mardi 13 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Le marketing mix de l'oncologie. 7.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

7

Le marketing mix de l'oncologie.



L’ASCO est une vitrine internationale formidable.

C’est un lieu privilégié pour faire du marketing pur, pour faire de la promotion sans limites, pour s’affirmer, pour faire le malin, pour préparer des campagnes de pub, pour se mettre dans la poche des patrons inapprochables à Paris, à Marseille ou à Lyon. C’est un lieu d’échanges entre praticiens, un lieu de conflits entre les firmes, un lieu de négociations en coulisse, un lieu de plaisirs, un lieu de corruption.

Tout ce qui compte en cancérologie est là : les industriels du médicament, les marchands de matériel et de diagnostic, les marketeurs, les membres des agences gouvernementales, les chefs de service comme les jeunes internes prometteurs, les oncologues de province, des centres hospitaliers universitaires ou non, les cancérologues de cliniques, les journalistes de la presse scientifique comme de la presse grand public… Des cinq continents.

Gers est encore jeune, il n’a pas encore saisi toute l’étendue du système, il est naïf et pense encore que l’industrie pharmaceutique, ne dites pas big pharma, c’est considéré comme complotiste, est la seule capable d’entraîner des progrès thérapeutiques en médecine. En revanche, et c’est malheureusement vrai, refuser son argent signifie ne plus faire de recherche clinique, ne plus faire de recherche fondamentale, ne plus voyager dans les congrès mondiaux et n’y pas rencontrer des collègues prestigieux, ne pas participer à la stratégie des essais cliniques depuis leur conception jusqu’à leur publication en passant par l’analyse des données et leur interprétation. Gers, naïf, croit sincèrement qu’il est possible, en ouvrant les yeux, de rester droit, pur, de ne pas céder aux sirènes des influenceurs et de rester indépendant.

Milstein, son patron, a une attitude plus simple : il accepte l’argent de tout le monde car il prétend que le nombre de ses sponsors lui permet d’oublier quelle molécule l’a soutenu et ainsi ne peut-il être accusé d’avoir été influencé. Il part pour Chicago en tant qu’investigateur principal Europe d’une étude prestigieuse et ses écrans de présentation, il ne les a pas réalisés lui-même, c’est la firme qui les a conçus à partir de documents internes qui serviront plus tard pour le service après-vente, tout comme le texte de son intervention. Il les a certes corrigés, modifiés, initiés ou plutôt il l’a un peu fait mais c’est Pierre Gers qui s’est collé le boulot en collaboration avec le médecin produit de la firme, un type charmant mais insistant.

La recherche du nom Milstein Norbert sur la base de données Eurosfordocs consultable en ligne permet cependant de constater que malgré les interférences du Covid, le bon Milstein a signé en dix ans deux-cent-cinquante-deux contrats et qu’il a touché (sans compter les sommes non déclarées par des artifices comptables connus des professionnels) la somme rondelette de cinq-cent-trente-trois mille euros, ce qui ferait rêver quelques soignants de son service.

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