vendredi 11 septembre 2009
LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 11/09/09
"Quelle belle journée !
" D'abord, je viens de décider que les Autorisations de Mise sur le Marché suivraient désormais un schéma industriel ! Ce sont les fabricants de vaccins qui vont décider de la date d'obtention de ces autorisations et ainsi pourra-t-on commencer la vaccination fin octobre.
"Je suis au top ! Et que la commission d'AMM ne vienne pas nous casser les crocs parce que je vais leur envoyer dans la figure toutes les casseroles qu'ils traînent. Et il y en a des paquets !
"Je l'ai dit et je le redis comme ce matin sur France 2 : "Se faire vacciner contre la grippe A est une responsabilité citoyenne !"
" Mais, aujourd'hui, je me suis aussi félicitée que la Varnoline soit désormais remboursée. Il existait un consensus chez les industriels pour une telle mesure. Les gynécologues et les obstétriciens sont aux anges ! Il y a bien des esprits chagrins qui disent que le désogestrel donne une fois et demi à deux fois plus de complications thrombo-emboliques que le levonorgestrel contenu dans certaines pilules déjà remboursées, ce sont des mal baiseurs. Qu'on se le dise.
jeudi 10 septembre 2009
LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 10/09/09
"Je suis invitée partout, mes communiqués de presse font un tabac, j'arrive même à répondre à ce crétin d'Askolovitch qui me pose la question de savoir pourquoi les établissements scolaires ferment, contrairement aux autres pays du monde, à partir de trois cas... Je lui ai fait savoir que je savais ce qu'était un cluster...
"Bon, pas trop d'optimisme. On ne sait jamais. Ce qui compte pour moi c'est que nous freinions assez le virus pour que nous puissions vacciner à temps. Pour le reste, à chaque jour suffit sa peine...."
CONTRACEPTION HORMONALE FEMININE : STOP AUX PILULES NON REMBOURSEES ET A LA VARNOLINE !
- Le risque thrombo-embolique est, toutes choses égales par ailleurs (cf. infra), moindre quand la quantité d'ethynil oestradiol est réduite de 30 à 20 microgrammes
- Les progestatifs les plus sûrs sont le levonorgestrel et la norethisterone.
- Le risque thrombo-embolique est 1,5 à 2 fois plus important pour le gestodene, le desogestrel et le norgestimate, comparés au levonorgestrel.
- Le drosperinone, nouveau progestatif dit naturel, et la cyproterone (utilisée de façon empirique dans l'acné) ont un risque thrombo-embolique 1,6 à 1,8 fois plus important que le levonorgestrel.
- Quant au norprogestimate il ne semble pas augmenter de façon significative le risque thrombo-embolique dans l'essai danois (1,19 fois plus) et il n'a pas été testé dans l'essai hollandais (pas assez d'utilisatrices).
Vous pourrez lire les articles et constater qu'il est possible de critiquer la façon dont ces essais observationnels ont été menés, notamment pour ce qui concerne la non connaissance des antécédents familiaux thrombo-emboliques qui auraient pu entraîner les médecins, sous l'influence du marketing des nouveaux produits, à plus utiliser ces derniers en cas de risques familiaux avérés.
Ces essais apportent encore deux éléments importants :
- Le tabac n'a pas été retrouvé comme facteur de risque thrombo-embolique
- Pas plus que l'obésité.
Dernier point : pour les médecins, comme moi, qui ne sont pas familiarisés avec la dci des pilules, voici des noms de marque (liste non exhaustive)
Pilules à prescrire : Levonorgestrel : Adepal, Ludéal, Trinordiol, Microval (lors de l'allaitement) ; Norethisterone : Triella.
Pilule à évaluer. Norgestimate : Cilest
Pilules à éviter : Désogestrel : Cerazette, Mercilon, Varnoline Drospirone : Jasmine ; Cyproterone : Diane
Est-ce clair ?
Il faut se méfier d'une recherche Google sur la drospirone car elle conduit à un article sur "les inégalités sociales d'accès à la contraception en France" qui, sous le couvert de l'institut national de la santé et de l'Institut national d'études démographiques, vante les pilules de troisième gébnération (l'article est sponsorisé par Wyeth-Lederlé). L'étude vante mais on y lit quand même que les pilules de troisième génération, selon les déclarations des patientes, n'entraînent pas une meilleure qualité de vie !
DERNIERE NOUVELLE ! Pour des raisons que seul le Ministère de la Santé connaît (et on laisse le lecteur comprendre où sont les intérêts des uns et des autres) la Varnoline est désormais remboursée !
Il faut donc lire : Contraception hormonale féminine : NON AUX PILULES NON REMBOURSEES ET A LA VARNOLINE !
mercredi 9 septembre 2009
LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 09/09/09
mardi 8 septembre 2009
LE JOURNAL PRESQUE VRAI DE ROSELYNE BACHELOT - 08/09/09
Huit septembre 2009.
LA GRIPPE : UNE AFFAIRE SERIEUSE - HISTOIRES DE CONSULTATION : TREIZIEME EPISODE
Interrogatoire.
Monsieur N, 42 ans. Il est fébrile, il n'a pas pris sa température, il tousse à peine, il a des courbatures, il a mal à la tête et il a vomi. Début il y a trente-six heures.
Madame N, 23 ans. Elle tousse, elle a eu de la fièvre pendant quelques heures (elle n'a pas non plus mesuré), elle est essoufflée, elle n'a pas de courbatures. Début il y a quatre jours.
Enfant N, 7 mois. Il tousse à peine, il n'a pas de fièvre. Début : une semaine.
J'examine Monsieur N dont l'examen est d'une pauvreté désespérante, je me méfie pourtant des vomissements et des maux de tête et il finit par me dire qu'il a la diarrhée. Monsieur N a une gastro-entérite virale.
L'auscultation des poumons de Madame N retrouve des sibilants : elle fait une crise d'asthme (il lui est arrivé d'en faire une il y a quelques mois qui était inaugurale sans que l'enquête étiologique ne soit très probante).
Le petit N est floride comme jamais et il est possible que le jetage postérieur soit à l'origine de sa toux non fébrile.
Pas de grippe H1N1 pour l'instant.
lundi 7 septembre 2009
LE ROLE IRREMPLACABLE DU MEDECIN GENERALISTE - HISTOIRES DE CONSULTATION : DOUZIEME EPISODE
Elle rit et me dit que tout va bien.
"Et votre fille ? Comment a-t-elle pris la chose ? Pas jalouse ? - Non, elle s'en occupe bien, elle veut tout le temps lui faire des bisous. On est obligés de la modérer, de ne pas trop l'approcher pour la laisser tranquille. - Elle est anxieuse ? - Non, non, nous y faisons attention et d'ailleurs nous avons vu une psychologue à la maternité." La petite Eva a six ans, je la vois quand son pédiatre est absent. "Enfin", poursuit-elle, "elle s'est remise à faire pipi au lit."
Moi : "Et qu'est-ce qu'elle vous a dit la psychologue ? - Elle nous a expliqué qu'il fallait parler à Eva. Pour la rassurer... Nous lui parlons beaucoup. Elle est quand même un peu jalouse..."
Il y a toujours un moment dans les entretiens à bâtons rompus, en face à face avec les patients, où je me dis que je ne suis pas un psy et que je ne souhaite pas singer ce qu'il pourrait faire. Mes deux objectifs, à moins que les patients ne souhaitent autre chose, c'est, premièrement de gagner du temps et, deuxièmement, ne pas aller trop loin dans l'intimité des êtres (c'est probablement mon refoulement).
"Vous savez", me lancé-je, "dans cette famille, il faut que chacun trouve sa place. Le petit vient de passer deux mois dans un hôpital et maintenant il découvre sa chambre, ses parents, sa grande soeur. Ce doit être une expérience terrible. Il faut qu'il laisse du temps aux autres afin que vous l'acceptiez. - ?... - Eh bien oui, ce n'est pas vous qui devez vous adapter à lui, c'est lui qui doit s'adapter à vous. Il faut donc le rassurer sur vos bonnes intentions. Il faut que chacun sache ce qu'il doit faire. Si Eva le couvre de bisous c'est parce qu'elle a encore peur pour lui. Et aussi, parce qu'elle sait que cela vous fait plaisir car vous aussi elle se rend compte que vous êtes morts de trouille. Et en même temps elle refait pipi au lit, ce qui montre qu'elle est jalouse ou qu'elle regrette l'époque où elle était seule et qu'elle faisait pipi au lit. La pauvre petite est partagée entre vous faire plaisir, car tous les efforts que vous avez faits pour avoir cet enfant (la maman a subi une stimulation ovarienne avec tout ce que cela comporte d'angoisse et de contraintes), elle les a vécus et les a subis, et sa tristesse de ne plus être fille unique..."
La maman me regarde avec attention comme si j'étais là pour lui délivrer un message libérateur (il faut que je me méfie).
"Il faut donc que vous parliez à Eva... - Mais on l'a déjà fait. - Je m'en doute, j'en suis certain, il faut que vous parliez à Eva devant Tom afin que tout le monde entende. Il faut faire les présentations. - Les présentations ? - Oui, cela peut paraître idiot, il faut que tout le monde se connaisse et sache comment il doit se situer. Il faut dire à Tom que tout le monde a été content de l'accueillir, votre mari, vous, que vous espérez que sa chambre lui plaît... - Mais il ne va pas comprendre... - Mais bien entendu qu'il ne va pas comprendre les mots mais il va comprendre le ton, encore une fois vous êtes là pour rassurer un enfant qui a passé deux mois dans une couveuse avec des gens différents selon les moments de la journée pour lui donner des soins, lui donner à manger, le changer, changer sa perfusion. Et maintenant il ressent le vide de sa chambre, le silence de sa chambre sans le bruit des sabots des infirmières, sans le bruit des machines, sans le bruit des conversations, il est seul dans une chambre, isolé, il faut donc que vous lui racontiez sa nouvelle vie avec son père, sa mère et sa soeur... Sa soeur qui est une grande fille qui sait marcher toute seule, manger toute seule, faire pipi toute seule, qui va à l'école et qui apprend à lire et à écrire, une grande, quoi, alors que lui est petit, qu'il a besoin des adultes pour manger, boire, être changé, et qu'il est donc normal que l'on s'occupe plus de lui pour cela, mais qu'en revanche Eva est autonome, sait faire plein de choses toute seule, et même faire des calins à son petit frère..."
Le rôle du médecin généraliste, qui n'est pas un psychologue ou un psychiatre, est donc de gagner du temps : au lieu d'attendre que la patiente, ici cette mère aimante et intelligente, reformule le message que vous avez envie de lui faire passer au bout d'une longue maïeutique qui prendra des semaines et des mois, le médecin généraliste ouvre des pistes, fait des propositions et c'est à la personne qui est en face de lui d'en faire bon usage ; le deuxième rôle du médecin généraliste est, sans doute, de rester à la superficialité des choses, de ne pas entrer trop loin dans les strates géologiques de l'esprit des gens. ce n'est pas son travail, c'est celui du psy qui a plus d'expérience et qui a plus de temps à consacrer à ses patients. Et, au bout du compte, de ne pas être générateur d'interdits. La famille de cette jeune femme a besoin de se situer, de savoir où elle en est et il faut lui donner de l'espace et élargir le champ de ses possibilités.
Idyllique, non ?