jeudi 17 novembre 2022

PSA et cancer de la prostate. Histoire de santé publique sans consultation. 12

L'homme à la prostate sur le front.


(1. L'ignominie de l'IGR)

Au moment où l'Institut Gustave Roussy communique sur le cancer de la prostate avec un film d'une nullité, d'une vulgarité, d'une inconséquence remarquables où les principes les plus élémentaires des données des données scientifiques sont bafoués... ICI.

Où l'IGR ne sait pas faire la différence entre la prévention et le dépistage (il est vrai que le surdiagnostic fait partie de ses mots tabous) :



(2.)

Aucune agence gouvernementale dans l'univers ne propose le dépistage organisé et ciblé du cancer de la prostate par dosage du PSA chez des hommes ne présentant aucun facteur de risque.

3. Histoire de santé publique sans consultation. 12

Un de mes amis qui exerce toujours et pas à Mantes m'appelle pour me demander un conseil (médical).

Il est médecin généraliste installé dans une zone urbaine-rurale depuis plus de trente ans.

C'est un excellent médecin : les nombreuses conversations que nous avons eues ensemble, les mails que nous avons échangés en témoignent. Un seul souci (c'est une constante chez moi : je ne suis jamais venu dans son cabinet, je n'ai jamais entendu comment il parlait aux secrétaires -- il exerce dans une maison médicale-- et je n'ai jamais fait la petite souris pendant ses consultations et sans qu'il sache que je suis une petite souris...)

Il a soixante-trois ans.

Il est embêté. 

Voici : 

"Je ne sais pas quoi faire depuis deux jours.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je suis gêné. Gêné parce que je t'en veux et gêné parce que je pense que tu avais raison.
- Diable !
- J'ai fait une prise de sang pour un prêt immobilier. Il y avait un dosage de PSA dedans...
- ... Et ?
- Il est à 6.
- Et le dernier était ?
- Un vieux vieux... il y a quinze ans...
- Quinze ans ?
- Oui, j'étais trouillard... Il était à 3... 
- Et ?
- Je me demande ce que je dois faire...
- Tu as des signes ?
- Je me lève deux fois par nuit depuis environ cinq ou six ans...
- Pas de brûlures en pissant ?
- Non.
- T'as un putain d'adénome.
- Heu...
- Refais un dosage. 
- Oui. Mais je vais quand même aller voir un urologue.
- Non. Attends le deuxième dosage.
- Cela va donner quoi ? S'il est à 6 je vais voir un urologue, s'il est à 7, idem et s'il est à 5, itou. 
- Et y va faire quoi l'urologue ?
- Je ne sais pas, c'est pour ça que j'y vais...
- Tu le connais ?
- Bien sûr.
- Il est comment ? Très acharné, moyennement acharné...
- ... Arrête...
- Il va te mettre un doigt dans le cul, demander une écho, une IRM, c'est leur nouvelle marotte, et il va te proposer des putains de biopsies...
- Je sais...
- Les putains de biopsies vont revenir négatives et tu vas refaire des putains de dosage et des putains de biopsies...
- Je me rappelle que tu m'avais dit que le dosage du PSA, c'était le doigt dans un engrenage sans fin...
- Oui. Et alors ?
- J'ai honte.
- Honte de quoi ? 
- Malgré tout ce que tu me disais sur le PSA, tout ce que tu m'as fait lire, et bien que persuadé j'ai continué, mais avec réticence, à le prescrire aux patients... Je n'ai jamais osé arrêter complètement... Je mourais de trouille. La trouille de passer à côté d'un cancer et d'avoir un procès au cul... Je préférais les surdiagnostics et les surtraitements à un procès. J'ai sacrifié à ma petite échelle mon confort personnel à celui de mes patients...
- Mais tes patients t'ont félicité.
- ?...
- Oui, ils ont été guéris, amputés et guéris pour une maladie qu'ils n'avaient pas ou qui ne les aurait jamais tués... et parfois pour un cancer qui les aurait tué de toute façon.
- Je fais quoi ?
- Tu fais ce que tu dois faire, poursuivre le processus... Puisqu'il est commencé... Ce n'est pas possible de faire autrement...
- Et toi, tu n'as jamais douté ?
- J'ai toujours douté parce que j'appliquais des données populationnelles à des individus, à des personnes uniques, les données globales sur le dépistage populationnel du cancer de la prostate par dosage du PSA, sont justes mais quid de MON patient assis en face de moi qui aurait pu être sauvé, tu entends les guillemets au téléphone, sauvé par un dosage... J'ai croisé mille fois les doigts et il ne m'est rien arrivé. Par chance... Et je n'ai jamais eu de procès ni pour ne pas avoir dosé le PSA, un procès où les professeurs d'urologie seraient venus déverser leur haine, et encore moins pour ces patients guéris d'on ne sait quoi et impuissants...
- Je te tiens au courant.
- Je ne te lâcherai pas...


 


1 commentaire:

Dr MG a dit…

J'aime ces histoires car elles reflètent la "vraie vie"

Ce que je retiens de cette histoire, c'est la peur et la gestion de celle-ci.
La peur du médecin devenu patient.
La peur de celui qui sait tout sur la problématique du dépistage du cancer de la prostate.
La peur est plus plus forte que la raison et cette histoire en témoigne.

La peur guide l'action car la gestion de l'inconnu (cancer de la prostate qui tuera ou ne tuera pas, pas cancer du tout etc) est impossible pour ce médecin.
Bien que sachant tous les tenant et aboutissant du dépistage du cancer de la prostate, ce médecin faisait, il faisait en opposition avec les "données acquises de la science" mais pour se rassurer peut être plus que pour rassurer le patient.

Mais est-ce qu'un médecin doit agir sur le patient pour rassurer sa propre peur?
C'est une question que je soumets et dont chacun peut apporter une réponse ou pas .

La peur est une composante souvent utilisé par "la sphère médicale" pour obtenir du patient ce qu'elle veut qu'il fasse.
Les autorités aussi utilise grandement la peur, l n'y a qu'à se souvenir des campagnes en faveur de tous les dépistages.
mais aussi les campagnes en faveur des différentes vaccinations.
Et j'en passe .

La peur et l’incertitude sont deux composantes de la "vie".
Composante qu'il faut savoir gérer individuellement quand collectivement tout est fait dans un sens sens : agir.
Or combien de fois ne pas agir est préférable à agir?

Et vous qu'en pensez vous?

J'ai un biais : je suis complètement concerné par cette problématique de dépistage du cancer de la prostate, vu mon âge.
Mais je le gère en opposition totale avec ce confrère dont j'ai le même âge.