Félix Valloton (1865 - 1925) Place aux Andelys |
dimanche 13 février 2022
Bilan (partiel) de la semaine du lundi 7 février au dimanche 13 février 2022.
dimanche 6 février 2022
Bilan (partiel) de la semaine du lundi 31 janvier au dimanche 6 février 2022
Monica Vitti : 1931-2022 |
Nous avons pu lire, et la quantité de littérature est telle que nous avons dû faire un choix, le fameux cherry-picking, afin de mettre en valeur des articles peu commentés par le main stream ZéroCovid (cette assertion est en train de décourager les plus vaillants)
Entretien Gilbert Welch Vinay Prasad
Qu'est-ce qu'un sur diagnostic ?
- Un faux négatif
- Un faux positif
- Un cancer
- Une chimère.
Covid long
• The most common ‘long COVID’ symptoms were fatigue, loss of smell and loss of taste, dizziness, muscle weakness, chest pain and respiratory problems.
• These ‘long COVID’ symptoms cannot be assigned to psychological sequelae of social restrictions.
• Symptoms such as concentration difficulties, headache, muscle- and joint pain as well as nausea are not ‘long COVID’ symptoms.
• In most cases ‘long COVID’ symptoms resolve within 1-5 months.
Le mythe de la sur mortalité chez les médecins
Source : François Malaussena |
Une étude sur l'efficacité des masques émanant des CDC qui pose problème
mardi 25 janvier 2022
Le port des masques en tissu : les données de la science, le retour en arrière, le principe de précaution et la prévention.
Masque de pompier. New-York. 1896 |
Au début de la pandémie j'ai prôné le port des masques en tissu.
Faute de mieux.
Parce qu'il n'était pas possible de se procurer des masques chirurgicaux et a fortiori des masques FFP2 (mais j'avais des patients qui en disposaient en raison de leurs activités professionnelles : travailleurs du bâtiment, staffeurs, peintres, et cetera).
J'en ai distribué à des patients, j'ai vanté leur utilisation parce que "c'est mieux que rien", et cetera.
Tout en portant en mon cabinet, dans la rue, des masques chirurgicaux que j'avais stockés en prévision de rien (qui aurait pu imaginer ?...) et ensuite ceux qui m'étaient aimablement fournis par l'Assurance maladie. Charité bien ordonnée... Et des masques FFP2 en présence de malades suspects.
Il n'y avait pas de vaccins.
Que faisais-je à cet instant ?
J'ai identifié cinq réponses :
- Je me suis conformé aux données de la science
- J'ai appliqué le principe de précaution
- J'ai fait de la prévention
- J'ai fait du bullshit
- J'ai proposé des mesures qui se sont avérées fausses et qui vont à l'encontre de la vérité de la science.
Pour répondre à la question il faut d'une part se reporter à janvier 2020 et d'autre part rappeler la situation aujourd'hui.
En janvier 2020, il y avait pénurie de masques chirurgicaux et FFP2 (pour les responsabilités...), notamment à l'hôpital.
L'aérosolisation était une donnée nouvelle (dans le cas de la grippe saisonnière le virus, plus lourd, "vole" moins) et les autorités privilégiaient l'hypothèse projectionniste (les crachats), l'hypothèse de la transmission par contact (d'où l'obsession du SHA et du lavage des mains) ainsi que la présence du virus sur les surfaces (l'hystérie du lavage des sols).
Aujourd'hui, des études indiquent que la transmission par aérosol est prédominante et notamment dans les espaces clos.
Aujourd'hui, une étude contrôlée indique, chez l'adulte, et notamment chez les patients d'âge supérieur à 59 ans, et dans des populations non vaccinées, que les masques en tissu sont peu efficaces et que la bonne utilisation (groupe actif avec recommandations vs groupe contrôle sans recommandations) ainsi que le port de masques chirurgicaux réduisent significativement la transmission du virus et la séroconversion (Etude Bangladesh : ICI).
Ainsi, quand, avec d'autres je préconisais le port de masques en tissu,
2) Je n'appliquais pas le principe de précaution car on savait les dangers et les modes de transmission du virus
3) Je préconisais de la prévention sans preuves
4) Je faisais donc du bullshit
5) J'ai été imprudent et ma parole s'est trouvée invalidée, ce qui a nui aux conseils suivants.
Conclusion.
Pourquoi faut-il faire des études contrôlées sur le port des masques en milieu scolaire (et en fonction des tranches d'âge) avec comme critères la transmission symptomatique et la séroconversion ?
Parce qu'il faut recommander à des millions de personnes des données éprouvées.
Parce que, à l'instar de ce qui se passe chez l'adulte, il faut éliminer le biais de la mauvaises utilisation des masques, c'est à dire en conditions réelles, chez les enfants. Quitte à faire porter des masques, sont-ils efficaces ?
Mais, bien entendu, cela ne met pas à la trappe la ventilation de l'air dans les classes et le reste.
PS du 26/01/2022 :
dimanche 16 janvier 2022
Bonne année 2022
Le premier billet de blog a été publié ici le 7 août 2007.
Je souhaite une bonne et heureuse année 2022 à tous les lecteurs de ce blog, médecins, professionnels de santé et profanes qui le lisent depuis tant d'années.
Je souhaite une bonne et heureuse année 2022 à tous les professionnels de santé, à tous les acteurs et actrices du médico-social, à toutes les personnes qui ont eu affaire au Covid pour des raisons professionnelles, familiales, de voisinage, amicales, et, bien entendu à toutes les citoyennes et citoyens qui vivent ici et ailleurs.
Je remercie tous ceux qui m'ont lu et qui ont compris combien la médecine générale était une spécialité à part entière, une spécialité protéiforme, une spécialité difficile à cerner, empiétant sur tout et sur rien, une spécialité qui a toujours quelque chose à dire sur tout et sur rien et qui, surtout, a toujours quelque chose à apprendre sur tout et sur rien, de la part des autres, les citoyens, les patients, les spécialistes de toutes les spécialités médicales, scientifiques et autres.
Ce n'est pas un constat d'échec mais, attention, deuxième degré, je vais souhaiter une bonne et heureuse année aux médecins, aux professionnels de santé qui m'ont lu et qui n'ont pas changé d'avis. Quand on regarde les chiffres, ce sont les plus nombreux.
Attention, deuxième degré.
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que : La médecine est une science.
Le professeur Didier Raoult lors d'une conférence de presse le 27 août 2020 à Marseille. afp.com/Christophe SIMON |
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que : La maladie est le salaire du péché.
AFP PHOTO/Roberto Schmidt |
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que : Le corps humain se répare et s'entretient comme une machine créée par l'homme
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que : Les malades sont a priori des khons
Khon ou orgue à bouche. |
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que : Big Vaccine n'existe pas et que l'expression n'est employée que par les complotistes.
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui : ironisaient (et se réjouissaient en loucedé) sur la mort d'Alain Decaille, un chauffeur de taxi syndicaliste martiniquais qui prônait la non vaccination, un homme mort du Covid.
Bonne et heureuse année 2022 à celleux, médecins et professionnels de santé : qui affirmaient qu'il ne fallait pas accepter les non vaccinés à l'hôpital ou les envoyer dans des hôpitaux spéciaux sans antibiotiques et sans services de réanimation jusqu'à ce que le Président Macron parle d'emmerder les non vaccinés et qu'ils comprennent en public (en privé : "Il a raison pour une fois") combien c'est choquant...
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que faire de la morale en médecine est une bonne façon de faire de la médecine.
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que le ZéroCovid est possible à l'échelle mondiale sans un changement profond des structures sociales et des règles du commerce international.
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que la Dépistologie est une discipline sans risque de sur diagnostic.
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que Les meilleurs médecins sont ceux qui sont élus par l'industrie pharmaceutique.
Voir ICI.
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que Les meilleurs kinésithérapeutes sont ceux qui massent.
Serre. |
Bonne et heureuse année 2022 à celleux qui pensent que La déclaration des liens d'intérêts lors de la prise de parole en public d'un professionnel de santé est superflue.
Ad libitum.
Sans deuxième degré : Remercions encore tous ceux qui ont pris de leur temps pour informer sur le Covid en tentant de garder raison. Merci à tous.
vendredi 31 décembre 2021
La nouvelle médecine d'urgence et la nouvelle médecine tout court : pour 19,61 euros t'as tout.
Pour 19,61 euros cash tu désengorges les urgences et tu facilites l'accès aux soins des plus pauvres.
Magie ?
Non : Thomas Meunier et Pierre Carli.
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La personne qui se rend aux urgences à partir du premier janvier 2022 devra payer immédiatement (?) un forfait de 19,61 euros si elle n'est pas hospitalisée (c'est plus compliqué, mais, bref, c'est ce qu'on retient). Et si vous voulez des détails, consultez le document de France Assos Santé : ICI.
Cool.
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Les non pauvres : Qu'est-ce que 19,61 euros ? Est-ce que cela empêche les SDF d'acheter un écran plat ?
Les moralisateurs : Les khons ne viendront plus aux urgences pour un mal de gorge.
Les hospitalo-centreurs : La médecine de ville ne fait pas son boulot.
Les finances de l'hôpital : C'est pour lutter contre les impayés.
Les patients : Comment fait-on pour savoir si c'est grave ou non ?
Les économistes : Attendre 6 heures aux urgences pour 19,61 euros, c'est pas cher le tarif horaire.
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Nul doute qu'un parlementaire médecin va étendre l'affaire à la médecine de ville (libérale).
Une personne qui consulte son médecin traitant pour un mal de gorge, si son TROD est négatif, elle devra payer un forfait de 19,61 euros pour dérangement inutile. Blablabla...
Une personne qui consulte son médecin traitant pour une suspicion de covid, si elle est négative...
Et ad libitum.
Cool.
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Quand une mesure de santé publique est prise, il faut toujours se demander à qui profite le crime.
Aux patients ou aux patients ?
Indépendamment de l'effet dissuasif d'une telle mesure, elle ne s'inscrit pas dans ce que certains médecins libéraux, dont moi, avons toujours demandé pour la médecine générale de ville : le tiers-payant intégral avec payeur unique.
Si le service public lui-même n'est pas gratuit...
Donc, n'oubliez pas votre carte vitale en allant aux urgences, sinon c'est cash.
PS : On me dit que nombre d'urgentistes ne sont pas d'accord avec cette mesure.
PS : Je ne remercie pas France Assos Santé pour la présentation qu'elle fait de cette mesure, après tout, outre un médecin, je suis aussi un usager du système de soins, en ne prenant pas assez, selon moi, le point de vue exclusif du patient.
samedi 25 décembre 2021
Les nouveaux médecins per et post pandémiques et le bouc-émissaire
La vieille croyance arrogante, condescendante et moralisatrice des médecins, et pas seulement des hygiénistes, La maladie est le salaire du péché, est devenue, en cette période de cinquième vague pandémique, une obsession morbide s’exprimant à la fois par une mantra scientiste, Les non vaccinés sont des égoïstes et des assassins, et par une fausse interrogation éthique, Faut-il soigner ces gens-là ?
Les nouveaux médecins éthiques affirment dans la foulée : nous avons le droit, voire le devoir, de nous poser la question et de donner des réponses mais, rassurez-vous, nous traiterons ces gens-là comme les autres.
Or, toute la littérature médicale indique le contraire : les préjugés perturbent la relation de soins. Il n’est qu’à lire et à écouter ce que racontent les personnes en surpoids, ce que racontent les usagers de substances addictives, les étrangers parlant mal français, les travailleurs manuels blessés ou les détenteurs de la CMU, et cetera…
Ce discours décomplexé, Faut-il traiter les non vaccinés ?, est devenu banal, normal, évident, frappé de bon sens, au point que s’en émouvoir fait passer les contradicteurs pour des naïfs, des moralisateurs ou des idéalistes.
La longueur de la crise, la fatigue, l’épuisement, la maladie elle-même qui a touché les soignants, peuvent expliquer cette exaspération et cette prise de parole énervée. Mais peuvent-elles l’excuser ?
Une autre hypothèse est celle-ci : au moment de cette cinquième vague qui met à mal la science, le pouvoir médical, la croyance dans le progrès indéfini du progrès, les vaccins pour lesquels l’efficacité s’épuise au bout de trois mois, il fallait trouver un coupable idéal, et c’est le non vacciné. Le non vacciné qui ne peut présenter son pass vaccinal ou, pire, le non vacciné qui présente le pass vaccinal de son voisin ou son faux pass vaccinal, voilà le bouc-émissaire, celui qui explique tous les maux de la santé publique française. Le non vacciné qui entraîne la multiplication des variants…
Il y a même des soignants et des non soignants qui proposent des hôpitaux dédiés aux non vaccinés où il n’y aurait ni réanimation, ni personnel qualifié, ni antibiotiques…
Il y a même des médecins, très rares, des soignants en général, des non soignants, qui se réjouissent en sourdine et sur twitter, que des antivax déclarés comme Alain Decaille, le chauffeur de taxi martiniquais, soit mort du covid… La maladie est le salaire du péché.
Il est plus facile de stigmatiser la minorité des non vaccinés que de désigner ceux qui ne respectent pas quotidiennement les mesures-barrières à titre individuel, professionnel ou dans la vie quotidienne. Car qui respecte vraiment les gestes-barrières ? Qui n’a jamais dérogé ? Et surtout : qui peut voir les coupables ? Il n’y a pas de pass mesures-barrières, il y a seulement des déclarations de bonnes intentions et des C’est pas moi c’est l’autre.
Faire du non vacciné un bouc-émissaire permet d’éluder les mauvaises politiques de santé publique menées avant, pendant et après la vaccination. Cela permet également d’oublier les inégalités sociales et géographiques du taux de vaccination et de mettre sous le tapis les populations des pays pauvres non vaccinées (92 % à ce jour).
mercredi 8 décembre 2021
Le mépris systémique à l'égard des médecin.e.s généralistes construit par le système de santé.
L'hôpital au chevet méprisant de la médecine générale. |
Première partie : le mépris systémique des médecin.e.s généralistes est construit par l'hospitalocentrisme.
Force est de constater qu'il existe un mépris systémique à l'égard des médecins et des médecines généralistes (les MG) construit dans et par l'institution académico-universitaire.
Faut-il le démontrer ?
L'organisation de l'enseignement, du métier, de la pratique se fait depuis l'hôpital, et plus précisément des hôpitaux universitaires.
Ce mépris hospitalo-centré a des origines historiques, médicales, sociales, sociologiques et politiques.
Et une origine évidente : comment des hospitaliers qui n'ont jamais mis un pied en ville pourraient-ils enseigner une pratique extra hospitalière ?
Il existe désormais des départements de médecine générale dans les facultés de médecine qui peinent à obtenir des postes, des titres, des moyens, des locaux.
Le mépris hospitalo-centré a des conséquences sociales, sociologiques et politiques. Mais surtout perturbe la santé publique.
C’est un mépris de dominateurs : des décisions d'en-haut sont prises à l'égard de pratiques d'en-bas.
Où sont les MG dans les processus décisionnaires des politiques de santé publique ?
Où sont les MG dans les institutions académiques ?
Où sont les MG dans les conférences de consensus ?
Où sont les MG dans les institutions croupions où les universitaires de l'establishment viennent toucher des royalties ?
Où sont les MG dans les boards de l'industrie pharmaceutique ?
(Non, ce n'est pas une plaisanterie : il serait nécessaire qu'ils soient parfois consultés)
Mais le phénomène n'est pas qu'hospitalo-universitaire : les non-MG libéraux "de ville", les spécialistes d’organes, derrière l'effusion de leurs sentiments ("un métier bien difficile"), expriment la sécheresse de leur coeur et parlent de « bobologie »
Attendez, j'ai oublié un truc : en français #NotAll ou en anglais #PasTous
Une réflexion souvent entendue : "Oui mais, il existe une haine des MG à l'égard des spécialistes d'organes hospitaliers et libéraux qui est insupportable."
En fait, il n'y a pas de mépris anti spécialistes d'organes : c'est comme le racisme anti blanc dans un mode blanc de domination : c'est un fantasme de dominateurs.
Pour continuer de filer la métaphore.
Oui aux réunions non mixtes entre MG (entre médecin.e.s et médecins spécialistes en médecine générale).
Cela s'appelle des groupes de paroles, cela s'appelle des groupes de pairs.
Mais cela peut être n'importe quoi d'autre.
Cela s'appelle des groupes de survie.
Quand les victimes de discriminations constantes, quand les dominés, quand les sans futurs de la médecine, quand les sans reconnaissance de la médecine, en ont assez d'assister à des formations médicales continues où on ne leur laisse pas la parole, où seuls quelques oncles Tom ont le droit d'intervenir après qu'on a relus leurs écrans, quand le discours dominant est le discours hospitalier et académique dont la pandémie covidienne a montré la grande hétérogénéité intellectuelle, scientifique, morale, politique, il est nécessaire, indispensable que les médecins généralistes s'expriment entre eux sans le regard insistant de ceux qui savent, s'expriment entre eux sans les commentaires méprisants des spécialistes d'organes, en racontant leurs expériences, en racontant leurs relations avec les personnes qui les consultent, en exprimant le point de vue d'une médecine qui ne serait pas hors sol, d'une médecine qui s'exercerait dans le cadre de la société, avec des personnes qui travaillent ou qui ne travaillent pas, des personnes qui viennent "comme ça" avec leurs défauts et leurs qualités, des personnes qui souffrent et que l'on aurait bien du mal à retrouver dans les grands essais cliniques d'où ils sont exclus pour de nombreuses raisons (comorbidités, âge, contre-indications, allergies, et autres), d'une médecine impure, où la majorité des interventions médico-sociales ne sont pas validées (comme d'ailleurs dans de nombreuses spécialités d'organes), d'une médecine où les patients "reviennent" non pas six mois après ou trois mois après mais le lendemain parce qu'il y a un problème, parce que le/la patient/patiente est accompagné/accompagnée de sa femme, de son mari, de son compagnon, de son amant, de ses enfants, légitimes ou non, de sa voisine ou de son voisin, et cetera.
La médecine générale n'a pas toujours raison. Elle se trompe. Elle expérimente.
Les MG doivent se parler entre eux sans le regard appuyé de juges qui les méprisent a priori.
Les MG doivent parler entre eux des problèmes médicaux spécifiques de la médecine générale en toute indépendance, en toute sécurité sans craindre d'être jugés, sans craindre d'exprimer la complexité de leurs tâches et l'immensité, parfois, de leur désarroi. Et en toute insécurité sous le regard de leurs pairs.
Dans les cabinets de médecine générale on rencontre la beauté et la misère du monde, brutes de décoffrage et pas seulement en urgence, pas seulement en cas de semi-urgence, de chronicité mais aussi sans raisons. Et dans la durée.
Et ce sont les MG qui ont le plus critiqué le dosage du PSA comme moyen de dépistage du cancer de la prostate (pas les urologues), ce sont les MG qui ont dénoncé l'inanité du fluor ingéré chez les nourrissons (pas les stomatologues, pas les chirurgiens-dentistes), et ce sont les MG (un MG en particulier) qui ont dénoncé l'inefficacité et les dangers des anti Alzheimer (pas les neurologues, pas les gériatres), ce sont les MG qui ont dénoncé les conflits d'intérêts des comités HAS pour les recommandations sur le diabète (pas les éthiciens, pas les diabétologues), ce sont les MG... Sans parler des non-MG qui ont défendu becs et ongles les glitazones et/ou les coxibs contre les MG qui avaient le courage de dé prescrire.
Ce sont aussi les MG qui expérimentent en leurs cabinets, notamment dans l'exercice des relations avec des patients (décision partagée, consultation d'annonce, éducation thérapeutique, entretien motivationnel, et cetera...)... qu'ils revoient.
Les MG ne sont pas la dernière roue du carrosse : ils ne sont même pas dans le carrosse.
Le mépris des MG va jusqu'à les empêcher de parler "MG", de leur nier une parole différente, un ressenti différent, un langage particulier.
Et les MG, ce ne sont pas que des MG exerçant de la "pure" médecine générale, il y a les MG transfuges qui en ont eu assez d'être les "méprisés" de la médecine, ils ont bifurqué, des MG ras-le-bol qui sont partis vers l'Assurance Maladie, les centres de PMI ou les urgences...
La diminution vertigineuse du nombre de médecins généralistes qui s’installent en libéral est une des conséquences de ce mépris. Et est liée également à la prise de conscience de ce mépris.
Les méprisés en ont assez mais le combat est perdu d'avance.