dimanche 1 janvier 2012

Le palmarès 2011.

Etablir un palmarès 2011 est un exercice convenu (tellement convenu que c'est la première fois que je m'y livre) et il ne peut manquer d'être partial, critiquable, critiqué, il ne peut manquer d'être, en ces temps troublés où le jugement est souvent faussé par les liens d'intérêt qui ne sont pas, contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire ici et là, uniquement financiers mais aussi égotistes, académiques et idéologiques, influencé par les  luttes de clans ou d'associations ou de journaux ou de blogs, mais, surtout, il est vraisemblable qu'il mécontentera. Prenons-en le risque.
Paul Klee : 1879 - 1940
Gustav Klimt : 1862 - 1918

L'année médicale 2011 a été marquée par l'affaire Mediator (dont la DCI a disparu comme par magie des communiqués de presse). 
L'affaire Mediator a débouché sur la reprise en main par le pouvoir politique de toute velléité de changement (DGS, ARS, HAS, AFSSAPS). 
De nouveaux prophètes sont apparus, Irène Frachon et Philippe Even, mais la naïveté de l'une et la rouerie de l'autre ont conduit à une récupération dont les symptômes les plus évidents furent des Assises du Médicament avortées et des retraits de Recommandations peu efficaces.


Yves Klein : 1928 - 1962
Les retraits massifs de médicaments sont apparus pour certains commentateurs comme des victoires contre les forces du mal mais pour d'autres comme l'expression d'un principe de précaution dévoyé ou inapplicable à la médecine. Y a-t-il un rapport entre la suppression des sirops avant deux ans, celle des glitazones ou celle du Diantalvic ? Ne s'agit-il pas d'une combinaison habile de bonne conscience et de promotion de nouveaux produits moins étudiés et plus chers ? Mais rien sur la simvastatine, le paracétamol ou le tramadol.
Nicolas de Staël : 1914 - 1965
 Il existe malheureusement toujours en 2011 un domaine où les watchdogs désormais institutionnels, je veux dire Prescrire et Formindep, ne s'aventurent pas : les vaccins. Pour des raisons obscures la moindre élévation des transaminases avec un nouvel anti diabétique les rend furieux mais la moindre narcolepsie sous Pandemrix les rend aveugles (ou les endort). La vaccination anti grippale les rend muets et le Gardasil ou le vaccin contre la méningite C les empêchent de garder la tête froide. Les hypothèses sont nombreuses, dont la croyance hygiéniste de gauche dans le progrès de l'humanité et des nouvelles technologies, mais surtout : la proximité avec le pouvoir et l'ironie autodestructrice de l'expert mongering.






Mais le fait majeur de cette année a été la publication du livre de Rachel Campergue, No mammo ?, car il a montré combien l'expertise profane pouvait venir au secours de la défaillance de l'expertise d'Etat. Il a montré que chaque fois que des quidams s'intéressaient de près (il s'agit du volet patients de l'EBM : Valeurs et Préférences) à des "vérités" médicales assenées dans tous les pays du monde à partir d'une expérience personnelle contredisant la pensée dominante, il était possible de reprendre un à un les arguments avancés et de savoir comment ils avaient été détournés de leur propos initial. Cette réappropriation des données est une discipline difficile car il n'est pas possible de le faire pour tout. Mais gageons, et je l'ai expérimenté moi-même, que lorsqu'il s'agit d'un sujet sensible touchant l'un de nos patients ou l'un de nos proches, le jeu en vaut la chandelle. (Et merci à Bernard Junod et Marc Girard)

Les grands chantiers toujours en travaux en 2011 :
1) comment la notion de surdiagnostic dans le dépistage peut-il être appris aux médecins qui croient dans leur immense majorité qu'il faut tout faire pour sauver une vie et que la santé n'a pas de prix (dosage du PSA, mammographie dans le cancer du sein) ? ; 2) comment gérer  les 151 décès dus à la grippe pandémique versus les milliers de morts annoncés les années précédentes par les experts d'Etat ? ; 3) comment lutter contre l'expertise d'Etat inamovible qui nous impose, via la DGS, via les différents comités croupions comme la Commission Nationale de Pharmacovigilance, le Comité Technique des Vaccinations ou l'INCa, sinon en s'en désengageant, en refusant de cautionner leurs méthodes, en ne participant plus à leurs séances d'auto célébration ?

 Mais le contexte essentiel de 2011 est l'extinction annoncée de la médecine générale dans un silence assourdissant juste rompu par les gesticulations des hommes politiques qui veulent des médecins dans leur circonscription et des services d'urgence au même endroit... Extinction annoncée qui s'inscrit dans une démarche générale de négation de la Santé publique en amont des cabinets de médecine générale : rien n'est fait contre le sel, rien n'est fait contre le sucre, rien n'est fait contre le gras (ICI). Et, comme on l'a vu, le lobby politico-administrativo-industriel fait feu de tout bois : sein, grippe, diabète... Quant à la controverse sur le CAPI conventionnel elle s'est éteinte d'elle-même faute de combattants (voir ICI).


Mais venons-en aux Prix Positifs 2011 : 

LIVRES
Rachel Campergue pour le Meilleur Livre Médical de l'Année (No Mammo ?)
THESES
Louis-Adrien DELARUE pour la Meilleure Thèse de Médecine Générale de l'Année (ICI).
BLOGS
BOREE : Le meilleur post de médecine générale de l'Année (l'examen à l'anglaise)
ARTICLES
Philippe NICOT : Le meilleur article en français de Médecine Générale de l'Année :  (Anticholinestérasiques : le médecin généraliste peut-il dire non ?)
Desmond SPENCE : les meilleurs articles en anglais de Médecine Générale en anglais : Bad Medicine (ICI)


Les prix 2011 que je ne pouvais décerner pour cause de copinage :

SITE
Le blog de Marc Girard : indispensable.
TELEVISION
Christian Lehmann à C dans l'Air : parfait.
RADIO
Dominique Dupagne chez Pascal Clarke : brillant (ICI).
LIVRE
Les Médicaments Dangereux : à qui la faute ?  de Marc Girard : perspicace.
CE BLOG
Les posts de Claudina Michal-Teteilbaum sur la méningite C et le Gardasil  (ICI).
Les commentaires précieux et documentés de la même CMT (LA).

Prix spécial du jury :
Le BLOG de Hervé Maisonneuve sur la rédaction médicale : LA.

Mentions spéciales du jury :
La notion de l'année : Nombre de Malades A ne Pas Traiter (LA).
Ma consultation de l'année : Mademoiselle attend un enfant (ICI).

Prix Citron
Daniel Floret pour l'ensemble de son oeuvre : ICI et LA.
La fausse bonne idée de l'année : La Visite Académique (ICI)


BONNE ANNEE 2012 PLEINE DE MEDECINE GENERALE


5 commentaires:

CMT a dit…

Merci, Jean-Claude, pour cette distinction, que je vais essayer d’oublier bien vite, tellement je crains d’être contaminée par ce virus qui a ravagé les rangs des experts officiels et contre lequel il n’y a pas de vaccin : l’autosatisfaction.

L’autosatisfaction est un virus qui, lorsqu’il en rencontre un autre, inoculé intentionnellement celui-là, par des personnes malintentionnées à des décideurs et des experts, j’ai nommé le virus des conflits d’intérêts, a la particularité de provoquer des catastrophes sanitaires qui s’étendent très au-delà des personnes contaminées, qui, elles, se croient indemnes.

Il n’y a pas de vaccins contre ces virus. Il faut donc les éviter.

J’aime bien ce blog, ton blog, parce qu’il dit tout haut ce que les autres n’osent pas penser tout bas : que le roi est nu. Il le fait avec recul, sans faire la morale, et en restant ouvert aux autres. La morale ne se décrète pas, elle s’impose naturellement à soi dès que l’on dispose de la bonne information, pour peu qu’on ne soit pas contaminé par de méchants virus.

J’en ai fini pour l’année 2012 avec les compliments parce que c’est comme le bon vin, c’est un nectar délicieux dont il faut user avec modération car il est très toxique pour l’esprit critique.

Mon petit palmarès à moi, sera une rétrospective, sur les recommandations vaccinales les pus discutables.

CMT a dit…

Le choix est grand et j’aurais du mal à établir un classement. Alors je les mettrais toutes sur le même podium.

Commençons par le GARDASIL. Le vaccin le plus cher jamais proposé à titre systématique dans le monde (En France, 145 euros, puis, actuellement, 126 euros la dose), dont 35 millions de doses auraient été vendues dans le monde, essentiellement aux Etats Unis, mais 4,4 millions de doses tout de même en France jusqu’à fin 2011, représentant quelques 1,5 millions de jeunes filles ou jeunes femmes vaccinées. C’est une approximation, car alors qu’on est capable en France de décompter les cas de méningite à méningocoque, de rougeole ou de grippe à l’unité près, il faut se contenter, quand il s’agit de rendre compte du nombre de vaccins délivrés, d’approximations très approximatives, à 100 000 doses près. Cela représente tout de même plus d’un demi milliard dépensé en France pour ce vaccin sans prendre en compte les consultations.

Et je rappelais, dans l’article concernant la méningite, que le Gardasil était parmi tous les médicaments et vaccins, celui qui avait le plus contribué à la croissance des dépenses remboursables en 2008, ce dont se félicitait très bizarrement la DRESS.

Tandis que le dernier rapport de pharmacovigilance intitulé ‘Suivi national des effets indésirables du vaccin papillomavirus humain gardasil » du 22 novembre, s’évertue à nous démontrer que ce vaccin N’A PAS, NE PEUT AVOIR faut-il penser, des effets indésirables graves, on en est toujours à se demander s’il aura jamais de bénéfices. Car, faut-il le rappeler, CE VACCIN N’A PAS A CE JOUR SAUVE UNE SEULE VIE NI EVITE UN SEUL CAS DE CANCER INVASIF DU COL compte tenu de la grande lenteur du développement de cette pathologie après une première infection .
D’autre part, es données des études menées par le laboratoire indiquant que le vaccin aurait une efficacité globale de QUATORZE POUR CENT sur les leçons pré-cancéreuses pouvant être assimilées à des cancers in situ. Ceci a été débattu et exposé à l’Assemblée Nationale lors d’une rencontre organisée par Med’Océan dont voici la vidéo http://www.medocean.re/2011/09/le-gardasil-a-l%E2%80%99assemblee-nationale/
En attendant ce sont 1672 effets indésirables qui ont été notifiés dont 352 graves et deux décès mais les auteurs du rapport de suivi de pharmacovigilance soutiennent que tout cela n’est que fortuit, et proposent d’avancer l’âge de la vaccination (11 ans ?). Ce dont on voit très bien l’intérêt quand on sait que le suivi du vaccin ne dépasse pas 5 ans et que la moyenne du premier rapport sexuel est à 17 ans.
Pour clore le survol du Gardasil ajoutons que les syncopes ( causes de blessures) et les thromboses profondes ainsi que les embolies pulmonaires ont été retrouvées avec une fréquence anormale aux Etats Unis. Et que l’étude observationnelle de référence, menée en Australie, fait suspecter, avec des chiffres très significatifs, que le vaccin augmente de près de 20% le risque de lésions pré-cancéreuse de haut grade chez les jeunes femmes ayant déjà débuté leur vie sexuelle lors de la vaccination http://www.medocean.re/wp-content/uploads/Brotherton_Lancet_20111_comment-results.pdf .

CMT a dit…

Passons au PREVENAR, deuxième vaccin le plus cher généralisé en France à ce jour chez le nourrisson. Un rapide calcul au prix actuel de 57 euros nous permet de voir que vacciner tous les nourrisson reviendrait environ 140 millions d’euros chaque année. La montée en puissance du vaccin ayant été très rapide, grâce au militantisme pro-vaccinaliste des pédiatres totalement formatés par les firmes pharmaceutiques on peut estimer qu’en 9 ans de vaccination intensive, nous avons dû, allègrement dépasser le milliard de dépenses pour ce seul vaccin.

Or, le dernier rapport d’Epibac nous confirme que cette débauche vaccinatoire a surtout contribué à AUGMENTER LE NOMBRE GLOBAL DE MENINGITES ET BACTERIEMIES A PENUMOCOQUE EN France http://www.invs.sante.fr/surveillance/epibac/donnees.htm .

Ce qui a été dénoncé par le Pr Didier Guillemot de l’INSERM au Congrès International d’Infectiologie de Chicago http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/10/10/12851-meningite-pneumocoques-gagne-terrain-france . Tandis que l’INVS s’emploie à célèbrer la baisse modérée obtenue chez les enfants de moins de deux ans il n’est plus question de mortalité. Sans doute parce que la nouvelle souche que le Prevenar 7 a fait émerger, la 19 A, est bien plus souvent mortelle dans le cas d’infections graves que ne l’étaient les souches vaccinales.

Et ces dérives dues au Preveanr ne sont bien sûr pas rencontrées en France uniquement. Mais le Prevenar étant le bébé de Pfizer il ne faut pas s’attendre à voir nos experts, perclus de conflits d’intérêts, reconnaître cette réalité.

Je ne m’étendrai pas trop sur les vaccins contre la méningite à méningocoque c comme le MENINGITEC puisque j’y ai déjà consacré un article complété par des commentaires souvent très pertinents. Sachons simplement que l’incidence actuelle de ce type de méningite est de l’ordre de 0,126 cas pour 100 000 (82 cas en 2010), c'est-à-dire très proche de l’incidence estimée des pays qui ont instauré une vaccination massive et qu’il y a eu 6 décès en France en 2010. Alors que les effets secondaires GRAVES DECLARES varient de 1,5 à 4 pour 100 000 environ.

Vacciner les 8 millions de jeunes de 15 à 24 ans coûterait environ 192 millions d’euros, uniquement en vaccins. Auxquels in faut ajouter quelques 19 millions d’euros pour vacciner les nourrissons.
C’est un pur non sens.

CMT a dit…

Jean-Claude Grange semble aussi avoir été le seul à remarquer que, depuis qu’on surveille les cas graves de GRIPPE de près, les décès ont été divisés par un facteur 10 à 30 puisqu’on est passé de 3000 à 5000 décès annoncés à 300 (en 2010) puis 151 (en 2011) décès comptabilisés pour la grippe.
Le HCSP en a tiré, en toute logique, la conclusion qu’il fallait élargir les recommandations de vaccination aux asthmatiques, aux femmes enceinte, et aux personnes obèses.
C’est la même imparable logique qui mène Isabelle Bonmarin de l’INVS, à conclure, ayant observé cette bénignité de la grippe, qu’il est urgent de renforcer la vaccination et donner du Tamiflu à toutes la population à risque (BEH du 11 octobre 2011). Population à risque dont la définition ne cesse de s’élargir jour après jour aussi rapidement que décroît la mortalité de la grippe saisonnière.

Je ne suis pas sûre qu’il faille s’étonner de tant d’inconséquence et d’irresponsabilité quand on voit à quelles sources s’alimentent les épidémiologistes experts et autres pédiatres.

Dans le numéro de « Pédiatrie pratique » du mois de novembre on trouve les « informations » suivantes.

La solution proposée à la résurgence de la coqueluche par un panel d’experts européens regroupés sous le sigle COPE dont on aimerait connaître les conflits d’intérêts est de faire des rappels itératifs du vaccin anitcoquelucheux tous les 10 ans à tout le monde.

Que les bénéfices de la généralisation du vaccin contre le rotavirus sont plus grands (forcément plus grands je dirais) que ses risques, qui se résumeraient par ailleurs au seul risque d’invagination intestinale.

Qu’on peut se baser sur une étude portant sur 146 enfants pour penser qu’un vaccin contre la méningite C est supérieur à un autre et qu’avec ce vaccin on pourrait vacciner dès 3 mois.

Que l’encéphalite à Tiques est « un problème de santé publique émergent » et que, tiens, quel hasard ! un vaccin pédiatrique vient d’être développé qui présente une » bonne sécurité avec des effets secondaires transitoires et bénins ».

Tout ça en un seul numéro et en une seule page !

Je conçois alors que pour les pédiatres il soit difficile de raisonner autrement qu’en termes de couverture vaccinale.

goldoralex a dit…

Merci au docteur du 16 pour vos billets et à CMT pour vos contributions. Merci en particulier pour votre réponse sur la vaccination contre la rougeole.
Je vais remettre mes idées en ordre, afin de poster une réflexion issue des éléments que vous m'avez apportés.

Bonne année à vous et vos lecteurs, puissiez vous continuez de nous permettre une remise en cause nos pratiques de manière réfléchie loin des conflits d'intérêt et d'ego!