vendredi 17 septembre 2010

LES PATRONS PRIVATISENT LES ARRETS DE TRAVAIL !

Docteur Laurence Parisot

Dans l'indifférence (presque) générale la loi de financement de la sécurité sociale du 26 août 2010 a modifié les conditions dans lesquelles les arrêts de travail seront contrôlés.

Selon le Conseil de l'ordre des médecins (CNOM) (ici) : "Désormais le service médical de l'assurance maladie peut demander la suspension du versement des indemnités journalières de l'assurance maladie sur la seule base d'un contrôle effectué par un médecin mandaté par l'employeur. L'examen de l'assuré par le médecin-conseil ne serait plus obligatoire, il se bornerait alors à valider l'avis du médecin contrôleur patronal. Une seule concession aurait été obtenue par le CNOM : La nécessité d'un nouvel examen de la situation de l'assuré lorsque le médecin contrôleur patronal a été dans l'impossibilité de procéder à l'examen de l'assuré (absence du domicile, par exemple).

On croit rêver.

Vous savez tout le bien que je pense des médecins contrôleurs patronaux, j'en ai déjà touché un mot ici dans ce blog.

Mais là n'est pas le problème !

Je n'ai pas lu de communiqués rageurs émanant du syndicat Unifié des médecins conseils dénonçant des mesures touchant à leur propre légitimité mais je ne dois pas être informé.

Je n'ai pas lu de protestations indignées des syndicats médicaux contre cette mesure qui remet en cause le rôle du médecin traitant mais je ne lis pas assez assidûment la prose de la CSMF, de UG ou de MG France, je ne suis pas assez informé.

Je n'ai pas lu de protestations indignées des syndicats ouvriers, de maîtrise ou d'encadrement s'insurgeant contre ces mesures "scélérates" (sic) permettant le contrôle indû des salariés par les patrons tout-puissants. Mais je ne dois pas lire assez la presse, le net et je dois être aveugle et sourd.

Je n'ai pas entendu les partis d'opposition sauter sur l'occasion pour dénoncer cette imposture et en dire le caractére dilatoire et franchement contraire à l'idée du Vivre Ensemble.

Je n'ai pas encore vu de pétitions circulant sur le net des médecins pétitionnaires habituels contre des mesures indignes et qui remettent en cause la démocratie et soulignent l'arbitraire de ce gouvernement.

Je dois être mal informé.
Mais je trouve cette Loi de financement nulle et anti déontologique.
Ne doutons pas que les pauvres médecins généralistes débordés par leur clientèle, la paperasse, l'informatique, les Caisses, les DAM et autres médecins-conseils et soucieux de ne pas être déportés dans des zones dites désertiques se feront un plaisir de prendre un abonnement au CNPF version Politique de Santé et distraire de leurs précieux temps des visites domiciliaires non pas à l'heure du laitier mais à l'heure du MG.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout cela rentre dans le cadre plus large du démantèlement des services médicaux publics (médecine du travail,médecins conseils, médecine scolaire, médecine PMI...) qui rentre lui-même dans le cadre du démantèlement des services publics en général. Je pense que les médecins sont plus particulièrement visés car, par leur autorité, leur statut ils peuvent constituer un véritable contre-pouvoir.Or, ce gouvernement ne tolère aucun contre-pouvoir.
Le procédé pour justifier ces démantèlements, toujours le même, est de diminuer les budgets alloués aux services,de bloquer les salaires, de dégrader les conditions de travail et puis de déclarer que puisque les services de l'Etat ne "sont pas en mesure"de remplir leurs missions on va confier l'ensemble à des prestataires privés.On intitulera ça pompeusement "plan" de ceci ou de cela pour faire croire que cela représente une amélioration. Dans la vraie vie le service rendu à la communauté sera bien inférieur, pour un coût bien supérieur et au seul bénéfice des opérateurs privés concernés.
En ce qui concerne le droit du travail, si l'on additionne les effets combinés du démantèlement de la médecine du travail, en passe d'être confiée là aussi au privé et cette annonce concernant le contrôle des arrêts de travail confié de fait aux seuls médecins rémunérés par les patrons, cela signifie que désormais pour les salariés CE SERONT LES SEULS PATRONS SANS AUCUN CONTROLE QUI POURRONT DECIDER SI ON A LE DROIT DE SE METTRE EN ARRET DE TRAVAIL,SI ON A LE DROIT DE CHANGER DE POSTE DE TRAVAIL EN CAS DE CONSEQUENCES SUR LA SANTE D'UN POSTE PENIBLE, ET QU'IL DEVIENDRA TRES DIFFICILE D'IMPUTER UNE MALADIE PROFESSIONNELLE AUX CONDITIONS DE TRAVAIL, des médecins rémunérés par les patrons étant, par définition, partiaux et partisans.
On voit pourtant que si l'on est parvenu à s'accorder sur le fait que presque 90% des arrêts de travail étaient justifiés, alors qu'il rentre dans cette appréciation beaucoup de facteurs subjectifs (la douleur, par exemple, physique comme morale, pouvant être déterminée par les conditions de travail), c'est que les abus sont marginaux.
Une seule réponse si les syndicats ne daignent pas réagir, une réponse individuelle: S'APPUYER SUR LE CARACTERE D'INVIOLABILITE DU DOMICILE PRIVE, un des derniers droits démocratiques encore garantis par la constitution. Ainsi,sachez que seul une personne mandatée par un juge a le droit de s'introduire par la contrainte dans votre domicile. Ce qui signifie que vous avez parfaitement le droit de refuser la venue d'un médecin que vous n'avez pas sollicité à votre domicile. Vous pouvez le laisser dehors comme un quelconque commercial importun. Donc ,assurés sociaux, REFUSEZ DE LAISSER ENTRER LES MEDECINS MANDATES PAR LES PATRONS, CE SERA A LA FOIS MORALEMENT LEGITIME ET TOUT A FAIT LEGAL.
CMT

Anonyme a dit…

Bonjour j'ai reçu une lettre de mon employeur m'indiquant que j'allais être convoqué par un médecin expert afin que celui-ci détermine la date de reprise possible de mon poste dans l'entreprise.
J'ai reçu par courrier simple une convocation du médecin expert afin de me déplacer à son cabinet. Hors il me semble qu'il doit venir à mon domicile.
Que dois-je faire, m'y rendre ou pas ?
Le motif de la convocation de mon employeur est la désorganisation de l'entreprise. Néanmoins depuis mon arrêt maladie (infarctus opéré 2 fois) mon employeur a embauché 2 personnes en CDI. Je crois qu'il n'avait pas le droit, il aurait pu palier à mon absence par l'embauche d'une personne mais en CDD.
Mon employeur m'avait convoqué précédemment pour une rupture conventionnelle et j'ai refusé sa proposition car je n'était pas d'accord. Au départ il m'a proposé cette rupture conventionnelle avec promesses que si je me mettait en autoentrepreneur il me donnerait du travail. Bien sûr sans aucun contrat entre nous signé. C'est le motif de refus.
J'ai bientôt 58 ans avec plus de 12 ans d'ancienneté dans cette entreprise. Mon refus a donc enclenché la convocation auprès du médecin expert. Mon employeur cherches un moyen pour me mettre hors circuit.
Que dois-je faire à present ?
Toutes aides serait la bienvenue.
Merci