Un nouvel essai (japonais) vient de sortir dans le British Medical Journal du huit mars 2010.
Cet essai contrôlé (randomisé en double-aveugle 502 pneumo 23 versus 504 placebo) a été réalisé chez 1006 patients institutionnalisés (âge moyen : 84.7 ans). Les critères de jugement étaient : a) primaires : l'incidence de toutes les pneumonies et des pneumonies à pneumocoques ; b) secondaires : décès par pneumonies à pneumocoque, décès par toutes causes de pneumonies, décès toutes causes.
La lecture des résultats de l'article indique ceci (groupe vacciné vs groupe contrôle):
- Nombre de pneumonies toutes causes : 63 (12.5 %) vs 104 (20.6 %). NS
- Dont nombre de pneumonies à pneumocoques : 14 (2.8 %) vs 37 (7.3 %). p inf 0.001
- Nombre de décès dus aux pneumonies à pneumocoque : 0/14 (0 %) vs 13/37 (35.1 %). p inf 0.01
- Nombre de décès dus à toutes causes de pneumonies : 13/63 (20.6 %) vs 26/104 (25 %). NS
- Nombre de décès dus à tout autre cause : 89/502 (17.7 %) vs 80/504 (15.9). NS
Et les auteurs de conclure : Le vaccin Pneumo 23 prévient les pneumonies à pneumocoques et réduit la mortalité due à la pneumonie à pneumocoque ches des malades institutionnalisés.
Trop cool !
Et voilà comment on peut facilement changer d'avis (je parle de moi).
Mais un éditorial du BMJ , écrit par une épidémiologiste et un pneumologue, tempère l'enthousiasme des foules (sentimentales) : il rapporte les données connues jusqu'à présent, c'est à dire que la vaccination de personnes âgées saines et / ou malades mais vivant à domicile semble peu déterminante ; mais il souligne surtout un certain nombre de limitations de cette étude menée chez des personnes malades vivant en institution : l'incidence des pneumonies était très forte (72,8 /1000 patients par an), ce qui ne correspond pas aux études citées par les auteurs ; l'essai était limité par la classification et les causes de pneumonie parce que les critères radiologiques n'avaient pas été définis auparavant ; la plupart des cas de pneumonies à pneumocoques ont été diagnostiqués avec un antigène urinaire dont ni la spécificité ni la sensibilité n'ont été précisées ; par ailleurs, l'efficacité de la vaccination a été renforcée par l'absence d'infection invasive à pneumocoques dans le groupe traité.
Les auteurs affirment donc, comme on l'a vu, que le vaccin anti pneumococcique Pneumo 23 améliorait la survie. Pourtant, comme le souligne l'éditorial, malgré le fait que le vaccin diminue significativement la mortalité due à toutes les causes de pneumonie et que cette importante diminution contribue pour beaucoup à la mortalité toutes causes, la mortalité globale n'est pas diminuée par le vaccin.
Il est donc difficile de conclure. Mais on ne peut en vouloir aux partisans de la vaccination : elle a probablement une certaine efficacité sur les infections invasives à pneumocoque. A condition bien entendu que l'on sache de quoi on parle : préciser les règles du diagnostic radiologique et du diagnostic biologique.
Vaccinerez-vous les prochains patients qui se présenteront dans les foyers logements ou dans les établissements de moyen ou de long séjour ?
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