dimanche 16 octobre 2022

Bilan médical du lundi 10 au dimanche 16 octobre 2022 : Dépistage du cancer colorectal, maladies chroniques, surdiagnostic (Australie), AC/FA, Ordres, Myocardites post ARNm, Pittet...


Via Rithy Panh

1. NordICC : Le dépistage du cancer colo-rectal par coloscopie unique ne sauve pas de vies.


L'étude NordICC est un essai pragmatique randomisé incluant des personnes asymptomatiques âgées de 55 à 64 ans entre 2009 et 2014 et issues de registres médicaux (en Pologne, Norvège, Suède et Pays-Bas). Il est publié LA dans le NEJM.

Le titre de l'essai est important : Effet du dépistage par coloscopie sur les risques de cancer colorectal et de la mortalité associée.

Les 84585 participants étaient randomisés en deux groupes (ratio de 1 pour 2), le premier recevait une invitation à une coloscopie de dépistage et le second n'en recevait pas. Un total de 11843 patients (42 %) ont accepté le dépistage. 

Après 10 de suivi : pour le groupe en intention de dépistage (que l'on appelle dans les essais thérapeutiques en intention de traiter) par rapport au groupe non invité : 
  1. Moins de cancers (0,98 vs 1,2 %) ont été détectés avec une différence relative significative de 18 % Ce qui signifie que le nombre nécessaire de personnes à inviter au dépistage pour éviter un cancer colorectal est de 455 (IC à 95% : 270-1429)
  2. Le risque de mortalité liée  au cancer colorectal n'était significativement pas différent (0,28 vs 0,31)
  3. Le risque de mortalité totale était identique : 11,03 vs 11,04 %. 

Conclusion : le dépistage du cancer colorectal par coloscopie sur invitation chez des personnes asymptomatiques ne sauve pas de vie.

Pourtant :

L'analyse per protocole (c'est à dire en ne retenant que les patients invités qui ont répondu favorablement au dépistage) indique pour la mortalité relative 0,15 vs 0,30 (diminution relative de 50 %) mais les auteurs ne précisent pas les chiffres pour la mortalité totale.

Les auteurs de l'essai sont donc favorables à ce dépistage.
 
On commence à comprendre pourquoi cet essai fait l'objet de conclusions différentes.

Rappelons qu'en France le dépistage organisé du cancer du colon invite les personnes âgées entre 50 et 74 ans (cette invitation est adressée par voie postale aux populations concernées et est relayée par les médecins traitants lors de consultations) à pratiquer eux-mêmes une recherche unique de sang dans les selles dont le résulta est transmis au médecin qui a prescrit le test. Cette façon de procéder ne diminue ni la mortalité relative, ni la mortalité totale.


Je vous propose donc, par souci d'objectivité, de vous présenter dans un premier temps différents points de vue, les uns considérant que cet essai enterre le dépistage du cancer colorectal par pratique de la coloscopie et d'autres qui y sont plutôt favorables.

Dans un deuxième temps je tenterais de faire la synthèse, une synthèse qui permettra en outre de faire le point sur les recherches cliniques en termes de dépistage en général.


Pro : 

Un commentaire en anglais de Vinay Prasad (ICI) explique les tenants et les aboutissants de cette affaire (30 minutes) et exprime son point de vue (négatif).

Mais il y a des critiques de Prasad favorables à l'essai :


et les commentaires : LA

Un échange entre Prasad, Cifu et Mandrola : ICI. Où Cifu est pour le dépistage.

Mais aussi un problème de méthodologie statistique selon certains : LA.

Per protocole vs intention to treat ? LA


Bishal Gyawali (BG) publie sur Mescape (ICI) un article (il faut s'enregistrer gratuitement pour le lire) qui résume les pros et les contres de l'essai randomisé concernant le dépistage du cancer du colon par coloscopie.

En voici les points essentiels avec mes observations personnelles :
  1. La critique principale est que l'essai aurait dû s'intituler : Effet d'une invitation unique par coloscopie sur les risques de cancer colorectal et de la mortalité associée. Avec des résultats négatifs sur la mortalité relative et la mortalité totale.
  2. Le chiffre de 42 % d'acceptation de la coloscopie est inférieure à celui des Etats-unis (60 %) dans une population éligible. Que se serait-il passé si 60 % des personnes avaient accepté l'invitation ? Probablement peu de changement selon BG puisque le risque de mortalité liée au cancer colorectal est diminué de 0,15 % entre l'ensemble des patients invités et les patients ayant répondu à l'invitation.
  3. Pour mémoire, en France le taux de participation à la détection de sang dans les selles est environ, selon les années de 28-29 %
  4. L'analyse per protocole, c'est à dire en ne prenant en compte que les patients ayant accepté l'invitation, c'est tricher dans le cadre d'un essai randomisé. En effet cela n'analyse pas les résultats de la décision partagée mais seulement les résultats du protocole.
  5. Si cet essai a été mené, c'était pour savoir si les résultats de l'étude randomisée méritaient que le dépistage du cancer colorectal soit généralisé à la population entière d'un pays. La réponse est probablement non. D'une part il est rare que la validation externe d'un essai randomisé montre des chiffres plus importants que l'essai lui-même... D'autre part cet essai montre que l'invitation ne modifie pas ou très peu le risque de mourir d'un cancer colorectal ni d'autre chose. 
  6. Ainsi, il est important de dire que cet essai ajoute une pierre de plus à l'édifice du dépistage du cancer colorectal par coloscopie. Le citoyen non malade doit être informé avant toute décision de dépistage du résulta de cet essai. Idem pour le test de détection de sang dans les selles. On peut aussi se demander pourquoi la sigmoïdoscopie, peu pratiquée en France, n'est pas proposée (pas d'anesthésie) (LA), avec de meilleurs résultats que les deux procédures précédentes.
  7. Un citoyen informé asymptomatique a le droit à une coloscopie de dépistage.




2. DREES : Les maladies chroniques touchent plus souvent les personnes modestes et réduisent davantage leur espérance de vie

La DREES publie un rapport (ICI) complémentaire à celui que je vous avais résumé la semaine dernière (LA)

C'est terrifiant.

Un bref résumé : 
  1. Les personnes les plus modestes ont 2,8 fois plus de risques de développer u diabète que les plus aisés
  2. Le risque de développer une maladie respiratoire chronique est 1,4 fois plus élevé chez les ouvriers que chez les cadres
  3. Les plus modestes ont un risque 2,8 fois plus élevé de vivre avec une maladie psychiatrique que les plus aisés.
  4. Le risque de vivre avec un diabète est plus inégalitaire chez les femmes, celui de vivre avec une maladie psychiatrique l'est plus chez les hommes.
  5. Les maladies chroniques accroissent les inégalités en termes d'espérance de vie.

On comprend que les jeunes Français préfèrent devenir cols blancs que cols bleus : ce ne sont pas des feignants mais des pratiquants actifs de l'autoprévention... Ils ont empowerdé les rapports qui ne cessent de décrire ces situations d'inégalités dans tous les domaines de la santé.

Un commentaire de Georges Bernanos (Nouvelle histoire de Mouchette - 1937) : "Les misérables ne s'intéressent guère aux maladies chroniques dans lesquelles ils reconnaissent une misère de plus, aussi fatale que les autres, à quoi les médecins ne peuvent rien." 

"Est-ce que tout va bien ? Vous n'avez pas photographié votre nourriture."


3. Surdiagnostic : On n'en peut plus !

Les Australiens (les antipodistes pour les oncologues français qui ne savent pas ce qu'est un surdiagnostic ou qui parlent d'organogenèse aux ignorants quand on les interroge sur la question) publient sur le surdiagnostic.

En anglais : ICI.

In women. An estimated 22% of breast cancers (invasive cancers, 13%), 58% of renal cancers, 73% of thyroid cancers, and 54% of melanomas (invasive melanoma, 15%) were overdiagnosed, or 18% of all cancer diagnoses (8% of invasive cancer diagnoses).

In men. An estimated 42% of prostate cancers, 42% of renal cancers, 73% of thyroid cancers, and 58% of melanomas (invasive melanomas, 22%) were overdiagnosed, or 24% of all cancer diagnoses (16% of invasive cancer diagnoses).

En français : LA.


via @Bourrigaud


4. Un dépistage qui ne sert à rien et qui est "recommandé" par les médias GB : celui de la fibrillation auriculaire

Un article publié dans le BMJ (ICI) analyse les raisons pour lesquelles le dépistage de l'ACFA (arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire), non recommandé par l'agence britannique de dépistage (UK National Screening Committee), est promu par les médias.

La plupart des commentateurs, des organisations appartenant au NHS (National Health Service) et des associations caritatives qui promeuvent le dépistage ont des conflits d'intérêts directs ou indirects. Une information indépendante est rare. Les raisons en sont inconnues. Les lecteurs doivent considérer le rôle jouée par les conflits d'intérêts financiers dans les recommandations à dépister.



5. Que l'Ordre des médecins se mêle des rapports de la Cour des comptes pas de l'organisation des soins.

Je reçois par mail le texte suivant : LA.

Dont le titre est : 

L'Ordre des médecins propose une nouvelle organisation 

du parcours de soins


Mais, cela n'a pas trainé, les Sept Ordres ont signé !





La dépendance des ordres à l'égard du pouvoir politique est à interpréter en fonction de considérations politiques, bien entendu, et de considérations financières (les subsides étatiques qui leur permettent pour certains de vivre).


5. Les survivantes et les survivants des cancers n'ont pas à être félicité.es pour leur courage. 


Cela signifierait que les autres sont mort.es parce qu'iels étaient lâches...

La guérison du cancer est le salaire du courage.


6. Loni Besancon et Eric Topol sont dans un bateau : myocardites/péricardites post vaccinales.

Une étude épidémiologique rétrospective vient d'être publiée sur l'incidence des myocardites/péricardites post vaccinales (Pfizer et Moderna). LA

Eric Topol ( le médecin qui fut à l'origine du dévoilement du scandale du Vioxx et qui est devenu un pur produit de la bigpharmalogie, comme quoi il est rare d'être deux fois un héros) tweete de façon triomphaliste.

Loni Besancon, le seul spécialiste mondial de la santé à la suédoise, recopie mot pour mot les propos de Topol.

La présentation initiale (et sa traduction) sont rassurantes, lénifiantes et se résument à quatre points majeurs :
  1. Y a plus de myocardites/péricardites post vaccinales dans certaines tranches d'âge
  2. Mais elles ne sont pas graves (les hospitalisations sont douces)
  3. Mais elles sont moins nombreuses que les m/p acquises post covid (qui sont plus graves)
  4. Circulez, y a rien à voir.
Quand on reprend les chiffres du tableau cité et surligné, on remarque que :
  1. Les chiffres les plus élevés ne sont pas pris en compte par Topol
  2. Si on fait une analyse comparative hommes/femmes, tranches d'âge par tranche d'âge de la façon dont Topol aime présenter les résultats de l'efficacité des vaccins (en chiffres relatifs et non absolus), cela donne ceci :
  3. Pour les 12-15, 16-17 et 18-29 ans : respectivement 6.2, 14.7 et 16.2 fois plus !
  4. Si on veut rester objectif, dans l'absolu, c'est peu, mais : quand même
En lisant l'article on se rend compte également du tempérament cueilleurs de cerises des auteurs pour ce qui est des comparaisons avec les autres études sur m/p.

Mais j'ai trouvé une perle : les chiffres de m/p retrouvés dans cette étude épidémiologique cas-témoins sur dossiers sont inférieurs aux chiffres recueillis par le système VAERS (Vaccine adverse effects reporting system) considéré par LB/ET et tous les vaccinolâtrescomme une merde utilisée par les antivaxx pour gonfler les chiffres des événements indésirables attribuables aux vaccins.


7. Les recommandations de l'Union européenne pour le dépistage des cancers : une abomination ascientifique




Remplacer Oz par Raoult !


8. Pittet et le HCSP : pas de masques et du gel hydroalcoolique





Pittet, le professeur helvète, va recevoir la Légion d'honneur.

On croit rêver.

Le propagandiste du lavage des mains et le négationniste de la transmission par aérosol (qui n'a presque pas changé d'avis). Le Haut Comité de la Santé Publique est toujours aussi cool et à côté de la plaque.


Enfin :



nn



dimanche 9 octobre 2022

Bilan médical du lundi 3 octobre au dimanche 9 octobre 2022 : le rapport annuel de la DREES, le surdiagnostic inconnu de certains cancérologues, Covid : faites ce que je dis, pas ce que je fais...



L'état de santé de la population en France 2021

Le rapport annuel de la DREES est paru la semaine passée. C'est toujours un évènement.

Merci de le lire : ICI

Je vais vous faire un résumé du résumé (il y a quand même 58 pages).


 L’espérance de vie à la naissance s’élève à 85,4 ans pour les femmes et à 79,3 ans pour les hommes en 2021.

Si les espérances de vie à la naissance et à 65 ans continuent de croître, malgré une baisse conjoncturelle en 2020 du fait de l’épidémie de Covid-19, cette croissance s’amenuise. 

Les maladies chroniques surviennent plus fréquemment chez les personnes aux faibles revenus et conduisent à renforcer les inégalités d’espérance de vie observées entre les plus modestes et les plus aisés.

Une personne sur dix présente des symptômes évocateurs de troubles dépressifs en France métropolitaine en 2019 parmi les plus de 15 ans. 

La période particulière de crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19 a entraîné une surmortalité estimée à 95 000 décès supplémentaires de mars 2020 à décembre 2021

L’impact psychologique sur la population a été important, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes, avec des syndromes dépressifs atteignant 22 % des 15-24 ans à la fin du premier confinement. 

Si les hospitalisations pour tentatives de suicide ou violences auto-infligées ont globalement diminué en 2020, on observe une très forte augmentation de ces hospitalisations en 2021 chez les filles et les jeunes femmes

Le tabac constitue la première cause de mortalité évitable, avec 75 000 décès en 2021. 

La France demeure dans le groupe de pays européens les plus consommateurs d’alcool.

La surcharge pondérale concerne 45 % des personnes en France dont 14 % souffrant d’obésité. 

En ce qui concerne la santé au travail, le risque d’accidents est plus élevé en manutention manuelle, avec 37,4 accidents du travail par million d’heures travaillées chez les ouvriers en 2016 contre 5,0 chez les cadres, et des contraintes physiques qui touchent particulièrement les ouvriers. La majorité des maladies professionnelles concernent les troubles musculo-squelettiques.

Le recours au dépistage du cancer est inégal selon le niveau de vie.

L’accès aux soins demeure inégal d’un territoire à l’autre et, dans un contexte de baisse attendue de la démographie médicale, les inégalités d’accessibilité aux professionnels de santé (et en particulier aux généralistes libéraux) s’accentuent. Elles risquent de pénaliser plus fortement les plus modestes. En effet, les inégalités spatiales et sociales semblent se renforcer.

Les femmes résidant dans les DROM présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par 4 par rapport à celles de France métropolitaine.

Les inégalités de santé apparaissent dès avant la naissance.


Il y a du boulot en santé publique !
Apprendre le cycle de Krebs, oublier le cycle de Krebs

 

Dès le lundi matin 3 octobre, le Khon de la semaine est élu à l'unanimité. 


Je l'avais déjà proposé pour le prix Nobel de médecine en janvier 2011: LA.

Mais il y a de la concurrence.



Sur twitter des oncologues éminents nient la réalité du surdiagnostic lors du dépistage des cancers.


Je remets ICI la référence citée pas Dominique Dupagne.

Une confrontation pro/contre (LA) qui pose une question très la mode : faut-il, lors des dépistages de cancer, prendre comme critère principal sur la mortalité globale ou sur la mortalité relative ?

Et LA, un article critiquant la façon d'appréhender les surdiagnostics...

Enfin, ICI, un article écrit par des MG (britanniques) pour envisager les diagnostics "délicats". Remarquable.

Et une publication Cancer Rose faisant la part entre faux positifs et le reste : ICI.

Je rappelle le résultat du questionnaire que j'ai posté dont le résultat est catastrophique afin que lors d'une autre interrogation écrite surprise les opinions changent. Après avoir lu les articles précédents ?

La bonne réponse est : Un cancer.

Un dernier commentaire :



Un gentleman est un homme qui sait jouer de la cornemuse et qui n'en joue pas.


Hypocrisies covidiennes.

Un


Les présidents de 2 universités basées à New-York qui imposent des mesures restrictives à leurs étudiants et aux personnels (port du masque, par exemple) ne les respectent pas quand ils se rendent au Metropolitan Opera.


Deux

Le célèbre Anthony Fauci partisan du masque pour les enfants scolarisés entre 2 et 4 ans, pour la poursuite de la fermeture des écoles, et cetera, va se faire vacciner NON MASQUE dans une pharmacie avec Stephen Colbert.

C'est incroyable !



C'est ICI pour la video.

Une étude alakhon

Les études portant sur la nutrition, on l'a déjà vu sur ce blog, sont nombreuses et, le plus souvent, sujettes à caution. Boire deux tasses de café par jour empêche d'être idiot (non, ce n'est pas une vraie étude alakhon, désolé) et aujourd'hui une étude (LA) montre que les buveurs d'alcool de plus de 60 ans sont moins sujets à la démence.

Vous y croyez ?

Vous me direz : "Ce n'est pas une affaire de croyance". Et vous auriez raison. Mais quand même. Une étude combinée, menée dans 15 pays différents...





jeudi 6 octobre 2022

Obésité. Histoire de santé publique sans consultation. 9



Un de mes amis discute avec moi au téléphone de l'évolution inéluctable de la médecine vers le profit et l'accumulation des profits dans un contexte d'ignorance et d'accumulation d'ignorance.

Partout.

Nous convenons ensemble qu'il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau. Nous n'aimerions pas que les jeunes générations nous traitent de "boomers" ou nous classent dans la catégorie des "C'était mieux avant". 

Ce n'était pas mieux avant.

Au moment où nous avons commencé d'exercer la médecine praticienne, au tout début des années quatre-vingt, la situation d'ignorance sur les prises en charge des patients était pire. Les essais contrôlés devenaient obligatoires pour des raisons réglementaires et non par la volonté individuelle des médecins de les considérer comme un excellent niveau de preuve.

Les placebos remboursés par l'Assurance maladie étaient légions.

Je me rappelle avoir parlé avec l'un des fondateurs de Prescrire qui me disait, était-ce de la forfanterie, de l'humour ou de l'ironie, qu'ils avaient décidé de ne plus croire aux vérités révélées et à la transcendance académique et, qu'en particulier, un des premiers points qu'ils avaient abordés était celui de la pertinence de la prescription de semelles orthopédiques chez les enfants et plus si affinités.

On voit que Prescrire, dont le premier numéro est sorti en 1980 n'a pas atteint son but : la prescription de semelles orthopédique se fait à 90 % (estimation non scientifique de mon institut personnel d'évaluation) hors recommandations, hors essais cliniques, sur la base de croyances posturales, bla-bla-bla.

C'était le contexte.

La conversation téléphonique reprend.

" Te rappelles-tu A qui s'était fait virer de la clinique chic du seizième où il était obésologue parce qu'il était en franc surpoids ?
- Bien entendu.
- Tu as eu de ses nouvelles ? Tu sais ce qu'il est devenu ?
- Maigre.
- Ah ah ah. Et à part ça ?
- A part ça, et c'est B qui m'en parlé, il est toujours diabétologue dans une autre clinique chic de Neuilly, il exerce dans le dix-septième et c'est un gros noeud."

Il faut aussi se méfier de ce que dit B.

" A est un fricard.
- B aussi.
- Oui, ils font de la médecine pour riches sans aucun remord. A a aligné tous les poncifs de l'obésologie, il a prescrit des coupe-faim, du mediator, de la mésothérapie, des vitamines, des régimes alakhon, édité des conseils diététiques dans le même métal, il a un site web avec de belles couleurs, des visages radieux et des propos rassurants.
- Et B ?
- B fait de la rhumatologie spectacle. C'est le champion des aiguilles, des infiltrations, c'est un artiste, il est connu pour ne pas faire mal, on se demande même s'il injecte, il prétend faire des intra-articulaires alors que parfois il pique à côté...
- Comment sais-tu cela ?
- Il s'en vante, le con. J'ai dîné avec lui chez un type que tu ne connais pas, un cardiologue, C, un type très bien, très professionnel, très bon, même, mais dont les honoraires sont assez abracadabrantesques."

" Tu crois qu'aujourd'hui A se serait fait virer de sa clinique ?
- Non. Mais il serait toujours gros."


dimanche 2 octobre 2022

Bilan médical du lundi 26 septembre au dimanche 2 octobre 2022 : corruption (s), Plan cancer de l'UE, Gustave Roussy, cancer du poumon, Alzheimer, posture, prévention, attaques violentes contre la médecine générale.

Quelque part dans une école dans le monde.
(Lauren DeCicca via Getty Images)

Corruption.

A cause du Covid les temps on vraiment été durs pour ceux qui comptaient sur l'industrie pharmaceutique et celle des matériels pour boucler leurs fins de mois.




Les 13 premiers de la classe (les firmes).


Deux mauvaises nouvelles : 1) je peux encore te voir, 2) c'est ma litière.

Corruption (suite)

La firme Biogen a été condamnée à verser 900 millions de dollars d'amende pour avoir versé des pots-de-vin à des médecins pour qu'ils prescrivent ses produits.


Fin de vie : qui sera l'effecteur ?

Une tribune dans Le Monde : ICI

Rappelons que nous avons déjà abordé le sujet la semaine dernière... LA

Le professeur Dreyfuss propose que l'effecteur soit "un proche, un parent ou un militant pro-euthanasie." La dénomination de la dernière personne n'est pas très heureuse. On pourrait dire : une personne de bonne volonté.


Plan cancer de l'UE : ça déconne à plein tube.


Stella Kyriakides

La commissaire européenne à la santé (voir LA sa notice wikipedia où l'on apprend qu'elle a oublié de citer des liens d'intérêts, ceux de son mari) est à l'origine d'un nouveau plan cancer qui laisse pantois (voir ICI).

Madame la commissaire confond dépistage et prévention ! En 2022 !

Madame la commissaire fait des promesses inconsidérées.


Le message de la semaine :




L'Institut Gustave Roussy promeut le dépistage du cancer de l'ovaire contre toutes les recommandations internationales


Voir une référence solide : LA.

Les mêmes promeuvent Octobre Rose sans respecter les futures participantes




Avec les mêmes données, on peut tirer les résultats que l'on veut.

Un article, voir LA, et amusant : 39 équipes regroupant 61 analystes ont utilisé les mêmes données pour répondre à la même question : est-ce que les arbitres de football ont plus tendance à donner un carton rouge aux joueurs non racisés (i.e. blancs) qu'aux joueurs "pâles" ?

Je passe sur les analyses, mais : 69 % des équipes ont dit oui contre 31 % qui ont dit non.


Gena Rowlands - John Cassavetes
Cinéma, alcool, tabac, et scènes de ménage


Dépistage du cancer du poumon avec scanner faible-dose chez les fumeurs : pas de diminution ni de la mortalité globale, ni de la mortalité relative .

Un article récent : ICI.

Nous en avons déjà parlé sur le blog...

Résultats sur la mortalité globale : d'après cet essai le risque de mort toutes causes à 10 ans est de 13,93 % avec dépistage et de 13,76 % sans. 

Un commentaire complémentaire des auteurs sur le risque relatif : Pour le risque de décès par cancer du poumon il a diminué de 3,2 à 2,4 % grâce au dépistage, une différence de 0,74 % ! 

Mais, en France et en Europe, cf. supra, malgré ces résultats pas fameux et le risque considérable de surdiagnostics et de surtraitements, c'est dans les tuyaux pour faire plaisir aux croyances et aux porte-monnaies des oncologues, des pneumo-oncologues, des scannerologues (qui sont en train de se former à vitesse grand V à la technique Nelson), et, bien entendu aux industriels du médicament et de l'imagerie.

Il est déjà prévu un décembre bleu...


Alzheimer : l'essai de trop ?

Alors que l'hypothèse amyloïde s'avère de plus en plus être une imposture scientifique comme mécanisme étio-pathogénique de l'Alzheimer, un essai de phase 3 clame l'efficacité du lecanemab. 

L'essai de trop car 1) très nombreuses critiques méthodologiques de l'essai, 2) les résultats sont statistiquement significatifs mais cliniquement peu évidents, 3) la molécule est anti-amyloïde. 

Wall-street est au top.


Avec un cours des actions Biogen augmenté de 50 %

Et savez-vous que le laboratoire Biogen vient de payer 900 millions de dollars pour pots-de-vin versés à des médecins pour qu'ils prescrivent ses médicaments anti Sclérose en Plaque : LA ?

26 septembre 1969 : parution d'Abbey Road


Marcel Gotlib

A Anglet (64024) l'horizon insurpassable en 2022 de la santé en France : 

via @AntoineOspital

Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais.

Anthony Fauci ne porte pas de masque inodoor à l'aéroport d'Aspen

 Le zéro covid dans un seul pays

La population mondiale atteint les 8 milliards.

Idée reçue : on n'a pas mal au dos en raison d'une mauvaise posture.

Bien que la mauvaise posture soit mise à toutes les sauces pour expliquer le mal au dos et que de nombreux charlatans proposent des mesures non médicamenteuses pour la contrecarrer, c'est du flan.

Cet article en parle : ICI.

Et si vous voulez plus d'explications : allez faire un tour sur un site pédagogique animé par des kinésithérapeutes qui remet les pendules à l'heure. Le temps d'un lapin : LA.




Un billet iconoclaste sur la prévention par Luc Perino

ICI

Lisez le billet.

Si vous ne l'avez pas fait je cite une seule phrase qui vous donnera sans doute envie de le lire :

Non seulement médecine et prévention sont définitivement incompatibles, mais plus forte est la présence médicale, plus faible est la prévention.


Attaques violentes contre la médecine générale libérale

Le gouvernement

François Braun promet une quatrième année d'internat pour les IMG pour lutter contre les déserts médicaux.

Il ajoute dans le journal Le Monde.



Mediapart.


Caroline Coq-Chodorge et Donatien Huet


Nous commenterons la semaine prochaine...


dimanche 25 septembre 2022

Bilan médical partiel du lundi 19 au dimanche 25 septembre 2022 : Retours en arrière, éruption cutanée, PFS vs OS, lithium, Covid long, maladies injustes, inégalités sociales, cardiologie avant effort...



Retours (violents) en arrière. 

A quoi cela peut-il bien avoir servi, depuis le début de la pandémie, de contempler des médecins auto satisfaits hurlant "La science ! La science ! La science !"

alors que 

  1. L'UE finance des campagnes anti cancer (prostate, sein, col) fondées sur des non assertions scientifiques
  2. L'AP-HP étend le domaine du dépistage du cancer de la prostate sous sa propre autorité (incompétente)
  3. Les gériatres continuent de prescrire des pseudo anti Alzheimer et de regretter qu'ils ne soient plus remboursés
  4. Des rhumatologues s'insurgent contre le déremboursement de l'acide hyaluronique injectable... contre toutes les études robustes qui indiquent que ce n'est pas plus efficace qu'un placebo...
  5. Le ministre de la santé (François Braun) prône le dépistage du cancer de la prostate par dosage de PSA à 45 ans (contre toutes les recommandations internationales) ou, au même âge, la mammographie pour le dépistage du cancer du sein
  6. Le même ministre prône une quatrième (i.e. onzième) année d'étude pour les MG



Pendant ce temps la bureaucratie de la médecine (et ici de la pharmacie) se déchaîne pour une éruption cutanée :




Si vous n'arrivez pas à lire, ne soyez pas inquiets, c'est de la merdre en barre.

La PFS (progression free survival) n'a pas (toujours) de corrélation avec l'OS (la survie globale)

Est-ce que des oncologues pourraient le clamer un peu plus fort ?

Car des molécules sont commercialisées (tel le duvelisib) qui augmentent la survie sans progression de la tumeur en diminuant la survie globale !



Medical Reversal ? Le lithium ne préviendrait pas le suicide.

Une méta-analyse (je ne vous refais pas l'article sur le niveau de preuves des méta-analyses qui dépendent des essais que l'on inclut, de ceux que l'on rejette et des études -- le plus souvent négatives -- qui ne sont pas publiées et dont on n'a même pas la preuve qu'elles auraient pu exister ; GIGO : Garbage In, Garbage Out) conclut que l'utilisation du lithium ne prévient ni le suicide ni les conduites suicidaires (ICI).

A suivre. 

N'arrêtez pas brutalement le traitement. Ne cessez pas de prendre votre traitement.




Covid long : j'en remets une couche.

  1. Des personnes estimables, et je pèse mes mots, ne cessent de citer des études observationnelles, pas toujours cas-témoin, pour pousser en même temps des cris d'orfraie sur le poids des covid longs, sur le "vrai" problème de santé publique que cela représente et sur, ouvrez grand les yeux, la nécessité d'une prise en charge et y compris médicamenteuse
  2. Ce n'est pas bien (voyez, je sais faire de la morale à bon marché) de citer de telles études a) sans les avoir lues, b ) en n'en ayant lu que l'abstract, c) uniquement parce qu'elles vont dans le sens de croyances end) pour ne pas avoir à se dédire
  3. Je répète : il est possible que le covid long existe et, quelle que soit l'intensité initiale des symptômes mais, pour l'instant, il n'existe aucun marqueur spécifique de cette atteinte prolongée.
  4.  Cela ne veut pas dire que les personnes malades qui se plaignent de symptômes prolongés attribués au Covid a) mentent, b) sont hypochondriaques, c) sont à adresser chez un psychiatre et/ou un psychologue... en l'état actuel de nos connaissances.
  5. Car l'absence de physiopathologie uniciste, l'absence de marqueurs tissulaires, l'absence de marqueurs biologiques,  et l'absence ne signifie pas que l'on ne passe pas à côté de quelque chose, l'absence de traitements non et médicamenteux, toutes ces absences conduisent les personnes malades vers les spécialistes autoproclamés du Lyme, de la fibromyalgie et de l'intolérance au gluten.
Cette infographie montrant la prise en charge du Covid long explique mon propos


Une nouvelle catégorie de maladies : les maladies injustes.



J'apprends par la même occasion l'existence de cette personne qui est, ouvrez les guillemets, "Ambassadrice pour la santé mondiale au Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères". Ouah...

Rappelons que la véritable injustice des maladies, et je vous épargne ma célèbre litanie "La maladie est le salaire du péché", au niveau mondial et français, ce sont les inégalités socio-économiques.


Le rapport de la DREES sur l'état de santé de la population en France

Madame Seydoux a dû se jeter sur le rapport avant même sa parution officielle ! LA

Eh bien, croyez-moi si vous voulez, je l'ai déjà écrit un million de fois sur ce blog (ICI par exemple), les riches sont en meilleure santé que les pauvres...

Et ça, c'est pour notre maître, le Ministre de la Santé et de la prévention :

  • Le recours au dépistage du cancer est inégal selon le niveau de vie, avec par exemple, 24 % des femmes de 50-74 ans parmi le cinquième des personnes les plus aisées n’ayant jamais eu de mammographie ou en ayant eu une il y a plus de 2 ans contre 39 % pour les femmes parmi le cinquième des personnes les plus modestes en 2019.


Rappel à l'attention des dépistologues : la gratuité des dépistages est un effet d'aubaine pour les riches et une impasse pour les pauvres qui n'ont pas accès aux soins.


Les maladies injustes (et je ne cite qu'un extrait, pour le reste : lire)

  • Lorsqu’ils grandissent, deux fois plus d’enfants d’ouvriers que d’enfants de cadres se retrouvent en surpoids en grande section maternelle. En 2017, 18 % des enfants en classe de troisième sont en surpoids et 5 % sont obèses (3 % chez les enfants de cadre et 8 % chez les enfants d’ouvriers). La part de ces enfants en surpoids ou obèses progresse.


Les examens inutiles en cardiologie avant de pratiquer une activité physique


Un nouveau guide de la HAS vient de paraître sur la prescription de l'activité physique (AP) : LA




"Existe-t-il des antécédents de maladie mentale dans votre famille ?
- J'ai un oncle qui a fait la queue 35 heures pour passer devant le cercueil d'une femme qu'il n'a jamais rencontrée."