dimanche 5 juin 2022

Bilan médical du lundi 30 mai au dimanche 5 juin 2022 : médecine narrative, Covid long, les MG sont devenus médecins du travail, la surmortalité liée au Covid, la mortalité liée au cancer, cytologie ou HPV ?

 

via TrucOfTheDay@YLegrand : La blessure de Sverev à Roland Garros.

Pourquoi la médecine narrative compte.

Les vieux de la vieille, les revenus de tout savent combien il faut se méfier a priori des nouvelles tendances, des nouveaux concepts qui vont "révolutionner" la médecine, des théories explicatives, des idéologies holistiques, bla-bla-bla. En revanche, il est t toujours intéressant, pour sa pratique, de regarder de quoi il retourne afin, non pas d'adhérer/rejeter de façon binaire mais de picorer des idées, des ouvertures, éventuellement des "trucs", ici, afin, encore et encore, d'améliorer la relation soignant/patient et de permettre ne meilleure compréhension de la souffrance ressentie, de la problématique envisagée, des mesures à prendre et des traitements à éventuellement entreprendre. L'article que je vous propose (ICI) fait le point sur ce concept. Vous pouvez aussi lire en français CECI : la médecine narrative est une autre façon  d'envisager les soins centras sur le patient. Pas mal, non ? 


Le Covid long, ou nouveau Syndrome Post Infectieux : juste "organique" ?

L'excellent Stéphane Korsia-Meffre a écrit un commentaire passionnant sur le Covid long (ICI) à partir d'un article paru dans Nature Medicine (LA). 

Choutka et al. suggèrent que tous (ou presque) les SPI auraient une étiopathogénie commune, qu'ils s'inscrivent partiellement ou totalement dans le cadre d'une entité appelée encéphalopathie myalgique ou syndrome de fatigue chronique et qu'il s'agirait d'une nouvelle maladie auto-immune. Les auteurs envisagent différentes hypothèses étiopathogéniques : réservoir infectieux, auto-immunité, dysbiose et dommages tissulaires.

Ils suggèrent également que des recherches biomédicales soient menées de façon sérieuse pour élucider ce mystère et trouver un traitement.

Comment pourrait-on penser le contraire ? 

Les patients souffrant d'un SPI post Covid ont besoin d'écoute et de reconnaissance. Ils ont besoin d'aller voir des soignants qui ne leur disent pas "Tout ça, c'est dans la tête" ou "De toute façon cela va s'arranger... On ne peut rien faire..."

Il nous semble encore plus dangereux que ces patients rencontrent des soignants qui leur disent qu'il existe d'ores et déjà des molécules qui pourraient les soulager, voire les soigner. On pense bien entendu aux cocktails médicamenteux associant : antalgiques de paliers 1 et/ou 2, antidépresseurs, anxiolytiques, anti-épileptiques, décontracturants, et autres...

Primum non nocere. Informer. 

Mais il sera difficile de penser que les interactions entre les SPI et les mesures barrières (indispensables, mais on peut discuter sur leurs modalités, leur rigueur, leur momentum...) qui ont été mises en place un peu partout dans le monde n'ont pas d'influences sur la perception des SPI, sur la dépression et sur l'anxiété des populations depuis deux ans et demi.


Les MG, qui se roulent les pouces à la machine à café, doivent désormais être les médecins du travail supplétifs des collectivités territoriales.

La mise à jour de l'article 13-1 du décret 87-6002 contraint les MG, lors de la décision de travail à temps partiel dans les collectivités territoriales, de définir moulâtes données (cf. infra) alors que le médecin traitant ne connaît ni les fiches de poste, ni les contraintes organisationnelles, ni le contexte de l'entreprise.



Ce n'est vraiment pas une avancée pour les fonctionnaires et apparentés.

Rajout du 13/06/22 : un billet de Richard Tabot à l'attention des médecins généralistes : LA

 

Hors sujet.

Gena Rowlands, John Cassavetes (1968)


Au Royaume-Uni aussi les MG font le job


En comparant les données d'avril 2022 à celles d'avril 2019, les MG voient plus de patients et plus rapidement malgré le fait qu'ils soient moins nombreux. L'impossibilité de consulter votre médecin généraliste est lié au manque de financement du système et non à la fainéantise des médecins généralistes !

Tous les urgentistes ne pensent pas que les MG sont des feignants.


Les chiffres de surmortalité liés au Covid et publiés par l'OMS ne sont pas défavorables à la France. Mais...


Mais : faut-il croire ces chiffres ? Sait-on comment ils ont été colligés ? Connaît-on la robustesse des données ? Nous avons assez publié sur ce blog sur la façon dont la mortalité liée à la grippe saisonnière était calculée en France comme en Grande-Bretagne pour être dubitatif. 

Mortalité liée aux cancers : une comparaison US vs 21 autres pays "riches": la France n'est pas au top.

L'article (LA) est riche et il souffre des mêmes défauts que le précédent. Je répète la même chose : "Mais : faut-il croire ces chiffres ? Sait-on comment ils ont été colligés ? Connaît-on la robustesse des données ? Nous avons assez publié sur ce blog sur la façon dont la mortalité liée à la grippe saisonnière était calculée en France comme en Grande-Bretagne pour être dubitatif. "

Donc : prudence. 

Première chose : le tabac est une saloperie. On le sait, tout le monde le sait. Mais c'est le facteur de risque de cancer le plus pertinent (si j'ose dire).

Cette étude s'intéresse aux dépenses par tête de cancer par rapport au taux de mortalité.

Première figure : sans ajustement.


Deuxième figure : avec ajustement pour le tabac.


Alors que les études contrôlées sont "impossibles" à faire dans le covid (masques, aération, confinements) des études sans intérêt sont entreprises en nutrition.

Une étude (LA) commentée dans le NewYork Times (ICI) clame que les buveurs de café meurent moins que les autres.

De qui se moque-t-on ?

Un éditorial australien sur le dépistage du cancer du col et son évolution de la cytologie vers la recherche HPV

L'éditorial (LA) s'interroge sur les nouvelles stratégies concernant le dépistage du cancer du col utérin : faut-il continuer les examens cytologiques et si non à quel rythme et sur quels facteurs faut-il proposer des tests HPV. Il existe de nombreuses hypothèses, de nombreuses stratégies possibles en fonction de l'âge, du statut vaccinal, et cetera. Cet éditorial est très complet.

On rappelle qu'en France la HAS (ICI) recommande (juillet 2020) :



ZeroCovid à Taïwan.


La source : ICI

C'est tout. Mais il y avait tant de sujets...

dimanche 29 mai 2022

Bilan médical du lundi 23 au dimanche 29 mai 2022 : Randomisons !, diabète de type 2, Covid Long, surdiagnostic, dermatologie, urgences et autres

Ray Liotta (1954 - 2022)


Il n'est pas possible de randomiser est l'expression la plus abusive en biomédecine


On l'entend et on la lit ceci de façon trop fréquente en médecine. 
  1. Aération des lieux clos : ICI
  2. Port du masque en lieux clos en fonction du type de masque, du lieu, de l'âge, bla-bla...
  3. Fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées, universités
  4. Couvre-feu selon toutes ses modalités.

Les recommandations du NICE anglais pour l'évaluation et le traitement des patients présentant un diabète de type 2

Ces recommandations (LA) datent de mars 2022 et ont été commentées dans le BMJ (ICI)


Les coûts sont en train d'augmenter de façon vertigineuse.

Vous trouverez LA une infographie trop complète pour être applicable.

Bon courage pour les praticiens.

Un essai US récent (LA), de cohorte, comparant SGLT2 (canaglifozin, empaglifozin et Dapagliflozin) et metformine (!) ne montre pas de différences sur les critères cardiovasculaires (survenue d'événements, mortalité relative, mortalité globale) mais au prix de plus d'infections génitales ! 

Comme dirait La Revue Prescrire : restons-en à la metformine (dont on sait que les preuves de son efficacité sont très faibles).

Le Covid long suscite des recherches.

Des données non comparatives US : ICI

Une étude comparative de cohorte : LA. Les résultats sont assez étonnants. La lecture du papier est intéressante.

A high burden of persistent symptoms was observed in persons after COVID-19. Extensive diagnostic evaluation revealed no specific cause of reported symptoms in most cases. Antibody levels were highly variable after COVID-19.

... Et les faiseurs de peur font des déclarations fracassantes.


Un article non rassurant en pré print : ICI.

@kunstjonas


Le surdiagnostic : la pandémie silencieuse des pays riches.

Les lecteurs de ce blog sont habitués à cette notion de surdiagnostic qui ne concerne pas seulement le cancer (rappelons qu'un surdiagnostic de cancer est un authentique cancer qui ne gênera pas le ou la patiente tout au long de sa vie). Le surdiagnostic d'une hypertension artérielle est une authentique hypertension (selon les critères de normalité utilisées) qui ne gênera pas la patiente ou le patient tout au long de sa vie).

Cet article (LA) invite les médecins à prendre des précautions lors de l'établissement d'un diagnostic qui entraîne pour la personne une entrée dans une maladie (anxiété et/ou changement de son statut de personne en bonne santé en personne malade), des traitements non ou pharmacologiques et une chronicité. Les normes de diagnostic de l'hypertension artérielle et du diabète de type 2, par exemple, ont entraîné une augmentation considérable du nombre des hypertendus et des diabétiques (abaissement des seuils) et de personnes traitées (cela peut être assimilé au disease mongering ou fabrication des maladies).

En prenant l'exemple du cholestérol les auteurs signalent que le passage du seuil de 240 à 200 mg a permis de traiter 42 millions d'Etats-uniens de plus ! Et ils nous rappellent de parler en risque absolu et non en risque relatif.

Et Cancer Rose en a fait la traduction en français : ICI.

Des données concernant le Covid chez les moins de 5 ans aux US : rassurantes.

Comme d'habitude, il faut être prudent avec ces données (LA) qui sont US dans un pays où le système de santé est très différent du nôtre et où l'obésité chez les moins de 5 ans est fréquente. Mais il faut aussi souligner que le port du masque est conseillé, voire obligatoire chez les enfants de ce groupe d'âge dans nombre de villes et d'Etats US.


Les décès dans les transports aux US entre 2000 et 2009



La HAS prend les devants sur la "variole du singe": vaccinons.


Les urgences à la une.

La crise des urgences est mondiale.

Elle n'épargne pas la France.

Personne n'est content : les usagers ou plutôt les patients. Les urgentistes. Les médecins généralistes. Le pré-hospitalier. Le post-urgence. Les patrons d'hôpitaux.

J'avais analysé LA un article de Mathias Wargon.

Le poids du lobby académico-hospitalier a trouvé un bouc-émissaire facile : le médecin généraliste.

Tout ce qui va mal à l'hôpital est dû aux médecins généralistes libéraux "qui n'assurent pas la permanence des soins, qui terminent leurs activités à 18 heures" et on a de la chance on n'a pas encore entendu "c'est à cause de la féminisation de la profession".

Je ne reviendrai pas sur le mépris profond que tout ce qui n'est pas MG professe à l'égard des MG.

On va en reparler quand même.

Quand, un certain nombre de médecins, des MG notamment, posait le problème du "tout urgence", il y a 20 ans, personne ne les calculait.


Un peu de dermatologie "de terrain"


Hors sujet




dimanche 22 mai 2022

Bilan médical du lundi 16 au dimanche 22 mai 2022: fentanyl, mammographie avant 50 ans, Covid et imagerie thoracique, erreurs, Bill Gates, aspirine en prévention primaire, OMS

Le nouveau Ministre de la Santé. 


Le fentanyl tue (aux US).

Aux États-Unis d'Amérique, et selon les sources du CDC reprises par RFI (ICI), 107 600 personnes sont mortes d'overdose en 2021. La molécule la plus impliquée est le fentanyl responsable de 70 000 décès. Puis viennent la méthamphétamine, la cocaïne et l'héroïne.

Bla-bla-bla, la France n'est pas dans la même situation mais il est nécessaire d'en être conscient. Je regarde LA la fiche Vidal grand public du fentanyl : rien sur les risques.

Les addictologues français sont optimistes (cf. Nicolas Authier de l'OFMA) : la France est sous contrôle. On croise les doigts.


Recommandations US, mammographie et sur diagnostics de cancers du sein (femmes âgées de 40 à 49 ans) : c'est délétère.

Un article (LA pour l'abstract et ICI pour l'article complet) analyse les recommandations états-uniennes concernant l'usage de la mammographie dans le cadre du dépistage du cancer du sein chez les femmes âgées de 40 à 49 ans.

Les conclusions : 

  1. les femmes les plus susceptibles de pratiquer une mammographie dans cette tranche d'âge sont celles qui sont en meilleure santé et qui ont le statut socio-économique le plus élevé. 
  2. Sur une durée de 20 ans le risque de sur diagnostic est 3,5 fois plus élevé chez les femmes qui sont les plus susceptibles de pratiquer une mammographie
  3. Chez ces femmes 36 % des cancers diagnostiqués sont des sur diagnostics. 
  4. Les recommandations US favorisent le sur diagnostic, ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays.
L'accumulation des preuves ne rend pas les agences, les médecins, les prescripteurs plus prudents.


L'imagerie thoracique pour diagnostiquer le covid-19

Une revue Cochrane de 2021 (ICI) rapporte ceci : 

Chest CT and ultrasound of the lungs are sensitive and moderately specific in diagnosing COVID‐19. Chest X‐ray is moderately sensitive and moderately specific in diagnosing COVID‐19. Thus, chest CT and ultrasound may have more utility for ruling out COVID‐19 than for differentiating SARS‐CoV‐2 infection from other causes of respiratory illness. The uncertainty resulting from high or unclear risk of bias and the heterogeneity of included studies limit our ability to confidently draw conclusions based on our results.


Le NHS publie ses erreurs.

Il semble néanmoins peu crédible qu'il y en ait eu aussi peu.


Pourquoi pas un Covid Sunshine Act ?


Si les intervenants sur les réseaux sociaux ou à la télévision ou à la radio ou n'importe où révélait leurs liens avec les vendeurs de médicaments, de tests, d'examens complémentaires... nous comprendrions mieux leurs conflits d'intérêts.


Le philantropocapitalisme de Bill Gates (énième épisode)

Bill Gates, le héros (entre autres) des vaccinolâtres (et de GSK) a touché 3,5 millions de dollars de la part d'investisseurs pour développer une start-up fabriquant du lait pour bébé. Il a ensuite refilé l'argent au journal The Guardian et, dans la foulée, ledit journal a publié un article suggérant que l'allaitement maternel pouvait avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale des mères (LA). Pour en savoir plus sur l'affaire : LA.


L'utilisation de l'aspirine en prévention primaire ne sert à rien (mille repetita placent)

En mai 2019, on pouvait lire ICI sur la non utilité de l'aspirine en prévention primaire.

Mais en mars 2015, le Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE), soulignait déjà (LA) que cette utilisation n'était pas fondée et qu'elle faisait partie, pour les diabétiques, des critères permettant aux médecins généralistes d'être rémunérés à la performance dans le cadre du ROSP.

Sur l'excellent blog tenu par Florian Zores, LA, cardiologue libéral, un billet "définitif" sur la question écrit en 2020 : LA.

Le problème en médecine : fonder des recommandations sur du vent (absence d'études de qualité), les appliquer rapidement à des millions de personnes et mettre un temps fou à rétropédaler quand de "vraies" études infirmant la décision initiale paraissent.

Le lobby industriel et l'OMS.

L'OMS a souvent été critiquée sur ce blog. N'y revenons pas.

Nous avons également souligné que son financement dépendait beaucoup de l'industrie.

Le Formindep nous signale l'article d'une revue (à la page 37) (LA) qui rapporte les agissements du lobbying industriel sur l'OMS : critiquer lorsque les décisions de l'OMS ne favorisent pas le business et contester son intégrité en général pour réduire son rayonnement.

Ce qui ne rend pas les critiques contre l'OMS caduques.

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lundi 16 mai 2022

Bilan médical du lundi neuf au dimanche 15 mai 2022 : réintégrer les soignants non vaccinés ?, CNGE, pansements, chagrin, BPCO, score calcique, MG

Rio de Janeiro : cabinet royal portugais


 Faut-il réintégrer les soignant.e.s non vacciné.es ?


J'ai été considéré à tort comme un antivaxx (et pour certains, dont le caractère binaire, buté, sponsorisé, meutier, bas du front, et, pour tout dire, assez crétins, je suis toujours considéré comme).

La lecture de ce blog montre à l'évidence combien j'ai été sceptique et le suis resté en lisant la propagande vaccinale, en lisant des confrères qui se sont moqués de moi quand les premiers résultats des vaccins Pfizer et Moderna sont apparus et que j'ai osé  poser des questions sur le contenu de leur efficacité (mortalité, morbidité, transmission, immunité, et cetera...), bref, je suis vacciné (2 + 1), et je suis toujours aussi sceptique quand je n'ai pas de données, quand je lis des données peu ragoûtantes, quand je lis des communiqués de presse destinés aux actionnaires, quand le lis des articles que les éditeurs auraient mieux fait de garder dans les poubelles de la bêtise, bla-bla-bla...

Bref, je suis vacciné (2 + 1) et je connais des soignants respectables qui ont refusé le booster et qui ont été "désintégrés".

J'ai parlé avec elleux et j'ai compris certains de leurs arguments mais j'ai trouvé qu'illes se trompaient.

J'ai trouvé anormal qu'illes se coupent du milieu des soins car je savais combien illes pouvaient rendre des services au-delà de ce refus vaccinal. 

(Je ne vous parle pas, bien entendu, des soignants délirant sur les puces nazies, la 5G, les forces quantiques et autres idioties qui témoignent à l'envi de l'incompétence de la formation médicale

Et pourtant, tous les arguments des soignants respectables m'ont paru futiles en considérant les enjeux, pas seulement les enjeux en termes de diffusion du virus et de protection des patients fragiles qui fréquentent volontiers les établissements de soins, mais aussi en termes de santé publique en général.

Illes se trompent à mon avis.

Illes pouvaient se faire vacciner en continuant de regarder d'un oeil critique les déclarations fracassantes et les publicités.

Mais, imaginons que je me mette à leur place, peut-être était-ce la goutte, pour eux, qui a fait déborder le vase, imaginons que j'ai raisonné ainsi depuis le jour où je me suis installé (en 1979)...

Eh bien, je ne ferais plus de médecine... depuis longtemps.

Si j'avais dû, en conscience, me mettre en retrait chaque fois que la médecine déraillait...

Si mes collègues avaient dû se mettre en retrait chaque fois que la médecine déraillait, il y aurait encore moins de soignants en France...

J'ai travaillé avec des correspondants de merdre. J'ai parfois dû adresser, en désespoir de cause, à des correspondants de merdre.

J'ai adressé des patients à des urologues fous de la gâchette.

J'ai adressé des patient.e.s à des chirurgiens viscéraux fous de la gâchette.

J'ai adressé des patient.e.s à des cardiologues fous de la gâchette.

J'ai adressé des patient.e.s à des oncologues fous de la gâchette.

J'ai adressé des patient.e.s à des masseurs-kinésithérapeutes fous de la gâchette.

Je ne pouvais faire autrement.

Et quand je constate ce qui continue de se passer, je me dis que si ce n'était pas mieux avant ce n'était pas non plus pire...

Je ne pense pas qu'il faille réintégrer les soignants non vaccinés pour des raisons de manque de personnel mais je ne doute pas qu'un certain nombre d'entre elleux sont des personnes respectables qui ont refusé la vaccination pour des raisons non délirantes.


Est-ce qu'une société savante peut et doit collaborer avec la Caisse nationale d'Assurance Maladie ?

Bien entendu oui.

Est-ce qu'une société savante doit accepter un financement de la CNAM ? 

A mon avis : non.

Le Collège national de Médecine générale (CNGE) et l'ebmfrance.net ont renouvelé (ICI) leur convention pour trois ans.

Est-ce que ce sponsoring peut avoir des effets sur l'indépendance de la société savante ?

Sans doute.

Personne ne met en doute l'intégrité des membres de cette société savante mais tout le monde peut penser qu'il pourra exister, ici ou là, des conflits d'intérêts. Surtout quand sont citées en exemple les recommandations de la HAS dont on connaît, parfois, la non pertinence et la soumission aux lobbys.

Voici, en anglais, les différents biais qui peuvent intéresser les associations médicales lorsqu'elles participent à des recommandations.



La"Science" ne serait-elle pas universelle ? La prise en charge de l'infarctus du myocarde dans 6 pays ou régions à hauts revenus

Une étude parue dans le BMJ (LA) compare 


les traitements et les devenirs de patients admis à l'hôpital pour un diagnostic initial d'IdM avec élévation ou non de ST. Etats-Unis, Canada (Manitoba et Ontario), Angleterre, Pays-Bas, Israël et Taïwan.


Grosso modo, les performances sont bonnes mais ne sont pas "régulières" : il existe des différences en fonction des items choisis.


Le CNGE conseille de ne pas utiliser en routine le score calcique

pour évaluer le risque cardiovasculaire en complément d'un score clinico-biologique (SCORE2 validé en Europe de l'Ouest). Voir ICI pour le communiqué et LA pour le score.


Quand un dermatologue sur twitter parle de sa pratique pour les pansements (Ce n'est pas EBM sur la forme mais on s'en moque)


Et voici le fil : LA.

Quand le chagrin ne devrait plus être considéré comme un trouble mental (DSM-V)

Allen Frances (voir ICI) critique le DSM-V à propos du "chagrin". Cela pourrait paraître curieux mais le chagrin (grief) est inclus dans les maladies mentales à prendre en compte et à traiter !
  1. Il n'y a pas de date de péremption
  2. Cela insulte la dignité de la perte
  3. Cela stigmatise les émotions normales
  4. Cela augmente les prescriptions inutiles

Les morts du Covid par classes d'âge aux US


L'article : ICI

L'agence américaine de prévention (USPSTF) ne recommande pas le dépistage de la BPCO chez les personnes asymptomatiques


Où sont passés les médecins généralistes ? Une interrogation britannique.

Un commentaire d'Helen Salisbury dans le BMJ (ICI) sur la "disparition" des MG dans le NHS me permet de faire les commentaires suivants :
  1. La "crise" de la médecine générale est mondiale
  2. Cette crise est présente quels que soient les modes d'exercice (libéral, salarié, étatisé) 
  3. La crise de la médecine générale est une crise de santé publique
  4. Les médecins généralistes ne font pas une meilleure médecine en étant mieux payés, ils font une meilleure médecine en étant mieux formés et en sachant quelles sont leurs tâches dans le système de santé
  5. Les médecins généralistes, une hypothèse, feraient de la meilleure médecine s'ils travaillaient moins or ils sont de moins en moins nombreux.


dimanche 8 mai 2022

Bilan médical du lundi deux au dimanche huit mai 2022 : les morts du Covid, des études mal fichues, les MG et les courriers et Mon espace santé, Lombalgies, Covid long.

Stella Assange #FreeAssangeNOW


Combien de personnes sont mortes du Covid (en France).

Il y a longtemps s'était posé (en France comme en Grande-Bretagne) le problème du comptage des personnes mortes de la grippe. Et, effectivement, en fonction du mode de recueil (certificats de décès, statistiques hospitalières, données de son date, mortalité globale, sur mortalité en fonction de la moyenne des années précédentes...

Il ne s'agit pas d'entrer dans la polémique décès avec Covid et/ou décès par Covid.

Quand on connaît les incertitudes françaises (et malgré le fait que nous avions la meilleure médecine du monde), les comparaisons avec l'étranger sont redoutablement dangereuses.

Voici des données INSEE - Nicolas Berrod


Voir un thread de Yann Rebouleau qui apporte des données originales sur la mortalité : à lire ICI en totalité.



Et un autre quelques jours plus tard : LA.

Et là, pour le coup, on en perd notre latin...


Et selon des sources américaines (OWID) les morts du Covid en comparaison internationale : ETONNANT : en France, le total des morts en excès est inférieur au nombre de morts du Covid ! Lié au confinement ?



Nous y reviendrons...


L'OMS/WHO est désormais financée à 80 % par des fonds privés dont l'industrie pharmaceutique.


Une modélisation à partir de données israéliennes indique qu'il faut vacciner les jeunes non à risques de formes sévères pour limiter la transmission : qu'en penser ?

L'étude est ICI.

Elle est financée par un institut (Israel Science Foundation) dont le financement est peu pharmaceutique mais un peu.

Qu'en penser ? Rien. L'expérience montre que les modélisations, surtout quand plusieurs hypothèses sont envisagées, servent à avoir toujours raison quelles que soient le futur.

Les personnes favorables au tout vaccinal la trouvent acceptable.


Au même moment une étude israélo-étatsunienne  montre une augmentation des événements cardiovasculaires post vaccination Covid chez les moins de 40 ans : qu'en penser ? 

L'étude est LA.

Qu'en penser ? Rien. Cette étude "écologique" est très discutable sur un plan méthodologique et notamment la qualité des informations recueillies (appels téléphoniques), la gravité des cas et le faible nombre de cas.

Les personnes défavorables au tout vaccinal la trouvent acceptable.

Les MG doivent-ils cesser d'écrire des courriers à l'intention des médecins de deuxième intention ?

C'est un médecin généraliste qui pose la question : 


Ma réponse est "Non !" Pour de multiples raisons.

Les lettres d'adressage sont une façon de bien comprendre ses propres patients et de les faire comprendre aux correspondants. Cela permet (pas toujours) d'éviter des examens redondants. Cela permet d'améliorer la VPP (valeur prédictive positive).

@NicoKluger fournit de la littérature en France (ICI) et en GB (LA)


Pourquoi s'opposer à la création de Mon Espace Santé ?

Article à lire ICI.

C'est plus une critique informatique (contenu, diffusion, sécurité) qu'une critique médicale.

Pour la critique médicale, contre tout bon sens, elles sont nombreuses. En effet il semble normal de penser que fournir des données médicales aux professionnels de santé est un gage de meilleure compréhension (cf. supra les courriers d'adressage).

Quand on lit les recommandations de l'Assurance Maladie et les contraintes obligatoires (voir LA sur LegiFrance), on ne peut qu'être inquiet sur l'aspect "déversoir" de cet espace. Trop d'informations nuit à l'information en raison d'absence de hiérarchisation et des regards divers et peu unifié des professionnels.

Voici ce que j'écrivais : Le principe théorique du DMP est l'agrégation de 2 mythes : le mythe du "patient" qui serait un objet médical (centré ou non) qui se penserait comme tel et le mythe de la bonne santé imposé par la société.

Mais les médecins fonctionnaires et politiciens veulent aller plus loin.




Les idées reçues et fausses sur la façon d'aborder les lombalgies (en anglais)


L'article : ICI

Qui peut croire que le taux de pauvreté n'influence pas la santé des patients ?



L'automesure de la pression artérielle par les femmes enceintes à risque d'éclampsie n'apporte rien selon une étude 

L'étude est randomisée mais non aveugle. Voir LA (abstract seulement)

Elle compare l'automesure associée au télémonitorage contre une surveillance "normale" chez des femmes enceintes à haut risque de prééclampsie : le diagnostic d'HTA n'est pas différent.

On peut critiquer l'étude mais, encore une fois, le bon sens ne vaut pas une étude comparative contrôlée !



La désinfection des surfaces ne sert à rien pour diminuer la transmission du Covid

Une nouvelle étude : LA.

On le savait (sur le Professeur Pittet de Genève)

Le risque de contamination par le SARS-CoV-19 est mille fois plus importante par voie aérienne que par un contact sur une surface contaminée...

Vous avez quand même le droit de vous laver les mains.


Covid long : on a besoin d'un consensus pour le définir.

Voir ICI l'article.

Il faut dire qu'une méta-analyse récente (LA) rapporte, sans rire, que 56,9 % des patients ayant présenté le Covid présente un Covid long à 6 mois !

Cela illustre la fameuse devise associée aux méta-analyses : GIGO (Garbage In, Garbage Out)


C'est fini pour cette semaine. Et, je vous le dis, si j'avais tout rapporté, nous en serions encore là demain !

vendredi 6 mai 2022

Hors sujet : la première division (littéraire). L'Europe. Un écrivain (né au vingtième siècle), une oeuvre. Travail en cours.

20 juin 2024


Malcolm Lowry (1909-1957) New Brighton (Angleterre)

Au dessous du volcan (Under the volcano) 1947


16 mai 2022

Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) Kislovodsk (URSS)

Une journée d'Ivan Denissovich (1962 et 1963 en français)


14 mai 2022


Julien Gracq (1910-2007)

Le Rivage des Syrtes (1951)

12 mai 2022


Milan Kundera (1929-) Brno (Moravie, Tchécoslovaquie, Tchéquie)

L'immortalité (1990)

11 mai 2022

Salman Rushdie (1947-) Bombay (Inde)

Les enfants de minuit (1981)

9 mai 2022

W.G. Sebald (1944-2001) Wertach (Allemagne)

Les anneaux de Saturne (1995 ; trad française : 1999)

7 mai 2022


Sandor Maraï (1900-1989) Kassa (Hongrie puis Košice, Slovaquie)

Divorce à Buda (1935 ; trad française : 2002)

6 mai 2022


Thomas Bernhard (1931-1989) Heerlen (Pays-Bas)

Extinction (1986)

5 mai 2022

Witold Gombrowicz (1904-1969)

Ferdydurke (1937 ; trad française : 1958)

4 mai 2022


Czesław Miłosz (1911-2004)



3 mai 2022


Bohumil Hrabal (1914-1997)
Les noces dans la maison (1990)






Références :
  • Les 100 livres du vingtième siècle (wikipedia) : ICI.
  • Les 200 meilleurs livres du vingtième siècle (Babelio) : LA.
  • Top des 100 meilleurs livres du vingtième siècle (Sens critique) : ICI.
  • 100 écrivains marquants du vingtième siècle (blog québécois) : LA.

dimanche 1 mai 2022

Bilan médical du lundi 25 avril au dimanche premier mai 2022 : hépatite aiguë mystérieuse, sur prescriptions pédiatriques, frénectomie linguale, corruptions en tout genre.

Je n'ai pas retrouvé qui créditer.

 

Quand les hypothèses sur l'origine des hépatites aiguës d'étiologie (encore) inconnues chez des enfants "sains" fourmillent et convainquent a priori les convaincus d'avance.

L'article de l'European Center for Disease Prevention and Control (ICI) résume les hypothèses possibles.

  1. Un cofacteur affectant les jeunes enfants rendant les infections modérées à adénovirus plus sévères ou les provoquant en déclenchant un phénomène immun pathologique. Le cofacteur peut  être : a) une susceptibilité particulière due à un manque d'exposition antérieure aux adénovirus lié à la pandémie ; b) une infection antérieure à SARS-CoV-2 ou une autre infection incluant un effet limité de l'omicron ; c) une coinfection par SARS-CoV-2 ou une autre infection ; d) l'exposition à une toxine, une molécule ou un facteur environnemental
  2. Un nouveau variant d'adénovirus avec la contribution on non d'un cofacteur (cf. supra)
  3. Une toxine, une molécule ou un facteur environnemental
  4. Un nouveau pathogène agissant seul ou en confection
  5. Un nouveau variant de SARS-CoV-2

A suivre.


Quand les autorités de régulation britanniques ne tiennent pas compte des conflits d'intérêts : alteplase et Starflex

Peter Whilmhurst rapporte ICI que malgré le fait que certains auteurs aient omis de déclarer leurs liens d'intérêts, ni le MHRA (Medicines and Health Care products Regulatory Agency), ni la revue Circulation ne sont revenus en arrière sur la publication, respectivement de recommandations concernant alteplase et de la publication d'un article concernant Starflex.


Quand la mortalité liée au cancer du sein diminue quelles que soient les tranches d'âge à partir de 1987

En rappelant ceci : 


Le dépistage du cancer du sein a commencé en 1990 et ne concernait que la tranche d'âge 50-65 ans !


Quand la France va mal ! Comparaison des prescriptions pédiatriques communautaires dans 11 pays et régions du monde.

Désolé de rapporter toujours et encore des statistiques catastrophiques concernant nos pratiques médicales et de santé publique dans un pays, la France, qui cultive à la fois l'autosatisfaction et le mépris de soi-même selon les saisons.

Vous lirez LA l'article dans le détail si vous osez vous y risquer.

Parce que c'est inquiétant !

Les tableaux comparatifs entre la France et les différents pays pour la prescription en fonction des classes pharmaco-thérapeutiques (voir ICI) est, dans l'immense majorité des cas, la France est dans le peloton du haut..

Regardez les tableaux 5, 6, et 7.

Prenons l'exemple des antibiotiques : au dessus : la Nouvelle-Zélande (93,7/100 000 patients) et les Pays-Bas (75,8), quant la France elle a des taux de prescription de 64 contre respectivement 33,2 (Danemark), 12,5 (Norvège) et 6,7 (Suède)

Pour les corticoïdes : NZ (178,9), F (98,5), NL (81,4), DK(79,2), N(71,4) et S (57,1)

Pour les préparations nasales : NZ (40,6), F (331,4), NL (7,7) , DK(39,2), N(64) et S (36,9)

Pour les anti histaminiques : NZ (178,9), F (245,9), NL (60), DK(41,2), N(114,2) et S (90)


Quand un quart des patients hospitalisés pour Covid est guéri complètement à un an : est-ce vrai ? Est-ce faux ?

Un commentaire d'article dans le BMJ qui n'a ni queue ni tête sur les séquelles covid post hospitalisation car il ne précise ni le statut des patients hospitalisés (j'imagine que l'on peut trouver ces informations dans le papier originel -- je n'ai pu le lire (protégé) et il avoue en tout e franchise qu'il s'agit d'une étudeouverte avec 63,7 % de sortie d'essai !


Quand une étude pourrait changer le jeu ou pourrait se tromper sur la mortalité globale.

L'article de Maryanne Demasi ICI : et l'article en pre print lui-même : LA.

Le pitch de cet article : les vaccins anti Covid ARNm et adénovirus diminuent la mortalité relative mais seuls les seconds vaccins diminuent la mortalité globale.

Je ne sais pas quoi en penser : à vos plumes.


Quand un journal sponsorisé rapporte un congrès d'une société savante sponsorisée.

Egora #326 du 18 au 24 avril 2022  est un journal gratuit reçu par la poste dont l'équilibre financier ne tient que grâce à l'industrie pharmaceutique et à celle des matériels. Il rend compte, au milieu de publicités pour des produits à visée diabétique et pour des dispositifs médicaux destinés aux diabétiques, des communications entendues au Congrès de la SFD (Société francophone du diabète - dont je vous avais déjà parlé ICI). Il y a à la fois des articles sur des communications en théorie académiques et des articles tirés de symposiums sponsorisés par des laboratoires et des fabricants de matériel (Roche, Sanofi, Medtronic)...

Pardon de faire de la publicité pour cette revue dont l'impact factor... 

A noter qu'une certaine Karen Ramsay, rédactrice en chef, fait un édito sur Ramsay Santé.

Quand la frénectomie/frénotomie linguale est devenue un objectif de santé publique (???) dans les maternités.

Une réaction SALUTAIRE de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes.


A la suite du communiqué de l'Académie de médecine dénonçant ces pratiques inappropriées dans la majorité des cas : LA.

La lecture est édifiante : comment profiter de la crédulité des mamans et des papas.



Quand la plupart des interventions de soins analysées par Cochrane ne répondent pas aux meilleurs critères de qualité.

Cette analyse, voir ICI, montre :

Results: Of 1567 eligible interventions, 87 (5.6%) had high quality evidence on first-listed primary outcomes, positive, statistically significant results and were rated by review authors as beneficial. Harms were measured for 577 (36.8%) interventions, 127 of which (8.1%) had statistically significant evidence of harm. Our dependence on the reliability of Cochrane author assessments (including their GRADE assessments) was a potential limitation of our study.


Quand les médecins belges sont aussi corrompus que les autres et que, comme les autres...



Plusieurs études de MEDOR, dont celle-ci, parlent de l'influence de l'industrie pharmaceutique sur les médecins.

Mais le WHO dit pareil en oncologie.



Quand les patients influenceurs sont la nouvelle frontière du marketing direct industrie vers consommateurs


C'est tout pour ce soir mais il y avait encore tellement de choses à commenter...