Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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L'oncologie pour les nuls.
Les enjeux de l’oncologie sont majeurs au niveau mondial. Le vieillissement de la population, la nécessité de commercialiser les produits innovants le plus tôt possible comme les pressions des politiques et de l’opinion publique, ont accéléré la compétition entre les grands laboratoires qui se battent à l’échelle planétaire pour un chiffre d’affaires de plus de 180 milliards d’euros. Les budgets de développement sont tels, les enjeux si importants, les efforts si colossaux que les financiers exigent que les retours sur investissement soient rapides et durables. Les grandes firmes embauchent les meilleurs spécialistes de la planète pour effectuer les recherches, pas seulement des médecins ou des pharmaciens, mais aussi des biochimistes, des informaticiens, des physiologistes, des biologistes, et bien entendu des oncologues, mais surtout elles entretiennent des départements d’études et marchés et des hommes de marketing afin de cerner et de choisir quels seront les domaines de recherche les plus rentables à court et moyen terme, en fonction de la taille du marché dans les pays développés où les patients sont solvables et en fonction du retentissement émotionnel de ces affections dans le grand public. Les hommes de marketing de l’industrie pharmaceutique, tout comme ceux qui vendent des savonnettes, des machines à laver ou des smarts tv, ne s ‘intéressent qu’au cash-flow, à la courbe des ventes et aux profits que ces recherches pourront générer, c’est-à-dire aux dividendes qui pourront être délivrés aux actionnaires.
Les journaux économiques sont remplis d’analyses financières qui manient les concepts médicaux pour les populariser très en amont de la commercialisation des produits afin de donner envie aux investisseurs d'investir de l’argent. Il faut dire que l’enjeu est de taille : connaît-on beaucoup d’industries où le chiffre d’affaires global progresse presque chaque année d’au moins 10 % depuis des dizaines d’années ?
La majorité des oncologues qui travaillent dans les hôpitaux ou les cliniques ne se rendent à l’ASCO que parce qu’ils sont invités par l’industrie : ils ne peuvent ou ne veulent pas payer, les coûts ont explosé, leurs frais d’inscription, leurs nuits d’hôtel, leurs à-côtés, ce qui fait qu’ils deviennent captifs des invitations qu’ils reçoivent. La plupart ne se doutent pas une seule seconde que ces invitations les engagent dans un processus de réciprocité masqué par le fait qu’ils sont grisés par l’honneur qui leur est fait et par la distinction que cela suppose par rapport à leurs collègues qui n’en sont pas. Ils s’engagent bien malgré eux à être à la hauteur, c’est-à-dire à croire à la beauté des résultats qu’on leur présente et, une fois revenus dans les services, prescrire larga manu de si merveilleux produits.
(Pour commencer au début : ICI)
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