vendredi 16 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 16 (prescriptions de transports)

Faut-il encore prescrire des bons de transport à la place des prescripteurs hospitaliers qui se déchargent sur le médecin traitant ?


  1. Oui, occasionnellement
  2. Non. Jamais.
  3. Oui, car c'est le patient qui va en pâtir.
  4. Non, pour dire une bonne fois que l'on n'est pas les méprisés de l'hôpital.
  5. Oui.
  6. Non.

jeudi 15 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 15 (sauver des vies)

Quelle est la molécule qui a le plus sauvé de vies à court terme dans ma patientèle de médecine générale ?


Cette molécule a été une révolution dans cette indication.

J'ai connu une période où il arrivait qu'une fois par mois un jeune malade du cabinet meure.

Parfois plus souvent.

Parfois un peu moins.

C'étaient les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix.

On était submergés.

Overdoses...

Il y eut des polémiques concernant la commercialisation de la molécule.

Devinez de quel(s) bord(s) cela venait ?

L'AMM dans cette indication a été accordée le 31/07/1995

Le Subutex (buprenorphine) a été commercialisé le 19/02/96

Cela m'a permis de revoir des patients jusqu'à la fin de mon exercice (juin 2021) qui, sinon, seraient morts.

(Certains sont aussi morts à cause de la buprenorphine mésusée mais... et tout le monde ne s'en est pas sorti)





mercredi 14 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 14 (changer ses habitudes)

Quelle est la molécule que vous avez beaucoup prescrite avec enthousiasme et que vous avez continué de prescrire sans enthousiasme alors qu'elle était toujours recommandée et que vous saviez qu'elle était inefficace ?


J'espère que vous hésitez. 

Mais comme c'est moi qui ai posé la question je n'ai pas hésité une seconde tant cela fut un déchirement et tant je me suis laissé bercer longtemps par les recommandations malgré les preuves contraires qui s'accumulaient contre elles et parce que je n'arrivais pas à changer mes habitudes, c'est à dire ne plus prescrire et laisser le ou la patiente sans traitement médicamenteux. 



Metformine

mardi 13 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 13 (placebo)

Quelle est la molécule placebo que vous avez le plus prescrit dans votre carrière ? 

(ma réponse :

Sans aucun doute le tanganil (acetylleucine).
Mais Spasfon (phloroglucinol) n'est pas loin.

(J'ai honte)

Deuxième question : En prescrivant un placebo dites-vous au patient qu'il s'agit d'un placebo et bla bla bla ?

Jamais
Parfois
Assez souvent
Très souvent
Toujours


(ma réponse : j'ai évolué de jamais pendant très très longtemps à une fois sur deux).


Troisième question : pourriez-vous évoluer vers : Je ne prescrirai plus jamais de placebo ?


(ma réponse : je n'ai jamais pu y arriver complètement)


lundi 12 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 12 (acte inapproprié).

Quel est l'acte que vous avez (très) souvent pratiqué en toute bonne foi et qui s'est avéré être une procédure placebo ? 


J'ai beaucoup infiltré de corticoïdes dans les genoux en intra-articulaire pour des gonalgies arthrosiques.




Avec des résultats satisfaisants selon les patient.e.s et de l'autosatisfaction pour le médecin.

Les essais contrôlés ont montré qu'il n'y avait aucune différence entre une injection de corticoïdes et de placebo.

Question : ai-je arrêté d'en proposer après la publication du premier article princeps ? 
Réponse : oui pour les nouveaux patients. 

C'est la même chose pour l'acide hyaluronique (les rhumatologues et les orthopédistes disent que les essais contrôlés ont été mal menés) et cela a été déremboursé.

Idem pour le PRP (Plasma Riche en Plaquettes) mais, comme on dit chez l'Oréal,  comme "Ça le vaut bien" ça se propose non remboursé et très cher.


dimanche 11 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 11 (les recommandations)

Suivre de mauvaises recommandations vaut mieux que ne pas suivre de recommandations du tout

Lorsque je classais les dossiers avant mon départ à la retraite, outre l'émotion de revoir ce que j'avais écrit à la main dans les dossiers papiers, j'ai ressenti la surprise, la honte, le dégoût en voyant les prescriptions de produits inefficaces, voire dangereux, dont la majorité a disparu de la pharmacopée remboursée ou non.

Tout ceci pour ne pas que l'on pense que ce que je vais dire est une critique anti confraternelle :
  • La lecture de certaines ordonnances rédigées en 2022 laisse parfois pantois
  • Qu'elles émanent de médecins généralistes, de spécialistes d'organes, de l'hôpital ou non, des urgences surtout
  • Mais il ne m'étonnerait pas que des ordonnances anonymisées dont les prescripteurs pourraient se moquer ou pourraient simplement critiquer avec un manque de contexte évident, ne soient les nôtres...
  • A bon entendeur, salut.
Et donc, il y a de bonnes et de mauvaises recommandations, liées à la qualité des participants et/ou à leurs conflits d'intérêts, mais, sauf exceptions notables (coucher les nourrissons en procubitus ou décalotter les enfants pour ne donner que des exemples pédiatriques), il vaut mieux les suivre (plus ou moins) que d'inventer ses propres avis d'experts (ce que l'on a vu dans le cas du covid).

Bilan médical de la semaine du lundi 5 au dimanche 11 décembre 2022 : décision partagée, streptotest, covid enfants (décès, PIMS, diabète), Hype, ménopause, anti-émétiques, la SANTE, accès direct aux spécialistes d'organes en ville...

 

John Cassavetes (1929 - 1989)

1. La décision partagée : une aporie pour une majorité de médecins.

voir le papier : ICI

La complexité de la démarche (voir le tableau 1), le temps qu'il faut consacrer pour expliquer le processus, faire adhérer le patient, franchir tous les obstacles, et, surtout, la perte de "pouvoir" du médecin que cela implique (sans compter la connaissance de l'EBM et de l'expérience externe - la littérature) rendent cette décision partagée au-delà de toute compréhension et de praticité pour la majorité des médecins.

C'est pas pour demain.

Et les cabines de télé consultation ne semblent pas favoriser cette démarche.

Il existe bien entendu d'autres façons, plus simples, d'aborder la décision partagée dans le cadre ou non de l'EBM.

Les juristes non médecins connaissent cette démarche dans leur spécialité et avancent l'idée cynique qu'il s'agit, la décision partagée, d'un moyen pour les médecins de se défausser de leurs responsabilités.



Félix Vallotton


2. Faut-il rechercher du streptocoque en cas d'angine ?

Il y a bien entendu plusieurs catégories de médecins en cas de diagnostic d'angine "blanche" ou "rouge":

  • Ceux qui prescrivent un antibiotique d'emblée (nous n'insisterons pas sur les sous-groupes qui prescrivent antibiotiques + AINS et/ou antibiotiques + corticothérapie) : l'enfer leur est promis
  • Ceux qui évaluent à la louche la présence de streptocoques du groupe A dans la gorge en évaluant le score de Mac Isaac (LA) : purgatoire
  • Ceux qui pratiquent systématiquement, le plus souvent, souvent, pas très souvent, un test de détection rapide du streptocoque A (alias TROD, test rapide d'orientation diagnostique) : paradis promis avec beaucoup de marguerites sur le tombeau
  • Ceux qui n'en ont rien à cirer et qui ne prescrivent jamais (sauf exceptions) d'antibiotiques en cas d'angine blanche ou rouge ou mixte.

Intéressons-nous à cette dernière catégorie.

Attention : un certain nombre de ZéroCovidistes pourraient traiter cette conduite d'eugénisme caractérisé.

Les Britanniques ont fait des calculs.


ICI

Un MG sur 350 verra une infection invasive par streptocoque A par an.



3. La morbi-mortalité des enfants et des adolescents due au Covid.

Trop c'est toujours trop.

Mais voilà : on espère sans y croire que tous les sites de FabriquedelaPeur (Fear Mongering) reviendront sur les chiffres tonitruants et inquiétants qu'ils ne cessent de produire et de mettre en avant.

Les données de Santé Publique France, ICI (alors, on peut dire ceci pour être dans la ligne éditoriale de ce blog, que cette agence gouvernementale est, comme son nom l'indique, gouvernementale, et que donc, la minimisation du nombre des décès alimente l'auto-satisfaction gouvernementale), sont très loin de ce que l'on nous annonçait.

Mais : trop c'est toujours trop.

Les décès avec lien possible avec le covid depuis le début de la pandémie.




Pour 93 décès investigués (sur les 118 enregistrés) dans 40 cas la causalité a été retenue (43 %) dont 35 présentaient des comorbidités très sévères.

Le dernier paragraphe est très important : "L'analyse des données de mortalité toutes causes confondues ne montre aucun excès de mortalité chez les moins de 15 ans en 2020, 2021 et 2022 (jusqu'à semaine 46)."

Les syndromes multi inflammatoires systémiques (PIMS)





C'est trop mais mieux que prévu par les fausses Cassandre.





4. Le covid n'entraîne pas de diabète de type 1 chez les enfants danois

Les professionnels de la peur, FearMongers, Martine Mounier, Ecoles oubliées, David Simard, et autres qui se reconnaîtront devraient lire ce papier.

Voir LA

Les Danois travaillent sur des registres bien tenus.




5. Le hype n'est pas réservé à Big Pharma : @nousaerons s'en charge 

Dans la catégorie Cueilleuse de cerises (cherry-picker) l'association @nousaerons est coutumière du fait mais, là, on est dans le sublime. 


Résumons : 

  1. Pré print
  2. Abstract
  3. Etude acceptée en 24 jours
  4. Etude épidémiologique rétrospective cas-témoins avec déséquilibre évident des groupes de comparaison.
  5. On attend la méthodologie pour commenter vraiment
  6. PS du 13/12/22 : LA


6. Du hype vaccinal : à propos d'une étude.

On se résume. Les vaccinolâtres sont des purs. 

  • Toute étude publiée qui raconte l'histoire des vaccins est de bonne qualité
  • Toute personne qui critique une étude publiée sur la vaccins est un antivaxx
  • Toute critique sur une étude publiée sur l'efficacité des vaccins explique pourquoi la France est en retard pour les vaccinations
  • Pour l'hypertension, les gouttes dans le nez ou le traitement des myélomes : vous pouvez y aller, vous ne serez pas "traité"
Dernier point (faut le redire, ça ne mange pas de pain, faut toujours se justifier et plus les justifications sont répétées et plus le doute s'installe, j'ai 70 ans -- les vaccinolâtres âgistes sont à l'affût, je n'ai aucun facteur de risque, je suis quadrivacciné contre le covid, vacciné cette année contre la grippe, j'ai aussi attrapé le covid entre les injections 3 et 4 au moment où j'étais le moins exposé pour l'attraper...), je serais tellement content qu'une étude de qualité, c'est à dire contrôlée, clustérisée, effectuée dans des conditions de qualité optimale soit top de chez top, mais l'étude (LA) commentée par l'excellent Stéphane Korsia-Meffre sur le site Vidal (LA), il n'oublie pas de rapporter les limites de l'essai, n'est pas, selon la classification non validée de ce blog, de la merdre en barre, mais presque. Rappelons également que l'étude est publiée par Mortalité and Morbidité Weekly Report dont on peut affirmer qu'en période covid la qualité des publications a beaucoup baissé (c'est un euphémisme), à moins bien entendu que l'ont ait surévalué la qualité des publications antérieures de cette revue émanant des CDC états-uniens.




7. Les femmes veulent des informations indépendantes et de haute qualité sur la ménopause.

Voir ICI

Notre collègue écossaise Margaret McCartney ne mâche pas ses mots concernant le traitement ou les traitements de la ménopause.

Cette idiote veut des preuves. Elle veut des études contrôlées de bonne qualité. Elle ne veut pas de charlatanisme, elle refuse la corruption.

Elle a lu le communiqué de presse (LA) d'un rapport gouvernemental (ICI) issu de l'AAPG Ménopause (All-Party Parliamentary Group on Menopause) et elle s'inquiète 

  • du fait que Bristol Myers Squib et Astellas Pharma soient les sponsors et que nulle part dans la presse cela n'est mentionné
  • du fait que le rapport demande un dépistage de la ménopause entre 45 et 50 ans chez toutes les femmes sans prendre en compte le fait que cela puisse aboutir à un traitement, à de l'inquiétude ou à des effets délétères
  • du fait qu'en 2 ans les prescriptions d'hormonothérapie substitutive ont augmenté de 35 %
  • du fait que la prescription de testostérone est recommandée par le rapport sans preuves cliniques et, de toute, façon, hors AMM
Lisez l'article, ce n'est pas la peine que je continue à paraphraser la très belle argumentation de notre Scottish GP.




8. Utiliser les anti-émétiques ?

Une recommandation de l'HAS : LA.


Je boycotte le foot, pas le rugby



9. Non, la santé n'appartient pas qu'aux médecins



ICI un fil twitter.

La définition de la santé est un problème majeur, souvent référencé, rarement compris, volontairement incompris.

J'ai déjà développé cela 100 fois.

Je rappelle la définition de la santé donnée par l'OMS en 1946 :

«La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité»

10. Bannir l'accès direct aux spécialistes libéraux non MG

L'accès direct des citoyens aux spécialistes libéraux est une aberration dans la majorité des cas.

Voir mon fil twitter LA

L'accès direct aux spécialistes d'organes en ville : 

1) dévalorise leur rôle (examiner des patients non malades), 
2) diminue la Valeur Prédictive Positive qui facilite leurs diagnostics, 
3) engorge leurs consultations et allonge les délais d'accès aux soins, 
4) ne soulage pas l'hôpital de consultations inutiles, 
5) est lié à la dévalorisation de l'acte de médecine générale, 
6) liée elle-même à l'auto-dévalorisation des MG et du contenu de leur consultation.
7) Prenons des exemples en ville :
a) les pédiatres qui pèsent, mesurent et vaccinent des enfants en bonne santé sont inutiles , 
b) les cardiologues qui pratiquent des bilans de santé chez des adultes jeunes sans FDR sont inutiles, 
c) les dermatologues qui suivent des acnés banales sont inutiles, bla-bla-bla
8) les syndicats polycatégoriels libéraux ne peuvent aborder le sujet de l'accès direct qui est une aberration quand l'hôpital est en surchauffe.

Tout cela se discute, bien entendu.



11. Victoire de l'intelligence artificielle au Qatar

from @sergiouribe