dimanche 13 novembre 2011

Méningite C : des éléments pour décider ou non de vacciner. Par CMT.

Docteurdu16. Je vous propose donc une contribution du docteur Claudina Michal-Teitelbaum sur la vaccination contre la méningite C. Un état de l'art que vous ne trouverez pas ailleurs.
Une campagne agressive de Pfizer pour promouvoir le vaccin contre la méningite C. Pour qui sont les bénéfices ?
Claudina Michal-Teteilbaum
Certains ont pu être surpris voire choqués ou effrayés en allant au cinéma, par un petit film qui prend le spectateur non averti au dépourvu par sa brutalité. Il s’agit d’un film destiné à promouvoir la vaccination par le vaccin contre le méningocoque C chez les 15-24 ans que voicihttp://www.youtube.com/watch?v=0fhmnTAZsI8 .
Il est difficile de parler de « sensibilisation » au sujet de ce film car on est plutôt dans l’intimidation et la culpabilisation. Des jeunes adultes, qui viennent de faire la fête, subissent un interrogatoire serré de type policier. Les comportements naturels à cet âge, comme s’embrasser, s’amuser ensemble, sont présentés comme dangereux et culpabilisants. Il y a comme des relents de puritanisme dans ce film : la méningite est une sorte de châtiment divin frappant à l’improviste les débauchés insouciants. Et c’est bien ce à quoi on pouvait s’attendre de la part d’un laboratoire américain comme Pfizer.
Pfizer se substitue ainsi aux pouvoirs publics comme agent de prévention et, outre ce film plutôt effrayant, des dépliants de la même tonalité sont distribués aux médecins et des publicités se référant au film s’étalent sur les magazines pour adolescents.
La raison de cette campagne est que, malgré l’avis favorable du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) en juin 2009, à la généralisation du vaccin contre le méningocoque C chez tous les enfants et adolescent de 12 mois à 24 ans et le remboursement des vaccins par la Sécurité Sociale, la couverture vaccinale (proportion de la population visée qui est effectivement vaccinée) en France reste faible puisque seuls 35% des enfants de 2 à 4 ans seraient vaccinés et 12% des 11-16 ans d’après l’Association Française de Pédiatrie.
Cet avis venait contredire un précédent avis du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) du 8 mars 2002http://www.sante.gouv.fr/dossiers/cshpf/a_mt_080302_meningo_conjugue.pdf qui refusait la généralisation du vaccin contre le méningocoque C compte tenu de la rareté des infections invasives dues au méningocoque C (faible incidence). Les autres raisons invoquées par le CSHPF pour ce refus étaient le taux d’incidence très variable d’un département à l’autre et l’incertitude sur le risque de substitution des souches de méningocoque C par d’autres souches de méningocoque après vaccination. Ce premier avis de 2002 a été complété par un autre, en date du 27 juin 2003,http://www.hcsp.fr/docspdf/cshpf/a_mt_270603_meningoc.pdf qui précisait les circonstances d’utilisation des différents types de vaccin chez les populations présentant des facteurs de risque de méningite http://www.med.univ-rennes1.fr/sisrai/dico/S736.html , à savoir lessujets ayant un déficit immunitaire comme ceux présentant un déficit en properdine, les sujets aspléniques (sans rate) et les sujets présentant un déficit de la fraction terminale du complément. La vaccination était aussi recommandée chez les sujets contactshttp://www.infectiologie.com/site/medias/_documents/officiels/2011-DGS-meningo.pdf ou habitant la même zone que les cas de méningite.
Quelques notions sur les méningocoques
Le méningocoque C est une bactérie dont le réservoir exclusif est l’homme. Le « portage » de la bactérie se fait au niveau de la muqueuse du nasopharynx.
On admet qu’il y a environ 10% de porteurs en moyenne dans la population. Il s’agit deporteurs sains car ils ne développent pas la maladie. La proportion de porteurs est moindre aux âges extrêmes et maximale entre 15 et 24 ans où elle dépasserait 30%. Le portage est aussi plus fréquent chez des personnes vivant en communauté comme les militaires.
La transmission de la bactérie peut avoir lieu lors de contacts rapprochés par le biais des gouttelettes de salive projetées lors de la toux, par le baiser, ou entre membres d’une même famille.
Dans un très petit nombre de cas, essentiellement pendant l’hiver, et probablement le plus souvent en raison de l’existence de certains facteurs de risque (tels la virulence propre à la souche, l’immunodépression, le tabagisme actif et passif, la promiscuité, l’âge, une infection récente des voies respiratoires supérieures) la transmission de la bactérie par contact rapproché peut déclencher une bactériémie (passage de la bactérie dans le sang) qui peut provoquer ou non une septicémie (réaction inflammatoire brutale de l’organisme à la dissémination d’un germe pathogène par voie sanguine) ou une méningite (inflammation des méninges). Dans ces deux cas on parle d’ d’infections invasives à méningocoque (IIM).Celles-ci font l’objet d’une déclaration obligatoire (DO) par les médecins et d’un suivi spécifique sur le plan épidémiologique par le réseau EPIBAC de l’INVS. Les prélèvements bactériens réalisés sur les malades sont adressés à un Centre National de Référence (CNR)situé au sein de l’Institut Pasteur.
En fonction de la bactérie détectée lors d’un épisode de méningite ou de septicémie et du nombre de cas déclarés, des mesures de préventionhttp://www.circulaires.gouv.fr/pdf/2011/02/cir_32603.pdf appelées prophylactiques,parfaitement codifiées, comme la distribution d’antibiotiques et la vaccination, sont mises en place afin de limiter le risque de survenue de nouveaux cas.
On distingue deux formes cliniques des infections invasives à méningocoque de gravité inégale. On considère que la forme classique, la méningite, représente environ 70% des cas et a une mortalité de 5 à 6%. La forme septicémique, qui se manifeste généralement par un purpura (tâches rougeâtres et disséminées sur la peau) qui peut prendre la forme d’unpurpura fulminans qui peut être mortel en 24h, représente environ 24% des cas et a une mortalité de 35% en moyenne (Van Deuren 2000).http://cmr.asm.org/cgi/content/abstract/13/1/144
Les cas secondaires, c'est-à-dire les personnes contaminées par un malade, restent rares, de l’ordre de 2%. A savoir que pour 50 malades on aura une seule personne contaminée par l’un d’entre eux, grâce aux mesures préventives prises lors de la détection d’un cas. L’élargissement progressif au cours du temps des campagnes de vaccination à des communautés de plus en plus grandes n’ont pas modifié cette proportion.
Le nombre de cas d’infections invasives à méningocoque C (IIM C) ne cesse de diminuer depuis 2002 et est passé de 250 à 135 cas estimés en 2009 soit une diminution de 46% en 7 ans. Cette diminution est en réalité plus importante si on considère que le nombre de cas aurait dû augmenter mécaniquement compte tenu de plusieurs facteurs tels que l’élargissement des critères de déclaration à deux reprises en 2002 et en 2006http://www.invs.sante.fr/surveillance/iim/enteteweb.htm , l’introduction de nouvelles techniques diagnostiques (PCR) et l’augmentation du nombre de naissances.
Les méningites à méningocoque C représentent en moyenne seulement 30% des méningites à méningocoque, le sérogroupe le plus fréquent en France étant le sérogroupe B qui représente environ 60% des cas de méningite à méningocoque.
L’ensemble des méningites à méningocoque représentent, pour leur part, environ 30% de toutes les méningites. Elles arrivent en deuxième position après les méningites à pneumocoque qui sont les plus nombreuses et représentent désormais, après l’introduction du vaccin Prevenar en France à partir de 2001, plus de la moitié des cas de méningite .
Ainsi, sur l’ensemble des méningites faisant l’objet d’un suivi épidémiologique par EPIBAC,moins de 10% sont des méningites à méningocoque C.
En 2009 il y avait 135 cas d’IIM C soit 2 cas par million d’habitants ou 0,215 pour 100 000. C'est-à-dire 8,2% des cas sur un total de 1648 cas de méningite, dont 831 cas de méningite à pneumocoque (EPIBAC)http://www.invs.sante.fr/surveillance/epibac/donnees.htm
D’après les données de l’INVS http://www.invs.sante.fr/surveillance/iim/default.htm le taux de guérison dans le cas des IIMC est en moyenne depuis 1995 de 74% (près des ¾ des cas), letaux de mortalité est de 16%, et il existe des séquelles dans 5% des cas. Dans 5% des cas l’issue n’est pas connue. Il est important de le préciser car les chiffres qui circulent, ceux mis en avant par les laboratoires pharmaceutiques en particulier, sont souvent fantaisistes.
Le vaccin contre le méningocoque C est l’un des quatre vaccins inclus dans le calendrier vaccinal avec une recommandation de vaccination systématique du nourrisson ou de l’ adolescent entre 2003 et 2009. Ces quatre vaccins sont le vaccin contre le pneumocoque et le vaccin contre l’hépatite B en 2003, le vaccin contre le papillomavirus humain en 2007, et le vaccin contre la méningite C en 2009.
Le nombre de vaccins obligatoires (diphtérie, tétanos, polio) ou recommandés à titre systématique chez l’enfant et l’adolescent est ainsi passé de huit à douze en quelques années entre 2003 et 2009 (1). Ces quatre vaccins ciblaient auparavant des populations présentant des facteurs de risque pour les maladies concernées. Il n’y avait aucune justification épidémiologique à la généralisation de ces vaccins puisqu’ il s’agissait de maladies rares, dont le nombre de cas était souvent en diminution, ou qui ne concernaient que très rarement les enfants, comme c’est le cas pour l’hépatite B en France, qui concerne rarement les enfants et pour laquelle plus de 80% des porteurs nouvellement dépistés de l’infection (présence de l’Ag HBs) sont nés en dehors de la France métropolitaine (http://www.invs.sante.fr/behweb/2011/01/pdf/BEHWeb1_2011.pdf )
Or, plus on vaccine largement une population, plus on lui fait courir les risques inhérents à tout vaccin comme à tout médicament, tandis que les bénéfices attendus sont d’autant plus faibles que la maladie est rare dans la population visée.
Pour comprendre les raisons de ce brusque engouement vaccinal, il faut les rechercher ailleurs que dans les bénéfices attendus pour la santé publique.
Petit panorama du marché des vaccins
Les années 1990 et 2000 ont été des années fastes pour les affaires au sein de l’industrie pharmaceutique. Ces années ont été marquées par une course au gigantisme par le biais d’une cascade de fusions-acquisitions.
L’industrie pharmaceutique est réputée pour sa solidité dans le milieu des affaires et a traversé la crise mondiale de 2008 sans encombre comme le montre un article de La Tribunehttp://www.latribune.fr/journal/archives/edition-du-2810/business-industrie/19705/la-crise-economique-epargne-la-pharmacie-.html
Suite au développement de firmes gigantesques, le marché des vaccins se trouve ainsi concetré à 80% entre les mains des cinq grandes firmes, que sont Pfizer, Novartis, Sanofi-Aventis, Merck, et GSK. Ces cinq firmes se situent aux six premiers rangs du classement des firmes pharmaceutiques selon le chiffre d’affaires.http://pharmactuposition.blogspot.com/2011/06/top-cinquante-mondial-2011-laboratoires.html
A elles seules, elles représentent le quart du chiffre d’affaires des ventes mondiales de médicaments soit 216 milliards sur 870 milliards de dollars en 2010. Leur chiffre d’affaires conjoint représente autant que le Produit Intérieur Brut de l’Egypte, qui se situe au quarantième rang mondial.
Pfizer est une société américaine et la première multinationale pharmaceutique au monde. Son chiffre d’affaires 2010, de 58,5 milliards, dépasse de près de 40% celui de Novartis , firme suisse, qui est deuxième avec 42 milliards de chiffres d’affaire. Tandis que Sanofi-Aventis est quasi ex aequo avec Novartis (cocorico … ?).
En 2009 Pfizer a racheté Wyeth, un autre laboratoire pharmaceutique, pour la modique somme de 68 milliards de dollars avec un prêt de 22 milliards accordé par les banques. C’était un achat stratégique car un des principaux attraits de Wyeth était de posséder les brevets de deux vaccins, et non des moindres, le Prevenar 7 contre le pneumocoque et le Meningitec, contre la méningite C.
Le Prevenar n’était rien moins que le premier vaccin blockbuster, à avoir dépassé en peu de temps le milliard de dollars de chiffres d’affaires. Il reste toujours en tête des ventes des vaccins, et son chiffre d’affaires mondial 2010 était de 3,7 milliards de dollars soit presque le quart du chiffre d’affaires de l’ensemble des ventes de vaccins dans le monde, qui était de 16 milliards de dollars cette année là. Le succès du Prevenar ne se dément pas malgré un bénéfice de plus en plus douteux pour la santé publique.http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/10/10/12851-meningite-pneumocoques-gagne-terrain-france
En raison du succès du Prevenar, et aussi du Gardasil, qui a lui aussi dépassé le milliard de chiffre d’affaires, les laboratoires et le marché se sont enthousiasmés pour ce nouvel Eldorado qu’est le marché des vaccins, possible source de profits mirobolants.
Les vaccins présentent en outre de très gros avantages du point de vue des firmes pharmaceutiques. http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/le-marche-du-siecle_482905.html?p=2
Ils ne peuvent pas être copiés
Ils nécessitent très peu d’investissements en marketing, dès lors qu’ils sont recommandés par les autorités sanitaires
Ils dégagent des fortes marges bénéficiaires
Ils peuvent faire l’objet de publicité directe au public en France, au nom de leur intérêt en termes de prévention
Les perspectives de croissance du marché des vaccins sont considérées comme très exaltantes par le milieu des affaires, de l’ordre de 10% par an. Les firmes pharmaceutiques ne misent pas que sur l’innovation, mais misent beaucoup aussi sur leur capacité à faire pression sur les autorités sanitaires pour étendre les indications des vaccins qui génèrent des bénéfices. Ce fut le cas pour le Gardasil aux Etats Unis, désormais aussi agréé par la FDA chez les garçons de 9 à 26 ans en prévention des verrues génitales et du cancer de l’anus. Et les négociations sont en cours pour le Prevenar dont l’AMM va être étendue aux adultes de plus de 50 ans par l’Agence Européenne du Médicament (EMA) après l’avis positif du CHMP (Comité pour les Produits Médicaux à usage Humain) en septembre 2011 (http://www.ema.europa.eu/ema/index.jsp?curl=pages/medicines/human/medicines/001104/smops/Positive/human_smop_000294.jsp&mid=WC0b01ac058001d127)
et par la Food and Drug Administration (FDA). Ceci pourrait générer un chiffre d’affaires supplémentaire de 1,5 milliards pour le Prevenar (http://www.pharmactua.com/2010/le-vaccin-prevenar-13-de-pfizer-pourrait-generer-15-milliards-de-ventes-supplementaire-en-sattaquant-au-marche-des-adultes/)
Certains prévisionnistes estimaient que le marché des vaccins pouvait se développer pour passer de 16 milliards en 2010 à 52 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2017.
Mais ces prévisions enthousiasmantes de croissance ne pourront se réaliser qu’à condition de vendre de grandes quantités de vaccins. Et de les faire payer très cher.
Cela semble d’autant plus aisé à réaliser que le marché des vaccins, détenu à 80% par cinq très grosses firmes, s’avère être de moins en moins concurrentiel et que les accords de coopération entre grandes firmes sont nombreux. Comme dans le cas de Sanofi-Pasteur MSD qui est une coentreprise (joint-venture) possédée à parts égales par MSD et Sanofi-Aventis, consacrée uniquement aux vaccins, et chargée de la production du Gardasil en Europe.
Cette absence de concurrence, plus que les coûts de production, explique l’augmentation déraisonnable des prix unitaires des vaccins.
De fait, l’expansionnisme vaccinaliste des firmes pharmaceutiques s’est fait uniquement « au profit » des pays développés, et, malgré, une progression de 70% du chiffre d’affaires mondial de la vente des vaccins en quatre ans entre 2006 et 2010, les vaccins pédiatriques de base sont de moins en moins accessibles aux pays pauvres. Les raisons de cela sont analysées par ce document édité par l’OMShttps://extranet.who.int/aim_elearning/fr/finance/market.pdf . Ces raisons sont claires : moins de concurrence, une plus grande taille des producteurs et une plus grande recherche de bénéfices ont abouti à une augmentation des prix des vaccins pour les pays pauvres et à un déséquilibre financier des organismes chargés de les acheter pour le compte de ces pays, comme le GAVI http://fr.gavialliance.org/apropos/index.php
Cette situation de pénurie et de dépendance des pays à faible revenu en matière de vaccins vis-à-vis des grands laboratoires n’est pas tout à fait due au hasard. Elle a été organisée au sein de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) à travers les accords ADPIC/TRIPS (Accord sur les aspects des Droits à la Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce)qui ont permis aux laboratoires pharmaceutiques de faire pression pour imposer aux pays pauvres des législations strictes sur la propriété intellectuelle limitant, pour ces pays, les possibilités d’importation de médicaments meilleur marché fabriqués par des pays émergents. Cela au nom de la préservation de la capacité d’innovation des firmes pharmaceutiques (publication PATH/OMS 2009,https://extranet.who.int/aim_elearning/fr/vaccines/mening/assessVaccine/vaccines.pdf ).
L’actuel procès de Novartis contre l’état indien est directement lié à ces accords. En prenant pour prétexte la protection du brevet d’une fausse innovation, une version du Glivec (un anticorps monoclonal), Novartis tente de remettre en cause la loi indienne face à la Cour Suprême indienne. Cette loi permet à l’Inde, grâce à une certaine souplesse sur le droit à la propriété intellectuelle, de fabriquer des médicaments à bas prix pour de nombreux pays pauvres que les laboratoires pharmaceutiques négligent car ces pays ne sont pas solvables.
Les firmes qui détiennent le marché des vaccins ne sont pas exactement des enfants de cœur et on peut s’alarmer du rôle croissant que leur accordent les pouvoirs publics et qu’elles s’octroient elles-mêmes dans l’ »éducation des patients » et dans les « campagnes de prévention » qui s’adressent au public et parfois même aux enfants et adolescents, comme c’est le cas pour la campagne orchestrée par Pfizer.
Toutes ces firmes ont été lourdement condamnées, notamment pour publicité mensongère ou illégale concernant leurs médicaments aux Etats Unis. Pfizer totalise quelques trois milliards de dollars d’amendes (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/ ) . Et une publicité mensongère de Baxter concernant le Neisvac a été interdite par la direction de l’AFSSAPS http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000642388&dateTexte
D’ailleurs, une part de plus en plus importante de l’activité du Haut Comité de Santé Publique est désormais consacrée à réglementer pour éviter les abus des laboratoires pharmaceutiques en matière de publicité et pas moins de quatre réunions de commissions sur 14 ont été consacrées à cela depuis début 2011. http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?ae=avisrapportsdomaine&clefdomaine=1&menu=09
Les vaccins contre le méningocoque C
Trois vaccins contre le méningocoque C sont actuellement commercialisés en France. LeMéningitec de Pfizer est le plus prescrit par les pédiatres, le Neisvac de Baxter est utilisé par les collectivités et dans les campagnes de vaccination autour des cas de méningite. Le troisième vaccin est le Menjugatekit de Novartis.
Ces vaccins sont appelés vaccins polyosidiques conjugués car ils contiennent des protéines adsorbées sur l’adjuvant à base d’aluminium afin de renforcer la réponse immunitaire. Les protéines sont des toxines diphtériques ou tétaniques (CRM 197 pour le Méningitec). Ils contiennent aussi des polysaccharides, c'est-à-dire des glucides complexes qui sont desfragments de la capsule de certaines souches de méningocoques de type C qui jouent le rôle d’antigène (voir la composition du Meningitec)http://www.informationhospitaliere.com/medicamentsDetails0.php?id=11406
Ces vaccins ont succédé aux vaccins polyosidiques non conjugués qui ne stimulaient l’immunité qu’à très court terme car celle-ci ne persistait qu’à peine pendant un à deux ans.
Les nouveaux vaccins conjugués, commercialisés à la fin des années 90, ont été utilisés pour des gigantesques campagnes de vaccination sans qu’il y ait d’évaluation de leur efficacité par des essais cliniques, cette évaluation étant impossible à faire en raison de la rareté même de la pathologie visée.
Pour évaluer leur efficacité on s’est donc uniquement fondé sur la mesure des variations des taux d’anticorps dirigés contre les fragments capsulaires du méningocoque C dans le sang après vaccination.
Efficacité constatée à court terme dans les pays à forte incidence de l’infection invasive à méningocoque C
La vaccination par les vaccins contre le méningocoque C a débuté en Europe entre la fin des années 1990 et le début des années 2000 dans les pays à forte incidence pour le méningocoque C.
Les cinq premiers pays à avoir instauré une vaccination généralisée des nourrissons et adolescents ont été la Grande Bretagne (novembre 1999), l’Irlande du Nord (octobre 2000), l’Espagne (octobre 2000), la Belgique (décembre 2001) et les Pays Bas (septembre 2003). Ces cinq pays avaient une incidence des infections invasives à méningocoque C (IIM C) allant de 1,9 (la Belgique) à 4 (Irlande) pour 100 000 et étaient classés parmi les pays à forte ou très forte incidence pour l’ensemble des cas de méningite à méningocoque tous sérogroupes confondus ainsi que pour l’incidence des IIM C. L’incidence actuelle en France de la méningite C est faible, de 0,215 pour 100 000, soit environ dix à vingt fois inférieure à celle de ces pays au moment du lancement des campagnes de vaccination.
Efficacité de la vaccination
La mesure de l’efficacité devrait prendre en compte le caractère variable et cyclique de l’épidémiologie du méningocoque C et la comparabilité des chiffres d’un pays à l’autre
Il est difficile d’évaluer l’efficacité du vaccin de manière précise à cause du caractère cycliquede l’évolution de l’incidence des IIM C dans le temps. Il existe périodiquement des pics d’incidence des infections invasives à méningocoque, et ceux-ci peuvent survenir tous les 20 à 30 ans.


Or, dans les pays où la vaccination généralisée a été mise en place au début des années 2000, une diminution de l’incidence pour le sérogroupe B a été constatée, moins importante que celle du sérogroupe C, mais signifiant probablement que l’on était à la phase descendante du cycle. Il est donc difficile d’évaluer la part de la diminution des cas d’IIM C qu’on peut attribuer au vaccin.
D’autant que dans certaines régions comme le pays de Galles, le nombre de cas à IIM C avait déjà été très bas dans le passé.
Number of laboratory reports* ofNeisseria meningitidis, Type B and C, in Wales: 1975-2010 data (CSF and blood specimens only)



Certains pays européens n’ayant pas mis en place la vaccination, tels que la Grèce, la Suisse, le Danemark, la Norvège ont connu une réduction de l’incidence globale des infections invasives à méningocoque de l’ordre de 50%, entre 1999 et 2006. C'est-à-dire une réduction aussi importante que les pays qui avaient mis en place une vaccination systématique contre le méningocoque C . D’autre part,l’incidence globale moyenne des infections à méningocoque dans les pays européens ayant mis en place la vaccination généralisée était de 2,5 à 3 pour 100 000 en 2006, tandis que l’incidence moyennedes pays n’ayant pas mis en place la vaccination était de 0,5 à 1 pour 100 000 (rapport EU-IBIS, système européen de surveillance des infections bactériennes invasives ) http://www.hpa-bioinformatics.org.uk/euibis/documents/2006_meningo.pdf.
De plus, les chiffres ne peuvent pas être comparés d’un pays à l’autre.
En 2002 par exemple, 2818 cas de méningite ont été déclarés en Angleterre et au Pays de Galles, mais seulement 923 ont été confirmés en laboratoire et présentés dans les statistiques officielles, soit 32% des cas déclarés. En France, sur 672 cas estimés, 610 ont été confirmés en laboratoire, soit 89% des cas estimés.
Une étude http://www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=586 publiée par Eurosurveillance (Trotter, 2005) montre qu’il existe une grande variabilité de la prise en compte des chiffres et du recueil des cas entre les pays européens et montre que l’Angleterre était, entre 1982 et 1995, le pays qui sous-estimait les le plus les chiffres de la méningite, tandis que la France progressait fortement dans la prise en compte des notifications entre 1996 et 2000. Le Royaume Uni est le pays qui a débuté la vaccination en premier et dont les chiffres officiels d’incidence de l’IIM C sont considérés comme les plus faibles d’Europe, d’après l’EU-IBIS. L’incidence de l’IIM C en 2006 pour les autres pays européens ayant débuté la vaccination à la même période était proche de 1 par million, tandis qu’elle était officiellement de 1 pour 2 millions au Royaume Uni.
L’efficacité du vaccin à court et moyen terme pour réduire le nombre de cas est donc probable mais elle a surtout été constatée dans des pays à forte ou très forte incidence pour la méningite C et a nécessité des campagnes de vaccination très massives. En Grande Bretagne, 33 millions de doses de vaccins ont été utilisées depuis 1999.
Donc, les recommandations officielles actuelles de vaccination systématique du nourrisson et de l’adolescent en France se basent sur une comparaison des chiffres d’incidence de la méningite C avec les pays ayant introduit cette vaccination alors même que ces chiffres ne peuvent pas être comparés. Néanmoins, si l’on prend malgré tout en considération les chiffres officiels de 2006, la différence du nombre de cas d’IIM C entre la France et ces pays est de l’ordre de 1 cas par million.
Pour qu’une campagne de vaccination ait un rapport bénéfice/risque favorable, il faudrait donc que les effets indésirables graves soient largement inférieurs à 1 pour 1 million.
Efficacité variable en fonction de l’âge et déclin de l’immunité vaccinale avec le temps
Le Royaume Uni a choisi et conservé un schéma à trois doses, plus coûteux et entraînant plus de risques d’effets secondaires chez de très jeunes nourrissons puisque la vaccination doit se faire à 4, 6 et 13 mois conjointement à d’autres vaccins. Un essai clinique de phase 4 publié en 2010 (Perrett 2010) http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20459323 a montré que la majorité des enfants de 6 à 12 ans vaccinés de cette manière n’étaient plus immunisés. Cela nécessite donc un rappel. Les enfants anglais devraient donc recevoir au moins 4 doses de vaccins contre la méningite C entre la naissance et six ans si l’on veut maintenir chez eux un taux d’anticorps protecteur.
La Belgique wallonne a choisi, en 2002, de vacciner les enfants entre un et cinq ans, dans un premier temps, puis ceux de 12 à 24 mois. Cela se rapproche davantage du schéma français qui propose de vacciner les enfants et adolescents entre 1 et 24 ans. Selon le rapport annuel 2010 du Centre National de Référence Belgehttp://bacterio.iph.fgov.be/reporting/reportspdf/RapportAnnuelMeningo2010.pdf le nombre de cas de méningite C est en augmentation et est passé de 7 cas en 2009 à 10 cas en 2010 . La population de la Belgique est de 11 millions d’habitants. Cela représente donc 0,09 cas pour 100 000 soit la moitié des cas français.
Sur les 10 cas de 2010, 7 se sont produits avant 19 ans. Globalement, en Belgique, le nombre de cas de méningite à méningocoque est revenu au niveau où il était au début des années 90.
Tout cela indique qu’une seule dose de vaccin ne serait pas suffisante pour maintenir une immunité durable. Comme on pouvait s’y attendre, il faudrait donc faire des rappels.
La pharmacovigilance et les effets secondaires connus
La tendance actuelle dans les milieux des autorités sanitaires est un peu schizophrénique. Elle consiste à déclarer que tout médicament ou vaccin peut comporter des effets secondaires tout en s’efforçant de les minimiser ou de les nier lorsqu’ils surviennent.
Les insuffisances du système de pharmacovigilance ont été dénoncées par un rapport de l’IGAS(Inspection Générale des Affaires sanitaires)http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/Synthese_RM2011-103P_pharmacovigilance.pdf de juin 2011, où était cité le Pr Bégaud qui constatait que : « (...) au fil du temps, par méconnaissance des règles de base des probabilités et, sans doute, sous pression de la pharmacovigilance industrielle, les observations douteuses ont été peu à peu considérées comme des cas peu démonstratifs, voire dans lesquels la responsabilité du médicament ne pouvait pas décemment être retenue. Ceci a pu justifier de les retirer des séries d’observations présentées au Comité Technique ou à la Commission Nationale de Pharmacovigilance ou, en tout cas, des calculs de « risque », amputant ainsi le numérateur observé d’une bonne part de son effectif (rappelons que la cotation douteuse est de loin la plus fréquemment observée en routine avec la méthode française) »
Ainsi, non seulement la sous notification due au fait qu’il s’agit de déclarations spontanées n’est pas prise en compte, mais les effets secondaires sont niés puisqu’ il est désormais entendu que pour qu’un effet secondaire soit pris en considération il faut que le lien de causalitéavec le médicament ou le vaccin ait pu être établi de manière certaine.
Une logique éthique de protection de la santé publique voudrait qu’on retienne comme effets secondaires avérés tous ceux dont le lien avec le médicament n’a pas pu être formellement exclu, et qu’on s’efforce d’évaluer la sous-notification afin d’apporter les corrections nécessaires.
Malgré cela, et même en ne tenant compte que des effets secondaires notifiés, le très mauvais rapport bénéfice/risque du vaccin est manifeste, malgré les affirmations répétées et mécaniques des Agences nationales et européenne disant que les vaccins contre le méningocoque C sont « safe » (sûrs).
Les effets indésirables graves (2) déclarés pour le Meningitec au début de la campagne de vaccination étaient de 861 pour 19,2 millions de doses soit de quelques 4,5 pour 100 000 ou 45 par million (voir ici l’avis du CSHPF)http://www.sante.gouv.fr/dossiers/cshpf/a_mt_080302_meningo_conjugue.pdf . Cela fait beaucoup dès lors que la réduction du nombre de cas de méningite espérée est, au mieux, de l’ordre de 1 pour 1 million.
D’autres effets indésirables graves ont été signalés en Belgique au début de la campagne de vaccination en 2002 menée avec les vaccins Meningitec et Neisvac.
Entre le début de la campagne de vaccination, en décembre 2001 et février 2002 le centre de pharmacovigilance belge a reçu 21 notifications d’effets indésirables pour lesquels un lien avec la vaccination était suspecté. On peut supposer qu’en aussi peu de temps ces notifications ne portaient que sur quelques dizaines de milliers de vaccinations. Parmi ces 21 effets secondaires 10 notifications de pseudo-méningite (inflammation méningée sans infection) chez des sujets de 5 à 20 ans, dont une perte partielle bilatérale de l’auditionchez une petite fille de 7 ans, réversible en 8 mois. 7 patients sur 10 ont récupéré. On notait aussi un laryngospasme chez un garçon de 8 ans (spasme du larynx avec difficultés respiratoires), deux notifications de purpura thrombopénique chez des enfants de 3 et 11 ans et un cas de paralysie faciale chez un enfant de 11 ans.
Les convulsions sont parmi les effets secondaires graves constatés les plus fréquents avec ces vaccins et sont décrits dans le RCP http://afssaps-prd.afssaps.fr/php/ecodex/frames.php?specid=69391124&typedoc=R&ref=R0186004.htm (résumé des caractéristiques du produit) de la manière suivante : « De très rares cas de crises convulsives ont été rapportés suite à la vaccination par MENINGITEC; les patients ont généralement récupéré rapidement. Certaines des crises convulsives rapportées pouvaient être des syncopes. Le taux de crises convulsives rapportées se situait en dessous du taux de référence de l'épilepsie chez les enfants. Chez les nourrissons, les crises convulsives étaient généralement associées à de la fièvre et étaient vraisemblablement des convulsions fébriles ».
Un effet secondaire grave « très rare » est un effet dont la fréquence peut aller jusqu’à une fois pour 10 000 et donc qui peut-être quelques 100 fois plus fréquent que les bénéfices attendus de la vaccination.
Dans un rapport de la MHRA http://www.mhra.gov.uk/home/groups/pl-p/documents/websiteresources/con2022528.pdf, l’agence de pharmacovigilance britannique, les cas de convulsions déclarés présentent une fréquence de 1 pour 60 000. Ce même rapport mentionne 18 décès pour 18 millions de doses.
Parmi les effets considérés comme non graves mais très fréquents, c'est-à-dire rencontrés dans plus de 10% des cas, énumérés dans le RCP http://afssaps-prd.afssaps.fr/php/ecodex/frames.php?specid=69391124&typedoc=R&ref=R0186004.htm on trouve une fièvre supérieure à 38°C, l’anorexie, l’irritabilité, les vomissements et la diarrhée, la somnolence ou les troubles du sommeil. Et également des effets secondaires locaux : tuméfaction, douleurs.
Tout ceci semble bien indiquer que le rapport bénéfice/risque d’une vaccination généralisée est très défavorable.
LES RISQUES A MOYEN ET LONG TERME D’UNE VACCINATION GENERALISEE
Les risques toxicologiques
Même si on veut les considérer comme peu importants il est impossible de les négliger complètement. Ces risques sont aggravés par les choix technologiques des industriels.
Ainsi, les vaccins sont de plus en plus souvent composés de petites fractions du germe pathogène (polyosides du méningocoque, fractions antigéniques de virus) qui stimulent très peu par elles-mêmes le système immunitaire. C’est le cas pour la plupart des vaccins inactivés. C’est pourquoi, pour permettre une stimulation du système immunitaire, de nouveaux adjuvants sont introduits de plus en plus souvent dans les vaccins. Cela fut le cas pour le Pandemrix, vaccin anti-grippal utilisé en France pendant la grippe pandémique de 2009 et qui avait pour adjuvant le squalène. Cet vaccin a provoqué des cas de narcolepsie chez des enfants et adolescents http://docteurdu16.blogspot.com/2011/07/lagence-europeenne-protege-le-pandemrix.html
Jean-Louis Virelizier, virologue, l’avait prévu dans son cours sur les Stratégies de Survie des Virus et Défense de l’Hôte http://virologie.free.fr/documents/virologie/07-Strategie_survie_virus/Strategie_survie_virus.htm : « "Compte-tenu des progrès technologiques actuels, on pourrait être tenté d'utiliser comme préparation vaccinale de petites protéines recombinantes, ou de simples peptides synthétiques correspondant aux antigènes donnant lieu à des réponses humorales neutralisantes et protectrices. Cette attitude, toutefois, n'est que superficiellement logique, et peut aboutir à de graves déboires. L’immunogénicité des peptides est souvent médiocre, et impose l'utilisation d'adjuvants qui ne peuvent remplacer la dissection naturelle d'un virus par le système lymphocytaire T, et moins encore la reconnaissance intrastructurale différentielle d'une particule virale par les lymphocytes T et B, décrite plus haut. Dans ces conditions, la quantité d'anticorps produite sera médiocre malgré la répétition des injections, ce qui constitue un grave obstacle aux campagnes de vaccination, particulièrement dans le Tiers-Monde. "
L’utilisation d’adjuvants comme les composés à base d’aluminium (hydroxide, phosphate ou sulfate d’aluminium) ne peut pas être considérée comme totalement sans danger. La toxicité de l’aluminium, principalement neurologique, a été démontrée de manière expérimentale sur la souris et de manière accidentelle sur l’homme lorsque des produits contenant ces composés ont été administrés aux prématurés en néonatologie et à des jeunes dialysés provoquant une forme de démence chez ces derniers et un retard psychomoteur chez les nourrissons. Il s’agissait alors d’administrations répétées ou prolongées dans le temps.
La liaison de l’aluminium avec d’autres molécules comme les toxines incluses dans les vaccins méningococciques conjugués forme des complexes qui empêchent son élimination urinaire. La barrière hémato-méningée est aussi plus perméable aux molécules chez le nourrisson et l’enfant (Tomljenovic, 2011)http://vaccinexchange.files.wordpress.com/2011/05/tomljenovic_shaw-cmc-published2.pdf . On ignore, d’autre part, quels sont les seuils toxiques, par prise ou cumulatifs. Mais les doses tolérables sont forcément plus faibles chez l’enfant.
La toxine diphtérique CRM 197 utilisée dans le Méningitec a en elle-même un potentiel toxique (QIAO 2007) http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004101010700356X
Le risque de réduction du portage et de remplacement des sérogroupes
La réduction du portage du méningocoque C, qui était redoutée par divers auteurs, s’est effectivement produite en Grande Bretagne. Mais pour l’instant on n’a pas mis en évidence de remplacement des sérogroupes.
Le risque de réduction de l’immunité naturelle, d’absence d’immunisation des nourrissons par les anticorps maternels, et d’augmentation de la fréquence et de la gravité des cas de méningite chez les nourrissons
Il ne s’agit pas de science fiction puisque cela a été observé pour la coqueluche et a rendu nécessaires des rappels itératifs et de plus en plus tardifs du vaccin anticoquelucheux. Cela a eu lieu également pour la rougeole, où l’interruption de la circulation du virus suite à la vaccination de masse des enfants, a provoqué un report des cas vers des nourrissons de moins de un an et vers des adultes qui présentent plus souvent des formes graves et doivent être hospitalisés.
L’immunité naturellement acquise contre le méningocoque se présente comme cela :




D’après Pollard & Frasch
On voit que la proportion de la population immunisée augmente rapidement avec l’âge pour atteindre des taux de l’ordre de 90%. Elle est ensuite probablement maintenue grâce aux contacts avec des porteurs sains, c'est-à-dire à la circulation naturelle du méningocoque.
En cas de diminution du portage et de moindre réactivation naturelle de l’immunité, les mères ne transmettraient pas d’anticorps à leurs enfants, et le moindre contact avec un porteur pourrait avoir des conséquences graves pour les nourrissons.
Le problème est donc complexe et une vaccination systématique ne devrait pas être entreprise au hasard mais tenir compte de l’évolution à long terme de l’immunité de l’ensemble de la population.
Le risque de la nécessité de rappels itératifs
L’immunité naturelle ou non spécifique du jeune enfant n’étant pas stimulée, ou partiellement, par ce vaccin fractionné, le risque existe de devenir totalement dépendants, pour se protéger, de rappels itératifs du vaccin, au risque de connaître des flambées épidémiques graves si ces rappels n’étaient pas pratiqués. Chaque rappel supplémentaire augmentant à la fois les coûts et les risques d’effets secondaires.
C’est ce type de considérations qui avait amené le CSHPF à refuser la généralisation du vaccin contre la varicelle en 2004.http://www.sante.gouv.fr/dossiers/cshpf/a_mt_190304_varicelle_def.pdf
Le risque d’augmenter indéfiniment les dépenses pour des vaccins qui n’offrent que peu ou pas de bénéfices pour la santé publique
Le rapport du groupe de travail du HCSPhttp://www.hcsp.fr/docspdf/avisrapports/hcspr20090424_meningC.pdf considérait déjà en 2009 que le rapport coût /bénéfice dépassait les normes acceptables pour la plupart des stratégies de vaccination envisagées. Ces coûts sont pourtant très généreusement calculées puisque le coût tolérable par convention dans les pays industrialisés est de 50 000 dollars par année de vie hypothétiquement gagnée en bonne santé, et donc supérieur au PIB par an et par habitant de la France.
Le remboursement des vaccins étant accordé de manière automatique dans les faits après avis favorarble du Comité technique de Vaccination et du HCSP, l’augmentation rapide des dépenses pour des vaccins apportant peu ou pas de bénéfices pour la santé publique pose la question du service réel rendu par une vaccination à titre systématique par ces vaccins et de la juste allocation des ressources dans un objectif d’amélioration de la santé publique.
En conclusion
Seule la faible « acceptabilité » par le public de certains vaccins a pu freiner un peu jusqu’ici le développement explosif du marché des vaccins. Les autorités sanitaires n’ont pas osé recommander la généralisation de vaccins dont elles avaient la certitude qu’ils ne seraient pas acceptés par le public. Il en a été ainsi de celui contre la varicelle.
L’industrie pharmaceutique a, dans ses pipelines, plus de 245 vaccins préventifs et 90 vaccins thérapeutiques. Il est donc important pour tout le monde, et, en particulier, pour les médecins et les parents, d’acquérir une culture en matière de vaccins face à une publicité et des pratiques de marketing et de lobbying de plus en plus agressives et de moins en moins contrôlées.
Un rapport de 2010 de la DREES (Direction de la Recherche des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/er729.pdf se félicitait du « dynamisme » du marché des médicaments et du fait que « En 2008, la classe thérapeutique« autres vaccins » a le plus contribué à la croissance du marché des médicaments remboursables (0,8 point) ».
Bravo, donc, aux vaccins et aux laboratoires pharmaceutiques.
Mais pour qui était vraiment le bénéfice ?

Références
(1) Par ordre chronologique d’introduction les vaccins recommandés à titre systématique chez l’enfant en l’adolescent dans le calendrier vaccinalhttp://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Tableau_des_vaccinations_recommandees_chez_les_enfants_et_adolescents.pdfsont le vaccin contre la diphtérie rendu obligatoire en 1938, le vaccin contre le tétanos, obligatoire depuis 1940, le vaccin contre la coqueluche, introduit en 1962, le vaccin contre la poliomyélite, obligatoire depuis 1964, le vaccin trivalent contre la rougeole les oreillons et la rubéole, généralisé en 1986, le vaccins contre l’Haemophilus Influenza de type b, commercialisé depuis 1992. Le BCG n’est plus obligatoire et est réservé aux groupes à risque depuis 2007.
(2) effet indésirable grave : un effet indésirable létal, ou susceptible de mettre la vie en danger, ou entraînant une invalidité ou une incapacité, ou provoquant ou prolongeant une hospitalisation http://ead.univ-angers.fr/~pharmaco/pharmacovigilance/definitions.htm
Je n’ai pas de conflits d’intérêts
Je remercie :
MG pour m’avoir permis de récupérer mes anciens articles ce qui m’a évité de tout reprendre depuis le début
Virginie Belle, pour la référence au sujet de l’aluminium
Et Jean-Claude Grange pour tout le reste

Licence Creative Commons
Une campagne agressive de Pfizer pour promouvoir le vaccin contre la méningite C. Pour qui sont les bénéfices ? de Claudina Michal-Teteilbaum est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 3.0 non transposé.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://docteurdu16.blogspot.com/.

vendredi 11 novembre 2011

Cancer du sein : le lobby politico-administrativo-industriel en marche !


Je ne vais pas revenir au fond, c'est à dire les arguments scientifiques alimentant la controverse sur l'évaluation des résultats du dépistage du cancer du sein, vous pouvez consulter "mon" dossier (très incomplet) ICI, je vais vous parler de la (lourde) machine qui a été mise en place pour contrer les "déviants", c'est à dire Bernard Junod pour les épidémiologistes, Marc Girard pour les pharmacovigilants ou Rachel Campergue pour les "profanes".
Les trente-troisièmes journées de la Société Française de Sénologie et de Pathologie mammaire se tiennent les 9, 10 et 11 novembre à Marseille, voir ICI, journées consacrées (et annoncées à grands coups de trompe) aux problèmes du sur diagnostic et du sur traitement, c'est le thème de ce Congrès. Vous pouvez vous extasier devant le programme (LA) et remarquer le nom des sponsors (page 5) ainsi que vous pouvez voir qu'il s'agit de journées à la gloire exclusive de Brigitte Séradour, dont vous pourrez constater sur Pub Med (ICI) l'étendue de ses publications internationales, puisqu'elle a droit à un forum le 9 novembre dans la matinée, à un poster à la pause, et à un forum l'après-midi. Bien entendu, il n'était pas question d'inviter les dissidents ou les refuzniks (permettez moi cette incursion dans le monde politique en espérant que vous ne penserez pas que j'atteins le point Godwin), il fallait rester dans "l'entre soi", celui des instances gouvernementales (avec la DGS en fer de lance), celui du Syndicat Officiel de la Prévention et du dépistage (auxquels appartiennent, dans le désordre, les oncologues, les gynécologues, les radiologues, les radiothérapeutes, les fabricants de mammographes, les fabricants de chimiothérapie, les fabricants de radiothérapie, et j'en passe...), celui de la CNAM (Brigitte Séradour a publié des articles avec Hubert Allemand, le Directeur médical, on se demande bien pourquoi le dépistage du cancer du sein est un item du CAPI...), celui des Agences Gouvernementales comme l'INVS, le joujou de la DGS et de Big Pharma, et j'en passe encore...
Et voilà que je tombe sur un article du Quotidien du Médecin, je reçois la news letter en push, revue dépendante s'il en est, LA. Un article extrêmement démonstratif et signé qui arrive, en quelques lignes, à aborder le problème du dépistage, à citer un "outlaw", Bernard Junod, une "déviante", Rachel Campergue, et à rassurer de façon convaincante sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une épidémie de cancers du sein. La journaliste cite l'épidémiologiste Agnès Rogel, de l'INVS et de l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire), voir la présentation de la chercheuse ICI, qui affirme que le nombre de diagnostics du cancer du sein n'a pas évolué entre 2004 et 2008, qu'il est même en légère baisse, et, pour couronner le tout et de façon à rassurer tout le monde Ces données issues de la base nationale du dépistage organisé « concordent avec les données observées par l’assurance-maladie » Autant comparer des données biaisées avec des données faussées... La journaliste rapporte les propos de Brigitte Séradour qui "répond" aux objections (rapportées) de Bernard Junod (qui n'a pu défendre ses positions) affirmant que le surdiagnostic concernerait 5 à 10 % des cancers diagnostiqués de cette façon : « aucune évaluation nationale précise du surdiagnostic n’a encore été publiée ». On rappelle quand même que Brigitte Séradour était coordinatrice du suivi national du dépistage entre 2007 et 2010 : elle avait d'autres trucs à faire que de s'occuper du sur diagnostic qui est une donnée connue depuis des siècles... On croit rêver... Il est vrai qu'une de ses publications datant de 2004 (avant qu'elle ne devienne coordinatrice nationale, il fallait qu'elle donne des gages qu'elle ne ruerait pas dans les brancards, cela n'a pas l'air d'être son genre) et publiée dans la Revue du Praticien, revue de formation pour doctorants et docteurs, dont vous pouvez lire le résumé en anglais, ne s'intéressait qu'aux faux négatifs, pas aux faux positifs...


[Breast cancer: generalised screening in France from now on].

[Article in French]

Source

Groupe technique national auprès de la Direction générale de la santé, Association Arcades, hôpital de la Timone, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille 5. arcades.marseille@wanadoo.fr

Erratum in

  • Rev Prat. 2004 May 31;54(10):1104.

Abstract

With the first randomised screening trials for breast cancer having proved in the 1980s the efficacity of screening, a more ambitious programme has been put in place in France from 1989 to 2001. Based on existing radiological structures, it consists of one image per breast, 2 readings, every 3 years. The management is departmental. It is rapidly completed by quality assurance programmes of the radiology companies. The evaluation of the screening programme has been undertaken by the VS since 1998 and uses the European indicators of efficacity. The results, heterogenous at the beginning, later improved: from 1990 to 1998, the percentage of small size invasive cancers or those equal to 10 mm increased from 30% to 35%, and the second reading has permitted, according to the departments, the detection of 10% to 25% of supplementary cancers. In 1999, the screening was modified: 2 images per breast, 2 readings [corrected] The protocol published in 2001 involves a clinical examination by a radiologist, 2 (or 3) images per breast, 2 readings if the examination is normal [corrected] The second reading is centralised and made by a specialised radiologist [corrected] The place for ultrasound and numerical mammography hasn't yet been defined. Since the beginning of 2004, the generalisation of the screening programme has been effective in France.
PMID:
15274453
[PubMed - indexed for MEDLINE]

Cela dit, notre journaliste naïve, finit par écrire que le taux de faux positifs est passé de 10 à 7 % entre 2004 et 2008 : Madame Séradour ne connaissait-elle pas ces chiffres ?
Je suis aussi allé sur google voir ce que la toile disait sur la dame en question : c'est une radiologue, elle a écrit de nombreux livres et, last but not least, elle a été membre de la DGS, tiens, tiens, et un de ses livres sort le 24 novembre 2011, livre dont le titre est exactement celui du Congrès marseillais... Ce ne sont plus des renvois d'ascenseurs...

Nous nous rendons compte une fois de plus que chaque fois que nous nous intéressons à un sujet, nous ne pouvons que ne pas être d'accord avec la façon de procéder des experts et qu'une enquête superficielle, même un journaliste pourrait la faire, nous renvoie à la collusion des organismes gouvernementaux entre eux, pour des raisons qui ne sont que trop évidentes et qui nous glacent d'effroi. Hier soir j'entendais Xavier Bertrand, faisant le fanfaron dans une émission télévisée, dire que l'on préparait une liste d'experts indépendants estampillés par le gouvernement pour oeuvrer à l'AFFSAPS : LOL.

Mais en réalité, le pourquoi du comment de ce post, outre le fait que le lobby politico-administrativo-industriel s'auto reproduit, pratique l'inceste et étale au grand jour et ses liens et ses conflits d'intérêt, c'est le commentaire (le seul) que j'ai trouvé à propos de l'article du Quotidien du Médecin (le mien devant être en train d'être modéré), et il était "gratiné". Le voici : « Pourquoi laisse-t-on une kiné parler d'un tel problème médical ? . Et, c'est noté : Profession : Médecin. Ce médecin a dû tomber de l'arbre il y a peu de temps. Il a dû passer son diplôme de médecine à Oulan-Bator (Mongolie). Il doit penser qu'une femme ne doit pas sortir de sa cuisine et le kiné de sa salle de soins...
C'était notre rubrique : nous ne sommes pas encore arrivés au fond de la piscine.

jeudi 10 novembre 2011

Trois appels parmi d'autres reçus dans la même journée. Histoires de consultation 102, 103 et 104.


Hier, j'ai trop vu de patients. Hier, j'ai trop répondu au téléphone. Hier, alors que j'avais la main sur la porte, il était 19 H 45, la voisine du dessus est venue sonner à ma porte (j'étais en manteau, je sauvegardais sur ma clé USB), j'ai ouvert. C'était sa fille de six ans qui avait mal à l'oreille.
Donc, hier, j'ai trop vu de patients, j'ai dû faire, comme le dit Des Spence, de la Bad Medicine (ICI, par exemple), et j'ai trop répondu au téléphone. Répondre ou ne pas répondre au téléphone est un problème que je n'ai jamais pu, en 32 ans d'exercice, résoudre. La secrétaire tente de filtrer, mais ce n'est pas facile, et la secrétaire n'est pas toujours là : il est donc difficile de filtrer. J'ai répondu à ces trois appels alors qu'à chaque fois j'avais un patient en face de moi.
102 - La secrétaire me passe Mademoiselle A, 27 ans, qui me dit : "Vous savez, je ne suis pas folle. - Hein ? - Mes douleurs dans le ventre, mes malaises, ce n'était pas dans ma tête, l'échographie a montré que j'avais des calculs dans la vésicule et des kystes aux ovaires." Je bredouille deux ou trois trucs et elle raccroche. Son dossier est rempli de crises de "tétanie", de "syncopes" sur le lieu de travail, et cetera. Mais il y a aussi des douleurs abdominales dont je n'avais pas réussi à identifier l'origine. Au temps pour moi : je suis passé à côté de l'essentiel, semble-t-il. J'espère donc que le médecin qu'elle va voir, en l'adressant à un chirurgien, "traitera" ses crises de tétanie et ses crises d'angoisse. Ce qui me gêne : en relisant ce que j'ai écrit dans le dossier, en me rappelant les consultations, le ton des consultations, je ne me rappelle pas avoir été aussi formel, aussi sûr de moi : je suis désolé pour cette patiente, j'ai dû jouer au gars à qui on ne la fait pas et qui ne se laisse pas abuser par les plaintes somatiques, expression d'un malaise plus général... cela dit, et je ne rajoute pas cela pour me défendre, elle a le droit d'être angoissée, d'avoir des calculs vésicaux et des kystes à l'ovaire, sans qu'il y ait une relation entre les trois.
L'appel est arrivé vers 9 heures : la journée commençait mal.
103 - La secrétaire me passe Monsieur X (sans âge précis) : "Docteur, je voulais vous donner des nouvelles de Monsieur A, 49 ans. Avec l'assistante sociale nous sommes passés chez lui l'autre jour et il va mieux." Le Monsieur X sans âge précis, c'est le responsable de la curatelle de Monsieur A : J'ai vu au cabinet il y a une dizaine de jours Monsieur A, le patient, accompagné d'une charmante et jeune assistante sociale afin de savoir ce qu'il était possible de faire... Et Monsieur X d'ajouter (je rougis) : "Vous avez eu raison d'insister pour qu'il reprenne son travail... C'était très positif... J'ai appris beaucoup de choses de ce cas... Merci."
Je ne rapporte pas cela pour me faire mousser. Je rapporte cela pour dire ceci : La collaboration entre les médecins généralistes et les services sociaux est rare. Pour des raisons d'agenda, probablement, tout le monde est débordé. Pour des raisons de méconnaissance des métiers. Pour des raisons statutaires : la fonction publique au sens large contre les libéraux (et vice versa) : d'un côté les "fonctionnaires" qui pensent que les libéraux ne pensent qu'au fric, de l'autre les libéraux qui pensent que les "fonctionnaires" sont des feignants. Ces généralisations sont bien entendu hâtives mais résument assez bien, vu de loin, les croyances et les préjugés. Pour des raisons organisationnelles : le mille-feuille administratif de la France est incompréhensible de l'intérieur, mais alors, de l'extérieur...
L'appel est arrivé vers 15 heures : j'allais un peu mieux.
104 - C'est un anesthésiste qui appelle. Depuis une clinique privée. "Je voulais vous demander des éclaircissements concernant Monsieur A." J'ai adressé Monsieur A, 59 ans, à l'un de mes chirurgiens favoris, pour, comme on dit, une cure de hernie inguinale. La lettre précisait que le patient avait été dilaté de son artère fémorale et qu'on lui avait posé un stent il y a environ dix-huit mois et qu'il avait comme traitement plavix et pravastatine. L'anesthésiste me pose plusieurs questions intéressantes et, notamment, celle-ci : "Pourquoi le patient est-il sous plavix et pas sous aspirine ?" Je me gratte le caillou, je me branche sur le dossier du patient, car je ne me rappelle absolument pas pourquoi il est encore sous plavix et plus sous aspirine. Rien dans les antécédents pouvant m'éclairer sinon "AOMI dilatée et stentée en 2009 - Dyslipidémie - Tabagisme : 39 paquets-années." Zut de zut. Je n'aime pas passer pour un khon. Et je finis par trouver, perdu au milieu d'une consultation : allergie supposée à l'aspirine. ouf !
Ce coup de fil amène 3 remarques (mais le lecteur aura intérêt à en trouver plus) : 1) il est rare, trop rare, que les anesthésistes nous appellent avant une intervention ; 2) les lettres adressées à nos correspondants sont parfois un peu "légères" et moins informatives qu'elles ne le devraient ; 3) un dossier mal rempli est une plaie et peut être un danger.
Un anesthésiste qui pose de bonnes questions : ça fait plaisir.
Voilà trois des x appels que j'ai reçus hier sans compter ceux que j'ai passés. Une journée trop remplie.

(Antonio Meucci - 1808 - 1889 - Le véritable inventeur du téléphone (ICI) et donc un véritable malfaiteur de l'humanité)

lundi 7 novembre 2011

Les médicaments dits anti Alzheimer ne servent pas à grand chose et pas plus d'un an !


Nous vous avions parlé de la mobilisation des experts "indépendants" pour tenter d'influencer l'HAS dans le processus de réévaluation des médicaments dits anti Alzheimer et ce que nous en pensions (LA).
Voici donc le rapport de réévaluation des médicaments anti-alzheimer rédigé par la Commission de Transparence de l'HAS : ICI
Il confirme le peu d'intérêt de ces médicaments, le fait qu'ils sont peu efficaces (c'est le moins qu'on puisse dire), qu'ils sont cependant capables de donner des effets indésirables graves et qu'ils ne doivent pas être utilisés plus d'un an.

Voici pour les curieux les conclusions de la réévaluation des médicaments anti Alzheimer par l'HAS.

7. CONCLUSION

Une efficacité versus placebo principalement établie sur la cognition à court terme mais de pertinence clinique discutable

La documentation des bénéfices cliniques (quantité d’effet) a justifié la réalisation de méta- analyses des études de plus haut niveau de preuve (randomisées, en double aveugle, analysées en intention de traiter). De nombreuses revues systématiques et méta-analyses ont été publiées ces dernières années, au fur et à mesure de la publication des résultats des études.

Les méta-analyses complètes et les plus méthodologiquement satisfaisantes s’avèrent être celles réalisées par le groupe PenTAG ; ce travail a été menée par une équipe de recherche indépendante en utilisant les données les plus récentes. Elles confirment une supériorité des IAChE par rapport au placebo. L’efficacité reste principalement documentée sur les troubles cognitifs après 6 mois de traitement avec une taille d’effet modeste et de pertinence clinique discutable. L’efficacité sur des critères cliniques majeurs (mortalité, retard à l’entrée en institution) n’est pas établie.

La question de l’intérêt clinique de la mémantine est tout particulièrement soulevée. Mais, les données cliniques disponibles de bonne qualité ne permettent pas de considérer de différence d’effet entre les différents IAChE et entre les IAChE et la mémantine.

Les auteurs du rapport ont relevé un certain nombre de limites :

La durée du suivi des essais a été au maximum de six mois ce qui rend très difficile

l’extrapolation de manière fiable des résultats à moyen et long terme.

Il y a un manque de preuves provenant des essais sur les résultats clés tels que la mortalité, l'institutionnalisation, l'impact sur le temps soignant et la prescription

d'antipsychotiques.

Aucun des essais n’a réalisé des analyses en sous-groupe sur la gravité de la maladie.

Il n’est pas possible de se prononcer sur l'efficacité des traitements pour les MA

d'intensité légère, modérée ou sévère séparément.

Globalement la qualité des essais a été estimée modérée à faible, avec un manque

d’information pour apprécier la qualité des essais, ce qui ajoute à l'incertitude des

résultats.

L'utilisation de méthodes LOCF et OC pour la comptabilisation des données

manquantes peut avoir surestimé le bénéfice du traitement par les médicaments.

Certaines des mesures utilisées dans les essais sont insensibles à l’évolution de la MA (ADAS-cog, MMSE). Par conséquent, les effets du traitement peuvent avoir été sous-

estimés dans certains cas.

Les recherches ont été limitées à la langue anglaise et française.

Le rapport PenTAG soulève d’autres remarques, notamment la prise en compte insuffisante des données des effets indésirables et l’ambigüité des conclusions.

Par ailleurs, la question de la transposabilité des résultats des essais cliniques se pose : sélection des patients, qualité du diagnostic et du suivi, impact des coprescriptions, durée du traitement etc.

La Commission relève que les questions soulevées au moment de la réévaluation de 2007 n’ont pas reçus de réponses depuis. En particulier, le possible effet structurant évoqué par plusieurs experts n’est pas établi. Les données disponibles ne permettent pas de comparer les performances respectives de ces médicaments. Il n’y a pas de preuve en faveur de la bithérapie IAChE + mémantine ou entre IAChE. La documentation de l’efficacité au-delà de 6 mois reste insuffisante. Leur intérêt à un stade évolué nécessitant l’institutionnalisation des patients (et à un stade pré-démentiel) n’est pas établi.

67/72L’impact sur la qualité de vie reste hypothétique.

En revanche, la Commission prend acte des témoignages et de l’expérience clinique des experts qu’elle a sollicités ; ces médicaments, prescrits notamment aux stades modérés à modérément sévères de la maladie, peuvent améliorer ou stabiliser durant quelques mois l’état clinique de certains de leurs patients (apathie, humeur, « présence », comportement de façon générale). Dans plusieurs études cliniques, les médecins et/ou leurs aidants ont rapporté une amélioration clinique globale, après 6 mois de traitement, sous traitement. Un impact quoique très modeste sur le retentissement des activités de la vie quotidienne a aussi été rapporté et établi (cf. études comparatives randomisées versus placebo et leur méta-analyses). L’existence de patients « plus répondeurs au traitement » a été soulevée par les experts. Dans l’état actuel des connaissances, le repérage a priori de ces patients ne peut pas être réalisé. Aucune étude clinique prospective de bonne qualité n’est en cours pour tenter de caractériser ces patients.

La Commission note également qu’il n’existe pas à cette date d’alternative médicamenteuse à ces médicaments.

Des effets indésirables digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques pouvant être graves jusqu’à nécessiter l’arrêt du médicament

L’analyse des effets indésirables se fonde sur le RCP des médicaments réévalués, sur les données des essais cliniques et sur les études observationnelles retenues.

Le rapport PenTAG reprend les données des essais randomisés, contrôlés. Les données provenant d’analyses groupées de ces études ou de méta-analyses réalisées avant celles du groupe PenTAG n’ont pas été prise en compte. Du fait de leurs faibles effectifs, de leur durée le plus souvent limitée à 6 mois, seuls les effets indésirables fréquents ont été mis en évidence dans ces essais. Les effets indésirables peu fréquents ont donc été recherchés à partir des notifications spontanées, des analyses des bases de données de pharmacovigilance rapportées dans la littérature et les alertes de sécurité adressées aux professionnels de santé.

Les effets indésirables observés sous traitement peuvent aussi être expliqués par l’évolution de la maladie et les comorbidités.

La survenue de troubles digestifs parfois graves a été établie dans les études cliniques. D’autres effets ont été mis en évidence par plusieurs études pharmaco-épidémiologiques internationales (notamment bradycardie, syncopes, troubles neuropsychiatriques). Dans les études cliniques, ces effets ne sont probablement pas mis en évidence du fait :

de la faible fréquence de ces EI, durée des études (courtes), avec un faible effectif ?

de la non représentativité des populations incluses (patients sélectionnés) ?

des arrêts de traitement qui les éliminent au moment de la lecture des résultats finaux

du manque de leur prise au sérieux (ex troubles digestifs).

Les effets indésirables peuvent être graves et nécessiter l’arrêt définitif du traitement (jusqu’à 30% d’arrêt dans les études cliniques).

Dans l’état actuel des connaissances, les médicaments ne semblent pas avoir d’effet sur la mortalité des patients (ni réduction ni augmentation de celle-ci).

Des données d’utilisation confirmant le risque d’effets indésirables du fait de la polymédication habituelle chez les patients concernés

Selon les données d’utilisation analysées, les conditions de prescription sont en général conformes aux AMM (indication, posologie). Cependant, bien que son intérêt ne soit pas démontré, la part des bithérapies associant un IAChE à la mémantine n’est pas négligeable.

Les coprescriptions avec des psychotropes sont aussi rapportées fréquemment.


La polymédication, observée fréquemment chez ces patients, expose au risque d’interactions médicamenteuses. Le risque d’effets indésirables, notamment dans le domaine cardiovasculaire et neuropsychiatrique, est alors accru.

Les données épidémiologiques concernant l’impact des médicaments spécifiques de la MA sur la morbi-mortalité, la qualité de vie, le retard à l’entrée en institution, le passage à un stade de sévérité ultérieur, le fardeau de l’aidant sont insuffisantes pour conclure à un impact favorable sur la santé publique.


Voici pour d'autres curieux les recommandations sur le SMR

8.1. Réévaluation du Service Médical Rendu (SMR)

- La maladie d’Alzheimer est une maladie fréquente et grave

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurologique dégénérative du système nerveux central, sévère et invalidante, dont les répercussions familiales et sociales sont considérables. Ses causes seraient multifactorielles, l’augmentation de l'âge apportant le plus grand risque. Jusqu'à 5% des cas sont liés à des causes génétiques, l'histoire médicale et de vie seraient également des facteurs contributifs. La MA est définie par l’association d’un syndrome démentiel et par l’existence de lésions cérébrales spécifiques à l’examen histologique du cerveau (perte neuronale, présence de dégénérescences neuro-fibrillaires et de plaques amyloïdes). Le syndrome démentiel est caractérisé par une détérioration progressive des fonctions cognitives : mémoire, langage et attention, fonctions visio- spatiales, fonctions exécutives d’anticipation, d’initiation et de planification des tâches, conscience de soi et de son environnement, capacités gestuelles (ou praxies) et capacité à reconnaître les êtres vivants et les objets (ou gnosies). Ces troubles s’accompagnent d’un retentissement significatif sur les activités professionnelles et sociales du malade. L’évolution de la maladie est le plus souvent progressive, avec aggravation des troubles cognitifs, de la dépendance (perte d’autonomie du patient) vis à vis de tous les actes de la vie et des troubles du comportement de moins en moins supportables pour les familles (apathie, agitation, agressivité, fugues, délires, hallucinations). Dans les autres formes de démence, l’évolution est en général moins longue, moins insidieuse, moins chronique. L’autonomie du patient est graduellement réduite selon le stade d’évolution de la maladie. Lorsque la perte d’autonomie devient complète, elle nécessite l’entrée en établissement spécialisé.


Intérêt de santé publique rendu :

Le fardeau de santé publique représenté par la MA est majeur compte tenu :

- d’une prévalence et d’une incidence élevées, qui de surcroît sont en augmentation ; - de l’impact de cette maladie sur la perte d’autonomie et sur la mortalité ;

- de son retentissement physique, psychologique et financier sur les proches des sujets.


Dans la sous-population des sujets atteints d’une forme modérée à sévère de la maladie (pour la mémantine), tout comme dans celle des sujets atteints d’une forme légère à modérément sévère de la maladie (pour le IAChE), le fardeau reste majeur.

L’amélioration de la prise en charge globale de la MA constitue un besoin de santé publique s’inscrivant dans le cadre de priorités établies (loi de santé publique, plan MA 2008-2012).

Les résultats des études sont convergents sur l’existence d’un bénéfice faible des traitements sur la cognition, le fonctionnement global et sur les activités de la vie quotidienne des patients par rapport au placebo.


Néanmoins, l’impact rendu par ces médicaments dans la vraie vie sur la morbi-mortalité et la qualité de vie reste à démontrer car :

- la question de la transposabilité des résultats d’efficacité se pose dans la mesure où les traitements n’ont été évalués que dans le cadre d’essais cliniques dont la durée était limitée le plus souvent à 6 mois et dans lesquels la présence d’un aidant était le plus souvent requise.

- les données sur les critères de santé publique tels que le retard à l’entrée en institution, le passage à un stade de sévérité ultérieur, le fardeau de l’aidant ou la mortalité sont insuffisantes pour conclure à un impact favorable.


En conséquence, l’intérêt de santé publique rendu par les traitements spécifiques de la MA n’est toujours pas démontré.

- Il n’existe pas d’autres médicaments ayant une indication validée (AMM) dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer. D’autres interventions thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses (cf. stratégie thérapeutique) peuvent être envisagées pour prendre en charge les patients.

- Ces médicaments, à visée symptomatique, sont des traitements de 1ère intention ou de 2ème intention.

- Leur rapport efficacité/effets indésirables, similaire, est jugé faible : la taille d’effet attendu est au mieux modeste (effet essentiellement sur les troubles cognitifs après 6 mois de traitement) et au prix du risque de survenue d’effets indésirables pouvant nécessiter l’arrêt du traitement (troubles digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques notamment) et d’interactions médicamenteuses.

- les données de pharmaco épidémiologie concernant le bénéfice pour les patients en conditions réelles d’utilisation des traitements spécifiques de la MA sont insuffisantes pour conclure à un impact favorable.


Il serait donc nécessaire que des données de qualité soient disponibles en France chez les personnes atteintes de MA permettant de documenter les conditions d’utilisation des médicaments prescrits dans le cadre de cette pathologie, leurs modalités de prise en charge, ainsi que les critères de santé publique (bénéfice pour le patient à moyen et long terme, impact sur l’organisation des soins, etc.).

Dans le souci de ne pas priver certains patients de l’éventuel bénéfice clinique observé à court terme avec les médicaments du traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer, leur service médical rendu est faible.


Recommandations sur la durée de prescription : Plusieurs arguments plaident en faveur d’une durée de traitement limitée à 1 année.

La démonstration de l’efficacité des médicaments réévalués (ARICEPT, EXELON, REMINYL et EBIXA) a été faite par des études contrôlées versus placebo dont la durée a été de 3 à 6 mois dans la majorité des cas alors que la maladie d’Alzheimer évolue sur plusieurs années (5 à 10 ans).

Lors de la précédente réévaluation (2007), la Commission avait relevé que « seules deux études ont eu des durées de suivi de 1 à 2 ans (donépézil, rivastigmine). L’existence d’un effet (bénéfice) à long terme n’a donc pas été établie, alors que ces médicaments sont prescrits de manière prolongée - plusieurs mois à plusieurs années - chez ces patients. Les pourcentages élevés d’arrêts en cours d’études liés à des intolérances (1) soulignent aussi l’importance de documenter l’effet de ces traitements au long cours.» Les observations issues des phases d’extension suggèrent que l’effet des traitements pourrait se maintenir au- delà de 1 an mais l’interprétation de ces données doit être prudente, notamment en raison de biais ayant pu influer sur leurs résultats : comparaison historique, sélection de sous- groupes particuliers de patients « en bonne santé », « à un stade peu sévère », données extrapolées pour le groupe placebo


Depuis, aucune étude nouvelle de bonne qualité méthodologique n’a documenté l’efficacité au-delà de 6 mois de traitement.

Dans les études disponibles après 6 mois de traitement, la taille d’effet, en comparaison au placebo, est modeste ; la pertinence clinique des différences observées est discutable. Les échelles utilisées font l’objet de critiques par les experts. Elles soulèvent des problèmes métrologiques, de mise en œuvre pratique et de pertinence clinique. Au total, il apparaît donc difficile d'affirmer que les malades vont tirer un bénéfice de ces traitements après une période de 12 mois.

Par ailleurs, ces médicaments exposent les patients à des effets indésirables. Certains sont graves et peuvent nécessiter l’hospitalisation du patient (syncope, chutes par exemple). D’autres, fréquents, sont de nature à altérer la qualité de vie (diarrhées, nausées et vomissements, troubles du sommeil, vertiges, perte d’appétit par exemple). Les effets indésirables ont été à l’origine dans les études contrôlées d’arrêt de traitement. Le risque de survenue d’interactions médicamenteuses doit aussi être pris en compte chez ces patients fréquemment polymédiqués.

Puisque l’effet attendu avec ces médicaments est imprévisible, limité dans le temps et de pertinence clinique discutable et pour réduire le risque de survenue d’effets indésirables graves ou altérant la qualité de vie du patient, la Commission propose que :

en concertation avec le patient si possible et l’aidant :

- l’opportunité de la prescription soit réévaluée après les premiers 6 mois de traitement afin de vérifier que le médicament a été efficace (objectivation d’une stabilisation voire d’un ralentissement du déclin cognitif par exemple) ou qu’il n’altère pas la qualité de vie du patient.

La poursuite du médicament chez les patients « répondeurs» ou la substitution d’un médicament par un autre est alors envisageable.

Et que :

- devant l'absence de preuve solide démontrant l’utilité de la poursuite de ces médicaments au long cours et devant les risques d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses qui augmentent avec la durée d’exposition (comme avec tout médicament), la poursuite du traitement au-delà de 1 an soit décidée en concertation avec l’aidant et le patient si possible, à la suite d’une réunion de concertation pluridisciplinaire associant médecin traitant, gériatre et neurologue ou psychiatre, en relation avec le réseau de soins prenant en charge le patient, et dans la mesure où l’efficacité à 1 an a été maintenue.


(1) Parmi ces deux études, une seule (Bullock et al, 2005) a eu une durée de plus de 1 année. Dans cette étude, le taux d’arrêt de traitement après 2 années a été de 42% (pour 994 patients évalués) dont 65% étaient dues à des effets indésirables ou liés au décès du patient. Après 2 ans de suivi, le déclin du score entre les deux groupes de traitement n'a pas été statistiquement différent chez les patients des deux bras : rivastigmine, déclin de 9,30 points ; donépézil, déclin de 9,91 points selon l’analyse en ITT-LOCF. Pour rappel, l'hypothèse initiale était d'observer une différence significative de 4 points entre les deux groupes de traitement. Cette étude ne permet pas de conclure à l’équivalence entre ces deux médicaments et l’absence de bras placebo est regrettable pour juger de l’efficacité.


Et, encore plus fort, sur l'ASMR.

8.2. Réévaluation de l’Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR)

La Commission considère que les données cliniques disponibles et l’expérience en vie réelle de ces médicaments depuis leur commercialisation ne permettent pas de les différencier en termes d’efficacité ni de tolérance. Les « ASMR » rendues par les quatre médicaments indiqués dans le traitement de la maladie d’Alzheimer et réévalués, doivent donc être considérées comme identiques.

La Commission de la transparence considère que ces médicaments n’apportent pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer dans leurs indications AMM. Cet avis se fonde sur les données cliniques disponibles d’efficacité montrant une taille d’effet au mieux modeste, établies à court terme principalement sur les troubles cognitifs, le risque de survenue d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses et sur le manque de données établissant un intérêt thérapeutique à long terme.


Vous avez encore envie de prescrire ?

Les débats de la Commission de Transparence peuvent être visionnés ICI. Ils sont très significatifs de ce que la publicité des débats peut apporter et combien les interventions des uns et des autres peuvent être évaluées à leur "juste" valeur. Nul doute que Big Pharma sera obligé de changer de stratégie, une stratégie qui devra être plus scientifique et mieux préparée (mais nous leur faisons confiance).
Il faut remercier encore le Formindep qui a permis cette réévaluation (à la baisse) en déposant un recours devant le Conseil d'Etat le 7 décembre 2009. Voir LA toute l'affaire sur le site du Formindep et les commentaires élogieux que nous en avons faits (ICI).
Il faut remercier Louis-Adrien Delarue qui a, dans sa thèse, contribué à populariser l'idée que les débats de l'HAS n'étaient pas neutres (c'est un euphémisme) : voir ICI.
Il faut remercier enfin l'expert (je dis cela pour l'embêter mais aussi pour souligner que nous avons besoin d'experts, on ne peut pas tout faire) Philippe Nicot (médecin généraliste) qui, non seulement a été rapporteur devant la Commission de Transparence, mais a aussi publié l'article de l'année sur l'Alzheimer, les experts et les médecins généralistes dans la revue Médecine : ICI. il serait utile que chaque médecin français puisse le lire (je dirais même chaque médecin partout ailleurs car les médicaments dits anti Alzheimer sont largement surévalués partout dans le monde).

(Alois Alzheimer - 1864 - 1915) (Crédit photographique : http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/alzheimer.html)

samedi 5 novembre 2011

Arrogance protocolaire : une (presque) consultation. Histoire de consultation 101.


Il y a environ trois jours Monsieur A, 71 ans, me téléphone du Sénégal. Il veut savoir ce qu'il doit faire. Je regarde son dossier rapidement pendant ma consultation et je lui dis que je vais regarder l'affaire et que je le rappellerai.
Monsieur A est retourné définitivement en Afrique. Peu importe, ce n'est pas le propos, il a travaillé chez Renault et patali et patalo, il a pris une retraite méritée.
On lui a découvert un myélome (Ig kappa) il y a deux ans. Il a été traité en France par le service d'hématologie de Chic-city, il a eu plusieurs cures puis il a décidé, les hématologues lui disant qu'il allait bien, de continuer sa retraite à Dakar.
J'appelle donc le service d'hématologie pour parler au docteur B, une femme, on me dit qu'elle a changé d'hôpital et on me passe sa remplaçante, le docteur C, une autre femme (pourquoi y a-t-il autant d'hématologues femmes ?), qui se montre aimable comme un protocole de chimiothérapie.
On me répond de façon très désagréable : 1) Pourquoi appelez-vous ? 2) Pourquoi le malade est-il parti en Afrique ? 3) Pourquoi me demandez-vous cela ? 4) Vous ne savez pas quel bilan on demande ? 5) Je vais quand même vous le dire...
Merci Madame.
Ainsi, un médecin traitant téléphone dans un service hospitalier pour savoir ce qu'il doit proposer comme suivi à un patient parti à l'étranger (on se demande d'ailleurs pourquoi dans le dernier courrier de l'hôpital où il était noté que le patient partait au Sénégal il n'est fait allusion à aucune surveillance particulière... à l'attention du malade ou du médecin traitant) il se fait recevoir comme une merdre de bas étage, comme si ce qu'il demandait était une évidence absolue, avec, à la fin, la phrase magique "Il y a un protocole." Je devais donc connaître le protocole...
Il est vrai, mais l'on ne m'y reprendra plus, du moins pour ce service, qu'il suffisait de google-iser pour trouver sur le site de la COFER (Collège Français des Enseignants en Rhumatologie), au chapitre Myélome multiple (ICI), le paragraphe de surveillance qui disait ceci :
Pour le suivi biologique, les examens nécessaires sont : l'électrophorèse des protides sériques, la protéinurie des 24 heures et l’immunoélectrophorèse des protéines urinaires, mais on surveillera également la créatinine, la calcémie et l’hémogramme.
Il se trouve que le docteur désagréable ne m'a pas dit exactement cela, il y avait des trucs en plus et des trucs en moins... Mais, bon, le COFER, c'est quand même pas des GRANDS hématologues qui connaissent les protocoles mais pas la médecine, vous savez, ce truc à la con où il y a une relation médecin malade, ce truc bizarre où les malades ne sont pas des numérations mais... Je m'arrête là, je vais être colère...
J'ai rappelé Monsieur A et nous allons organiser la surveillance avec le CHU à Dakar (je suis un incorrigible soumis à l'autorité) pour que l'on soit certain de la qualité des examens et pour qu'il puisse un peu se faire rembourser.

mardi 1 novembre 2011

"No mammo ?" de Rachel Campergue : un livre de référence sur le dépistage du cancer du sein.


Le sentiment que j'ai ressenti lors de la lecture du livre de Rachel Campergue fut la honte. La honte que ce soit un non médecin qui ait pu écrire un livre pareil avec autant de pertinence, de légèreté et sans presque la moindre acrimonie. Puis je me suis dit que c'était la fraîcheur intellectuelle de cette femme, que je n'ai jamais vue (mais que l'on peut voir sur Facebook) ni entendue, qui a permis l'écriture de ce livre informé et pertinent qui s'adresse tout autant aux médecins qu'au grand public.
Je crains pourtant que ce ne soit le grand public qui profite le plus de sa lecture dans la mesure où l'irrationnel qui sous tend les préjugés du corps médical à l'égard de la prévention et du dépistage est ancré dans les esprits de mes confrères...
Encore une fois, et mon post précédent avait évoqué la chose (ICI), je suis abasourdi par l'absence de discussions argumentées dans la médico-sphère française alors que le débat est aussi développé ailleurs. Seuls des francs-tireurs tentent de faire entendre leurs voix, des Bernard Junod, des Marc Girard, des Alain Braillon, des Dominique Dupagne, mais ils sont tous hors-jeu de l'université ou de l'expertise spécialisée. La chape de plomb du lobby politico-administrativo-académico-industriel étouffe toute parole dissidente. Notre pays est cadenassé et souffre à l'évidence en ce domaine d'un manque cruel de démocratie. La Revue Prescrire a publié un dossier en 2007 (Rev Prescrire 2007;27(288):758-62) qui n'était pas tendre pour le dépistage organisé, voire même totalement opposé, mais son impact a été faible dans le débat public.

Mais revenons au livre de Rachel Campergue (RC).

Je n'ai pas de statistiques mais ne doutons pas un seul instant qu'au bas pourcentage 95 % des médecins français sont favorables à la mammographie comme outil parfait de dépistage et de diagnostic du cancer du sein avec une pointe à 98 % chez les gynécologues et à 99 % chez les radiologues. Chez les oncologues l'enthousiasme doit être du même tonneau. Quant aux médecins généralistes, je suis certain à 99 % (statistique personnelle non publiée) qu'ils prescrivent ou qu'ils laissent prescrire la mammographie sans délivrer une information éclairée aux femmes qui fréquentent leurs cabinets avant qu'elles ne se rendent dans un cabinet de radiologie. Mais on le verra, délivrer une information éclairée n'est pas simple, dévoreur de temps et, surtout, difficile à formaliser tant les points de vue, les peurs, les croyances, les sous-entendus, les impératifs, les avis d'autorité et la lassitude de de voir toujours, face à la puissance de feu des medias grand public, ramer à contre-courant et passer parfois pour rétrograde et hors du courant dominant de la morale sentimentale qui est, je cite, "Rien n'est trop pour sauver une vie" et son versant pécuniaire "la santé n'a pas de prix".

Petit questionnaire à l'usage des médecins français (voir p 431 du livre) que j'ai adapté de celui qui avait été mis en place dans 4 pays européens pour savoir "Comment les femmes perçoivent les bénéfices de la mammographie de dépistage" et dont le résultat attestait des sur promesses officielles et des attentes irréalistes des femmes. Intitulons-le "Comment les médecins perçoivent les bénéfices de la mammographie de dépistage ?" Je vous propose de répondre.
  1. Pensez-vous que le dépistage puisse prévenir le cancer du sein ?
  2. D'après vous, chez les femmes de plus de 50 ans, quelle réduction de mortalité permet le dépistage ?
  3. A combien estimez-vous le nombre de décès par cancers du sein évités pour mille femmes dépistées régulièrement pendant dix ans ?
Je vous donnerai les réponses tout à l'heure.

No mammo ?

Le livre permet dans une première partie de se rendre compte de ce qui nous attend en France en analysant la situation américaine : des campagnes de sensibilisation pour la mammographie organisées avec des fonds provenant de compagnies soit intéressées dans la vente de mammographes ou de tamoxifène, soit polluant l'environnement avec des pesticides ou des modificateurs hormonaux pouvant entraîner des cancers du sein, soit ne s'intéressant qu'à l'augmentation de leur chiffre d'affaires. Des campagnes de sensibilisation ignorant la différence entre prévention et dépistage, des campagnes de sensibilisation ne parlant jamais des méfaits du dépistage (sur diagnostics), des campagnes de sensibilisation affirmant que la mammographie sauve à coup sûr, des campagnes de sensibilisation ne parlant que de la diminution du risque relatif et jamais de celle du risque absolu, des campagnes de sensibilisation qui récoltent des fonds non pour la recherche mais pour acheter des mammographies qui permettront de faire passer plus de mammographies.
RC montre également combien les campagnes Octobre Rose de l'Institut National du Cancer (INCa) utilisent des mensonges pour "sensibiliser" et des contre-vérités scientifiques pour que les femmes se fassent mammographier.
Le livre analyse également la genèse de la contestation nord-américaine à l'égard des campagnes de dépistage aveugle en montrant combien des "usagères" de la mammographie et du cancer ont refusé l'infantilisation et comment elles ont pu trouver avec difficulté des relais dans le corps médical américain.

Mais surtout RC démystifie toutes ces campagnes, tous ces arguments commerciaux, tout cet excès de sentimentalité qui ont été et sont utilisés pour convaincre les femmes de suivre les programmes de dépistage et, d'autre part, de culpabiliser les autres, celles qui refusent (l'INCa dit même dans ses documents promotionnels que les femmes qui refusent la mammographie ne croient pas en la prévention (sic) : l'INCa, la plus haute instance du cancer en France, confond prévention, c'est à dire faire en sorte que quelque chose n'arrive pas, et dépistage, découvrir quelque chose qui existe déjà : de l'incompétence ou de la filouterie ? Voir ICI pour ceux qui n'y croient pas : un document rose de chez rose).

Voici quelques éléments que j'ai pêchés ici et là dans le livre de RC, éléments que les femmes ne trouveront pas dans les brochures incitant à pratiquer une mammographie tous les deux ans à partir de l'âge de 50 ans et jusqu'à l'âge de 74 ans :
  1. Il n'existe pas un mais des cancers du sein : des cancers qui grossissent rapidement (parmi eux les fameux cancers de l'intervalle, ceux qui apparaissent entre deux mammographies et qui sont déjà métastasés lorsqu'ils sont découverts), des cancers qui progressent lentement, des cancers qui ne grossissent pas du tout, des cancers qui sont si lents à progresser qu'ils ne donneront jamais de symptômes et des cancers qui régressent spontanément (ces deux dernières catégories pouvant être considérées comme des pseudo-cancers).
  2. La mammographie ne permet pas un diagnostic précoce car elle découvre des cancers qui étaient en moyenne présents depuis 8 ans !
  3. Les cancers de l'intervalle ne sont, par définition, pas découverts par la mammographie lors du dépistage et ce sont les plus rapides à se développer et les plus mortels. Attention (je rajoute cela le trois octobre 2013) : un essai récent sur une population norvégienne dit le contraire (ICI)
  4. La mammographie peut se tromper et passer à côté de 20 % des cancers du sein et ce pourcentage est encore plus fort chez les femmes plus jeunes (25 % entre 40 et 50 ans), ce sont les faux négatifs.
  5. La mammographie peut se tromper et annoncer un cancer alors qu'il n'en est rien : ce sont les faux positifs. On imagine l'angoisse des femmes que l'on "rappelle" après la mammographie pour leur demander de passer d'autres examens et pour leur dire ensuite, heureusement, qu'elles n'ont pas de cancer... Voici des données terrifiantes : Après avoir subi une dizaine de mammographies, une femme a une chance sur deux (49 % exactement) d'être victime d'un faux positif et une chance sur 5 (19 % exactement) de devoir se soumettre inutilement à une biopsie du fait d'un faux positif.
  6. La seconde lecture de la mammographie par un autre radiologue ne se fait qu'en cas de résultat normal, pas en cas de résultat anormal : on ne recherche que les faux négatifs, pas les faux positifs (ceux qui conduisent aux examens complémentaires anxiogènes dont la biopsie qui peut être dangereuse)
  7. La mammographie est d'interprétation d'autant plus difficile que la femme est jeune (importance du tissu glandulaire) et qu'elle prend des estrogènes qui sont un facteur de risque du cancer du sein et d'autant plus difficile que la femme est ménopausée prenant des traitements hormonaux substitutifs (heureusement arrêtés aujourd'hui)
  8. On ne lit pas une mammographie, on l'interprète et il faut se rappeler que la variabilité inter radiologue peut atteindre (dans la lecture d'une radiographie du poumon, ce qui est a priori plus facile) 20 % et que la variation intra individuelle (on demande à un radiologue de relire des clichés qu'il a déjà interprétés) de 5 à 10 %
  9. L'interprétation erronée d'une mammographie dans le cas d'un faux positif (cf. le point 5) conduit les femmes à être "rappelées" (pour biopsie) : le taux de rappel peut varier, chez les "meilleurs" radiologues, de 2 à 3 % et atteindre 20 % chez les autres ! Certains estiment que le taux "idéal" de rappel serait de 4 à 5 % alors qu'il est de 10 à 11 % en pratique : sur 2000 femmes invitées à la mammographie pendant dix ans 200 feront face à un faux positif ! Anecdotiquement (mais pas tant que cela) le taux de rappel augmente quand le radiologue a déjà eu un procès.
  10. Quant à la lecture (i.e. l'interprétation) des biopsies elle laisse encore une fois rêveur : Un essai a montré que la lecture de 24 spécimens de cancers du sein par 6 anatomo-pathologistes différents a entraîné un désaccord pour 8 spécimens (33 %). Quand on connaît les conséquences d'une biopsie positive...
  11. La biopsie positive ne fait pas la différence entre ce qui n'évoluera jamais et ce qui évoluera de façon défavorable (sauf dans les rares cas de cancers indifférenciés) et c'est cette définition statique qui est source d'erreurs fatales... Et encore n'avons-nous pas encore parlé des fameux cancers canalaires in situ...
  12. Sans compter que nombre de cancers REGRESSENT spontanément comme cela a été montré dans la fameuse étude de Zahl de 2008 : une comparaison entre femmes dépistées et non dépistées montre que les femmes suivies régulièrement pendant 5 ans ont 22 % de cancers invasifs de plus que celles qui ne l'avaient pas été... Et encore les cancers canalaires in situ n'avaient-ils pas été pris en compte...
  13. L'exposition des seins aux rayons X n'est pas anodine. L'historique de l'utilisation des rayons X en médecine laisse pantois (pp 331-382). Mais je choisis un exemple décapant : dans les familles à cancers du sein (mutation des gènes BRCA1 et BRCA2) une étude montre que le suivi mammographique depuis l'âge de 24 - 29 ans de ces femmes à risque entraînait 26 cas de cancers supplémentaires (radio induits) pour 100 000 ; ce chiffre n'était plus (!) que de 20 / 100 000 et de 13 / 100 000 si le dépistage était commencé respectivement entre 30 et 34 ans et entre 35 et 39 ans !
  14. Il n'y a pas de sein standard pour les doses de rayon administrés par examen ! Ou plutôt si, cette dose a été définie ainsi : pour un sein constitué à parts égales de tissu glandulaire et de tissu graisseux et pour une épaisseur comprimée (sic) de 4,2 cm. Je laisse aux femmes le soin de vérifier...
  15. Terminons enfin, à trop vouloir prouver on finit par lasser, même si nous n'avons pas rapporté la question des biopsies disséminatrices de cellules et de l'écrasement des seins lors des mammographies répétées, sur le problème des carcinomes in situ qui "n'existaient pas auparavant" et qui sont devenus les vedettes de la mammographie de dépistage (environ 50 % des cancers diagnostiqués). Une enquête rétrospective a montré que sur tous les carcinomes in situ manqués seuls 11 % étaient devenus de véritables cancers du sein alors que la règle actuelle est de proposer mastectomie ou tumorectomie + radiothérapie... Sans compter les erreurs diagnostiques : un anatomo-pathologiste américain a revu entre 2007 et 2008 597 spécimens de cancers du sein et fut en désaccord avec la première interprétation pour 147 d'entre eux dont 27 diagnostics de carcinome in situ.
Je m'arrête là pour que vous ayez encore envie de lire ce livre qui aborde tellement d'autres sujets passionnants dont, surtout, les mensonges avérés de l'INCa pour promouvoir le dépistage. Mais surtout ce livre est agréable à lire, aborde nombre de sujets divertissants et désolants... Lisez.

Répondons enfin aux interrogations du début.
  1. Pensez-vous que le dépistage puisse prévenir le cancer du sein ? Réponse : Non. Il ne faut pas confondre dépistage et prévention (par exemple la suppression du Traitement Hormonal de la Ménopause est un geste de prévention du cancer du sein...)
  2. D'après vous, chez les femmes de plus de 50 ans, quelle réduction de mortalité permet le dépistage ? Réponse : 15 % selon Gotzsche et Nielsen, ce qui correspond à une vie sauvée pour 2000 femmes examinées pendant 10 ans. Mais surtout : pas d'effet sur la mortalité globale ! Il n'est pas prouvé que les femmes qui suivent le dépistage vivent plus longtemps que celles qui ne le suivent pas.
  3. A combien estimez-vous le nombre de décès par cancers du sein évités pour mille femmes dépistées régulièrement pendant dix ans ? Réponse : 0,5.
Il ne vous reste plus qu'à lire le livre de Rachel Campergue pour connaître l'origine de ces chiffres, pour apprendre quelle a été l'histoire des pionniers du doute et pourquoi l'INCa ment.

Bonne lecture.