Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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Le professeur Gunther Frick.
La molécule que Gers va présenter à l’ASCO est sur le point d’obtenir une autorisation de mise sur le marché grâce à une procédure accélérée au niveau de la FDA. Les portes sont grandes ouvertes mais il n’en faudra pas moins jouer serré. Gers n’est sans doute pas au courant de l’urgence de la situation et il ne paraît pas utile à Brébant de lui en parler pour l’instant… Outre sa présentation, une autre sera faite pour la même molécule par Gunther Frick de Minnesota University pour laquelle la Firme a mis le paquet. L’organisation Frick est impressionnante : dans son service il y a une unité consacrée aux essais cliniques avec deux résidents qui collectent les données, les analysent, écrivent les résumés, les articles et concoctent les présentations dans les congrès. Frick est un bon, il parle un anglais mâtiné d’accent germain, il vient de Leipzig puis a émigré vers les US, trafique les données comme pas un, fait des présentations parfaites, deux écrans, trop de lignes quand même, sort des jokes au bon moment et arrive à faire rire l’assistance. Les laboratoires aiment bien travailler avec lui car il fait du bon boulot, à part les tricheries, mais il est cher et la multiplicité de ses sponsors le rend au fur et à mesure moins sûr pour la communauté des oncologues. Mais tout le monde a peur de lui et sait que ses dossiers font plaisir, pour ne pas dire plus, à la FDA. Il faudra pourtant qu’à un moment il choisisse entre la bonne réputation et l’argent. Brébant ne l’aime pas, fait ami-ami avec lui en lui faisant comprendre qu’il n’est pas dupe et qu’un grand professeur c’est toujours beaucoup plus qu’un médecin de l’industrie pharmaceutique. Frick n’admet pas la critique en théorie mais comme il est très intelligent il sait quand les critiques sont constructives et les prend en compte pour contribuer à sa gloire sans dire d’où les modifications proviennent. Les données qui seront présentées par Gers lui ont été montrées et les quelques réflexions qu’il a faites ont été prises en compte en raison de leur pertinence. Mais Frick veut être au-devant de la scène, pas derrière. Ce n’est pas un Frenchie qui va lui voler la vedette…
Brébant : « Je crois que l’idée de ton patron, préparer des questions embarrassantes, est classique mais géniale. Veux-tu que nous fassions la même chose pour notre étude ? - Top.- Tu penses qu’il te laissera réviser avec Ursula…- Déconne pas. Quelqu’un pourrait nous entendre. »
Brébant jette un œil autour de lui et aperçoit Marie DeFrance qui n’a pas encore regagné sa place avant le décollage. Comme c’est une putain de langue de pute qui tuerait dix patients dans le groupe placebo pour rendre une étude significative, il paraît effectivement prudent de ne pas parler trop fort.
Tout baigne. L’avion est sur le point de décoller. Tout le monde regagne sa place.
(Pour reprendre au début : ICI)
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