jeudi 17 septembre 2015

Au coeur de la corruption.


Il n'est pas un jour où des informations ne viennent montrer, démontrer et confirmer que la corruption est au centre du système mondial de la santé.

La publication dans le British Medical Journal (on ne dira jamais assez l'importance de ce journal dont on peut critiquer ici ou là la politique éditoriale) de l'étude 329 revisitée (LA), c'est à dire rétablie dans sa véracité, est démonstrative de tout ce qui est fait (cacher, tricher, modifier, interpréter) pour promouvoir des médicaments dangereux dans le seul but de faire de l'argent.  Prenez le temps de lire des commentaires d'une grande pertinence : LA. Mais le nom des laboratoires Servier n'apparaît pas. Il s'agit de Glaxo qui a payé 3 milliards de dollars pour cette fraude alors que la molécule (la paroxétine) est toujours commercialisée... et continue d'être promue et de gagner des parts de marché.

Je pourrais aussi vous parler d'un article du JAMA qui a été publié puis rétracté alors qu'il s'agissait  de malades fictifs : les patients fantômes recherchés par les attachés de recherche clinique. Le commentaire est LA et l'article ICI. Mais le plus surprenant dans tout cela, et les défenseurs de l'industrie ne pourront manquer de s'en réjouir et de le faire savoir, c'est qu'a priori cette étude n'était pas sponsorisée et qu'elle concernait une molécule tombée dans le domaine public et valant trois francs six sous. Certains chercheurs n'ont même pas besoin qu'on les corrompe puisqu'ils sont spontanément ouverts à la corruption. Même sans les laboratoires Servier.

Les laboratoires Pfizer ne sont pas en reste (j'ai déjà raconté les histoires de ce merveilleux laboratoire) avec une affaire récente concernant la pregabaline (voir LA). Mais Pfizer est habitué à des procès retentissants avec une amende de 2,3 milliards de dollars pour bextra en 2009 (LA) ou l'utilisation d'enfants nigerians pour ses essais cliniques (ICI).



Le Manifeste des 30 (j'avais pensé de façon naïve qu'il s'agissait des 30 dernières victimes du Mediator non indemnisées par Servier) initié par Irène Frachon pour défendre les victimes du Mediator (cf. supra) mais surtout pour boycotter les laboratoires Servier et leurs dépendances (il eût d'ailleurs été pertinent de citer quels sont les laboratoires, officines, groupes, firmes, sous-groupes, sous-firmes, sous-officines, qui font partie du groupe et de donner les noms de tous les médecins qui, officiellement, ont reçu de l'argent du groupe depuis, disons, cinq ans) a été signé initialement (les 30 platinum signataires) par des gens qui ne sont pas libres de liens d'intérêt ou qui les revendiquent comme tels. Je vous rappelle mes commentaires (LA) et ceux de CMT (ICI) pour ceux qui ne seraient au courant de rien.

Ce Manifeste est, toutes chose égales par ailleurs, une entreprise (inconsciente pour les uns et consciente pour les autres) de blanchiment de l'industrie pharmaceutique sauf Servier, au même titre que Servier a tenté (avec succès en France) de blanchir le benfluorex de son péché originel fenfluraminique.

On connaît par coeur les arguments des collaborateurs universitaires ou non de big pharma. Ils ont des éléments de langage tout prêts. 
  1. Il n'y a pas de recherche en médecine sans la participation de l'industrie
  2. Si l'industrie nous demande de travailler avec elle c'est que nous sommes les meilleurs de la profession
  3. Notre parfaite connaissance de notre domaine de compétence nous permet d'influencer la recherche et ses orientations
  4. Nous sommes très mal payés et nous avons besoin de subventions pour nous déplacer dans les congrès internationaux ou nationaux
  5. Nos services sont très mal dotés et les "caisses noires" nous permettent d'acheter du matériel, voire d'informatiser notre service et/ou de permettre de subventionner de jeunes chercheurs.
  6. L'argent de l'industrie nous permet de porter la bonne parole dans les réunions de formation médicale continue
  7. Nous sommes indépendants et l'argent que nous touchons ne modifie en rien notre jugement
  8. La doctrine Bruno Lina (et désormais Arnaud Danchin) : manger à tous les rateliers garantit l'intégrité. Trop de corruption tue la corruption.
Il ne s'agit pas de condamner a priori l'industrie mais de se donner les moyens de contrôler son activité et notamment la sincérité des essais cliniques tant dans leur conception (design), dans leur mise en place et leur suivi (reporting), que pour l'analyse des résultats (open data) et que pour la rédaction des articles.
Au niveau européen (EMA), tout est fait dans l'autre sens, c'est à dire celui de la dévolution aux industriels des contrôles de leur propre activité.

Quant au reste, la corruption généralisée de l'appareil d'Etat, il est encore possible d'agir mais il faudrait une volonté politique claire. 
La sincérité des membres des agences gouvernementales françaises est largement remise en cause quand on découvre les officiels liens d'intérêt qu'ils entretiennent avec les industriels dont il décide la commercialisation des produits, leur prix et la façon dont ils doivent être recommandés.
Mais, à moins de définir des politiques publiques de façon concertée et démocratique, volontaristes et incitatives, il ne sera plus jamais (dans un avenir prévisible) possible d'influer sur la stratégie des grands groupes pharmaceutiques dans le domaine de la recherche. 
Il ne restera aux agences gouvernementales (et les données récentes concernant l'agence américaine, la FDA, 96 % des nouvelles molécules sont approuvées en 2014, sont extrêmement alarmantes sur sa possibilité de résister aux sirènes de big pharma, voir ICI, sans compter le CDC d'Atlanta dont les prises de position ces dernières années ont toujours été en faveur de l'industrie) que le contrôle a posteriori mais les moyens de l'effectuer ne sont pas fournis.

L'étendue de la corruption initiée par le lobby santéo-industriel est telle (je n'ai pas parlé de la corruption des professeurs qui délivrent l'enseignement dans les facultés, scandale absolu) et le degré d'innocence (?) des médecins est tel que je ne vois pas d'autres solutions que le pourrissement de la situation : la médecine va sentir le pyo pour de très nombreuses années.

PS : Un article additionnel sur Johnson et Johnson dans le New York Times : "Quand le crime paie". C'est à propos du risperdal (LA)
PS 2 (23 septembre 2015) : Le cartel pharmaceutique tel le cartel de la drogue. Un reportage de Michael Che sur Commedy Central (ICI).

5 commentaires:

CMT a dit…

Passionnant, ton article, et les liens.

Surtout quand on voit que même un journaliste de Forbes, qui n’a rien d’un magazine gauchiste, se pose des questions en voyant que la FDA est passée en quelques années de 40% à 96% de réponses positives pour les demandes d’AMM des laboratoires pharmaceutiques concernant les nouvelles entités moléculaires.

A mon humble avis, il ne devrait pas se torturer l’esprit de la sorte.
La raison de ces bonnes performances est simple, en réalité : les Pharmas sont géniales et elles ne travaillent qu’avec des génies. C’est pourquoi elles peuvent se permettre de distribuer toujours plus de dividendes à leurs actionnaires, de diminuer constamment leurs investissements en recherche et développement tout en créant des molécules plus performantes que jamais devant lesquelles les censeurs les plus sévères des agences de régulation ne peuvent que désarmer.

D’ailleurs, j’en parlais, pas plus tard qu’hier, avec le directeur régional marketing de Sanofi, chez Bocuse, qui, entre le quatrième et le cinquième plat me confiait qu’ils en avaient réellement assez que les agences de régulation continuent à leur mettre autant de bâtons dans les roues et à les empêcher d’inonder le monde du bienfait de leurs admirables créations maison. Après tout, 4% d’avis négatifs, ce n’est pas beaucoup. Il faudrait que les agences fassent encore un petit effort. Et pourquoi pas un forfait approbation après tout ? »Vous en avez dix cette année ? Je vous fais un prix pour le tout et je vous offre le papier cadeau. »

Plus sérieusement, l’étude 329 sur le Paxil (paroxétine) et les adolescents suicidaires, et sa révision, ainsi que l’excellent commentaire de Larry D Sasich dans l’article connexe du BMJ posent des questions de fond.

Larry D Sasich, pharmacien de son état explique que, oui, certes, l’étude 329 a été falsifiée, rédigée par une ghostwriter sous le nom d’un professeur émérite,le Dr Martin Keller, mais que toute l’information nécessaire était accessible au public sur le site de la FDA qui a mis une «black box warning », c'est-à-dire un message visant à alerter les patients sur les effets indésirables graves de ce médicament, sur la paroxétine en 2000 en raison des risques de passage à l’acte suicidaires qu’elle provoquait.

Les fautifs seraient donc les prescripteurs, qui ne devraient pas se retrancher derrière le fait qu’ils sont inondés de sollicitations et d’informations biaisées de type publicitaire de la part des laboratoires. Ils doivent aller chercher les informations fiables là où elles se trouvent.

Les médecins devraient donc faire confiance à la formation et à l’information délivrée par les laboratoires et autorisée par l’Etat, faire confiance à la régulation des agences, mais s’en méfier tout de même suffisamment pour tout vérifier par eux-mêmes.

Cela ressemble bien à une injonction paradoxale : on doit se méfier de ceux à qui on nous enjoint de faire confiance.
...

CMT a dit…

SUITE
Le constat est le même du côté des patients. L’ »arrangement » judiciaire où GSK a accepté de plaider coupable et de payer trois milliards de dollars , entre autres pour avoir fraudé sur les allégations concernant le Paxil n’a eu aucun effet sur les ventes de ce médicament, pas plus que le box warning supposé alerter les patient. Les ventes ont continué à s’envoler et les adolescents à se suicider (la pharmacovigilance n’a rien vu).

Jean-François Bergmann le disait, non sans une bonne dose de cynisme, http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/je-m-en-veux-pour-le-mediator_1216995.html « Il est écrit noir sur blanc dans la notice que les pilules augmentent le risque de thrombose. La patiente ne peut donc pas dire que l'information était cachée, même si son médecin ne le lui a pas dit. »
Mais d’un autre côté, « si on se mettait à lire tout ce qui est marqué sur la notice, on n’oserait plus prendre de médicament ».

On est dans le domaine du marketing et de la victimologie. Le bon marketeur cherche à influencer sa cible tout en jurant ses grands dieux qu’il n’a jamais cherché à le faire lorsque les problèmes surviennent. Le bourreau nie que la victime est devenue victime par son action volontaire. Les victimes sont simplement prédestinées à le devenir, d’après lui.

Mais sait-on que tout cela est le résultat d’un phénomène qui s’auto alimente et qui échappe à tout contrôle , faute d’une entité supérieure capable d’opposer une autre loi à la basique loi du plus fort et de la recherche de l’enrichissement personnel permanent et illimité ? Les PDG de Big Pharma n’ont aucun pouvoir sur cet auto-emballement qui amène les actionnaires à exiger des rendements toujours plus importants et plus rapides.

Aux Etats-Unis il est courant que les actionnaires poursuivent leurs sociétés en justice quand ils n’obtiennent pas les bénéfices escomptés.

C’est ce qui est arrivé récemment à Sanofi http://www.fiercepharmamarketing.com/story/law-firms-trolling-shareholders-sue-sanofi-over-alleged-kickbacks/2015-01-21 .
« It's common for lawyers to go fishing for shareholder lawsuits after notable declines in share price. Not so common, however, for those suits to be predicated on another lawsuit filed by a whistleblower. More often, it's a case of big bad news tanking a stock, and who knew what and when, and whether they shared enough of that knowledge with shareholders. For instance, Hospira ($HSP) last year settled a shareholder suit for $60 million, after quality problems at a key plant took a bite out of its share price.”

BG a dit…

L'exemple de l'évolution des recommandations pour les vaccins rotavirus pourrait être assez exemplaire. Voici un petit résumé de l'histoire.

Diarrhées du nourrisson, vaccins rotavirus ou soluté de réhydratation (SRO) ?

Christian Perronne, président de la commission sécurité sanitaire du HCSP après avoir été président du CTV et du CSHPF, déclarera aux journées de Veille sanitaire de novembre 2007 organisées par l'InVS (j'y étais) :

« Ce vaccin n’a pas un bon rapport coût-efficacité et aurait en France un impact extrêmement marginal : il y a seulement 5 décès par an par le rotavirus qui n’est responsable que d’un tiers des diarrhées. Il existe d’autres moyens de lutte qu’il faut promouvoir alors que la vaccination inciterait à en faire mauvais usage : il faut penser à un effet délétère de la vaccination qui inciterait à négliger les bonnes règles contre la diarrhée. On a aussi un manque de recul sur la tolérance. »

Il existe un résumé de sa communication où on y lit [1] :

« Les principaux motifs pour restreindre l’utilisation d’un vaccin ou pour ne pas le recommander, de façon provisoire ou à long terme, sont :

l’existence d’autres moyens de prévention ou de traitement (rotavirus);

le mauvais usage de ces moyens de prévention ou de traitement dans la pratique médicale, devant conduire à améliorer les bonnes pratiques (rotavirus); »

En 2006, le CTV -CSHPF ne recommandait pas la vaccination rotavirus mais les solutés oraux de réhydratation (SRO) très peu chers et remarquablement efficaces contre toutes les diarrhées. Faciles à utiliser par les familles.

Confirmation de cette non recommandation en 2010 par le HCSP.

Jusque là rien à dire sauf Très Bien, Bravo !!!!

Sauf qu'aucune campagne d'information n'avait été conduite par le ministère auprès des médecins et des familles en faveur des "bonnes règles" pour en favoriser l'usage...


En novembre 2013, constatant que les SRO étaient très peu utilisés, le CTV-HCSP recommandera la vaccination rotavirus pour tous les nourrissons. J'avais senti cela venir dès 2008 avec les déclarations de certains [2] :

aux journées de veille sanitaire auxquelles j'assistais (27/11/2008), certains, et non des moindres, ont regretté que l'absence de négociations préalables sur le prix du vaccin se soit soldée par 2 ans de perdus pour l'usage du vaccin...que la vaccination étant orale il n'y aurait aucun problème pour vacciner les enfants, cela pouvant se faire en même temps que les autres vaccinations sans importuner les parents...qu'avec son prix plus modique cette vaccination pourrait satisfaire tout le monde, seule la Sécurité sociale ayant à payer davantage...

Le 21 avril 2015, suite à des invaginations mortelles, le HCSP suspend la recommandation de cette vaccination, 17 mois après l'avoir recommandée tout en ayant refusé de la recommander pendant 7 ans !
[1] http://www.invs.sante.fr/publications/2007/jvs_2007/vaccination/1.pdf
[2] mon article
http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2008/11/28/11550081.html

BG a dit…

J'ai découvert cela il y a moins d'une heure, je n'en crois toujours pas mes yeux. Je pense que l'information a sa place dans les commentaires de l'article ci dessus.

Ils ont osé : Le poliovirus de type 2 a été déclaré éradiqué de la planète ce 20 septembre 2015 alors qu'un virus dérivé de souche vaccinale de type 2 vient de   provoquer une paralysie au Mali [1] et [2] :

Bamako, le 7 Septembre  2015 - 
« Un cas de poliovirus circulant de type 2 dérivé du vaccin (PVDV2) a été confirmé au Mali. Le pays est en état d'alerte après que les autorités de Bamako, la capitale et la plus grande ville du pays, ont détecté un cas dont la date de paralysie remonte au 20 Juillet 2015.
Le virus détecté est génétiquement lié à une souche  de PVDV2 confirmée ... qui depuis plus de 2 ans circule à travers les frontières internationales sans détection. »

Ainsi, il sera possible de proclamer l’éradication mondiale de la polio quand les 2 autres virus sauvages de types 1 et 3 auront aussi été éradiqués alors que des virus dérivés de souches vaccinales continueront de circuler AVEC les mêmes capacités  de circulation et le même potentiel de virulence (2 cas dérivés de souches vaccinales de type 1 en Ukraine en juillet [3]) .

N’oublions pas qu’éradication de la polio implique, selon la définition OMS, que les moyens de lutte sont arrêté, donc la vaccination. Ce qui ne se fera certainement pas. En 1988 l’OMS avait fait miroiter aux Etats que l’interruption de la vaccination polio économiserait beaucoup d’argent qui pourra être investi dans d'autres programmes de santé... Il est au contraire prévu de généraliser le vaccin injectable non utilisé dans de nombreux pays, en particulier ceux où on utilise le vaccin oral. Objectif : essayer d’éviter des paralysies par des virus dérivés de souches vaccinales, ce qui ferait mauvais effet évidemment, mais sans pour autant stopper leur circulation, ce qui sera impossible sans atteindre un niveau suffisant de protection des eaux consommées par les populations. Comme ce n’est pas pour tout de suite et que le programme d’éradication ainsi défini de la polio n’a aucune chance d’aboutir à terme, on change la définition qui certes était : éradiquer les 3 virus sauvages MAIS avec abandon de la vaccination !!! En 1988 l’OMS pensait que les virus dérivés disparaitraient dans les 6 mois qui suivraient l’abandon du vaccin oral. Elle sait depuis l’an 2000 que ce sera faux. Alors elle a décidé de passer en force...

[1] http://www.afro.who.int/fr/mali/press-materials/item/7986-epidemie-de-poliomyelite-confirmee-au-mali.html
[2] http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2015/09/08/32601211.html
[3] (http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2015/09/04/32581264.html)

BG a dit…

Voici un extrait d'un texte OMS datant de 2012 sur la polio [1] qui aide à comprendre le problème :
« En 2000, la campagne d’éradication de la poliomyélite semblait approcher de sa fin. L’année précédente, le monde avait réussi à se débarrasser du poliovirus sauvage de type 2, tandis que les poliovirus de type 1 et 3 étaient limités à quelques centaines de cas. Mais, à la surprise des experts, le virus s’est alors comporté d’une manière inattendue.
Quelque part sur l’île d’Hispaniola dans les Caraïbes, un enfant a été frappé de paralysie, celle-ci étant causée par le poliovirus vivant qui est utilisé pour fabriquer le vaccin. Ces cas de paralysie poliomyélitique associée au vaccin étaient connus depuis des années, mais étaient – et restent encore – extrêmement rares. Le plus inquiétant dans ce cas tenait au fait que le virus dérivé du vaccin s’était propagé de la même façon qu’un virus sauvage, et était à l’origine d’une flambée.
Vingt et un enfants en République dominicaine et en Haïti – les deux pays constituant l’île d’Hispaniola – ont été paralysés et deux d’entre eux sont décédés avant que la flambée ne puisse être enrayée par des campagnes de vaccination de masse. L’épisode a révélé une nouvelle possibilité alarmante: le vaccin de choix dans la plupart des pays, le vaccin antipoliomyélitique oral trivalent, pouvait lui même conduire à de nouvelles flambées de poliomyélite.

Pour les responsables de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le puzzle de l’éradication est soudainement devenu beaucoup plus complexe.
«Nous avons pris conscience que nous devions non seulement éradiquer le poliovirus sauvage, mais aussi le virus dérivé du vaccin», déclare Bruce Aylward, Sous-Directeur général du Groupe Poliomyélite

«Nous étions donc confrontés à cet énorme nouveau problème et nous devions trouver une solution radicalement nouvelle. Cela a été un sacré défi», déclare le Dr Aylward.
Depuis lors, le Dr Aylward et ses collègues ont mis au point cette «nouvelle solution»: un plan pour éradiquer le poliovirus sauvage dans le monde et passer à la phase finale, la période post-éradication, qui permettra de parvenir à un monde exempt de toute paralysie due à la poliomyélite, qu’il s’agisse d’une poliomyélite due à un poliovirus sauvage ou à un poliovirus dérivé d’une souche vaccinale. Si l’on y parvient, la poliomyélite sera la deuxième maladie infectieuse à avoir été éliminée après l’éradication de la variole dans les années 1970. »

De toute évidence, il n'en est plus question : éradication polio signifiera seulement éradication des poliovirus sauvages. La raison de ce changement d'objectif est très simple : l'OMS a pris conscience qu'il sera impossible à moyen terme d'éradiquer les poliovirus dérivés de souches vaccinales car cela ne peut s'obtenir que par une maitrise suffisante de l'eau. On le sait depuis longtemps et un tel objectif n'est pas réaliste au niveau mondial.
Les poliovirus ne circulent plus en France. On peut affirmer que ce résultat n'a pu être obtenu par le vaccin injectable qui peut seulement éviter des paralysies mais doit regarder passer les virus polio dans l'intestin. Le vaccin oral, très peu utilisé en France, peut certes créer une immunité intestinale, mais pas à la première ingestion qui laisse ressortir les virus vaccins par les selles. D'où leur circulation si la maitrise de l'eau n'est pas suffisante.
C'est très clair : c'est la maitrise de l'eau (assainissement ..) qui fait qu'en France ces virus ne circulent pas.

[1] http://www.who.int/bulletin/volumes/90/7/12-020712/fr/