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dimanche 16 décembre 2018

Calendrier de l'avent des lectures médicales : Petr Skrabanek et James McCormick. #23

Jean Doubovetzky, inlassable arpenteur et militant de la médecine humaine et fondée sur les preuves, m'a demandé il y a une dizaine de jours si j'allais citer le livre Idées folles, idées fausses en médecine dans mon calendrier de l'avent. Je lui ai répondu que je connaissais les auteurs mais qu'à ma grande honte je ne l'avais jamais lu. Je l'ai commandé en urgence et ce que j'ai lu m'a rappelé combien ces auteurs étaient en avance d'un siècle sur toutes les bêtises que l'on entend ici et là.
(J'avais commencé le calendrier de l'avent avant la date prévue et je m'arrêterai également avant Noël pour cause de vacances personnelles, et les deux dernières livraisons seront consacrées à ce livre majestueux : deuxième partie LA)



Voici le petit mot de présentation de Jean :

Modeste contribution à la liste de Jean-Claude : parmi les très rares livres de médecine que j’ai lus plusieurs fois
(Avec « Nemesis médicale » d'Ivan Illich et les bouquins de Michael Balint)
Petr Skrabanek et James McCormick « Idées folles, idées fausses en médecine » (Odile Jacob, 1992)
Une documentation impeccable, une rigueur fabuleuse, un humour, une ironie et une humanité à fondre. 
On éclate de rire tout en réfléchissant sérieusement. 
Et ne croyez pas : fondamentalement, en 30 ans, bien des choses n’ont guère changé … 
C’est un des points intéressants à relire le grand Petr.



Ce livre, qui date de 1989 pour la version originale, est effectivement époustouflant et je peux dire, en tant que nouveau converti, qu'il est probable qu'il fera partie de mes livres de chevet. Il est en outre remarquablement traduit.


"Ce livre traite de l'erreur médicale. Non pas celle qui pousse à amputer un membre du mauvais côté (...), ce sont des erreurs humaines et inévitables. Nous nous intéresserons plutôt aux raisonnements erronés qui viennent d'une position dogmatique ou d'une idée toute faite et qui constituent des obstacles aux avancées de la raison et de la recherche. (...) On nous traitera de 'nihilistes acharnés à subvenir les nobles desseins de la médecine' (William Silvermann). (...) Nous plaidons seulement pour l'esprit critique au sein même de la médecine"

Il y a six chapitres et aujourd'hui je n'en traiterai que trois.

Chapitre 1 : les placebos.

"Platt (1947) a ainsi constaté avec amertume que la fréquence d'utilisation des placebos était en relation inverse avec l'intelligence combinée du médecin et du malade."
" L'effet placebo dû au médecin lui-même peut être plus puissant que celui des médicaments."
" Le succès de la médecine, et jusqu'à un certain point celui de la chirurgie, repose en grande partie sur l'effet placebo. Fait étonnant, les ouvrages médicaux n'en parlent pratiquement pas."
" De même que les pèlerins à Lourdes ne peuvent bénéficier de discussions avec un rationaliste, les malades ne sont pas invités à suivre des conférences sur les placebos avant d'en recevoir un..."
" Le médecin incapable d'exercer un effet placebo sur son malade devrait se tourner vers l'anatomopathologie ou l'anesthésie..."
" La meilleure façon d'améliorer l'efficacité de n'importe quel traitement consiste à ne pas tenir compte des études contrôlées. Le médecin y gagne, le malade aussi ; seule la science en souffre."
Il existe un passage drolatique sur l'anesthésie sous acupuncture et comment il faut interpréter cet effet placebo.
Les auteurs soulignent à nouveau que l'on parle rarement de l'effet placebo dans les études de médecine : "... les médecins veulent nier l'importance de l'effet placebo : admettre son importance met en danger leur image et leur pouvoir."


Chapitre 2 : Sophismes en tous genres.

Ce chapitre est d'une épaisseur intellectuelle incroyable : tout y est. Il faudrait tout citer mais vous lirez le livre, je vous y engage. Les auteurs ne parlent pas de la fraude organisée mais "Prendre ses désirs pour des réalités, se fier à des préjugés, présenter des données de façon sélective, déformer les faits et se tromper soi-même sont autant de troubles dangereux : la maladie infectieuse dont ils relèvent est dépourvue de symptômes et on ne reconnaît pas d'emblée les porteurs sains."

Quelques sous-chapitres :

L'association confondue avec la cause : association causale, sophisme unidirectionnel, relation indirecte ou collatérale, cause nécessaire et suffisante, relation causale non temporelle
Le sophisme écologique (transposer à des individus des relations établies pour des populations entières)
Les résultats de substitution
Le faisceau de preuves
Le poids de la preuve
Le sonneur (ou le sophisme du faisceau)
L'argument d'autorité : "Le respect de l'autorité est le fondement même de l'enseignement médical" (tout ce qui a été écrit contre Harvey et Krebs), "Plus le niveau d'intelligence des personnes qui font autorité est élevé plus leur profession de foi risque d'être dénuée de sens" (l'exemple fameux de l'accueil favorable qu'ont reçu les preuves de Newton selon lesquelles les Prophéties de l'Apocalypse s'étaient réalisées...)
Tout le monde le dit
L'explication simple. Selon HJ Mencken "Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse."
Le projectile magique (la croyance immédiate dans l'efficacité des nouveaux médicaments)
Le mauvais sang
Risques relatifs, risques absolus. "La futilité de l'attitude qui consiste à trop prendre en compte les risques relatifs faibles peut être illustrée par une étude sur le tabagisme, la boisson et le cancer du sein. Des chercheurs ont montré que l'absorption d'alcool multipliait par deux le risque de cancer du sein, tandis que le tabagisme le diminuait de moitié. Cependant ils n'ont pas eu le courage d'aller jusqu'à proposer aux femmes harassées et déconcertées par ces résultats la conclusion inévitable suivante : si vous buvez, pour l'amour de Dieu, fumez aussi !"
Les extrapolations inappropriées
La moyenne dorée
Les essais aléatoires (randomisés)
Le sophisme de Beethoven
Les nouveaux syndromes
Signification non significative
Les statistiques post hoc
Les résultats "positifs" : "Les erreurs de type 1 sont plus graves que les erreurs de type 2, car il est plus difficile de publier une réfutation, un résultat 'négatif' que de corriger une erreur due à l'étude d'un petit échantillonnage"
Les erreurs du troisième degré (ou mauvaises applications des méthodes statistiques)
Le jargon. Voici ce que l'on pouvait lire dans le NEJM : "La diminution des performances de lactation, telle qu'elle apparaît dans les zones péri-urbaines des pays en voie de développement, a un effet anti contraceptif sur la communauté, augmentant le taux de natalité et la pression sur la population." Traduction : "La diminution de l'allaitement au sein dans les bidonvilles augmente le taux de natalité."
Les biais cachés. Ce sous-chapitre (pp 73-75) est passionnant. Voici ce que disait Bertrand Russell : "Même un article scientifique compétent sur les effets de l'alcool sur le système nerveux permettra généralement de savoir, grâce à des arguments internes, si l'auteur est sobre ou non ; dans chaque cas il a tendance à considérer les faits dans un sens qui justifie ses propres attitudes." (1)
L'effet Gold
Le silence. Cacher ses erreurs est une attitude habituelle commune chez les médecins. "Cette attitude est liée à la nature non scientifique de la médecine (McIntyre et Popper). En science les erreurs sont inévitables, puisque la science repose sur la conjecture et l'hypothèse, l'expérience et l'erreur. Au contraire, la médecine repose sur une tradition autoritaire : la vérité est vêtue d'autorité. Un médecin faisant autorité ne peut se tromper. Dans le cas contraire ses erreurs auront tendance à être couvertes afin de préserver le fondement même de l'autorité. C'est ainsi que l'éthique traditionnelle conduit à la malhonnêteté intellectuelle. Cela nous entraîne à cacher nos erreurs, tendance dont les conséquences peuvent être pires que celles de l'erreur elle-même."
L'expérience. La déduction par généralisation amène à faire des erreurs. parce qu'un médecin n'a pas dosé le PSA et que son patient en serait mort il se met à doser le PSA à tous ses patients.


Chapitre 3 : Diagnostic et étiquettes.

Ce chapitre est aussi foisonnant.
Pour ne pas lasser je vais me contenter de donner deux exemples :

"Une erreur de type 1 condamne un innocent, une erreur de type 2 acquitte un coupable. La maladie la plus fréquente, selon l'aphorisme de Karl Kraus, est le diagnostic."

Les non-maladies : ce sont des pseudo maladies : Meador en a trouvé 7 catégories et Dudley Hart 5. Exemple : les syndromes de contrefaçon, de limites supérieures et inférieures, des variations normales, des erreurs de laboratoire, d'interprétation radiologique, d'absence congénitale d'organes, de sur inteprétation des données physiques...
"Les non-maladies ont une caractéristique importante (...) : elles sont incurables."

Terminons aujourd'hui par ceci : "Comme le docteur Benway le remarque avec sagesse dans Le festin nu de William Burroughs : 'Dire que le traitement est symptomatique signifie qu'il n'y en a pas.'"

A suivre : LA.



(1) Appliquons cela aujourd'hui au cannabis.





(1940 - 1994)


James McCormick obituary (LA)

Une critique du livre : ICI.

mardi 13 décembre 2022

Calendrier de l'avent médical - Jour 13 (placebo)

Quelle est la molécule placebo que vous avez le plus prescrit dans votre carrière ? 

(ma réponse :

Sans aucun doute le tanganil (acetylleucine).
Mais Spasfon (phloroglucinol) n'est pas loin.

(J'ai honte)

Deuxième question : En prescrivant un placebo dites-vous au patient qu'il s'agit d'un placebo et bla bla bla ?

Jamais
Parfois
Assez souvent
Très souvent
Toujours


(ma réponse : j'ai évolué de jamais pendant très très longtemps à une fois sur deux).


Troisième question : pourriez-vous évoluer vers : Je ne prescrirai plus jamais de placebo ?


(ma réponse : je n'ai jamais pu y arriver complètement)


jeudi 6 janvier 2011

DOCTEUR 23 / DOCTEUR 33

Milan Kundera

Depuis lundi, les consultations pour adultes "valent" 23 euro. Et les visites à domicile pour adultes "valent" 33 euro.
Cela n'a rien changé à ma pratique.
Les consultations ne se sont pas allongées de 4,5 %
Les visites ne se sont pas allongées de 3,15 %
Ou l'inverse.
Le contenu de ma consultation, je veux dire, n'a pas pris 4,5 % d'intelligence en plus.
(Vous vous en seriez douté...)
Je n'ai rien eu à faire pour devenir un médecin à 23. Docteur du 16 égale 23. Mon logiciel s'est mis à l'heure automatiquement. Il a calculé la valeur des autres actes à 26 et à 28 euro. Pareil pour les tiers-payants.
On vit une époque formidable.

Je ne sais pas par quel bout prendre cet euro supplémentaire.
Un euro de plus ou un euro de moins ?
Quand j'aurai vu 23 patients j'aurai gagné une consultation gratuite.
Je remercie mes syndicats qui ont fait le boulot.
Je remercie les syndicalistes qui se crèvent toute l'année pour défendre mes intérêts alors que je ne fais jamais un geste pour eux sinon mettre mon bulletin dans l'enveloppe MGFrance avec autant de conviction qu'un opposant à Ben Ali met son bulletin dans l'urne...
Je m'égare.

On me dit que l'on peut, désormais, écrire Cs au lieu de C.
Cela me fait une belle jambe.
Je vous ai déjà dit ici que je ne voulais pas être spécialiste (et quelqu'un, ailleurs, un type bien, a dit que je n'étais qu'un enfant gâté).
Je veux rester un généraliste.
D'ailleurs, moi, je n'ai pas demandé ma qualification de spécialiste en médecine générale.
Je n'ai pas envoyé une demande au Conseil de l'Ordre.
Je suis resté chez moi. Dans mon quant à moi.
Je suis resté Minimir mais qui fait le minimum.
Bon à tout, bon à rien.
Je ne fais pas de trucs spéciaux pour améliorer l'ordinaire : pas de mésothérapie, pas de naturopathie, pas d'acupuncture, pas d'homéopathie. Je suis un allopathe à la con. Mes placebo sont des placebo ordinaires. Je n'ai pas besoin de sortir mon pistolet ou mes petites aiguilles ou mes granules : je prescris des placebo éprouvés, des placebo de derrière les fagots, des placebo qui peuvent, malgré tout, être des nocebo. Mais, bon, on ne se refait pas.

Je suis un médecin généraliste qui le revendique.
Peu importe que l'EBM ou Médecine par les preuves, s'appelle désormais, c'est un copain qui me l'apprend sur son blog, la Médecine Factuelle (c'est une idée, dit-on, des Québécois, qui s'y connaissent drôlement en traduction)... La Médecine Factuelle ? La Médecine du Facteur ? Je préfèrerais, cela me rappellerait ma jeunesse, la médecine d'Actuel et du regretté Jean-François Bizot, mais je crois surtout, pour nos amis médecins spécialistes qui considèrent les médecins Généralistes comme une variété dégénérée de l'officier de santé qui déçut tant, dans la région de Rouen, la belle Emma Bovary, donc, je reviens à la surface, la Médecine Artefactuelle, celle dont les publications n'existent que dans les rêves des spécialistes universitaires en médecine générale...
Pourquoi, là je ne plaisante plus, la Médecine par les Preuves, alias l'Evidence Based Medicine, ne peut être pratiquée QUE par les médecins généralistes ? Mais parce que leur cabinet est le seul endroit où des êtres humains entrent et, même, parfois, en bonne santé.
Peu importe ce que l'on met dans l'Evidence Based Medicine, il s'agit d'un questionnement, et ce questionnement est celui du patient qui vient consulter et les réponses que le praticien peut, dans les limites de ses connaissances et de l'acceptation de son patient / malade, trouver, sont le sel de la médecine générale.

Je m'arrête car cette envolée lyrique est sans objet.
La médecine par le kitsch est pourtant, on le voit tous les jours, ce qui est le plus pratiqué par mes amis généralistes non spécialistes, mes amis généralistes spécialistes et, bien entendu, par les spécialistes de tous poils qui hantent les hôpitaux, les cliniques et les cabinets privés.

Quant à moi, je pratique bien entendu la médecine à la kitsch parce que c'est le sens de la ligne de pente la plus facile et c'est comme cela qu'à la fin de la journée, fourbu, on se dit, comme un con : J'ai servi à quelque chose.

(Le kitsch dont je parle n'a pas pour définition celle de wikipedia mais celle de Milan Kundera ; pour l'attitude kitsch du médecin, je reprendrai une phrase, certes sortie de son contexte, mais, tellement signifiante, comme disent les "modernes" : "Le besoin de kitsch de l'homme-kitsch : c'est le besoin de se regarder dans le miroir embellissant et de s'y reconnaître avec une satisfaction émue." In : L'Art du Roman, Editions Gallimard.)

jeudi 10 janvier 2019

Les 124 contre l'homéopathie. Bilan 2018.

Il s'agit de deuxième degré

Peu importe que je n'aie pas signé la pétition pour des raisons que j'ai énoncées ICI, peu importe que la suite des événements m'ait conforté dans l'idée que ne pas l'avoir fait était un bon choix et peu importe que l'homéopathie soit une branche marginale de l'activité des médecins, ce qui est important c'est de souligner combien cette pétition a été (un peu) un pavé dans la mare et commence à bouger le système (avec des conséquences sur ses propres signataires).

J'ai lu la prose homéopathique et j'ai été envahi par une stupeur paralysante : le discours des homéopathes était d'une bêtise et d'une ignorance insondables. Je n'imaginais pas que des médecins puissent sortir de pareilles énormités et être aussi peu au courant des dernières données scientifiques concernant la discipline qu'ils pratiquent.

Il n'est pas certain que les lecteurs médecins non homéopathes du Quotidien du Médecin en sachent beaucoup plus.

J'ai aussi lu les justifications des homéopathes par rapport aux pratiques des autres médecins (on passe plus de temps avec les malades, on les écoute plus, bla bla, on fait faire des économies à l'Assurance maladie), elles m'ont semblé farfelues et peu convaincantes.

L'homéopathie est une doctrine holistique qui prétend tout traiter (certains homéopathes, car il ne faut pas généraliser, proposent le traitement de l'homosexualité et/ou du cancer du pancréas) avec des granules magiques et sans effets indésirables. L'homéopathie ne remet pas en cause la geste médicale de la prescription, le consumérisme, le paternalisme... et elle participe aussi de l'Eglise de préventologie.

J'ai lu le discours de non homéopathes universitaires et académiques défendant l'homéopathie  comme pratique empathique mais il y a bien des coiffeurs, des ongologues ou des esthéticiennes dans les services de soins palliatifs, pourquoi pas des homéopathes, du moment que cela permet d'en virer les oncologues ? Les arguments des Kierzek/Khayat m'ont paru bien faibles.

J'ai lu que certains doyens d'université préféraient que l'homéopathie continue d'être enseignée dans les universités par des médecins plutôt qu'à l'extérieur par des charlatans : il y a bien quelque chose de pourri au Royaume du Danemark.

J'ai suivi distraitement les plaintes des homéopathes contre certains signataires de la pétition même si j'ai plaint avec attention mes naïfs confrères confrontés à la vraie vie mais j'ai  été ravi de voir que la vraie nature du Conseil de l'Ordre des médecins apparaissait dans toute sa splendeur procédurière, réactionnaire, conservatrice, libérale, néo-libérale, corporatiste, cléricale, droitière, institutionnelle, lèche-bottes, paternaliste, et j'en passe, et qu'il était temps soit de décider de sa dissolution, soit de recentrer ses actions vers la défense exclusive de l'éthique de la profession vis à vis des intolérables intrusions de la société dans son fonctionnement et de la morale de ses membres vis à vis des tâches ontologiques de la profession médicale, à savoir prendre soin et ne pas nuire aux patients qui la consultent.



J'ai lu les arguments post tribune des 124 contre l'homéopathie et j'ai été saisi d'un vertige absolu. Pourquoi fallait-il qu'ils montrent autant d'ignorance sur "notre" propre médecine ? Pourquoi fallait-il qu'ils confondent systématiquement placebo et effet placebo dans le genre "L'homéopathie est un placebo" ? Pourquoi certains voulaient-ils ignorer l'effet placebo dans leur pratique quotidienne, en prescrivant une molécule et/ou une procédure ?, pourquoi certains autres ne se posaient-ils pas la question éthique de l'utilisation d'un placebo pur ou impur sans informer les patients ?
Pourquoi fallait-il qu'ils considèrent la médecine comme une science ? 
Pourquoi fallait-il qu'ils persistent dans l'erreur en ne s'informant pas ? 

J'ai ressenti avec effroi que les 124 et leurs compagnons de route avaient réinventé la formule : Il vaut mieux avoir tort avec les 124 que raison avec le reste du monde. On me dit dans l'oreillette qu'il y a des exceptions (je les connais pour les avoir lus ou entendus publiquement ou de façon privée).



Et il ne vaut mieux pas aborder les sujets qui fâchent comme l'extension du domaine de la lutte à des sujets mineurs comme les liens d'intérêts, le dépistage organisé du cancer du sein, la vaccination obligatoire, les dérives de l'oncologie, la télésurveillance des patients, un des 124 a écrit : Il suffit que vous écriviez une tribune et nous vous soutiendrons. La science tribunicienne devenant l'alpha et l'omega de l'évaluation en médecine.



Quoi qu'il en soit, les derniers soubresauts de l'HAS à qui l'intègre Agnès Buzyn a demandé son avis, éclairent les 124 sur le pourrissement infini du lobby santéo-industriel... Quand le pouvoir politique organisait des réunions "citoyennes" sur la vaccination obligatoire des nourrissons ou le dépistage organisé du cancer du sein et en manipulait les conclusions, personne ne mouftait, ou presque, mais quand l'HAS "enquête" en posant des questions orientées pour obtenir les réponses voulues, les 124 se réveillent de leur léthargique sommeil protestataire.

Et voilà qu'on lit ici ou là, de la part des 124, que l'HAS ne serait pas intègre, que l'HAS serait livrée aux conflits d'intérêts, que l'HAS serait le bras armé ou la courroie de transmission du pouvoir politique... Mieux vaut tard que jamais.

Finalement, cette Tribune est un bienfait : elle permet une prise de conscience sur le pouvoir absolu du lobby santéo-industriel, elle éclaire sur le rôle du Conseil National de l'Ordre des Médecins, elle souligne à nouveau l'incompétence corrompue de l'HAS, et elle ravive notre admiration pour Agnès Buzyn...

Espérons encore que les pharmaciens cesseront de vendre des vaccins homéopathiques contre la grippe, que les masseurs-kinésithérapeutes cesseront de pratiquer l'ostéopathie ou la chiropraxie, que les obstétriciens et les sages-femmes cesseront de faire redresser les crânes des nouveaux-nés par des ostéopathes... On peut toujours espérer...

Les difficultés rencontrées par les 124 pour, simplement, exiger que l'homéopathie ne soit plus remboursée, alors que tous les éléments scientifiques sont présents, donnent le vertige : combien de temps faudra-t-il pour obtenir l'esquisse de l'esquisse d'un mouvement contre les pratiques académiques liées à l'Empire des industries du médicament et du matériel et ses suppôts médecins ?




samedi 19 mars 2022

Bilan (partiel) de la semaine entre le lundi 14 mars et le samedi 19 mars 2022

Chien-Chi Chang ©️ Magnum Photos

 


Les semaines se suivent et se ressemblent.

Les critères de substitution restent des critères de substitution dans les essais cliniques, en oncologie comme ailleurs,

Bel article dans le JAMA (ICI) sur le fait que prendre comme critère dans les essais cliniques en oncologie, Progression Free Survival (PFS) ou en français (Survie Sans Aggravation/Progression), conduit à des biais importants.

Rappelons qu'en cancérologie les deux critères principaux devraient être la Survie Globale et/ou la Qualité de Vie.

Les auteurs rapportent qu'environ 50 % des molécules approuvées par la FDA et par l'EMA montraient une amélioration de la Survie Globale et/ou de la Qualité de Vie (mesurée avec une échelle validée)

Le sur diagnostic est un des problèmes majeurs de la médecine actuelle : mille repetita placent.

Une étude taïwanaise (ICI) sur le dépistage des cancers du poumon chez des femmes fumeuses et non fumeuses (rappelons que 15 % des cancers du poumon surviennent chez des non-fumeurs) montre un sur diagnostic massif. 

Les études vaccin Covid vs placebo montrent un nombre considérable d'événements indésirables dans le groupe placebo !


Une analyse US (LA) menée partir de 12 articles sur plus de 20 000 patients dans chaque groupe (vaccin et placebo) montre qu'après la première dose et la deuxième dose de placebo 35,2 et 31,8 % des sujets rapportaient des événements indésirables systémiques. 

Mais : il y en avait significativement plus dans le groupe vaccin.

Cette analyse devrait entraîner plusieurs conséquences : 1) l'accueil dans les centres de vaccination doit  mieux prendre en compte cet effet nocebo de la vaccination ; 2) les sujets qui présentent des événements indésirables ne sont pas des demeurés ; 3) prévenir les sujets est important.


Hors sujet : le Pritzker Price 2022 attribué à un Burkinabé, Francis Kéré




Running gag chez Prescrire : chez les jeunes enfants de moins de deux ans en cas de douleur et fièvre il faut préférer le paracétamol à l'ibuprofène.

Voir LA pour les non abonnés et... les abonnés.

Certaines molécules qui ont obtenu une approbation accélérée en oncologie et qui n'ont pas prouvé plusieurs années après qu'elles satisfaisaient à des critères d'efficacité...

... sont toujours sur le marché, avec les mêmes indications et sans tenir compte des études négatives.

Etonnant, non ? Voir LA.


Omicron vs Delta

Une étude anglaise (LA) montre qu'Omicron réduisait de 50 % (risque relatif, je n'ai pas pu calculer la diminution du risque absolu) le risque d'hospitalisation et de 69 % le risque de décès, comparé à delta.

Les auteurs ont stratifié par âge mais ne parlent jamais du risque absolu...

Les conclusions sur la protection comparée par les infections antérieures et/ou les vaccins sont difficilement exportables en France car de nombreux sujets ont été vaccinés par le vaccin Astra Zeneca.

The 80% overall reduction in the intrinsic risk of death that we estimate for omicron infection compared with that of delta will make the goal of living with COVID-19 in the absence of socially and economically disruptive public health interventions substantially easier to achieve at the current time. 

Les sujets les plus à risque de formes graves du Covid sont, étonnamment, 

Selon une étude de la DREES (ICI) les sujets les plus à risque de formes graves du Covid sont :

  1. Les plus jeunes âgés
  2. Les femmes hommes
  3. Les plus riches pauvres
  4. Les travailleurs intellectuels manuels et de certaines professions.
  5. Les habitants des logements les plus grands petits par rapport au nombre d'occupants
  6. Les habitants des logements sociaux
  7. Les hommes nés en France en Afrique.
  8. Les hommes nés en France en Asie
Le biais évident est le suivant : nous avons vu la semaine dernière (LA) que les non vaccinés appartenaient peu ou prou à ces mêmes catégories.

Mais ce peut être considéré comme une confirmation : le darwinisme social existait avant le Covid. S'il faut mettre le paquet sur la protection de la population tout entière (mesures barrières et vaccination ciblée) pour lutter contre le Covid, il faut mettre le paquet sur la réduction des inégalités. On verra cela dans un millénaire.

La quatrième dose contre Omicron ne semble pas très efficace en population générale : selon un article du NEJM

ICI Une étude israélienne non contrôlée (non randomisée)

Prescrire des IPP en cas de maux de gorge persistants ne sert à rien.

Voir ICI Un avis du NIHR.

Une étude contrôlée IPP vs placebo a inclus 346 patients présentant des maux de gorge (toux, gêne, sensation de corps étranger) explorés et sans étiologie claire depuis au moins 6 semaines. La durée de l'essai était de 16 semaines. Une évaluation des symptômes et de la qualité de vie été faite à 16 semaines et à un an. Les symptômes et la qualité de vie ont été améliorés dans les 2 groupes sans différences inter groupes, que les symptômes initiaux soient légers ou sévères à l'inclusion, que les patients soient fumeurs ou non, et cetera.

Un guide québécois des biais cognitifs.



Le truc est vraiment bien foutu pour s'initier, pour creuser ou pour lire.


Et je ne vous ai pas parlé de : 

  1. L'EBM est condamnée : par les médecins qui n'y croient pas et par les industriels qui ont confisqué les essais cliniques à leur profit. ICI  
  2. Dans le mésothéliome pleural malin, nivolumab seul ou associé à l'ipilimumab augmentent la survie globale de 4 mois ! On peut en discuter ? LA
  3. Grâce à Hervé Maisonneuve on apprend de Erik Turner (ICI) que sur 30 essais concernant les antidépresseurs les 15 publiés étaient favorables aux molécules et, parmi les 15 autres, négatifs, 6 n'ont pas été publiés et 2 autres étaient "trompeurs". Mais l'auteur constate une amélioration par rapport : ente 1987 et 2002, seuls 11 % des essais avaient été publiés. 

La semaine prochaine : pas de bilan : vacances.

Plein soleil (1960) René Clément


Dernière minute : grand chelem !




dimanche 12 janvier 2014

Les dangers de l'utilisation d'un placebo (bis, ter, quater repetita). Histoire de consultation 159.


Monsieur A, 46 ans, a été opéré de son rachis lombaire au décours d'une défenestration accidentelle et avinée il y a déjà trois ans. Il marche désormais avec une béquille, est en invalidité, suit des séances de kinésithérapie et combat son addiction avec succès et sans baclofène.
Il lui arrive d'avoir des "blocages"douloureux de son rachis lombaire accompagnés de spasticité des deux membres inférieurs qui "passent" volontiers avec une corticothérapie ponctuelle et des antalgiques codéinés dont je me méfie en raison d'un autre passé addictif.
Cet homme est intéressant au sens où les discussions que nous avons ensemble au cabinet indiquent une intelligence supérieure à la normale, nonobstant le fait qu'il n'a pas fait d'études supérieures et, peut-être, grâce au fait qu'il n'a pas fait d'études supérieures. Avant son accident il était grutier.
L'autre jeudi, mon jour de congé, il a appelé le cabinet car il souffrait atrocement de douleurs lombaires depuis la veille et mon associée a proposé de le voir mais il a refusé.
Le samedi il m'a appelé pour me dire qu'il allait mieux.
Il m'a raconté qu'il avait contacté "son" chirurgien qui lui a dit de passer à la clinique où il avait été opéré (à environ 40 kilomètres de son domicile). Son frère l'y a emmené (sans bon de transport).
Lui : J'ai été soulagé immédiatement.
Moi : Qu'est-ce qu'ils vous ont fait ?
Lui : Ils m'ont perfusé un nouveau produit, m'a dit le docteur B. Cela a marché au bout de deux heures...
Moi : Un nouveau produit ?
Lui : Oui. Il faudra que vous lui demandiez ce que c'est pour la prochaine fois que cela m'arrivera. Car cela fait un sacré déplacement. 
Moi (prudent) : Il peut s'agir de produits hospitaliers...
Quelques jours après, Monsieur A a pris rendez-vous au cabinet et nous reparlons de son cas.
Il marche comme avant sa crise, c'est à dire lentement, avec précaution, une seule canne, mais il est venu à pied et il a marché environ 1500 mètres sans pratiquement s'arrêter.
Lui : Vous avez téléphoné au docteur B ?
Moi : Oui.
Lui : Il vous a donné le nom du produit ?
Moi : Oui.
Lui : Alors ?
Moi : Alors, ben, c'est un produit que l'on ne peut utiliser en ville. C'est embêtant.
Lui : Le docteur B ne peut pas vous le fournir ?
Moi : C'est compliqué.
Vous avez deviné de quoi je veux parler. J'ai appelé le docteur B qui m'a répondu goguenard qu'il avait perfusé du sérum américain... 
Moi : Vous me placez dans une situation difficile.
Lui : Oui, mais je l'ai soulagé.

J'ai déjà évoqué plusieurs fois le problème de l'utilisation des placebos en médecine. Notamment ICI où j'en soulignais les dangers pour le patient et pour le médecin.
J'ai eu l'occasion de défendre mon point de vue sur différents forums ou blogs et il m'a semblé que l'opinion générale des intervenants (je ne parle pas des autres) ne m'était pas favorable.
Voici un exemple de billet de blog sur farfadoc (LA) et les commentaires.

Pour provoquer, je dirais ceci (tout en ayant précisé qu'il m'arrive encore sciemment de prescrire des placebos à mes patients, depuis du tanganil dans des vertiges qui seraient "passés" tout seuls jusqu'à des antibiotiques dans une bronchite virale particulièrement cognée, personne n'est parfait et personne ne peut résister, tout le temps, à la pression du patient qui veut un traitement, mais disons que je me soigne lentement, je ne suis pas si autoritaire que cela à mon égard, je tente de me calmer) : l'utilisation consciente d'un placebo est, très simplement, une manifestation subtile (mais parfois brutale) du paternalisme médical. Dernier point : il ne faut pas confondre l'effet placebo et l'utilisation d'un placebo.

(illustration : chaman amazonien)

mardi 11 février 2020

Quelques bonnes résolutions de médecine générale pour 2020.



Il s'agit d'un pêle-mêle, aucune logique, aucun classement d'importance. Vous êtes les bienvenus pour ajouter des numéros. Ces injonctions s'adressent à tout le monde mais surtout à moi-même. Elles ne sont pas un objectif inatteignable mais une possible ligne de conduite en fonction des situations. Elles ne sont pas ce que je fais actuellement, ce sont des pistes, des voeux pieux. Et je n'y arriverai pas. Une to-do list en fond d'horizon. Une liste à la Prévert.

  1. Ne plus recevoir la visite médicale dans l'enceinte de son cabinet, dans les couloirs de son cabinet, dans les lieux de soin en général.
  2. Ne plus rédiger de prescriptions de transport quand il s'agit d'un rendez-vous ou d'un examen complémentaire dont on n'est pas l'initiateur (en sachant qu'il est plus facile pour le MG que pour le prescripteur de connaître le véritable état du patient dans son entier). 
  3. Toujours envisager la décision partagée comme une option prioritaire dans n'importe quelle démarche de soins. 
  4. Ne plus prescrire de radiographies pulmonaires pour un rendez-vous de pneumologie sans prescription du pneumologue.
  5. Ne plus prescrire de prolongation d'arrêt de travail au décours d'un passage aux urgences où un premier arrêt de 24 ou 48 heures a été prescrit en disant "Allez voir votre médecin traitant".
  6. Ne plus rédiger de courrier pour un/une patient.e qui vient en disant "J'ai pris rendez-vous chez le dermatologue pour mes verrues (mes boutons), il me faut une prescription (sic)"
  7. Ne plus adresser un courrier chez un spécialiste d'organe en bâclant la rédaction dudit courrier.
  8. Ne plus adresser un patient aux urgences sans avoir rédigé (et au mieux : tapuscritement) un courrier de qualité expliquant les tenants et les aboutissants de la demande et les antécédents utiles.
  9. Ne plus prescrire un seul examen complémentaire dont on ne sache quoi faire après l'avoir lu et renseigné (genre faire un #DocTocToc ? sur twitter)
  10. Ne plus lire du tout les résultats des examens périodiques de prévention (bien qu'il arrive que l'on découvre quelque chose).
  11. Ne plus prescrire un examen complémentaire de façon préventive et/ou juridique.
  12. Dé prescrire les laits de croissance.
  13. Ne plus prescrire a posteriori de produits délivrés par le pharmacien "parce que je n'ai pas pu avoir de rendez-vous", a fortiori si les molécules sont dangereuses, inefficaces ou non pertinentes.
  14. Refuser toute invitation à une Formation Médicale Continue sponsorisée par l'industrie.
  15. Refuser toute invitation à une Formation Médical Continue (cf. point précédent) organisée par l'hôpital où aucun médecin généraliste indépendant n'apparaît dans le programme.
  16. Examiner chaque ordonnance et tenter, presque à chaque fois, de comprendre le pourquoi et le comment et envisager de dé prescrire.
  17. En prescrivant dans une situation clinique, se demander ce qu'en penseraient, s'ils étaient derrière votre épaule en train de vous regarder écrire, les collègues que vous respectez et avec qui vous aimez partager vos valeurs et vos préférences.
  18. En parlant à un malade "difficile", se demander ce qu'en penseraient, s'ils étaient dans la pièce, invisibles, les personnes que vous aimez et auxquelles vous tenez.
  19. Tenter de ne plus prescrire un placebo en ne disant pas au patient qu'il s'agit d'un placebo et que, parfois, cela peut s'avérer efficace.
  20. Tenter de ne plus jamais prescrire un placebo, qu'il s'agisse d'un placebo impur (des antibiotiques dans une angine virale ou dans une bronchite du sujet jeune non compliquée) ou pur (une molécule qui n'a pas encore fait la preuve de son efficacité : maxilase, spasfon).
  21. Prendre en compte les effets indésirables des médicaments sans les minimiser et tenir compte du ressenti du patient vis à vis de ces effets : lui laisser le choix.
  22. Ne pas remplacer, c'est un exemple, un IPP par un autre IPP, en laissant croire au patient qu'il est plus fort, mais reconsidérer a) le diagnostic, b) la pertinence de la prescription et c) recommencer l'interrogatoire
  23. Ne pas accepter l'incertitude de la médecine générale et demander plus d'examens dont l'interprétation serait plus le fait d'un spécialiste d'organe que de vous.
  24. Ne pas anticiper (pour faire le malin) la prescription d'examens complémentaires spécialisés avant d'adresser le patient à un spécialiste d'organe : c'est lui qui sait le mieux quels sont les examens pertinents à demander et où les faire réaliser.
  25. Ne pas accepter l'incertitude la médecine générale dans une pathologie dont la certitude du diagnostic n'entraînera aucune conséquence en termes de traitement ou d'évolution.
  26. Envisager toujours que la prescription d'un examen complémentaire a des conséquences (cf. supra) qui peuvent bouleverser la vie du patient ou l'impacter pour sa vie entière.
  27. Annoncer un diagnostic, c'est à dire un état, une condition, sans envisager ce que sera, pourrait être, la réception du patient, et considérer que cela exige toujours de la prudence, du tact et de la lenteur, même si le diagnostic est "bénin".
  28. Eviter d'envisager un diagnostic et d'en faire part au patient sans disposer de preuves sérieuses, car il s'agit d'une situation éminemment anxiogène.
  29. Envisager que la réception d'un diagnostic par un patient et son entourage, même une "petite" hypertension, c'est un exemple, est toujours un choc lié aux valeurs, croyances ou préférences sociétales ou personnelles concernant la maladie ou le symptôme.
  30. Ne pas oublier que la faculté de médecine encourage les médecins à commettre une erreur de type 1, et donc à créer une non maladie, plutôt qu'une erreur de type 2, c'est à dire à passer à côté d'une véritable maladie. Une erreur de type 1 condamne un innocent, une erreur de type 2 acquitte un coupable (Skrabanek P. Idées fausses, idées folles en médecine)
  31. Ne pas donner d'informations à une patiente dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein, par exemple sous prétexte que le choix de participer au dépistage, aurait déjà été fait par la patiente en se présentant au cabinet avec l'imprimé.
  32. Ne pas donner d'informations à un.e patient.e dans le cadre du dépistage organisé du cancer du colon, sous prétexte que le choix de participer au dépistage aurait déjà été fait par le/la patient.e en se présentant au cabinet avec l'imprimé.
  33. Ne pas donner de formulaires de conseils "tout faits" à un patient dyslipidémique mais lui commenter soi-même et, au mieux écrire, les "conseils" adaptés à sa condition.
  34. Ne pas donner de formulaires de conseils "tout faits" à un patient diabétique mais lui commenter soi-même et, au mieux écrire, les "conseils" adaptés à sa condition.
  35. Et cetera pour les autres conseils.
  36. Considérer toujours que lorsqu'un patient revient et qu'il n'a pas compris les explications et les conseils que vous lui avez fournis lors de la précédente consultation ce n'est pas parce qu'il est un demeuré, un crétin, un bas de plafond, mais c'est parce que les explications que vous lui avez données n'étaient pas adaptées au patient que vous aviez en face de vous et que vous étiez, ce jour-là, un demeuré, un crétin, un bas de plafond...
  37. Penser que les consultations longues sont le plus souvent inefficaces en termes de réception, d'écoute, de mémorisation et d'appropriation. Elles font plus plaisir au médecin qui pense "avoir fait le boulot" qu'au patient, désorienté par tant d'informations.
  38. Penser qu'il vaut mieux, sauf urgence, proposer trois consultations de 15 minutes avec un seul objectif de consultation à une consultation de 45 minutes (cf. supra).
  39. Se rappeler qu'une consultation signifie un message, pas deux, pas trois. Et qu'il faut noter pour la prochaine consultation ce que l'on a déjà dit et ce que l'on a oublié de dire.
  40. Toujours laisser le choix des moyens de la contraception à la jeune fille/jeune femme/femme/ personne qui consulte sauf contre-indications médicales avérées après l'avoir informée.
  41. Ne pas négliger le fait que lors d'une première consultation de contraception la personne en face de vous en sait généralement beaucoup moins qu'elle ne le croit et le laisse penser et que vous pensez qu'elle sait : informer, expliquer, insister, répéter. Et si elle est très informée, c'est vous qui apprenez des choses.
  42. Refuser de prescrire/re prescrire des semelles orthopédiques qui ne servent à rien.
  43. Ne pas remettre à demain la lecture du dernier numéro de Prescrire parce qu'on n'y apprend plus grand chose et qu'on connaît la musique de la rédaction.
  44. Ne pas faire de morale avec les patients. La médecine n'est pas morale.
  45. Ne pas faire de morale avec les patients : se méfier de l'éducation thérapeutique qui est souvent de la morale déguisée.
  46. Ne pas faire de morale avec les patients : se méfier de l'entretien motivationnel qui est souvent de la morale déguisée.
  47. Ne pas faire de morale avec les patients : se méfier quand on est peu bavard, c'est souvent (aussi) de la morale déguisée.
  48. Ne pas cacher ses conflits d'intérêts aux patients. Si un patient demande un sevrage (tabac, alcool, cannabis, et cetera) il est nécessaire a) de ne pas lui mentir sur vos consommations, b) de na pas vous mettre dans la posture du mek.e malin qui 1) n'a jamais fumé, bu, consommé (un sur homme/ une sur femme) ou qui, à l'inverse, 2) est un surhomme/une sur femme qui a arrêté ou 3) sait contrôler sa situation.
  49. Ne pas parler de soi aux patients (cf. supra) sauf si cela peut interférer supposément bien dans votre relation thérapeutique (cf supra).
  50. Ne pas parler de soi aux patients car cela induit des situations de proximité qui pourraient  être préjudiciables aux patients et aux médecins. S'en tenir à : "Etre proche et distant".
  51. Tenter régulièrement (une fois pas semaine, par quinzaine, par mois) de s'atteler à une thématique médicale pour laquelle on n'est pas à l'aise, prendre le temps de "faire" la littérature pour ne pas mourir ignorant.
  52. Essayer de ne pas essayer une nouvelle thérapeutique que l'on connaît mal sous prétexte de faire hype ou le malin.
  53. Toujours s'assurer dans le cas d'une maladie chronique que le malade a compris les enjeux de tous les soins qui lui sont prescrits et/ou prodigués et qu'il les accepte.
  54. Toujours envisager, dans le cas d'une maladie chronique, que le/la patient.e ne mène pas la même vie que vous, ne mènera pas la même vie que vous parce que a) il ou elle n'est pas vous, b) qu'il ou elle ne partage pas vos valeurs et vos préférences, c) que les valeurs et les préférences d'une personne non malade ne sont pas les mêmes que celles d'une personne malade, d) parce que l'idée que vous avez a priori des valeurs et des préférences du patient que vous avez en face de vous dépendent de vos propre valeurs et préférences et, enfin, e) que tout peut changer avec le temps.
  55. Toujours envisager que les effets indésirables d'un ou de médicaments en regard des bénéfices espérés sont une affaire personnelle de la personne qui reçoit le ou les médicaments. Et que cela peut changer avec le temps.
  56. Refuser de penser que les normes s'appliquent à tout le monde sans exception.
  57. Ne plus prescrire de panoramique dentaire à la place d'un chirurgien-dentiste qui a demandé au patient de demander au médecin traitant de le faire.
  58. Dire aux patients qu'ils peuvent changer de kinésithérapeute si les séances se réduisent à la pose d'électrodes.
  59. Mieux se former aux techniques d'auto kinésithérapie pour rendre les patients actifs et autonomes dans leur prise en charge fonctionnelle et douloureuse. Les lombalgies, c'est pour la vie.
  60. Cesser d'adresser des patients aux centres anti douleurs pour se débarrasser d'une patate chaude.
  61. Avoir, dans chaque spécialité d'organe, un référent, même si hors zone, pour ne pas trop faire de bêtises a priori et pour raccourcir les réflexions existentielles sur les conduites à tenir.
  62. Avoir des correspondants, autant que faire se peut, dont on partage les conceptions de la médecine.
  63. Etre raisonnable dans ses ambitions thérapeutiques et dans sa démarche d'information sur la santé.
  64. Relire chaque ordonnance à haute voix pour expliquer, expliquer encore, et s'assurer que le patient a bien compris l'intérêt de chaque médicament.
  65. Eviter de prescrire des anti-émétiques dans les gastro-entérites : ça ne sert pas à grand chose et ça peut être dangereux.
  66. S'imposer une limite pour le nombre de patients vus chaque jour, quelles que soient les circonstances.
  67. Considérer avec suspicion les recommandations qui sont le plus souvent biaisées, influencées par des conflits d'intérêts qui ne sont pas seulement financiers, et les confronter à la personne qui est en face de soi dont la demande ne s'intègre pas automatiquement (âge, autonomie) dans le champ de ces recommandations.
  68. Commencer par suivre les recommandations qui sont certainement meilleures que nos avis personnels fondés sur des biais de confirmation et sur une absence d'analyse objective de nos pratiques.
  69. Essayer de participer à un groupe de pairs ou essayer de ne pas abandonner celui dans lequel on est engagés : la conversation, le mot est choisi à dessein, car il peut s'agir d'une conversation socratique, scientifique, amicale, confraternelle, est toujours profitable dans le sens d'échanges d'idées et de portes ouvertes sur des pratiques que l'on ne connaît pas.
  70. Se méfier du fait que les groupes de pairs sont parfois aussi des chambres d'enregistrement de connaissances non éprouvées et d'a priori peu démontrés, une reconnaissance erronée par ses pairs que ce qu'on fait, "c'est pas si mal".
  71. Essayer de parler de ses erreurs à un confrère pour ne pas les réitérer ou pour obtenir du soutien ou pour tenter de changer ses pratiques avec profit. 
  72. Ne pas changer ses pratiques en raison de ce que l'on considère comme une erreur : par exemple reposer systématiquement le PSA après être "passé à côté" d'un cancer de la prostate. Biais de confirmation.
  73. Ne pas oublier de prescrire une psychomotricienne quand c'est nécessaire.
  74. Ne pas remplir les documents destinés à l'école, au collège ou à l'administration "par dessus la jambe" car cela donne une mauvaise image des aides demandées, de la crédibilité des professionnels de santé (projet d'accueil individualisé, par exemple) et des personnels de l'éducation nationale.
  75. Ne pas, ne plus considérer, qu'un patient qui demande le princeps et ne veut pas de génériques est un crétin attardé manquant d'iode.
  76. Ne jamais oublier qu'un traitement symptomatique n'est pas un traitement.
  77. Ne pas prescrire un médecin spécialiste de façon générique.
  78. Essayer de refuser des patients quand on est fatigué et/ou las.
  79. Savoir passer la main au bon moment, pas au moment trop tardif où on n'y arrive plus.
  80. Ne pas rejeter un.e patient.e parce qu'il a regardé internet : s'appuyer sur ce qu'il a lu pour appuyer son discours.
  81. Savoir dire "Je ne sais pas" et tenter d'en faire profiter le/la patient.e
  82. Ne pas remplir un dossier de MdPH par dessus la jambe mais ne pas le remplir sans savoir pourquoi il est rempli.
  83. Savoir informer le patient sur ce que signifie la reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH)
  84. Envisager toujours une visite de pré reprise chez le médecin du travail, dans les pathologies ad hoc, pour qu'il ou elle soit informé.e et que la reprise du travail ne soit pas "sauvage"
  85. Prévenir les patient.e.s que les experts de la CPAM désignés sur listes sont le plus souvent (#PasTous) des chiens chiens de ladite CPAM et qu'ils considèrent le plus souvent les expertisé.e.s comme de la sous merdre en boîte
  86. Eviter de faire le malin en diagnostiquant une bronchite alors qu'il s'agit d'une rhino-pharyngite : cela permet d'éviter une discussion inutile sur le besoin de non prescription d'antibiotiques.
  87. Eviter de dire à un patient, "votre traitement, c'est pour la vie".
  88. Ne jamais oublier, dans un processus de dépistage, quels sont les 10 pré-requis d'un bon dépistage : voir LA
  89. Ne jamais éluder le fait que les patient.e.s les plus fragiles sont celles ou ceux dont les conditions socio-économiques sont les plus précaires et que c'est avec eux/elles qu'il faudrait passer le plus de temps
  90. Ne pas se gargariser avec la science en médecine et le fait que les médecins dans la pratique, vous et moi, seraient des scientifiques : ""La médecine n'est ni art ni science. C'est au contraire une discipline empirique, fondée sur des talents diagnostiques et thérapeutiques, aidée par la technologie, c'est à dire l'application efficace de la science." 
  91. Eviter de mentir à ses patient.e.s, surtout si elles ou ils sont en bonne santé, surtout si c'est pour la bonne cause
  92. Ne pas croire sur parole les experts et ne pas faire de complexe d'infériorité, surtout en cas de nouveaux traitements dont la validation est encore problématique.
  93. Penser a priori que les spécialistes en savent beaucoup plus que nous dans leurs spécialités respectives ne nous épargne pas la nécessité d'exercer notre esprit critique et d'évaluer la faisabilité pour le patient que nous avons en face de nous.
  94. Ne pas oublier que les malades meurent aussi.
  95. Le secret médical doit être notre préoccupation constante.
  96. Ne pas participer au programme Sophia pour le diabète : c'est nul, c'est de l'argent gâché et ça dissipe de l'énergie et des ressources...
  97. Eviter de médicaliser un.e patient.e qui consulte pour la première fois pour une "angine".
  98. Toujours s'interroger sur la pertinence des conseils de prévention chez une personne "en bonne santé".
  99. Répondre aux attentes d'une personne "malade" est un devoir, anticiper les attentes d'une personne "en bonne santé" peut être problématique : la bonne santé est la version scientifique du bonheur.
  100. Etre désagréable avec un.e patient.e est la meilleure façon de le/la fidéliser : rester aimable.
  101. Résister à l'idée de montrer des photographies de sa famille dans son cabinet (cf. 49 et 50), cela pourrait polluer votre famille.
  102. Ne pas hésiter à écrire un mot à l'assistante sociale du patient quand on ne comprend pas les enjeux économiques des prescriptions d'arrêts de travail (par exemple).
  103. Ne pas pester a priori contre les patients qui consultent avec une "liste de plaintes". Le principe de la médecine générale est de recevoir des patients qui consultent pour plusieurs pathologies lors de la même consultation. Le rôle du médecin généraliste est de les regrouper, de les hiérarchiser et de proposer des solutions sur le moyen terme.

Je me rends compte que ce catalogue est d'un cul cul terrible.

Je pourrais continuer à l'infini.

On comprend le burn-out des médecins généralistes.

En italique, et à partir du numéro 96 des idées d'ami.e.s

vendredi 1 mai 2015

Faut-il interdire la domperidone ?












Le billet de Dominique Dupagne, que je vous invite à lire ICI, pose plusieurs questions médicales, industrielles et idéologiques qui vont bien au delà du problème de la molécule elle-même.

Il faut d'abord dire que ce billet présenté sous la forme d'un questionnement fictif est avant tout un plagiat.

Plagiat d'un article de Marc Girard que vous pouvez lire LA.
Si j'avais le temps et l'intérêt de surligner les "doublons"vous seriez surpris du résultat.

La domperidone est une molécule peu active dont le Service Médical Rendu est soit modéré (soulagement des symptômes de type nausées et vomissements), soit insuffisant dans toutes ses autres indications.

Voici donc quelques réflexions qui mériteraient chacune de longs développements.
  1. Qu'est-ce qu'une publication ou une "recommandation" de la Revue Prescrire ? Est-ce qu'une revue de littérature de la Revue Prescrire a la même valeur prescriptive qu'une méta-analyse de la Collaboration Cochrane ? Marc Girard a répondu sur le point de la valeur scientifique d'une publication en interne dont les tenants et les aboutissants, c'est à dire les validités intrinsèque et extrinsèque sont pour le moins floues et franchement liées à une expertise a priori, avis d'expert, qui serait ici la Revue Prescrire elle-même. J'ajouterai ceci (et je précise, je déclare mes liens d'intérêt,  que je suis abonné à la Revue Prescrire, que j'en suis parfois relecteur) :  la Revue Prescrire m'a apporté, elle continue de m'apporter, de moins en moins car cela ronronne sec, un éclairage pertinent sur ma façon de prescrire en médecine générale... (Je ne développe pas non plus les critiques qui peuvent être faites sur la Collaboration Cochrane mais il faut se rappeler que l'esprit critique est indispensable même et surtout quand il s'agit d'institutions). Dans le cas présent la Revue Prescrire publie un communiqué de presse (ICI) à partir d'un article édité dans un journal de pharmacoépidémiologie (LA) signé par Catherine Hill et 5 autres personnes (relevons, dans le cadre de la transparence, que le communiqué de presse ne mentionne pas que l'un des signataires, PN, est un abonné de la revue et qu'un autre, BT, en est le directeur éditorial) et, en lisant entre les lignes, demande d'abord le déremboursement, puis, sans doute, l'interdiction de la molécule. La méthodologie de l'étude même pose problème. J'ai déjà signalé (LA), mais les interprétateurs étaient différents, à propos d'un rapport de l'ANSM sur les glitazones, que les bases de données utilisées (celles de la CNAM) étaient pour le moins peu pertinentes et que la robustesse des donnée était pour le moins farfelue. Voir le rapport ICI.
  2. Faut-il interdire des molécules commercialisées depuis plusieurs dizaines d'années ? La question peut paraître sotte si on ne la considère que sous l'aspect des effets indésirables et, plus généralement, du rapport bénéfices/risques. Si les effets indésirables sont graves et/ou le rapport bénéfices/risques défavorable (les effets de la domperidone sont pour le moins modestes), où est le problème de les retirer du marché ? Il y a 4 interrogations en réalité : (a)  : Comment se fait-ce que l'on ne s'en soit pas rendu compte avant ? Est-ce lié à la sous déclaration des effets indésirables ? Est-ce lié à un mésusage ? Est-ce lié à des doses aberrantes ? Est-ce lié au fait que cela n'est pas vrai, tout simplement ? ; (b) : Ne s'agit-il pas d'une manoeuvre de big pharma pour laisser passer au bon moment des informations qu'elle avait tues jusqu'à présent ou fournir de fausses informations alarmantes dans le but, dans les deux cas, de promouvoir d'autres produits, plus récents, moins étudiés, et dix fois plus chers ? ; (c) : N'y a-t-il pas un danger de transferts de prescriptions vers des molécules encore moins sûres ? ; (d) Est-ce que le fait que certains malades, même quelques uns, puissent vraiment en bénéficier suffit à ce que le retrait ne soit pas prononcé (tout en sachant que la preuve de ce besoin exclusif pour certains patients soit affirmée) ?
  3. Si ce que prétendent Hill et coll est vrai, le scandale du Mediator, c'est de la gnognote par rapport à celui de la domperidone. 231 morts en une seule année (2012) ! Qui dit mieux ? Il faudrait prendre des mesures urgentes alors que le plus souvent la domperidone est prescrite dans des indications mineures et de confort. Nous ne parlons pas des nausées/vomissements induits par la chimiothérapie (ça marche peu) ou des vomissements prolongés de la grossesse (ça marche pas beaucoup mieux) mais des vomissements dans les gastroentérites où la situation clinique est la plus souvant hyper gênante mais ne met pas le pronostic en jeu (sauf chez les nourrissons où les solutés de réhydratation...), sauf chez les personnes âgées où là, justement, les risques d'accidents électriques cardiaques sont les plus importants en raison de la déshydratation, des pathologies et des médicaments associés.
  4. Rappelons également pour mémoire l'affaire prepulsid/cisapride retiré du marché américain le 14 juillet 2000 par la firme Janssen et du marché français le 3 mars 2011. La molécule était en particulier "indiquée" chez l'enfant de moins de 3 ans et utilisé larga manu par les pédiatres dans le cas de reflux gastro-oesophagien alors qu'une publication Cochrane indiquait que son efficacité n'avait pas été démontrée (LA). Cette affaire était exemplaire de la mécanique big pharmienne de promotion dans le cadre du phénomène général de disease-mongering : dossier d'évaluation sans preuves ; promotion intense en amont de l'AMM ; mise en avant de la "gravité" de l'affection chez les "petits" ; AMM obtenue avec des restrictions ; promotion intense en aval chez les pédiatres et les médecins généralistes pour élargir la cible promotionnelle (c'est à dire prescrire chez des sujets non identifiés refluant) ; persuader les médecins que "ça" marche dans leur expérience interne et rendre le médicament "indispensable". La crainte de procès a fait le reste.
  5. Faut-il publier des listes positives ou des listes négatives de médicaments ? La Revue Prescrire a choisi la deuxième solution (voir LA). Indépendamment de la question de fond (l'interdiction, au bout du compte), est-ce que cela marche ? Il serait intéressant de regarder la courbe des ventes des 71 molécules jugées inutiles ou dangereuses par la revue. J'en suis incapable personnellement car il faut disposer de données payantes. Qui pourrait nous donner des informations ?
  6. Faut-il faire confiance à l'information éclairée des possibles prescripteurs et des patients ? Ce point est crucial. Marc Girard et Dominique Dupagne sont d'accord sur ce point : ils pensent, sauf information à laquelle j'ai échappé, que les retraits de médicaments sont contre-productifs. Ce qui signifie, selon moi, qu'ils pensent que le marché va se réguler tout seul. Personnellement, je ne fais confiance à personne et encore moins à des médecins qui seraient de purs scientifiques au service de leurs patients. J'ai soutenu, avant même que l'affaire n'éclate,  le retrait de Diane 35 et de ses génériques. Avais-je tort ? Je n'en sais rien mais la prescription des pilules 3G et 4G se sont effondrées (selon les dires des agences gouvernementales). Je ne crois donc pas beaucoup au tact prescripteur des prescripteurs à moins qu'ils ne soient menacés personnellement de poursuites pénales ou de pertes financières. (Je ne souhaite pas entrer encore une fois dans la querelle libéralisme, néo-libéralisme, voire libertarianisme, les libéraux en général prétendant que ce sont les individus pensant et informés qui doivent décider par eux-mêmes, une régulation "naturelle" se produisant "naturellement")
  7. Faut-il prescrire des placebos ? Cette question peut paraître incongrue dans le contexte de l'interdiction éventuelle d'un médicament pour effets indésirables graves mais elle a été soulevée dans les commentaires du billet de Dominique Dupagne. J'ai trois petits commentaires à faire sur le commentaire de JM Bellatar ***. Précisons ceci sur l'utilisation d'un placebo en médecine : j'ai largement exprimé mon opinion contre l'utilisation de placebo en médecine (sans omettre qu'il m'arrivait de le faire dans des moments de grande fatigue, de désespoir ou de renoncement) : voir ICI ce que j'en pense. Les commentaires : (a) : l'effet médecin fait certes partie de l'effet placebo mais l'effet placebo, c'est surtout le médicament (du moins dans notre culture et notamment dans les essais contrôlés où l'on tente de négativer cet effet pour dégager l'effet thérapeutique du médicament actif) ; (b) : le remède-médecin décrit par Balint est surtout critiqué par lui pour ses effets nocebo : les mots ont un fort pouvoir létal, prétend-il ; (c) : le fait de ne pas prescrire un médicament actif (en l'occurence un "placebo" avec des effets indésirables) dans des pathologies où le malade "guérit" tout seul ressort de la déprescription que nous tentons de nous promouvoir.  
  8. Je lis aussi que quelques malades en ont vraiment besoin. Est-ce vrai ? 
  9. Enfin, il me semble, je peux me tromper, que le billet dont nous parlons peut être ressenti comme une attaque violente contre la Revue Prescrire et, indirectement contre Catherine Hill.

Conclusion : faut-il ou non interdire la domperidone ? Sans doute oui si l'essai de Hill et coll. est fondé. Sinon : de grosses restrictions d'utilisations sont à prévoir.
Conclusion 2 (après le commentaire d'un anonyme) : faut-il ou non interdire la domperidone ? Immédiatement (mais sur le plan réglementaire cela va être compliqué) si l'essai de Hill et coll. est fondé mais vous avez compris qu'il me semble que cela n'est pas le cas. Sinon : campagne grand public et sérieuses restrictions d'utilisation à prévoir notamment chez les personnes à risques et en limitant sérieusement les doses.


*** j’utilise de plus en plus l’effet placebo (encouragé par la revue Prescrire ), que l’on peut appeler aussi remède-médecin selon Balint, ou pour le dire autrement un temps d’écoute prolongé de la parole du patient, avec une amélioration des symptômes très fréquente sans aucune prescription médicamenteuse(je n’ai jamais réellement cru à l’effet de la dompéridone).



mardi 10 septembre 2013

Quand la e-cigarette entraîne la désinformation.


(Ce billet m'a été suggéré par un tweet de @cl_lazarus que je cite à l'insu de son plein gré)
Après l'affaire baclofène (voir ICI), voici l'affaire e-cigarette, où nous assistons à des phénomènes curieux dans la bloggo-tweetosphère.  
Tout est cul par dessus tête.
Nous retrouvons les nouveaux Modernes.
Qui sont-ils ?
Ce sont donc les tenants de la Modernité contre l'Archaïsme. Ce sont les nouveaux médecins, les nouveaux scientifiques, les nouveaux gourous, ceux qui se moquent des preuves ou qui les anticipent, certains de la vérité de leur point de vue avant même que les études ne soient parues. Ils ont raison donc ils font les malins.


L'affaire e-cigarette est encore plus drôle que celle du baclofène car elle associe de façon incroyable : experts profanes, mensonges, conflits d'intérêts, copinage, anti Etatisme, anti hygiénisme...


(Je suis contraint d'ouvrir une parenthèse : je ne suis pas contre l'e-cig et encore moins pour sa médicalisation)

L'addiction au tabac est un problème complexe, vous me direz, pas plus complexe que l'addiction à l'alcool, si, plus complexe car il n'existe pas de tradition française. Dans le cas de l'alcool il existe une excellence française, les vins français sont les meilleurs du monde (c'est encore vrai), des faits curieux (ce ne sont pas dans les régions viticoles que l'alcoolisme fait le plus de ravages), et une tradition économique, culturelle, voire anthropologique.
Dans le cas du tabac l'addiction est quasi immédiate, d'autant plus forte que l'âge de début est bas, et il existe une organisation mondiale, qui existait bien avant la mondialisation, que l'on appelle Big Tobacco, qui a un pouvoir considérable. Last but not least, le tabac est vendu chez les buralistes (qui cumulent en un seul lieu les addictions à l'alcool, au tabac et au jeu) qui sont une corporation, si j'ose dire, au sommet du corporatiste (et d'extrême-droite), aux pouvoirs semble-t-il importants.

Dans le cas du tabac, les tabacologues ont réussi à imposer leur spécialité (?), en mélangeant pneumologues, psychiatres, médecins généralistes, psychologues et autres addictologues.

Je passe sur les critiques très fortes à l'encontre des tabacologues émises par Robert Molimard, pneumologue, repenti de Big Tobacco, et fondateur de l'alter-tabacologie. Vous pouvez lire ses écrits, que j'ai souvent critiqués (pour des raisons que je ne peux développer ici mais cela viendra à son bon moment), sur le site du Formindep qui l'héberge (ICI en bas à droite). Robert Molimard doute de l'addiction à la nicotine et doute ainsi de l'efficacité des traitements qui pourraient entraîner son arrêt (LA) (1) et c'est pourquoi il a toujours écrit, dans la période récente, que les tabacologues étaient de simples employés de Big Pharma commercialisant des thérapeutiques peu efficaces, coûteuses dont certaines partiellement remboursées par la sécurité sociale.

Robert Molimard a donné le LA aux partisans de la e-cigarette après avoir publié le 23 mai 2013 un article très documenté et a priori d'un bon degré de validité vantant l'innocuité du produit (ICI). Cet article a marqué un tournant car la tabacologie traditionnelle, infiltrée dans les différentes associations anti cancer, a été contrainte de réfléchir. Il existe des enjeux majeurs au centre de la tabacologie : Big Tobaco, Big Pharma, la TVA, et l'entrée sur le marché du vapotage (dans lequel Big Tobaco est en train d'investir massivement).

Puis les suiveurs suivent. Le 6 juillet 2013 le site Atoute reprend à son compte les propos de Robert Molimard (LA) en publiant "La cigarette électronique est utile et n'est pas dangereuse", puis l'article est actualisé après la sortie le 24 août 2013 d'un dossier dans la revue 60 millions de consommateurs (LA) qui affirme que "la cigarette électronique n'est pas si inoffensive que cela". Dominique Dupagne, l'administrateur et auteur de l'article, écrit, entre autres, ceci : "Certes, la cigarette électronique n’est pas une panacée, elle ne fonctionne pas chez tout le monde, mais le progrès qu’elle apporte dans la lutte contre le tabagisme dépasse tout ce que nous connaissions jusqu’ici. Une publication récente le démontre solidement... " Bon, je clique sur le lien et je me rends compte que l'étude contrôlée (LA) citée par l'administrateur du site comprend trois groupes de patients vapoteurs non désireux d'arrêter la cigarette traités pendant 12 semaines : groupe A (nicotine 7,2 mg), groupe B (7,2 puis 5,4 mg) et groupe C (pas de nicotine). Les résultats sont les suivants (je traduis) : "La diminution de l'utilisation journalière de cigarettes et des niveaux de CO exhalés a été constatée  dans les 3 groupes à chaque visite (p inf 0,001 par rapport au début) mais il n'a pas été constaté de différences entre les groupes." Je ne crois donc pas qu'il s'agit d'une démonstration solide. En tous les cas il semble que le fait de mettre de la nicotine dans les e-cigarettes soit d'un intérêt médiocre. J'ajoute qu'un des auteurs de l'article (RP ou Riccardo Polosa) a des liens d'intérêts majeurs (2) et qu'il a changé de sponsors avec le vent. J'ai également retenu le commentaire d'Alain Braillon sur le site d'Atoute qui me semble d'une grande pertinence et qui indique de façon démonstrative que l'intérêt pour la e-cigarette ne doit pas nous faire perdre notre sens critique (3).

Atoute cite également le docteur Farsalinos qui a publié de façon précipitée un article le 27 août 2013 sur le site Absolut Vapor (LA) (qui, en d'autres lieux, vend du matériel de vapotage), contredisant certaines données du dossier de 60 Millions. Pour les liens d'intérêt  de Farsalinos, voir la note (3). Nonobstant la note (3) il semble convaincant. En consultant PubMed (LA) on se rend pourtant compte qu'il a en tout et pour tout publié 4 articles sans intérêt clinique dans des revues corporatistes.

Les associations de vapoteurs s'en remêlent et l'une d'entre elles écrit le 28 août 2013, par l'intermédiaire de Brice Lepoutre, Président de AIDUCE, une lettre ouverte à 60 Millions (LA) où l'on apprend que le premier expert scientifique cité pour ses qualités de chercheur pour contrer le dossier de 60 Millions est Dominique Dupagne (le bon docteur Farsalinos est lui aussi cité en bonne place). L'association AIDUCE (Association indépendante Des Utilisateurs de Cigarettes Electroniques (LA) ne mentionne aucun financement extérieur. En revanche, on apprend sur tweeter que 60 Millions est subventionné en partie par l'Etat, ce qui induit pour l'auteur du tweet que le dossier a été piloté par Bercy. Vous me suivez ?

Le complot de l'Etat est dénoncé : l'Etat est un dealer de tabac qui ramasse de l'argent grâce à la manne tabagique ; il laisse commercialiser des produits anti nicotine inefficaces (qui obtiennent cependant l'AMM et une partie de remboursement) ; il subventionne des tabacologues pour prescrire des produits inefficaces ; et il s'oppose au vapotage pour ne pas perdre d'argent ; et il aimerait bien que la e-cigarette soit vendue chez les buralistes et / ou chez les pharmaciens ; et l'Etat ne comprend pas que c'est l'ère de la Médecine 2.0 qui arrive avec son intelligence coopérative ; mais aussi le e-business.

Mais le bon docteur Farsalinos est, lui, un pur.

Et voilà qu'arrivent les démonstrations définitives qui vont clore le bec à tous ces blancs-becs. Je lis un tweet qui affirme que les anti e-cigarette sont comme les anti ceintures de sécurité dans les années 80 : des retardataires. Il ne sert à rien de réfléchir puisque la messe est dite.
Eh oui, la messe est dite.
Antoine Flahault, l'homme des millions de morts A/H1N1, twitte le 5 septembre 2013 : Disagree. .. ” I know. I think you focus on the wrong cause. You should support the right one. Millions of lives in stake!. Il recommence et il utilise les mêmes arguments que les baclofénistes (il est d'ailleurs pour).

C'est la publication du Lancet. Avec, pour pimenter le tout, une histoire d'embargo sur l'article (je signale aux ignorants qu'il n'existe pas de Comité de lecture au Lancet qui a été au centre de nombre de scandales éditoriaux ces dernières années) qui permet de claironner pour certains (le 7 septembre 2013) (LA) et de donner dans le sensationnel (LA). Puis la présentation de l'étude elle-même. Ne parlons pas de la façon dont les journalistes présentent les résultats (ICI de façon neutre dans Le Point, et LA de façon erronée dans Le Monde) parlons de ce que dit l'auteur principal (cela me fait penser irrésistiblement à un billet de JM Vailloud (ICI) sur la façon de présenter fallacieusement des données).
L'auteur : " "Nos résultats ne montrent pas de différence très nette entre e-cigarettes et patchs pour l'arrêt, mais il semble bien que les cigarettes électroniques soient plus efficaces pour aider les fumeurs à réduire leur consommation", explique le professeur Bullen dans un communiqué de The Lancet."
Vous voulez le texte complet ?
Vous trouverez l'abstract ICI et, en cherchant un peu sur le web (trois secondes) le texte complet (quand le Lancet lâche un article c'est qu'il y a de l'argent derrière et un promoteur. LA). Pour les résultats en anglais (5) et pour le commentaire de l'article en anglais (6).

Voici en français les résultats dans leur éminente crudité : A 6 mois le nombre d'abstinents était de 7,3 %, de 5,8 % et de 4,1 % dans respectivement les groupes e-cig nicotine, patchs nicotine et e-cig sans nicotine. Pas de différence significative inter groupe. La e-cig est donc au moins aussi "efficace" que les patchs. D'après les données que nous avons rapportées dans la note (1) on peut considérer que les patchs à la nicotine peuvent être raisonnablement considérés comme des placebos (notamment IRL - In real Life, c'est à dire hors essais). Chris Bullen a donc démontré que la e-cig était au moins aussi efficace qu'un placebo mais que c'était le placebo préféré des patients. Certains tenants de l'e-cigarette, du moins sur le site Atoute, "croient" à l'e-cigarette qui contient de la nicotine pour lutter contre le tabagisme tout en "croyant" aux écrits de Robert Molimard qui nie l'addiction à la nicotine.
Des études supplémentaires sont donc nécessaires.
Fermez le ban.
(Le sujet est loin d'être épuisé)

Notes

(1) Thus, a meta-analysis of 14 randomized trials found that, in specialized consultations, the success of nicotine gum and placebo were respectively 27% vs 18% at 6 months and 23% vs 13% at 12 months. However, this success rate is much less bright in general practice 17% vs 13% at 6 months, and 9% vs 5% at 12 months [21]..
(2) Competing interests: RP has received lecture fees and research funding from Pfizer and GlaxoSmithKline, manufacturers of stop smoking medications. He has served as a consultant for Pfizer and Arbi Group Srl, the distributor of the Categoria™ e-Cigarette. The other authors have no relevant conflict of interest to declare in relation to this work. This does not alter the authors’ adherence to all the PLOS ONE policies on sharing data and materials..
(3) Alain Braillon sur Atoute
1 : l’expert "réputé" n’a semble t il jamais publié un seul article dans une revue à comité de lecture. A 86 ans, ce n’est pas le temps qui a manqué. Pourtant il a dit tout et son contraire. 
Il a eu des liens financiers avec l’industrie du tabac. Ceux anciens sont bien documentés. N’en déplaise à certains qui se piquent d’indépendance. Encore récemment il a commenté avec complaisance un rapport étranger qui avait été financé par l’industrie du tabac. 
2 : la cigarette électronique est elle efficace ? Il n’y a pas d’essais controlés randomisés ! S’il y en a je suis preneur, je ne les connais pas. Il n’y a pas de preuve. Sur le principe, pourquoi pas, on peut espérer "un peu" d’efficacité mais pas plus. A priori, dans les formes actuelles, il ne semble pas que l’on puisse espérer plus qu’un effet marginal. Surtout, actuellement il n’y a pas de qualité pharmaceutique pour plus et il faut vraisemblablement des doses plus fortes. Il n’y a pas d’homogénéité, de stabilité et de maitrise de la qualité pour les différentes formes disponibles. C’est terrible d’avoir la mémoire courte, il suffit de se rappeler de l’hormone de croissance, on prescrit quelque chose qui n’a pas la qualité pharmaceutique, sans évaluer le bénéfice réel. 
Enfin, il faut se rappeler que plus de la moitié de ceux qui arrêtent de fumer, le font sans aide médicale. Acupuncture, percing de l’oreille, musicothérapie et autres sont ils des ttt efficaces parce que certains ont arrêté et font une relation de cause à effet ??? 
On est dans une discussion niveau café du commerce, dans un pays où il y a 30% de fumeurs, où la prise en charge normale est défaillante, tant individuelle qu’en terme de santé publique. Théorie du complot + naiveté (le traitement miracle dont les intérêts divers et variés empêchent la commercialisation...) c’est un mélange qu’on aime bien, cela évite de réfléchir et de se fatiguer à analyser les choses. 
3/ La seule personne qui mérite d’être citée au sujet des cigarettes electroniques, c’est JF Etter. Il a participé à la rédaction du rapport demandé par le ministre de la santé à Bertrand Dautzenberg. Des 10 experts consultés il est le seul qui a refusé de signer le rapport. Il explique très bien pourquoi. Il faut noter que c’est le seul qui ait publié sur le sujet, et cela assez tôt. 
4/, c’est le grand écart en la médecine entre la situation de santé publique (situation de masse) et la situation dans un cabinet, face à face avec un malade. Il faut le comprendre pour apprécier les différents points de vue 
5/ Que diriez vous si un labo avait obtenu une AMM pour la cigarettes électronique : Ces évaluation des autorités, c’est du grand n’importe quoi ? Ces labos cela peut se permettre encore tout ... ?.

(4) Le Dr Farsalinos est un chercheur du Centre de chirurgie cardiaque Onassis  à Athènes, en Grèce et au Centre de recherche en imagerie médical à l’Université/Hôpital   Gathuisberg à Louvain, en Belgique. Il est activement engagé dans la recherche sur la sécurité et les risques de la cigarette électronique. Pour certains de ses travaux, l’institution « Centre de chirurgie cardiaque » a reçu un financement de la part d’entreprises de cigarette électronique, mais il n’a personnellement reçu aucune compensation financière...
(5) 657 people were randomised (289 to nicotine e-cigarettes, 295 to patches, and 73 to placebo e-cigarettes) and were included in the intention-to-treat analysis. At 6 months, verified abstinence was 7·3% (21 of 289) with nicotine e-cigarettes, 5·8% (17 of 295) with patches, and 4·1% (three of 73) with placebo e-cigarettes (risk difference for nicotine e-cigarette vs patches 1·51 [95% CI −2·49 to 5·51]; for nicotine e-cigarettes vs placebo e-cigarettes 3·16 [95% CI −2·29 to 8·61]). Achievement of abstinence was substantially lower than we anticipated for the power calculation, thus we had insufficient statistical power to conclude superiority of nicotine e-cigarettes to patches or to placebo e-cigarettes. We identified no significant differences in adverse events, with 137 events in the nicotine e-cigarettes group, 119 events in the patches group, and 36 events in the placebo e-cigarettes group. We noted no evidence of an association between adverse events and study product..
(6)  E-cigarettes, with or without nicotine, were modestly effective at helping smokers to quit, with similar achievement of abstinence as with nicotine patches, and few adverse events. Uncertainty exists about the place of e-cigarettes in tobacco control, and more research is urgently needed to clearly establish their overall benefits and harms at both individual and population levels..