dimanche 18 septembre 2022

Bilan médical d'un cueilleur de cerises du lundi 12 au dimanche 19 septembre 2022 : suicide assisté, génome, dépistage, arrêter un essai ?, addiction aux écrans, Covid long, mentir pour avoir raison, kystes cutanés, Borée.

Ça prend longtemps pour ne rien comprendre


Fin de vie : une convention citoyenne annoncée

L'annonce par Emmanuel Macron d'une convention citoyenne sur la fin de vie a suscité de nombreux commentaires.

J'entends sur France Culture (LA) une pharmacienne atteinte d'un cancer non curable (pronostic à 3 mois) dire d'une voix claire : "Je demande aux médecins le suicide assisté quand ça ira mal. Les médecins lui répondent : 'Nous ne sommes pas faits pour tuer'" Et elle de répondre : "Guérissez-moi, alors. 

Le Comité Consultatif National d'Ethique pour les sciences de la vie et de la santé actualise son avis sur la fin de vie : LA. Il dit, en substance, qu'il est possible de définir des conditions strictes (cf. p 29, II.2.E) dans lesquelles une personne pourrait être accompagnée activement dans sa volonté de vouloir mettre fin à ses jours (suicide assisté)ou de faire appel à un médecin pour lui donner la mort.

Je lis une tribune d'Emmanuel Hirsch qui ne me convainc pas sur la non nécessité de légiférer : ICI

Je lis un commentaire du Conseil de l'Ordre des médecins sous forme d'un entretien avec son président : LA. Il dit en substance qu'il faut faire évoluer la loi Clays-Leonetti, que le médecin peut être accompagnateur mais pas effecteur (celui qui accomplit le geste), que l'Ordre est contre l'euthanasie, qu'il faut qu'il y ait une clause de conscience (qu'il compare malencontreusement à celle qui existe pour l'IVG) et qu'il faut développer les soins palliatifs.

Le problème est complexe.

En tant que MG j'ai été plus d'une fois confronté au problème de la grande souffrance et de la demande de suicide assisté.
Il s'agissait de "mes" malades au sens où il s'agissait de malades que je connaissais depuis longtemps.
Cette proximité, et le fait que je m'étais intégré, pour "mes" malades uniquement, dans un réseau prodiguant des soins palliatifs au domicile du patient avaient rendu mes réflexions plus sereines.
Je ne peux trancher pour les autres MG.
Et pour les hospitaliers encore moins.

Disons que cette proximité, avec le patient et sa famille, était favorable à mon propre confort. Mais qu'il était rare que j'aie la main.

Mes observations sur le suicide assisté (auquel je suis favorable toutes choses par ailleurs) sont les suivantes (et je ne parlerai ici que des malades souffrant d'un cancer incurable car je n'ai jamais été sollicité pour des maladies neurologiques, soit parce qu'elles sont très rares, soit parce que les patients sont institutionnalisés), en sachant qu'il s'agit d'un tout :

  1. Les médecins traitants ne sont pas assez associés aux traitements curatifs des cancers...
  2. Les médecins hospitaliers, les oncologues mais aussi les spécialistes pratiquant l'oncologie, même si je ne doute pas qu'ils ou elles prennent l'avis des patients et des familles, ont du mal à lâcher les traitements curatifs, c'est à dire à accepter qu'ils ne pourront pas soulager et a fortiori guérir et à Fare accepter par les patients et les familles qu'il ne sert à rien de continuer...
  3. Ainsi, très souvent, trop souvent, la décision d'en venir aux soins palliatifs est trop tardive...
  4. La proposition de retour à domicile, même dans un endroit où existent des réseaux se soins palliatifs à domicile, n'est pas faite d'emblée mais c'est un dernier recours
  5. Certains MG ne sont pas prêts à assumer les soins palliatifs à domicile
  6. Certains MG, clause de conscience, ne sont pas disposés à pratiquer le suicide assisté...
  7. Le suicide assisté devrait, d'une certaine mesure, être démédicalisé...

Enfin : je suis assez pour le suicide assisté pour moi-même.


Jean-Luc Godard (1930 - 2022)


Le génome humain complet a été séquencé il y a plus de 20 ans et

sauf exceptions il y a eu peu d'avancées en pratique clinique.

Par Eric Topol : LA.

Félix Vallotton : Rocamadour (1925)


Les risques du dépistage

Pardon de ressasser, mais les preuves s'accumulent sur le fait que le dépistage peut être dangereux et qu'il faut absolument prévenir les participants potentiels des inconvénients possibles et des faibles bénéfices en termes de santé. Vous avez noté ? Participants potentiels et non malades ou patients !

Via Cancer Rose : Cécile Bour commente deux articles : LA.


- Votre cas est compliqué
- Pourquoi docteur ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Vous avez une maladie traitée dans un chapitre que j'ai considéré comme optionnel durant mes études



Jacinda Ardern, est-elle toujours la championne du zéro covid ?


Arrêter précocement un essai surestime la diminution du risque relatif (efficacité relative du traitement)

Une simulation montre qu'arrêter précocement un essai surévalue la diminution du risque relatif de 50 %, c'est à dire que la "vraie" diminution du risque relatif est assumée aux 2/3 de la valeur observée.


Pour donner un exemple concret, c'est comme si, pour étudier la fréquence de la retombée d'une pièce de monnaie sur face/pile, on s'arrêtait pour conclure après que la pièce était tombée 3 fois de suite sur face.



Addiction aux écrans : mythe ou réalité ?

Via @couteronjp 

Un article de Boudard M et col sur l'addiction aux écrans à partir d'une échelle d'évaluation : LA.

Un communiqué de presse (université de Bordeaux) pour les lecteurs pressés : ICI.

L'addiction aux écrans existe.



Covid long : l'article grand public du Guardian n'est pas assez documenté.

Tous les fearmongers (les faiseurs de peur) de la terre s'en sont emparés : il y aurait aux Etats-Unis d'Amérique 30 à 15 % des 10,6 millions emplois non pourvus qui seraient liés au Covid long. 

Or, si on regarde ce sur quoi l'article du Guardian se fonde (ICI), c'est à dire une étude du CDC états-unien (LA), on voit que cette dernière étude est de très mauvaise qualité.

Par ailleurs, les 2 auteurs de l'article Lowenstein F et Prior R citent également un commentaire (LA) d'un institut, Brookings Institution, dont les projections sont alarmistes.

Quelques réflexions :

  1. Le covid long existe
  2. On ne sait pas quelle est sa fréquence (les études robustes sont rares), chez qui cela se produit (on le sait un peu mais comme les données sont peu convaincantes, pourquoi les citer ?), quels sont les mécanismes physiopathologiques impliqués
  3. Mais on sait que des personnes en souffrent, que c'est même un drame pour certaines, que l'on a du mal à les soulager, qu'il n'existe pas de traitement curatif, qu'il n'existe pas de prise en charge non médicamenteuse efficace, que des traitements symptomatiques sont prescrits.
  4. L'existence d'un seul covid long mériterait qu'on s'y intéressât.
  5. Produire des données alarmistes non vérifiées ne soulage personne et inquiète tout le monde
  6. Car on a vu jusqu'à présent que l'alarmiste était peu efficace pour faire se vacciner les personnes non malades et pour faire respecter les mesures-barrières de façon individuelle et collective.
Nous n'avons pas de projections françaises mais les sociologues nous indiquent que le manque d'emplois pourvus pourrait être lié, aussi, à des circonstances plus sociales, le refus du télétravail, le refus des bas salaires et/ou des horaires compliqués dans certains secteurs (restauration, et cetera).

A suivre.

Via 


Pour protéger les enfants du Covid : faut-il mentir ?

Un violent article paru dans le BMJ (LA) critique les politiques de santé publique effectuées en GB pour protéger les enfants du Covid.

Une réponse indique qu'il eût fallu utiliser de véritables données scientifiques au lieu de produire des preuves peu convaincantes : ICI.

La gestion des vaccins et des traitements pour la variole du singe est liée aux revenus des pays et non aux besoins sanitaires.



Comme chaque semaine : un peu de @dermatopoulos : les kystes cutanés.


Quand on vous présente une étude en cancérologie, faites attention.

Comment doit-on appeler une molécule qui augmente la survie sans progression, qui n'a aucun effet sur la survie globale et qui augmente la toxicité ?
Dangereuse.

L'audace existentielle de Borée.

Tout le monde, je veux dire les médecins généralistes, connaît le blog de Borée dont on a pu apprécier en le lisant l'autorité, la compétence et la défense des patients et de la médecine générale.

Eh bien, Je vous fais lire son dernier (et son premier depuis longtemps) billet de blog : il part momentanément pour l'Antarctique.

Chapeau !

Je lui laisse vous raconter son histoire : ICI


Il y avait encore beaucoup de sujets à traiter dont le vaccin contre la bronchiolite.

On verra cela la semaine prochaine.

2 commentaires:

Dr MG a dit…

"Le covid long existe"
Cette affirmation me parait pour le moins "prématurée"

Que des gens souffrent , c'est une évidence.
Que ces même gens attribuent leurs souffrances au covid, c'est aussi une évidence, car ils le disent.
Par ailleurs, il est aussi évident qu'affirmer que "Le covid long existe" évite de se faire insulter sur les réseaux sociaux si l'on dit le contraire.

Est-ce alors suffisant pour affirmer "Le covid long existe".
Je pense que non.
Peut être le saurons nous dans l'avenir?
Mais aujourd'hui nous n'en savons rien.

N'ayons pas peur, sur ce sujet où sur d'autres d'affirmer que nous ne savons pas.
Même si beaucoup affirment eux, le savoir.

Daniel Corcos a dit…

On en est là:
A 45 ans, la consultation sera axée sur « la nécessité de participer au dépistage du cancer du sein, du côlon ou de la prostate »

https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/09/18/prevention-des-consultations-medicales-bientot-gratuites-a-25-45-et-65-ans_6142135_3224.html#xtor=AL-32280270-%5Bdefault%5D-%5Bios%5D

Il ne reste plus qu'à instaurer un oral à l'entrée en médecine avec une question sur Spoutnik, et mettre en place la vaccination obligatoire du nourrisson contre l'hépatite B et la médecine française sera sauvée.