samedi 17 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Le professeur Norbert Milstein. 11.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

11

Le professeur Norbert Milstein.



L’hôtesse blonde avec les cheveux tirés en chignon derrière la tête a eu le temps de leur reverser un verre de champagne.

- Quand est-ce qu’on se fait une virée à l’Art Institute ? demande Brébant.

- Lundi matin ou lundi après-midi, comme tu le sens.

- Je vais regarder. Cela va être cool.

Gers sait combien les congrès sont une décharge constante d’adrénaline, entre les réunions à préparer, les présentations à répéter, le décalage horaire, trop d’alcool, trop de nourriture et les à-côtés sexuels. Une virée au musée ne lui fera pas de mal et il est certain qu’il y aura moins de congressistes sous les cimaises que lors des virées dans les clubs de strip-tease de Chicago organisées par les labos.

Milstein s’approche de son chef de clinique en portant un masque FFP2.

- Tu penses qu’on pourra se parler un peu pendant le vol ?

- Un problème, Monsieur ?

- Non, il y a deux ou trois trucs que j’aimerais voir pour la présentation de dimanche.

- Quel genre ?

- Il faut qu’on regarde au moins une fois toutes les écrans pour que je me cale définitivement avec le texte. Je répèterai tout seul sur place puis on fera une répétition en conditions réelles… 

- OK.

- Mais, surtout, c’est le plus important, il faudrait que tu me prépares des questions casse-pieds dont les Américains ont le secret afin que je me prépare à y répondre. Ou plutôt, que tu m’écrives les réponses. Cela me rassurera.

- Bonne idée…

Brébant s’enfonce dans son siège. Il a entendu la conversation. Ce congrès ne va pas être une partie de plaisir. Il a des poulains partout, des rencontres dans tous les sens, des projets à finaliser, des patrons à rencontrer, des dîners à organiser et une direction qui le tient par les couilles. Il joue une partie difficile avec Gers car il a beaucoup misé sur lui et il faut absolument que les actions du jeune chef de clinique pendant ces cinq jours soient valorisées à son juste niveau, car l’objectif final est qu’il devienne PU-PH afin que la Firme ait un pied solide dans la place pour la poursuite de ses projets de développement en France. Sa position dans le service de Milstein est inconfortable pour des raisons ethniques et également parce qu’il ne fait pas partie de la grande famille de la famille des patrons de l’AP-HP parisienne où les entrelacs dynastiques sont nombreux et compliqués. Ensuite, Gers a aussi un gros défaut : il est brillant et il ne doit pas faire de l’ombre aux arrivistes sans talent qui n’hésiteront pas à le traîner dans la boue pour le mettre à l’écart. Brébant sait par quel bout cela va arriver et il s’est promis d’en parler à Gers pendant le séjour.



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vendredi 16 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Un programme très chargé. 10.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

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Un programme très chargé.



Gers est assis tout près de Brébant. Vachon n’est pas loin. Milstein est installé en première avec Ursula. 

- Le problème de l’avion, commente Brébant, c’est la picole, tout le monde se la joue décontractée et trouve que c’est sympa de forcer un peu sur les apéritifs et les boissons. C’est comme dans les buffets, les gens ont peur de ne pas assez profiter de la gratuité.

Gers se marre.

Le personnel de bord joue au personnel de bord de la classe affaire. 

- C’est quoi, ton programme, en dehors de la présentation de vendredi ?

Gers se tourne vers Brébant : « Demain je commence à flâner un peu partout pour faire des commentaires pour Allo ASCO, le fil en ligne du congrès pour les francophones, vendredi, c’est notre présentation, mais ça, tu le sais, samedi, j’anime le matin un pro/con sur les nouveaux traitements du lymphome avec Henderson de Johns Hopkins et Lopez de Dallas…

- Jolie joute en perspective.

Ça va chauffer entre les deux gus. Mais je suis prêt, ils m’ont envoyé leurs écrans, leurs commentaires et leurs références… L’après-midi il y a un meeting sur le cancer du poumon…

- C’est P*** qui organise ? 

- Oui. Et dimanche après-midi Milstein fait son show. J’assure l’intendance et lui prépare les réponses aux questions…

- Lundi, je te rappelle, on a un board avec la division US, ils ont plein de trucs à te demander.

- Plein de trucs ? 

- Oui. On aura le temps d’en parler. Tu as rédigé combien d’abstracts avant de venir ?

- Six.

- Et le poster ?

- C’est dimanche matin aux aurores. 

- Beau programme. On va revenir tous épuisés. Surtout si tu t’envoies Vachon ?

- Pardon ?

- Tout le monde sait que tu fais partie de son agenda.

- Ah ? 

- Je te rappelle que baiser Vachon ne donne pas un totem d’invincibilité mais que refuser rend plus vulnérable…

- A ce point ? Et toi, tu as des activités sexuelles prévues, reprend Gers pour se sortir de la situation ?

- Je suis intouchable en congrès.

- Un pro de chez pro.



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jeudi 15 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Ursula. 9.

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

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Ursula.



Le plaisir qu’a Gers, le plaisir idiot se fait-il la réflexion, de franchir le guichet d’embarquement en premier, de regarder la tête des autres qui le voient passer devant eux en se demandant ce qui peut bien faire qu’un voyageur paie sa place ou se fait payer sa place cinq à six fois plus cher, il tente de le cacher. Mais il le ressent. Il se dit que sa femme n’a jamais eu ce plaisir et il le regrette sincèrement. 

Edmée Vachon lui a fait du gringue dès qu’elle l’a aperçu. Il sait qu’elle va être collante pendant tout le congrès. Il ne sait pas comment faire pour s’en détacher et tout le monde a remarqué le manège de la directrice de Gustave Roussy qui fait la pluie et le beau temps dans le milieu de l’oncologie. On dit qu’elle désigne les rois et qu’elle détrône les princes, à moins que cela ne soit le contraire. Le problème de Gers, et il n’aimerait pas que cela se sache pour des raisons publiques et privées, est qu’il a déjà cédé. Un congrès à Nice, une chambre au Negresco et une soirée un peu ennuyeuse ont fait le reste. Or la professeure n’aime pas que ce ne soit pas elle qui décide quand c’est fini et quand ça commence…

Il comprend enfin pourquoi Milstein ne s’est pas montré avant : il arrive au dernier moment flanqué de sa maîtresse en titre, une visiteuse médicale d’une trentaine d’années terriblement sexy, habillée comme une visiteuse sexy accompagnant un patron pas sexy. Elle est franchement blonde, elle est montée sur des hauts talons, elle porte un jean si serré qu’on se demande si elle l’enlève pour dormir, un chemisier criard et un blouson de cuir très olé olé, sans oublier les accessoires, les boucles d’oreille, le collier et les épingles dans les cheveux, et elle répond (mais personne n’a encore osé l’appeler) au nom prédestiné, cela ne s’invente pas, d’Ursula. Tout le monde tire la langue. Milstein est un habitué du genre. Il aime bien se montrer avec des maîtresses qu’il emmène dans les congrès, sans doute pour corriger les écrans et lui faire répéter sa prestation avant les séances plénières ou pour mieux ajuster son nœud de cravate ou fixer ses boutons de manchettes avant la présentation. Il semble que l’industrie pharmaceutique ne fasse pas de détail et paie aussi le voyage des maîtresses, sans doute un budget non déclaré, tant Milstein est important. Personne n’oublie, et il n’aimerait sans doute pas qu’on l’oublie, cela rajoute à sa légende, qu’il est marié, qu’il a des enfants et que dans la vie courante on pourrait affirmer sans se tromper qu’il fait partie de la tendance politiquement conservatrice de la société.

Quoi qu’il en soit, le petit monde français du congrès de l’ASCO finit de se constituer et nous épargnerons au lecteur la fastidieuse liste des petites mains qui naviguent en classe économique. Dans d’autres aéroports européens, asiatiques ou sud-américains, se passent exactement les mêmes phénomènes.


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mercredi 14 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : François Brébant. 8.


Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

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François Brébant.



Un grand type dégingandé fait un amical signe de la main à Gers et lui adresse un sourire sincère. Son interlocuteur privilégié dans la Firme s’appelle François Brébant. Ancien chef de clinique à l’hôpital Bichat dont la carrière s’est vue barrée par un protégé du patron du service, il avait pourtant joué la carte de l’ultra spécialisation dans une maladie très rare, presque orpheline, il avait joué le jeu, celui de la collaboration intelligente avec les financeurs d’Etat et l’industrie pharmaceutique, il avait trouvé des gens compétents, précis, informés et malins, et, au dernier moment, le protégé lui avait pris la place de PU-PH qui lui était promise. Désespéré, il avait été remplacé par un sinistre garçon qui ne connaissait ni la maladie rare, ni vu de patients qui en souffraient, un arriviste prétentieux et vide qui avait commencé par réorganiser la petite structure que Brébant animait et qui fonctionnait de façon parfaite tant et si bien qu’en secouant l’arbre, le débile avait réussi à ce que les fruits pourris s’attachent aux branches et que les fruits de bonne qualité aillent voir ailleurs. Par une sorte d’ironie de l’histoire, les fonds tant espérés et depuis longtemps par l’ancienne petite équipe compétente avaient été débloqués au profit de la nouvelle équipe ignorante. 

Brébant aurait pu se décider à déprimer et à devenir un traîne-patin dans le service, à se cacher derrière son ordinateur, à lire la littérature sur son écran et à la garder pour lui, à bouder en quelque sorte, à prendre des notes pour lui-même pour ne pas se gripper, à ne plus intervenir dans les staffs et à laisser les nullos parler pour ne rien dire, tout en exerçant pourtant une activité clinique tout à fait normale, c’était quand même ce qui l’intéressait, mais en évacuant les parlotes, les commentaires et les réflexions personnelles sur le cul des infirmières… Il aurait aussi pu se confier à la paroxétine et au clobazam ou consulter un collègue psychiatre mais il croyait encore moins à la psychiatrie que les psychiatres eux-mêmes, ce qui n’est pas peu dire. Au lieu de cela il se concentra sur ses priorités personnelles et, au moment où l’intérêt de celles-ci commencèrent à s’épuiser, il reçut chez lui comme par enchantement, cinq à six semaines environ après sa rétrogradation ou sa placardisation, c’est selon, un appel d’un chasseur de têtes qui lui demanda s’il acceptait un rendez-vous.

Brébant avait tout raconté à Gers au fur et à mesure de leur collaboration sur les essais, sans doute pour lui signifier qu’il n’était pas seulement le chef de la division médecine interne Europe de La firme étatsunienne M*** mais aussi un universitaire qui savait comment travailler… Leur entente avait été immédiate. Comme on dit chez les managers et chez les faiseurs, c’était du win-win, en réalité c’était une amitié profonde qui s’était installée et qui résista à tout, sauf au temps.


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mardi 13 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Le marketing mix de l'oncologie. 7.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

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Le marketing mix de l'oncologie.



L’ASCO est une vitrine internationale formidable.

C’est un lieu privilégié pour faire du marketing pur, pour faire de la promotion sans limites, pour s’affirmer, pour faire le malin, pour préparer des campagnes de pub, pour se mettre dans la poche des patrons inapprochables à Paris, à Marseille ou à Lyon. C’est un lieu d’échanges entre praticiens, un lieu de conflits entre les firmes, un lieu de négociations en coulisse, un lieu de plaisirs, un lieu de corruption.

Tout ce qui compte en cancérologie est là : les industriels du médicament, les marchands de matériel et de diagnostic, les marketeurs, les membres des agences gouvernementales, les chefs de service comme les jeunes internes prometteurs, les oncologues de province, des centres hospitaliers universitaires ou non, les cancérologues de cliniques, les journalistes de la presse scientifique comme de la presse grand public… Des cinq continents.

Gers est encore jeune, il n’a pas encore saisi toute l’étendue du système, il est naïf et pense encore que l’industrie pharmaceutique, ne dites pas big pharma, c’est considéré comme complotiste, est la seule capable d’entraîner des progrès thérapeutiques en médecine. En revanche, et c’est malheureusement vrai, refuser son argent signifie ne plus faire de recherche clinique, ne plus faire de recherche fondamentale, ne plus voyager dans les congrès mondiaux et n’y pas rencontrer des collègues prestigieux, ne pas participer à la stratégie des essais cliniques depuis leur conception jusqu’à leur publication en passant par l’analyse des données et leur interprétation. Gers, naïf, croit sincèrement qu’il est possible, en ouvrant les yeux, de rester droit, pur, de ne pas céder aux sirènes des influenceurs et de rester indépendant.

Milstein, son patron, a une attitude plus simple : il accepte l’argent de tout le monde car il prétend que le nombre de ses sponsors lui permet d’oublier quelle molécule l’a soutenu et ainsi ne peut-il être accusé d’avoir été influencé. Il part pour Chicago en tant qu’investigateur principal Europe d’une étude prestigieuse et ses écrans de présentation, il ne les a pas réalisés lui-même, c’est la firme qui les a conçus à partir de documents internes qui serviront plus tard pour le service après-vente, tout comme le texte de son intervention. Il les a certes corrigés, modifiés, initiés ou plutôt il l’a un peu fait mais c’est Pierre Gers qui s’est collé le boulot en collaboration avec le médecin produit de la firme, un type charmant mais insistant.

La recherche du nom Milstein Norbert sur la base de données Eurosfordocs consultable en ligne permet cependant de constater que malgré les interférences du Covid, le bon Milstein a signé en dix ans deux-cent-cinquante-deux contrats et qu’il a touché (sans compter les sommes non déclarées par des artifices comptables connus des professionnels) la somme rondelette de cinq-cent-trente-trois mille euros, ce qui ferait rêver quelques soignants de son service.

lundi 12 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Quelques journalistes influenceurs et influencés. 6.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

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Quelques journalistes influenceurs et influencés.


Gers aperçoit avec surprise Sylvie Bouloux, la chroniqueuse médicale du Monde, une femme d’une quarantaine d’années, ancienne maîtresse de l’ancien directeur de l’Agence du médicament, pharmacienne de profession, qui écrit des articles sous la dictée des grands patrons de l’Assistance Publique de Paris en choisissant à chaque fois le plus avenant et dont la lecture de la littérature scientifique se résume aux communiqués de presse de l’industrie. Gers la connaît de vue, elle l’a plusieurs fois appelé sur les conseils de Milstein pour obtenir des détails sur un nouveau médicament anti cancéreux dont elle fera l’éloge dans son journal. C’est elle qui s’approche de lui. Qui paye la classe affaires ?

« Bonjour, vous faites combien de présentations ? - Une, mais j’ai un poster, un pro/con et des réunions multiples. - Comme d’habitude. Un brillant garçon comme vous. On peut convenir que je vous interrogerai une fois sur place ? - Avec plaisir. »

Bouloux fait du journalisme de complaisance, c’est-à-dire qu’elle reproduit avec sincérité les propos des gens qu’elle interroge, parfois en commettant des erreurs, sans jamais émettre la moindre critique, elle en serait d’ailleurs bien incapable, mais ce n’est pas le but de ce genre de journalisme, le but est, en faisant croire comme argent comptant les propos des professeurs ou, ici, d’une jeune pousse désignée par Milstein, de donner de l’espoir aux lecteurs du journal, de faire de la science et de glorifier le modèle économique qui permet tant de progrès vitaux pour l’humanité. Le pire de tout, et Gers l’apprendra plus tard : elle pense réellement qu’elle est devenue spécialiste en oncologie, sans examiner de malades, sans voir de patients, sans avoir lu un scanner, une IRM ou un pet-scan de sa vie, par le simple fait d’avoir écouté la bonne parole des grands docteurs. 

Gers reconnaît aussi Durand, un journaliste de la télévision publique française et se demande qui paie son déplacement : les impôts des Français ou l’argent de l’industrie. Il va aller le saluer bien qu’il le déteste cordialement. Pour Gers, il s’agit d’un suceur de roue comme on dit dans les courses cyclistes. Et un vantard. Un vantard arrogant qui réussit à toujours être sur le devant de la scène en travaillant peu. Il ne le supporte pas. C’est aussi un groom, celui qui renvoie les ascenseurs avec servilité et intérêt réciproque. Un groom qui présente une émission médicale tous les matins depuis cent ans. Il s’entoure de nullités journalistiques qui font la promotion à longueur d’antenne de la naturopathie, de l’homéopathie, de l’auriculothérapie, des cures thermales et autres fadaises tout en affirmant que c’est lui, la science, la science des molécules innovantes de l’ASCO. Gers espère qu’un jour quelqu’un lui rentrera dans le lard pour le seul plaisir de démasquer un imposteur mais l’histoire montrera qu’il se désignera tout seul. Comme un grand.

dimanche 11 juin 2023

Bilan médical du lundi 5 au dimanche 11 juin 2023 : soins primaires, gabapentinoïdes, ASCO, Frédéric Valletoux, sur publications, dermatologie pratique, mortalité 2022, loi de Goodhart, zéro défaut, covid nosocomial.



202. Il est temps pour les soins primaires de cesser d'alimenter un système de soins dysfonctionnel (US)

LA

Cet article est un classique du genre pour rappeler l'intérêt de la médecine de famille, terme qui est désormais devenu obsolète tant les structures familiales ont éclaté sous nos climats et il existe une abondante littérature pour indiquer que le suivi longitudinal (dans la durée) des patients est une donnée forte en santé publique.

Cet article, écrit dans un anglais volontiers soutenu, énumère tous les poncifs (j'utilise explicitement ce terme pour indiquer combien ce que l'on raconte depuis des dizaines d'années est devenu un poncif qui n'a jamais intéressé et qui n'intéresse plus les décideurs de santé, les responsables de santé publique, la médecine non familiale en général, l'assurance maladie et ses dépendances, les politiciens, les assureurs et les banquiers, et, bien entendu, l'industrie des médicaments et des matériels) qui jalonnent l'histoire de la création, de la théorisation et de la connaissance  des soins primaires en tant que spécialité et... son abandon.

Chacun d'entre vous, praticiens des soins primaires, de la médecine familiale (recomposée ou non), du premier recours, connaît ces poncifs. Formation à la médecine de famille et pas seulement à la médecine, éducation des futurs soignants à la médecine du doute et de l'incertitude, disposer de temps, respecter chaque patient comme individu et pas seulement comme malade, cesser de remplir des objectifs, cesser de cocher des cases, cesser de devenir un agent administratif de l'Etat, cesser de faire de l'incentive pour répondre à des critères hors-sol et parfois sans conséquences démontrées sur la santé publique.

Savoir que le mauvais état de santé, que la maladie, la mort, sont plus fréquents chez les mal payés, les mal logés, les professionnels utilisant leurs muscles et leur squelette, chez les moins éduqués, et cetera.

Et ainsi le malaise des soignants en soins primaires à qui on oblige de pratiquer des prises en charge intenables, inégalitaires, moralement injustes, les conduit au burn-out, à la dépression ou au mal-être.

Cet article demande, entre autres, que les consultations, toutes les consultations durent plus de dix minutes et que la patientèle ne dépasse pas 500 patients.

On en est loin.

Et l'assurance maladie va à l'encontre de ces améliorations.


toutes les photos : docdu16


203. Rappel (2013). Les gabapentinoïdes ne "marchent" pas vs placebo dans les lombalgies et/ou les douleurs sciatiques

L'article de 2013 est LA.

Gabapentine (Neurontin)

Prégabaline (Lyrica) 

Si vous les utilisez, prévenez les patients que ce sont des placebos


Jean-Michel Basquiat, Francesco Clemente et Andy Warhol
In Bianco 1984



204. ASCO : le lieu de tous les espoirs (déçus ou non).

Tous les ans a lieu à Chicago le congrès de l'ASCO (Association états-unienne de cancérologie clinique en français) dont les objectifs avoués par les industriels (et non avoués) est de faire du hype, du spin, de la promotion, de la publicité, du marketing, à coups de résultats d'études non encore publiées, d'abstracts dont on ne verra jamais l'article final, de symposiums satellites organisées par les firmes...

Et tous les ans cela recommence. 

J'ai commencé un feuilleton à épisodes concernant l'ASCO : c'est ICI. Un chapitre tous les jours sauf le dimanche.

Pendant le congrès de l'ASCO et après, vous pouvez suivre sur twitter @oncology_bg ou Bishal Gyawali

Un exemple : il répond à Eric Topol (déjà abondamment cité sur ce blog) à propos d'un nouveau traitement du cancer du poumon.

Eric Topol fait le buzz et Bishal Gyawali remet les choses en proportion : LA.



2013 !


Publicité dans les rues de Chicago

Devons-nous accepter des essais  qui s'empilent en faveur des nouvelles molécules et non en faveur des patients ?


Lire l'article ICI : il est gratuit après inscription facile sur Medscape.


205. Frédéric Valletoux, au service du néant et du mensonge.


Frédéric Valletoux est un des fossoyeurs du système hospitalier français.

Il est membre du parti (dont j'ai oublié le nom) d'Edouard Philippe, ex premier ministre d'Emmanuel Macron, qui a comme ambition de succéder à Macron.

L'ambition de Frédéric Valletoux dont le principal axe de communication politique est de cracher sur les soins primaires qui ne seraient pas assez ça ou trop ci, en mentant sur les déserts médicaux et sur les possibilités de les combler tout en affirmant que les médecins généralistes ne travaillaient pas assez et ne voulaient pas discuter... Bref, l'ambition de Valletoux, journaliste sans diplôme mais avec un bon carnet d'adresse, est d'être le futur Ministre de la Santé d'Edouard qui se droites chaque fois qu'il ouvre la bouche.

Les propos de Valletoux par exemple : LA

Il y a aussi C'est une proposition de loi (PPL pour les intimes) trans partisane sur les déserts médicaux qui n'est pas piquée des hannetons : ICI pour la PPL et LA pour le mur des khons.


Mais il n'est pas le seul coupable, ils ne sont pas les seuls coupables.



Robert Doisneau via @thierryLacombe5


206. Y a pas que Raoult qui publie beaucoup

Un article d'El Pais version anglaise, LA, nous raconte qu'un certain José Manuel Lorenzo a publié 176 articles l'année dernière, ce qui pose quand même un sacré problème de crédibilité scientifique.

Nous avons retrouvé un petit joueur français non raoultien a priori.

JM Molina, élu par le journal L'Express, une des plus prestigieuses revues scientifiques mondiales, comme l'infectiologue des infectiologues, a signé en 5 ans (2018-2023) 243 articles (source PubMed), soit 4 par mois ou 1 par semaine.

Un lecteur écrit ceci sur twitter en commentaires :


Cela fait beaucoup quand même... Non ?


207. Dermatologie pratique : un site

Recommandé par @phtiriasis, une dermatologue que nous aimons bien sur twitter : LA

Comment gagner du temps en consultation.


Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol
China Paramount 1984


208. Mortalité en France en 2022

Berrod : https://twitter.com/nicolasberrod/status/1666098565985488898

INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7628176

Je vous conseille de lire Berrod pour aller à l'essentiel et l'INSEE pour pouvoir consulter tous les chiffres.

Je n'ai pas eu le temps de tout lire (INSEE) et je ne fais pas de commentairesprobablement inappropriés (et le sujet est d'importance).




209. Rappel de la loi de Goodhart (évaluation des hôpitaux, des médecins)

ICI.

La loi de Goodhart, du nom de l'économiste Charles Goodhart qui l'a formulée pour la première fois en 1975, indique que « lorsqu'une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une bonne mesure »1, car elle devient sujette à des manipulations, directes (trucage des chiffres) ou indirectes (travailler uniquement à améliorer cette mesure)2,3.


Un article US dont je ne peux que vous transmettre l'abstract (LA) décrit le coût humain et financier du reporting dans les hôpitaux.


Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol
Heart Attack 1984


210. Zéro défaut en Santé publique.

Quelques propos décapants (la dermatologie mène à tout à condition d'en sortir) par @dermatopoulos sur twitter. Le fil complet est LA.

La crème solaire, n’est pas faite pour revenir bronzé sans avoir de coup de soleil. Bronzer, est un mécanisme de défense de la peau contre l’excès d’UV, une cicatrice transitoire. Si l’objectif c’est 0 risque de cancer cutané, alors, il faut revenir non bronzé de ses congés.



211. Les hôpitaux anglo-écossais encore plus khons que les soins primaires (anglo-écossais).

Un article anglo-écossais indique que lorsque l'on a cessé de tester le covid avant hospitalisation le nombre de cas de Covid a augmenté !

Qui aurait pu le croire ?

Qui a eu cette idée de génie

Et les médecins hospitaliers n'auraient rien dit. 

L'article est LA.

En France on ne fait pas d'études sur des sujets aussi futiles...