jeudi 6 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Arrivée à Chicago. 22

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

22

Arrivée à Chicago.


Les futurs congressistes sont fatigués et, pour la plupart, ont trop bu et trop mangé pendant le vol. Il est une heure du matin le jour d’après à Paris et 18 heures à Chicago. Il est déjà trop tard pour appeler la famille en France : juste un petit mail pour dire qu’on est bien arrivés suffira. Tout le monde a reçu le même conseil : s’endormir ce soir le plus tard possible pour souffrir le moins possible du décalage horaire demain matin. Certains ont prévu de prendre un starter (benzodiazépine ou mélatonine) au moment de dormir afin de ne pas se réveiller trop tôt.

Il fait une chaleur terrible à la sortie de O’Hare. Les futurs congressistes sont exténués, mêmes ceux qui n’ont pas voyagé en classe éco. Ils se sont regroupés sous la bannière des firmes qui les ont invités qui ont prévu des repas dans les différents hôtels où les congressistes sont descendus ou dans des restaurants aux alentours. Tout le monde a déjà une idée du programme de demain et des jours suivants. Il y a une certaine excitation dans l’air.

Ce n’est que demain que tout le monde saura où est qui (les collègues) et combien de temps il faudra pour atteindre le Conference Center sur la McCormick Place. Il y aura des jaloux et des engueulades.

Gers et Brébant sont déjà convenus de se retrouver au bar de l’hôtel dès qu’ils auront posé leurs affaires dans leurs chambres. Ce n’est pas tous les soirs que l’on débarque à Chicago par une belle fin d’après-midi de juin et qu’on peut se détendre en buvant de l’alcool aux frais de la princesse en attendant un dîner fin et bien arrosé…

- T’es bien logé ?

- Superbe. Avec une vie magnifique sur le lac. Et toi ?

- Ca va. Tout baigne. J’ai même réussi à avoir ma femme qui est contente que je sois bien arrivé et les enfants sont en pleine forme.

- Ma femme se couche tôt. Elle a eu droit à un WhatsApp

- Tu feras pareil quand Vachon sera dans ton lit ?

- Déconne pas.

- Tu joues ta carrière.

- Je ne crois pas mais jouer mon couple ne seraitpas génial.

Et pourtant c’est ce qui va se passer : Vachon sera dans son lit et il enverra un WhatsApp juste avant le passage à l’acte pour dire à sa femme que tout va bien.

Le bar de l’hôtel ressemble à l’idée que les deux hommes se font des bars des hôtels de luxe américains comme on les voit dans les films et dans les séries. Brébant a décidé de ne pas dîner avec tous les invités de la Firme et d’inviter Gers dans une steakhouse où le T-bone coûte soixante dollars sans le service… Gers pourra ainsi raconter à sa femme ses aventures à table qui la feront saliver ce qui lui permettra de taire ses aventures au lit avec Edmée Vachon qui l’auront fait saliver.


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mercredi 5 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : La fabrique d'un expert. 21

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

21

La fabrique d'un expert.


Gers est prêt. Pour la énième fois, et certainement pas la dernière, il a revu ses écrans, il a relu ses notes, il sait tout, il connaît tout et, à moins d’un accident vasculaire cérébral pendant sa présentation, il ira au bout. Il sait aussi qu’il pourra compter sur Milstein pour son propre topo : Milstein est un pro et comprend les choses. Il est même trop soucieux des détails. Il est capable de voir chez les autres le moindre défaut, même sur des sujets qu’il connaît mal. Il est capable dans le service de déceler sans faire aucun effort ce qui cloche et ce qui pourrait être challengé. Certains en ont fait les frais car il ne ménage personne et ne prend pas de gants. Les erreurs de ses collaborateurs, il les prend comme une attaque personnelle. Et contrairement à toute attente, le mandarinat, ses dépendances et le pouvoir absolu, il accepte qu’on lui fasse des reproches. Il faut certes choisir le ton, il faut certes y mettre les formes, il faut certes être sûr de soi, avoir des biscuits ou, comme au tribunal, avoir des preuves, mais il faut se lancer car il préfère que son équipe lui dise ce qui ne va pas, même en public, plutôt que de l’entendre de collègues ironiques et méchants qui se moqueraient de lui.

Brébant décoche un sourire à Gers : « Tu avances ? - Oui. J’ai presque fini. Tu sais que je rédige en même temps les questions contre Milstein et il me semble qu’il y aurait une sorte de problème à te les montrer… - Tu n’as qu’à ne me parler que des questions que tu vas poser à Ursula. - T’es con. - Franchement, je pense qu’il vaut mieux que tu ne me les montres pas, ce serait plus fair, mais, en même temps, c’est un secret de polichinelle, l’abstract est paru, tout le monde connaît le truc. - J’attends tes propres questions avec impatience…- Sur Milstein ou sur Ursula ? – Déconne pas, je parle de Milstein. D’ailleurs tu ne connais rien sur Ursula. - Ce n’était pas prévu dans le contrat. - OK, on va s’amuser. Mais j’imagine que tes propres questions sur notre étude vont être gratinées. - J’espère que mes chefs ne les verront pas car c’est une putain de critique contre le protocole.

- C’est toi qui l’as mis au point… Pas complètement. J’ai eu des pressions. - Des pressions ? - Tu fais l’âne pour avoir du son. - Il y avait longtemps que je n’avais pas entendu cette expression. Tu sors ça d’où ? - Au lieu de te moquer tu ferais mieux de te concentrer sur les réponses que tu vas me fournir… As-tu commencé à rédiger l’article ?

- Heu oui, un peu. - T’as intérêt à t’y mettre dès notre retour. Il faut qu’on le soumette le plus rapidement possible. Ça urge… »

    S’il n’y avait pas les enjeux promotionnels sous-jacents on pourrait affirmer que ce dialogue entre les deux hommes, leur façon de travailler, sont dignes d’une disputatio scientifique de haut vol. Comme il y en a souvent entre de dignes médecins, même dans un avion qui file vers Chicago. Mais n’oublions pas le contexte : Gers est devenu l’objet de Brébant, il fabrique un expert pour dire du bien des molécules de la Firme 1.

    


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mardi 4 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : L'hameçonnage des oncologues. 20

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

20

L'hameçonnage des oncologues.


Sophie Branus est chef de produit oncologie dans la firme 3. Elle sait exactement où tous ses prospects sont placés dans l’avion, en classe affaire comme en classe éco, et elle s’est promis de les choyer pendant leur séjour. D’abord en leur faisant croire qu’il pourrait très bien y avoir des ouvertures avec elle (elle choisira le moment venu quel sera l’heureux ou les heureux élus…) et ensuite en leur ayant prévu à Chicago un programme de feu avec visites de bars à jazz, de bars à putes, de bars à sport, et aussi des repas fins dans les restaurants les plus sympas de la ville.

C’est un plan de séduction qui lui permettra, à elle, aux médecins et aux délégués à l’information médicale de la Firme 3 d’être bien reçus dans les services. Les jeunes internes et chefs qui ont été invités sont de jeunes pousses dont certains monteront dans la hiérarchie. Elle les chouchoute. Parmi eux il y aura des vedettes que la Firme 3 pourra recruter pour participer à des essais où le plus important est de participer, pas de publier, pour les faire tourner dans des staffs ou dans des réunions de promotion avec un programme audiovisuel aux petits oignons vantant les produits de la firme. Il y a aussi les oncologues des cliniques privées dont les capacités de prescription sont quasiment illimitées et qui ne sont pas très difficiles à séduire. Pour les grands chefs, ce sont les médecins de la Firme 3 qui font le job de relations publiques.

Branus connaît le boulot et ses patrons savent qu’elle le connaît. Elle s’occupe d’un produit dans le myélome qui n’est ni meilleur que ceux des concurrents, ni pire d’ailleurs, mais pour rester dans les leaders du marché il faut investir dans les relations publiques, il faut avoir la confiance des vieux requins et des jeunes loups et leur faire croire, parfois c’est vrai, que leur carrière universitaire pourrait dépendre de l’aide de la firme 3.

Donc, le programme est clair : de la science, de l’alcool, de la bouffe, des distractions, des filles et l’éblouissement de Chicago, une visite privée de la ville en minibus, un pot en haut de la grande tour, une pizza chicaguienne, et tout le tralala. Et la gouaille de Sophie Branus pour détendre l’atmosphère. 

Elle a un œil sur Filliâtre qui sait que s’il veut passer un bon séjour il faut qu’il plante d’emblée des banderilles et il a déjà repéré une ou deux jeunes femmes à qui, durant le vol, il ne manquera pas de se présenter. Un œil sur Bamberg, Rako, de la Taille ou Wissner qui ont décidé qu’ils se préoccuperont plus tard des nanas, au calme, mais les filles ont déjà leurs favoris : ils ne décideront de rien. Quant aux puceaux, comme les appelle Théron, il leur restera les chaînes pornos de l’hôtel. 

Car la concurrence veille aussi au grain, les oncologues sont des proies précieuses.


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lundi 3 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Panem, circences et sex. 19.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

19

Panem, circences et sex.


La professeure Marie Carmichael n’en peut plus d’Ursula et des plaisanteries sur Ursula. Cette atmosphère de mecs impudents, de mecs qui trouvent que c’est normal, « on est quand même des carabins, on a une réputation à défendre… on nous emmerde sur tout… les fresques dans les salles de garde comme la drague au débotté… nous sommes des adultes consentants… » On la prend pour une pisse-froid, une coincée, une mal baisée, et tout le tralala bien connu. S’ils savaient combien elle s’en moque à titre personnel et combien elle en souffre pour les étudiantes et les femmes médecins. Elle est assise à côté d’une jeune chef de clinique qui va présenter un papier sur le dépistage du cancer du sein dans une section annexe du congrès. Elles ne participent pas à la curée générale et les mecs s’en foutent.

Nombre de futurs congressistes qui n’ont rien à présenter au congrès, la majorité, les invités comme futurs prescripteurs ne pensent qu’à profiter de la situation d’invités. Les trois sujets qui les préoccupent : vont-ils avoir, pour les hospitaliers comme pour les privés, des ouvertures professionnelles ? Vont-ils avoir des ouvertures sexuelles pendant cette petite semaine ? Vont-ils pouvoir profiter, loger dans un hôtel top classe, se taper de bons restaus, sortir dans des bars ou des boîtes et picoler ? C’est une sorte d’échappatoire à leurs vies normées et remplies. Car ces privilégiés, il suffit de regarder leurs comptes en banque respectifs, et notamment pour les libéraux, leurs revenus non commerciaux pour l’année dépassent les trois cent mille euros, bossent. Bossent tard et n’ont pas affaire à des malades faciles parce que leurs malades meurent plus que les autres.

Il faut donc décompenser. Déconner. Raconter des conneries. Faire des plaisanteries sur les filles, déjantées et allusives, franchement vulgaires, leurs femmes seraient horrifiées ou non. Le congrès s’amuse.

La professeure Carmichael est considérée comme une extra-terrestre qui ne saute jamais en l’air dans les pots de service, qui ne pousse pas des cris quand un malade va mieux, qui ne fait pas la maligne devant les malades, qui reçoit les familles avec autant de bienveillance que possible et qui ne prend pas le petit personnel pour de la merde en boîte. On sait qu’elle est réservée, elle ne parle jamais de sa vie privée, de ses copains comme de ses copines. Mais son secret est celui-ci : elle est la copine de la chef de clinique qui est assise à côté d’elle et elle va en profiter pendant le congrès comme un vulgaire Milstein avec sa secrétaire.

Elle ignore pourtant qu’Edmée Vachon, en saluant tout le monde d’un bout à l’autre de la cabine, a vu et compris le manège. Elle n’oubliera pas.


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dimanche 2 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Cloison nasale. 17.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

18

Cloison nasale.


Le professeur Mathieu Barambert est un grand ORL. Il a bâti sa réputation sur son habileté d’opérateur et sur son empathie extraordinaire à l’égard des patients. C’est sa plus grande fierté : ses malades l’aiment. Tout le monde connaît sa façon de les recevoir, de les mettre à l’aise, de les flatter, il flatte d’ailleurs tout le monde et tout le monde le flatte, il a droit à des pages en couleur dans Paris-Match, l’émission Télématin le reçoit régulièrement pour qu’il puisse y délivrer la bonne parole, le directeur de l’AP-HP (les hôpitaux de Paris) est un de ses bons amis, ils se reçoivent et la légende dit que leurs femmes sont copines. Il ne se prive pas de faire savoir partout qu’on le reçoit à l’Élysée avec les honneurs dus à son rang. Il est aussi décomplexé, il dit qu’il ne déteste pas l’argent, ses consultations privées à l’Hôpital public ont un prix qui oscille entre cinq cents et six cents euros la séance et si l’on consulte l’argent qu’il a reçu de l’industrie pharmaceutique sur le site Eurosfordocs on est un peu ébahis. « C’est le prix de la notoriété et de la compétence » dit-il avec un grand sourire. Mais, demandent les profanes, pourquoi se rend-il à l’ASCO ? Parce qu’il est spécialisé, entre autres, dans la chirurgie cancérologique en ORL. Ses collègues, dont la jalousie n’a d’égale que son ego démesuré, le trouvent pourtant « bon ». 

Barambert a aussi un surnom : on l’appelle Cloison nasale

Outre ses grandes qualités de chirurgien, sa remarquable habileté, tout le monde le dit et lui aussi, il est connu pour avoir opéré le Tout Paris de sa cloison nasale. Ce n’est pas un chirurgien esthétique, il laisse à regret cela à ses collègues des cliniques privées du seizième arrondissement et de Neuilly, il fait quand même quelques oreilles décollées pour de riches fortunés débarquant dans le service en jet privé du Moyen-Orient, mais sa spécialité ce sont les cloisons nasales. Alors qu’il était jeune chef de clinique il avait commencé à persuader ses patients, ceux qui venaient pour un rhume, une allergie, une sinusite banale unilatérale ou pour une pan sinusite impressionnante, un mouchage postérieur, que cela venait de l’irritation produite par leur cloison nasale mal positionnée. Qui pouvait résister à cet enthousiaste jeune homme, beau garçon, le sourire aux lèvres, le teint hâlé, les plaisanteries légères au bout de la langue, les allusions sexuelles à peine esquissées, personne ?

Et ce qui surprenait tout le monde c’est que cette activité inlassable, obsessionnelle, hors de proportion, personne ne s’en inquiétait. Ni ses chefs, ni ses collègues, ni l’administration : il séduisait et le service florissait. Quoi qu’il en soit notre ami ORL voyage en classe Affaire, est invité partout et produit des séries chirurgicales dans tous les congrès, pas ici à Chicago, il devait être fatigué, ou alors ses collaborateurs avaient demandé une pause, ces séries ouvertes où les bons résultats avoisinent les quatre-vingt-quinze pour cent…


(Pour lire depuis le début : LA)


Bilan médical du lundi 26 juin au dimanche 2 juillet 2023 : Paxlovid, opioïdes inefficaces, THS de la ménopause, faire des essais contrôlés, fluoroquinolones, Ordre des médecins, prix des médicaments, la minute ORL

 

231. Une étude alakhon montre que Paxlovid est "efficace" sur des sous-groupes de patients jeunes vaccinés.

Qu'est-ce qu'une étude alakhon ? :
  • non randomisée
  • non aveugle
  • rétrospective
  • cas-témoins sur dossiers électroniques
  • critère principal composite
  • analyse de sous-groupes.
  • réduction du risque relatif et non absolu
  • modélisation
C'est LA.

Ce qui est terrible c'est que Paxlovid par voie orale réduirait de 30 % le risque relatif du critère composite retenu (toute cause de passage aux urgences, hospitalisation et mortalité) chez des patients âgés de 18 à 50 ans) présentant des comorbidités (cancer -- NNT = 45, maladies cardiovasculaires -- NNT = 30) mais pas chez les patients présentant un asthme ou une BPCO !

Conclusion : 

Il est nécessaire de mener un essai randomisé en aveugle Paxlovid vs placebo.





232. Une étude randomisée en aveugle qui dérange : les opioïdes pas mieux qu'un placebo dans les lombalgies et cervicalgies aiguës.

Malheureusement je n'ai que l'abstract à vous présenter : LA


Le point de vue de l'autrice principale.



De nombreux commentaires.

ICI, et notamment les commentaires de Damien Barraud.



233.  Le traitement hormonal substitutif de la ménopause entraînerait-il un surrisque de démence ?

Une étude alakhon ou pas une étude alakhon ?



C'est ICI.

Les études danoises sur registre sont de meilleure qualité que les simples études sur dossiers électroniques (voir dépistage du cancer du sein par exemple) mais les auteurs précisent qu'il faudrait faire mieux...

Mais des résultats pareils méritent mieux ! Faut-il désormais appliquer le principe de prévention ? 





234. La meilleure façon de vaincre l'hésitation vaccinale : des essais randomisés et un nouveau système de surveillance (phase IV)

Vinay Prasad, dont nous avons déjà dénoncé les rapprochements suspects avec des antivaxx notoires, est constant avec lui-même (voir LA) : avant de mettre en oeuvre des prises en charge médicales (et pour ne pas revenir en arrière ou ne jamais revenir en arrière malgré l'accumulation de preuves contraires, exigez des essais cliniques de qualité, c'est à dire contrôlés, en double-aveugle, avec des comparateurs de qualité, des critères d'efficacité clairs, en éliminant les critères de substitution, et en présentant les résultats de façon non critiquable (risques totaux vs risques relatifs)...

Il est bien entendu évident qu'il arrive que dans l'urgence il faille prendre des décisions rapides, que des études cas-témoins de bonne qualité puissent donner des indications pertinentes, mais il faut être prudents.

Voici quelques idées (en sachant que le contexte est US) :

  1. Il ne faut donner une AMM que si la molécule montre dans des essais de qualité (voir plus haut) que les personnes vivent mieux et/ou plus longtemps et que ces personnes ressemblent à la population états-unienne. En d'autres termes : il n'est pas possible de prescrire Paxlovid à des adolescents vaccinés sur la base d'études menées chez des personnes plus âgées non vaccinées...
  2. Un nouveau système de surveillance, observationnel, doit être mis en place avec une possibilité de randomiser si c'est possible
  3. Les anciens produits doivent être soumis à réévaluation
  4. Les essais randomisés concernant les vaccins devraient comprendre 2 bras contrôles : l'un avec un "vrai" placebo et l'autre avec un adjuvant ou un conservateur ou un autre vaccin...
  5. Les experts de la FDA devraient être bannis de pantoufle (revolving doors) durant 5 ans.


Alfons Mucha (1860-1939)


245. Les fluoroquinolones augmenteraient-elles le risque d'anévrisme aortique et/ou de dissection ?


Encore une étude alakhon ?

Cette étude états-unienne (LA), comparant l'utilisation des fluoroquinolones et des macrolides, présente tous les risques de biais possible (rétrospective, cas-témoins, dossiers électroniques, présentation des résultats en augmentation du risque relatif) montre un surrisque d'anévrisme aortique/dissection (1,9 pour 1000 personnes-années vs 1,4).

Quoi qu'il en soit et nous en avons parlé souvent sur le blog : "Prescrivez sagement les fluoroquinolones en respectant les indications et jamais hors AMM."





246. L'ordre des médecins : constant dans son corporatisme alapapa éloigné de toute réflexion scientifique.






Et avec l'appui du gouvernement.





Et les réformes ?

via @VincentGranier : "Les mesures nominatives de radiation ou de suspension d'exercice prononcées par l'ordre ne sont toujours pas affichées sur son site internet alors qu'il en va de l'information et de la sécurité des patients".


247. Le prix des médicament aux US.






248. La minute ORL du docteur Abbas.




L'abstract est LA.

Et la manoeuvre : ICI.




samedi 1 juillet 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : François Brébant et l'industrie : win-win. 17.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

17

François Brébant et l'industrie : win-win.


François Brébant a un profil spécial dans l’industrie pharmaceutique : celui d’un universitaire de qualité. Brillant pour ses qualités de clinicien et de chercheur à l’hôpital, il avait fini par devenir le tsar français d’une maladie orpheline qui concernait peu de patients mais dont les caractéristiques excitaient beaucoup les firmes pharmaceutiques pour les retombées économiques possibles qu’un traitement aurait dans d’autres maladies voisines et plus fréquentes. Mais sa carrière fut interrompue par des intérêts opposés tenant à la jalousie et à son manque d’entregent et de diplomatie. Qu’il fût un homme d’extrême-gauche ne fut pas un obstacle parce qu’il cacha rapidement ses idées à mesure que son ambition de grimper dans la hiérarchie devenait plus évidente : il était devenu de gauche, plus simplement. L’Université, et son chef de service en particulier, était passée à côté d’un médecin de qualité préférant promouvoir un imbécile à un poste auquel il n’était pas fait et l’industrie pharmaceutique était alors venue le chercher avec beaucoup d’intelligence et d’arguments. 

D’une certaine manière, et hors idées politiques, Pierre Gers a le même profil que lui à quinze ans d’écart. La seule différence, et elle est de taille, vient de ce que Gers travaille dans un secteur porteur, l’oncologie, et que les études cliniques auxquelles il participe et pour lesquelles son avis est requis, font partie d’un domaine que les marketeurs ont identifié comme ultra bankable, les tumeurs liquides, qui représente à la fois des centaines de milliers de malades à travers le monde, une grille de prix intéressante et des succès thérapeutiques prometteurs. Tous les indicateurs sont au vert. 

Dans cet avion qui se dirige vers Chicago, il y a, en classe affaire comme en classe éco, nombre de spécialistes, des cliniciens avisés ou des arrivistes arrivés, qui ne sont pas au courant des enjeux de leurs recherches ou de leurs pseudo recherches, qui ne savent pas combien ils sont manipulés par des firmes qui sont animées par des objectifs mercantiles cachés sous l’apparence de la science et du soin. 

Ici, les gens informés, ceux qui savent et qui décèlent au premier coup d’œil les discours complotistes, tendent l’oreille et se hérissent : cette description de l’industrie pharmaceutique ne peut être le fait que d’un gauchiste ou d’un adorateur des Illuminati.

Brébant a fini par oublier qu’il était rouge vif et maintenant qu’il est dans la place, il vise l’excellence, avec grand cynisme et sans trop de culpabilité : il vole vers les US en classe affaire et tente d’effectuer son travail avec le plus de professionnalisme possible.

Il regarde Gers avec amitié sans oublier qu’il est en train de l’aider à obtenir un poste universitaire où il pourra le manipuler bien malgré lui pour le plus grand bien des possédants de fonds de pension et des actionnaires.



(Pour lire depuis le début : ICI)