mercredi 11 décembre 2019

La grande mascarade du procès Mediator.

Calendrier de l'Avent médical 2019 : Jour 11

Jean-Michel Alexandre


Le procès Mediator est une vaste farce.

Les "vrais" coupables sont oubliés ou sont "blanchis".

Je vous propose trois visions de l'affaire mais il manquera toujours une quatrième vision qui concerne les prescripteurs. Par un tour de passe-passe extraordinaire les prescriptions de Mediator n'ont pas été faites par des médecins. Elles se sont retrouvées sur le comptoir des pharmacies écrites par la main invisible du marché. Où sont-ils ? Où se sont-ils cachés ? Où peut-on les trouver ? En tous es cas, pas au prétoire.

Mediator : Didier Tabuteau, un «Kouchner boy» grand absent du dossier


L'article de Anne Jouan (ICI) qui date de 2017 est un modèle de qualité journalistique. Il renseigne sur la République des copains et des coquins qui sévissaient au Ministère de la santé, à la DGS, à l'Agence du médicament et dans les différentes firmes concernées. Comment l'IGAS (avec à sa tête Aquilino Morelle) a blanchi Didier Tabuteau. Je vous laisse déguster.

L'audition de Arielle North (LA) montre que tout indiquait qu'il eût fallu enlever l'indication diabète de la notice Mediator en France dès avril 1997, comment une note manuscrite de cette pharmacienne a mystérieusement disparu et comment Servier a pu continuer à porter l'indication diabète. Sous l'influence du professeur JM Alexandre.



L'article de Catherine Riva (ICI) sur Irène Frachon éclaire également un aspect moins lumineux de cette dernière, tout en ne niant pas son rôle décisif.

Comment croire un seul instant que les différents protagonistes de l'affaire ne savaient rien, ne comprenaient rien, était de sombres imbéciles, et cetera ? Commet des pharmacologues de renom n'ont-ils pas compris les liens entre isoméride et Médiator, entre les anorexigènes en général et Médiator ?

Mais, plus encore, ces trois aspects connus de tous montrent que ce qui s'est passé pour Mediator se passe encore maintenant.

Vous n'y croyez pas ?

mardi 10 décembre 2019

La professeure Audrey Gabelle prend des risques.

Calendrier de l'Avent médical 2019 : Jour 10





ICI


Vous pouvez aller jeter un oeil sur les titres et travaux de la professeure : LA sur PubMed

Sur la base Transparence Santé (LA) il existe 40 mentions la concernant.

Cela dit, je ne la connais ni des lèvres ni des dents.

Elle prend des risques.

Voici l'accroche (sobre) de l'entretien qu'elle a accordé au journal Le Point :

Traitement d'Alzheimer : « Cette fois, l'espoir est bien réel »

"

De retour de San Diego (États-Unis), où se tenait le congrès international sur les essais thérapeutiques dans la maladie d'Alzheimer et les syndromes apparentés, Audrey Gabelle (professeure de neurologie et neurosciences, directrice du Centre mémoire de ressources et de recherche et du centre de compétences démences rares et précoces au CHU de Montpellier) ne masque pas son enthousiasme. C'est aussi le cas de la majorité des chercheurs, des cliniciens et des laboratoires pharmaceutiques réunis aux États-Unis jusqu'à samedi dernier. Après tant d'espoirs déçus, différentes annonces poussent à l'optimisme. Elles concernent la gestion des troubles du comportement (hallucinations et délires) à des stades avancés de la pathologie et, surtout, les effets positifs d'un traitement ciblé destiné aux premiers stades de la maladie d'Alzheimer. Interview.
Elle prend des risques car :

  1. Elle s'autoproclame, à la sortie d'un congrès, Key Opinion Leader en risquant de fâcher la communauté neurologique des professeurs plus gradés qui auraient aimé être KOL en premier et es qualités
  2. Elle en dit plus sur les résultats (elle est plus optimiste) que le laboratoire : elle accentue le hype post congrès en majorant les effets bénéfices et en minorant les effets délétères.
  3. Les résultats sont post hoc : analyse refaite après que l'analyse intermédiaire a été considérée comme négative et que de nouveaux patients ont été inclus en recevant des doses plus importantes.
Elle participe à l'insu de son plein gré :
  1. Au début du marketing mix de Biogen
  2. A la mise en branle des réseaux politiques/Big Pharma/KOL
  3. A la mise sous pression des agences gouvernementales hors US (car la FDA trumpienne a déjà annoncé que son doigt était déjà posé sur le bouton presseur de l'AMM)...  
  4. ... favorisée par l'irruption des associations de patients sur le devant de la scène : mon médicament, mon dû...
  5. ... par la prochaine tribune de prestigieux grands patrons (parisiens) déjà et futurs KOL dont la Base Transparence Santé indiquera, selon la doctrine Buzyn qu'ils sont des "bons", exigeant : ...
  6. ... l'ATU, l'AMM fast tracking, et la fixation d'un prix pharamineux remboursable (la santé des patients le vaut bien)
  7. A la campagne de presse en cours dans les journaux grand public et dans les journaux médicaux à partir d'un dossier de presse réalisé par les marqueteurs de Biogen.
  8. A la future publication d'un éditorial dithyrambique dans le NEJM (New England Journal of Marketing) ou dans tout autre journal à fort pouvoir d'impact international dans le même numéro du journal publiant des résultats plutôt plus décevants que ce qui avait été annoncé en congrès...
Mais, imaginons que cette molécule soit aussi géniale que cela, que ses effets d'échelle (cognitives) soient prolongés au delà des 78 semaines actuelles... que ses effets sur les critères de substitution (IRM montrant un déclin de la substance amyloïde) soient corrélés à la clinique (ça peut arriver)...

Je serais le premier ravi pour tous les patients porteurs d'un Alzheimer et/ou d'autres démences dans ma patientèle...

Mais, ce que je crains, quand le soufflé retombera, les comptes de Biogen seront non seulement à l'équilibre mais largement bénéficiaires.




lundi 9 décembre 2019

Le rapport de la Cour des comptes sur l'Ordre National des médecins : In memoriam.

Calendrier de l'Avent médical 2019 : Jour 9.




Le rapport de la cour des comptes sur l'Ordre des médecins est comme tout rapport : il n'est pas neutre, il a des intentions, il porte un message, il dépend des rédacteurs et des conseilleurs. La Cour des comptes s'est parfois trompée.

Je vous laisse, très chers confrères, le lire : ICI.

Nous en reparlerons.

L'accumulation des faits rapportés pose des questions avec des réponses. Les médecins ordinaux sont donc des hommes et des femmes comme les autres (pourris ?).

Sauf que :



Je rappelle que je suis pour sa dissolution pure et simple. Et cela ne date pas d'hier. Ni de ce rapport.

Avec, peut-être, une phase de transition qui serait la pure administration de ses tâches régaliennes. L'éthique et la morale.

L'éthique et la morale.

L'éthique, c'est le coeur de notre métier, c'est ce qui fait notre spécificité de soignant. C'est ce qui doit nous guider. C'est ce qui doit nous protéger des ingérences extérieures, celles de la société civile qui comprend l'Etat, les pouvoirs régaliens (notamment la police et la justice) et les pouvoirs administratifs (l'Assurance maladie) et/ou privés (banques, assurances, et cetera), sans oublier les autres institutions comme l'Education nationale.


La morale, ce sont nos relations entre médecins (la confraternité au sens large, l'aide à nos confrères dans le souci) mais ce sont aussi nos relations avec les patients (nous devons être proches mais distants, proches pour défendre à tout crin le secret médical, distants pour ne pas nous substituer à eux dans leur vie, leurs valeurs et leurs préférences, ne pas médicaliser leur vie même s'ils le demandent).

dimanche 8 décembre 2019

L'épidémie de rougeole aux Îles Samoa.

Calendrier de l'Avent médical 2019 : Jour 8



L'effroyable nombre de décès aux îles Samoa peut-il s'interpréter autrement que comme un défaut de vaccination ?

Cette question est sotte. Il faut vacciner contre la rougeole dans les pays Low middle Income Countries dont voici la liste : ICI. Et ailleurs aussi. Mais il faut que les pays s'en donnent les moyens ou plutôt que la communauté internationale leur en donne les moyens.


Les Îles Samoa (200 000 habitants) font partie du sous groupe de la Polynésie à laquelle appartiennent les territoires français. 

Comment juge-t-on la santé publique dans un pays ? Samoa en rouge et France en gras.

Espérance de vie à la naissance : 70,8 ans pour les hommes et 76,8 pour les femmes. F : respectivement 79,5 et 85,4.
Mortalité maternelle en couche : peu de données pour Samoa.
Mortalité infantile : 2016 : 17,3 décès pour 1000 naissances vivantes avant un an (2 %) (voir LA) contre 1,58 au Luxembourg (0,2 %) (le champion du monde) et 3,3 en France (0,3 %) (soit 2900 enfants). Pour la France il est flagrant que dans le territoire de la République ce taux soit de 6,8 à  La Réunion, et de 9,3 à Mayotte et en Guyane. Les conditions socio-économiques comptent.
Nombre de médecins par habitants : (les chiffres datent de 2006) : 0,46 pour 1000 habitants et France : 3,4.
Dépenses de santé : 7,2 % du PIB (2014). Cette donnée est sujette à caution comme indicateur de bonne santé quand on voit le tableau des pays : LA.
Le PIB par habitant : Samoa : 5737 $, F : 43551 $


Relation entre indice synthétique de fécondité et mortalité infantile (source INED 2010)


En 2005 le taux de vaccination contre la rougeole était de 71 % selon des sources INED précédentes.

La baisse de la vaccination entre 2018 et 2019 est liée à la mort de deux enfants après vaccin due à une erreur de manipulation de 2 infirmières le 6 juillet 2018 : LA. Elles sont en prison.

Les chiffres Unicef/who de la couverture vaccinale : ICI

Pour la deuxième injection de rougeole.


Donc, les articles qui parlent d'un taux de vaccination passant en un an de 74 à 34 % sont erronéLA

Mais la couverture vaccinale n'est, pour le moins, pas fameuse. Les autres vaccins ne sont pas mieux lotis : voir le doc.

Aujourd'hui, pour la présente épidémie, et pour l'instant, il y a eu 4357 cas déclarés de rougeole aux Samoa et 63 décès.

En France, en 2018, il y a eu 2902 cas et 3 décès (source Santé Publique France : ICI) pour 67 millions d'habitants contre 200 000 habitants aux Samoa.

Le niveau socio-économique et la qualité des services de santé comptent quand on regarde le taux de mortalité.

23 % des cas en France ont été hospitalisés.

89 % des cas sont survenus chez des sujets non ou insuffisamment vaccinés.

Nous n'avons pas de données de morbidité annuelle en France mais les chiffres suivants (LA) :

Du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2018, plus de 27 500 cas de rougeole ont été déclarés en France (dont près de 15000 cas pour la seule année 2011). Après avoir fortement diminué en 2012, le nombre de cas déclarés est resté stable en 2013 et 2014 (respectivement 859, 259 et 267 cas). En 2015, le nombre de cas augmentait de nouveau (364 cas), en lien avec un important foyer épidémique en Alsace (230 cas). En 2016, une circulation moindre du virus de la rougeole a été notée avec seulement 79 cas déclarés, puis elle s’est intensifiée en 2017 avec un total de 519 cas déclarés, en lien surtout avec des foyers épidémiques en Lorraine, Nouvelle Aquitaine et Occitanie, et 2918 a vu une reprise intense de la circulation du virus de la rougeole avec 2921 cas déclarés.
Au cours de ces onze années, plus de 1500 de ces cas ont présenté une pneumopathie grave, 40 une complication neurologique (37 encéphalites, 1 myélite, 2 Guillain-Barré) et 23 sont décédés. 
Ces données montrent que, début 2019, il reste en France un réservoir de sujets réceptifs suffisant pour maintenir la transmission du virus, en particulier dans la population des jeunes adultes. Le virus continue à circuler au cours du premier trimestre 2019 (plus de 500 cas au 31 mars 2019), de façon moins intense qu’en 2018, mais avec toutefois la survenue d’un 24ème décès dans un tableau d’encéphalite subaiguë.

Ainsi, les déclarations des vaccinolâtres (i.e. les personnes, médecins ou non qui, tels des zélotes affirment que les vaccins, tous les vaccins sont efficaces, efficients, sans effets indésirables, on ne discute pas et tout le monde le sait, oubliant que les vaccins sont des médicaments comme les autres avec leur taux d'efficacité, d'efficience, leurs effets indésirables, leurs balances bénéfices/risques) sur le rôle des antivaxx (i.e. les personnes, médecins ou non, qui contestent a priori les vaccins en général et qui leur dénient, quel que soit le vaccin, tout effet bénéfique) dans cette épidémie qui touche horriblement les îles Samoa indépendantes, ont raison si Madame Michu ou Monsieur Michu des Samoa ont été influencés par des gourous falsificateurs tels Wakefield, certaines Eglises protestantes, certains fondamentalistes juifs, musulmans, hindouistes, taoïstes et autres écologistes. 

Mais.

Les chiffres de la santé publique aux Samoa indiquent que la vaccination sans les structures  médicales (hôpitaux), les structures d'hygiène, d'éducation, et des professionnels de santé de qualité et de quantité ne peut pas tout pour prévenir la survenue d'une épidémie, et la juguler.

Les Iles Samoa ne sont ni les territoires français de Polynésie, ni la France métropolitaine.

Il faut donc vacciner mais aussi faire le reste mais c'est la loi inverse des soins (Inverse Care Law) qui préside en santé publique dans le monde.

PS du 12/12/19 : des commentaires de Martin Fierro sur twitter : LA.







samedi 7 décembre 2019

Exercer la médecine sans prendre en compte les inégalités n'est pas juste...

Calendrier de l'Avent médical 2019 : Jour 7




L'exercice de la médecine est une activité qui, à l'inverse des mathématiques ou de la physique, ne peut se pratiquer dans une tour d'ivoire où les patients seraient des individus sans histoire, sans passé, sans famille, sans différence de revenus, de classe sociale ou de sexe, sans interactions avec le réel, et cetera.

Il est bon que certaines études le recherchent et le rappellent. L'une d'elles est parue dans le Lancet, journal qui n'est pas connu pour ses idées révolutionnaires et avec l'aide du National Institute of Health Research et une fondation privée, le trust Welcome.

C'est LA

Le contexte : 

Low socioeconomic position is consistently associated with increased risk of premature death. The aim of this study is to measure the aggregate scale of inequality in premature mortality for the whole population of England.


(Des conditions socio-économiques défavorables sont constamment associées à un risque accru de mort prématurée. Le but de cette étude est de mesurer le spectre complet des inégalités entraînant une mortalité prématurée dans toute la population anglaise.


Les résultats : 
35·6% (95% CI 35·3–35·9) of premature deaths were attributable to socioeconomic inequality, equating to 877 082 deaths, or one every 10 min. The biggest contributors were ischaemic heart disease (152 171 excess deaths), respiratory cancers (111 083) and chronic obstructive pulmonary disease (83 593). The most unequal causes of death were deaths due to tuberculosis, opioid use, HIV, psychoactive drugs use, viral hepatitis, and obesity, each with more than two-thirds attributable to inequality. Inequality was greater among men and peaked in early childhood and at age 40–49 years. The proportion of deaths attributable to inequality increased during the study period, particularly for women, because mortality rates among the most deprived women (excluding cardiovascular diseases) plateaued, and for some diseases increased. A mean of 14·4 months of life before age 75 years are lost due to socioeconomic inequality.

Interprétation :
One in three premature deaths are attributable to socioeconomic inequality, making this our most important public health challenge. Interventions that address upstream determinants of health should be prioritised.
(Une mort prématurée sur trois est attribuable à des inégalités socio-économiques,  ce qui est notre défi de santé publique le plus important. Les actions qui agissent en amont sur les déterminants de santé doivent être privilégiées.

Valeurs ajoutées de ce travail : 
Added value of this study
We use two indicators of socioeconomic inequality: mortality attributable to inequality (referred to as MASI: the number and proportion of premature deaths that can be attributed to socioeconomic differences), and the years of life lost to socioeconomic inequality (the reduction in life expectancy before 75 years attributable to inequality). We applied these indicators to the whole population of England over the period 2003–18, allowing direct reporting of aggregate numbers of death and avoiding selection bias. Our study uses an index of inequality that combines data on income, employment, education levels, crime, availability of services, and the local environment in individuals' neighbourhoods, providing insight into health inequalities associated with upstream socioeconomic circumstances. We studied cause-specific inequality in much greater detail than in previous studies, including 156 causes of death. Our findings showed little or no inequality in some diseases such as cancers of the skin, blood, breast, eye, and brain, and for cystic fibrosis, whereas three-quarters of premature deaths caused by tuberculosis, HIV, and illicit drugs were attributable to socioeconomic inequality. We studied inequality in premature mortality by age, sex, and deprivation, showing that three-quarters of deaths among men aged 35–49 years in the poorest areas were attributable to inequality. Although mortality reduced over the study period, the proportion attributable to inequality increased, particularly for women. Inequalities were tempered by converging rates of cardiovascular mortality between deprivation groups, whereas inequalities in other diseases, including respiratory diseases among women, plateaued or even worsened.

Bon, c'est une étude non randomisée, rétrospective, bla bla bla. Mais c'est tout à fait important à prendre en compte, non seulement lors des choix à faire pour l'allocation des budgets pour les politiques de santé publique mais aussi, pour les praticien.ne.s dans la façon d'aborder chaque patient.e individuellement au cabinet.

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vendredi 6 décembre 2019

AFM - Téléthon : quand une association de patients s'empare de la science et de la charité.

Calendrier de l'Avent Médical  2019 : J6

Comme chaque année : le téléthon.

Je reproduis donc tel quel ce que j'ai écrit en décembre 2012 : LA.

Mais le Téléthon n'est pas seulement un cauchemar kitsch.

J'ajoute ceci : l'AFMTéléthon, l'association de parents de patients myopathes, voir ICI, a sans doute fait beaucoup. Mais il se trouve qu'un service d'excellence pour les myopathies disparaît pour des raisons qui tiennent à l'hostilité de l'AFM à l'égard de son patron et aux manoeuvres de l'establishment de la Salpétrière. Je n'en dirai pas plus mais si un.e journaliste veut enquêter sur l'AFM : bingo.

MARDI 4 DÉCEMBRE 2012


L'arrivée du Téléthon : un cauchemar kitsch.


Chaque année revient le Téléthon.
Chaque année il est impossible d'y échapper.
Chaque année des tombereaux d'injonctions morales nous ordonnent de donner.
Chaque année le Téléthon revient comme un cauchemar moral.
Chaque année on exhibe, tels des animaux de foire, des enfants myopathes dans leurs magnifiques fauteuils roulants dernier cri avec internet, GPS, aide à la conduite et anti patinage des roues et avec la possibilité de voir France Télévision en direct.
C'est le triomphe absolu du kitsch tel qu'il a été défini par Milan Kundera dans L'insoutenable légèreté de l'être.

Le kitsch fait naître tour à tour deux larmes d'émotion. La première larme dit: Comme c'est beau, des gosses courant sur une pelouse !
La deuxième larme dit: Comme c'est beau d'être ému avec toute l'humanité à la vue de gosses courant sur une pelouse !
Seule cette deuxième larme fait que le kitsch est kitsch.
Vous transformez en "des gosses myopathes souriant dans leur fauteuil roulant" et le tour est joué. 
Car le Téléthon est un cauchemar kitsch et, également, un cauchemar moral.

France Télévision fait, dit-on, son boulot de service public, remplaçant la fausse téléréalité par de la vraie, c'est vendeur, coco.
Les animateurs de France Télévision et les vedettes invitées, cette année Franck Dubosc qui nourrit le Téléthon de ses navets, s'achètent une conduite en présentant l'émission au risque de perdre leur santé : ils sont sur scène pendant 30 heures à apitoyer, à s'apitoyer, hurler, faire pleurer, en se douchant dans leur loge,  en mangeant des sandwichs, ils n'ont pas le temps de consommer dans leurs tavernes habituelles, vous vous rendez compte...
Les enfants brandis comme Léa, la petite battante (LA) dont on apprend que  Elle a l’accent chantant des gens du Sud. Comme la plupart des filles de son âge, elle écoute Beyonce et Jenifer. Elle est une inconditionnelle de Twilight et a adoré Titanic en 3 D. . Purée, tout ça pour ça ! Comme dirait Voltaire : je me battrais pour que vous puissiez écouter Beyonce comme les autres...
Les enfants malades que l'on hisse sur scène et qui supportent leur maladie avec tant de courage comme des héros de dessins animés.
Les spots de publicité larmoyants qui précisent que grâce à la loi Coluche, en donnant 1 euro on déduit 66 cents des impôts.
Les bénévoles qui courent, qui volent, qui sautent à la corde, qui chantent dans le froid... dans des salles polyvalentes municipales qui vont permettre au maire, au député, au conseiller général, de se faire réélire.
Les donateurs qui s'exonèrent en donnant quelques euro pour la bonne cause dans une sorte de confession publique.
Les industriels du cholestérol qui viennent montrer de gros chèques sur scène : McDo et autres bienfaiteurs de l'humanité. Mais il y a aussi Midas et Primagaz...
Les chercheurs qui trouvent.
L'AFM qui gère.

Le site du Téléthon 2012 (ICI) est un cauchemar de bons sentiments qui me rend mal à l'aise.

PS du 7 décembre 2012 : et il n'y a pas que moi qui m'interroge sur le plan moral ; voir ICI.
PS du 9 décembre 2012 : Jacques Testard et Marc Peschanski parlent de mascarade scientifique à propos des possibilités de thérapie génique : LA

PS du 19/12/2019 Quand la réalité dépasse la fiction.


jeudi 5 décembre 2019

La fin d'une époque ?

Calendrier de l'Avent médical 2019 : Jour 5



Christian Lehmann ferme son blog (problème de site).


Le dernier billet : ICI

Le premier ? : LA

Les symboles lehmanniens :











Les têtes de Turc lehmanniennes











Les petits marquis lehmanniens









Et pour double conclure : encore Orwell