mercredi 2 juillet 2025

Histoire de santé publique sans consultation 28 : il y a encore des médecins qui prescrivent Spasfon (phloroglucinol) sans dire qu'il s'agit d'un placebo.



Compte-rendu de (fausse) télé consultation (acte gratuit).

Une de mes anciennes patientes (54 ans) est allée consulter aux urgences pour des douleurs abdominales aiguës.

Elle a attendu son tour dans la fournaise.

Elle a été examinée.

Elle n'a pas très bien compris ce qu'elle avait ou ce qu'elle n'avait pas.

On lui a prescrit du Spasfon.

Elle a entendu le mot cancer.

Elle s'est affolée.

Elle a entendu le mot cancer car elle s'est fait engueuler (je répète, je n'y étais pas), crier dessus (je répète encore que ce sont des propos rapportés), parce qu'elle n'avait pas encore fait un test de dépistage du cancer du colon.

Je l'ai rassurée après l'avoir interrogée.

La pauvre, avant de m'appeler, était allée "consulter" internet et avait lu le site de Gustave Roussy (LA) où elle avait lu ceci : 


En gros, j'ai pris un peu de temps pour raconter l'affaire, la patiente a fait une violente colite qui l'a fait souffrir quelques jours. Un scanner a été prescrit pour des raisons que j'ignore.

Elle n'a plus mal : le spasfon a fait son effet.

Rappel de 2020 : 


Rappel pratique : prescrire un placebo à un.e malade (ou à un.e citoyen.ne) en lui précisant qu'il s'agit d'un placebo mais queça peut être efficace chez certaines personnes ne modifie pas l'effet placebo.

On peut aussi aimer Placebo.



mercredi 18 juin 2025

Désogestrel, le bannir par prévention et préférer le lévonorgestrel. Un avis (tardif) de l'ANSM.


Je pourrais faire le malin, c'est ce que je vais faire, mais je prévenais en 2009 (septembre) sur l'inutilité et la dangerosité potentielle d'utiliser le désogestrel et de préférer le levonorgestrel : c'est ICI.

Le billet a vieilli puisque le désogestrel est remboursé depuis 2015.

Je me rappelle le poids de l'industrie, le poids des spécialistes gynobs et sages-femmes (qui n'étaient pas corrompus par l'industrie, ils ou elles prenaient leurs décisions en fonction de la science, cela va sans dire) et les fausses informations (qui avaient été dénoncées par La Revue Prescrire) sur le risque d'oubli beaucoup moins important (plusieurs heures) pour le désogestrel par rapport au lévonorgestrel.

Prescrire du lévonorgestrel signifie aussi prescrire une alarme sur un smartphone.

Les données étaient là, devant nos yeux, personne ne nous les cachait, il suffisait de savoir lire (il semble que c'est un impératif essentiel pour entamer des études de médecine, par exemple) et de ne pas prendre les arguments de l'industrie pour de l'argent comptant.

L'ANSM oublie de rappeler que l'étude Epi-Phare (LA) date de décembre 2024.

Elle oublie de rappeler son communiqué rassurant de mars 2025 (ICI).

Et que ses nouvelles recommandations datent du 18 juin 2025.

Essayez de lire, les prescripteurs, quant aux femmes, lisez aussi et demandez des comptes.

Le risque est faible.

Certes.

Pourquoi le prendre ?

Le lien avec l'ANSM : LA











lundi 9 juin 2025

La déception Vinay Prasad.

Depuis que Vinay Prasad est devenu directeur à la FDA, rien ne va plus.




Celui qui mettait les points sur les i, les barres sur les t en critiquant de façon féroce la façon dont les études cliniques étaient menées en oncologie par les firmes et comment la FDA approuvait ou non (c'était plus rare) les molécules en les autorisant à entrer sur le marché avec des niveaux de preuve insuffisants, s'est  couché.




Désormais les essais cliniques contrôlés randomisés ne sont plus nécessaires de façon absolue, affirme-t-il.

Désormais il est possible d'être moins exigeant avec le bras comparateur. Par exemple.




Pour les vaccins, et notamment contre le Covid, il n'a pas encore changé d'avis. Mais pour combien de temps ?

Pour les dépistages organisés des cancers, tiendra-t-il la route ?

Que s'est-il passé ?

Je n'en sais rien.

Ainsi, il n'existe plus de voix hors FDA pour critiquer les essais cliniques malsains, les essais cliniques mal faits, les essais cliniques non-équipoise, les essais cliniques contrôlés où le comparateur est sous-dosé, mal choisi ou ne correspond pas aux standards de soin existants, où les résultats sont truqués d'un point de vue clinique, statistique, pratique, où les critères principaux sont oubliés dans l'analyse finale, où les critères de substitution valent mieux que les critères "objectifs", où la qualité de vie des patients n'est pas prise en compte quand la survie globale est augmentée de 2 mois, quand le crossover devient une façon de rendre les essais positifs... Et j'en passe.

Peut-être s'agit-il de ma part d'un procès d'intention ?

Nous verrons.

Mais nul doute que les oncologues et autres, corrompus pour la plupart par l'argent de l'industrie, organisent-ils déjà des fêtes privées, des raouts nocturnes pour célébrer le retour au bercail de la raison financière le meilleur de leurs ennemis.

J'imagine la gêne de certains comme Adam Cifu, John Mandrola ou Gilbert Welch devant ce début de retournement de veste.

Est-ce que mettre les mains dans le cambouis des agences gouvernementales a un prix à payer : oublier ce que l'on toujours prôné ?

A suivre.


Ramasse-miettes de la déception (ou non)

Conférence de presse : ICI

Priorités pour une nouvelle FDA (10/06/2025) : LA

Rappelons que les pourfendeurs de Prasad, tel David Gorski, ont commencé à le faire à partir du Covid (et de façon violente). Auparavant, ICI, ils étaient plutôt d'accord avec lui et notamment pour les essais cliniques en oncologie. 


PS du 18 juin : Vinay Prasad prend encore du galon à la FDA. ICI

jeudi 22 mai 2025

Histoire de Santé publique sans consultation 27 : la solitude du malade face à la médecine.

Gwenaël Miliner

Madeleine (c'est un nom d'emprunt) est assise à côté de moi sur une terrasse ensoleillée et nous buvons deux  cafés courts.

Nous étions convenus de faire une petite balade, une courte balade, car Madeleine (toujours un nom d'emprunt et peut-être un genre d'emprunt) souffre d'un cancer qui vient d'être diagnostiqué et opéré.

Je me rends compte qu'elle m'a convoqué pour cette balade car elle doit recevoir cet après-midi les résultats du scanner qui doit renseigner une fois de plus sur les risques d'autres localisations.

Je suis abasourdi.

Comment est-ce possible ? 

Comment une patiente peut-elle recevoir en direct sur son smartphone, c'est à dire sans filtre, sans assistance, sans médecin, un compte-rendu qui indiquera peut-être une extension de sa maladie et des conséquences sur son traitement, sur son avenir, sur sa qualité de vie, sur son espérance de vie ? 

Comment est-ce possible ? 

Est-ce cela la transparence, l'information éclairée des patientes, la procédure patiente centrée, le respect des malades ? 

Je suis pétrifié.

Quand le message arrivera, que se passera-t-il ? Que devrais-je faire ? Devrais-je mentir ? Je ne connais pas vraiment le dossier puisque je n'ai parcouru que des comptes-rendus, je n'ai fait que de l'air médecine...

Nous parlons de choses et d'autres pour meubler le temps, pour nous distraire de cette terrible réalité qui va arriver par message électronique, ce constat pixélisé, interprété, mâché, vrai ou faux, sur un écran de smartphone... La médecine moderne, le nouvel entretien singulier entre le soignant et le soigné sur un écran...

Elle consulte sa messagerie toutes les trois minutes et elle finit par me dire : ça y est, c'est arrivé.

Elle me tend le téléphone. "Je n'ai pas le courage." 

Je ne réponds pas "Moi non plus" mais je le pense très fort.

Je lis pour moi-même le compte-rendu en ne sachant pas si je dois aller vite ou lire dans les détails, en me sachant scruté par mon amie... 

C'est rassurant de chez rassurant, pas de saloperie dans le cerveau, le poumon, l'abdomen, et cetera.

"Tout va bien !"

Elle reprend son téléphone et se met à lire. "Et le petit épaississement sur la paroi du colon..." J'avais lu mais aux yeux d'un presque profane, cela me paraissait non pertinent. 

"Tu peux être rassurée." 

"J'avais tellement peur qu'il y ait quelque chose..." (Je ne dis pas : Et moi ! Comment aurais-je assumé ?) "Je suis tellement contente..."

La chimiothérapie va pouvoir commencer (elle était prévue quels qu'aient été les résultats du scanner et après que le TEP scan avait été négatif).



samedi 3 mai 2025

Histoire de Santé publique sans consultation 26 : un CSP ++ qui ne connaît pas l'existence du 15.



Je rencontre boulevard du Roi (Versailles) une vieille connaissance, 77 ans, qui a l'air frais et dispos, floride, le teint bronzé par un séjour récent en Bretagne, tous les Versaillais de souche disposent d'une maison de famille en Bretagne où les cousins peuvent s'échanger leurs chaussettes bleues reprisées à l'oeuf, les loden vert passé effilés aux manches, les robes à smock trop souvent lavées, les souliers vernis, les noeuds dans les cheveux sans oublier les vélos à l'ancienne avec traces de rouille ou les costumes de bain aux couleurs passées. Bref...

Nous parlons de la pluie et du beau temps, ma connaissance est un ex-centralien qui fait du bénévolat pour permettre à de jeunes chômeurs et chômeuses de retrouver un emploi, il est occupé, il est très préoccupé par la santé (je l'apprends sur le trottoir du boulevard du Roi, à l'ombre des frênes centenaires taillés au cordeau) et il m'entreprend sur le sujet des déserts médicaux.

Sujet dangereux mais moins que de lui parler médecine et de réactiver ses angoisses.

Il a un avis très tranché : "On attend trop..." Il continue : "Les médecins n'assument plus les gardes..." Je tente d'intervenir sur les statistiques flatteuses des gardes sur la totalité de la France (95 %) mais il ne m'écoute pas, il sait ce qu'il doit penser, il continue encore : "Imaginez une urgence en pleine nuit à Versailles... Qu'est-ce qu'on pourrait faire ? Je vous le demande... - Appeler le 15 ?" Il me regarde comme si je débarquais du pôle. "Le 15 ? Ça marche à Versailles ? - Oui..." 

Il me parle aussi de ces médecins qui refusent la régulation des installations. Je lui rétorque tous les arguments que tout le monde connaît sauf Garot et sa clique opportuniste de politiciens pour lesquels l'accès aux soins se règle par un  coup de fil à des copains qui ont vu le copain du copain.

Je continue de discuter avec un Centralien qui ne sait pas compter jusqu'à 15 et j'apprends qu'il se préoccupe de sa santé avec beaucoup de constance... C'est un partisan du dépistage, il n'a jamais raté un PSA, m'affirme-t-il, jamais raté un test fécal de dépistage du cancer du colon. Quant au rôle du cholestérol dans les maladies cardiovasculaires, il n'y croit guère, mais son médecin généraliste, "il est bien", lui fait doser tous les ans... "Il suffit de manger sain" ajoute-t-il et il ajoute qu'il est un client assumé et régulier de Biocoop et des maraîchers de la région. Amen.

Je ferme ma goule. Je ne lui dis pas que je ne connais pas mon taux de cholestérol, que je n'ai jamais eu "droit" à un PSA (sauf une fois où un spécialiste de tout autre chose, il y a de nombreuses années, l'a rajouté sur l'ordonnance), que je n'ai jamais recherché, malgré de nombreuses invitations, de sang dans mes selles...

Tiens, à propos... Il est scandalisé que le ce dépistage s'arrête à 74 ans, "Je connais quelqu'un qui a fait un cancer du colon à 79 ans et il y en avait partout !"

Donc, voilà quelqu'un qui fait partie des CSP ++ et dont la retraite est un scandale pour les plus jeunes qui joue le jeu de la dépistologie et de la prévention (il ne fume pas, il boit très peu, il mange bio) et qui, s'il était interrogé lors d'un sondage comme celui-ci, dirait que l'accès aux soins à Versailles (78000) est "compliqué, loin ou partiel" alors qu'il habite à moins de 10 mn en voiture de l'hôpital Mignot et/ou de la clinique de Parly 2 (classement national du journal Le Point en 2020 : "Stimulateurs cardiaques : 5ème · Chirurgie cardiaque adulte : 9ème · Cardiologie interventionnelle : 15ème") mais qu'il ne sait pas que l'on peut appeler le 15 en cas d'urgence !

Vous n'ignorez pas ce que je pense de ces classements alakhon. Mais...


jeudi 1 mai 2025

Premier mai (dans notre série La chute finale) : la France, championne Europe (UE) pour les accidents du travail...

 


Les épisodes précédents de La chute finale nous ont rappelé que la France chutait comme une pierre :

  • Pour la mortalité infantile dans l'UE : 23 ème pays sur 27
  • Pour la corruption dans le monde : 25 ème place mondiale pour l'indice de perception de la corruption.


Abordons maintenant un sujet social : les accidents du travail en France.


3,53 accidents mortels du travail pour 100 000 salariés en 2021

Les comparaisons sont difficiles à faire parce que les déclarations d'accidents du travail ne sont pas identiques dans les différents pays d'Europe et ne répondent pas toujours aux même critères (date du décès par rapport à l'accident, causes de l'accident, critères de validation de l'accident...). Pour information : la moyenne de l'UE est de 1,76/100 000


ICI

Si on remonte en 2019, les chiffres montrent que la France est le pays avec le plus d’accidents de travail mortels par 100 000 travailleurs : 3,53 (ce qui représente 790 décès soit deux morts au travail chaque jour). Près du double de la moyenne des 27 pays membres de l’Union Européenne (1,74) et bien loin devant les meilleurs élèves que sont les Pays-Bas (0,48) et la Suède (0,72).

Il existe par ailleurs une augmentation constante des accidents de travails mortels entre 2010 et 2020.


Les accidents non-mortels : la France, pire pays de l'Europe

Pour les accidents non-mortels (mais là encore il faut être prudent pour les raisons déjà évoquées sur les différences de prise en compte et de réglementation), La France est la plus mal classée, avec environ 3 000 accidents pour 100 000 travailleurs, devant le Danemark et le Portugal, contre une moyenne UE bien inférieure (LA).

En 2019 : 780 000 accidents du travail non mortels


Et, le saviez-vous, l'anticipiez-vous, le subodoriez-vous ?

Les ouvriers sont nettement plus exposés aux accidents du travail.

(les accidents de trajet mortels, comptabilisés séparément, sont de 300 à 400 par an selon les années).

Conclusion 1 : L'Église française de Préventologie ne fait pas son boulot !

Conclusion 2 : Comment la sixième économie mondiale en est arrivée là ?



jeudi 24 avril 2025

4,1 pour mille (mortalité infantile en France) : la chute finale ? Nous avons encore mieux : l'indice de perception de la corruption : 25 ème place mondiale !


(Emmanuel Todd avait fondé sa prévision de l'effondrement de l'URSS sur, entre autres, l'aggravation de la mortalité infantile. Cette thèse est désormais controversée pour des raisons plus idéologiques que scientifiques, la notice wikipedia est en particulier d'une mauvaise foi admirable et peu modifiable, mais il n'est pas inutile de rappeler que la mortalité infantile, au-delà de sa composante mortifère a une composante éthique considérable)


La mortalité infantile fait partie des trois indicateurs majeurs et historiques de la Santé publique au même titre que la mortalité maternelle et l'espérance de vie à la naissance.

La France, avec un taux de mortalité infantile de 4,1 pour mille est classée 23ème pays sur les 27 de l'Union Européenne.

Ce qui est dramatique pour l'ex-meilleur système de soins du monde.

Dans un pays où seules 0,3 % des femmes accouchent assistées à domicile, c'est la preuve chimiquement pure de la faillite hospitalière.

A part les Pays-Bas (16 % en 2016) les pays de l'UE sont environ à 1 % d'accouchements assisté à domicile et sont meilleurs que nous.

https://www.researchgate.net/figure/A-Brief-Overview-of-Countries-of-the-EU-and-Their-Approximate-Counts-of-Home-Births_tbl1_358023484#


Tout le monde s'en fout.

Personne ne réagit ou de façon anecdotique.

Le fait que le système de santé français soit infoutu incapable de modifier cette tendance qui est constante depuis une dizaine d'années montre sa profonde sclérose, son corporatisme, son incapacité à réfléchir sur lui-même, à se remettre en cause, à envisager que la santé publique existe en dehors des structures hospitalières, à intégrer des ressources extérieures aux maternités, mais aussi à penser la médecine comme une des composantes de la santé publique et non comme son seul outil.

Je découvre avec un peu de retard que la France est désormais à la 25 ème place mondiale pour l'Indice de Perception de la Corruption.Voir LA.



Mais surtout : regardez par quels pays nous sommes encadrés.



La chute finale !

Vous objecterez non sans raison que vous ne voyez pas le rapport entre le catastrophique taux de mortalité infantile et l'inquiétant indice de perception de la corruption. Mais il en existe un : la politique de l'autruche.


La France chute et ne fait rien ou se cache derrière son petit doigt pour ne pas envisager de réformes.

Nous ne manquerons pas dans les épisodes suivants de compléter un tableau désormais catastrophique de la Santé publique en France.

Et l'état de corruption généralisé du complexe santéo-industriel.