Le rapport publié par l'HAS me rappelle le livre écrit par Denis Labayle en 1999 "La vie devant nous" qui dénonçait les conditions dans lesquelles les personnes âgées étaient prises en charge dans les institutions accueillant des personnes âgées des foyers logements aux établissements de long séjour.
Mais aujourd'hui il s'agit de la maltraitance en général.
Je vous laisse lire ce long rapport qui donne froid dans le dos mais le témoignage que je vous livre vous permettra de comprendre que cela n'arrive pas qu'aux autres.
Ensuite, je tenterai, dans un prochain message d'analyser ce que le médecin généraliste en tant que tel, en plus du citoyen lambda qu'il est, peut essayer de changer.
Voici ce témoignage (j'ajoute que Madame G est toujours hospitalisée dans un établissement de moyen séjour où les choses se passent "bien").
Madame G, 86 ans, est donc hospitalisée en gériatrie aiguë dans un hôpital de l'Assistance Publique pour la deuxième fois le 17 novembre 2009.
Je remercie la dame qui s'est occupée d'elle lors de l'occupation de sa troisième chambre : elle l'aidait pour les repas quand personne de la famille n'était là.
Je ne nie pas qu'il s'agisse d'une histoire de chasse, d'un cas d'espèce mais voilà un témoignage de plus pour l'HAS.
Mais aujourd'hui il s'agit de la maltraitance en général.
Je vous laisse lire ce long rapport qui donne froid dans le dos mais le témoignage que je vous livre vous permettra de comprendre que cela n'arrive pas qu'aux autres.
Ensuite, je tenterai, dans un prochain message d'analyser ce que le médecin généraliste en tant que tel, en plus du citoyen lambda qu'il est, peut essayer de changer.
Voici ce témoignage (j'ajoute que Madame G est toujours hospitalisée dans un établissement de moyen séjour où les choses se passent "bien").
Madame G, 86 ans, est donc hospitalisée en gériatrie aiguë dans un hôpital de l'Assistance Publique pour la deuxième fois le 17 novembre 2009.
- A treize heures quinze, au bout de trois jours d'hospitalisation, son fils arrive : elle a le nez dans son plateau, de la nourriture partout (sur sa chemise de nuit -- il n'y a pas de bavoir--, sur ses mains, sur ses bras et, bien entendu, sur son visage) et personne pour l'aider. Son fils la nettoie, demande aux aides-soignantes qui sont en train de manger pourquoi on ne l'a pas aidée : "On ne savait pas qu'elle ne pouvait pas manger toute seule." Conclusion : il y a un manque criant de personnel. Que nenni : il n'y a pas d'attention aux personnes.
- A vingt-et-une heure il n'y a pas de couche adaptée à la taille de la patiente. L'infirmière finit par découper une couche XXXL et le fils se débrouille. Conclusion : la baisse des crédits fait qu'il n'y a plus de couches dans un service de gériatrie aiguë. Des sous, des sous ! Que nenni : on avait oublié d'en commander et elles sont arrivées le lendemain matin.
- Au bout de quelques jours les aides-soignantes finissent par comprendre qu'une serviette bavoir en papier (il y en a des rouleaux sur le charriot) serait adaptée pour les repas. Mais elles ne savent pas, avant de poser le plateau repas (après, ce serait encore mieux, que passer une éponge serait un geste facile et de bon sens.
- Un dimanche matin la patiente est désorientée, ne reconnaît ni son fils ni sa fille. On l'a changée de chambre en pleine nuit. Elle est terrifiée. Elle finit par recouvrer ses esprits mais le mal est fait. Elle a peur des nuits définitivement. Elle changera d'ailleurs encore de chambre une autre fois. Le changement de chambre a été décidé parce qu'elle gênait sa voisine en ne dormant pas, en délirant la nuit.
- Un brancardier doit la descendre en chaise roulante pour faire une radiographie des poumons (elle a trente-neuf et elle tousse). Son fils est dans la chambre et le brancardier lui propose de les accompagner. Elle est installée avec adresse et douceur sur la chaise roulante. Le fils : "On ne lui met pas une robe de chambre ? Il ne fait pas froid en bas ? - Ouais, on peut." On peut. On descend dans les entrailles de l'hôpital, on traverse un couloir qui croise à angle droit l'entrée des urgences ouverte à portes battantes sur l'extérieur où, en ce mois de décembre, il fait froid. On arrive dans une salle d'attente déprimante où la secrétaire de permanence nous reçoit avec un joli sourire (elle doit prendre trois prozac par jour pour tenir le coup dans une immense salle mal éclairée, à peine chauffée où un ou deux brancards font la queue). Le brancardier nous dit que cela ne sera pas long et laisse la patiente et son fils dans un vencoulis frigorifiant. le fils de la patiente enlève sa veste pour la lui ajuster sur les genoux. Le brancardier n'avait pas menti : la patiente est appelée, les radiographies sont faites, tendues par la manipulatrice au fils en lui disant qu'il n'est pas nécessaire d'attendre le brancardier, que le fils peut remonter sa mère tout seul. Conclusion : il n'y a pas assez de brancardiers, ils ne sont pas assez payés. Non : ce type n'a pas de mère.
- A vingt-et-une heure le fils assiste à la distribution des médicaments et il se rend compte qu'on lui donne un demi lexomil et un tramadol 100 LP. Il interroge, nous avons oublié de dire qu'il était médecin, l'infirmière et lui dit : "Je crois que je sais pourquoi elle est désorientée. C'est le tramadol..." Pour le reste, le fils médecin (c'est moi-même) a déjà décrit l'affaire ici. Conclusion : manque de personnel ! Non : dilution des responsabilités car le fils apprendra que le lexomil avait été prescrit par l'hématologue et le tramadol par personne...
- Dernier point. Le fils de la malade pense que la malade dort mal, on a enlevé le tramadol, parce qu'elle déprime. Le fils interroge la psychologue du service et lui demande, après qu'il eut demandé à l'interne de le faire, de faire en sorte qu'un antidépresseur puisse être prescrit. Réponse de la psychologue : "Il faudrait voir cela avec le psychiatre demain mais, ici, nous ne savons pas bien faire cela..." Dans un service de gériatrie aiguë de l'Assistance Publique....
Je remercie la dame qui s'est occupée d'elle lors de l'occupation de sa troisième chambre : elle l'aidait pour les repas quand personne de la famille n'était là.
Je ne nie pas qu'il s'agisse d'une histoire de chasse, d'un cas d'espèce mais voilà un témoignage de plus pour l'HAS.