(L'inoculation. Louis Leopold Boilly. 1807)
Dans l'indifférence générale et dans un grand anonymat le Haut Conseil de la Santé Publique a publié la stratégie vaccinale pour la saison 2010 - 2011. Cette stratégie émane d'un Groupe de Travail qui nous rappelle de bons souvenirs.
Lire ce document appelle, à mon sens, plusieurs remarques d'importances inégales (libre à vous de pondérer) :
- Les experts. Le fiasco des recommandations 2009 - 2010 prônées par les mêmes experts n'a pas changé les experts. Les mêmes experts qui ont proposé ex cathedra la vaccination pour tous en pensant L'intendance suivra, les mêmes experts qui n'avaient pas, a priori, l'expérience des vaccinations de masse en Afrique qui avaient échoué faute de s'appuyer sur des structures existantes et qui ont accusé les administratifs et les médecins généralistes de n'avoir pas suivi des consignes "impossibles", les mêmes experts qui ne se rappellent plus (il serait bon, à titre préventif, de leur prescrire un placebo comme du donézépil) avoir débité des contre-vérités scientifiques tant dans leurs écrits que dans leurs blogs ou que sur les estrades gouvernementales de Roselyne IMC Glaxo... Car, ces experts, ce sont toujours les mêmes : Jean-Claude Manuguerra qui fut si mauvais lors d'une émission C dans l'air qu'on le cacha des caméras jusqu'à la fin de la campagne gouvernemento-bigpharmienne, Daniel Levy-Bruhl qui, comme sur les devantures des quincailleries, pourrait afficher sur son front Expert depuis cent ans, Bruno Lina, l'inénarrable expert pétri de liens d'intérêt qu'il revendique comme preuve de son indépendance, Daniel Floret, toujours aussi charismatique et brillantissime, Christian Perronne, spécialiste des ailerons de requin, et j'en passe... Ils se sont trompé du tout au tout et on continue de les interroger. Ou, plutôt, Didier Houssin, l'ineffable chirurgien les a interrogés...
- Les données scientifiques. Le Groupe de Travail (GdT) s'est fondé sur les travaux de l'InVS dont on connaît et la rigueur scientifique et la renommée internationale. Cette même InVS qui recueillait des données concernant des patients "grippés" dont 50 % n'étaient pas documentés pour le critère Age ! Par ailleurs le GdT s'est servi des données de mortalité du Cepi-DC pour les années 2003 - 2007 pour faire des comparaisons avec les décès de la grippe dite pandémique... Nous avons vu que ces données étaient farfelues en raison du mode de comptage, de l'imprécision des certificats de décès et que l'absence de sérologie grippale effectuée donnait raison prioritairement à la clinique (risques de sur diagnostic).
- Les hypothèses fantaisistes. Derrière leur bureau et entre deux réunions de travail au restaurant, le GdT a avalisé des prévisions. Prenons-en une : L'immunité de la population générale estimée entre 19 et 30 % : et nous voilà repartis dans des extrapolations à partir de rien, des projections gratuites, des présupposés sans fondement. De qui le GdT se moque-t-il ? Il y a pourtant une référence (rigolote) : ici.
- On ne parle plus de pandémie. Bien que l'OMS n'ait pas renoncé à la pandémie, voire tout simplement à un recul dans le niveau d'alerte, le GdT ne parle plus de grippe pandémique, ce qui est normal mais ce qui est contradictoire avec les instructions internationales.
- La pharmacovigilance est toujours aussi indigente. Les techniques d'imputation sont les suivantes : quand un effet indésirable est grave il ne peut être imputé au vaccin ; quand un effet grave et possiblement attendu est signalé (9 Guillain-Barré par exemple) il est balayé d'un revers de la main et on lit ceci : "le nombre de cas de syndromes de Guillain-Barré notifié (sic) a été inférieur au nombre attendu de l'incidence annuelle de la maladie en France." Arrêtons-nous sur ce point : quelles hypothèses explicatives pouvons-nous faire ? a) la pharmacovigilance a été peu faite ; b) le nombre de Guillain-Barré en France est supérieur à ce qui est notifié ; c) la vaccination contre la grippe pandémique a protégé contre le Guillain-Barré. Ainsi, le nombre des syndromes grippaux est-il surestimé car attesté par des critères cliniques et non sérologiques et le nombre des effets indésirables potentiels sous-estimés car attribués à autre chose que le vaccin anti grippal.
- La pharmacovigilance chez les femmes enceintes : c'est le pompon ! On ne sait rien mais on conclue et on termine par cette phrase inouïe : "Les ratios cas attendus / cas observés ne peuvent à ce jour être calculés en l'absence de connaissance du nombre de femmes enceintes exposées aux vaccins."
- Toujours pas d'études cliniques indiquant que le vaccin dit pandémique protège 1) contre la grippe pandémique ; 2) contre les Syndrome de détresse respiratoire aiguë. Aucun expert ne peut affirmer que le vaccin dit pandémique protège.
- Toujours pas de remise en question de l'efficacité des vaccins saisonniers chez les personnes de plus de 65 ans, coeur de cible des campagnes antérieures de vaccination qui n'évitaient pourtant pas, selon les chiffres alarmistes des épidémiologistes gouvernementaux, 5 à 7000 morts par an. Alors que l'on sait qu'un organisme indépendant (la Collaboration Cochrane) doute de cette efficacité. Mais, il est vrai, que le journal indépendant Prescrire ne doute pas.
- Enfin, les recommandations du GdT sont d'une grande prudence et d'un grand confusionnisme : hormis les patients éligibles pour la grippe saisonnière (vaccin trivalent) on vaccinera avec le vaccin monovalent a) les femmes enceintes sans facteurs de risque pour la grippe saisonnière ; b) les personnes atteintes de maladies endocriniennes susceptibles d'être décompensées par une infection aiguë ; c) les personnes ayant un IMC égal ou supérieur à 30
- On lit aussi cette phrase intéressante : "l'efficacité de la vaccination chez les jeunes nourrissons n'est pas formellement démontrée et le nombre de sujets à vacciner pour éviter un cas est élevé." Est-ce une façon élégante de dire autre chose ?
- Enfin, nos experts viennent de se rendre compte que La Réunion n'était pas dans l'hémisphère Nord et demandent, lisez-bien, des modifications réglementaires pour que la République Française l'admette...
Cette nouvelle "stratégie" montre que rien ne change, que rien ne bouge, que les experts restent les experts, qu'ils aient ou non déclarés leurs liens, et que le manque crucial d'études cliniques est au centre des incertitudes qui ne troublent pas le GdT.
BHW a gagné !
(Bachelot, Houssin et Weber)
Les médecins généralistes ne pourront rien dire.
A vos seringues !