jeudi 31 janvier 2008

Ezetimibe : une enquête du Congrès étatsunien oblige à publier une étude négative

Merck et Shering-Plough, les fabricants de l'ezetimibe, sont obligés de publier, après intervention du Congrès étatsunien, un essai négatif pour leur molécule : 356 patients traités par ezetimibe (10 mg) + simvastatine (80 mg) ne se "portaient" pas mieux que 360 traités par simvastatine seule.
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L'essai ENHANCE, puisque c'est de lui dont il s'agit, il faut le dire pour ses concepteurs, était un essai à la con : il s'agissait de mesurer en critère principal (primary end-point) l'épaisseur de l'intima de la carotide interne ! Essai à la con pour deux raisons, l'une anecdotique, l'autre fondamentale : 1) Pour l'anecdote, les essais sur l'épaisseur de l'intima ont toujours été des histoires sans intérêt où tous les labos se sont cassés les dents et, quand ils ne se sont pas plantés, les résultats étaient éminemment discutables. EN L'OCCURRENCE LE GROUPE EZETIMIBE S'EST AGGRAVE. 2) Pour le fond : prendre comme critère principal des critères de substitution (surrogate end-points), c'est comme faire des études sur l'HTA en ne prenant que la baisse de la PA comme facteur essentiel d'efficacité. Il y a belle lurette que tout le monde sait que cela ne sert à rien, qu'il n'y a pas de rapports entre l'efficacité antihypertensive d'une molécule et la morbi-mortalité. Pour le cholesterol c'est kif kif.
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Les deux firmes ont eu beau publier des pleines pages de pub dans le Wall Street Journal et le New York Times, l'étude était à la con et je leur conseille de virer les concepteurs, chefs de projet médicaux et marketeurs et de les envoyer faire de la visite médicale en présentant des études à la con à des médecins qui auront lu l'article.
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JCG : Rappelons ici que les statines n'ont aucun intérêt en prévention primaire chez les femmes et chez les hommes de plus de 65 ans (Lancet 2007;369:1078). BIEN QUE LES STATINES FASSENT BAISSER LE CHOLESTEROL (critère de substitution).
JCG : MEME CHEZ LES HOMMES A HAUT RISQUE CARDIOVASCULAIRE IL FAUT TRAITER 238 PATIENTS PAR AN POUR EVITER UN INFARCTUS DU MYOCARDE.

Rosiglitazone : GSK a été prévenu avant publication

Des informations indiquent qu'un relecteur de la méta-analyse de Nissen (Steven Haffner du New England Journal of medicine) a communiqué le texte à Glaxo dix-sept jours avant publication dans le New England Journal of Medicine. C'est un article de la revue Nature qui le rapporte : Vastag B. Reviewer leaked Avandia study to drug firm. Nature 2008; 451:509. Steven Haffner, le fuiteur, a révélé qu'il touchait de l'argent de GSK depuis des années mais, s'il n'a pas voulu en révéler la somme, elle a été évaluée par Charles Grassley, un sénateur républicain de l'Indiana, à 75 000 dollars.
Rappel des faits : la publication de la méta-analyse de Nissen, suggérant une augmentation du risque d'Infarctus du Myocarde sous rosiglitazone,avait conduit à une chute boursière de GSK et à des avertissements émis par la FDA et par d'autres autorités de régulation sur l'utilisation de la molécule. Le fait que GSK ait été prévenu auparavant a permis à la firme de préparer sa défense et à lever l'anonymat d'une de ses études qui montrait le contraire.
Les propos du sénateur Grassley sont d'une étonnante vigueur : il dit avoir déjà montré, et cela fait des années qu'il mène des investigations dans le domaine pharmaceutique, que la FDA a des relations très proches de l'industrie pharmaceutique, que l'industrie pharmaceutique donne énormément d'argent pour influencer la prescription des médecins et qu'il peut désormais affirmer que des scientifiques sont victimes d'intimidation pour ne pas parler dans les congrès et que même les revues avec comités de lecture (peer-review) sont affectées par ces problèmes. [Statement of Senator Charles E Grassley before the United States Senate. January 30, 2008. Available at: http://www.senate.gov/~finance/press/Gpress/2008/prg013008.pdf.]


JCG : ne prescrivez pas de rosiglitazone et évitez de prescrire des produits GSK.