jeudi 20 février 2025

Quand tu tousses et t'as de la fièvre, tu portes un masque, tu t'isoles et tu fermes ta gueule.

"Ils vous ont lavé le cerveau. - Vraiment ?"


Alors que l'épidémie de Covid semble se tarir cet hiver au grand dam des Faiseurs de Peur et à la grande joie des autres citoyennes et citoyens (un groupe certes hétéroclite comprenant d'authentiques personnes sincères et des négationnistes du covid) et que la grippe saisonnière reprend son cours saisonnier avec une régularité métronomique, rien ne change.

Les hôpitaux qui ont mis un siècle à comprendre que les infections respiratoires se transmettaient par voie aérienne (et dont les PU-PH en santé publique, hygiène, infectiologie, pneumologie et/ou otorhinolaryngologie, et j'en passe, les chirurgiens comme les dermatologues...) et les autres lieux de soins qui n'ont cessé de protester parce qu'il n'y avait pas assez de masques (cabinets de ville en médecine et/ou en kinésithérapie, laboratoires d'analyses, centres de PMI, dispensaires, maisons de santé et autres), n'ont pas jugé bon que le port du masque en lieu clos (une salle d'attente mal aérée, pas aérée du tout, miasmeuses, ...) étaient souhaitables, et, désormais, abandonnent.

Rien ne change car les hospitaliers comme les libéraux ne portent pas de masques en pleine épidémie de grippe !

Rien ne change car les lieux de soins sont vides de masques, sont vides d'aération, sont vides de bon sens.

Certes, et je vais me faire plaisir en donnant des bâtons à tous ceux qui voudraient me battre..., il manque des preuves sérieuses que les masques FFP2 "marchent". J'utilise à dessein une expression profane mais elle n'est plus si profane que cela puisque de grands rédacteurs d'articles "scientifiques" n'hésitent pas à en faire usage pour décrire leurs travaux.

Nous n'avons pas d'essais concluants contrôlés indiquant que le port du masque en milieu confiné et a fortiori dans un établissement de soins diminue le nombre de cas de grippe, le nombre de formes sévères, le nombre d'hospitalisations, le nombre de décès, et la transmission.

Eh bien, une fois que j'ai rappelé cela, je dis quand même que porter un masque FFP2 dans un lieu de soins quel qu'il soit, est un geste de bons sens (la chose la moins bien partagée en médecine et heureusement car le bon sens des médecins a souvent conduit à des catastrophes), et un geste de prévention probablement utile (c'est un pari).

Ce pari du port du masque en milieu de soins et y compris (et surtout) dans les établissements communautaires où sont logées des personnes âgées, les logements-foyers, les résidences du Luxe, les EHPAD publics et privés est raisonnable.

Ce pari du port du masque doit aussi s'appliquer en présence de personnes non-âgées fragiles, immunologies-déficientes, et cetera.


Quand tu tousses et t'as de la fièvre, tu portes un masque, tu t'isoles et tu fermes ta gueule.

Ce n'est pas la peine d'aller se faire tester dans un laboratoire d'analyses, dans une pharmacie ou chez soi, à quoi cela peut bien servir ? A moins qu'il ne s'agisse d'un essai clinique pour identifier les vraies des fausses grippes, les vrais des faux covid, les vrais des faux VRS.

Génial dessinateur et éditorialiste portugais : Zez Vaz



Il n'y a pas de traitement pharmacologique antiviral de la grippe saisonnière et/ou du Covid et/ou du VRS qui soit efficace. Vous pouvez balancer l'oseltamivir-Tamiflu et le nirmatrelvir/ritonavir-Paxlovid à la poubelle.

Quand tu tousses et t'as de la fièvre, tu portes un masque, tu t'isoles et tu fermes ta gueule.

Tu prends du paracétamol, t'achètes une boîte de mouchoirs en papier, tu restes chez toi, tu ne vas pas contaminer les transports sans masques et tes collègues par la même occasion.

Tu ne vas pas visiter sans masque des parents vivant en appartement, en maison ou en institution.

Dernière question : faut-il avoir un arrêt de travail ? Réponse : au cas par cas. 

Enfin, si t'es vieux, polymorbide, polymédicamenté, tu peux te vacciner contre la grippe saisonnière (en sachant que l'efficacité sur tous les critères déjà étudiés est de 30 %), tu peux te vacciner contre le covid pour la énième fois (en sachant qu'il n'y a aucune étude clinique montrant qu'un polyvacciné ayant déjà attrapé le covid soit protégé par une injection de plus...), tu peux te faire vacciner bla-bla-bla.

Encore une fois selon le principe de prévention.


C'est tout pour aujourd'hui.


lundi 3 février 2025

Aminence Based Medicine.

 


Je ne connais Doc Amine ni des lèvres ni des dents.

J'avais déjà lu certains tweets problématiques (que j'ai oubliés).

On me dit que c'est un influenceur.

Et je "tombe" sur ce tweet.

Oublions Doc Amine pour ne pas en faire un problème personnel.

Voici ce que j'ai écrit sur X (pour en finir avec les problèmes personnels) : 


FIN DE LA BLAGUE


LE FOND

Ce tweet pose plusieurs problèmes : 

Celui du paternalisme médical. Il peut s'exprimer, selon Joel Feinberg (1) de façon soft (légitimé par l'incompétence des personnes et qui s'impose de manière involontaire) ou de façon hard (qui revendique une action pleinement directive et volontaire sur la personne). En réalité, selon  Dworkin (2) : le paternalisme consiste dans « une intervention sur la liberté d’action d’une personne, se justifiant par des raisons exclusivement relatives au bien-être, au bien, au bonheur, aux besoins, aux intérêts ou aux valeurs de cette personne contrainte »  Dans le cas de ce tweet l'auteur considère le patient et, ici, la personne en bonne santé dans le cadre d'un dépistage, comme une personne ignorante, imbécile, incapable de comprendre et donc lui impose ce qui est bon pour elle au nom d'une divinité qui serait la Science telle qu'il l'a comprise.

Celui du refus de la décision partagée. Le patient ou la patiente n'ont pas le choix. Ils doivent s'incliner devant le pouvoir du soignant qui sait. S'ils disent non ou s'ils contestent, ils dégagent. Cette asymétrie assumée de la relation soignant/soigné est préoccupante car c'est un retour en arrière violent. C'est une manifestation arrogante du sachant sur le profane.

Celui de l'ignorance. La lecture de la littérature médicale fait partie du métier du médecin.  Les résultats des essais sont des données à considérer (et d'autant plus que dans le cas qui nous préoccupe aucun dépistage ne sauve de vies). Certains  dépistages  diminuent certes significativement la mortalité relative mais exposent à des risques que sont le surdiagnostic et le surtraitement. Les incertitudes sur les données devrait inciter le soignant à se méfier de ses propres croyances.

Celui du chantage aux soins. Il n'est pas acceptable de menacer une personne en bonne santé de ne pas la traiter en cas de maladie sous prétexte qu'elle refuse un dépistage quand elle n'est pas malade. Dans les années quatre-vingt certains chirurgiens vasculaires refusaient de traiter des patients qui n'avaient pas renoncé de fumer. Cette violence est d'une brutalité extrême.

Celui de la négation de l'individu en tant que personne. C'est le point aveugle de la médecine par les faits (Evidence Based Medicine). Chaque personne est différente, il n'existe pas de patient moyen, les patients enrôlés dans les essais ne représentent pas les patients vus dans la vraie vie et ainsi le soignant se trouve-t-il confronté à la décision thérapeutique fondée sur des données qui ne sont pas obligatoirement pertinentes et qui ne concernent pas le patient qu'il a en face de soi. La théorie de ce tweet est : "Ne réfléchis pas, fonce dans le tas"

Celui de l'inégalité devant la santé et l'accès aux soins des catégorisées défavorisées de la société. C'est e seul point sur lequel le théoricien de l'Aminence Based Medicine est "juste" mais sans le savoir, ce qui le rend injuste. Car, au lieu d'en faire un combat social et informatif, passer encore plus de temps à expliquer, convaincre, prendre son temps, discuter, il passe en force au nom d'une morale sociale justifiée selon lui parce qu'il travaille dans une zone défavorisée, et, incidemment, pour montrer qu'il fait partie des bons et des valeureux. Non seulement ce sont des profanes mais ce sont des racisés : je fais leur bonheur malgré eux.


COMMENTAIRES FINAUX


  1. Aucun dépistage organisé (pas plus que sauvage, mais on ne peut le savoir car les études n'ont pas été faites) n'a montré une diminution de la mortalité globale lors du dépistage des cancers : de la prostate, du sein, du col de l'utérus, du colon et du rectum, du poumon. 
  2. Le dépistage organisé a montré parfois une diminution significative de la mortalité relative à l'affection en cause.
  3. Il existe des risques inhérents au dépistage, mais pas seulement en cancérologie...
  4. Le rôle des soins primaires est d'identifier prioritairement les personnes non malades à risque et de les informer sur les risques absolus ou relatifs qu'ils ou elles courent (si on les connaît vraiment).
  5. Les citoyennes et les citoyens ont le droit de mourir de ce qu'ils ou elles veulent, conduire sans ceinture de sécurité, fumer du tabac, boire de l'alcool, mais il n'est pas possible de leur dire qu'on ne va pas les soigner s'ils arrivent aux urgences fracassés par un accident de voiture alors qu'ils n'avaient pas porté de ceinture, ou ne pas les soigner en cas de BPCO, cancer du poumon, infarctus du myocarde parce qu'ils ont fumé...
  6. La santé publique est un sport de combat.


Notes :

(1) Joel Feinberg, Canadian Journal of Philosophy, 1, 1977, p. 106-124

(2) Gerald Dworkin, « Paternalism », The Monist, 56, janvier 1972, p. 65 traduction par Alexandre Jaunait, ICI.





vendredi 31 janvier 2025

Meilleurs voeux 2025.




Politics is the entertainment division of the health care industrial complex.


C'est le dernier jour pour les voeux 2025.

Je souhaite aux médecins beaucoup de médecine et les moyens de la pratiquer en respectant à la fois la médecine et les malades, ce qui est exactement la même chose.

Je souhaite aux professionnels de santé beaucoup de soins de qualité en accord avec leur éthique en général et leur morale en particulier. Je pense tout particulièrement aux infirmières et aux infirmiers, aux kinésithérapeutes mais aussi aux pharmaciens, l'Evidence Based devrait être le but recherché pour tous.

Je souhaite aux chercheurs, les véritables scientifiques du système de santé, de chercher, de trouver et de nous fournir des données qui permettront à tous, en face d'un malade de pouvoir prendre des décisions qui respectent les valeurs et préférences de chacun.

Je souhaite à tous les intervenants du domaine de la santé, depuis les aides à domicile jusqu'aux assistantes sociales, en passant par les ambulanciers et les personnels administratifs une année décisive pour que leurs professions soient valorisées et qu'on leur témoigne du rôle majeur qu'ils jouent.

Je souhaite aux citoyennes et aux citoyens de ne pas être malades, aux patients de prendre du recule et de ne pas croire les charlatans qui leur promettent une vie sans douleurs, sans maladies, sans handicaps, et bientôt immortelle. 





jeudi 19 décembre 2024

Masques, données de santé, procédures holter. Histoire de santé publique sans consultation : 26.

Keith Richards 81 ans le 19 décembre dernier
Bis repetita : encore un défi à la Santé publique !


Ce matin, j'accompagne un voisin dans un hôpital privé situé non loin de Versailles. Non loin : très près.

Il vient rendre son matériel de Holter rythmique qu'on lui a prescrit pour 3 semaines.

Compte-rendu succinct de ma visite (je ne suis pas entré dans le bureau de la technicienne qui recueille les appareils : 

  • Je refuse de me garer dans le parking de l'hôpital pour des raisons éthiques (par radinerie ?) et trouve une place à 200 mètres.
  • Le hall d'entrée est bien rempli.
  • Pas un masque à l'horizon. Sauf le mien (le voisin que j'accompagne me dit qu'il ne "supporte" pas d'en porter. J'ai failli lui dire au dernier moment d'appeler un Uber (c'est quand même ma voiture). Pas un masque, sauf l'employé de la cafétéria (un masque chirurgical presque replié en deux et qui a connu des jours meilleurs).
  • Nous descendons au rez-de-chaussée où la salle d'attente est toujours en attente de patients et de visiteurs masqués mais où les fenêtres sont grandes ouvertes. Tout le monde tousse.
  • Le patient est reçu à l'heure.
  • Voici ce qu'il me raconte (dans le désordre) :
    • j'ai payé 300 euros.
    • 97 % de mes données ont été enregistrées (la technicienne me donne un bon point)
    • je n'aurai pas de résultats avant 3 à 6 semaines, sauf si le/la cardiologue rythmologue trouvait quelque chose avant.
    • je ne reverrai pas le/la cardiologue rythmologue
    • il/elle va m'envoyer le compte-rendu par mail ainsi qu'à mon/ma cardiologue qui me recontactera si nécessaire
    • je ne suis pas content : on me fait un holter pendant 3 semaines, il n'y a pas de contrôle en direct et il faut encore 3 à 6 semaines pour interpréter (si je ne suis pas mort avant d'un arrêt cardiaque)
    • à quoi servent les médecins qui ne "voient" pas les patients ?
La chose qui m'a surtout intrigué : le compte-rendu sera envoyé par mail simple sans utilisation d'un réseau sécurisé. Quant au DMP ? Mystère.

Il est vrai que les données brutes ne sont pas adressées par mail... 

mardi 10 décembre 2024

Un centre de référence pour une maladie non rare : pour qui est-il destiné ? La science ou le patient ? Histoire de santé publique sans consultation 25.

Petr Válek


Je rencontre un collègue dont la fille, 37 ans, est prise en charge dans un centre de référence pour une maladie aiguë/chronique et potentiellement invalidante, très invalidante et au pronostic très incertain.

Il me raconte l'histoire, son inquiétude, le fait qu'il soit médecin n'arrangeant pas les choses. Et accessoirement : les difficultés qu'il a toujours eues à communiquer avec sa fille.

Sa fille est terrorisée. Elle est terrorisée par la maladie qui la frappe, elle est terrorisée parce qu'elle ne sait pas comment elle va pouvoir élever ses enfants, sa carrière professionnelle, comment son mari, bla-bla.

Elle est suivie dans un centre de référence (référencé) d'un hôpital parisien (prestigieux).

Ce n'est pas une maladie rare. La maladie est fréquente et elle caractérisée par des tableaux cliniques très différents, des modalités évolutives prévisibles/imprévisibles, la possibilité de poussées aiguës, des traitements éprouvés qui ne "marchent" pas tout le temps, qu'il faut changer, adapter, et cetera. Bref. Je n'en dis pas trop. 

Sa fille est aussi terrorisée parce que les médecins, sans doute en fonction de l'évolution propre de la maladie, lui tiennent des discours différents : le médecin optimiste et le médecin pessimiste. Avec toutes les variantes. La maladie évoluant par cycles de rémission et d'aggravation, les propos peuvent être justes au moment où ils sont tenus.

Elle a besoin d'un soutien psychologique qui lui a été proposé mais elle le refuse. Elle en a assez d'être trimbalée entre soignants... Sans oublier que lors de sa longue première hospitalisation puis lors des hospitalisations de jour, elle a entendu tout et n'importe quoi, pour résumer, des médecins, des kinésithérapeutes, des internes, des externes, des infirmières, des aides-soignantes, des agents d'entretien, des propos qui lui étaient adressés ou qu'elle a volés dans sa chambre, entre sa chambre et le couloir, dans les couloirs. 

Elle est terrorisée par son avenir parce que, ouvrez vos oreilles, retenez votre souffle, accrochez-vous aux branches, dans le centre de référence où se rend régulièrement cette jeune femme, elle n'a pas de médecin référent. Elle voit à chaque fois un médecin différent !

Un médecin différent qui regarde le dossier, bien entendu, mais qui ne sait pas comment les autres confrères ou consoeurs ont parlé à la patiente la consultation précédente, l'hospitalisation de jour précédente et cetera.

Ce n'est pas comme cela partout.

Heureusement.

Mon collègue me demande à quoi sert ce centre de référence s'il n'est pas surtout destiné à prendre soin des patients, si la réflexion scientifique sur les relations soignants/soignés n'est pas étudiée avec le même sérieux scientifique que la maladie dont le centre est la référence...

Je lui dis avec prudence qu'il est possible que sa fille soit mal tombée, qu'un concours de circonstances ait fait que les plannings étaient serrés, que le médecin référent désigné a changé d'hôpital, que le personnel n'est pas assez nombreux, pas assez formé ou fatigué...

Il n'est pas convaincu car il est inquiet, qu'il souffre pour sa fille, qu'il se dit qu'il n'a pas assez communiqué avec elle quand elle était en bonne santé... et que ce ne sera plus jamais la même chose.

Il est désemparé. 

Désemparé par le malheur.

Je pense ne moi-même qu'il n'existe pas un centre de référence pour le malheur.


lundi 2 décembre 2024

24 Aphorismes Médicaux pour choquer son entourage profane et non profane.

#24 Chaque fois que l'on accole un adjectif à médecine, ce n'est plus de la médecine.

C'est la fin de ces aphorismes. Bon Noël.

#23 Le médicament le plus utilisé en médecine générale est le médecin lui-même

Michael Balint (1957)

Pour plus de détails sur lr manque d'études le concernant : LA.

1896 - 1970


#22 La loi de Brandolini en médecine.

La quantité nécessaire pour réfuter des sottises est supérieure d'un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire.

Alberto Brandolini (2013)

Exemple : 4 ans et demi pour rétracter l'étude Gautret/Raoult.

Alberto Brandolini



#21 La loi de Goodhart appliquée à la Santé publique.

"Lorsqu'une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une bonne mesure... car elle devient sujette à des manipulations directes (truquage des chiffres) ou indirectes (travailler uniquement  à améliorer cette mesure)"

Charles Goodhart (1975)

Exemples : pression artérielle, taux de cholestérol, glycémie. Ad libitum.

#20 Prise de décision partagée en santé.

La prise de décision partagée en santé est une ruse juridique mise en place par les soignants pour les innocenter en cas d'échec et pour les glorifier en cas de succès.




#19 Les économistes de la santé sont à la santé ce que les professionnels de santé sont à l'économie.

Pseudonyme, 2024.



#18 Big Data en médecine

"Le Big Data prétend se jouer de la complexité des données... alors que la pierre d'achoppement est la complexité des phénomènes." 

"Le Big Data signifie prendre la corrélation pour la causalité."

Jean-Pierre Dupuy (2024)

#17 L'hospitalocentrisme est la maladie infantile de la Santé publique



#16 Les vaccins sont des médicaments comme les autres.

Il est possible de tester leur efficacité sur des critères cliniques (prévention des formes graves, transmission, par exemple) et pas seulement sur des critères de substitution (les taux d'anticorps) en menant des essais contrôlés. Il est aussi nécessaire d'en déterminer les effets indésirables sévères et inattendus. 

#15 La médecine a fait tellement de progrès que plus personne n'est en bonne santé.

Aldous Huxley (1894 - 1963).




"Medical science has made such tremendous progress that there is hardly a healthy human left."

#14 La médecine préventive est 3 fois arrogante :

La médecine préventive est trois fois arrogante : Premièrement, elle est agressivement affirmative traquant les individus sans symptômes et leur disant ce qu'ils doivent faire pour rester en bonne santé... Deuxièmement elle est présomptueuse, persuadée que les actions qu'elle préconise feront, en moyenne, plus de bien que de mal à ceux qui les acceptent et qui y adhèrent. Finalement, la médecine préventive est autoritaire, attaquant ceux qui questionnent la validité de ses recommandations.

David Sackett

#13 La maladie est le salaire du péché.

De très nombreux soignants pensent cela tout comme de très nombreux citoyens.

"Vous l'avez mérité"

C'est bien entendu plus grave pour les soignants qui prescrivent et délivrent des soins.

Mais c'est aussi très préjudiciable pour les patients.




#12 Dépistage

Aucun dépistage de cancer n'a montré qu'il diminuait significativement la mortalité globale des personnes qui y participaient.

@ZoltiumHQ


#11 Effet Matthieu.

La privatisation de l'État providence ne conduit pas à faire disparaître les droits sociaux mais à en concentrer le bénéfice sur ceux qui en ont le moins besoin.

Par référence à un verset fameux de l'Évangile selon Saint Matthieu (XXV, 29) : "À celui qui a, il sera beaucoup donné et il vivra dans l'abondance, mais à celui qui n'a rien, il sera tout pris, même ce qu'il possédait."

L'effet Matthieu désigne la capacité des forts à devenir les premiers bénéficiaires des dispositifs visant à améliorer le sort des faibles.

In : L'esprit de Philadelphie. Alain Supiot. 2010. Paris, Le Seuil.



#10 Médecine et morale.

Chaque fois qu'un médecin fait la morale il ne fait ni de la bonne médecine ni de la bonne morale.




#9 Diagnostic

Une erreur de type 1 condamne un innocent.
Une erreur de type 2 acquitte une coupable.



#8 Prescrire est plus facile que ne pas prescrire.

Jamais un patient n'a traduit en justice un médecin qui lui avait prescrit un dosage de PSA sans l'avoir informé du rapport bénéfices/risques.

Dans le métro.


#7 Surdiagnostic

Un surdiagnotic de cancer, par exemple, est un authentique cancer qui, s'il n'avait pas été décelé, n'aurait provoqué ni morbidité ni mortalité.

Le surdiagnostic, toutes pathologies confondues, est la pandémie silencieuse des pays développés.



#6 Placebo 

"Prescrire un placebo est un danger pour le patient comme pour le prescripteur." 

Shapiro HM, 1986.

Mais il peut être éthique de prescrire un placebo en le disant au patient (cela ne change en rien son effet).


#5 Les études en conditions réelles

Les études en conditions réelles pour démontrer l'efficacité d'une molécule ou d'un traitement, c'est comme danser un slow avec sa soeur, ça ne mène à rien.

(Adapté de Diego Maradona : "Arriver dans la surface et ne pas pouvoir tirer au but, c'est comme danser avec sa soeur")

1960 - 2020


#4/24 Les examens complémentaires


La prescription d'examens complémentaires est souvent le cache-misère d'une triple absence d'interrogatoire, d'examen clinique et de connaissance de la sémiologie mais malheureusement aussi la première étape d'un traitement inutile.


#3/24 Quatre-vingt % des déterminants de santé sont non-médicaux.


Les médecins en concluent contre toute évidence qu'il faut intensifier la médecine.

#2/24 La loi inverse des soins (Inverse Care Law)



La possibilité d'accès à des soins médicaux de qualité est inversement proportionnelle aux besoins des populations concernées.

 

#1/24 La médecine n'est ni un art ni une science.

"La médecine n'est ni art ni science. C'est au contraire une discipline empirique, fondée sur des talents diagnostiques et thérapeutiques, aidée par la technologie, c'est à dire l'application efficace de la science." Petr Skrabanek et James McCormick



lundi 18 novembre 2024

La vaccination obligatoire des nourrissons a-t-elle été efficace pour augmenter la couverture vaccinale ? Non.





La vaccination obligatoire des nourrissons a été instaurée le premier janvier 2018 : elle concernait 11 vaccins.

L'objectif avancé par les autorités gouvernementales de santé publique était d'augmenter la couverture vaccinale des nourrissons et de vaincre par la force l'hésitation vaccinale. 

J'avais signé le 16 octobre 2017 une lettre ouverte contre cette obligation en arguant que l'éducation valait mieux que la coercition. C'est LA.

En avril 2024 une agence gouvernementale (Santé Publique France) publie les chiffres de couverture vaccinale. 

ICI avec le texte complet à télécharger

Il est assez difficile de faire des comparaisons dans le temps car les données, de 2017 avant l'obligation vaccinale jusqu'à 2020 ont été obtenues ainsi : 


Et ensuite, d'un seul coup d'un seul, les mesures ont été effectuées par sondage à partir de la base de données du SNDS : DCIR entre 2020 et 2022.

En général, quand on change le système de mesure c'est pour montrer que les résultats que l'on escomptait sont meilleurs avec le nouveau système qu'avec l'ancien. Eh bien, dans ce cas, c'est le contraire.

(On peut dire d'une part que les chiffres obtenus par les certificats en PMI étaient surévalués en raison d'une population captive et/ou plus volontaire) et ensuite que les sondages ne sont que des sondages).

Prenons l'exemple de la vaccination ROR. En 2020 : couverture vaccinale 

  • Par certificats (24 mois) : 
    • 1 dose : 95,1 %
    • 2 doses : 92,8 %
  • Par sondage SNDC-DCIR  (21 mois) : 
    • 1 dose : 93,2 %
    • 2 doses : 84,7 %
Les améliorations :
  • Entre 2017 et 2020 :
    • 1 dose : + 3,2 %
    • 2 doses : + 6,5 %
  • Entre 2020 et 2022 :
    • 1 dose : + 0,5 %
    • 2 doses : + 1 %

Donc, les comparaisons sont difficiles... Et ce, d'autant plus, que les vaccins heptavalents sont apparus.

Nous ne reviendrons pas sur les discussions concernant l'efficacité des vaccins sur différents critères qui dépendent de chaque vaccin, nous l'avons déjà fait largement.


Nous nous intéresserons simplement à l'efficacité de l'obligation vaccinale sur la couverture vaccinale.

En 2020 la couverture vaccinale pour DTPC-Hib était de 98,8 % (certificats) avec une augmentation de + 0,7 % depuis 2017. En 2022 (SNDS-DCIR) : 91,4 %, soit + 0,5 % depuis 2020

En 2020 la couverture vaccinale pour le pneumocoque (3 doses à 24 mois) était de 95,7 % (certificats) avec une augmentation de 4,1% entre 2017 et 2020. En 2022 (SNDS-DCIR) : 91,7 %, soit + 0,6 % depuis 2020.

Pour le Méningocoque C : la couverture vaccinale selon SNDS-DCIR a baissé de 0,6 % entre 2020 et 2022 : de 87,6 % à 87 %

L'obligation vaccinale a donc produit des effets marginaux puisque même les objectifs sur la rougeole (95 %) n'ont pas été atteints.

Quelques considérations sur la Santé publique : 

  • La Santé publique est par essence inégalitaire : les CSP + vivent plus longtemps et en meilleure santé que les CSP - 
  • Les politiques de Santé publique ne peuvent plus être menées globalement mais il faut aller vers les populations les plus défavorisées, i.e., les populations à risques de maladies ou à risques de ne pas être touchées pour des raisons multiples par les politiques nationales.
  • L'analyse des raisons pour lesquelles les nourrissons ne sont pas vaccinés est intéressante du point de vue de ce qui doit être fait et si cela touche des populations particulières.
  • La diminution du nombre de PMI pour raisons budgétaires par les Conseils Départementaux n'est sans doute pas la meilleure mesure pour aller vers.
  • L'évaluation des politiques de Santé publique ne peut se faire sur des critères de substitution (le nombre de vaccinés) mais sur des critères épidémiologiques : morbidité et mortalité.
  • Il n'est pas possible de proposer des vaccins sans informer sur les enjeux de façon objective.
  • L'obligation vaccinale chez les nourrissons, on va le voir, n'a pas entraîné une adhésion massive pour les vaccins non obligatoires
  • Les atermoiements covidiens, les mensonges répétés sur l'efficacité des vaccins, des masques, de la distanciation sociale (tiens, on n'en parle plus), de l'aération et la perte de toute éthique scientifique dans la présentation des résultats...

Mais qu'en est-il des vaccinations non obligatoires ?

La valeur "pédagogique" de la vaccination obligatoire ne s'est pas fait ressentir sur les vaccinations non obligatoires.

Chez le nourrisson (2022).

Méningocoque B : la couverture vaccinale (3 doses) était de 35,1 % à 21 mois.

Rotavirus : 30,9 %

Chez les adolescents

A 15 ans et en 2023 44,7 % des filles ont reçu 2 doses contre 15,8 % chez les garçons.

La vaccination dans les collèges et en ville a été semble-t-il favorable avec une augmentation des taux de vaccination de 17 % chez les filles et de 15 % chez les garçons.


Adultes.

Nous ne disposons de chiffres que pour la grippe et le covid.


Les chiffres ne sont pas bons tant pour la grippe (populations exposées) que pour le Covid (mais les chiffres concernent les rappels et non les vaccinations 2 + 2 sans tenir compte des sujets ayant eu le covid.

Mais on peut déjà retenir ceci : 


Grippe : 19 % des professionnels de santé exerçant en établissements de santé sont vaccinés

Covid : Les couvertures vaccinales chez les professionnels de santé sont estimées à 9,9 % pour ceux exerçant en Ehpad, 11,1 % pour les libéraux et 12,2 % pour ceux exerçant en établissements de santé

Pour les chiffres en population générale : 

Grippe : 
  • 25,4 % des personnes de moins de 65 ans à risque ont été vaccinées en 2023-2024 contre 34,3 % en 2021-2022 (- 8,9 %)
  • 54 % des personnes de plus de 65 ans ont été vaccinées en 2023-2024 contre 56,8 % en 2021-2022 (- 8,9 %)
Covid (selon les mêmes figures) : 
  • 12 %
  • 30,2 %

Conclusion : 

Le boulot n'a pas été fait. La coercition n'a pas marché.

Pour les nourrissons les progrès sont maigres et l'objectif rougeole n'a pas été atteint.

Pour les adolescents, c'est en devenir.

Pour les adultes (grippe et covid) : c'est catastrophique.

Commentaires : la destruction des soins primaires dont la médecine libérale et et les PMI continue. Les mensonges sur les vaccins contre la grippe et contre le covid laissent des traces.

Que faire ?

Informer, informer, informer.

Informer sainement.