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Entrepôts Amazon. |
La marque Doctolib est devenue un nom commun, un éponyme et, si l'on veut faire encore plus savant, une antonomase de nom propre.
Les exemples d'antonomase sont très nombreux (voir ICI un article de Capital) : Alcootest, Botox, Caddie, Chatterton, Digicode, Jacuzzi, Velux ou Zodiac...
Sans oublier Kleenex et Sopalin (Société du papier linge). Et encore plus les expressions comme je vais le google-iser un nom ou on se texte.
Notre vie quotidienne est remplie d'exemples du même type quand une marque monopolise le marché ou le résume ou l'avale.
Il est rare d'entendre dans un bar un consommateur demander un Pepsi.
La réussite de Doctolib est incontestable.
J'avais tenté une première analyse de la signification de Doctolib (et de l'ostéopathie) dans les nouvelles représentations collectives de la santé ICI . En toute modestie, cela reste très pertinent.
Les optimistes et les partisans du marché vous diront qu'il faut saluer l'intelligence et le savoir-faire des créateurs et développeurs de Doctolib.
Les inquiets et les grincheux objecteront qu'il est dangereux de s'en remettre à une seule société pour prendre des rendez-vous médicaux en ville comme à l'hôpital.
Et ainsi, comme lorsque nous cherchons un vol nous nous retrouvons sur Opodo, quand nous recherchons un hôtel nous nous retrouvons sur booking, quand nous voulons acheter un maillot de sport nous nous retrouvons sur Décathlon, lorsque nous recherchons un rendez-vous chez un médecin ou pour un Scanner/IRM ou pour se faire vacciner contre le covid, nous nous retrouvons sur Doctolib...
Est-ce bien? Est-ce mal ?
C'est comme ça.
Doctolib a pris un tournant majeur lors de la pandémie Covid.
Doctolib a fait ce que la puissance publique n'a pas su faire.
Il est possible que si la logistique et la livraison des vaccins avaient été réalisées par Amazon il y aurait eu moins de ruptures de stock.
Doctolib a aussi pris le virage (ambulatoire) de la télé consultation, ce qui a été un apport considérable en temps de pandémie.
Mais les situations de monopoles ne sont jamais bonnes pour le consommateur, ici le consommateur de soins.
Booking, par exemple, prend une commission moyenne de 15 % sur le prix d'une prestation.
Et Doctolib, après avoir pris en otage les noms de patients, s'est lancé dans les dossiers médicaux.
La boucle est bouclée.
On peut dire aussi que Doctolib permet une meilleure autonomisation des patients qui savent se servir d'internet pour prendre leurs rendez-vous.
Doctolib s'inscrit dans une logique consumériste. Bon, ça choque quelqu'un ?
Doctolib s'inscrit dans une logique de plate-forme et de déshumanisation des contacts.
Tant mieux, parce que les secrétaires médicales, les réceptionnistes, ça coûte cher.
Doctolib répond à une logique d'optimisation des coûts et de mutualisation des services.
C'est la vie du monde moderne.
Et les gens qui s'opposent à Doctolib sont des boomers et sont fous comme Don Quichotte...
La partie est finie.
Va pour Opodo, Booking, The Fork, Amazon, Decathlon, Google...