mardi 13 octobre 2009

JEAN SARKOZY A ETE DESIGNE PRESIDENT DE L'EPAV


Hier soir j'ai fait un (très) mauvais rêve. Je lisais un Communiqué du ministère de la Santé indiquant que les centres de vaccination allaient bientôt être opérationnels, que les vaccins contre la grippe étaient sûrs de sûrs, qu'il n'était plus nécessaire de pratiquer deux injections pour être immunisé contre la grippe porcino-mexicaine... Il y avait aussi la suite de ce rêve : les Autorisations de Mise sur le Marché étaient déjà signées avant même que les études n'aient été rédigées (par les écrivains fantômes de l'industrie) et que les rapporteurs n'aient été nommés, les femmes enceintes ne craignaient rien, les jeunes enfants encore moins... La presse libre annonçait que tous les médecins généralistes allaient se porter volontaires pour vacciner, que le Préfet des Yvelines me réquisitionnait pour que je sois vacciné par un médecin volontaire afin que je devienne moi-même médecin volontaire... Toute la population française était désormais vaccinable, il s'agissait d'une tâche nationale, d'un mouvement citoyen inscrit au plan quinquennal de Santé Publique... Le Conseil National de l'Ordre des médecins applaudissait la décision de la CNIL de lever le secret médical de façon temporaire pour les femmes enceintes... La télévision était remplie de conférences de presse avec, perchés sur une estrade le trio infernal Bachelot, Houssin, Weber, assisté de Perronne, Marembert et autres sommités du monde médical.

Jean Sarkozy venait d'être nommé président de l'EPAV : Etablissement Public d'Aménagement de la Vaccination !

lundi 12 octobre 2009

DIRE LA VERITE AUX MALADES - HISTOIRES DE CONSULTATION : QUATORZIEME EPISODE

Monsieur O, 73 ans, un infarctus du myocarde stenté il y a trois ans, diabétique non insulinodépendant, hypertendu traité, est venu au cabinet accompagné par un de ses fils et par sa femme. C'est une vraie réunion de famille. Il y a six mois il a été victime d'une rétention aiguë d'urine qui l'a conduit aux urgences où il a été sondé. Lorsque la sonde a été retirée il n'a pu se remettre à pisser et il a été décidé de lui laisser une sonde à demeure. Les conséquences ont été difficiles pour cet homme qui a été obligé de traîner sa poche d'urine, de se faire changer la sonde tous les mois. un ou deux épisodes d'infection urinaire et la vie quotidienne devient compliquée.

C'est la première fois qu'il vient au cabinet avec sa femme, ils sont indépendants pour les consultations, et, a fortiori, qu'un de ses fils l'accompagne, ajoute à la solennité.

Il y a trois semaines l'urologue de l'hôpital lui a enlevé sa sonde, l'a réséqué et, depuis, je l'ai eu au téléphone, il pisse spontanément. Il pisse rouge mais il pisse.

Cet homme est aussi un anxieux dépressif qui a fait un épisode aigu il y a dix ans et qui en a gardé un très mauvais souvenir.

"Que me vaut cette consultation inhabituelle ?
- Le docteur D m'a dit que j'avais un cancer.
- Un cancer de quoi ? je demande d'un air ahuri."
Il me montre son bas ventre et, déboussolé, je m'attends au pire.
"Ben, de la prostate, cette affaire... De quoi voulez-vous donc que j'ai un cancer ?"
Son fils me jette un regard stupéfait et réprobateur (j'ai l'air de débarquer de Mars) et sa femme, presque tremblante, est prête à toutes les révélations funestes.
"Il vous a dit ça quand ?
- Avant hier.
- Et c'est tout ce qu'il vous a dit ?
- Non, que j'allais avoir des rayons et des piqûres...
- C'est tout ?
- Vous ne croyez pas que c'est suffisant ?"
Si j'avais voulu faire de l'humour, déplacé, déplacé, j'en conviens, je lui aurais dit que c'était à la fois trop ou pas assez.
"Bon, bon, bon..."
Il y a encore quelques années il était de bon ton, en France, de ne jamais dire la vérité aux malades, sauf exception, les exceptions étant, malade emmerdant, famille chiante ou nécessités sociales. cela faisait partie, sauf erreur de la théorie paternaliste de la médecine française : ce que je fais est forcément bon pour le malade qui est un con et qui ne peut comprendre puisque j'ai fait x années de médecine et que lui... Puis, presque du jour au lendemain, sous l'influence de la culture dominante anglo-saxonne, et, il faut le dire, en raison de nombreux textes de réflexion publiés par ces mêmes anglo-saxons (au sens large) et au nom de la philosophie libérale (le corps du patient appartient au patient et c'est lui qui doit décider en toute connaissance de cause), on s'est mis à tout dire. Mais l'inhumanité des médecins, leur arrogance, leur suffisance, leur manque de réflexion et de prise en considération du patient qui se trouve en face d'eux, toutes ces qualités sont restées telles quelles avant, pendant et après ce changement d'attitude. On pourrait dire, en paraphrasant Proust qui parlait de toute autre chose (faut-il dire à son meilleur ami que sa femme le trompe ?), que les médecins ne disaient pas la vérité puis l'assenaient des années plus tard avec tout autant de conviction et de bonne conscience, par méchanceté quand ils étaient méchants, par gentillesse quand ils étaient gentils, par bêtise quand ils étaient bêtes, par ignorance quand ils étaient ignorants...
J'ai regardé Monsieur O droit dans les yeux, je ne lui ai pas dit que l'urologue était un gros con avec de la merde dégoulinant de partout sur son visage, de la bonne vieille merdre ubuesque ou de la bonne vieille merde rabelaisienne, mais sans nul doute que le non verbal l'a frappé en pleine figure, pas seulement lui, sa femme, son fils, et j'ai tenté de le rassurer (il était peut-être un peu tard).
Je pensais aussi que la bêtise des urologues (mais, mon cher ami, il ne faut pas généraliser, insulter une corporation, ostraciser une communauté, c'est vraiment très mal, c'est vraiment pas citoyen, c'est aussi peu convenable de parler comme cela de pauvres chirurgiens qui tentent d'éliminer les prostates de la surface de la terre, que de ne pas vouloir se faire vacciner par le vaccin contre la grippe A), je reprends : que la bêtise de la majorité des urologues, ne se résumait pas au dosage généralisé du PSA dans les populations mâles des pays industrialisés, mais à la traque incessante de ce putain de bordel de cancer de la prostate qui tue tant de personnes de par le monde...

Rassurer un homme de soixante-treize ans n'est pas une chose facile quand on sait qu'il a déjà fait un infarctus, qu'il porte des stents, qu'il est diabétique non insulinodépendant et qu'il prend aussi des médicaments contre l'hypertension et contre son excès de mauvais cholestérol.

Cela fait des années que j'aurais dû l'inquiétéer et lui dire que son espérance de vie est probablement fort compromise mais certainement pas en raison de son cancer de la prostate.

Heureusement que son PSA est peu interprétable après la résection, heureusement que le scanner est rassurant, heureusement que la scintigraphie osseuse est normale... Non, non, je dis des bêtises : ces examens, à part le dosage du PSA, n'ont pas été réalisés et je ferai en sorte que l'oncologue de l'hôpital, mon ami, pas les autres qui sont payés au pourcentage sur les examens réalisés, fasse le minimum et laisse ce patient tranquille, sans rayons, sans antiandrogènes qui, tout le monde le sait sauf certains urologues, ne sont pas des traitements très favorables chez les patients "cardiaques".

Je ne sais pas si ce patient aura été rassuré par son médecin traitant mais je lui ai prédit plusieurs années heureuses sans traitement.

Me croira-t-il ?

Je n'ai pas appelé l'urologue qui ne m'a pas encore communiqué plusieurs semaines après les faits un compte rendu de la consultation où il a annoncé, sans ambages, que le patient avait un cancer...

Je lui ferai lire mon blog.

dimanche 11 octobre 2009

LES CENTRES DE VACCINATION POUR LA GRIPPE MEXICAINE

La mise en place de centres de vaccinations départementaux prévus pour la vaccination de masse avec des vaccins peu étudiés me pose un certain nombre de questions que je vous livre telles quelles car j'ai peu de réponses claires à vous proposer.

  1. Qui a pu accepter que ce ne soient pas les médecins traitants qui vaccinent leurs propres malades sachant que ce seront en priorité des patients fragiles, des femmes enceintes et des enfants ?
  2. Ces vaccinations seront faites par des médecins praticiens, des médecins non praticiens, des infirmières, des étudiants en médecine, des étudiants infirmiers : est-ce bien raisonnable ?
  3. Qui aura vérifié, quand les vaccinations commenceront si les vaccineurs auront bien reçu les deux doses de vaccin avant de commencer ?
  4. Que fera-t-on des listes des professionnels de santé qui indiqueront si les dits professionnels ont ou non été vaccinés, recevront-ils une lettre de rappel, leur enverra-t-on une réquisition préfectorale, devront-ils payer deux fois, pour insubordination anti citoyenne , leur cotisation ordinale et que fera la CNIL ?
  5. Qui saura exactement, dans ces centres de vaccination, et malgré des interrogatoires avant le début de la dite vaccination, quand la vaccination contre la grippe saisonnière aura été faite (délai théorique de 21 jours fixé par la main de Dieu), si les patients ont déjà fait des réactions allergiques aux vaccins et qui décidera, en ce cas, de le faire ou de ne pas le faire, si les patients sont sous anticoagulants et s'il y aura un choix d'aiguilles différentes en ce cas, si les fameux étudiants sauront comment injecter en ce cas...
  6. Qui apportera l'information éclairée sur les nécessités de la vaccination chez les personnes fragiles et qui dira la différence entre le bénéfice individuel et le bénéfice collectif ?
  7. Qui informera le médecin traitant des dites vaccinations (c'est à dire les deux injections) ? Y aura-t-il des mini carnets de santé ?
  8. Qui gèrera les effets indésirables bénins, prévisibles, imprévisibles et / ou graves (prévisibles et / ou imprévisibles) ? Car, ne l'oublions pas, la concentration des patients, le nombre des vaccinations, entraîneront sans nul doute des effets inattendus... voire des effets de foule...
  9. Quid des médecins qui refuseront de se porter volontaires ? Pourront-ils exercer un droit de retrait ?
Bonnes réflexions.

jeudi 8 octobre 2009

SI L'ON PARLAIT DE LA GRIPPE SAISONNIERE...

Les réactions des médecins et de la population vis à vis de la grippe A et de sa prévention (y compris la vaccination) ne laissent pas de me surprendre....


Quoi ? Serait-ce que les médecins et la population ont enfin compris que, jusqu'à présent, il n'avait été rien prévu dans le cas de la grippe saisonnière dont on nous dit, selon les sources, qu'elle tuerait en France entre 2000 et 5000 patients tous les ans ? La grippe saisonnière tue tous les ans des milliers de personnes et le Ministère de la Santé, les médecins, les Institutions, s'en moquaient, ne faisaient rien, s'en lavaient les mains (et, justement, c'était ce que personne ne faisait)...


Permettez-moi de m'arrêter sur l'incertitude des chiffres de décès liés à la grippe saisonnière chaque année en France. Ne s'agit-il pas d'un scandale absolu ou de la preuve a contrario que le système de santé n'est pas le meilleur du monde puisque ce qui fait son fondement, l'épidémiologie, le recueil des effets indésirables des médicaments ou des pratiques, l'analyse prospective et rétrospective des causes de guérison et / ou de décès, sont cruellement absents de la scène scientifique alors que ce sont ces chiffres qui devraient conduire à la définition des politiques de santé à mener dans notre beau pays ?


L'exemple de la canicule n'a servi à rien ! Imagine-t-on des statistiques annuelles des accidents de la route en France qui oscilleraient selon les années entre 5 et 7000 décès, par exemple ? Alors que l'on sait qu'en 2008 exactement 4274 personnes sont mortes (dans les trente jours suivant l'accident), c'est à dire à l'unité près. Qu'est-ce que c'est que cette médecine, la meilleure du monde qui n'est pas capable de nous fournir des chiffres sur le nombre de décès liés à la grippe ?


On n'est pas étonné, ensuite, que les experts, ceux-là mêmes qui ne se préoccupent pas de l'état infantile de l'épidémiologie en France, puissent raconter n'importe quoi sur les dangers de la grippe A...


On nous dit partout que la grippe A ne serait pas plus dangereuse que la grippe saisonnière... Ce qui est probablement vrai. Mais à partir de quels chiffres ? Les chiffres américains, néo-zélandais, australiens ou danois ? Pas à partir de chiffres français qui n'existent pas.


Donc, le raisonnement est simple : si la nouvelle grippe A n'est pas plus dangereuse que la grippe saisonnière, pourquoi en faire tout un plat puisque les Autorités, à part favoriser des campagnes de vaccination, ne faisaient rien jusqu'à présent contre cette grippe saisonnière ? De qui se moque-t-on ? Faut-il attribuer l'excès de mortalité, comme on dit, à l'incompétence des Autorités sanitaires ? Il faut dire que ces Autorités sanitaires sont d'une nullité accablante. Les décisions de ces Autorités sont prises sous la coupe d'experts, et j'espère que nous pourrons disposer du bétisier des experts et de leurs déclarations intempestives, sans fondements, non documentées, lorsque les premiers cas de grippe A sont apparus au Mexique, d'experts, disais-je, qui sont, pour leur majorité, soit d'une incompétence notoire soit sous l'influence de conflits d'intérêts sur lesquels aucun journal, à part le Canard Enchaîné, n'a jamais enquêté. Car les premières déclarations des Autorités sur l'efficacité du tamiflu nous feraient mourir de rire si elles n'avaient entraîné des effets indésirables que nous ne connaîtrons jamais car, autre caractéristique des systèmes de santé (et, pour le coup, dans tous les pays c'est pareil : les médecins et autres professionnels de santé ne déclarent pas les effets indésirables pour des raisons dont la littérature est remplie), le service après-vente est inexistant. Je suggère à l'Autorité des marchés Financiers (AMF) d'enquêter sur la possibilité de délits d'initiés sur les actions Roches après certaines déclarations expertales... Quant aux dernières déclarations sur l'innocuité supposée des vaccins anti grippe A...



Que les médecins qui, cette année, ont commencé à se laver les mains entre chaque patient, qui ont commencé d'utiliser des serviettes à usage unique, qui ont consulté avec un masque chirurgical, qui ont cessé de prescrire de l'ibuprofène dans les syndromes grippaux, qui ont cessé de prescrire des antibiotiques dans ces mêmes syndromes, s'interrogent : pourquoi ne le faisaient-ils pas auparavant ?


Je leur suggère maintenant, eux qui disent à 52 % ne pas vouloir se faire vacciner contre la grippe A, de se reporter aux publications indépendantes qui affirment, études en main, que le vaccin contre la grippe saisonnière est d'autant moins efficaces que les patients sont plus âgés et immuno-incompétents (voir ce blog).


Que cette campagne sauvage menée par le pharmacien Bachelot, le chirurgien Houssin et l'ex de l'industrie Weber, conduise tout le monde à s'interroger sur la validité de tout ce qu'on nous sert depuis des années sur la grippe saisonnière. Un exemple : on nous dit qu'il faut vacciner tous les ans, on nous dit que l'immunisation dure cinq mois et on nous dit, dans le même temps que les personnes nées avant 1957 seraient possiblement immunisées contre le virus A actuel. De deux choses l'une, soit on nous ment, soit l'immunité acquise par la maladie protège, aux mutations près, mieux que la vaccination, alors pourquoi vacciner tous les ans ?
A suivre.

dimanche 4 octobre 2009

CANCER DU SEIN : FAUT-IL EXAMINER LES SEINS AVANT LA MAMMOGRAPHIE DE DEPISTAGE ?

Le dépistage du cancer du sein est un enjeu majeur de Santé Publique mais, nous le verrons, d'une façon paradoxale. Dans ce blog, comme vous l'avez remarqué, il s'agit d'un sujet récurrent : voir ici.

Préambule.

Les campagnes de dépistage grand public actuellement en cours dans notre pays sont indécentes et ce n'est certes pas parce que des vedettes montrent complaisamment leurs seins, c'est parce qu'il s'agit d'un lavage de cerveau généralisé qui empêche les réflexions scientifiques (je suis désolé, pour le coup, d'employer un terme aussi indécent) de s'exprimer.

La propagande préventive est en marche. Je devrais dire l'hystérie préventive. Dans le temps (mais la dernière commémoration des 60 ans de la Chine communiste rend le passé extrêmement présent) on réunissait les masses dans des stades et on les faisait attendre des heures le discours du Grand Chef, désormais l'armada médiatique atteint les populations dans leur salon, dans leur salle de bains, dans leurs toilettes et on leur assène la rhétorique préventive sans qu'ils puissent se défendre.

Quand j'entends Brigitte Fanny Cohen ou Guillaume Durand plastronner sur les télévisions publiques, je ne peux m'empêcher de m'identifier à Marcello Mastroianni dans Une Journée particulière d'Ettore Scola errant comme une âme en peine non concernée pendant que les masses mussoliniennes sont au défilé.

Car, et je ne voudrais pas que mes comparaisons soient mal interprétées et que mes lecteurs prétendent que j'ai atteint le point Godwin, nous vivons, sur de nombreux points en médecine, une époque totalitaire. Et les zones de résistance sont rares. Où sont, en France, les contre-pouvoirs ? Dans le domaine du cancer du sein il n'existe certes pas de sectes anti dépistage ou de mouvements millénaristes refusant la mammographie pour des raisons éthico-religieuses qui pourraient servir de repoussoir et qui pourraient permettre de ranger les sceptiques dans le camp des obscurantistes, mais il existe une dictature de l'opinion des experts.

La consanguinité de l'expertise à la française se traduit, dans les différentes sociétés dites "savantes" par un jeu de chaises musicales où l'appât du pouvoir se dispute à l'incompétence et à l'arrogance. Il existe même une loi gauloise, qui, à l'inverse des lois non écrites ayant cours dans de nombreux pays anglo-saxons, fait de l'appartenance d'un expert à une organisation gouvernementale un gage de forts conflits d'intérêts, d'inaptitude à la discussion et d'incapacité à lire la littérature mondiale.

La presse française (et que l'on ne vienne pas verser des larmes de crocodiles sur ses colossales pertes financières) est parmi les plus bêtes du monde puisqu'elle passe la majorité de son temps à recopier les informations que les Autorités de tout poil (gouvernementales ou expertales) lui donnent à manger gratuitement (ou avec rétribution). Le publi-reportage sur le dépistage du cancer du sein sert de réflexion aux journalistes qui se prétendent rapporter des faits scientifiques.

Je voudrais rappeler ici l'argumentaire de Iona Heath qui réconforte sur l'état d'esprit des médecins généralistes.

Pré-requis.
Soulignons un des grands malentendus qui sert l'idéologie de la prévention. Un certain nombre de médecins (et pas seulement des galeux de médecins généralistes, aussi des spécialistes, surtout des radiologues, des chirurgiens et, pire que tout, des cancérologues, professeurs, Praticiens hospitaliers et autres) ne comprennent pas que le dépistage peut conduire à des catastrophes. Ecoutez-bien mes amis champions du dépistage à tout va, mes amis champions de la bonne conscience traitante, mes amis champions du paternalisme (ce qui est bon pour la prévention est bon pour le malade) : il n'est pas anodin de faire un faux diagnostic de cancer du sein, comme, je ne le nie pas, il n'est pas anodin de ne pas faire le diagnostic d'un cancer du sein. Mais, dans le premier cas, la faute est complète, et, dans le second, il est aussi possible que l'on en fasse trop car tous les cancers ne sont pas mortels.

Mais je m'égare.

Revenons à l'hécatombe des seins.

Les médecins et les patients reçoivent depuis des années des informations contradictoires sur la façon de prévenir le cancer du sein. Nous manquions, aux temps héroïques, d'études de qualité et chacun y allait de son expertise personnelle et de ses conseils au lit du malade.

Ainsi en a-t-il été de l'auto palpation des seins (qui entraîne un surcroit d'interventions inutiles), de l'échographie des seins (vaste connerie financière), des mammographies effectuées par des incapables (ça continue : l'accréditation des mammologues se faisant sur la qualité du matériel et pas sur la compétence de l'examinateur) et, maintenant de la palpation des seins avant mammographie de dépistage.

Voici l'essai qui n'est malheureusement pas disponible en ligne.

L'étude a été réalisée auprès de 290 000 femmes participant au Ontario Breast Screening Program (Canada) entre janvier 2002 et décembre 2003.
Il s'agissait de savoir si l'examen des seins avant mammographie de dépistage améliorait l'efficacité du dépistage en comparant le taux d'adressage chez le chirurgien entre les centres de mammographie le pratiquant et ceux ne les pratiquant pas.

Je vous livre les résultats à la louche : "Nous avons découvert plus de cancers et la sensibilité a été meilleure dans le groupe examen des seins plus mammographie que dans des essais communautaires classiques de prévention MAIS les bénéfices de l'examen clinique des seins doivent être pondérés par les risques et les coûts potentiels induits par la découverte de faux positifs et par l'anxiété associée aux examens additionnels effectués."

Voici un commentaire pratique : "Pour une population théorique de 10 000 femmes âgées de 50 à 69 ans l'examen clinique des seins associé contribue à la détection de 4 cancers qui n'auraient pas été diagnostiqués par la mammographie mais entraîne la "détection" de 219 faux positifs (chez 219 femmes de plus)"

La messe est dite.

Petit (dernier commentaire) : il ne s'agit pas de dire qu'il ne faut pas palper les seins des femmes, qu'il ne faut pas faire pratiquer de mammographies mais il faut 1) être un clinicien confirmé (ce que je ne suis pas en ce domaine) ; 2) connaître un mamographiste confirmé (j'ai dans mon carnet d'adresse) ; 3) connaître un oncologue intelligent et compétent (j'ai) ; et 4) connaître un chirurgien habile et compétent (j'ai).

La double lecture des mammographies par deux ânes ne rend pas la lecture meilleure.

Ainsi ai-je dit que le dépistage du cancer du sein était un problème de santé publique mais de façon paradoxale... Oui ! le paradoxe n'est pas dans l'organisation de ce dépistage mais dans la qualité des dépisteurs. Nous voulons protéger les seins non malades des femmes de l'appétit mutilant des autorités (sans compter les appétits financiers).


jeudi 1 octobre 2009

GRIPPE : REFLEXIONS DE TERRAIN

Les patients qui consultent au cabinet n'ont pas peur de la grippe A (voir les sondages) mais sont inquiets quand ils l'ont !

Les employeurs font du forcing pour éviter la contamination. Les administrations font du zèle au nom de ce qu'ils pensent être le Principe de Précaution (connerie inénarrable inscrite dans la Constitution de la France).

Un exemple : la mairie de Plouc-La-Jolie m'appelle (une secrétaire). "Vous avez fait un arrêt de travail à Madame T et elle dit qu'elle a la grippe A. Pouvez-vous me le confirmer ? - Pardon ? - Eh bien oui, si elle a la grippe A, nous avons des mesures à prendre pour protéger le personnel. - Chère Madame, premièrement je suis tenu par le secret professionnel, deuxièmement la grippe A n'est pas une maladie à déclaration obligatoire, troisièment vous n'aurez des informations que par le biais du médecin du travail. - Il est difficilement joignable. - Je croyais que le docteur X avait un bureau à Z... Allez, bonne journée." Je retourne à mes occupations consultantes et, trois minutes après, le téléphone sonne. "Allo. - C'est le docteur X. Je suis désolée. - Vous êtes désolée parce que le secret médical n'est pas respecté à la Mairie ? - Je sais, je sais, je les ai déjà prévenus plusieurs fois. Alors, cette patiente, elle a la grippe A ? - Comment voulez-vous que je le sache ? (mon ton est irrité). Elle a un syndrome vaguement grippal et je ne peux faire faire des prélèvements à chaque patient qui n'est ni un nourrisson ni une femme enceinte... Je lui ai donné un arrêt de travail jusqu'à la fi de la semaine. - Et alors, moi, je fais quoi ? - Ben... vous faites rien. Vous vous occupez de l'entourage, comme je l'ai fait, et vous avisez. - Je sais que la grippe est contagieuse sept jours avant les symptômes. - Pardon ? Vous ne croyez pas que c'est entre 24 et 48 heures à tout casser ? - Je ne savais pas..." Donc, le médecin de la mairie de plouc-la-Jolie ne lit pas et ne respecte pas les instructions qui, il est vrai, changent tout le temps...
Mais revenons à nos virus.
Sur la semaine du 21 au 27 septembre le GROG (médecins "spécialisés" à partir desquels on extrapole le nombre de grippes à tout le territoire) : en médecine générale un patient sur huit a consulté pour une infection respiratoire aiguë [IRA] (soit trois par jour et par médecin) et un sur six en pédiatrie ; mais surtout : 4 % seulement de ces IRA étaient dues à la grippe A !
Conclusion du GROG : le nouveau virus H1N1 est donc discrètement présent dans la population générale.
Roselyne Bachelot en fait trop ! Plusieurs hypothèses : elle est mal conseillée, elle justifie le plan Grippe, elle veut que l'on se vaccine.

jeudi 24 septembre 2009

VACCINS, VACCINS, VACCINS

Alors qu'un sondage IFOP récemment publié par le Quotidien du Médecin indique que 52 % des praticiens libéraux sont décidés à se faire vacciner contre la grippe porcinomexicaine (soit deux fois plus que les infirmières libérales) il est permis de s'interroger sur cette attitude.


Les pro vaccins inconditionnels parlent, d'un air désabusé, du côté gaulois de nos collègues praticiens (Je suis contre les Autorités), de peurs irraisonnées (la sécurité des vaccins est une donnée universelle), de la négligence scientifique des médecins généralistes (car, ne vous y trompez pas, ce sont eux qui sont visés). Ils auront donc de très bons arguments si le vaccin ne "marche" pas : il n'y avait pas assez de vaccinés !


Les anti vaccins inconditionnels (i.e. les sectaires) se réjouiront de ce pas en avant vers la non vaccination amis les observateurs indépendants seront consternés.

En effet, cette réticence à l'égard du vaccin anti grippal porcino-mexicain, n'est pas liée à une meilleure lecture de la littérature internationale ni à une prise de conscience de la possible implication des vaccins dans des phénomènes immuno-allergiques, non, car les mêmes médecins qui ne veulent pas SE faire vacciner, vaccineront probablement leurs malades en raison d'une panurgite aiguë et continueront de ne pas se poser de questions sur a) la non efficacité du vaccin anti grippe "saisonnière" que nous avons rapportée ici, et sur b) les potentiels dangers de la vaccination contre l'hépatite B ...

L'ignorance emprunte parfois les chemins de la connaissance.

Mais il suffira de trois morts successifs chez des citoyens non à risques montés en épingle par TF1, Bachelot et consorts pour que les sondages IFOP changent d'âme et pour que les médecins se ruent dans leur centre départemental de vaccination pour profiter de l'aubaine d'une vaccination gratuite, obligatoire et citoyenne.

Amen.

lundi 21 septembre 2009

LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 21/09/09


" L'INVS vient de nous balancer une circulaire qui conseille de ne plus fermer les classes et les établissements scolaires mais simplement de conseiller des mesures d'isolement pour les élèves atteints. Ras le bol ! De quoi je vais avoir l'air quand je vais devoir annoncer cela à la presse. J'entends déjà les questions... Il y a trois jours vous disiez, il y a une semaine vous disiez, les experts ont intérêt à me trouver des réponses qui ne me fassent pas passer pour une crétine... Remarquez que j'ai une solution, oui oui oui ! Je vais repasser le bébé à Luc Chatel, c'est lui qui va annoncer la nouvelle à la France entière. Pour peu que les syndicats d'enseignants se mettent en grève, il n'y a pas loin.
" Sanofi-Aventis annonce le vaccin pour fin novembre ! Et pourquoi pas à la saint glinglin !
" Un médecin sur deux ne veut pas se faire vacciner ! Et quoi encore ? Ils veulent que le C reste à 22 euro jusqu'à la prochaine grippe dinosaurienne !"

dimanche 20 septembre 2009

LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 20/09/09


"Décidément les experts m'ont menée en bateau ! Ils m'ont fait appliquer un plan extraordinairement compliqué et idiot qui m'a mis à dos la DGS, l'INVS, les SAMU, les hôpitaux (services d'urgences et laboratoires), les DDASS, les GROG et autres services qui ont été embolisés par toutes les conneries qui devaient arrêter l'épidémie.
Et pour quel résultat ?
La directrice de l'OMS, une incompétente notoire, nommée pour des raisons politiques (la Chine, le plus grand pays du monde) alors que son pays est connu pour être, pharmaceutiquement parlant, un voyou, en ne espectant pas les standards de fabrication, en accordant des AMM bidons et en envahissant le monde de génériques à deux sous, eh bien, cette idiote inconnue (qui sait qu'elle s'appelle Margaret Chan ?) annonce que c'est en France qu'il y a le plus de cas de grippes.
De quoi vais-je avoir l'air ?
Toute la population française va être touchée par la grippe A et il y aura un nombre ridicule de morts et c'est tout juste si on ne va pas devoir mettre les vaccins à la poubelle, AMM ou non. A moins bien entendu qu'on les refourgue en Afrique... Mais ce sera à moins d'un milliard.
Bon, je reste calme. Et en plus, cette crétine de Weber est incapable de compter les cas... A moins qu'elle ne les communique directement à la Chan pour m'emmerder.
Mais il en faut du calme ! Car si la pandémie se développe à toute vitesse, et je conseille à tout le monde de ne pas se laver les mains, de ne pas mettre de masque, de ne pas prendre de tamiflu, de ne pas fermer de classes, je vais peut-être pouvoir me présenter aux élections régionales !
A moins que la grippe saisonnière ne fasse des siennes.
Mais on est habitués à 3 ou 5000 morts par an et personne ne m'en voudra !
Et ce n'est pas l'INVS qui pourra m'emmerder avec des chiffres !
Mais enfin, je commence à avoir le blues : ouh ouh ouh ! Si non seulement la grippe A est un fiasco, que Nicolas m'interdit de me présenter aux régionales et qu'il me fout à la porte du gouvernement ensuite...
Pour peu qu'on me donne du tamiflu et que je me jette par la fenêtre..."

samedi 19 septembre 2009

LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 19/09/09

Pas de journal de Roselyne depuis une semaine.
J'étais parti pour Berlin et il m'était ainsi difficile de lire derrière son épaule.
Mon remplaçant m'a dit que les cas supposés de grippe A avaient été légion au cabinet : huit dans la seule journée de vendredi ! Alors que je n'en avais pas diagnostiqué une seule dans les trois semaines précédentes : les seuls cas que j'avais soupçonnés, notamment chez une femme enceinte, avaient été infirmés par la sérologie.
Je vais tenter de reprendre mes activités louches dès lundi grâce à mes crocs profonds.
En attendant, je vous propose un texte de Marc Girard que j'ai trouvé sur son blog : ici. Il analyse les subterfuges de l'administration pour passer outre une AMM vraiment examinée.
Cela tourne toujours autour de Roselyne.
A bientôt sur cette antenne.

vendredi 11 septembre 2009

LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 11/09/09


"Quelle belle journée !
" D'abord, je viens de décider que les Autorisations de Mise sur le Marché suivraient désormais un schéma industriel ! Ce sont les fabricants de vaccins qui vont décider de la date d'obtention de ces autorisations et ainsi pourra-t-on commencer la vaccination fin octobre.
"Je suis au top ! Et que la commission d'AMM ne vienne pas nous casser les crocs parce que je vais leur envoyer dans la figure toutes les casseroles qu'ils traînent. Et il y en a des paquets !
"Je l'ai dit et je le redis comme ce matin sur France 2 : "Se faire vacciner contre la grippe A est une responsabilité citoyenne !"
" Mais, aujourd'hui, je me suis aussi félicitée que la Varnoline soit désormais remboursée. Il existait un consensus chez les industriels pour une telle mesure. Les gynécologues et les obstétriciens sont aux anges ! Il y a bien des esprits chagrins qui disent que le désogestrel donne une fois et demi à deux fois plus de complications thrombo-emboliques que le levonorgestrel contenu dans certaines pilules déjà remboursées, ce sont des mal baiseurs. Qu'on se le dise.

jeudi 10 septembre 2009

LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 10/09/09


"Eh bien, moi, je trouve que je ne m'en sors pas trop mal... Ministre de la Santé, c'est vrai que c'est quand même pas très difficile après Douste le fils de son père, Kouchner le French doctor qui a arrêté la vaccination contre l'hépatite B pour des raisons que lui-même ignore encore, Mattéi le généticien sans génie sinon celui de la canicule, et après l'assureur Bertrand qui a longtemps fait le malin mais qu'on entend un peu moins en ce moment... Et je ne parle pas de la nouillissime Élisabeth Hubert et du mal marié Hervé Gaymard. Je ne suis quand même qu'une potarde, fille de dentistes et, en ce moment, le chirurgien Houssin, (lui qui se prenait pour le fameux surgeon general) on l'entend moins se pavaner, quant à la Weber, je la laisse se dépatouiller avec les réseaux qui donnent des chiffres de grippe tellement discordants qu'on va finir par la renvoyer à ses chères études...
"Je suis invitée partout, mes communiqués de presse font un tabac, j'arrive même à répondre à ce crétin d'Askolovitch qui me pose la question de savoir pourquoi les établissements scolaires ferment, contrairement aux autres pays du monde, à partir de trois cas... Je lui ai fait savoir que je savais ce qu'était un cluster...
"Bon, pas trop d'optimisme. On ne sait jamais. Ce qui compte pour moi c'est que nous freinions assez le virus pour que nous puissions vacciner à temps. Pour le reste, à chaque jour suffit sa peine...."

CONTRACEPTION HORMONALE FEMININE : STOP AUX PILULES NON REMBOURSEES ET A LA VARNOLINE !

Nous nous sommes faits souvent l'écho ici des problèmes posés par la gynécologie médicale en France et de sa façon quasiment automatique de prendre les mauvais choix de santé publique.
Nous avons aussi souligné combien le taux d'IVG en France ne diminuait pas malgré l'évolution des moeurs et des connaissances. Ce phénomène n'est pas franco-français et les grands pays industrialisés sont soumis à ce dangereux paradoxe : le sexe devient une donnée visible sur les écrans et dès le plus jeune âge et la contraception est encore tabou. Nous ne tenterons pas ici d'analyser ce blocage, il faudrait au moins plusieurs thèses d'Etat pour en venir à bout.
Je voudrais simplement dire à mes collègues médecins qu'ils soient spécialistes en gynécologie obstétrique ou en médecine générale de ne pas prescrire en première intention des pilules oestro-progestatives non remboursées, sauf exception, bien entendu.
Je voudrais simplement dire aux patientes qui entrent dans les cabinets médicaux dans le but de se faire prescrire une contraception hormonale de refuser les pilules oestro-progestatives non remboursées en première intention. Et, surtout, de ne pas écouter les arguments fallacieux des médecins qui voudraient les leur imposer !
Il ne s'agit pas d'un choix social, il s'agit d'un choix scientifique.
A l'heure où les pouvoirs publics pensent qu'il serait utile de rembourser certaines pilules dites de troisième génération il faut y mettre le holà.
Deux études récentes publiées dans le British Medical Journal sont particulièrement convergentes. L'étude hollandaise est un essai cas-témoin et l'étude danoise un essai de cohorte.
Elles indiquent (nous sommes désolés pour ceux qui connaissaient avant même la publication de ces deux essais les faits qui suivent) :
  1. Le risque thrombo-embolique est, toutes choses égales par ailleurs (cf. infra), moindre quand la quantité d'ethynil oestradiol est réduite de 30 à 20 microgrammes
  2. Les progestatifs les plus sûrs sont le levonorgestrel et la norethisterone.
  3. Le risque thrombo-embolique est 1,5 à 2 fois plus important pour le gestodene, le desogestrel et le norgestimate, comparés au levonorgestrel.
  4. Le drosperinone, nouveau progestatif dit naturel, et la cyproterone (utilisée de façon empirique dans l'acné) ont un risque thrombo-embolique 1,6 à 1,8 fois plus important que le levonorgestrel.
  5. Quant au norprogestimate il ne semble pas augmenter de façon significative le risque thrombo-embolique dans l'essai danois (1,19 fois plus) et il n'a pas été testé dans l'essai hollandais (pas assez d'utilisatrices).

Vous pourrez lire les articles et constater qu'il est possible de critiquer la façon dont ces essais observationnels ont été menés, notamment pour ce qui concerne la non connaissance des antécédents familiaux thrombo-emboliques qui auraient pu entraîner les médecins, sous l'influence du marketing des nouveaux produits, à plus utiliser ces derniers en cas de risques familiaux avérés.

Ces essais apportent encore deux éléments importants :

  1. Le tabac n'a pas été retrouvé comme facteur de risque thrombo-embolique
  2. Pas plus que l'obésité.

Dernier point : pour les médecins, comme moi, qui ne sont pas familiarisés avec la dci des pilules, voici des noms de marque (liste non exhaustive)

Pilules à prescrire : Levonorgestrel : Adepal, Ludéal, Trinordiol, Microval (lors de l'allaitement) ; Norethisterone : Triella.

Pilule à évaluer. Norgestimate : Cilest

Pilules à éviter : Désogestrel : Cerazette, Mercilon, Varnoline Drospirone : Jasmine ; Cyproterone : Diane

Est-ce clair ?

Il faut se méfier d'une recherche Google sur la drospirone car elle conduit à un article sur "les inégalités sociales d'accès à la contraception en France" qui, sous le couvert de l'institut national de la santé et de l'Institut national d'études démographiques, vante les pilules de troisième gébnération (l'article est sponsorisé par Wyeth-Lederlé). L'étude vante mais on y lit quand même que les pilules de troisième génération, selon les déclarations des patientes, n'entraînent pas une meilleure qualité de vie !

DERNIERE NOUVELLE ! Pour des raisons que seul le Ministère de la Santé connaît (et on laisse le lecteur comprendre où sont les intérêts des uns et des autres) la Varnoline est désormais remboursée !

Il faut donc lire : Contraception hormonale féminine : NON AUX PILULES NON REMBOURSEES ET A LA VARNOLINE !

mercredi 9 septembre 2009

LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 09/09/09



Neuf septembre 2009


"J'espère que personne n'ira lire les préconisations du Haut Conseil de Santé Publique telles qu'elles ont été publiées car il ne sera pas étonnant que l'opposition contre la vaccination monte dans l'opinion publique et chez les personnels de santé. C'est un tissu de contradiction. Heureusement que les journalistes sont des cons et que le Quotidien du médecin, organe de l'industrie pharmaceutique, en a fait ce jour un résumé d'une atterrante incompétence. Mais nul doute que la presse ne manquera pas d'aller dans la même direction. Dans le Parisien de ce jour une interview de Claude Hannoun ne laisse pas de m'interpeler : il affirme qu'il faut donner du tamiflu à tout le monde en préventif et que cela ne provoquera pas de résistance. Il devrait faire du brain storming avec Manuguerra."

mardi 8 septembre 2009

LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 08/09/09


Huit septembre 2009.

J'ai regardé C Dans L'air hier soir et j'ai trouvé Manuguerra d'une nullité absolue. Comment ce type peut-il être président du Comité de Lutte contre la Grippe ? Il parle mal, il ne répond pas aux questions, et quand le journaliste lui demande s'il ferait vacciner sa femme (58 : 35) il se prend les pieds dans le tapis, il dit oui puis non et parle de premier et de deuxième trimestre, qu'est-ce qu'elles vont penser les futures vaccinées ? Faut dire qu'il est allé raconter, ce crétin, que l'adjuvant contenu dans le vaccin n'était pas recommandé par les experts français dans le cas des femmes enceintes alors que l'on ne cesse de répéter qu'elles seront les premières sur la liste ! Houssin devrait l'envoyer dans des mines de sel fabriquer des Crocs roses. On aurait peut-être dû mettre Flahaut à la tête du Comité, avec sa femme à la commission d'AMM, il aurait été plus malléable...

LA GRIPPE : UNE AFFAIRE SERIEUSE - HISTOIRES DE CONSULTATION : TREIZIEME EPISODE

Ils ont appelé le matin. Ils sont venus pour treize heures. Ils sont trois et ils ont la grippe. ont-ils affirmé à la secrétaire : ils toussent, ils ont de la fièvre, ils ont des courbatures. Ils entrent directement dans mon bureau. Je ne leur donne pas de masques et je n'en porte pas.
Interrogatoire.
Monsieur N, 42 ans. Il est fébrile, il n'a pas pris sa température, il tousse à peine, il a des courbatures, il a mal à la tête et il a vomi. Début il y a trente-six heures.
Madame N, 23 ans. Elle tousse, elle a eu de la fièvre pendant quelques heures (elle n'a pas non plus mesuré), elle est essoufflée, elle n'a pas de courbatures. Début il y a quatre jours.
Enfant N, 7 mois. Il tousse à peine, il n'a pas de fièvre. Début : une semaine.
J'examine Monsieur N dont l'examen est d'une pauvreté désespérante, je me méfie pourtant des vomissements et des maux de tête et il finit par me dire qu'il a la diarrhée. Monsieur N a une gastro-entérite virale.
L'auscultation des poumons de Madame N retrouve des sibilants : elle fait une crise d'asthme (il lui est arrivé d'en faire une il y a quelques mois qui était inaugurale sans que l'enquête étiologique ne soit très probante).
Le petit N est floride comme jamais et il est possible que le jetage postérieur soit à l'origine de sa toux non fébrile.
Pas de grippe H1N1 pour l'instant.

lundi 7 septembre 2009

LE ROLE IRREMPLACABLE DU MEDECIN GENERALISTE - HISTOIRES DE CONSULTATION : DOUZIEME EPISODE

Cette jeune femme vient consulter pour un rhume. Elle a trente-deux ans, elle est secrétaire dans une usine de cartonnage, elle a un visage doux et elle est très intelligente. Je la connais depuis une dizaine d'années et elle consulte peu. Je connais ses parents (je suis le médecin traitant de son père) et deux de ses frères. Pas son mari.
Avant même que je ne lui pose des questions sur son rhume je l'interroge sur Tom. En effet il a passé deux mois en couveuse pour prématurité. Il vient juste de revenir à la maison. Elle a eu très peur de le perdre. Et elle a encore très peur qu'il soit anormal. Je lui raconte une magnifique histoire d'Allan qui, en plus, est une histoire vraie et qui me concerne. Contrairement à tous les règlements je lui parle de moi, à savoir que je suis né prématuré, en 1952, j'avais à peine sept mois et que j'ai passé de longues semaines à l'Ecole de Puériculture du Boulevard Brune dans une des rares couveuses qui existaient alors et sous le regard craintif de mes parents. "Ne m'en suis-je pas bien sorti ?" lui demandé-je avec orgueil (mais surtout pour la rassurer, tout le monde l'aura compris).
Elle rit et me dit que tout va bien.
"Et votre fille ? Comment a-t-elle pris la chose ? Pas jalouse ? - Non, elle s'en occupe bien, elle veut tout le temps lui faire des bisous. On est obligés de la modérer, de ne pas trop l'approcher pour la laisser tranquille. - Elle est anxieuse ? - Non, non, nous y faisons attention et d'ailleurs nous avons vu une psychologue à la maternité." La petite Eva a six ans, je la vois quand son pédiatre est absent. "Enfin", poursuit-elle, "elle s'est remise à faire pipi au lit."
Moi : "Et qu'est-ce qu'elle vous a dit la psychologue ? - Elle nous a expliqué qu'il fallait parler à Eva. Pour la rassurer... Nous lui parlons beaucoup. Elle est quand même un peu jalouse..."
Il y a toujours un moment dans les entretiens à bâtons rompus, en face à face avec les patients, où je me dis que je ne suis pas un psy et que je ne souhaite pas singer ce qu'il pourrait faire. Mes deux objectifs, à moins que les patients ne souhaitent autre chose, c'est, premièrement de gagner du temps et, deuxièmement, ne pas aller trop loin dans l'intimité des êtres (c'est probablement mon refoulement).
"Vous savez", me lancé-je, "dans cette famille, il faut que chacun trouve sa place. Le petit vient de passer deux mois dans un hôpital et maintenant il découvre sa chambre, ses parents, sa grande soeur. Ce doit être une expérience terrible. Il faut qu'il laisse du temps aux autres afin que vous l'acceptiez. - ?... - Eh bien oui, ce n'est pas vous qui devez vous adapter à lui, c'est lui qui doit s'adapter à vous. Il faut donc le rassurer sur vos bonnes intentions. Il faut que chacun sache ce qu'il doit faire. Si Eva le couvre de bisous c'est parce qu'elle a encore peur pour lui. Et aussi, parce qu'elle sait que cela vous fait plaisir car vous aussi elle se rend compte que vous êtes morts de trouille. Et en même temps elle refait pipi au lit, ce qui montre qu'elle est jalouse ou qu'elle regrette l'époque où elle était seule et qu'elle faisait pipi au lit. La pauvre petite est partagée entre vous faire plaisir, car tous les efforts que vous avez faits pour avoir cet enfant (la maman a subi une stimulation ovarienne avec tout ce que cela comporte d'angoisse et de contraintes), elle les a vécus et les a subis, et sa tristesse de ne plus être fille unique..."
La maman me regarde avec attention comme si j'étais là pour lui délivrer un message libérateur (il faut que je me méfie).
"Il faut donc que vous parliez à Eva... - Mais on l'a déjà fait. - Je m'en doute, j'en suis certain, il faut que vous parliez à Eva devant Tom afin que tout le monde entende. Il faut faire les présentations. - Les présentations ? - Oui, cela peut paraître idiot, il faut que tout le monde se connaisse et sache comment il doit se situer. Il faut dire à Tom que tout le monde a été content de l'accueillir, votre mari, vous, que vous espérez que sa chambre lui plaît... - Mais il ne va pas comprendre... - Mais bien entendu qu'il ne va pas comprendre les mots mais il va comprendre le ton, encore une fois vous êtes là pour rassurer un enfant qui a passé deux mois dans une couveuse avec des gens différents selon les moments de la journée pour lui donner des soins, lui donner à manger, le changer, changer sa perfusion. Et maintenant il ressent le vide de sa chambre, le silence de sa chambre sans le bruit des sabots des infirmières, sans le bruit des machines, sans le bruit des conversations, il est seul dans une chambre, isolé, il faut donc que vous lui racontiez sa nouvelle vie avec son père, sa mère et sa soeur... Sa soeur qui est une grande fille qui sait marcher toute seule, manger toute seule, faire pipi toute seule, qui va à l'école et qui apprend à lire et à écrire, une grande, quoi, alors que lui est petit, qu'il a besoin des adultes pour manger, boire, être changé, et qu'il est donc normal que l'on s'occupe plus de lui pour cela, mais qu'en revanche Eva est autonome, sait faire plein de choses toute seule, et même faire des calins à son petit frère..."
Le rôle du médecin généraliste, qui n'est pas un psychologue ou un psychiatre, est donc de gagner du temps : au lieu d'attendre que la patiente, ici cette mère aimante et intelligente, reformule le message que vous avez envie de lui faire passer au bout d'une longue maïeutique qui prendra des semaines et des mois, le médecin généraliste ouvre des pistes, fait des propositions et c'est à la personne qui est en face de lui d'en faire bon usage ; le deuxième rôle du médecin généraliste est, sans doute, de rester à la superficialité des choses, de ne pas entrer trop loin dans les strates géologiques de l'esprit des gens. ce n'est pas son travail, c'est celui du psy qui a plus d'expérience et qui a plus de temps à consacrer à ses patients. Et, au bout du compte, de ne pas être générateur d'interdits. La famille de cette jeune femme a besoin de se situer, de savoir où elle en est et il faut lui donner de l'espace et élargir le champ de ses possibilités.
Idyllique, non ?

jeudi 3 septembre 2009

ANTENNES RELAIS : DES ESSAIS GRANDEUR NATURE

A l'une de mes patientes qui me demandait l'autre jour ce qu'il fallait penser des Antennes Relais j'ai hésité entre plusieurs attitudes (on peut penser que c'est mon côté 'Je ne me prononce pas.' ou mon côté 'Mi figue mi raisin' ou mon côté 'Ménager la chèvre et le chou.' ou mon côté 'Garder sa clientèle en la caressant dans le sens du poil', allez savoir).
D'abord, mon point de vue est flou et peut se modifier au gré de la publication d'études positives ou négatives ou entre les deux ; ensuite, je suis étonné par l'attitude des Associations qui parlent surtout des dangers des Antennes (non prouvés) et qui ne demandent pas l'interdiction pure et simple des portables (mais il doit bien y avoir une association de ce type : on trouve de tout sur le net) ; enfin, habitué que je suis à l'incompétence manifeste de la majorité des associations de défense quand ils présentent des données qu'ils assimilent à des preuves... Quoi qu'il en soit j'étais un peu embêté.
Voici les réponses que j'aurais pu faire :
  • Certain : tout ça c'est des conneries pour journalistes en mal de copie et pour écolos larzaciens,
  • Mesuré : rien n'a encore été démontré mais il semble (voir plus haut) qu'il vaudrait mieux être prudent avec l'utilisation des portables eux-mêmes,
  • Donneur de leçons : ceux qui s'opposent aux Antennes Relais continuent de téléphoner avec leurs portables comme ceux qui veulent des prisons mais pas à côté de chez eux,
  • Paternaliste : les essais actuels ne montrent pas d'effets délétères...
  • Désagréable : Vous avez un téléphone portable sur vous ? Vous avez pris rendez-vous avec votre téléphone portable ?

Mais la patiente est têtue : Pourtant il est montré qu'il y a des gens qui souffrent de maux de tête, qui dépriment...

Là, elle est maligne la dame. "Eh bien, c'est vrai, il y a probablement des gens qui sont sensibles aux ondes électromagnétiques, mais, pour l'instant nous n'avons pas d'informations sur les cancers."

Et voilà que deux essais en simple aveugle viennent d'être menés, l'un à Saint-Cloud, l'autre à Moineville (le Canard Enchaîné du 2 septembre 2009 qui rapporte respectivement un article du Parisien du 9 mars et du Républicain Lorrain du 12 avril dernier).

Dans les deux cas, à la suite de l'installation d'Antennes relais, certains habitants ont commencé à souffrir de mal de crâne, de goût métallique dans la bouche, de sentiment d'abattement, d'epistaxis, de manque de sommeil. Voilà des faits troublants.

Ce qui est plus troublant est ceci : des huissiers ont constaté, sur la demande d'Orange, que les Antennes n'étaient pas encore en service à l'époque des "troubles".

Comme le dit Le Canard : "On n'ose imaginer les dégâts dans les crânes si un jour l'antenne est branchée..."

Il n'y a pas que l'Etat qui entretient un climat d'insécurité pour tenter de se faire réélire, il y a aussi de simples citoyens, des vrais gens, qui profitent de ce climat pour faire propérer leur ego.

L'emballement mimétique si bien décrit par René Girard trouve ici son expression presque pure.

Repensez-y chers confrères et chers patients quand on vous parle de fibromyalgie, de dépression ou de syndrome dysphorique du lundi matin. Dans ces cas, sauf le dernier, on ne sait pas qui est la poule et qui est l'oeuf.

Vous remarquerez, chers confrères et chers patients, que je n'ai pas utilisé l'expression Principe de précaution. Par précaution.

mardi 1 septembre 2009

GRIPPE H1N1 : UN REVELATEUR ?

Maintenant que la grippe H1N1 est vraiment entrée dans les cabinets de médecine générale et que chacun, du dernier épidémiologiste au premier virologue, en passant par le moindre médecin conseil, donne son avis sur la virulence du virus, la réalité de la pandémie, les gesticulations gouvernementales et les recommandations de la DGS, les chiffres de la Nouvelle-Calédonie et ceux de l'Australie, le chiffre d'affaire de Roche ou la rupture de stock des solutés hydro-alcooliques, il faut bien se rendre à l'évidence : ce serait une bonne occasion de s'interroger sur nos pratiques.

Car, enfin, tout ne roulait finalement pas si mal dans les cabinets de médecine générale dans le train train le plus complet, bon an mal an les recettes rentraient, les patients ou les malades venaient, respectivement montrer, et pour le même prix, leurs bobos et leurs maladies, les médecins généralistes râlaient, les VM venaient déposer leurs précieux échantillons sur les bureaux des médecins qui avaient signé la Charte Oui Merci, les médecins généralistes voulaient ressembler à des spécialistes avec un enthousiasme que ne démentait que leur haine rentrée des spécialistes, les campagnes se dépeuplaient, c'était le bon temps des Antibiotiques c'est pas automatique, des PSA prescrits à la pelle, des effets indésirables et toxiques des médicaments jamais déclarés, et voilà maintenant que cette pandémie vient tout bouleverser.

On se rend compte avec effroi que la grippe saisonnière tuait entre trois et cinq mille personnes par an (l'épidémiologie française est à la science descriptive ce que les demoiselles du téléphone sont à Google), presque autant que les accidents de la route, et que tout le monde s'en foutait. Il fallait quand même que les vieux et les très malades meurent de quelque chose ! Tous les ans une canicule et tous les ans le Ministère de la santé ne tremblait pas, Madame Bachelot n'a jamais fait un point presse sur les victimes de la grippe saisonnière, Didier Houssin pas plus, quant à Françoise Weber elle est trop jeune sur le poste pour s'intéresser à des détails pareils. Mais ne croyez pas que seuls les politiques n'en avaient rien à cirer. Non ! Même les médecins généralistes ! Et c'est là que je veux en venir.

J'ai raconté ici et combien nous avions été pris pour des imbéciles, nous les médecins généralistes, combien les instances dirigeantes, les BHW (Bachelot Houssin Weber), les directeurs de cabinets, les conseillers occultes, les experts patentés, n'avaient jamais vu un médecin généraliste à l'horizon et ne savaient même pas comment ils fonctionnaient.

Eh bien, je peux le dire maintenant : HEUREUSEMENT ! Car ils auraient constaté que les cabinets de médecine générale sont loin dans leur majorité de répondre aux critères Iso 9001 ! Les médecins qui n'avaient jamais porté un masque lors des épidémies de grippe saisonnière, qui ne s'étaient jamais lavés les mains entre deux patients, qui s'essuyaient les mains avec le même torchon sale que leur secrétaire, et qui ignoraient même l'existence des initiales SHA, qui n'avaient que des poubelles ouvertes sur le monde, qui ne faisaient pas détruire leurs déchets, et cetera, et cetera, ils se retrouvent désormais dans la position d'un paysan africain à qui on dit, en pleine épidémie de fièvre d'Ebola, qu'il suffit de se laver les mains pour arrêter l'épidémie.

Mais, en Europe, on est plus forts que tout : non seulement on préconise des mesures d'hygiène, les fameuses mesures barrières, mais, en plus, c'est plus chic et ça rapporte plus, on développe en quatrième vitesse des vaccins dont on ne connaîtra lors de la campagne de vaccination ni s'ils sont efficaces ni s'ils sont sans effets indésirables, on promeut des médicaments, le tamiflu et, éventuellement le relenza, dont on sait, eux, qu'ils sont inefficaces et qu'ils produisent des effets indésirables !

Donc, pour en revenir à la médecine générale, spécialité qui, comme on le sait, existe peu, du moins en regard de la qualité de ses publications donc, revenons aux médecins généralistes, spécialistes ou non, qui, eux existent : il serait utile que cette pandémie, dont, on l'espère, la mortalité sera minime, les fassent réfléchir sur les mesures d'hygiène qui existent actuellement dans leurs cabinets et les précautions qu'ils prennent, et surtout qu'ils ne prennent pas, dans les infections non pandémiques...

Allons, je m'arrête, je ne voudrais pas donner des armes aux contempteurs de la médecine générale, je voudrais simplement que nous lavions devant notre porte.

Mais que cela ne nous empêche pas de penser que BHW, c'est le comble du ridicule !

mercredi 26 août 2009

LA MEDECINE A UNE VITESSE - HISTOIRES DE CONSULTATION : ONZIEME EPISODE

Pendant les vacances Monsieur A, 76 ans, a fait une rétention aiguë d'urine au décours de la prise d'un vasoconstricteur nasal prescrit par je ne sais qui (je ne veux pas le savoir).
Il se retrouve aux urgences du bon hôpital de Zup City (charmante localité des Yvelines) où, au milieu du mois d'août il n'y a pas d'urologue.
On le sonde, on remplace l'alpha-bloquant qu'il prenait auparavant (j'ai honte : je lui prescrivais un alphabloquant pour une hypertrophie bénigne de prostate avec un score I-PSS qui avait franchement diminué) par un autre alpha-bloquant à doses plus importantes (l'effet placebo ?), on le garde trois jours en observation, on enlève la sonde et il repasse en rétention. Pendant ce temps, l'augmentation des doses d'alpha-bloquant a provoqué une arythmie par fibrillation auriculaire (une complication méconnue des alpha-bloquants) et le cardiologue s'est fendu d'une lettre pour ma pomme (le médecin traitant) en me proposant ses services, au décours de l'intervention, pour instaurer un traitement anticoagulant (le brave homme) et expliquer pourquoi il n'a pas prescrit d'antiarythmiques (c'est déjà mieux).
Comme il n'y a pas d'urologue à l'hôpital public de Zup City on le confie à un urologue du privé qui, je l'avoue, n'est vraiment pas mon copain.
Monsieur A vient donc me voir cet après-midi, un peu pâlichon, il a été opéré il y a dix jours, l'hématurie post opératoire ayant dû jouer son rôle et il est content.
- L'opération s'est bien passée.
" Mais cela m'a coûté cher.
- Combien ?
- Trois cents euro.
- Comment ?
- Deux cents euro pour le chirurgien et cent euro pour la clinique.
- Ce n'est pas normal...
- Oui, mais l'hôpital de Zup City, il est fichu, ils n'ont pas pu me soigner."
Monsieur A est insuffisant respiratoire. Il est en ALD pour l'insuffisance respiratoire et pour un diabète non insulinodépendant traité par de petites doses de glibenclamide et il est devenu... cardiaque. Il n'a pas de mutuelle.
J'ai un compte rendu de l'hôpital (où on souligne le fait que les PSA sont à 12, chose dont je me moque comme de mon premier toucher rectal mais où il est bien noté que le traitement par alphabloquant est poursuivi) mais, bien entendu, pas de compte rendu de l'intervention puisque c'est l'hôpital qui a adressé dans le privé un de mes patients à un urologue que je n'aime pas et à qui je ne confie aucun malade sans que je sois prévenu (et alors qu'à cette période j'étais remplacé).
Monsieur A, retraité maghrébin (il faut bien que je fasse du social), a subi une résection prostatique pour trois cent euro, il est désormais en arythmie et il est toujours insuffisant respiratoire et diabètique non insulinodépendant.
Il est surtout venu pour que je lui refasse son ordonnance, je suis quand même son médecin traitant.
Je m'informe de son prochain rendez-vous chez l'urologue et lui fais prendre un rendez-vous avec moi après qu'il l'aura vu : pour instaurer des antivitamines K ? Je prescris également une prise de sang pour qu'il puisse la montrer à l'urologue.
Et alors là, le malade craque !
Il se rend compte que le paracetamol que je lui ai prescrit pour ses douleurs arthrosiques, ainsi que le zolpidem qu'il prend en petite quantité (je sais, je ne devrais pas prescrire du zolpidem à un homme de 76 ans mais, bon, il dort bien, il n'a pas de troubles de mémoire, il prend un demi comprimé au coucher et il ne s'est encore jamais cassé la figure), a été inscrit en zone deux (hors ALD).
Je n'arrive pas à le calmer et il part fâché.
Il reviendra mais combien paiera-t-il de sa poche lors de la prochaine consultation chez l'urologue et sans se plaindre ?
Quand on parle de médecine à deux vitesses, on se trompe : nous sommes dans la médecine à une vitesse avec des honoraires obligés imposés par le public (qui ne peut assurer les urgences). Ne devrait-on pas regretter le temps où des chirurgiens généralistes effectuaient des résections transurétrales ni plus mal ni mieux que les urologues dont c'est le pain et le beurre ?

jeudi 13 août 2009

CAMPAGNE GENERALISTE POUR L'EPIDEMIE DE H1N1

Pour vos patients vous pouvez avec profit distribuer des masques vénitiens qui ne manqueront pas de les égayer à moins qu'ils ne se soient déjà égayés à la vue de votre tenue non réglementaire (cf. infra) que vous ne manquerez pas de porter quand les BHW (Bachelot, Houssin, Weber) seront déjà dans leurs bunkers respectifs (pour assurer la continuité de l'Etat).








jeudi 6 août 2009

VACANCES

Chers amis,
Pendant les vacances la médecine générale ne perd pas ses droits. Elle impose même de nouveaux devoirs : continuer de s'informer en ne faisant rien.
Un voisin de plage italienne, Luxembourgeois de quarante-deux ans, me parle de ses (petits) problèmes de santé pour lesquels son ORL (luxembourgeois) lui a prescrit des corticoïdes (qu'il n'a pas pris pensant que c'était trop pour ce qu'il avait : il avait raison, il a guéri avant). Il est par ailleurs content de son médecin généraliste (luxembourgeois) qu'il voit une fois par an. "Il est parfait. Il me fait faire une prise de sang tous les ans, il ne m'examine pas... et je suis rassuré de ne pas avoir de cancer..."
Authentique !
J'ai eu le tort, après l'avoir écouté, de mettre les pieds dans le plat.
Je n'aurais pas dû.
Je relis Proust.
Je tombe sur un passage savoureux décrivant la mort de Bergotte (La Pléiade, tome III -- édition de 1954 -- page 182) : " On sait que sa maladie durait depuis longtemps. Non pas celle, évidemment, qu'il avait eue d'abord et qui était naturelle. La nature ne semble guère capable de donner que des maladies assez courtes. Mais la médecine s'est annexé l'art de les prolonger. Les remèdes, la rémission qu'ils procurent, le malaise que leur interruption fait renaître, composent un simulacre de maladie que l'habitude du patient finit par stabiliser, par styliser, de même que les enfants toussent régulièrement par quintes logtemps après qu'ils sont guéris de leur coqueluche. Puis les remèdes agissent moins, on les augmente, ils ne font plus aucun bien, mais ils ont commencé à faire du mal grâce à cette indisposition durable. La nature ne leur aurait pas offert une durée si longue. C'est une grande merveille que la médecine, égalant presque la nature, puisse forcer à garder le lit, à continuer sous peine de mort l'usage d'un médicament. Dès lors, la maladie artificiellement greffée a pris racine, est devenue une maladie secondaire mais vraie, avec cette seule différence que les maladies naturelles guérissent, mais jamais celles que crée la médecine, car elle ignore le secret de la guérison."
Etonnant, non ?
Un de mes amis me laisse un message sur mon portable : ma fille est malade, bla bla bla...
Je ne l'écoute que le lendemain et lui prodigue un ou deux conseils médicamenteux en n'écrivant pas : "Comme dirait House : vu le délai ta fille, quand tu recevras le message, sera soit morte, soit guérie." Et c'est ce qui se passa : elle guérit avant que mes conseils ne soient appliqués.
Et pendant ce temps, en Italie, j'apprends que les Italiens sont les champions du monde du H1N1. Berlusconi vs Sarkozy !
Puis, malaise vagal de Sarkozy qui conduit à des examens complémentaires extravagants : la presse italienne est excitée !
Pendant ce temps des Anglais s'inquiètent du nombre excessif d'IVG, des Japonais déconseillent et le tamiflu et les AINS et les antipyrétiques dans le traitement de la grippe...
A bientôt.

mercredi 15 juillet 2009

LE MALADE URGENT SANS RENDEZ-VOUS - HISTOIRE DE CONSULTATION : DIXIEME EPISODE

Le samedi (entre huit heures trente et quinze heures), c'est rendez-vous.
On a beau prévoir l'urgence (pas la vraie qui vous fout toute la consultation en l'air, non, l'urgence de complaisance ou l'urgence de charité ou l'urgence de gestion de clientèle), les malades "en plus", c'est chiant.
Donc, vers onze heures trente (la secrétaire est rentrée chez elle profiter d'un repos bien mérité), il y a une dame et son fils d'environ treize ans dans la salle d'attente.
J'ai un peu de retard (trois minutes, ce qui pour moi est exceptionnel, en général cela peut atteindre dix à douze minutes) et je prends mon air pas aimable.
- Vous avez rendez-vous ?
- Non, docteur, mais c'est urgent.
Je ne les connais ni des lèvres ni des dents et mon air pas aimable est encore moins aimable que d'habitude.
- Qui est votre médecin ?
- C'est le docteur D mais elle ne consulte pas le samedi.
- Il faut changer de médecin.
J'en profite pour faire entrer le patient qui avait rendez-vous au moment où, touché par la mauvaise mine du garçon, il était sur le point de le laisser passer.
"On va voir.
Je prends tout mon temps avec le malade qui a rendez-vous tout en pensant aux deux qui n'ont pas rendez-vous et qui, je l'espère, vont quitter la salle d'attente, poussés par sa mère, déçus de ne pas passer avant les gens qui ont rendez-vous, même choqués, enfin, le dernier arrivé le premier servi, et, comme je raccompagne le malade et que je vois que le malade suivant est arrivé (à l'heure, comme on dit dans les aéroports) je le fais entrer en jetant un regard désolé sur la mère et l'enfant qui ressemblent autant à un tableau de Giotto que ma salle d'attente à une salle du musée Jacquemard-André.
Quand je ressors, ils sont toujours là, fidèles au poste et, le malade suivant ayant oublié de téléphoner pour dire qu'il annulait, je fais entrer les deux lascars.
- C'est vraiment aussi urgent que cela, dis-je avec ironie ?
- Avec un enfant, vous savez, on ne sait jamais. Je n'allais pas passer trois heures aux urgences ...
Elle a raison, elle aurait pu garder son fils à la maison mais, je m'avance, je ne l'ai pas encore examiné, seulement interrogé. Et j'ai la vision grimaçante de Patrick Pelloux en train, du haut de sa science hospitalière, d'insulter la médecine de ville qui ne fait pas son boulot et qui, ainsi, engorge l'hôpital.
Après examen le gamin fait une rhinopharyngite d'une banalité affligeante, certes vaguement myalgique, mais quand même affligeante avec des tympans même pas rosés et une nuque d'une souplesse inégalée.
- Je crois qu'il va survivre, lancé-je avec finesse.
- Vous êtes sûr, demande la mère qui a l'art de rendre les gens à l'aise, que ce n'est pas la grippe mexicaine ?
- Heu, non. Ce n'est pas une grippe.
- Mais rien ne ressemble plus à une rhinopharyngite qu'une grippe banale, me dit-elle en prenant son air le plus catastrophé, celui qui connaît Doctissimo par coeur pour l'avoir potassé avant d'entrer chez le médecin au cas où une interrogation écrite surprise s'imposerait.
Elle a raison, la dame, qu'est-ce qui ressemble le moins à une grippe H1N1 qu'un syndrome fébrile non identifié ? Et encore, au moment de cette consultation, n'avais-je pas appris qu'une petite fille et un médecin généraliste étaient morts, certes en Grande-Bretagne, salauds de rosbeefs, mais morts quand même ! C'est comme cela que commencent mes cauchemars, une grippe H1N1 non diagnostiquée qui finit... Comme l'autre soir en m'endormant et en essayant de chasser de mes yeux à peine ensommeillés le visage de Didier Houssin en train de déclarer dans un point de presse (flanqué de ses deux égéries, la Roseline sans sabot et la Weber avec ses boucles d'oreille ultra sexy), que maintenant que la grippe mexicaine va être mortelle il paraît logique d'en confier la gestion aux médecins généralistes où la mort sera assurée avec plus de désapprobation que dans les ors des cabinets ministériels ou dans les couloirs des urgences pellousiennes...
Moi, complètement inconscient, n'ayant pas vérifié qu'elle n'a pas un système d'enregistrement caché dans son sac ou collé à sa peau comme dans les séries télévisées, je lui dis : "Mais Madame, je vous dis que votre fils a une rhinopharyngite, il faut me croire... Ce n'est pas une grippe H1N1."
- Ah... fait-elle, faussement rassurée.
Je tape l'ordonnance et la lui tends pendant que j'introduis la carte vitale dans la fente.
- Mais, me dit-elle, vous ne lui avez pas donné d'antibiotiques ?
- Non, dans une rhinopharyngite, cela ne s'impose pas.
- Mais, nous étions venus pour avoir des antibiotiques !
- Je crois que la prochaine fois vous irez soit aux urgences soit vous attendrez lundi le docteur D.
N'empêche que le lundi je me suis demandé si le gamin, finalement, et malgré toute ma morgue, n'avait pas fini aux urgences, emmené par le Samu avec un prélèvement rhinopharyngé sur le point de se positiver à l'hôpital Bichat.

mardi 7 juillet 2009

DEPISTAGE DU CANCER DU SEIN : UNE FEMME GENERALISTE DIT NON POUR ELLE-MEME

Une femme médecin généraliste anglaise refuse pour elle-même le dépistage du cancer du sein par mammographie.
Iona Heath a écrit un magnifique papier dans le British Medical Journal dont vous ne pourrez lire que les 150 premiers mots.
Elle explique d'abord qu'elle sait ce que c'est que de voir ses propres patientes mourir d'un cancer du sein.
Elle dit avoir refusé plusieurs fois le dépistage car, contrairement à ses patientes, elle est au courant des risques
Elle commente la brochure que toute femme britannique invitée à passer une mammographie reçoit : cette brochure est faite, dit-elle, pour que les femmes ne puissent refuser.
Elle argumente ensuite :
  1. Elle cite la brochure alternative que la Revue Cochrane met en ligne. Les habitués de la lecture critique et de ce blog ne seront pas surpris : "Pour 2000 femmes invitées au dépistage pendant dix ans, un décès dû au cancer du sein sera évité mais dix femmes en bonne santé seront surdiagnostiquées. Ce diagnostic par excès conduira à 6 tumorectomies inutiles et à 4 mastectomies non justifiées et placera 200 femmes dans une situation de troubles psychologiques liés aux investigations suivantes. Ainsi, le pourcentage de femmes survivantes à 10 ans sera de 90,2 % si elles ne se sont pas prêtées au dépistage et de 90,25 % dans le cas contraire." Iona Health : Existe-t-il une différence suffisante pour contrebalancer les risques possibles ? For me, it is not."
  2. Pourquoi les femmes de ce pays n'ont-elles pas le droit d'être informées correctement sur les controverses scientifiques qui persistent notamment sur le nombre de diagnostics par excès et sur l'histoire naturelle des cancers canalaires in situ qui représentent 25 % des cancers révélés par le dépistage ?
  3. Mon expérience clinique, poursuit Iona Heath, m'a fait rencontrer nombre de femmes de ma liste de patients (list size) qui ont été diagnostiquées et traitées et qui vont "bien". depuis des années. Elles sont probablement persuadées que c'est le programme de dépistage qui les a sauvées. Mais moi je me pose des questions sur le nombre de ces femmes qui ont été surdiagnostiquées et qui ont été soumises au traumatisme de l'annonce du diagnostic du cancer et aux conséquences collatérales (traitement mutilant et affaiblissant alors qu'elles n'avaient rien). Sans compter que les conséquences ne s'arrêtent pas là : les filles de ces femmes sont infectées toute leur vie par la peur du cancer et leurs risques augmentés d'en avoir un.
  4. Combien de médecins ont compris la description en 1985 par Alvin Feinstein de l'effet Will Rogers (New England Journal of Medicine 1985;312:1604-8) et ses implications ? LA [Docteur du 16 : je vous joins le meilleur article en français que j'ai trouvé sur ce point. Il est situé à la fin du papier qui rapporte trois autres phénomènes et paradoxes de la médecine qu'il vaut mieux connaître : l'effet Hawthorne, la régression à la moyenne, et le paradoxe de Simpson] L'effet Will Rogers signifie que dans une maladie donnée, quand un nombre de plus en plus grands de patients sont inclus, en raison d'un glissement des classifications de la maladie (dû à l'amélioration des techniques de dépistage, à une extension des définitions de la maladie et à un abaissement des seuils d'intervention préventive), il apparaît de façon illusoire que le pronostic de la maladie s'améliore (la détection précoce de métastases par de nouveaux examens fait glisser les malades de la catégorie bénigne à la catégorie grave ce qui améliore le pronostic des malades bénins) alors que cela n'affecte aucunement le pronostic individuel des patients. [Cela a été montré dans le cancer de la prostate et dans le cancer du colon.] Cet effet explique le contentement des oncologues, mammographistes et chirurgiens en regardant les chiffres du dépistage du cancer du sein.
  5. La peur durable du futur signifie qu'il n'est jamais facile de refuser les bénéfices promis par le dépistage. Voici ce qu'écrit David Misselbrook, un généraliste anglais dans son livre "Thinking about patients" : "Considérons le nombre de malades à traiter pour prévenir une seule issue défavorable dans les programmes de dépistage : pourquoi autant de monde accepte de se faire dépister ? Probablement parce que nous les nourrissons de promesses attachées à un modèle de réduction du risque relatif. Mais aussi parce qu'il s'agit d'un équivalent moderne d'une offrande votive au temple de l'Hygiène. C'est un subterfuge pour gérer notre peur." Iona Heath : "Il est important que les programmes de dépistage alimentent encore plus cette crainte dans le but de promouvoir l'adhésion d'une façon non éthique."
  6. Il est nécessaire, dans ce contexte, de se rappeler la description que fait David Sackett de l'arrogance de la médecine préventive : " La médecine préventive est trois fois arrogante : Premièrement, elle est agressivement affirmative traquant les individus sans symptômes et leur disant ce qu'ils doivent faire pour rester en bonne santé... Deuxièmement elle est présomptueuse, persuadée que les actions qu'elle préconise feront, en moyenne, plus de bien que de mal à ceux qui les acceptent et qui y adhèrent. Finalement, la médecine préventive est autoritaire, attaquant ceux qui questionnent la validité de ses recommandations."
Voici la conclusion de Iona Heath : "J'ai pris ma propre décision. D'autres femmes, avec une perception différente de leurs risques individuels, pourront prendre une décision différente de façon appropriée. Il n'est pas erroné de dire oui au dépistage mais il n'est pas non plus erroné de dire non.

dimanche 5 juillet 2009

PARACETAMOL : ATTENTION, LE RETRAIT DU DIANTALVIC NE FAIT PAS DU PARACETAMOL UNE MOLECULE SURE !

L'annonce récente par l'AFSSAPS du retrait progressif des spécialités contenant du dextropropoxyfène (et dont les produits emblématiques sont le Diantalvic et le Propofan) ne sont pas, à mon avis, un succès de la pharmacovigilance. Qu'une molécule contenue dans 70 millions de boîtes vendues par an en France devienne du jour au lendemain, indésirable pose de sérieuses questions sur l'état de vigilance (au sens propre et au sens figuré) de la société française.

Nous tenterons de commenter dans un prochain article comment cette décision, imposée par l'Europe, mériterait des développements sur l'état du système de pharmacovigilance français, sur le manque d'analyses prospectives de nos autorités de veille sanitaire et sur les conséquences prévisibles (et imprévisibles) de ce retrait.

Nous nous attacherons à ceci : le paracétamol n'est pas un produit si sûr qu'il n'y paraît.

Il semblerait d'ailleurs que la France soit épargnée par les effets indésirables du paracétamol.
Nous avons l'habitude de cette formule gauloise de rhétorique puisque des exemples récents en ont fourni des données objectives : la France a été épargnée par le nuage de Tchernobyl, par le nuage de la cocaïne, et, pour l'instant, par le virus H1N1.

Les statistiques françaises les plus récentes (1990, excusez du peu) indiquent six morts par an.
Les Autorités Françaises expliquent cette incongruité pharmaco-épidémiologique franco-française en se vantant du fait que la France, la première dans le monde, a réduit le contenu unitaire des boîtes contenant du paracétamol à 8 g (huit comprimés de paracétamol 1000 ou seize comprimés de paracétamol 500). Or, les Britanniques (peuplade bizarre considérant que la pharmacovigilance est une branche de la médecine aussi importante que la rhumatologie, par exemple), qui n'ont "suivi" l'exemple français qu'en 1998, ont un défaut majeur pour nos élites médicoscientifiques : ils analysent avant de prendre des décisions et ils font le service après-vente (cette vision idyllique de la médecine britannique doit être modérée par le bon sens et ne doit pas inférer que mon principal conflit d'intérêt serait d'être payé par le British Council ou par la British Medical Association) : le nombre de décès annuels attribués au paracétamol dans les cinq années précédant le changement de boîtage de 1998 était de 212 contre 154 dans les cinq années suivantes (et alors que le nombre de décès par suicide avait également baissé en Grande-Bretagne, ce qui modère les résultats). L'écart entre les chiffres français n'est-il pas dû à la large utilisation du DPP ?

Par ailleurs, la FDA vient de formuler de nouvelles recommandations concernant l'utilisation du paracétamol (et, accessoirement des AINS comme anti douleurs de palier I). Nous y reviendrons une autre fois sur ce blog). Nous nous cantonnerons aux recommandations adultes.
  1. Diminuer la posologie journalière en dessous de 4 g (et au mieux 3,25 g)
  2. Ne pas donner des formes à libération immédiate excédant 650 mg par prise
  3. Baisser encore plus les posologies chez les consommateurs réguliers d'alcool
On attend les recommandations françaises.

Il est vrai que les Etats-Uniens "travaillent", qu'il y a des publications. En voici une qui a certainement contribué à susciter de telles recommandations et qui date de 2002 !
C'est une étude prospective menée dans 17 centres de soins dits tertiaires participant à l'US Acute Liver Failure Study Group. L'objet de cet essai (et là encore, je ne voudrais pas être lourd, je voudrais souligner l'aveuglement de nos autorités qui croient tout savoir sans rien étudier) était : "Parce que les insuffisances hépatiques aiguës sont rares, les données sont éparses. Des études ont suggéré que c'étaient les hépatites virales qui étaient la cause majoritaire de ces insuffisances hépatiques aiguës."
Quoi qu'il en soit, voici les résultats qui concernaient 308 patients consécutifs (durée : 41 mois) : surdosage en paracétamol (39 %), interactions médicamenteuses idiosyncrasiques (13 %), hépatites virales A + B (12 %), cause indéterminée (17 %). Rappel : la survie à trois semaines a été de 67 %, le taux de transplantation était de 39 % et le taux de survie sans transplantation était de 43 % Le pronostic de la transplantation était meilleur quand il s'agissait d'une cause liée au paracetamol.


CONCLUSIONS :
  1. Le paracétamol n'est pas aussi anodin que cela
  2. On attend des recommandations de l'AFSSAPS et des préconisations de Prescrire après le retrait du diantalvic et apparentés.
  3. Dans un pays où l'hépatite B est endémique comme les US, ce ne sont plus les hépatites qui sont les plus génératrices d'insuffisance hépatique aiguë

dimanche 28 juin 2009

NOMBRE DE MALADES A TRAITER : LES ILLUSIONS DE LA MEDECINE GENERALE PRATIQUEE DANS SON COIN

Nous abordons ici un cas pratique de statistiques que j'ai trouvé dans le British Medical Journal et qui doit être envisagé sous l'angle de la médecine générale, le seul angle qui nous intéresse ici.

Un cas qui illustre les impasses de la méthode intuitive isolée non accompagnée de solides références bibliographiques (et statistiques). Le principe de l'Evidence Based Medicine (Médecine par les preuves) en quelque sorte qui devrait associer expérience personnelle, dernier état des connaissances et... Valeurs et préférences des patients !

Un cas qui souligne le fait que la médecine générale ne peut se cantonner à la seule expérience personnelle qui n'est souvent que le reflet d'une méconnaissance de l'expérience des autres, fût-elle isolée ou regroupée en essais cliniques contrôlés associée, surtout, à l'illusion que chaque thérapeute se fait de ses propres qualités (l'ego).

Un cas qui nécessite de s'interroger sur l'effet placebo comme nous l'avons déjà fait sur ce blog : L'USAGE DU PLACEBO EN MEDECINE : UN DANGER POUR LE PRESCRIPTEUR


Voici ce cas :

Deux semaines après l'entrée dans un essai clinique visant à traiter les symptômes d'une infection pulmonaire 25 % des patients recevant un placebo contre 15 % des patients recevant un antibiotique sont encore symptomatiques.

Question : quel est le nombre de patients qu'il faut traiter par antibiotiques pour supprimer les symptômes à 15 jours ?
La réponse est 10. Cela signifie, dans ce cas, qu'il faut traiter au moins dix patients par antibiotique pour obtenir un bénéfice chez un patient supplémentaire par rapport à ceux qui auraient été améliorés par le placebo.
(Cela laisse rêveur et cela doit être interprété en d'autres circonstances en fonction de la gravité de l'affection et / ou aux effets indésirables graves du traitement.)
Mais venons-en à ce qui m'intéresse le plus : 1,18 (soit 1/0.85) est le nombre de patients qu'il faut traiter si l'on ignore le taux de disparition des symptômes dans le groupe placebo. En d'autres termes il faut traiter 118 patients par antibiotiques pour que 100 soient améliorés ! C'est le "taux de guérison" éprouvé par les cliniciens en pratique car, hormis les essais cliniques, il est rare que les médecins prescrivent un placebo à 50 % de leurs malades !
Cet exemple d'une grande banalité signifie que les praticiens ont bien raison d'être contents d'eux dans leur pratique quotidienne car ils ne sont pas confrontés à l'effet placebo qui pourrait les voir reconsidérer non leurs choix thérapeutiques mais leur efficience véritable.
Deux applications :
  1. Prescrire un placebo dans une affection qui guérit toute seule procure beaucoup de satisfaction personnelle : antibiotiques dans la rhionopharyngite !
  2. Prescrire un traitement actif dans une affection qui guérit toute seule est encore plus démonstratif : prostatectomie dans le cancer de la prostate
Bonnes réflexions !

PS du 16 juin 2016 : le nombre de patients à traiter dans un article lumineux. ICI.

jeudi 25 juin 2009

DIDIER HOUSSIN : UNE INTERVIEW TOTALEMENT IMAGINAIRE.

Didier Houssin, Directeur Général de la Santé, nous reçoit dans son bureau, une boîte de masques FFP2 bien en vue à portée de main.

Docteurdu16 - Je tenais tout d'abord à vous féliciter de la façon dont la France manage cette épidémie de grippe A.
Didier Houssin - Je dois dire que nous sommes assez satisfaits du résultat. Le virus a compris à qui il s'attaquait et a décidé de rebrousser chemin aux portes d'un pays organisé, volontaire et déterminé. Notre système de santé est au top. Disons le sans forfanterie, les autres pays nous regardent avec envie
Docteurdu16 - Parlez-nous des convergences que nous avons senties très fortes entre les différents acteurs de ce combat rondement mené, je veux dire BHW, Bachelot, Houssain et Weber.
DH - Je vous remercie d'avoir posé cette question. Il est clair que sous ma direction, Mesdames Bachelot et Weber font un travail formidable.
D16 - Sous votre direction ?
DH- Eh bien oui, il est quand même nécessaire qu'il y ait une tête pensante et je dois dire que je suis satisfait de mes troupes.
D16 - Allons plus au fond des choses, si vous le permettez. Permettez qu'un médecin généraliste vous pose des questions précises...
DH - Vous êtes donc médecin généraliste ?
D16 - Euh, oui.
DH - Un médecin généraliste qui a une clientèle ?
D16 - Oui. Pourquoi ?
DH - Ca, c'est formidable. Il y avait longtemps que je n'en avais pas vu un. Vous êtes sûr de vous ? Voilà qui est intéressant. Mais, allez-y, mon brave, parlez sans crainte, posez-moi des questions.
D16 - Les médecins généralistes, excusez-moi Grand Directeur Général de la Santé, ont l'impression de ne pas être informés en temps réel sur les phases de l'épidémie et sur les décisions qui les concernent.
DH - Etonnant ! Je crois au contraire que tout le monde sait tout ce qui se passe. Nous tenons avec la presse de constantes réunions d'informations et les nouvelles sont relayées partout, dans les télévisions, à la radio, comme dans la presse écrite. Ma directrice de communication pourra vous fournir un dossier complet.. et épais.
D16 - Oui, mais les informations pratiques pour les médecins généralistes, les modalités de prise en charge, qui doit faire quoi, quoi doit faire qui, où sont les masques, comment le tamiflu est distribué, quelle attitude vis à vis des sujets contacts, l'organisation des futurs centres de consultation, la vaccination de cet automne, qui nous informe ? Pourquoi apprenons-nous les nouveaux plans par la presse grand public ou par nos patients ?
DH - Je suis étonné. Les médecins généralistes, dont je ne saurais ici rappeler le rôle formidable qu'ils jouent dans notre pays dans cette spécialité mal connue et sous-estimée qu'est la bobologie, sont très au courant parce qu'ils reçoivent des communiqués de la DGS, de l'INVS, des URML, de la DDASS, du Conseil de l'Ordre, de la CSMF, communiqués qui leur permettent, après les avoir décryptés (mais on me dit qu'ils ont fait huit ans d'études supérieures), d'être opérationnels. Ils sont par ailleurs aidés par les hôpitaux de leurs secteurs, les SAMU, les médecins inspecteurs de la Santé et nous constatons tous les jours l'efficience du fonctionnement.
D16 - Désolé d'être aussi distrait. On me dit quand même qu'il existe une grande cacophonie dans le dispositif BHW et que les hôpitaux qui reçoivent les patients sont débordés, doivent déplacer des malades âgés et infectés pour mettre à leur place des jeunes gens apyrétiques et ne toussant pas, à l'Hôpital Purpan de Toulouse il semble que de tels faits ont été rapportés, que les laboratoires agréés sont débordés, que les SAMU en ont assez et que les ordres succèdent aux contre-ordres dans un joyeux bazar désorganisé ne respectant pas les procédures décidées auparavant...
DH - Je ne peux vous permettre de dire des choses pareilles et de remettre en cause l'administration. Tout va bien ! Et ceux qui disent le contraire se trompent ! Et le plan que nous préparons pour la rentrée sera encore plus efficace.
D16 - Pouvez-vous nous en parler ?
DH - Pas pour l'instant. c'est encore secret.
D16 - Disposerons-nous de suffisamment de vaccins ? Qui vaccinera les patients ?
DH - Il est probable, mais c'est une information confidentielle, que la vaccination sera effectuée en dehors des cabinets de médecine générale pour alléger la tâche des bobologues et afin qu'ils puissent mieux s'occuper de leurs patients qui seront suivis à domicile.
D16 - Et où seront-ils vaccinés ?
Le docteur du 16 se met à tousser (une quinte irritative due à l'odeur tenace de désinfectant qui baigne le bureau du DGS)...
Didier Houssin sort immédiatement un masque FFP2 qu'il pose sur son visage et deux infirmiers vêtus d'une combinaison immaculée avec heaume font irruption dans la pièce et embarquent le docteur du 16 pour une quarantaine bien méritée.