lundi 24 août 2020

Le temps du Covid : la fin des cinquante glorieuses.



Nouvelle saison covidienne.

Les médecins ont toujours vécu (depuis la nuit des temps) dans le monde difficile de la maladie, de la vieillesse, de la mort, en première ou en deuxième ligne, mais, depuis les années soixante-dix (à la louche), les médecins comme les profanes ont ressenti la transition épidémiologique (la diminution colossale de la mortalité infantile, la quasi fin de la mortalité des enfants due à des maladies infectieuses, l'allongement, jusque là ininterrompu de l'espérance de vie à la naissance, et cetera). Cette transition épidémiologique a un revers : une vie plus longue avec des maladies chroniques (l'espérance de vie en bonne santé est en train de diminuer) et l'apparition de pathologies neurodégénératives (Alzheimer pour faire court).

La transition épidémiologique s'est accompagnée d'une transition épistémologique : la mort d'un enfant n'est plus acceptable (elle ne l'a jamais été mais, jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, un enfant sur deux mourait avant l'âge de 10 ans... cela calmait) et n'est plus acceptée, mais, plus encore, la mort n'est pas acceptée. Quel que soit l'âge : "On ne devrait plus mourir". Ben si. On meurt encore.

C'étaient donc les cinquante glorieuses.

Nous travaillions déjà dans le monde de l'incertitude et voici revenu le temps de la nouvelle saison Covid où les incertitudes seront encore plus incertaines qu'auparavant.

Sans traitement.

Bientôt les rhumes et les grippes pour lesquelles il faudra sortir sa RT-PCR et/ou les tests de détection de la grippe saisonnière. Les consultations à rallonge, les à la revoyure pour lire les tests et les interpréter. Et les interrogations existentielles sur ce qu'il faut faire, les conseils à donner, les quarantaines à décider, les arrêts de travail...

Sans compter les patients chroniques inquiets, qui est à risques, qui ne l'est pas...

Bientôt le temps de la vaccination contre la grippe saisonnière dont on connaît mal l'efficacité en milieu réel, en milieu communautaire, en milieu hospitalier, en milieu institutionnalisé.

On aura donc le patient vacciné contre la grippe saisonnière avec une symptomatologie évoquant une virose respiratoire dont la RT-PCR sera négative...

Le paradoxe de tout cela vient de ce que la majorité des médecins généralistes (mes statistiques sont aussi erronées que celles de l'InCa quand l'institut parle de dépistage de cancer du sein - cf. infra) prescrivait des antibiotiques (amoxicilline) en cas de grippe saisonnière ("en cas de surinfection" qui est l'équivalent médical du profane "cela va me tomber sur les bronches") et qu'ils respectaient plus (cf. supra : les seules statistiques auxquelles je crois sont celles que j'ai falsifiées) la consigne de non prescription d'azithromycine en cas de Covid-19 supposé pour d'obscures raisons qui nous ramèneraient à la saga des biais cognitifs.

Donc, imaginons le médecin communautaire moyen, en cas de virose, qui prescrira de l'amoxicilline en cas de RT-PCR négative et de l'azithromycine en cas de RT-PCR positive. Non, vous ne rêvez pas, c'est ce qui va se passer. Quant à celui qui ne prescrira rien il se fera engueuler parce qu'il n'aura prescrit que du paracétamol... 

On essaiera de se tenir au courant.

On essaiera de répondre aux questions des patients indécis, incertains, abreuvés d'informations contradictoires, ne sachant plus comment ne pas être coupables de mal porter son masque ou comment être fiers de bien le porter, coupables de ne pas savoir bien se laver les mains avec du gel hydro alcoolique ou fiers de le faire avec l'agilité d'un neurochirurgien...

On essaiera de se tenir au courant.

On essaiera de répondre à des questions pour lesquelles il n'y a pas de réponse...

On essaiera de répondre à des questions pour lesquelles il y a plusieurs réponses possibles.

On essaiera, surtout, de dire honnêtement "Je ne sais pas" à des patients incrédules à qui on avait seriné que la médecine pouvait tout, partout, tout le temps, quelles que soient les circonstances.

On va continuer de porter des masques en continu au cabinet, de gérer le stock, de porter des blouses, de passer du désinfectant un peu partout, de transiter de l'idyllique sécurité du monde développé sans défauts à la crainte d'un monde infecté (sans traitement).

Et, bien entendu, il y aura tous les sujets qui nous trottent dans la tête depuis des années et qui ne sont toujours pas résolus. Faute d'essais de qualité. La majorité de nos pratiques.

Bon automne à tous.



10 commentaires:

jb chenique a dit…

totalement d'accord

durand a dit…

La médecine c'est comme la religion.
Des que vous commencez a douter vous perdez la foi.

JC GRANGE a dit…

@ durand
La médecine n'est ni une science ni une religion.
Il me semble pourtant que le doute est le fondement de la science et le fondement de la croyance.

durand a dit…

La science ne doute pas.
Elle explique ou elle n'explique pas.Vous doutez que la terre est ronde?
Pour la religion le doute est énorme.

JC GRANGE a dit…

"La science ne doute pas."
Ah...
La géométrie euclidienne est dépassée mais peut-on dire qu'Euclide n'était pas un scientifique ? Et heureusement que des scientifiques ont douté de l'universalité de la géométrie euclidienne...
En science, rien n'est jamais acquis. Quand un problème a été résolu les scientifiques s'en posent d'autres. Sans doute pour dépasser ces notions acquises.
Mais, pour répondre à votre question, la terre n'est pas plate...

durand a dit…

:Quand un problème a été résolu les scientifique s'en posent d'autres :
Non,c'est la nature qui leur en pose d'autres.
Et il y a doute lorsqu'il a plusieurs réponses a un problème.
et c'est le role de la science d'eliminer les mauvaises réponses.
Ce n'est pas le doute qui fait progresser la science c'est le désir de comprendre.

François-Marie Michaut a dit…

Comment ne pas admirer l'intelligence de la cascade d'évènements qui nous tombent sur la tête avec comme seul déclencheur apparent un minuscule virus animal lointain ?
Un cycle de réalités de tous ordres, enchainées, s'est mis en route sous nos yeux, tellement affolés par nos peurs ancestrales qu'ils ne voient que des détails. Son résultat, il est amusant de lui accorder juste un instant une conscience ( cf Physique de la conscience de Philippe Guillemant )est incroyable. Il nous oblige à tout mettre en question. Je ne dis pas remettre, parce que l'histoire des cinquante glorieuses, je l'ai vécue les mains dans le cambouis et qu'il n'y a jamais eu rien de glorieux dans la médico-dépendance de toute la société que nous avons établie.
Faire des procès ne sert à rien. Nous n'avons qu'une arme : notre intelligence humaine quand nous ne la laissons pas se faire dévoyer par les pouvoirs en place.

Anonyme a dit…

Moi je trouve fabuleux cette propension à la remise en question après la bataille et jamais pendant.

J'ai pris un peu de distance à la lecture des billets de ce blog car il professait doliprane à la maison . Ceci pour ne pas engorger les hôpitaux que l'on avait méticuleusement mis en impossibilité de répondre à une hausse épisodique de la demande . Ce n'est pas que le covid, car à chaque hiver, la grippe grippe la réponse hospitalière par manque de lits. La chloroquine et l'azytromicine n'avait que des études observationnelles (et donc c'était de la merde), mieux valait prendre le risque de laisser crever les gens (on m'a même expliqué que le rivotril en injection c'était compassionnel et que les médicaments vétérinaires c'est la même chose on peut les utiliser - mais pas les labos vétérinaire pour faire des tests - et pas les lits de réa des cliniques privées, mieux vaut une petite picouse de compassion), plutôt que de prendre le risque de leur donner un médicament hors AMM. On se demande comment ont fait les médecins pour prescrire du médiator comme coupe-faim. Cela ne posait pas de soucis que ce soit hors amm à l'époque. mais là apparemment c'est définitivement fini le hors amm. Parce que si c'est ce que l'on a martelé pendant 6 mois, je trouverais étrange qu'il soit possible désormais de prescrire hors amm.

De la même manière l'intubation en réanimation qui a continué malgré l'expérience italienne qui montrait que c'était plutôt néfaste et le temps d'arrivée au cerveau des risques de coagulation a repoussé les anticoagulants. D’ailleurs on intubait sans études randomisées parce que là l'étude ça sert à rien. Faut suivre.

Bien entendu, le milieu médical m'a bien fait comprendre que les études observationnelles sont de la merde et qu'il est plus scientifique de laisser crever les gens qu'à leur donner un traitement qui provient d'études observationnelles ou rétrospectives. Je pense que cela va être sport à tenter de nous expliquer que tel vaccin nous protège de telle maladie sans nous exposer à des effets indésirables sévères sur le long terme. Car j'attendrais l'étude en double aveugle contre placebo sur la maladie en question et pas sur des trucs in vitro, ni sur une soi-disante séro-conversion.

En fait, ce que cette crise à montré est la docilité de la médecine dite libérale (mais rémunérée par la sécu) où la majorité à hurlé avec les loups. Préférant écouter le chef pris en flagrant délit de dire des konneries que le chercheur mondialement reconnu qui parlait de sa spécialité. Cela pose un soucis de confiance. comment vais-je maintenant faire confiance en mon médecin : est-ce que le traitement qu'il va me proposer sera parfaitement adapté ou juste un traitement qui a été poussé par un labos, copinant avec un péquin d'un comité scientifique, lui même capable de favoriser l'amm de la chose, avec parfois comme seule justification une étude de non infériorité. Est-ce que je vais avoir plus de bénéfice à allez voir mon médecin que de risques ?

Comme je suis super cool, je ne parle pas du lobbying de stop-postillons qui sont incapables de fournir une étude scientifique (non observationnelles puisque c'est de la merde) montrant l'avantage de porter un masque en population générale dans la rue par exemple (aucune étude ne montrant un bénéfice).

ps : il se dit dans les milieux scientifiques autorisés (ceux qui font des études) que les infections respiratoires sont plutôt manu-portées et donc qu'il faut se laver les mains plutôt que de porter un masque.

herve_02

durand a dit…

Rien de glorieux dans la médico-dépendence de toute la société que nous avons établie.
Pas mieux.
Comme quoi l'on peut dire l'essentiel en une seule phrase.

MT a dit…

https://www.cebm.net/covid-19/masking-lack-of-evidence-with-politics/