Il s'agit de deuxième degré |
Peu importe que je n'aie pas signé la pétition pour des raisons que j'ai énoncées ICI, peu importe que la suite des événements m'ait conforté dans l'idée que ne pas l'avoir fait était un bon choix et peu importe que l'homéopathie soit une branche marginale de l'activité des médecins, ce qui est important c'est de souligner combien cette pétition a été (un peu) un pavé dans la mare et commence à bouger le système (avec des conséquences sur ses propres signataires).
J'ai lu la prose homéopathique et j'ai été envahi par une stupeur paralysante : le discours des homéopathes était d'une bêtise et d'une ignorance insondables. Je n'imaginais pas que des médecins puissent sortir de pareilles énormités et être aussi peu au courant des dernières données scientifiques concernant la discipline qu'ils pratiquent.
Il n'est pas certain que les lecteurs médecins non homéopathes du Quotidien du Médecin en sachent beaucoup plus.
J'ai aussi lu les justifications des homéopathes par rapport aux pratiques des autres médecins (on passe plus de temps avec les malades, on les écoute plus, bla bla, on fait faire des économies à l'Assurance maladie), elles m'ont semblé farfelues et peu convaincantes.
Il n'est pas certain que les lecteurs médecins non homéopathes du Quotidien du Médecin en sachent beaucoup plus.
J'ai aussi lu les justifications des homéopathes par rapport aux pratiques des autres médecins (on passe plus de temps avec les malades, on les écoute plus, bla bla, on fait faire des économies à l'Assurance maladie), elles m'ont semblé farfelues et peu convaincantes.
L'homéopathie est une doctrine holistique qui prétend tout traiter (certains homéopathes, car il ne faut pas généraliser, proposent le traitement de l'homosexualité et/ou du cancer du pancréas) avec des granules magiques et sans effets indésirables. L'homéopathie ne remet pas en cause la geste médicale de la prescription, le consumérisme, le paternalisme... et elle participe aussi de l'Eglise de préventologie.
J'ai lu le discours de non homéopathes universitaires et académiques défendant l'homéopathie comme pratique empathique mais il y a bien des coiffeurs, des ongologues ou des esthéticiennes dans les services de soins palliatifs, pourquoi pas des homéopathes, du moment que cela permet d'en virer les oncologues ? Les arguments des Kierzek/Khayat m'ont paru bien faibles.
J'ai lu que certains doyens d'université préféraient que l'homéopathie continue d'être enseignée dans les universités par des médecins plutôt qu'à l'extérieur par des charlatans : il y a bien quelque chose de pourri au Royaume du Danemark.
J'ai suivi distraitement les plaintes des homéopathes contre certains signataires de la pétition même si j'ai plaint avec attention mes naïfs confrères confrontés à la vraie vie mais j'ai été ravi de voir que la vraie nature du Conseil de l'Ordre des médecins apparaissait dans toute sa splendeur procédurière, réactionnaire, conservatrice, libérale, néo-libérale, corporatiste, cléricale, droitière, institutionnelle, lèche-bottes, paternaliste, et j'en passe, et qu'il était temps soit de décider de sa dissolution, soit de recentrer ses actions vers la défense exclusive de l'éthique de la profession vis à vis des intolérables intrusions de la société dans son fonctionnement et de la morale de ses membres vis à vis des tâches ontologiques de la profession médicale, à savoir prendre soin et ne pas nuire aux patients qui la consultent.
J'ai lu les arguments post tribune des 124 contre l'homéopathie et j'ai été saisi d'un vertige absolu. Pourquoi fallait-il qu'ils montrent autant d'ignorance sur "notre" propre médecine ? Pourquoi fallait-il qu'ils confondent systématiquement placebo et effet placebo dans le genre "L'homéopathie est un placebo" ? Pourquoi certains voulaient-ils ignorer l'effet placebo dans leur pratique quotidienne, en prescrivant une molécule et/ou une procédure ?, pourquoi certains autres ne se posaient-ils pas la question éthique de l'utilisation d'un placebo pur ou impur sans informer les patients ?
Pourquoi fallait-il qu'ils considèrent la médecine comme une science ?
Pourquoi fallait-il qu'ils persistent dans l'erreur en ne s'informant pas ?
J'ai ressenti avec effroi que les 124 et leurs compagnons de route avaient réinventé la formule : Il vaut mieux avoir tort avec les 124 que raison avec le reste du monde. On me dit dans l'oreillette qu'il y a des exceptions (je les connais pour les avoir lus ou entendus publiquement ou de façon privée).
Et il ne vaut mieux pas aborder les sujets qui fâchent comme l'extension du domaine de la lutte à des sujets mineurs comme les liens d'intérêts, le dépistage organisé du cancer du sein, la vaccination obligatoire, les dérives de l'oncologie, la télésurveillance des patients, un des 124 a écrit : Il suffit que vous écriviez une tribune et nous vous soutiendrons. La science tribunicienne devenant l'alpha et l'omega de l'évaluation en médecine.
Quoi qu'il en soit, les derniers soubresauts de l'HAS à qui l'intègre Agnès Buzyn a demandé son avis, éclairent les 124 sur le pourrissement infini du lobby santéo-industriel... Quand le pouvoir politique organisait des réunions "citoyennes" sur la vaccination obligatoire des nourrissons ou le dépistage organisé du cancer du sein et en manipulait les conclusions, personne ne mouftait, ou presque, mais quand l'HAS "enquête" en posant des questions orientées pour obtenir les réponses voulues, les 124 se réveillent de leur léthargique sommeil protestataire.
Et voilà qu'on lit ici ou là, de la part des 124, que l'HAS ne serait pas intègre, que l'HAS serait livrée aux conflits d'intérêts, que l'HAS serait le bras armé ou la courroie de transmission du pouvoir politique... Mieux vaut tard que jamais.
Finalement, cette Tribune est un bienfait : elle permet une prise de conscience sur le pouvoir absolu du lobby santéo-industriel, elle éclaire sur le rôle du Conseil National de l'Ordre des Médecins, elle souligne à nouveau l'incompétence corrompue de l'HAS, et elle ravive notre admiration pour Agnès Buzyn...
Espérons encore que les pharmaciens cesseront de vendre des vaccins homéopathiques contre la grippe, que les masseurs-kinésithérapeutes cesseront de pratiquer l'ostéopathie ou la chiropraxie, que les obstétriciens et les sages-femmes cesseront de faire redresser les crânes des nouveaux-nés par des ostéopathes... On peut toujours espérer...
Les difficultés rencontrées par les 124 pour, simplement, exiger que l'homéopathie ne soit plus remboursée, alors que tous les éléments scientifiques sont présents, donnent le vertige : combien de temps faudra-t-il pour obtenir l'esquisse de l'esquisse d'un mouvement contre les pratiques académiques liées à l'Empire des industries du médicament et du matériel et ses suppôts médecins ?
Finalement, cette Tribune est un bienfait : elle permet une prise de conscience sur le pouvoir absolu du lobby santéo-industriel, elle éclaire sur le rôle du Conseil National de l'Ordre des Médecins, elle souligne à nouveau l'incompétence corrompue de l'HAS, et elle ravive notre admiration pour Agnès Buzyn...
Espérons encore que les pharmaciens cesseront de vendre des vaccins homéopathiques contre la grippe, que les masseurs-kinésithérapeutes cesseront de pratiquer l'ostéopathie ou la chiropraxie, que les obstétriciens et les sages-femmes cesseront de faire redresser les crânes des nouveaux-nés par des ostéopathes... On peut toujours espérer...
Les difficultés rencontrées par les 124 pour, simplement, exiger que l'homéopathie ne soit plus remboursée, alors que tous les éléments scientifiques sont présents, donnent le vertige : combien de temps faudra-t-il pour obtenir l'esquisse de l'esquisse d'un mouvement contre les pratiques académiques liées à l'Empire des industries du médicament et du matériel et ses suppôts médecins ?