Des addictologues ont décidé, malgré le refus du gouvernement et du Ministère de la santé, de lancer seuls l'opération Dry January, c'est à dire de demander aux citoyen.ne.s de ne pas boire pendant un mois entier au mois de janvier.
Qui ne pourrait souscrire à une telle initiative ?
Remplis de bonnes intentions ils veulent imiter l'expérience britannique (Voir le site ICI) qui a commencé en 2013.
Je vais donc passer pour un pisse-froid qui ne me range pas derrière la bannière étoilée des bonnes intentions... Les actions de santé publique se doivent d'être réfléchies, consensuelles, doivent interroger les différentes parties, les différents intervenant.e.s et il faut qu'elles soient susceptibles d'être efficaces.
Est-ce le cas ?
Il faut dire que la situation est préoccupante.
Voici le site de la branche française : ICI.
Honnêtement, c'est du plus pur amateurisme. Mais le site est en travaux, sans doute. En cours de relecture, sans doute.
Nous allons analyser la maigreur de ce site.
La première page : LA.
Je cite la première règle car, ma brave dame, il y a des règles (trois) : "
- Ne pas boire d’alcool à partir de votre heure de lever le 1er janvier… et c’est tout !"
Ben oui : c'est pas dur. Il fallait y penser plus tôt.
Et, ensuite, Mesdames Messieurs, on nous assène une histoire de "bon point" qui sort de là comme une colombe d'un chapeau de prestidigitateur comportementaliste.
Et encore, che.è.r.e.s ami.e.s buveurs/euses, on vous invite à vous inscrire, en un click, "Je relève le défi", à donner votre nom, votre e-mail, et vous pouvez lire la politique de confidentialité (ICI). On y croit grave. Non pas que je mette en doute la sincérité des animateurs de ce site mais il est possible de cracker cette liste en une seconde et demie.
Donc, je bois, et je donne mon nom, mon prénom et mon email.
Pour recevoir de la documentation.
Vous pourrez recevoir les e-mails avec les recettes, les trucs et astuces pour trouver des alternatives à la boisson, les conseils d’experts, les lieux partenaires,… mais aussi trouver du soutien et de l’aide en cas de souci !
Pourquoi ne pas la recevoir avant ?
Pourquoi relever le défi ?
La page des effets bénéfiques avancés est gratinée : LA.
Je note ceci qui est d'un niveau atterrant :
- Une meilleure santé – puisque l’arrêt durant un mois fait un bien considérable au corps
Les outils de la campagne
Superbe : LA.
Il est même possible de charger une application en anglais. Chacun sait qu'en France la consommation excessive d'alcool concerne en majorité des Français anglophones. Il fallait y penser. Chapeau les artistes.
C'est tout.
Bon, soyons sérieux, qu'est-ce qu'est que ce binz ?
Ce n'est pas parce que les lobbys de l'alcool entravent les actions de santé publique qu'il faut faire n'importe quoi. Il vaut mieux ne rien faire que le faire mal.
Ces actions ne peuvent réussir que si tout le monde participe.
Qui voit le plus de personnes sur consommant de l'alcool ?
Y a-t-il une quelconque allusion aux médecins traitants ?
On comprend que ce truc ne sert à rien.
Une réflexion : "Oui, mais si on empêchait une seule personne de boire, ce ne serait pas déjà bien ?" Oui. Une efficience maximum.
Si, cela sert à mettre en avant les organisateurs pour qu'ils soient vus, c'est la technique bien connue de l'annonce, la technique bien connue de la vitrinification des actions, dont le Ministère de la santé, les ARS et la CPAM sont les champions.
Une mascarade.
Et, en plus, ils n'ont même pas les outils pour mesurer leurs actions. Pas un même un critère de substitution pour pouvoir faire les malins après.
Ma déclaration d'intérêts :
1) Selon le décret 2012-745 du 9/5/12 : je n'ai pas de liens avec les industriels de la santé
2) Pas plus de liens d'intérêts avec les alcooliers, producteurs, industriels, vendeurs et revendeurs de substances alcoolisées
3) Mon score AUDIT (LA) est de 3
PS du 21 janvier 2020 : on va s'intéresser à la nébuleuse #DryJanuary et à ses liens éventuels avec Big Pharma