic de Neuilly, il exerce dans le dix-septième et c'est un gros noeud."

Il faut aussi se méfier de ce que dit B.

" A est un fricard.
- B aussi.
- Oui, ils font de la médecine pour riches sans aucun remord. A a aligné tous les poncifs de l'obésologie, il a prescrit des coupe-faim, du mediator, de la mésothérapie, des vitamines, des régimes alakhon, édité des conseils diététiques dans le même métal, il a un site web avec de belles couleurs, des visages radieux et des propos rassurants.
- Et B ?
- B fait de la rhumatologie spectacle. C'est le champion des aiguilles, des infiltrations, c'est un artiste, il est connu pour ne pas faire mal, on se demande même s'il injecte, il prétend faire des intra-articulaires alors que parfois il pique à côté...
- Comment sais-tu cela ?
- Il s'en vante, le con. J'ai dîné avec lui chez un type que tu ne connais pas, un cardiologue, C, un type très bien, très professionnel, très bon, même, mais dont les honoraires sont assez abracadabrantesques."

" Tu crois qu'aujourd'hui A se serait fait virer de sa clinique ?
- Non. Mais il serait toujours gros."


dimanche 12 juin 2022

Bilan médical du lundi 6 juin au dimanche 12 juin 2022 : obésité (traitement miracle ?), cancer du rectum (traitement miracle ?), dépistage encore, ASCO, ASCO, ASCO, et plein de trucs dont exercice physique, mortalité chez les enfants, mélanome.

 

The Wailers & Bob Marley (1998)
Jacques Villeglé (1926- 2022)

Obésité : un traitement miracle ?

Le hype pour le tirzepatide injectable (on rappelle que la molécule a un double mécanisme d'action : agoniste du récepteur GLP-1 et comme agoniste du GIP ou glucose-dependent insulinotropic polypeptide)

La presse grand public annonce le traitement du siècle (ICI) pour l'obésité.

A partir d'un essai paru dans la prestigieuse revue NEJM... (Quant un journaliste, un médecin, ajoute l'adjectif prestigieuse à la citation d'une revue il faut se méfier car la signification de cet adjectif n'ajoute rien à la validité interne du traitement, cela peut paraître ironique ou c'est prendre le lecteur pour un Khon...) : LA.

Il s'agit d'une étude contrôlée de phase III tirzepatide vs placebo d'une durée de 72 semaines, les 2 critères principaux étant la perte de poids et une perte de poids d'au moins 5 % Les patients avaient au moins une complication de l'obésité (à l'exception du diabète). Dans les 2 groupes un programme diététique et de l'exercice physique étaient proposés.

Il y avait 3 doses possibles : 5, 10 et 15 mg.

Ça marche. C'est significatif (p<0001) pour toutes les comparaisons vs placebo : perte de poids de 16.1, 22.2 et 23.6 kilos selon les doses vs 2.4 dans le groupe placebo.

Cette molécule change le jeu dit The Guardian.

Vous avez bien lu que je me moquais un peu de ces déclarations tonitruantes.

Mais.

Les critiques sont faciles : 72 semaines, c'est peu. On ne traite pas vraiment les causes. Quelles seront les conséquences au long cours ? La perte de poids est une critère de substitution.

Mais surtout : les commentateurs experts affirment que l'obésité est une maladie chronique comme les autres... Changement de paradigme, comme on dit à l'ex ENA ? Comme les régimes et l'exercice physique ne suffisent pas la prise d'un médicament (ultra cher) résout tout et permet de mettre le Nutriscore à la poubelle et de continuer à boire du coca et d'aller manger chez McDo...


Cancer du rectum : un traitement miracle ?

Encore un article dans le NEJM (LA) qui changerait le jeu. 

Le traitement classique du cancer du rectum localement avancé comprend une neothérapie adjuvante (pour diminuer la taille de la tumeur) et une radiothérapie suivies d'une résection rectale.

Une partie des cancers du rectum est causée par un mécanisme déficient de la réparation des misappariements ADN. 

Cet essai de phase 2 comprenant 12 patients a montré un résultat positif à 100 % pour la molécule dostarlimab.

Miracle !

Mais si vous êtes sceptique : écoutez cela (à partir de 2'58 pour dostarlimab) : ICI.


Le dépistage des cancers ne diminue pas les inégalités raciales (en Angleterre)

Un article de The Guardian (LA), je n'ai pas lu l'article d'où il est tiré, indique qu'en analysant tous les cancers dépistés (col, sein, colon), 8.1 % de tous les cancers sont diagnostiqués par le dépistage.

(NB : on est ahuris d'entendre de pareilles informations qui sont tues en France).

Eh bien, pour en revenir à l'article, selon les données publiées si chez les personnes "blanches" le taux de diagnostics effectués par dépistage est de 8,27 % il est de 5,11 % chez les personnes noires, soit une diminution de 38 % !

Nous ne reviendrons pas sur le bénéfice/risque des dépistages (différent selon les 3 cancers cités, surdiagnostic et sur traitement) mais l'argument souvent employé par les autorités françaises sur la gratuité des dépistages (nécessaire et donc non suffisante) tombe à l'eau.

Le constat : la médecine hors-sol ne guérit pas les inégalités.


L'endométriose ne diminue pas les inégalités de genre.



Où sont les femmes ?

L'éminence based medicine des urologues français seuls contre le monde entier détruit l'évidence based medicine...

Voici ce que les futurs médecins doivent apprendre pour réussir à l'Examen Classant national.


Rien ne va.

L'ASCO, le rendez-vous mondial des cancérologues, enfin sous la critique permanente des oncologues indépendants.

Vous connaissez Bishal Gyawali et Vinay Prasad que vous pouvez suive avec profit sur twitter (@oncology_bg et @VPrasadMDMPH, respectivement) : ils commentent en direct les communications de l'ASCO. Je ne vais pas détailler mais si vous voulez des informations non hype, indépendantes et, surtout, respectueuses des protocoles et des patients, ils publient des videos.


Voici ce qu'il est possible de retenir : 

Sur les cancérologues :



Dites quelque chose de plus optimiste que de traiter les cancers incurables :
  1. Maîtriser les conflits d'intérêts
  2. Diminuer le prix des médicaments
  3. Augmenter le pourcentage d'études randomisées
  4. Améliorer les bras contrôle
  5. Mesurer des critères principaux qui puissent profiter aux patients
En conclusion de cette session d'oncologie :
  1. Assurez-vous que le traitement est efficace sur la mortalité globale
  2. Assurez-vous que le comparateur est aussi un traitement efficace donné à de bonnes doses
  3. Si la mortalité globale est augmentée assurez-vous que des mesures de qualité de vie ont été effectuées
  4. Assurez-vous que les soins post protocole sont à la hauteur du protocole.

La phrase de la semaine (@DrGomi)

A propos de la crise des urgences : " Depuis bien longtemps j'ai rebaptisé PERMANENCE DES SOINS en SOINS PERMANENTS"

Contre-intuitif : l'exercice physique n'améliore pas le profil de risque cardiovasculaire d'adultes norvégiens âgés de 70 à 77 ans suivis pendant 5 ans et ne diminue pas le nombre d'événements cardiovasculaires.

C'est contre-intuitif mais les lecteurs de ce blog savent déjà que les préjugés de bon sens ont souvent du mal  à être prouvés (et notamment pour l'exercice physique).

L'étude est LA.

C'est une étude randomisée.

Faut-il en conclure qu'il ne faut pas proposer d'exercice physique ? Non.


La chirurgie arthroscopique du genou (méniscectomie partielle) ne fait pas mieux que la kinésithérapie chez de jeunes adultes sportifs (18-45 ans).

Une étude randomisée (LA) incluant 100 patients a montré qu'à deux ans qu'il n'y avait pas de supériorité de la chirurgie par rapport à la kinésithérapie en cas de lésions méniscales partielles (déchirures).


 

Mortalité due au Covid en Angleterre entre le 01/03/20 et le 31/12/21 chez des jeunes de moins de 20 ans : extrêmement rare.

Cette étude prospective (22 mois de surveillance) a montré que le Covid a été responsable de 1.2% de tous les décès (81/6790), avec un taux de mortalité par infection de 0,7/100000 chez les personnes de moins de 20 ans avec un taux de mortalité de 0,61/100000.

Notons que ces décès étaient fortement liés à l'âge (plus les personnes de moins de 19 ans étaient âgées... et aux comorbidités)

Ces chiffres sont à manier prudemment. Ils ne concernent que la mortalité et ne tiennent pas compte de la morbidité (en particulier les syndromes inflammatoires post Covid) ainsi que ce qu'on appelle les Covid longs...

Attendons les chiffres français, également. Rappelons que les politiques anti Covid ont été radicalement différentes des deux côtés de la Manche...

Signalons encore que les discours faiseurs de peur étaient plus des discours faiseurs de peur que des discours pédagogiques et proches des faits.

Comment l'efficacité des anti Alzheimer a été construite puis contestée : une histoire de conflits d'intérêts.

Les deux auteurs, Sébastien Dalgalarrondo et Boris Hauray, décortiquent l'histoire des anti Alzheimer, identifient les lobbys et les groupes d'intérêts, tout en dévoilant la stratégie pharmaceutique infiltrant les agences, les experts, les médecins et comment tout s'est effondré.

L'article, passionnant, est ICI. Il est non seulement passionnant mais il est déterminant du monde dans lequel vit la médecine et le soins.

Vous changez anti Alzheimer par tout autre groupe thérapeutique et vous obtenez les mêmes résultats.

Vus verrez qu'un jour on pourra parler de Big Pharma sans passer pour des complotistes.

A rapprocher de cela : Glaxo-Smith-French a dépensé selon l'auteur de l'article (LA) plus de 92 millions de dollars en 2000 pour faire de l'anxiété un trouble d'anxiété sociale.

Surdiagnostic : les effets du dépistage sur l'incidence du mélanome et le taux de biopsies.

Bel article (ICI) qui entre dans les cases surdiagnostic et sur traitement, et qui renvoie à la fameuse phrase de Gilbert Welsh : il n'y a pas d'épidémie de mélanomes il y a une épidémie de diagnostics de mélanomes.

Avec un commentaire sur twitter de la part d'un dermatologue :




dimanche 10 juin 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (92)


L'affaire du Nutriscore refusé par la représentation nationale est emblématique du peu de cas que l'on fait de la santé publique non médicale en France et du peu de cas que les médecins font de ce qui n'est pas strictement médical en santé publique ou, plus précisément, de leur ignorance corporatiste.
La santé publique est bafouée.
Les industriels de la bouffe savent qu'ils vendent de la merdre et, donc, ne veulent pas que l'innocent Nutriscore soit apposé sur leurs produits.
Bien pire : les chaînes de télévision sont montées au créneau en arguant que la baisse de la publicité sur ces produits serait catastrophique pour l'équilibre des comptes.
Quant aux concepteurs de programmes pour enfants ils ont aussi affirmé que la suppression de la publicité pour la nourriture de merdre mettrait en péril leurs activités.
Un courrier de Braillon, Julia et Hercberg dans le BMJ (ICI), concernant l'obésité des enfants, résume bien ce qui se passe en France. La dernière phrase : "French MPs appear more sensitive to the health of media groups than of their citizens. Pity..." Les députés français apparaissent plus sensibles à la santé des groupes de médias qu'à celle de leurs citoyens.

Aurait-on entendu protester notre ministre Agnès Buzyn ? Ou des sociétés savantes médicales ? Ou des syndicats médicaux ?

On attend.

jeudi 5 avril 2012

Travailler le dimanche. Histoire de consultation 114.


Monsieur A, 32 ans, est venu ce matin consulter sur rendez-vous. Il n'a pas grand chose, un rhume, une toux d'irritation, un léger décalage thermique. Je l'examine et nous parlons un peu. Il n'est pas là, contrairement à ce que certains pensent souvent par habitude ou par méchanceté, pour obtenir un arrêt de travail, il a attrapé froid et il veut guérir vite. J'aurais pu lui dire : Qu'est-ce que vous foutez là ? Vous n'êtes pas vraiment malade ! Vous n'avez rien à faire dans mon cabinet ! Un rhume guérit en une semaine tout seul et en huit jours avec l'aide d'un médecin... Non, je suis de bon poil au commencement de cette journée où, à la fin, j'aurai vu 37 malades. Nous parlons de sa femme que j'ai vue il y a huit jours pour l'un de ses enfants, huit ans, qui avait aussi un gros rhume, en fait une bonne bronchite, une bonne bronchite banale avec des ronchus mais pas de sibilants, une bonne bronchite ne méritant pas d'antibiothérapie, mais dont le problème, comme sa soeur d'ailleurs, c'est le surpoids. Pas le petit surpoids, non, le bon gros surpoids où le calcul de l'IMC est sans intérêt, le bon gros surpoids lié certes à la constitution familiale, mais surtout à l'excès calorique, et sans aucune discussion. Les deux enfants sont gros, très gros et les parents le savent et les parents tentent de faire quelque chose. Nous en avons parlé souvent. Mais il existe des causes évidentes. J'en reparle.
Monsieur A travaille en équipe chez PSA, travailler en équipe, c'est, je le rappelle, travailler une semaine sur deux cinq heures / treize heures et l'autre semaine treize heures / vingt-et-une heure et sa femme travaille de nuit comme réceptionniste dans un hôtel. C'est un véritable chassé croisé à la maison. Ils se voient peu. Ils se partagent les tâches ménagères, les repas des enfants, selon les disponibilités de chacun, les paies ne sont pas mirifiques et ils n'ont pas d'autre solution, disent-ils. Ils économisent un peu pour acheter une maison mais, pour l'heure, ils habitent en HLM où les bruits dedans et dehors ne sont pas favorables à la récupération par le sommeil.
Donc, comme le dit Monsieur A, les enfants ont tendance à manger un peu n'importe comment, à grignoter, à boire des boissons sucrées ("Pourquoi achetez-vous du coca ? - Les enfants aiment ça...") et à grossir.
J'ai déjà abordé le problème avec les deux enfants, huit et six ans. Pas simple.
Nous parlons des 3/8, du week-end de Pâques qui approche où Madame A va travailler, car elle travaille un week-end sur deux dans son hôtel, et du fait que la vie de famille n'est pas tout à fait ce qu'elle devrait être. "Et pour le sexe ?" demande le bon docteur du 16... Grand sourire de Monsieur A :"Pourraient mieux faire..."
Et je repense, persifleur, et j'en parle au patient, des déclarations récentes des hommes politiques sur le travail du dimanche. Les mêmes qui prônent la vie de famille, les repas ensemble, le partage, veulent libéraliser le travail le dimanche pour que les grandes surfaces soient ouvertes, que le chiffre d'affaire s'envole, pour que les gens qui s'ennuient devant leur télévision ou derrière leur internet, aillent se balader en famille pour faire des achats ou pour ne pas faire d'achats, pour regarder les autres traîner leur flemme ou leur désarroi, dans des allées éclairées au néon, à l'affût de promotions sur des objets fabriqués en Chine ou en Indonésie par des enfants ou des femmes exploités pour le plus grand plaisir des fonds de pension et des consommateurs des pays riches... Et, pour sauver l'emploi...
Bien entendu qu'il est nécessaire que des gens travaillent le dimanche : c'est le cas dans les hôpitaux, à la SNCF, dans les commerces alimentaires, et autres. Mais pourquoi généraliser ces pratiques ? Pourquoi favoriser encore plus le morcellement du tissu familial ? Pourquoi favoriser les séparations ? Pourquoi rendre les gens malheureux au nom du commerce et de l'économie ? Pour vendre encore plus de junk food, de produits importés, pour favoriser les livreurs de pizzas à domicile ou les sandwiches grecs ?
Dans le cas de la famille A, ce n'est pas ce problème, car le papa a un travail posté (il est difficile de faire autrement) et la maman travaille dans un hôtel... Mais si elle travaillait en horaire normal, elle ne pourrait accompagner ses enfants à l'école ou aller les chercher le soir : elle a décidé de travailler la nuit. Et son mari ne rechigne pas à la tâche, il fait le boulot de père au même titre qu'elle fait le boulot de mère. Et j'imagine à peine ce qui se passe dans une famille monoparentale... Où la mère travaille pendant le week-end... Que font les enfants ?
Donc, ma brave dame, mon brave monsieur, électrice, électeur, c'était une réflexion en passant, une réflexion sans lendemain, car, que pouvons-nous y faire ? Quand irions-nous acheter les étagères Billy si Ikea était fermé le dimanche ? Quand irions-nous au Musée s'il était fermé le week-end ? Quelles urgences fréquenterions-nous ? Heureusement que les médecins généralistes ne travaillent plus le week-end en dehors des gardes : on n'est pas des commerciaux !

mercredi 31 août 2011

Les gros poussent les innocents médecins à prescrire de l'epitomax.


Les gros, les obèses, les IMC graves mais également ceux qui se croient gros, ceux qui croient que leur ventre est gros, qui croient que leurs hanches sont grosses, qui croient que leur estomac est gros, qui croient qu'ils sont moches parce qu'ils se sentent gros, ceux qui croient que les autres les trouvent moches parce qu'ils sont gros (et qui ont raison car il existe une dictature de la non grosseur, une dictature qui est à la mesure de l'augmentation considérable du nombre de gros, les crétins parlent d'épidémie d'obésité, le même genre de crétins qui nous ont parlé de pandémie à propos de la grippe A/H1N1), ceux, les gros ou les pseudo gros, qui n'en peuvent plus de ne pas ressembler aux mannequins anorexiques et cocaïnés qui défilent sur des podiums sans se rendre compte qu'il s'agit de cadavres ambulants dont on s'offusquera plus tard autant que nous nous étonnons aujourd'hui des femmes fortes peintes par Ingres, tous ces gens là, ces femmes et ces hommes, innocents obèses, innocents gros, innocentes victimes de l'IMC (Index de Masse Corporelle), ou innocents futurs obèses que l'on va désormais rechercher jusque dans les maternités, jusque dans les classes maternelles, jusque dans les consultations de PMI, voire jusque dans dans les cabinets de médecine générale, ces nourrissons prédisposés, ces jeunes enfants prédisposés, ces jeunes ados disposés, que l'on va détecter avant même qu'ils ne deviennent malades, comme de jeunes futurs délinquants, mais, dans ce cas personne ne fait de pétition, pas de psychiatres de gauches, d'extrême-gauche ou du centre ou de la droite républicaine, pour prendre la parole, alerter les réseaux sociaux, dénoncer l'arbitraire ou le totalitarisme de la droite au pouvoir qui ferait le jeu du Front National, non, tout le monde est d'accord, mieux vaut prévenir que guérir comme dit l'adage populaire qui se trompe encore une fois, tout le monde approuve depuis bien sûr les nutritionnistes (mais c'est leur pain et leur beurre) jusqu'aux assistantes sociales et aux puéricultrices : Maigre est Beautiful... Donc, les gros, les grosses, les obèses, les presque gros, les presque grosses, veulent MAIGRIR et comme tous ces braves gens ont du mal à y arriver, il est vrai qu'il est difficile de résister à la société de consommation, à l'armada des publicités télévisuelles pour céréales et autres jus gazéifiés, à l'armada des panneaux pour chocolats et gâteaux, qui enlaidissent les rues des villes et des campagnes, à l'armada des Mc Do et autres endroits de perdition où, non contents de manger avec les mains, les doigts et le reste, on avale des calories comme on mange des vitamines, eh bien, tous ces gens que l'on pousse à consommer, la consommation, arme du développement économique, ces gros qui n'arrivent pas à maigrir, qui s'épuisent à tenter de maigrir, qui sont incapables, pauvres petites choses droguées à la graisse et au sucre, des malades, vous dis-je, d'arrêter de manger, de faire de l'exercice physique et de penser à autre chose qu'à faire le yoyo entre la boulimie et l'anorexie, ces gros, ces obèses, qu'est-ce qu'ils font ? Lassés de ne pas pouvoir maigrir de façon autonome, ils se lancent dans la voie de l'hétéronomie, après avoir été inondés par la propagande consumériste ils se raccrochent à la propagande médicale : l'obésité est une maladie, manger est une addiction et il n'y a que les médecins et la médecine qui sont capables de les guérir. Au cas où (mais il est fort improbable qu'un médecin normalement constitué puisse renoncer à faire le malin et à ne pas proposer un régime), ils achètent des armes dans la première armurerie venue, ils accrochent des cartouches à leur ceinture, ils se munissent de couteaux à cran d'arrêt ou de couteaux de chasse (selon les régions), voire de kriss, et ils prennent rendez-vous dans des cabinets de médecine, chez des médecins normaux avec une tête, deux bras, deux jambes, un cerveau et un stéthoscope autour du cou, et, après avoir exposé leur cas de façon convaincante (je ne mange rien et je ne peux maigrir tout en courant trente kilomètres par semaine), et c'est très facile de convaincre un médecin de médicaliser la perte de poids comme d'ailleurs la prise de poids, car les médecins n'aiment pas les gros, toutes leurs études de médecine leur ont seriné cette haine farouche, eh bien ils demandent à ces médecins de les faire maigrir tout en commençant par leur dire qu'ils ont tout essayé. Ils sont armés car on ne sait jamais, au cas où ils tomberaient sur un médecin qui est au courant et des dangers des régimes et des dangers des médicaments miracles.
Les médecins regardent ces citoyens qui peuvent aller de l'obèse au très maigre qui veut perdre son gros ventre et, nonobstant le fait que faire maigrir les citoyens, de nos jours, quand on est réaliste et que l'on a une expérience correcte et des dossiers bien tenus, est d'une désespérante difficulté, et les médecins prennent des pauses de grands docteurs obésologues, endocrinologues ou autres et vendent leur salade. Ces médecins inconscients de leur impuissance promettent monts et merveilles en oubliant qu'il y a plus de gens qui perdent du poids sans médecins qu'avec l'aide de la faculté et finissent par perdre leurs citoyens qui se croient malades quand ils se rendent compte qu'ils ne cessent de grossir avec les années.
Mais il faudrait quand même que j'en revienne à mon propos initial.
Les médecins sont désormais démunis. Comment faire ? On leur a retiré le ponderal, on leur a retiré l'isoméride, on leur a retiré le mediator. Que vont-ils devenir ? Déjà que le régime Dukan leur retire des patients, déjà que les émissions de Jean-Michel Cohen et celles où apparaît Jacques Fricker (qui a son régime et qui doit savoir de quoi il parle tant il paraît souffreteux), leur enlèvent le pain de la bouche, comment vont-ils faire vivre leur petite famille qui se nourrit bio et qui ne met jamais les pieds ou les dents dans les restaurants "rapides", rapides signifiant faisant rapidement grossir ?
Et c'est ainsi que la litanie des citoyens en surpoids (j'ai enfin retrouvé la litote adaptée à nos temps modernes), entre dans leurs cabinets par effraction, et je ne parle pas des hypertendus qui doivent maigrir, des diabétiques qui doivent perdre du poids comme les arthrosiques, les rhumatisants, les goutteux ou les cardiaques, les FORCENT à prescrire des produits hors AMM.
Il y avait, pour maigrir, les amphétamines et maintenant apparaissent les antiépileptiques et les antimigraineux sous la forme de l'Epitomax ou topiramate.
Voilà que l'Agence du médicament se met en chasse et met en garde : ICI.
Rappelons ici que l'Epitomax est aussi un mauvais antimigraineux comme le disait déjà La Revue Prescrire en 2006 :
Topiramate - Epitomax°. En prévention des crises de migraine : mieux vaut s'en passer
Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 252
Voilà : certains médecins innocents (je n'ai pas écrit : les mains pleines) sont incorrigibles : ils ne savent pas résister à la pression de leurs patients. Et gageons que n'ayant pas cessé de faire des cauchemars en pensant aux valvules mediatorisées de leurs patients, ils vont recommencer à craindre les effets indésirables du topiramate : troubles neurosensoriels et cognitifs (ralentissement psychomoteur, manque de mots, difficultés de concentration, troubles de la mémoire).
Mon portefeuille en bourse comprend à la fois des actions Big Junk Food et Big Pharma : la boucle est bouclée. N'oubliez pas des actions Small Pharma (les génériques ont le vent en poupe).


jeudi 6 mai 2010

L'OBESITE RECULE EN FRANCE CHEZ LES JEUNES !

Après le nuage de Tchernobyl et le nuage de cocaïne, l'obésité des jeunes contourne la France. C'est ce qu'a annoncé dans un point de presse notre inénarrable ministre Madame Roselyne IMC Glaxo. Seule des pays industrialisés la France a vu un freinage de l'obésité chez les jeunes entre 200 et 2007 : le surpoids et l'obésité sont passés de 18 à 16 % !
A qui Madame Roselyne peut-elle faire croire cela ?
D'autant que la lecture du rapport de l'IGAS est plutôt débilitante...
Quels sont ses nouveaux experts ?
Bruno Lina s'est-il reconverti ?
Où est François Bricaire ?
Et Peronne ?
En attendant la deuxième vague de grippe A/H1N1 se fait attendre en France et le Mexique a l'air particulièrement peu touché : grâce à la vaccination de masse ?
Allez, Roselyne IMC Glaxo, encore un effort et le ridicule te tuera.