dimanche 17 juin 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (91)

Monsieur Agnès Buzyn et Madame Yves Lévy.

Nos "amis" anglais, nous ne pouvons que nous en méfier.

L'éditorial du Lancet en anglais (ICI) et en français s'il vous plaît (LA), dénonce la propension de la haute administration française à gérer l'entre-soi dans l'opacité. 

La future nomination du successeur d'Yves Lévy à la direction de l'INSERM en est un exemple. Madame Buzyn, et pourquoi ne pas la croire, hein ?, ne sait pas si son mari se représentera car elle dit affirmer ne pas connaître la liste des candidats.

On rêve.

Voici le début du court éditorial.

Le mandat du président directeur général (PDG) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) prend fin le 12 juin. La présidence de l’actuel PDG, Yves Lévy, a reçu de vives critiques après la nomination de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en mai 2017. Lévy est le conjoint de Buzyn, ce qui d’évidence constitue un potentiel conflit d’intérêts pour le directeur d’un institut placé sous la tutelle conjointe des Ministères de la Santé et de la Recherche. Cette situation a été apparemment rectifiée par un décret daté du 29 mai, 2017, déclarant que les actes relatifs à l’INSERM seraient gérés par le Premier ministre français, et non par Buzyn.

Le libéralisme à la française ne s'embarrasse pas de petits arrangements.
La France est de retour vers le futur : celui de la République bananière.


Un article du journal Le Monde : ICI.

Dernière nouvelle : le 31 juillet 2018. Yves Levy retire sa candidature à la tête de l'INSERM. Voir un article du journal Le Monde : LA.

La France ne serait plus une République bananière mais une République de peaux de bananes.

La suite, le 10 octobre 2018 :

Yves Lévy, l'ancien patron de l’ et mari d’Agnès , nommé conseiller d’Etat en service extraordinaire (Conseil des ministres)




Crédit photographique : La ministre de la santé, Agnès Buzyn et son mari, Yves Lévy, le 25 janvier 2018, au 16e dîner de la mode du Sidaction. / Frédéric Dugit/photoPQR/Le Parisien/MaxPPP

dimanche 10 juin 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (92)


L'affaire du Nutriscore refusé par la représentation nationale est emblématique du peu de cas que l'on fait de la santé publique non médicale en France et du peu de cas que les médecins font de ce qui n'est pas strictement médical en santé publique ou, plus précisément, de leur ignorance corporatiste.
La santé publique est bafouée.
Les industriels de la bouffe savent qu'ils vendent de la merdre et, donc, ne veulent pas que l'innocent Nutriscore soit apposé sur leurs produits.
Bien pire : les chaînes de télévision sont montées au créneau en arguant que la baisse de la publicité sur ces produits serait catastrophique pour l'équilibre des comptes.
Quant aux concepteurs de programmes pour enfants ils ont aussi affirmé que la suppression de la publicité pour la nourriture de merdre mettrait en péril leurs activités.
Un courrier de Braillon, Julia et Hercberg dans le BMJ (ICI), concernant l'obésité des enfants, résume bien ce qui se passe en France. La dernière phrase : "French MPs appear more sensitive to the health of media groups than of their citizens. Pity..." Les députés français apparaissent plus sensibles à la santé des groupes de médias qu'à celle de leurs citoyens.

Aurait-on entendu protester notre ministre Agnès Buzyn ? Ou des sociétés savantes médicales ? Ou des syndicats médicaux ?

On attend.

mardi 5 juin 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (93)


Le déremboursement retardé des médicaments prétendument anti Alzheimer illustre à merveille les problèmes soulevés par Cifu et Prasad in : Ending Medical Reverse. Voir ICI et LA.
  1. Sur quelles bases scientifiques les AMM sont-elles accordées.
  2. Pourquoi le suivi des effets indésirables par des essais cliniques post commercialisation n'est jamais fait.
  3. Lorsqu'un essai montre qu'une molécule (ou une procédure) n'est pas efficace : combien de temps faut-il pour revenir en arrière (on savait tout depuis 2008 : ICI) ?
  4. Pourquoi les médecins continuent-ils de prescrire des molécules ou de pratiquer des procédures  dont il a été clairement montré qu'elles étaient inefficaces, dangereuses et/ou d'un mauvais rapport bénéfices/risques ?
  5. Comment faire pour que cela ne se reproduise pas.


L'affaire des anti Alzheimer est exemplaire à de nombreux titres.

  1. Comment des médicaments inefficaces et dangereux ont obtenu une AMM (corruption des instances ou ignorance des experts ?) ?
  2. Comment se fait-ce que la Pharmacovigilance française (celle que tout le monde entier nous envie) n'a rien signalé ou n'a pas été visible ? 
  3. Comment est-il possible que le seul qui ait fait bouger les lignes était un médecin généraliste travaillant presque bénévolement à la HAS (Philippe Nicot) (voir tous les autres MG un peu plus bas) ?
  4. Comment des experts (neurologues, gériatres) ont-ils pu (ICI) (et continuent-ils) (de) défendre l'indéfendable, à savoir l'efficacité et l'innocuité de ces médicaments ?
  5. Comment, à partir d'une maladie (ou plutôt de maladies) a-t-on pu structurer la prise en charge de malades autour de médicaments inefficaces et dangereux ?
  6. Comment une filière a-t-elle été créée de novo à partir de mensonges thérapeutiques ?
  7. Comment les consultations mémoire sont devenues de simples officines de prescription de médicaments. 
  8. Comment une association de patients (France-Alzheimer, voir LA) est-elle devenue officiellement un lobbyiste majeur des laboratoires pharmaceutiques (quasiment une personne morale visiteuse médicale) et a-t-elle pris un tel poids politique ?
  9. Comment illustrer au mieux la stratégie de Knock et/ou le disease mongering : (LA).

Voici ce qu'entre autres je rappelais en 2016 (voir LA) : 

Reprenons les choses dès le début : les médicaments dits anti Alzheimer sont inefficaces (et dangereux). Tout le reste n'est que littérature.

Et il y a longtemps qu'on le sait !

Rappelons d'abord les actions du Formindep qui s'est d'abord attaqué aux liens/conflits d'intérêts des experts de l'HAS dès décembre 2008 (ICI) avec succès puisque les recommandations professionnelles sur la maladie d'Alzheimer datant de 2008 (LA) ont été ensuite retirées. 

Philippe Nicot produit une expertise externe (20 juillet 2011) (LA) qui conduit à revoir à la baisse le remboursement des médicaments anti Alzheimer.
Philippe Nicot écrit en octobre 2010 un article excellent, Anticholinestérasiques : le généraliste peut-il dire non ?,  qui fait la genèse des éléments de preuve indiquant l'inefficacité et la dangerosité des anti Alzheimer en général (ICI).

La Haute Autorité de Santé le disait en 2011, les anti Alzheimer ont peu d'intérêt. Je signale que le lien a disparu.

Louis-Adrien Delarue l'écrivait en 2011 dans sa thèse de médecine : LA et avec mes commentaires (élogieux : ICI) ainsi que ceux de Dominique Dupagne le 18 novembre 2011 (LA).

Marc Girard, le 13 novembre 2011, dénonçait les faux semblants de la réévaluation des anti Alzheimer (LA) et écrivait de façon prophétique : "quand le ministre avait d’emblée annoncé que la réévaluation ne changerait rien au remboursement des médicaments en question [9] ?"

Dominique Dupagne a lui aussi apporté sa contribution sur les conflits d'intérêts des experts à la suite du Formindep le 8 décembre 2009 (ICI) et le 21 septembre 2011 (ICI).

Sans oublier Christian Lehmann que nous avons déjà cité et qui publiait le 21 septembre 2011 un billet définitif : ICI.

Et j'en oublie.


Source du diagramme (par l'intermédiaire de François Pesty) : ICI

mercredi 30 mai 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (94)


94
Madame A, 89 ans, vient de décéder au décours d'un cancer de l’œsophage prothésé en novembre 2017. Rien à dire sur le suivi, sur les traitements, sur les soins palliatifs à domicile (une association), sur le suivi des aidants. Quelques courriers d'oncologie mériteraient une relecture attentive. "La malade va bien" est la phrase la plus fréquente.
Si : un truc. Le chirurgien qui lui a posé la prothèse l'a opérée d'une hernie crurale trois semaines avant sa mort. A mon avis elle était non menaçante, la hernie. 
Je n'ai pu m'y opposer.

jeudi 24 mai 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (95)



95
Les laboratoires Servier ont encore la cote chez les cardiologues. Ou plutôt : les cardiologues, dont le président de la Société Française de Cardiologie, acceptent sans barguigner leur argent.
Un article bien documenté (j'ai vérifié) (ICI) rapporte un certain nombre de faits montrant que les laboratoires Servier occupent encore une place de choix dans le sponsoring cardiologique.

Malgré Mediator (voir LA).

Rappelons aux non cardiologues l'apport majeur de Servier à la pharmacothérapie mondiale.

  1. Fenfluramide (Ponderal et Isoméride) : retirés du marché pour effets indésirables graves en 1997.
  2. Amineptine (Survector) : "anti dépresseur" retiré du marché pour hépatotoxicité en 1999
  3. Tianeptine (Stablon) : antidépresseur ASMR V
  4. Trimétadizine (Vastarel) : deux de ses indications "majeures" ôtées par l'EMA en 2012
  5. Almitrine (Duxil et Vectarion) : retirés respectivement du marché pour effets indésirables en 2005 et en 2013
  6. Ivabradine (Procoralan) : anti angineux avec SMR insuffisant.
  7. Rilmédinine (Hyperium) : anti hypertenseur ?
  8. Protelos (ranélate de strontium) : arrêt de commercialisation en 2007 pour effets indésirables graves (ICI)
  9. Fusafungine (Locabiotal) : pulvérisateur nasal ; retrait du marché en 2005 pour effets indésirables (résistances bactériennes) sous son ancienne formule.
  10. Piribedil (Trivastal) : "antiparkinsonien" mineur longtemps présenté en visite médicale comme vasodilatateur cérébral.
  11. Hespéridine (Daflon) : "phlébotonique".
  12. Agomélatine (Valdoxan) : antidépresseur exposant à des effets indésirables hépatiques graves (LA)
Donc, il nous reste Fludex (indapamide), un diurétique qui n'a pas fait la preuve de son efficacité, hormis sur les critères de substitution (PA), Coversyl (périndopril), anti hypertenseur, et Diamicron (gliclazide), anti diabétique oral ayant fait la preuve de son efficacité sur des critères de substitution (comme les autres, d'ailleurs).





Résumé des épisodes précédents : La médecine m'inquiète.

96
Cent pour cent des pratiques homéopathiques sont non validées.

97
Les aliments anti cancer du professeur Khayat.

98
Madame C, quarante-et-un ans, est venue accompagner sa fille pour un vaccin. En fin de consultation : " Ah, docteur, vous pouvez me prescrire une mammographie, ma gynécologue a oublié et je dois la faire tous les deux ans. - Vous avez quelqu'un de votre famille qui a eu un cancer du sein ? " Elle réfléchit : " Non, mais ma belle-soeur, oui. - Elle fait partie de votre famille ? - Non. Mais c'est ce qui m'a alerté. - Depuis quand votre gynécologue vous fait-elle faire une mammographie? - Depuis environ l'âge de trente ans. Je suis tellement inquiète. Il vaut mieux savoir avant, n'est-ce pas, docteur ? " Je lui explique qu'elle n'a pas besoin de faire cet examen, bla bla, les risques, elle est encore plus inquiète et elle réfléchit. Je crois qu'elle va quand même téléphoner à sa gynécologue pour obtenir la fameuse ordonnance. Elle a évalué elle-même les bénéfices/risques de la mammographie. Le patient a toujours raison.



99
"Madame B, cinquante-deux ans, dont tu es le médecin traitant, est venue me consulter après son passage aux urgences non programmées de la clinique pour des précordialgies atypiques... L'examen que j'ai pratiqué est normal : pression artérielle, échographie... Je note toutefois un bilan lipidique limite chez cette patiente non fumeuse. Pour ces raisons je programme une épreuve d'effort qu'elle passera à la clinique dans quelques jours."


100
Mademoiselle A, vingt-huit ans, a perdu son bébé. Aux urgences où elle se rend on lui fait une péridurale pour « régulariser ». La péridurale, selon la patiente, ne « marche » pas. Elle commence par se faire engueuler : « Si, ça marche ! ». Bon, les douleurs qu’elle ressent sont donc factices. On l'engueule encore. On la laisse dans une salle de repos où des enfants courent dans tous les sens. Puis, quelqu’un vient la voir, de loin, et lui demande à la volée : « Vous voulez l’enterrer ou le faire incinérer ? »





mardi 22 mai 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (96)

100 % des pratiques homéopathiques sont non validées

Mais qu'en est-il de l'évaluation des pratiques médicales standardisées et/ou consensuelles non homéopathiques ? Nous envisagerons ici les pratiques "admises" et non les pratiques "innovatrices" non encore complètement évaluées.

Et en effet il y a plus d'essais dans la littérature qui testent des innovations que d'études qui apprécient des pratiques de soins standardisées.

Prasad et Cifu (1) ont analysé 2044 articles parus dans le New England Journal of Medicine entre 2001 et 2010. 

Parmi les 1344 articles qui étudiaient une pratique médicale, 363 (27 %) concernaient des pratiques standards. 

138 articles (38 %) confirmaient l'intérêt de ces pratiques.
146 articles (40,2 %) montraient que ces pratiques n'étaient pas plus efficaces ou pires que les précédentes ou que pas de traitement du tout.
79 articles (21,8 %) ne pouvaient conclure. 
Les auteurs en concluaient que seules 38 % des thérapies standards étaient efficaces !

38 % des pratiques non homéopathiques académiques sont validées.


Un projet du BMJCE (British Medical Journal Clinical Evidence) a lui analysé 3000 pratiques médicales. Il en a conclu que 35 % de ces pratiques sont prouvées (ou probablement prouvées), 15 % sont délétères et 50 % n'ont aucune efficacité démontrée.

35 % de 3000 pratiques médicales non homéopathiques sont validées


Prasad et Cifu ont réanalysé  50 % des pratiques à l'efficacité incertaine et montré que 38 % de celles-ci pouvaient être cependant considérées comme validées. Ce qui conduit à 54 % de pratiques validées.


Après réévaluation 54 % des pratiques médicales non homéopathiques sont validées.



Une étude australienne (2) a évalué 5209 articles concernant des pratiques médicales et a identifié 156 pratiques potentiellement inefficaces ou non sûres.

Il y avait des similitudes entre les résultats australiens et ceux de Prasad et Cifu mais aussi des discordances liées sans doute au fait que le contexte des pratiques était différent : 10 ans de NEJM pour les premiers et le corpus complet de la médecine pour les deux autres. Mais surtout : différences entre pratiques hospitalières et communautaires.

(1) Prasad VK, Cifu AS. Ending medical reversal: improving outcomes, saving lives. Baltimore (USA): Johns Hopkins university press;2015.
(2) Elshaug A, Watt A, Mundy L, Willis CD. Over 150 potentially low-value health care practices: An Australian study. Med J Aust. 2012;197(10):556-560

PS du 30 mai 2018. Il est amusant de voir que ces données sont citées par Aurélie Haroche dans le JIM (ICI) comme pouvant être rattachées à la démarche qualité.

dimanche 20 mai 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (97)

Le professeur David Khayat, oncologiste, est un éminent médecin.

Les aliments anticancer du Pr David Khayat

Les aliments anticancer du Pr David Khayat

Pour lire la suite : ICI.

Sans commentaires.